« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Suicide, mode d'emploi [OS]

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Aloïs F. Legrand
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Aloïs F. Legrand
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MessageSujet: Suicide, mode d'emploi [OS]   Suicide, mode d'emploi [OS] EmptyJeu 6 Fév 2014 - 23:45



Suicide, mode d'emploi


Ou "Qu'est-ce qui se passe quand Alo est bourré ?"

Aloïs Legrand & Samaël Enodril



- AAAAAAAAAAAH !!...

Les cris de l'adolescent commençaient sérieusement à taper sur le système d'Aloïs. Il bougeait tellement qu'il était difficile de pouvoir appliquer le désinfectant correctement.

- Ferme-la et arrête de chouiner ! Tu t'attendais à quoi en te griffant jusqu'au sang, hein ?!

Mais le jeune garçon n'en pouvait plus. Les soins étaient pour lui dix fois pire que les blessures elles-mêmes. Cela le brûlait, le piquait de partout. Plus il avait mal, plus il avait envie de recommencer et de s'arracher la peau. Il n'essayait pas de se débattre, il n'en avait plus la force depuis longtemps, mais c'était bien trop insupportable pour qu'il se tienne tranquille. Il n'arrivait pas à garder son calme, c'était tout bonnement impossible. Mais pour le coup, il se doutait bien que c'était de sa faute.
Ce n'était pas la première fois que Samaël se griffait ou se mordait jusqu'au sang, depuis la libération. En prison, il avait été trop choqué et avait eu trop peur pour esquisser le moindre geste; mais là, c'est comme s'il délivrait toute la fureur et la peine canalisées en lui sur son corps en le blessant régulièrement. De vilaines traces et cicatrisent parcouraient à présent son torse, ses bras, et même une partie de son dos. Mais il y avait pire, encore : cela faisait bientôt trois jours que Sam refusait de manger et de dormir.
Il avait bien essayé de laisser Morphée le bercer, mais à chaque fois, c'était la même chose. Il le voyait. Lui, ce stupide blond Allemand à lunettes qui s'était "occupé" de Ikaël, Sam et Aloïs. Il le voyait dans ses cauchemars, dans ses visions, et même dans ses propres flaques de sang. Dio Silvery avait marqué l'Enodril encore plus profondément que ce que le Champion Coordinateur pensait. Il avait même frôlé la crise d'angoisse lorsqu'il avait découvert que le châtain s'était scarifié en marquant son nom sur ses avants-bras. Si Blondinette avait voulu le traumatiser, c'était réussi.
D'ailleurs, Aloïs ne savait pas si Ikaël en avait été conscient, mais il avait majoritairement contribué à la descente aux enfers de son propre fils en se donnant la mort d'une telle façon. Le blondin à la mèche se demandait encore pourquoi il avait décidé de veiller sur son gamin. Il n'avait tout simplement pas pu l'abandonner dans la nature, c'était un fait. Mais il commençait sérieusement à regretter. Jamais il n'aurait pu imaginer l'état de Sam après tout ça. Il s'était attendu à de la tristesse, mais n'ayant jamais eu une relation aussi fusionnelle avec son propre père, il ne pouvait pas se mettre à la place du petit ou même comprendre ce qu'il pouvait ressentir. Il avait perdu quelque de cher, lui aussi, mais dans des conditions totalement différentes. Sam était tellement détruit de l'intérieur qu'il était prêt à se laisser mourir, et jamais Aloïs ne serait prêt à le laisser faire.

D'un geste de la main, le dresseur fit signe à Kame de reculer. Le Carabaffe, seul Pokémon présent dans la pièce où ils se trouvaient -une salle carrée entièrement blanche et vide digne d'un hôpital psychiatrique- regardait avec impuissance l'humain qui souffrait des premières guérisons. A de nombreuses reprises, ce dernier avait ordonné à son meilleur ami de rentrer dans sa Pokéball; mais la tortue était bien têtu par moment, et avait refusé d'obéir. N'ayant pas le courage de le forcer, Samaël l'avait finalement laissé sorti; mais cela lui faisait également du mal de savoir que son presque "frère" le voyait dans un tel état de faiblesse. Cela le mettait encore plus mal à l'aise de savoir qu'il était conscient de ses erreurs. Il se foutait lui-même la vie en l'air, et il en était conscient. Il ne savait pas si s'infliger des blessures pouvaient le soulager, mais il continuait, encore et encore, défaisant toujours plus les bandages que son hôte s'énervait à devoir changer par sa faute.
Les gémissements du garçon et ses pleurs ne facilitaient pas la tâche à Aloïs qui voyait bien, par le crissement de ses ongles sur le sol, que les soins qu'il lui prodiguait étaient tout sauf agréables. Mais le Coordinateur ne pouvait rien faire de plus. Jamais il ne pourrait soulager le chagrin de Sam. Jamais.

Ce dernier soupira. Il était bien content de ne pas avoir laissé Ange l'accompagner. La salle où il gardait l'adolescent était un peu éloigné du reste de la maison, accessible par une simple porte, cependant. Mais il avait été hors de question pour lui de laisser sa Nymphali pénétrer dans une telle pièce; cela sentait le sang et la Mort à plein nez. Même s'il ne se séparait jamais de son évolition, il ne voulait pas qu'elle rentre dans l'espace où lui-même avait laissé libérer sa colère après le décès de Judith. Il avait prévu de détruite cet espace, mais il ne l'a jamais fait, au final. Et l'arrivée du gosse n'avait pas arrangé la chose...
Depuis qu'il avait ramené le gamin chez lui, il avait tenté par plusieurs moyens de lui faire manger quelque chose. Mais Samaël refusait catégoriquement à chaque fois d'avaler quoique ce soit. Même lorsqu'il le forçait, l'adolescent finissait toujours par tout recracher. Il avait donc décidé aujourd'hui de réessayer une nouvelle fois.
Il finit de placer le dernier pansement et sortit d'un sachet un petit pain moelleux et doré à souhait qu'il venait de faire lui-même. N'étant plus habitué à des repas sains depuis la prison, Aloïs voulait le réhabituer petit à petit en commençant par de la nourriture simple, comme le pain, qu'il considère comme la base de l'alimentation. Il tend donc l'aliment au mineur, le fixant de son regard sévère, essayant de lui faire comprendre qu'il devait le prendre. Mais celui-ci considéra le morceau quelques secondes avant de secouer négativement la tête, ses larmes coulants de plus en plus discrètement.

- Tu dois manger, gamin. Je sais que tu as faim, donc fais un putain d'effort.

Mais toujours, le dresseur refusait. Alors Aloïs crut craquer et céda finalement à l'impatience. Le gamin commençait à devenir squelettique, il fallait qu'il réagisse. Et tant pis si pour cela il devait user de la menace.
Il serra son poing, jeta son regard de glace sur Kame et s'empara du Carabaffe. Sous les yeux surpris de Sam, le Champion Coordinateur sortit un flingue de la poche intérieur de sa veste. Le sang du garçon ne fit qu'un tour lorsque le blond pointa l'arme à feu sur la tempe du Pokémon qui tremblait, effrayé.

- On m'a dit que c'était pas mauvais, la tortue grillée...

Enfin, le jeune garçon réagit. Il se releva pour se ruer vers l'adulte mais celui-ci utilisa sa main libre pour bloquer la gorge de l'adolescent et le plaquer au mur. Sam essayait de se débattre, mais en vain. La fatigue et les émotions l'empêchaient de réfléchir, d'agir. Dans un effort de désespoir, il tendit la main vers son Pokémon de toujours et murmura son nom.
Le revolver toujours en direction du Pokémon, Aloïs se rapprocha un peu plus de son "prisonnier" et l'obligea à plonger ses iris dorées dans les siens.

- Dio était vraiment un bel enfoiré, mais il avait raison sur un point : ton père n'était qu'un gros con d'égoïste; et il est hors de question que je te laisse crever à cause de lui. Alors si tu veux pas que ton précieux copain se fasse éclater la tête, tu as intérêt à obéir.

Il y était peut-être allé un peu fort, mais cela semblait marcher. Après quelques secondes d'hésitation, les larmes recommencèrent à perler, mais Samaël ferma les yeux et hocha finalement la tête avant de prendre la nourriture que son "tortionnaire" lui tendait pour s'empresser de le manger, à contrecœur, alors que le blond relâchait déjà son emprise sur lui.
Le cuisinier compta jusqu'à sept et rangea son arme à feu lorsqu'il fut sûr que Sam n'était pas sur le point de tout vomir.

Enfin, Aloïs sortit ensuite de sa poche un bout d'ongle arraché. Dio avait eu pour habitude de "marquer" l'appartenance de ses prisonniers en leur arrachant un ongle. A partir de ce "rituel", ils devenaient de ce fait ses "jouets". C'était surtout pour ça que l'adolescent avait écrit son nom en lettre de sang sur sa peau frêle. "Parce que je lui appartiens...", avait-il répondu à son hôte lorsque ce dernier avait vu les marques rouges sur ses bras.
Il agita l'ongle devant le visage du plus jeune.

- Wunderbar, petit Ours Brun.

Soit, il avait sans doute le pire accent allemand au monde. Mais l'effet fut immédiat chez le gamin qui écarquilla les yeux et le regarda, affolé. Ça y est, il recommençait à trembler; et voilà qu'il se mettait à murmurer silencieusement les quelques mots dont il se souvenait avoir entendu de son tortionnaire au Bloc.
Là-dessus, Aloïs se releva enfin et sortit de la salle, alors que Samaël fut pris d'un mal de tête qui le força à la bloquer entre ses mains.
Quand le Champion sortit finalement de la salle et qu'il referma la porte derrière lui, il entendit de nouveau les gémissements et les cris de douleur du dresseur qui était secoué de visions horribles pour lui rappeler à chaque instant ce qui s'était passé en prison.

Alors qu'il ferma la porte derrière lui pour empêcher le gamin de s'enfuir, il fut rejoint dans le couloir par sa Nymphali. Mais cette dernière le regardait d'un air un peu dur, comme si elle avait vue toute la scène. Il essaya de lui expliquer les raisons de sa conduite et la rassura en lui affirmant qu'il n'aurait jamais fait de mal à Samaël ou à son Pokémon de toute façon. C'est vrai, il avait menacé le garçon de tuer son meilleur ami, mais en vérité, jamais le Champion Coordinateur n'aurait eu le courage de le faire. Il pouvait être étrange et violent comme il pouvait être réfléchi et pacifique. Mais s'il pouvait sans problème arracher la tête de quelqu'un et lui déloger une balle bien placée, jamais il ne pourrait blesser un Pokémon, même si celui-ci était agressif. C'était contraire à ses principes et à ceux de sa défunte sœur. Au moins pour elle, il se devait de les respecter.
Arrivé dans le salon, le Coordinateur s'étala sur un canapé en soupirant. Il ne releva la tête que lorsque Karin passa près de lui.

- Alors... ?
- Alors quoi ?
- Vous l'avez retrouvé ?
- Bon sang, Monsieur, en quelle langue vais-je devoir vous le dire ?! J'ai regardé au moins trois fois : la personne que vous recherchez n'existe pas.
- Mais c'est impossible ! Le gamin n'a pas dit ça par hasard !
- Et bien il faut croire que si !

Blasé, il ne fit plus aucun commentaire.
Le jour de la libération, Aloïs avait été obligé d'assommer Sam pour qu'il puisse le ramener à Baguin et le soigner. Mais pendant tout le trajet, le garçon n'avait dit qu'une seule chose : "Sofau". Le blondin n'avait pas bien compris mais, après plusieurs hypothèses qui se sont révélées foireuses, il avait conclu que cela devait être le nom d'un des proches de Sam. Il avait donc demandé à sa secrétaire de rechercher un quelconque Sofau sur l'île. Mais rien, nothing, niet, que dalle, nada.
Sans savoir pourquoi, il avait le pressentiment que ce "Sofau" pouvait bien aider Sam à guérir de sa dépression qui le tuait à petit feu.

- Pourquoi est-ce que vous n'appelez pas sa mère, tout simplement ?
- J'ai déjà essayé plusieurs fois, mais elle ne réponds pas. D'ailleurs, ça ne sonne même pas. A vrai dire, j'ai spécialement de bonnes nouvelles à lui annoncer...

Pour prévenir la mère de Sam, le Champion s'était emparé de son portable et avait composé le numéro, croyant que cela l'inciterait davantage à répondre si elle voyait que c'est son fils qui l'appelait. Mais il n'était pas tellement pressé de lui annoncer que son mari était mort et que son fils était suicidaire. Il préférait attendre que le petit se soit calmé avant de le renvoyer chez lui.
Il releva la tête vers Karin.

- Laissez tomber ce gars. Trouvez-moi Yumi, plutôt. Yumi Tokiro, une jeune Coordinatrice aux cheveux bleus. Je dois savoir si elle va bien.

La jeune femme acquiesça et reparti donc à ses recherches, suivit de Ange, sentant que son dresseur avait besoin d'être un peu seul. Il arriverait bien à mettre la main sur ce "Sofau" un jour ou l'autre, mais l'état actuel de Yumi l'importait bien plus. Réellement inquiet pour l'adolescente qu'il avait rencontré en cellule, et qui s'était fait torturé par sa faute, Aloïs n'avait pas pu rester avec elle au moment de la libération, mais à présent, il devait à tout prix prendre de ses nouvelles.
Ses tympans sonnèrent douloureusement lorsqu'il entendit les nouveaux hurlements du gamin. Il n'en pouvait plus.

- Bordel, ce gosse est encore plus déprimant qu'un épisode de Lady Oscar...

Incroyable mais vrai. Aloïs n'était peut-être pas un otaku comme Julianne, mais il était devenu fan de Lady Oscar lorsqu'il avait découvert l'anime par hasard à la télévision et fondait à chaque fois qu'il regardait un épisode ou qu'il dévorait pour la énième fois le manga.
Il se releva et ses pas le guidèrent machinalement vers la cuisine. De là, se sentant soudainement fiévreux, une de ses mains chercha dans ses placards un quelconque médicaments qui pourrait le soulager, ou même un somnifère. Mais il tomba directement sur une bouteille d'alcool remplie à moitié que ses doigts caressèrent avant de la saisir. Il ne reconnaissait pas la marque, mais ce n'était sûrement pas de l'eau, ce truc... Une sorte de mélange avec de la vodka et d'autres alcools assez forts dans le genre, sans doute. Le Champion Coordinateur haussa les épaules et garda la bouteille qu'il ouvrit sans hésitation. D'ordinaire, il ne touchait jamais aux alcools trop forts. Il se limitait généralement au vin, au champagne et au cidre. Mais la mort de sa sœur avait cassé ces limites, et il s'était mit à boire. Pas beaucoup, mais c'était bien la première fois qu'il avait été soûl. Il ne se souvenait plus de rien, par contre, mais il s'était réveillé dans une sorte de décharge pour voiture avec ses vêtements déchirés et des gribouillis partout sur son corps. Vraiment partout.

Il considéra néanmoins le liquide quelques instants. Cela faisait longtemps qu'il avait pas bu une boisson aussi alcoolisée, et il s'était d'ailleurs promis de faire plus attention, à l'avenir. Mais lorsque qu'il remarqua son ongle manquant, qui lui rappelait cruellement le Bloc, il céda et commença à boire, doucement. Le breuvage lui brûlait la gorge mais il ne s'arrêta pas pour autant. Une fois la bouteille finie, il en prit une autre, soigneusement cachée, et recommença.
Haletant, il commençait à avoir de drôles de vertiges et tituba jusqu'à sa bibliothèque. Il trébucha et fit tomber quelques livres dans sa chutes qui le recouvrirent. Le blond secoua la tête et prit un bouquin au hasard avant de lire le titre.

- "Suicide, mode d'emploi"...

Le Champion Coordinateur cligna des yeux plusieurs fois, surprit, avant de s’esclaffer. *Tiens, je devrais le donner au gamin...*, se dit-il, avant de s'infliger une véritable claque qui partit toute seule, comme s'il avait un minimum conscience de la stupidité de sa réflexion.
Il ne se souvenait même plus qu'il avait ce livre, mais il se rappelait qu'il avait été censuré, après qu'on ait découvert qu'il avait causé la mort de plusieurs personnes. Comment il l'avait obtenu, ça, c'était un mystère. Pourquoi il l'avait gardé, ça, c'était encore plus mystérieux. D'ailleurs, il ne l'avait jamais lu. Mais dans état actuel, il se disait qu'il avait un peu de temps à tuer; alors il l'ouvrit. Chacune des pages expliquait une façon bien particulière de se suicider et portait même un nom. Le "George Washington", le "Marie-Antoinette", le "Claude François"... Ce n'était pas des suicidaires, mais ils avaient dû trouver ça drôle de nommer ces techniques en référence à des célébrités...
Alors qu'il tournait rapidement les feuilles, regardant à la va-vite, il s'arrêta lorsqu'il vit que des pages étaient blanches à partir d'un certain moment. Machinalement, il prit un stylo qui traînait par terre et commença à écrire avec difficulté. Il n'était peut-être pas tellement résistant à l'alcool...
Le Ikaël Enodril...
Un sourire malsain se dessina sur son visage pendant qu'il décrivait avec le plus de détail possible comment le père de Sam s'était donné la mort. Il ne savait pas pourquoi il faisait ça, mais il laissait pour ce soir son bon sens de côté et ferma le carnet une fois terminée.

Il reprit une gorgée et se releva tant bien que mal. Un haut-le-cœur le prit subitement mais il se retint de vomir. Même bourré, le fait de débecter le dégoûtait assez pour ne pas avoir à le faire. Se rattrapant de justesse sur le dossier d'un fauteuil, il sentit son rythme cardiaque accélérer et sa respiration le brûler de plus en plus.
Tout à coup, il se figea quand son regard se posa sur son reflet dans le miroir, installé sur l'un des murs du salon. Surpris, il se rapprocha de la glace et fut comme "frappé" lorsqu'il constata l'état dans lequel il se trouvait.
Sa peau était pâle, ses yeux étaient rougis par la fatigue, ses vêtements tâchés de sang et son corps parsemé de cicatrises. Il faisait vraiment peine à voir...
Il commença soudainement à enlever sa veste et sa chemise pour laisser apparaître ses blessures au niveau du torse. "Je suis un gros porc pédophile gay"... Aaaaah mais oui, comment aurait-il pu oublier la jolie trace que son tortionnaire lui avait faite...
En relisant la phrase que ce dernier avait tracé à l'aide d'un couteau, le cuistot commença à pouffer comme un idiot. Mais, il s'arrête net.

- WHAAAAT ?! UN F ?!

En effet, il était bien écrit "pédofile" à la place de "pédophile". D'accord, le français était une langue difficile et complexe, mais quand même...
Puis, brusquement, l'image changea. Ses traits se transformèrent pour laisser place à un jeune homme blond, un peu plus petit, avec des lunettes et un costume blanc. Ses yeux glacés et ce sourire sadique...
Dio Silvery.

- Hé, connard...

Oui, il parlait bien à cette représentation particulière. Aloïs vit rouge en entendant son fameux rire sinistre. Furieux, il brandit son poing.

- T'as. Fait. Une. Putain. De. FAUTE.

La colère prit place et c'est avec rage qu'il brisa le miroir en plusieurs morceaux, faisant couler sur la surface cassée le sang venant de ses phalanges. Il n'avait plus envie de sourire. L'illusion disparut, mais comme il aurait adoré toucher cet enfoiré... Il donnerait n'importe quoi pour lui broyer les os et lui arracher ses dents une par une pour ne plus jamais à voir son sourire machiavélique. Qu'est-ce qu'il aimerait le voir souffrir, l'entendre crier... Non, l'enterrer vivant, plutôt...

- Tu me déçois, Alo...

Le cœur d'Aloïs manqua de faire un battement.
Il se retourna. Et la vit. Mais c'est comme si sa respiration s'était brutalement coupé. Chancelant, il réussit difficilement à garder l'équilibre. Son crâne lui faisait un mal de chien, et sa vision floutait par moment.
Il ferma les yeux, les rouvrit et prit une grande inspiration.

- Judith...
- Tu es injuste, avec Sam. Il a vu son père mourir sous ses yeux !
- Mais Jude, ce n'est pas moi, c'est eux !
- Peu importe, Alo. La prison t'a bien changé, mais tu as de nouvelles responsabilités, maintenant...

Cette voix si douce, ces grands yeux couleur noisette, ces beaux cheveux châtains, ces couettes qu'elle nouait habituellement avec des rubans, ce regard enfantin, ce visage si pur...
Jamais il n'avait revu sa sœur que dans sans rêves depuis sa disparition. La voir aujourd'hui lui faisait un drôle d'effet. Il ne savait pas s'il devait la pleurer encore et encore ou l'ignorer... Il ne comprenait pas ce qu'elle lui disait, mais chaque mot était encore plus tranchant que le précédent, et c'était comme si des centaines de lames le transperçaient de partout.
Aloïs sentit une vive douleur dans son muscle cardiaque. C'était comme si on lui pressait le cœur. Atroce. C'était atroce. Même en cellule, il avait réussi à supporter la torture. Mais pourquoi, alors qu'il était seul, son calvaire était bien pire ?...
Ses iris plongèrent dans ceux de sa petite sœur; et on pouvait lire tout le désespoir du Champion Coordinateur.

- Jude, pourquoi j'ai aussi mal ?...

Son ton se brisait avec mélancolie et tristesse. Il était faible; terriblement faible. Au creux de sa poitrine, il sentait comme une blessure qui n'arrivait pas à cicatriser. Il sentait comme un manque; une douleur si forte que ses jambes menaçaient de le faire tomber à chaque seconde. Il se prit la tête entre ses mains, n'arrivant plus à réfléchir. Oui, il avait mal. Horriblement mal. Et cette torture était sans doute encore plus effroyable que tout ce qui avait pu se passer en prison.
Il suppliait maintenant sa cadette de lui donner des réponses, de lui venir en aide. Elle lui manquait tellement...
Cette dernière le fixa intensément, et soupira.

- Parce qu'au milieu de tout ça, il semblerait que tu ais oublié quelqu'un, Alo...

La nostalgie fit place à l'étonnement et Aloïs fronça les sourcils. Il avait oublié quelqu'un ?... Il avait oublié qui ?! Toute frustration avait disparut pour laisser place à la perplexité. Il se concentra et réfléchit du mieux qu'il put. Mais l'alcool ne l'aidait pas vraiment. Son esprit était assez embrouillé, à vrai dire; mais il remercia Judith pour ne pas avoir fait de remarque quant à la bouteille qu'il tenait encore à la main et qu'il s'empressa de jeter un peu plus loin, soudainement gêné.
Devant l'air désolé de son frère, qui ne comprenait pas où elle voulait en venir, la petite fille secoua la tête et commença à sortir du salon pour se diriger à l'étage.
Aloïs la rattrapa, de plus en plus curieux de savoir de qui sa sœur pouvait bien parler. Ses blessures le faisaient toujours autant souffrir, mais c'était bien le cadet de ses soucis, dans l'instant présent. Même la boisson, qui manqua de le faire trébucher, laissait pas mal de place à l'inquiétude qui grandissait en lui.
Judith l'amena dans sa chambre et se stoppa devant un mur. Ce n'est que lorsqu'Alo daigna lever les pupilles bleues vers le haut qu'il se laissa cette fois-ci chuter au sol et écarquilla les yeux.
Sur le mur était accroché une peinture de Nymphali qui jouait joyeusement dans un champ de fleurs. Il avait entouré la toile d'un joli cadre doré, et il prenait toujours du temps pour la contempler.

- Mak...

Bordel. BORDEL. Comment... COMMENT avait-il pu oublier Makenzie... C'était pourtant l'une des seules personnes pour qui il donnerait sa vie, son âme, tout ce qu'il avait. Ce manque, cette absence... Il avait besoin d'elle. C'était pour ça qu'il avait autant mal. Le vide qu'il ressentait, c'était elle. Sa présence lui manquait, son sourire lui manquait, son parfum, son sourire, sa voix... C'était vrai, il y avait peu de gens auxquels Aloïs tenait réellement, mais la jeune femme qui s'était emparé de son cœur conservait la place numéro un.
Il devait la voir. Maintenant. Genre tout de suite. Mais au moment où il s'apprêtait à se lever pour partir, ayant momentanément zappé que l'alcool faisait toujours effet, Judith le retint par le bras.

- Oui, je sais, tu as besoin d'elle. Mais tu devrais répondre au téléphone, d'abord.
- Gné ?..

La petite fille eut un petit rire innocent avant de disparaître. Aloïs n'avait pas saisi le sens de sa phrase, mais il avait un étrange pressentiment...
Il déambula les escaliers, se ramassant au sol une fois en bas. Même pas le temps de pester qu'il se précipitait déjà vers son portable. Mais rien. En revanche, une autre sonnerie retentit, pas loin. Le portable de Sam. Aloïs s'en approcha, une boule au ventre, curieux de savoir qui pourrait appeler l'adolescent maintenant. Sa mère ?... Non....

- "Faust" ?...

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Suicide, mode d'emploi [OS]

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