« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Sins of the father [OS]

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Clive G. Donovan
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Clive G. Donovan
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MessageSujet: Sins of the father [OS]   Sins of the father [OS] EmptySam 18 Juil 2015 - 2:53



Sins of the father

Éclosion de Clio

Rares sont les scènes du passé dont l'on peut se souvenir avec exactitude. Beaucoup sont floues, incomplètes, brouillées, parfois même complètement incorrectes et inventées par un cerveau trop imaginatif collant entre eux plusieurs morceaux de souvenirs différents pour en former un qui n'est qu'une création quasi digne de Frankenstein. Clive, toutefois, se souvient très bien d'un événement, d'une journée en particulier qui, malgré son apparence innocente, n'avait jamais perdu en clarté. Chaque petit détail, chaque morceau de passé insignifiant, tout était là, aussi net qu'au premier jour. Le tic-tac régulier de l'horloge ancienne, l'odeur de vieux bois, le stylo rouge à moitié rogné à côté des livres dont la couverture était légèrement abîmée et les coins cornés, mais au fond, ce dont il se souvenait surtout, c'était son visage. Calme, détendu, l'air paisible, un sourire jovial et qui transpirait une moquerie que Clive était bien le seul à pouvoir reconnaître. Il n'avait jamais compris comment son jumeau pouvait mentir et fausser sur son visage toutes les expressions qu'il voulait, et ce avec une facilité déconcertante ; c'était un don dont lui avait été complètement dépourvu. Mais Faust savait, lui. Et Clive, qui était à cette époque le seul à avoir le pouvoir de décrypter la vérité sous ce sourire angélique, était son complice bien malgré lui, encore et toujours.  

Mais ce jour-là, Clive fit quelque chose qu'il n'avait jamais fait avant.
Il douta. Concept alien pour lui quand il s'agissait de son frère ; seule sa confiance absolue lui avait été offerte jusqu'à maintenant. Six ans, ce n'est peut-être pas grand chose, mais c'était toute sa vie et tout ce qu'il avait jamais connu. Et Faust était cette constante : incassable, inébranlable et indétrônable. Il ne pouvait qu'avoir raison, pour lui. Si il disait qu'il fallait faire telle chose, alors il hochait de la tête et le suivait, en s'arrangeant si possible pour limiter la casse et le protéger de possibles conséquences négatives. Simple, vraiment. Il laissait Faust guider parce que c'était ce qu'il était supposé faire, et aussi parce que c'était plus simple. Et que c'était ce qu'il était supposé faire, parce qu'il était en tous points meilleurs que Clive, hein ? C'était lui qu'on admirait après tout, auquel les gens s'attachaient, que l'on voulait connaître, et  Clive n'était que le "frère de". C'était tout ce qu'il pouvait être, il le savait bien. Ça ne le dérangeait pas, au fond. Parce que les autres, valaient-ils vraiment le coût ? Est-ce que sympathiser avec des gens qui le méprisaient pour la simple raison qu'il réussissait mieux qu'eux à l'école et avait la faveur des plus grands par sa rapidité d'esprit, des enfants qui le récompensaient avec des coups de poings et de pieds pour le simple crime d'avoir osé parler, était si important ? Non, Clive savait que non, ce n'était pas le cas. Et puis il n'y voit pas d'intérêt, tout simplement. Il est heureux comme ça. Ou du moins c'est sa définition du bonheur, et il s'en suffit. Il n'est pas difficile, vraiment. Même à cet âge, tout ce qu'il voulait était la tranquillité.
Et pourtant Clive avait tout remis en doute pour la première fois.

L’événement n'était pas si grave que ça, au fond. Juste un mauvais tour de son jumeau sur une brute épaisse. Faust n'avait jamais supporté que quelqu'un lui fasse du mal, et quand il l'avait vu revenir avec des éraflures sur les genoux et des hématomes au ventre, son regard s'était obscurci d'une lueur de colère, son visage s'était assombri et il avait gardé le silence jusqu'à ce qu'il lui ait demandé qui était responsable, insistant jusqu'à ce qu'il finisse par craquer et avoue la vérité, en pleurant car il savait très bien ce qui allait arriver. Et Faust l’avait réconforté en lui disant que tout irait bien, qu'il allait juste rappeler au fautif qu'on ne touchait pas à son frère, mais plus il parlait, plus il avait envie de pleurer. Alors sûrement était-ce sa faute, au fond, puisqu'il n'avait pas su tenir sa langue et avait encore craqué devant les demandes de son jumeau.  
Mais cette fois, ça aurait pu être bien plus grave. Faust pouvait sourire autant qu'il le voulait, mais lui aussi le savait. Si l'autre gamin était juste tombé après avoir pris ce coup de poing, ils étaient si proches d'un rebord pointu pour que, à quelques pas de plus... Clive était encore trop jeune pour véritablement prendre conscience de la gravité que l'acte aurait pu avoir, mais il avait suffisamment entendu d'enseignants sermonner les élèves pour savoir que ce n'était pas rien. Parce que aujourd'hui, si le hasard n'avait pas fait qu'au final il y avait eu plus de peur que de mal, Faust aurait été la cause de quelque chose de bien pire qu'un simple hématome. Et il ne semblait pas le comprendre, ou alors, et Clive ne voulait même pas y penser tant c'était horrible, il s'en fichait. Alors quand la directrice pose son regard sévère sur lui et répète sa question, il sait ce qu'il va dire.

« Alors, Clive ? Si j'ai bien compris, tu as vu Thomas pousser Faust et qu'il n'a fait que se défendre, c'est ça ? »

Pause. Le regard de l'interpellé se posa sur son frère qui respirait la confiance et la tranquillité, ne craignant pas un seul instant les représailles. Et à voir cela, à ce moment, Clive ne ressentit que de la colère. Pas même l'ombre d'un regret ne le traversa alors qu'il tournait sa tête vers la vieille femme pour dire quelque chose qui allait, au fond, sûrement tout changer.

« Non. Faust est venu pour le frapper parce que Thomas m'avait fait mal avant-hier. »

Trahison. Clive peut le voir inscrit au fond même de ces yeux si semblables aux siens, pleins d’incompréhension et de déception, de colère également, mais il ne revient pas sur ces propos. Il le sait, alors même qu'il le regarde, qu'il a fait quelque chose de grave. Qu'il a commencé à érafler leur confiance. Au fond, cette histoire était anodine, et ils l'avaient oublié bien vite, mais les faits étaient là : Clive avait remis Faust en question. Et Faust n'avait plus le pouvoir de faire tout ce qu'il voulait sans conséquences. Il l'avait trahi, aussi. Mais étrangement, sur le moment, il n'avait rien regretté.
Non, il avait suivi les règles. Et si il y avait une chose qu'il respectait de la même manière qu'il respectait son frère, c'était bien les règles. Ordre. Discipline. Faust n'en souffrirait pas tant que ça, en plus.
À bien il réfléchir, il se demandait si il avait jamais pensé différemment, depuis.

Pride feeds their blackened hearts.
And the thirst must be quenched to fuel hypocrisy
Cleansing flames is the only way to repent.
Renounce what made you

« Maman fait partie du régime. »

Ce n'est pas une question. Clive le sait. Ce n'est pas une accusation non plus, non, mais une affirmation. Faust ne demande pas, il dit, point. Il dépose le verre qu'il était en train de laver sur le comptoir, calme, inflexible face à toute la hargne qui déferle de son jumeau dans le moindre de ses mouvements, qui transpire rien que dans ce regard plein de fureur qui le fusillerait sur place et sans procès si il en était capable. Le bar est vide, mais l'atmosphère ne lui a jamais parue aussi lourde. Leurs yeux se rencontrent, froids d'un côté, brûlants de colère de l'autre. Faust n'a pas besoin de parler pour que toute sa haine puisse se lire dans le creux de ses iris ; pour cela, il avait toujours été très doué. Lui n'avait pas ce talent, non : avec lui, tout restait enfermé, gardé bien profondément enfoui sous des milliers de mécanismes de défense et des tonnes de froideur mécanique, raisonnée, pour que jamais rien ne déborde et ne vienne mettre fin à la paix qu'il tentait désespérément de garder stable. Mais Faust, lui, c'est un volcan : il en faut beaucoup, pour le faire atteindre ce point, et là encore il n'était pas non plus à celui de non-retour, mais lorsqu'il explose, alors il perd la moindre once de contenance qui le maintient encore dans un état de santé mental relativement correct. Ils sont identiques sur ce point, en un sens. Question émotions refoulées, ils ne peuvent ni donner de leçons, ni prétendre y comprendre quelque chose.
Et tout ressort ce soir.

« Tu parles comme si tu posais une question.
- Il faut bien, quand tout se fait dans mon dos ! »


La voix de son jumeau, venimeuse et mauvaise, est aussi nauséabonde à qu'entendre qu'elle est dure à supporter. Clive a l'impression qu'il va finir par lui sauter à la gorge. Les doigts serrés sur le comptoir, le teint livide, Faust n'a plus l'air à ses yeux que d'un animal furieux et dangereux sur le point de mordre, et lui sait très bien qu'il en ait tout à fait capable. Ceux qui croient qu'il est inoffensif se fourvoient, ceux qui croient qu'il ne peut pas lui arriver d'être tout bonnement  impitoyable encore plus, et Clive le sait mieux que quiconque, tout particulièrement parce qu'il le vit maintenant. Son frère ne pardonne pas : c'est là son plus grand défaut.

« Tu n'étais pas là. »

Clive continue d'essuyer son verre avec une froideur mécanique, et un regard vaguement lassé. Il est loin d'être celui qui s'énerve le plus entre eux, et si il a appris une chose, c'est qu'il n'y a rien de plus facile que de gagner une dispute en gardant son sang-froid. Toutefois, il sait aussi que cet air méprisant qu'il lui offre en plus de son indifférence ne vont faire que l'énerver et le vexer : étrangement, Clive y trouve satisfaction. Le plaisir de le voir déconcerté, déstabilisé. S'était-il attendu à des excuses ? À de longs pleurs, à des épanchements larmoyants et pathétiques sur son impuissance et sa stupidité ?  Et durant un instant que l'assassin ne manque pas de remarquer, le châtain se décompose, touché. Oh, aussi vite que c'est fait, il reprend cet air furieux, mais Clive n'a pas manqué de voir que cette critique là avait vraiment touché son but, quoi qu'il veuille faire croire, et quoi qu'il dise par la suite.

« Alors c'est une excuse pour tout ? Pour accepter de collaborer avec des putains de chiens obsédés par le pouvoir qui tuent sans penser à autre chose que leur sale gueule ?! Pour aider les gens qui ont tués notre PÈRE, putain, Clive ! On va faire quoi, ensuite ? Leurs lécher les chaussures et les remercier quand ils nous chieront à la gueule par 'bonté' ?! »

Clive ne répond pas. Il supporte l'attaque verbale en silence, inexpressif, comme si ce qu'il disait ne le touchait pas pour le moins du monde. Mais c'est faux. Tellement, tellement faux. Sa poitrine se comprime et un nœud nait dans sa gorge, mais il n'a pas l'intention de lâcher l'affaire ou bien même de laisser son jumeau gagner ce combat qui ne devrait pas avoir à en être un.

« En quoi peux-tu lui donner des leçons ? »

Il a failli laisser échapper le 'nous', mais il l'a pensé tout aussi fort. Son ton s'est fait un peu plus acide par réflexe, et il inspecte Faust sans compassion aucune dans le creux de ses yeux, tout son langage corporel hurlant la défensive. Il se sent par réflexe comprimer un peu plus le verre qu'il tient dans la main, comme si il voulait l'écraser entre ses doigts pour anéantir sa colère, ou comme si, et la pensée devrait un peu l'effrayer, comme si c'était Faust sur lequel il pouvait se défouler. Clive a toujours eu quelque chose que son frère n'avait pas : son regard noir. Si celui du plus âgé était au moins intimidant quand il y était vraiment d'humeur, celui du cadet était glaçant, froid, apathique. Et ce envers quiconque il pouvait être dirigé, même la personne la plus proche de lui.

« Dis-moi, quand tu es parti... Tu as pensé au fait que moi et maman, on se retrouvait seuls pour remplir quatre assiettes ? Qu'il fallait payer les factures ET gérer les papiers qui ont immédiatement suivi la mort de papa ? Non, bien sûr que non...
- Je suis à la rue, putain, tu veux quoi de plus ?! Je ne vous demande rien, c'est même moi qui vous aide en vous donnant une partie de l'argent que je gagne alors que je ne peux même pas vivre dans un appartement et-
- Et moi j'ai dû arrêter les études. Travailler alors que je déteste ce putain de job au lieu de faire ce que je voulais et étudier ce qui me passionne depuis tout petit parce qu'on est pas nés avec des cuillères en argent dans le cul et que pour nous, si on veut survivre, c'est comme ça. Tu veux jouer au Calimero, ou t'as fini ? T'es pas le seul à souffrir, Faust. »


L'aîné serra les dents.

« Et très certainement pas le dernier, avec vos conneries. Mais au moins t'inquiètes pas, t'auras plus à me supporter. »

Il claqua la porte derrière lui, laissant Clive seul. Quelques secondes passèrent ; à force de s'être mordu les lèvres pour se retenir de pleurer, il en avait gardé un goût métallique pendant des heures, même après.

Words that kill
Would you speak them to me?
With your breath so still,
It makes me believe

L'odeur de poudre et de sang inonde ses narines. Il exhale irrégulièrement derrière son masque immaculé, le regard bougeant d'éléments à éléments, fixe et constamment en mouvement alors que son cerveau refuse de stopper le cours incessant de ses pensées. Et il pense encore et encore, cherchant dans son esprit une façon de régler le dilemme qui vient de s'imposer à lui. Les cris ne cessent pas. Ils résonnent dans ses oreilles, certains aigus, d'autres graves. Des coups de feu rythment l'enchevêtrement de discorde et d'horreur, et chaque balle qui se perd dans cette bataille sans vainqueurs pourrait en être une qui se logerait dans le cœur de son jumeau. Clive n'est pas stupide : il sait qu'il est là, et il n'est pas le seul, c'est bien là le problème. Un conseiller ne peut après tout se permettre d'être absent à un tournoi aussi important que celui du premier janvier. Comme les autres, c'est une cible. Peut-être sera-t-il capturé, peut-être que non. Qu'importe le cas, il se voit tout de même devant trois décisions impossible à prendre ; l'arrêter lui-même, trahir le régime si jamais il venait à se faire attraper ou miser sur la possibilité qu'il arrive à s'enfuir dans un laps de temps très court, et ce en dépit du fait qu'il y avait de grandes chances pour que l'explosion l'ait sonné, d'où il se trouvait ?
Il déglutit. Mais si durant un instant le trouble l'a saisi, ce n'est plus le cas. Déjà sa voix sonore et autoritaire résonne, distribuant les ordres à ce groupe qu'il connaît à peine, et qu'il ne commande que depuis trois ou quatre mois à peine. Pourtant, le voilà qui les dirigeait lors d'une rafle. Une rafle. Bordel de merde, que foutait-il là ? Quand est-ce que son combat pour protéger sa famille l'emmenait-il au point d'envoyer des innocents aux pires horreurs ?  Mais qui était-il hormis un hypocrite, quand il pensait au nombre de fois où il avait senti la vie s'éteindre contre lui, vraiment ? Aucune réponse ne lui vient. Sa précieuse et si cruciale logique s'effrite, bombardée par les contradictions et preuve de son erreur, de son inexactitude alors même que tout semblait concorder dans sa direction. Ce à quoi il se raccrochait comme un Saint-Graal se révélait être complètement impuissant et inutile.

« Ne crois pas que j'ai déjà oublié. Et tu me devras un café après ça, Neronichou. »

La voix d'Azazel eut au moins le mérite de lui faire penser à autre chose. Cette réflexion l'aurait fait sourire si il n'était ps aussi nerveux. Il parcoure les environs des yeux, et les siens rencontrent ceux d'Isaac, qui durant un instant, se fige et ne semble pas le reconnaître. 'Semble' étant le mot clé, puisqu'il lui fait un signe de la main, non-vu par Faust qu'il tient et supporte jusqu'à l'impasse où il l'emmène. Le deal avec Azazel et Raziel était simple : ils ne diraient rien sur la disparition 'accidentelle' de Méphisto et il leur rendrait quelques services d'ici peu. Simple échange. Il s'agissait de trahison, encore une fois, quoique qu'on aurait dû accorder ça au pluriel. Faust se sentira trahi, lui aussi. Et par sa dissimulation, ses mensonges et ses manigances, Clive fait un pied de nez au Régime. Il ne pourra pas sauver Isaac par ses propres moyens, il le sait. Il a confiance en son ami toutefois, mais la vérité est là et il ne peut pas prévoir exactement ce qui va arriver. Il peut juste essayer de mettre le plus de chances de son côté.

Il expire profondément. Il ne doit surtout pas craquer maintenant. Froideur avant tout, masque au premier plan. Tant pis si il ne fait que creuser davantage le fossé qui les sépare, si la haine de Faust à son égard ne fait que grandir encore et encore. Il est prêt. Il l'avait promis à son père il y a longtemps, et à soi-même bien avant. Si Faust protège ouvertement et sans limites, quitte à prendre sur lui-même une partie de la douleur des autres et se noyer un peu plus, Clive est la discrétion. Celui qui supporte sans rien dire, qui agit dans l'ombre, sans se faire remarquer. Beaucoup avaient tendance à croire, à tort, que Faust était le seul à faire attention à son jumeau : grave erreur.
Mais Clive a la finesse que son frère n'a pas et qu'il fait pourtant tout pour obtenir, sans jamais le rattraper. Il se souvient encore de cette fois où, lorsqu'un garçon avait Faust s'était amouraché, en l'apprenant par le biais d'une connaissance trop bavarde, avait décidé qu'il jouerait avec ses émotions pour le rabaisser et l'humilier ouvertement, Clive avait fait ce qu'il jugeait juste à ce moment-là : lui faire manger le sol en public, avec le gazon comme entrée. Il n'irait pas mentir, les grands yeux écarquillés de Faust encore rougis par les larmes avaient valu le coût. D'ailleurs même si les heures de colle dont il avait écopé l'avaient bloqué à l'école chaque mercredi pendant trois semaines et il lui avait valu un avertissement, il ne regrettait rien, même maintenant.Mais le plus souvent, il arrêtait les soucis avant quil ne se soit même manifesté, sans jamais prendre de crédit pour ses actions, simulant l'ignorance et la naïveté la plus parfaite. Et tout le monde y croyait. Sauf Isaac qui bien souvent s'en rendait compte, mais ne faisait rien remarquer dans une complicité totale. Alors il n'a pas à avoir peur d'aujourd'hui, maintenant qu'il y réfléchit. Pas une seule seconde. Tandis que ses pas le rapprochent de lui, il se surprend à avoir un moment d'hésitation.
C'est ça, ce que je suis supposé faire... ? Je dois faire tout ce que je peux, après tout, mais..

Il doit pourtant le croire, aujourd'hui. Au moins tant que son jumeau le regardera ainsi, plein de haine, de rancune et de douleur, d'effroi et de peine, il devrait devenir ce bloc de glace inhumain qui est bien le seul capable de le protéger de la douleur. Ou du moins, c'était ce qu'il espérait. Ça n'avait et n'aiderait jamais la sensation de déchirement affreuse et lancinante dans sa poitrine, et il ne pouvait qu'admettre son impuissance devant elle, au final.

The Sins never die.
Can't wash this blood off our hands.
Let the world fear us all.
It's just means to an end.

« Si Clive souffre, c'est ton rôle de l'aider, Faust. »

Karl Donovan n'aurait jamais fait l'erreur de le dire à haute voix, mais même sans cela, l'idée avait tout de même été retenue et engrainée dans l'esprit du plus âgé dès son plus jeune âge. Clive était sa responsabilité, voilà tout, son fardeau à lui qu'il ne chercherait jamais à renier ou oublier, sa bouée de sauvetage. Ses petits frères des trésors inestimables à protéger de toute son âme, quitte se sacrifier soi-même. L'erreur avait été de croire que l'idée ne virera pas à l'obsession dans la tête des deux enfants, que la crainte d'échouer ne deviendrait pas pire que l'angoisse de la mort pour eux. Erreur compréhensible en elle-même ; ridicule et insidieuse, se faufilant l'air de rien dans des esprits impressionnables et manipulables. Idée pure au départ, mais pervertie par la cruauté d'un monde bien moins tendre et réconfortant que leur cocon familial si soudé et chaleureux. Et le plus drôle dans tout ça, c'était que Clive ne s'en rendait compte que maintenant.
Il réajuste une dernière fois le casque de Gabriel, incertain. Il déglutit avec crainte, observant son reflet dans le miroir qui, si il apparaît calme et serein, n'est qu'une image factice dont il est fier mais qui est très loin de la réalité. Ezekiel grogne doucement contre lui, sentant sa nervosité et son angoisse. Il ne sait pas si il y arrivera à se faire comprendre, si il réussira ce qu'il a commencé à entreprendre il y a plus d'un an, mais il doit au moins tenter. Si il ne tente pas, il connaît les risques, et il ne peut pas rester sans rien faire. Il expire.

Our salvation lies in the Father’s sins.
Beyond the truth,
Let me suffer now.

« Combien de temps tu penses que tu vas tenir comme ça ?
- Aucune idée. Autant de temps qu'il faudra ?
- C'est une jolie façon de dire que tu préfères ne pas y penser, Clive.
- Je suis doué pour ça, hein ?
- Un de tes plus grands talents, en effet. Un jour, il faudra quand même que tu essaies.
- Tu es vraiment si naïf que tu crois que Faust peut oublier ses rancunes ou tu me mens juste ?
- Clive, écoute, avec un peu de temps peut-être...
- Ma main au feu, Isaac, que d'ici cinq ans, on en sera toujours au même point.
- Tu vas vraiment avoir l'air con avec la main du Cap'tain Crochet, tu sais ? »


Cinq ans plus tard, et même si il n'y pensait pas sérieusement à l'époque, ces paroles en l'air le faisaient glousser légèrement. Il jeta un coup d’œil à sa main droite justement, et soupira devant l'état déplorable de celles-ci. Coupures, brûlures et autres rougeurs ; un lot inévitable pour quelqu'un qui ne prend pas une minute de répit. Oui, en fait, il avait peut-être mis sa main au feu métaphoriquement, si l'on voulait. Il les dissimule derrière ses gants, et sent alors la main douce et rassurante de Castiel sur ses épaules.
Le Gardevoir l'observe d'un air grave, silencieux et compréhensif, mais il le pousse légèrement. Il est l'heure, il le sait. Il espérait juste quelques secondes de calme en plus. Castiel l'avait compris, alors pourquoi l'arrêtait-il maintenant ? Il comprit en entendant des sons de craquement résonner dans a chambre, et sourit doucement en constatant qu'il s'agissait de l’œuf de Kungfouine qui reposait sur son bureau depuis plusieurs jours, confié par la Shaofouine de Captain Hook, convaincue par la vision de son équipe et la relation qu'avait Clive avec ses différents coéquipiers. Il attendait avec impatience la naissance de cette petite chose, et même si le timing laissait à désirer, il ne pouvait pas nier que c'était un petit rayon de lumière dans un océan d'incertitude ténébreuse.
Doucement, il se pencha vers la jeune créature, et les traits de son visage s'attendrirent lorsque la Kungfouine saisit un de ses doigts entre ses mains, avant de pousser des gloussements joyeux, comme des petits éclats de rire. Il grimaça lorsqu'elle tenta de le lui mordiller, mais lui caressa tendrement la tête, avant de la confier à Castiel qui la prit doucement entre ses bras.

« On va faire un détour chez Mikael, avant. Qu'elle puisse se reposer tranquillement. »

Le Gardevoir hocha de la tête. Après quelques secondes, et à cause de son regard pressant, son dresseur finit par la tête. Un moment passa, mais Clive reprit une contenance sérieuse, un air indifférent et insensible, puis saisit le casque de Gabriel qu'il enfila sans tarder.

« On y va. Terminons ce que l'on a commencé. »

Castiel sourit, fier. Le hérisson, quant à lui, ne put que souffler pour tenter de calmer son cœur qui battait la chamade. Sa main, automatiquement, vint effleurer le badge abîmé qu'il gardait précieusement dans une de ses poches, tandis que l'autre rangea avec délicatesse deux enveloppes encore scellées. Le dernier message de leur père, à délivrer quel que soit le résultat du match qu'il allait livrer. L'un comme l'autre, d'ici deux heures, tout aurait changé.
Et il ne savait pas si il serait capable d'en supporter le poids. Mais de toute façon, il n'avait pas le choix, et ça depuis longtemps. Pourtant, ce fardeau posé sur ses épaules dès son plus jeune âge allait bientôt trouver conclusion, d'une façon ou d'une autre. Et plus que le message de leur géniteur, il avait le sien, celui qu'il n'avait jamais su lui dire en vingt-cinq ans.

In my heart I just know that there's no way to light up the dark
in his eyes.
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