Highway to Hell {pv. Cassey-hey-hey

HIIIIIIGHWAY TO HELL ♫

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Fucking shit, quel pied! Cela fait, un bon moment que je ne suis pas sortie (entendez par là que ça fait juste un peu plus d’une semaine) boire un bon coup et faire la fête! Mais ce soir, c’est ma soirée, et je compte bien m’éclater toute la nuit! Arrivée depuis bientôt une heure dans un de mes bars favoris d’Amanil, je fredonne assise au bar, déjà grisée par mon second Gin Tonic que je bois au rythme des standards de rock qui passent dans le bar, couvrant les conversations. Balançant la tête à droite et au gauche, dans mon délire, j’envoie quelques signes de main, quelques œillades aux gens que j’ai déjà croisé, ou à ceux dont je croise le regard. Pas vraiment invitante, j’aime passer les débuts de soirée seule dans mon coin, a observer tranquillement, tout en m’imprégnant un peu d’alcool et de l’ambiance de la soirée. J’aime beaucoup cet endroit pour ça, en plus de la musique qu’il passe. C’est plutôt décontracté et il est rare de se faire emmerder par des kékés trop insistants ou juste lourds à en crever. Bon, bien sur, il n’est pas rare qu’on ait droit au relou de la soirée complètement rond comme une queue de pelle qui s’en va demander un french kiss a toutes les nanas présentes dans le bar, en pauvre rebut qu’il est, mais bon, ça, c’est routinier et pas bien méchant, au fond. Pas vraiment de projets en vue ce soir, si ce n’est passer un bon moment. Je ne sais pas encore si cette piste de danse aura le bonheur de devenir mon terrain de chasse plus tard, mais on verra bien. Mon second verre de Gin déjà bien entamé, je balaye de nouveau le lieu des yeux. Mon regard s’arrête brusquement sur une chevelure rougeoyante, semblable à la mienne. Large sourire. Je ne connais qu’une seule personne qui porte une crinière de feu aussi bien que moi! Euphorique, je saute de ma chaise et me fraye un chemin jusqu’à la jeune femme aux cheveux de feu, passant entre les corps qui peuplent le bar, et qui commencent à s’amonceler du fait de l’happy hour. Je me faufile sans mal avec mon verre à la main (c’est tout un art de fendre la foule avec un verre à moitié plein!), pour finalement me retrouver aux côtés de la jeune femme… Enfin, pas exactement… Je parlais du relou de la soirée, et voila que je me retrouve un peu trop près d’un espèce de type avec un sourire béant et puant l’alcool, qui est sur le point de me sauter dessus, les lèvres poussées pour m’embrasser, me lançant que j’ai la plus belle poitrine de l’univers ou d’autre conneries. Passablement irritée, je l’écarte d’un coup de bras, toujours en prenant garde à mon verre. Puis, je peux finalement rejoindre ma pote de beuverie.

« Hey, Cassey! Ça boume, ma poule? Trop bon de te trouver là! »

Je m’assoie à ses côtés, d’autant plus joyeuse avec le petit taux d’alcool qui passe déjà dans mon sang. Je ricane un moment en tapotant affectueusement le dos de la jeune femme que j’ai déjà rencontrée en soirée. On s’entend bien, et a vrai dire, à nous deux, on fait des ravages! C’est con, mais avec notre taille presque semblable et nos cheveux rouges, c’est très facile de se faire passer pour des jumelles , et les jumelles, bah, ça fait des dégâts, si vous voyez ce que je veux dire! Bon, je ne sais pas si j’ai envie de draguer ce soir, mais dans tous les cas, je suis bien contente de la voir ici. Je ne connais pas tant Cassey en dehors de nos délires de jumelles, et c’est peut-être l’occasion. J’allais ouvrir la bouche pour engager une conversation, mais revoilà mon pote relou d’il y a deux minutes. Sauf que cette fois, il est vraiment insistant, et commence à m’enlacer sans mon consentement. Okay, that does it! Passons aux choses sérieuses, il l’aura voulu! Donc… Euh, pourquoi je sors mon portable moi? Pas d’humeur à déclencher une bagarre avec un mec bourré, c’est probablement mieux comme ça.

« Alors toi, tu nous lâche tout de suite, car je vais appeler mon cousin et il va rappliquer et tu vas vraiment souffrir! »

Le gars proteste et ne me lâche pas. Je mets donc ma menace a exécution.

« Bon, désolée Cassey… Ah! ALEX AU SECOURS J’AI TROIS MECS QUI ATTENDENT QUE JE SORTE DE TOILETTES POUR ME FAIRE DES TRUCS PAS NETS ET TRES COCHONS! FUCKING SHIT JE VEUX PAAAAAS! »
« Et merde Riku... t'es encore bourrée?! »
« ALEEEEEX PLEAAAAAAASE! »

Puis après avoir balancé le nom du bar en douce (bien qu’il aurait trouvé sans, ce ne serait pas la première fois que je le fait venir me chercher ici). Je ne sais pas si ce sont mes cris qui ont fait fuir l’affreux jojo ou si la menace a vraiment marché, mais ce qui compte c’est la victoire. Je peux enfin revenir vers Cassey. Et… Et merde je l’ai vraiment appelé… Il va vraiment débarquer, d’une minute à l’autre, ce con, je le connais. Mais ma seule réaction c’est de rire comme une débile à mes conneries, en regardant Cassey.

« Bon, bah, on dirait que mon attardé de cousin coincé va nous rejoindre… Pfff… j’suis con moi, aussi! Sorry pour le bordel… Pendant que j’y suis, je te payes un truc, pour me faire pardonner? »

Dis-je, en riant de plus belle. Je prends une nouvelle gorgée, pensant à commander au passage la bière préférée de mon cousin pour quand il arrivera, ça le calmera. Je ne peux pas m’arrêter de sourire et continue de siroter mon Gin.

« Bon, sinon, tu vas bien, ma belle? »

On peut enfin reprendre, ou plutôt, engager notre conversation. J’allais ouvrir la bouche, quand j’entends un grognement familier dans mon dos. Quand je me retourne, je vois un blond a l’air de fort mauvaise humeur les bras croisés, me fixer avec un sourire qui ne présage vraiment rien de bon. Quoique je suis contente qu’il n’ait pas déjà cassé cinq bouteilles sur la tête de deux innocents pour au final se faire éjecter par le vigile. Et heureusement que la bière arrive dans un timing de fou. Je ne sais pas comment il a fait aussi vite, probablement que Christopher ou Lizbeth ont battu des records de vitesse ou que lui-même était en ville, pour voir un vieux film au ciné ou un truc du genre. Son ton presque trop doucereux me fait croire qu’il est passablement agacé. Oui, la bière arrive vraiment au bon moment.

« Espèce de naine rouge débile de merde! Je rêve ou tu m’as pris pour un c- »
« Oh! Alex! Quelle surprise! Tiens, regarde! Tadaaa! Une bière, pour toi! »
« …Putain Riku, tu fais chier! »
« Moi aussi je t’aime. Ah! Et je te présente… »

Mais le blond fixe déjà Cassey avec une derp face de compétition. Ouhlala, il a vu un fantôme, ou quoi? Peut-être qu’ils se connaissent ou alors… Oh, merde si ça se trouve ils ont… Beeeeerk, pauvre Cassey, je veux rien savoir! Je sais, j’ai l’esprit tordu! Je secoue la tête. Il a seulement la sale habitude de fixer les gens qu’il rencontre pour la première fois.

« Bon, euhm… Bref… Cassey, voici Alexander, mon cousin. Alex, c’est Cassey, une pote. »

Tout d’un coup, le sourire d’Alex s’élargit de façon anormale, tandis qu’il va serrer la main à Cassey d’une façon assez peu naturelle et qui semble quelque peu forcée… Et ne parlons pas de son regard amusé. Mais qu’est-ce qui lui prend… Il veut me foutre la honte, ce soir, ou quoi? Wait... C'est fort probable, ça.

« Je vois, je vois… Gw- euh, CASSEY, c’est ça? Enchanté, moi c’est Alexander. Tu peux m’appeler Alex! »

Mais c’est quoi son problème?

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Highway to Hellfeat. the Nagels

J’ai la vive impression ces derniers temps de ne vivre qu’un rêve. Un rêve vaporeux, sans la moindre substance, qui me mène dans une dérive impossible. Ni fondamentalement bon ou mauvais, ce songe telle une aventure céleste me porte aux quatre vents, dissolvant mon être dans une cacophonie impossible à maîtriser. La foule qui m’entoure et me porte n’arrive même pas à faire taire ce brouhaha incessant au fond de mon être, cet appel sordide et froid que je n’arrive pas à interpréter. Je semble avoir perdu toute connexion avec qui je suis, toute emprise sur mon être si bien que je ne fais que dériver, distraite, presque absente dans un monde qui ondule autour de moi. Il me semble, au loin, entendre une musique. Le moindre mouvement autour de moi me fait divaguer et enfin, je réalise que je n’ai pas pris ma médication habituelle pour mon trouble de l’attention avec impulsivité depuis plusieurs jours, depuis la naissance de Juno à vrai dire. Et cette fois je me demande comment j’ai fait pour passer à travers cette période sans ma médication, dans la folie des derniers jours au boulot et avec le si peu de sommeil que j’ai pu avoir. Et me voilà sortie pour cette première soirée de congé de la semaine, complètement assommée par le peu d’alcool que j’ai pu boire, à danser de façon hérétique, transportée par le mouvement de foule sans la moindre contenance sur moi et mes actions. Où suis-je donc passée?

Une main se pose sur mon épaule. On m’adresse la parole et je reconnais cette voix. Je m’y accroche telle une bouée, tentant de clarifier ma vue embrumée, alourdir mon esprit volubile. Je plisse les yeux, distinguant une silhouette, petite, menue, terminée par une crinière rouge flamboyante. Riku. Elle est jolie ce soir, elle rayonne comme d’habitude. Son sourire, son énergie, ils me suffisent pour faire ce pas vers la raison, pour reprendre possession de mon corps. Je la suis, docile, vers un endroit où nous pouvons nous asseoir. Je sens sa main contre mon dos et ce contact a quelque chose de plus rassurant que les caresses échangées au hasard entre les danseurs couverts de sueur. Je ne réponds pas tout de suite, étourdie encore de ce moment d’égarement, confuse. Je ne me souviens pas particulièrement d’avoir marché jusqu’à ce bar. Je me demande si Juno, Zeek et Ren vont bien, si je les ai nourrit convenablement ces derniers jours. Je me demande si moi, j’ai mangé. En fait je suis affamée, je me rends compte à présent. Cette faiblesse pourrait être expliquée par un jeûne que j’aurais pu m’infliger dans même m’en rendre compte. Ce ne serait pas la première fois. Ni la dernière. Lorsque je suis parfaitement absorbée par mon travail, je ne pense plus à rien. Il s’agit de ma drogue, mon alcool. Je me suis servi du boulot pour oublier les horreurs perpétrées dans ce village près de Vanawi. La chanson de l’alcoolique. Boire pour oublier qu’on boit. Travailler pour oublier qu’on travaille pour couvrir les traces d’assassins.

Je n’ai toujours rien dit. Riku parle avec un imbécile et je devrais la défendre. En d’autres circonstances je l’aurais fait. À sa carrure, il aurait pu tomber de haut. Et mon amie aurait été sauve. Pourquoi suis-je si immobile? Je continue à penser à Ren, à Juno et Zeek. À mes bébés. La culpabilité me ronge. J’espère qu’Hayim aura su reprendre les rênes. Elle le fait toujours lorsque je m’égare. Je respire longuement pour éviter de me laisser engloutir par la honte. Quelle mauvaise dresseuse je puis être. Je redresse la tête. Riku parle de son cousin, je ne comprends pas vraiment pourquoi. Puis elle me propose quelque chose à boire. Telle une automate, je réponds.

«Oui, un Sex on the Beach.»

Je n’ai pas soif. J’ai faim. Je ne sais même pas où je me trouve. Je ne sais pas s’ils servent à manger ici. Je prends une grande inspiration. Focus, Cass, focus. Tu es en sécurité ici avec Riku.

«Oh ça va. Le boulot quoi. Pardon si je suis un peu distraite ce soir, je n’ai pas eu beaucoup de sommeil cette semaine.»

Puis, comme ça, j’offre un câlin à Riku. J’ignore s’il s’agit pour moi de rassurer la Coordinatrice au sujet de mon état ou de m’apaiser moi-même. Je rigole un peu, tâchant de retrouver ma bonne humeur. Ou quelque émotion que ce soit qui ne me déchire pas de l’intérieur. Un blondin fend la foule et je l’entends vociférer. Mes yeux s’écarquillent alors que je le reconnais, sans aucun mal d’ailleurs, alors qu’il s’adresse à la rouge à ses côtés. Je les entends se bagarrer quelque peu jusqu’à ce qu’il me regarde. Alors je lui adresse un sourire, le premier qui soit sincère de la soirée. Je suis heureuse de le voir. Je sais que Dio arrivera à me changer les idées. Puis bien après, vient la réalisation qu’il est ce fameux cousin dont Riku m’a parlé et que par conséquent, je dois me montrer prudente. Le tortionnaire n’a peut-être pas dit à la rouge qu’il travaille pour le Régime, tout comme elle ignore pour moi. J’avoue avoir du mal à ne pas réprimer un rire lorsqu’il me présente la main et que nous faisons les présentations en faisant semblant de ne pas nous connaître. Depuis qu’il est présent j’ai moins de mal à me concentrer sur le moment présent.

«Enchanté, Alexander! Ouais, Cass la baraque comme missy ici me surnomme. Cela fait donc de nous des cousins aussi comme Riku et moi sommes jumelles.»

Je souris à pleines dents. Dio Silvery dans ma famille? Il y aurait de quoi faire exploser toute l’île. Je prends une gorgée de mon verre qui vient d’arriver en retenant un fou rire. Mes joues se sont rosées sous l’effet de l’hilarité interne que je ressens.

«Tu lui fais souvent le coup sinon, Riku? De crier au loup?»

Une once de reproche s’est glissée dans ma voix alors que mes prunelles brillent de malice. Je commence à me sentir un peu mieux maintenant. Sortir n’était peut-être pas une si mauvaise idée, finalement.

(c)Golden

Hiiiiiiighway to Hell

C’est assez drôle mais depuis quelque temps j’ai appris quelque chose. Quand mon téléphone sonne à 21h passées, cela ne peut signifier que deux choses : soit que la police a trouvé un de mes cadavres et donc que je suis dans la merde jusqu’au cou, mais ça, ça ne risque pas encore d’arriver, et de toute façon, ce n’est pas exactement le sujet ici, soit, en deuxième solution, et c’est celle-ci qui nous intéresse : Riku a encore fait une connerie et ou bien s’est mise dans un situation impossible incluant encore des mafieux, un balais de chiotte, des faux billets et un anaconda. Eeeet donc, comprenez que quand mon téléphone sonne passé cet horaire, j’ai toujours une certaine réticence a décrocher le combiné. Surtout quand je suis devant mon écran plant en train de marathoner les films Hannibal Lecter. Ma foi, le coup de fil n’est tout de même pas tombé au pire des moments qu’il soit. C'est-à-dire que je venais juste d’aller chercher à boire dans la cuisine quand le portable s’est mis à sonner en affichant une photo débile de ma cousine tout aussi débile. Alors… Pourquoi j’ai répondu, en fait? Car je sais très bien que pour une fois, son appel peut-être vraiment urgent, et sait-on jamais si elle a vraiment un souci ou je ne sais quoi… Et non, je ne vais pas avouer noir sur blanc, que oui, je suis faible quand il s’agit de Riku. Et merde, je l’ai pensé. Un soupir plus tard, j’ai déjà éteint la télé sur le générique du second film (au moins j’aurais vu mes favoris de la saga), et sors déjà sur la terrasse en sifflant Christopher. Le plus vite j’aurais pu m’occuper de ma trouble-fête de cousine, le plus vite je pourrais m’avachir de nouveau sur mon canapé comme le vieux garçon que je suis en train de devenir. Je prends tout de même le temps de me chausser et de passer ma veste par-dessus ma chemise, car si j’y vais en chaussons, j’aurais l’air con et c’est toujours plus efficace pour donner des coups de pieds dans les entrejambes des emmerdeurs si il y en a, les vrais souliers. Riku me gueule dans l’oreille comme d’habitude –si je deviens sourd ce sera bel et bien de sa faute et non pas de celle d’autre chose que je ne nommerais pas pour des questions évidentes de décence–, et je suis déjà parti. Ah, j’entends bien que ce doit-être un canular, au moment ou elle a raccroché, je l’entendais déjà pouffer à l’autre bout du fil, elle va m’entendre plus tôt qu’elle ne le croit!

Et en effet, en quelques minutes, grâce à la vitesse de mon Scorvol dans les airs, j’atterris devant le bar ou je suis déjà allé chercher ma boulette favorite deux ou trois fois quand elle était trop ronde pour marcher droit. Je remercie Christopher et le laisse s’envoler au dessus de la ville. Je n’ai qu’à le siffler pour qu’il revienne. Enfin, j’entre sans soucis dans le bar bondé, et grimace de la chaleur qui s’en dégage, ainsi que de la promiscuité des corps agglutinés les uns contre les autres. Et maintenant, repérer des cheveux rouges… ça doit pas être… Ah. Y’a pas une chevelure rouge, y’en a deux. Au moins, elles sont au même endroit. Une sorte de banquette en arc de cercle dans un coin du bar, devant une table ou est posé la boisson favorite de ma cousine. Bon, bah, on peut pas se tromper. Ma cousine était en train de discuter avec… Avec… Euh… Keuwaaaaaah?! Les bras me tombent quand j’aperçois la surprise… La bonne surprise! Assise aux côtés de ma cousine. Je ne sais pas ce que Gwen fout là, mais son vrai nom, c’est Cassey, à ce qu’il paraît. Certainement que Riku ne sait pas pour son métier, et même si la naine rouge sait pour moi, eh bien, au tant ne pas balancer le sujet ce soir là. Je joue ma carte, donc, et fais comme si ne rien était, comme si je rencontrais Gwen… Enfin, Cassey, pour la première fois. Une bière me tombe dans la main à ce moment et de mon autre main libre, je serre celle de Gwen la rouge. Trop de rouge. Ma foi, ça ne peut pas être si terrible, après tout, cette situation! Indirectement, je serais donc relaté à la… jumelle de Riku? Une fausse jumelle ouais! Mais c'est vrai qu'il y a une certaine ressemblance.

« Ouais, enfin, crois moi, restes-en au physique, car tu veux pas ressembler mentalement à cette andouille! Mais, va savoir, faudrait ressortir la généalogie Nagel pour vérifier! Ou faire des tests ADN avec nos cheveux. »

J’ai un rire un peu forcé. Que ce soit ou non sur le ton de la plaisanterie, le sujet de la famille, et parler de gémellité, ça me fait toujours un effet étrange. Et, tant qu’à faire, non, j’ai vraiment pas envie de sortir mon arbre généalogique, surtout en ce moment! Je lance un regard narquois à ma cousine et m’invite sur la banquette à ses côtés, me retrouvant par conséquent face à Cassey. Riku me regarde un moment en faisant la moue, apparemment un peu agacée que je vienne squatter de la sorte. Allons, allons, je suis le bienvenu partout, c’est connu. Surtout aux… c’est combien déjà… aux 15 bars ou clubs Amanillois ou je ne suis plus accepté suite a divers incidents! Ahlala, quelle folie. Je me mets à l’aise alors que ma collègue de travail, ou nouvelle connaissance, les deux conviennent interroge Riku sur ses habitudes à me déranger le soir.

« Ouais, t’as vu ça! Si il est pas mignon de venir à chaque fois me chercher! Hein, Alexouille? »

J’émets un grincement de dents et jette un regard blasé à ma cousine. C’est vraiment la peine de dire des trucs comme ça à Gwen? Certes, elle ne peut pas savoir, mais bravo pour mon image de tortionnaire impitoyable, après une telle révélation. Je bois une gorgée de mon verre avant de me défendre.

« Toi aussi t’es mignonne quand tu t’endors dans ton vomi quand je suis pas là! Tss… Regardes-moi cette ingrate. Enfin. Je crois pas que Cassey ait envie de nous voir nous clasher toute la nuit, alors sois un peu mature, Riku, que diable! »

Oui, certes, c’est l’hôpital qui se fout de la charité, et je crois que mon sarcasme est assez évident au ton snob que je prends sur la fin de mes propos. Ma cousine grogne et cesse ces jérémiades pour boire un peu. Je suis de trop bonne humeur à l’idée de passer la soirée avec ma collègue autour d’un verre et non pas d’un de ces foutus cafés sortis des machines de la grande maison, alors je décide de mettre mes engueulades avec ma cousine à plus tard. Finalement, je ne connais pas vraiment Cassey en dehors du Régime, et réciproquement. Mon sourire s’élargit pour imiter celui de ma vis-à-vis, plein de dents blanches.

« Sinon… se poser des questions bateau pour se présenter, c’est chiant. Si on jouait, plutôt? On se fait un « j’ai jamais » ? »

Bah, oui, tant qu’à faire, autant lier l’utile à l’agréable. Et mon amie Régimeuse doit tout de même assez me connaître pour savoir à quel point j’aime les défis stupides de ce genre.

Avec Cassey G. Banks

Ay Ay Ay.

Highway to Hellfeat. the Nagels

À vrai dire, il m’aurait bien plu de faire partie de cette famille. J’ai toujours été fille unique, plutôt solitaire. Je n’ai jamais vraiment connu mes cousins, fils du frère de mon père plus âgé. Comme mon père entretenait des rapports plutôt froids avec cette branche de la famille, je n’ai jamais eu la chance de les approcher. Je devine sans aucun mal la relation qui anime Dio Silvery (ou plutôt Alexander même s’il me prendra un moment à l’appeler ainsi dans le confort de mon esprit… je ne sais pas, ce nom le rajeunit, le rend moins redoutable que l’image du tortionnaire à laquelle j’ai été habituée) et Riku est profonde, amicale et un peu conflictuelle par moments, ce qui à mon sens relève d’avantage de la normalité. Après tout, toute famille possède ses propres histoires, il n’y a qu’à jeter un coup d’œil à la mienne pour véritablement comprendre tout son sens du mot conflit et encore, j’imagine qu’il y a bien pire que moi. Alex et sa cousine, pour leur part, ont d’avantage tendance à se chercher les poux plus qu’à véritablement se prendre la tête je crois. Il est évident qu’ils tiennent l’un à l’autre, il faudrait être aveugle pour ne pas le deviner. Après tout le blondin a volé au secours de la jeune femme sitôt elle l’a appelé et elle, elle ne voulait que son attention j’imagine. C’est plutôt mignon. Depuis ma séparation avec Matthew et le décès de ma meilleure amie, plus personne n’accourt ainsi pour moi.

Je souris discrètement lorsque le tortionnaire insulte gentiment sa cousine qui ne relève en rien sa frustration. Je la comprends dans un sens, et je me sens quelque peu coupable. Peut-être que si j’avais été en mesure d’intervenir pour rafraîchir un peu les ardeurs de l’homme de tout à l’heure, Dio n’aurait pas eu à se déplacer ainsi. Je secoue la tête, amusée malgré moi, suivant la scène en étant un peu distraite par tout le bruit autour de nous. Faire un test avec nos cheveux? Je doute qu’il ne trouve quoi que ce soit de côté. Je suis une Banks après tout. Si ma crinière rouge me dissocie physiquement du reste de la famille il n’en reste pas moins que je suis le portrait craché de mon père et de ma tante. Personne au monde ne peut le nier. Bon, il faut dire que du côté de ma mère je n’en sais pas plus qu’une bribe de mensonges et de silences, mais dans tous les cas, je ne crois pas être rattachée à l’allemand de quelque façon que ce soit que par le cadre sous-indiqué de notre travail.

«Vous êtes mignons tous les deux dans tous les cas. C’est précieux ce que vous avez alors ne le gaspillez pas.»

Je soupire un peu. Ce n’est pas vraiment mon genre de faire la morale, après tout ce sont leurs histoires, elles ne me concernent nullement. Mais dans tous les cas je crois que je me sens un peu seule ce soir malgré la foule autour de moi. La semaine a été très longue et éprouvante. Je tâche de couvrir cet écart d’un sourire éclatant et en ébouriffant un peu les cheveux de Riku qui boude un peu après les paroles un peu snobinardes de son cousin. Ce n’est certainement pas moi qui ira la juger de toute façon, peu importe ce que pourra dire le blondin. Je prends une gorgée, souriant finalement à nouveau quand Alexander nous vient avec une idée de jeu intéressante. Je ne suis pas vraiment familière avec ses règles mais je crois comprendre qu’il faut boire lorsqu’on a fait l’action dictée.

«Ça me va, ça me paraît amusant. Je me lance la première alors.»

Je prends une gorgée en réfléchissant à ma question. Il me vient toutes sortes de pensées stupides et je me mets à rigoler toute seule.

«J’ai jamais… pété en public et rejeté la faute sur une autre personne.»

Ça y est, je craque et boit en surveillant la réaction des autres. Je cherche surtout à savoir à quel point Alexander est coincé hors du travail, car je m’attends totalement à ce que Riku boive une gorgée sur cette phrase on ne peut plus puérile.

(c)Golden

Spoiler:

HIIIIIIGHWAY TO HELL ♫

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Ce qu’on… a? Alex et moi échangeons un regard équivoque pour ensuite observer Cassey avec une grimace dégoutée. Mignon? Précieux? Tous les deux? Je pige pas en quoi on a quelque chose de ce genre… Ouais, non, je pige vraiment pas, et le blond non plus, car le voila qui avale quelques gorgées comme pour oublier ce qui vient de se dire. Notre gêne doit être palpable, et je crois qu’on est en train de s’enfoncer encore plus actuellement. Non, on est pas capables de juste répondre simplement ou dire merci, c’est pas notre genre, on est de trop mauvaise fois pour ça. Alors, le mieux c’est qu’on se taise, et qu’on oublie. Enfin, quand même… Quelle idée de sortir des trucs comme ça! Encore une fois, no comments. Je suppose que oui, on peut dire qu’on est devenus proches ; « qui aime bien châtie bien », paraît-il, et c’est totalement ça. Je crois. Enfin, quand j’entends des gens le relever, c’est toujours fort embarrassant pour moi, et aussi pour Alex, vu la tronche qu’il tire. Nous sommes tous deux aussi maladroits l’un que l’autre quand on en vient aux sentiments (quoique je dois quand même être plus douée, hein!), et recevoir ce genre de… compliment? Car, il me semble que c’en est un, ou du moins, c’est positif et encourageant, bref, on a pas l’habitude du tout de ce genre d’insinuations. Je m’éclaircis la gorge et laisse les deux autres se décider sur… Un jeu? M’étonne pas du cousin, de proposer ça, tiens. Sourire narquois, et j’acquiesce d’un bon signe de tête, je sais que ce sera fun… Espérons juste que ça devienne pas emo trop vite. Les questions de cul vont vite passer, j’en suis certaine, mais ça… C’est aussi ce qu’on cherche dans ce genre de jeux. Et, comme je suis une victime et un public trop facile eh bien, j’explose de rire quand Cassey nous sort le premier « j’ai jamais ». Bah, oui, je sais, on a dit prout alors ça me fait marrer, voila! Je bois sans hésitation, entre deux gloussement de débile, et en me remémorant une fameuse scène, que je ne résiste pas à partager.

« Putain Cassey, t’es trop bêêêêête! » Fis-je entre deux gloussements étouffés. « Non mais grave, y’avait cette pute, de ma classe, c’est tout ce qu’elle méritait, quoi! »

Bah, oui, elle m’avait piqué mon mec, quelle pouffe! Mais, ça j’évite de le raconter, comme je risque de me faire charrier. Mon voisin blond m’observe avec un air blasé, devinant plus ou moins que j’en profite pour cacher un truc honteux. Et lui ,alors, pourquoi il ne boit pas? De toute façon, tout le monde l’a fait, péter en public, y’a pas de honte. Enfin, sauf quand tu te fais chopper, bien sur. Le but, c’est de pas se faire chopper, en effet. Je lui renvoie donc son regard, attendant qu’il boive à son tour. Il finit par grogner et par s’exécuter.

« Vous êtes dégueulasses... » Puis, il regarde son verre. « Eh merde… Vous en saurez pas plus, de toute façon. Tout le monde pête, d’abord. »

D’un air a moitié dégouté, et a moitié gêné, le voila qui boit à son tour. Roooh, il va pas être embarrassé pour une histoire de pet, quand même! C’est quoi cette excuse bateau, là? Genre, monsieur Alexander ne pête pas, bien sûr. J’ai bien fait de l’inviter à se décoincer un peu, i lest vraiment en phase de devenir un vieux mec. Mon nouvel éclat de rire lui fait faire la moue, il ne va pas vouloir raconter son histoire, visiblement. Il croise les bras et me regarde avec insistance. Bon, baaaah… On dirait que c’est mon tour. Je me torture un moment l’esprit avant de chercher une nouvelle idée.

« Mmmmmh… J’ai jamais été excitée par un ou une de mes prof de lycée. Je veux des noms et des âges! »

Et donc, je bois, en repensant de façon un peu honteuse au jeune remplaçant en SVT que j’avais eu un jour. Probablement que le fait qu’il ait enfilé une capote sur une banane pour nous faire marrer, avec l’air d’être fort habile en la matière avait joué, en fait. Ouais, c’est certainement ça. Et donc, j’attends de voir l’effet de la chose sur mes collègues de jeu. Alex jure encore, avec u nair de plaide coupable.

« C’est bon, c’est bon, Mr Heiss avait pas la quarantaine, et fallait toujours qu’il fasse ses pompes à côté de moi en soufflant de façon vachement... Enfin... Vous voyez. Pour moi c’était dur! … Sans mauvais jeu de mots, hein. BREF! Cassey, tu bois?! »

Puis, il s’enfile une bonne gorgée, apparemment. Pour s’enfoncer, il est fort, lui. Mais, en effet, qu’en est-il de Cassey?

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Highway to Hellfeat. the Nagels

Je dois avouer que j’aurais pu trouver quelque chose d’un peu plus profond est intriguant que quelque histoire de flatulences, mais avec mon esprit embrumé de fatigue, je n’ai pas cherché longtemps, d’autant plus qu’il fallait bien commencer quelque part. Il n’est pas drôle d’y aller au tout début avec quelque affirmation qui viendrait jeter un froid. Vaut mieux s’échauffer avant d’aborder les questions les plus gênantes qui soient et j’ai bien hâte de les découvrir. À vrai dire, cette soirée est en train de me réchauffer moi-même, de m’ouvrir au monde qui m’entoure, d’affiner ma pensée. Je me trouvais dans un monde confus et sans substance avant l’arrivée de Riku. À présent, j’ai l’impression d’être à peu près moi-même, en possession de la majorité de mes moyens, présente et non pas en perdition dans des pensées irréelles. Je me promets intérieurement de ne pas rester trop tard ce soir, de prendre soin de moi pour une fois. Je sens que si je continue à ce rythme, je me perdrai pour de vrai. Je dois me reposer, aussi pénible soit cette pensée pour ma travaillante personne. Dans mon estomac, un grondement sourd se fait entendre et, incapable de tenir ma faim plus longtemps, je fais signe au serveur, qui s’éloigne pour aller chercher des menus. J’en profite pour observer les deux cousins Nagel en attendant leur réaction, qui ne se fait pas attendre.

Comme prévu, Riku boit en rigolant de façon totalement immature, qui me tire un rire semblable. Combien il est bon de ne pas réfléchir ce soir. La rouge est exactement le genre de personne qu’il me fallait rencontrer. Elle m’empêche de penser au travail de par sa désinvolture habituelle, à tous les tracas qui me pèsent contre les épaules. Mon père. Le boulot. L’histoire de Vanawi. Vador. Mes pensées convergent un instant vers ces sujets épineux qui continuent de me torturer ces derniers temps et une ombre passe sur mon visage. Je reviens cependant à moi après quelques secondes d’absence lorsqu’enfin le blondin prend la parole. Il boude un peu en buvant, disant qu’il ne nous en dira pas plus. Je souris. Il est un peu coincé sur ce genre de choses mon ami l’allemand et c’est bien ce qui le rend amusant. Je n’ose pas en rajouter, le pauvre, distraite aussi, il faut le dire, par l’arrivée des menus. Comme mes deux complices de la soirée ne m’ont probablement pas remarqué lorsque je les ai demandés au serveur, je leur explique en vitesse :

«Désolée, je meurs de faim, je crois que je n’ai rien avalé de la journée.»

Je commande en vitesse le plus gros hambuger sur le menu et nous continuons joyeusement notre jeu un peu barbare et stupide pour m’éviter de penser à de la nourriture. Mon ventre s’est mis à gronder si fort que j’ai du mal à en dissimuler les plaintes malgré le brouhaha ambiant. La question de Riku me fait sourire. L’histoire de Alexander est énorme… C’était si dur pour lui le pauvre petit adolescent Dio Silvery! Je ricane ouvertement devant ce jeu de mot révélateur avant d’hausser les épaules et de boire.

«Sincèrement, si je devais vous raconter tous les professeurs qui m’ont excitée dans mon parcours scolaire, on y serait encore demain matin. Il y a eu une professeure de français, me souvient plus de son nom, elle avait la trentaine environ, je n’ai jamais connu quelqu’un d’aussi frigide qu’elle mais bordel… Elle avait la paire de seins la plus parfaite que j’ai eu à voir de ma vie! Et en terminale il y avait un homme, mon professeur d'économie… Il avait bien la fin quarantaine si ce n’est plus mais il était carrément canon. Je n’ai jamais réussi à m’en approcher… il était marié voyez-vous.»

Je soupire. Oh monsieur Richards, je vous attends encore! Il y a quelque chose d’attirant dans les hommes plus mûrs, je trouve, ceux dont les tempes grisonnent.

«Ton tour, Di… Alex.»

J’ai failli l’appeler Dio, merdouille. Au moins ma phrase aura eu l’air de «ton tour dis, Alex». Un peu de concentration Cassey, allons.

(c)Golden

Hiiiiiiighway to Hell

Pendant que Riku tergiversait avant de sortir son « j’ai jamais », mon regard se fixa sur ma collègue Régimeuse. Elle semblait tout à coup un peu absente. Certainement la fatigue, Gwen a après tout cette réputation d’être un véritable bourreau de travail qui a tendance à oublier ses propres pauses café. Son visage s’était un peu assombri lorsque notre relation à Riku et moi avait été abordée. Nous avions protesté, en bonne forme, bien sur, parce que tout le monde sait que s’aimer quand on est cousins c’est trop la honte, quoi. Blague à part, mes yeux ne se détachaient pas du visage à l’expression morose de Cassey. Elle était partie ailleurs, je le voyais bien, elle ne sentait même pas l’insistance de mon regard sur son visage. Encore, cela n’aurait pas attiré mon attention si ça n’avait été qu’une seule fois dans la soirée, mais maintenant j’en suis presque sûr : j’ai eu l’habitude de voir Gwen, Cassey (qu’importe qui elle est après tout), plus joyeuse, et là, je ne sais pas si c’est le fait d’avoir appris à lire les expressions pendant les interrogatoires qui me met sur la piste, mais ma collègue aux cheveux rouges n’est pas dans son état normal. Ou alors l’apparence de folle rigolarde qu’elle montre au boulot n’est qu’une de ses façades? ..Bordel, mais quel crétin. Pourquoi est-ce que son humeur ou son sort m’intéresse, après tout. Je m’en fous complètement. Je suis simplement surpris de la voir ici, et j’ai envie de savoir quel est son comportement et sa façon d’être hors du boulot. C’est juste de la curiosité, je ne suis pas préoccupé par son sort, ou par son moral plus bas que d’habitude, ce n’est absolument pas mon genre. Alors pourquoi je ne peux pas m’empêcher de sentir une minuscule pointe d’inquiétude de surgir en moi? C’est l’alcool. Ca me rend émotif. Si, si, même deux gorgées me rendent émotif. C’est tout. Et puis, zut.

Et puis, voila le « j’ai jamais » de Riku qui me tire de mes tergiversations. Oh merde. Je secoue la tête pour oublier tout ça. C’est débile de s’inquiéter. Qu’est-ce que ça apporterait, et à qui, hein? De toute façon, c’est pas mon genre, ce genre de sentiments, j’y connais rien et je sais rien en faire, merde à la fin! Je leur balance donc mon histoire de Prof de Sport de manière confuse, en m’enfonçant plus à chaque phrase. Je pensais pas que ce jeu me foutrait autant la honte… Je le même fais pas exprès! Enfin, au moins, ça fait marrer les deux rouges, c’est mieux que rien. Je ne devrais pas m’attarder sur le fait que Cassey s’est remise à sourire et à rire, dans un état ou je la reconnais mieux. Je ne vois pas en quoi la reconnaitre comme Gwen devrait me rassurer ou me tirer un sourire plus sincère que les autres, comme soulagé. C’est par ailleurs à elle de nous raconter son histoire, et je glousse avec ma cousine. Riku s’esclaffe avec un peu de gêne lorsqu’elle a l’air de réaliser, que sa « jumelle » avance autant à la voile qu’à la vapeur… Personnellement ça ne me surprend guère. Enfin, étant donné que la vanille me plait autant que le chocolat, avec une certaine préférence pour le côté masculin depuis Sky, certes, je conçois que tout le monde aime plus ou moins les deux sexe, je m’en fous, en fait. Mais, je m’égare, donc, voir que les seins de la prof de français frigide plaisait autant à Cassey-Gwen-la-rouge que le charme d’homme mur de son prof d’éco me surprend guère. Sa façon de raconter tout ça me fait bien marrer, je ne suis pas une audience très contraignante.

« Bordel j’aurais aimé que ma prof de français ait des seins qui font envie. Ça m’aurait évité de vomir dans ma bouche à chaque cours. »

Dis-je, en repensant d’un air dégouté à la concernée, une vielle pie de 60 balais qui jugeait encore bon de s’habiller comme une gamine de 14 ans, ce qui rendait un mélange fort dérangeant. Surtout les mini jupes. Horrible. Riku, elle, a un rire un peu nerveux, je ne pensais pas que la sexualité des autres filles l’embarrassait à ce point, elle a l’air fort bête, avec son rire forcé, et pendant que Cassey me laisse la main pour le suivant, je lui lance un regard moqueur. Vraiment, hein? Riku n’a jamais du essayer les filles, j’imagine. Mais, donc, c’est mon tour, à présent. Je prend un peu de temps pour y penser et sortir une question plus intéressante, alors que ma collègue commence à bouffer son hamburger. J’ai un peu mangé devant mes films, mais la voir bouffer comme ça, ça me file la dalle.

« Bah ,comme tu bouffes devant moi, tu vas me laisser deux ou trois frittes? Histoire de trouver l’inspiration ultime! »

Dis-je, en me baissant vers l’assiette et en piquer une sans aucune gêne. Oh, c’est bon après, tout, on se connait non? Entre Régimeux, ça se fait? On peut bien partager nos frittes! Enfin, tout ça, ça me fait pas trouver mon « j’ai jamais ». Ah. Quoique. Je me mets à ricaner tout seul puis observe mes les fausses jumelles d’un air de requin, que les deux doivent bien me connaitre.

« Ok, cette fritte m’a donné des idées géniales, comme moi, alors, les filles, je vous préviens on passe au niveau supérieur. »

Je fais craquer mes doigts comme si il s’agissait d’une compétition, pour reporter ma main a mon verre, prenant tout mon temps pour tourner ma question, même si finalement y’a pas grand-chose à dire, je finis par ne plus résister et brise le suspense.

« J’ai jamais simulé au lit. ...Bon, d'accord, ça vole toujours pas haut, je sais. »

Je précise, car sinon, elles seraient capable de me troller avec « non j’ai jamais simulé l’évanouissement ou le sommeil » ou une connerie du genre. Quant à moi eh bien, c’est avec un grand sourire que je vois déjà ma cousine se cacher pour boire et m’insulter en anglais en me sortant le doigt, et me maudire alors que je n’ai toujours pas touché à mon verre. Bah… quoi? Moi, quand je m’ennuie au lit, c’est pas mon genre de prétendre l’inverse pour faire plaisir! Si c’est chiant, c’est chiant, point final! Dans ce genre de situation, penser à des choses plus sexy que ce qui se passe sur le moment est le plus simple pour en finir rapidement. Je crois que cette question a l’air d’avoir vraiment véxé Riku ,en revanche, et la voila qui se lève car…

« Fucking crétin, t’es vraiment trop con! J’vais m’chercher à bouffer! »

Elle est sérieuse, là? Mais c’est qu’un jeu! Et y'a pas de honte.. C'est plutôt une qualité, quand c'est crédible! Tss. La voila qui disparait dans la foule et donc, j’attends la réponse de Cassey, si elle s'enfuit pas en boudant à son tour, ce serait chiant. Et je peux pas m’empêcher de m’inquiéter un tout petit peu n me remémorant sa mine grise de tout à l’heure. Et merde.

Avec Cassey G. Banks

Ay Ay Ay.

LIS MOIIIII:

Highway to Hellfeat. the Nagels

Ce jeu a bien fini par me plaire. Contrairement aux Nagels, je ne ressens pratiquement aucune gêne à exposer les détails les plus croustillants de ma vie privée, tant qu’ils ne concernent pas les sujets plus épineux de mon existence, ces secrets que je garde profondément enfouis en moi. Nous n’aborderons nullement ces notions lors d’une soirée aussi légère qu’aujourd’hui. Au contraire, cette partie nous permet de détendre l’atmosphère et de faire plus ample connaissance dans un cadre presque enfantin. Un autre objectif de cette activité s’avère aussi être l’humiliation des autres, un domaine dans lequel j’excelle, ne trouvant aucune pudeur dans propres petits secrets. Au final, il est bien amusant de les observer réagir et s’insulter en rageant de devoir avouer l’inavouable. Cette partie de «j’ai jamais» me permet d’éloigner la brume dans laquelle je semble flotter depuis quelques jours, et puis je dois avouer que cette nourriture me rend un peu la pêche. J’essaie de vain de farfouiller les détails de ma mémoire encore fatiguée à la recherche de mon dernier repas consistant, sans y parvenir. Je sens presque mon visage se colorer, la vie reprendre dans mon organisme. Mellie doit avoir raison, des fois, il faudrait que je fasse plus attention à ma santé tout de même. Suivant son conseil à la lettre, je me mets à grogner lorsqu’Alex me pique quelques frites, le fusillant du regard. Oh, il a beau être habile avec ses instruments de torture, il n’aura jamais vu de sa vie une furie comme moi s’il ose retoucher une fois de plus à mon assiette que j’entoure de mon bras dans un geste protecteur, noyant mes frites sous une marée de ketchup en les dégustant une à une. Un véritable délice.

Je remarque du coin de l’œil que Riku semble un peu gênée et je mets un moment à réaliser que j’en suis la source. Ah oui, elle ne devait pas savoir que j’aime autant les hommes que les femmes. Je n’ai jamais cherché à dissimuler mon orientation sexuelle, n’y voyant clairement pas l’intérêt. Sauf que mon avis ne semble pas partagé de la part de ma fausse jumelle dont le malaise crève les yeux, un malaise que je n’ose pas relever devant elle. Elle finira bien par s’y habituer dans tous les cas en me voyant draguer quelque jolie femme qui pourrait passer par-là ce soir. Je souris en secouant la tête. En fait, je n’ai nullement envie de draguer qui que ce soit ce soir. Cette conversation entre amis me plaît d’avantage. J’attends avec une certaine impatience le prochain «j’ai jamais» du blondin, en me demandant bien ce que cette frite a pu lui inspirer. Compte tenu du fait que l’esprit humain est particulièrement suggestible, je ne doute pas de la nature de la prochaine question. Parce que vous savez? Une frite c’est long et étroit comme un… Enfin. Comme je l’avais prédit, la question de Dio concerne le lit et je m’esclaffe aussitôt en l’entendant. Or, l’embarras de Riku se multiplie d’autant plus devant cette affirmation et plutôt que de la confirmer ou l’infirmer, elle se lèvre en grommelant, à la recherche d’une bonne bouffe.

«Ouhlà, elle a du mal avec les questions sur le sexe ta cousine! Pour ma part, je ne bois pas. Si c’est mauvais, je le dis, je ne fais pas semblant.»

Je lui file un clin d’œil, suivant Riku du regard au-travers la foule en m’assurant que rien ne lui arrive. Puis je reporte mon attention vers l’allemand, me rapprochant quelque peu de lui, un sourire malicieux aux lèvres.

«C’est fameux de te rencontrer ainsi, hein, Alexander?»

Je rigole pour moi-même. Le hasard fait parfois bien les choses. Jamais au monde je n’aurais pu me douter qu’il soit affilié de quelque façon que ce soit avec la rouquine qui vient de quitter la table, et voilà que nous sommes tous les deux démasqués l’un à l’autre.

«T’inquiètes pas, your secret’s safe with me.»

Mademoiselle Gwen, la femme aux secrets. Mon job est justement de les amasser, de les couvrir, d’en nier la vérité. Alors effectivement, il n’y a rien à craindre au sujet de son identité. Pour ma part, je lui fais aussi confiance puis… il risque bien plus gros que moi.

(c)Golden

Hiiiiiiighway to Hell

Qu’est-ce qu’elle a Riku, les anglais ont débarqué ou bien? Je veux pas savoir, en fait, ce serait certainement encore pire qu’actuellement. Quoique, il parait que sur certaines, cette période du mois les rend amorphes et si Riku était amorphe, elle ferait certainement moins de bruit et d’histoires… Ou alors elle geindrait toute la journée. Oui, en fait, elle est très bien, comme ça. Peut-être que Cassey a raison, alors, que ma cousine a un balais dans les fesses sur les questions de cul. C’est peut-être ma présence qui la gêne. Du genre, parler de ses activités privées devant son cousin la met mal à l’aise. Pourtant elle sait que je suis pas un saint. Alors que c’est elle qui a le moins de décence en ramenant des mecs au château, et oooh, surprise, la chaussette sur la porte quand je rentre une heure plus tard! Je soupire d’autant plus blasé quand Riku disparait, et aussi un peu car sa fausse jumelle a recouvert ses frites de ketchup dégueulasse, m’en interdisant ainsi l’accès. Bordel mais c’est interdit de faire ça. Les sauces ça se met A CÔTE des frittes, pas DESSUS, putain de scheize! Voila, je tire la tronche, maintenant, à chaque fois que mon regard passe sur l’assiette, je me sens écœuré. Bien joué de la part de Gwen la Rouge, ce moyen détourné de m’interdire l’accès aux frittes est une réussite. Caramba, encore raté! Mais, à part ça, ma vis-à-vis confirme ma pensée. Riku a du mal avec certaines questions. Enfin, de toute façon elle est chiante. Et moi aussi. J’ai l’habitude. Bref. Je hausse les épaules en me retournant dans la direction vers laquelle elle s’en est allée, espérant un peu la revoir dans la foule.

Le sourire malicieux de Cassey m’interpelle et je me penche vers elle à mon tour, l’imitant. On doit certainement ressembler à deux mafieux en train de préparer un sale coup. Ce n’est pas totalement loin, de la réalité, finalement. Nous sommes tous les deux enrôlés dans une organisation crapuleuse et on doit plus ou moins garder le secret de notre identité secrète respective… J’entends ma collègue et amie (… je suppose) me dire quelque chose en anglais. Je crois qu’elle parle justement de secret, un truc du genre, mon niveau d’anglais laisse toujours pas mal à désirer, mais je me débrouille. Déjà, je sais ce que ça veut dire quand Soltan me traite de « motherfucker » ou de « son of a bitch » quand je l’emmerde pour le plaisir... Et c'est pas des mots d'amour! Mais, ouais, elle doit parler de mon secret, certainement du fait qu’elle va pas balancer à toute l’assemblée ici présente que je suis tortionnaire, en particulier à Riku.

« Oh, elle est déjà au courant. Je n’aime pas mentir sur le long terme. Mais vaut mieux éviter d’en parler devant elle, évidemment. Et, hm, j’aurais fait pareil pour toi.»

Nouveau coup d’œil vers la foule, puis je me redirige vers ma voisine d’en face, un peu plus hésitant.

« Euhm… Mer..ci. De l’attention. Quand même. C’est vrai que c’est… sympa. Hm…Bordel, j’arrive pas à croire que j’ai dit ça, moi. »

Y’a pas à dire, les mots de remerciement passent toujours aussi mal entre mes lèvres. Et puis c’est quoi, ça. « C’est sympa de te voir! », c’est ça que j’insinue? Beeeeerk. C’est dégueulasse, ce que je viens de sortir! Mais que Cassey s’assume heureuse d’en avoir reçu "autant". Parce que je dirais plus rien de gentil. Je vais boire un peu d’alcool pour faire passer un peu tout ça et avoir plus ou moins l’impression que je peux passer au dessus comme un grand au lieu de grimacer comme dégouté par mon tout petit peu de gentillesse et de politesse. Peut-être bien que je m’améliore en relation humaines… Yerk, quelle horreur, plutôt me faire mettre la féssée par un Cacturne que devenir sympa avec tout le monde! Mais Cassey… ça va. On va dire ça. Elle, ça va. Enfin, je crois.

« Sinon, ça me regarde pas, mais tu me connais : c’est mieux quand tu déconnes que quand tu fixes le vide, comme tout à l’heure.. Enfin, bref, c’est pas mes oignons, hein? »

Façon extrêmement détournée de lui demander indirectement si elle va à peu près bien. Aucune idée de si elle pourra déchiffrer, même si on se connait depuis un bout de temps, plusieurs années, même, et que je suppose qu’on doit nous appeler "amis". J’ai vu son regard dans le vague tout à l’heure, peut-être bien que c’était seulement la faim et la fatigue, mais j’ai vu passer des tronches d’affamés sans sommeil, et j’ai eu du mal à croire que le regard vide de Cassey à ce moment là ait juste été dû à de la faim ou de la fatigue. Enfin, je sais aussi que ma collègue me ressemble a certains égards : qu’elle n’est pas du genre a étaler sa vie, et préfère rester secrète. Mais, je suppose que dans ce genre de cas, même moi, suis un petit peu (mais juste un tout petit peu) heureux que quelqu’un que je considère comme un.. ami.. se soucie de mon sort. Et même si je cache mon embarras derrière mon sourire habituel, c’est a peu près ce que j’ai essayé de faire ici, en tournant autour du pot depuis très loin. Je sais que je suis pas clair, mais a force, la rouge doit savoir ma façon de fonctionner, donc, qu’elle se débrouille. A propos de Rouge, voila l’autre qui déboule, et semble totalement remontée, dans le sens positif. Elle me pousse pour récupérer ses place, chose que je laisse faire sans trop broncher, et s’empire goulument d’un croque monsieur. Pas super ragoutant, ça se voit que même si on est cousins, on a pas été élevés pareil….

« Alors, les gros obsédés, on a encore parlé de cul? Z’êtes pas croyables! Eh, on va danser, ensuite? »
« Eum. Ouiii bien suuuur… »

Fis-je en ricanant bêtement. Ce sera sans moi. Ça fait assez longtemps que j’ai pas fait ça, et je préfère ne connaître personne quand je vais danser, et SURTOUT PAS Riku ou Cassey, bordel. Je sens des sueurs froides envahir mon échine. Plan de merde en vuuuue… Bordel, je sais que je ne dois pas espérer de l'indulgence dans ce genre de contexte de la part de Gwen, mais putain, faites qu'elle m'aide sur ce coup. Je veux pas danser devant les fausses jumelles, moi! Ou alors elle s'en vont ailleurs et je danserais mais.. Bref, je déteste cette soirée, je déteste ma vie je déteste... Mais, au fond j'ai peut-être bien fait de venir.

Avec Cassey G. Banks

Ay Ay Ay.

Highway to Hellfeat. the Nagels

Assez peu de gens le savent, mais je m’adresse aussi bien en anglais qu’en français. En fait, je suis même parfaitement bilingue malgré la langue officielle de l’île. Mon père est peut-être né ici, à Enola, mais sa famille est d’origine américaine et il a toujours été plus à l’aise de s’exprimer dans la langue de Shakespeare et a tenu à m’élever aussi en anglais. Ainsi il m’arrive parfois d’en prononcer quelques mots sans même m’en rendre compte, comme juste à l’instant alors que je tentais de rassurer le blondin au sujet de nos identités «secrètes» respectives. Il n’y a que lorsque je rencontre des collègues hors du travail que je réalise réellement que mon véritable nom peut être un danger. Gwen me désigne au boulot, il ne s’agit pas d’une façon de dissimuler mon identité, simplement d’un nom qu’on a adopté. En fait, il vaut mieux ainsi. Mon poste est important au sein du Régime et je préfère éviter de mêler ma vie privée avec celle du travail, surtout en sachant que je peux être une cible comme je l’ai été à mon kidnapping. Enfin… Voilà que Dio m’apprend que sa cousine est déjà au courant pour sa place au sein du Régime, et je me demande si elle sait aussi qu’il y agit en tant que tortionnaire. Je préfère ne pas relever la question, la considérant comme délicate, me contentant de sourire doucement lorsqu’il affirme qu’il ferait la même chose pour moi.

Je n’ai jamais jugé les tortionnaires selon leur métier. Pour moi, il n’existe pas de mauvais métier. Tant que le besoin sera présent des gens occuperont ces postes. Cette vision du monde me vient probablement de mon père, qui avait un salaire de misère mais travaillait dans un domaine qu’il aimait, la mécanique. Oui, les tortionnaires ne doivent pas être très sains d’esprit pour aimer torturer les gens de toutes sortes de façons imaginatives, mais ce n’est pas ce que je retiens chez Alex. Tant que nous nous trouvons du même côté, j’en suis parfaitement heureuse, d’autant plus qu’il y a bien plus intéressant chez lui que son métier. Comme cette façon absolument adorable qu’il a de me remercier juste à l’instant et qui me donne une envie absolument folle de lui offrir un grand câlin. Je le sais assez peu tactile mais franchement, là, je dois me retenir à deux mains pour réfréner mes élans affectueux. Son malaise est palpable, ce qui continue de m’amuser. Il n’y a rien au monde qui me fait plus plaisir que le malaise des autres, mais je me retiens bien de pouffer comme une imbécile. Le cœur n’y est pas ce soir je crois.

«Pas de problème mon p’tit allemand favori, c’est bien normal.»

Mon repas est désormais terminé et mon ventre légèrement distendu. Ah, comme c’est bon d’avoir le ventre plein! Une nausée me prend cependant lorsque Dio se permet une question très indiscrète à mon sens, bien que parfaitement naturelle. Il fait allusion à mes quelques moments d’absence que j’ai eu dans la soirée et qu’il n’a pas manqué de remarquer. À force d’observer ses victimes sur le point de lâcher et tout avouer, j’imagine qu’il a su développer un sens de l’observation affiné. Sitôt la remarque quitte ses lèvres que je me sens me crisper. S’il y a bien quelque chose que je déteste dans ce bas-monde, ce sont les questionnements au sujet de mon état, surtout lorsqu’ils sont fondés. Plutôt que de voir les bonnes intentions sous les paroles du blondin, je ne fais que me sentir emprisonnée, jugée, presque critiquée et je me recule de quelques centimètres sur le banc pour m’éloigner de lui et lui faire comprendre qu’il est allé trop loin.

«Je vais bien, je suis juste fatiguée. Le travail me tue en ce moment, mais rien que je ne peux pas gérer.»

Cassey la fière. Impossible, il n’obtiendra rien de moi ce soir. De toute façon, j’ai à peu près dit la vérité. Je suis parfaitement capable de me gérer toute seule comme une grande. Heureusement pour moi, Riku choisit ce moment pour revenir à table, en grognant encore sur notre côté obsédé. Elle semble avoir abandonné l’idée du jeu ce qui me fait un peu bouder intérieurement. Il me restait encore quelques questions croustillantes à poser, mais comme la rouge est un peu coincée sur les blagues sexuelles, il vaut peut-être mieux aller danser. Une occasion en or de me débarrasser des insinuations du blond.

«Oh, oui! Viens Alex!»

Je ne lui laisse aucun choix de toute façon, je lui prends la main et le tire brutalement vers la piste de danse. Je ricane intérieurement ma vengeance en me bougeant le popotin au rythme de la musique, utilisant les bras de l’allemand comme des extensions des miens pour le forcer à bouger lui aussi. Ouais, je sais, je suis horrible.

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Hiiiiiiighway to Hell

Le fait que je me sois quelque peu ridiculisé pour un simple « merci » et que Cassey finisse par m’appeler son petit allemand me fait tirer la gueule. C’est très immature, je sais, mais la rouge ne l’est-elle pas autant, en ce moment? Si. Elle veut me faire chier. A force, elle sait très bien que les démonstrations d’affection sont mon point faible et pourquoi hésiter à en jouer. Je ferais la même chose. Encore un point qui nous rassemble : on adore emmerder notre prochain pour mieux lui montrer notre affection. Cependant, sachant qu’elle serait mise mal à l’aise par mes questions, je n’ai pas fait ça par plaisir, simplement pour m’informer. Trop de travail, hein? Oui, comme d’habitude, Gwen se surcharge toujours de travail et je sais ce que c’est. Depuis quelques temps je ne vis plus pour ne pas penser à l’échéance qu’un certain paternel m’a imposée. A vrai dire, je ne sais pas à quand remonte la dernière fois que j’ai fait quelque chose purement par plaisir. Bien trop longtemps, je crois. Ça ne me ressemble tellement pas, pourtant, moi qui ait toujours tout fait pour rester moi-même. Je ne m’en suis même pas rendu compte, mais quand Riku revient vers nous avec ses familiarités habituelles, je comprends un peu mieux la raison pour laquelle elle m’a fait venir ici ce soir. Certes, elle ne sait pas le lien qui me lie à sa fausse jumelle rouge, mais je peux imaginer que c’est encore un de ses plans détournés pour que je sorte de mon austérité de ces derniers mois. Et elle a foutrement raison, bien que je ne lui confesserais jamais. Je suis devenu trop sérieux. Je ne suis plus vraiment moi, depuis un bout de temps, depuis que cette histoire avec Ludwig à commencé. J’ai perdu le gout des choses que j’aime en cherchant inconsciemment à être suffisamment… Je ne sais, mais certainement que j’ai voulu me forcer à rentrer dans ce qui serait les standards idéaux au yeux de mon paternel, tout en voulant les refuser, et me cacher, fuyant ce que j’ai moi-même déclenché, par peur. Mais à quoi ça sert de penser à tout ça, ce soir, hein? Peut-être que demain, je serais revenu dans mon état d’autruche, mais je n’ai pas envie d’être ainsi, ce soir. Je vais dépasser toutes ces conneries Je ne suis pas vraiment une flèche, c’est vrai, alors avoir la tête vide l’espace de quelques heures ne devrait pas être difficile!

Donc oui j’ai beau grogner et trainer la patte quand Cassey et Riku me kidnappent presque pour aller danser, je ne suis pas si mécontent. Mais bordel, je vais la tuer. Riku est pliée en quatre dans son coin, et je la comprends, la scène doit être fort ridicule. Non, non, non, j’ai beau fixer Cassey avec ma moue la plus détestable et grogner, ça ne va faire que lui donner plus envie encore de m’emmerder. Alors qu’elle continue son manège, un sourire dangereux se forme sur mon visage. Tu m’as manqué, Alexander Nagel, vraiment, je ne savais pas si j’allais finir par te retrouver! Pourvu que ça dure! Me retrouvant, je me laisse aller et retient le poignet de ma vis-à-vis en l’air, rapprochant son visage du mien en la surplombant, sans quitter mon air sournois.

« Tu veux jouer à ça, Gwen la Rouge? »

Dis-je à voix suffisamment basse pour que Riku n’entende pas. De toute façon elle est en train de nous lancer des « weeew weeeeeew! », maintenant, en sautillant sur place. Quelle pimbêche. Je lâche un moment ma prise sur le poignet de Cassey, le temps de me débarrasser agressivement de ma veste pour l’envoyer balader… Euh, sur un type à la masculinité douteuse, et je sens que je vais peut-être le regretter. Riku meurt de rire mais à quand même le réflexe de rattraper la veste au passage, c’est pas qu’il y a 75% de papiers importants et un portefeuille dedans, mais un peu. Bref, avec ça en moins et aussi avec ma cravate desserrée d’un geste vif, je suis plus en état de me défouler, et peux revenir vers la rouge en lui reprenant la main ainsi que la taille au bout de mon bras libre, et la renverse en arrière pour lui faire prendre la pose tango style. Forcément, on se fait huer et siffler au passage, comme avec ce genre de truc archaïques et snob, bah, c’est pas exactement le contexte, dans un bar qui passe plus des standards de rock. Quoiqu’on en dise, et quoi que Riku soit en train de gueuler entre ses « youhouu » et ses « putain Alex t’es nuuuul! », j’en ai rien à faire, car j’ai la classe. La classe intergalactique, même.

« Va falloir faire mieux que ça, ma grande, si tu veux te frotter à Alexander fricking Nagel! »

Sans mauvais jeux de mots. Je me redresse pour la lâcher, la laissant volontairement en léger déséquilibre se débrouiller pour se redresser, tout en l'observant d’un air plus que satisfait en souriant de toutes mes dents, alors que ma cousine me rejoint et que je l’imite en train de se la jouer danse disco car Stayin’ Alive se met à passer aux enceintes. Et à gueuler les paroles pendant qu’on y es. Même si personne connait les paroles de cette chanson a part le refrain qui fait… bah… « Stayin’ Alive, Stayin’ Alive! ». Ça tombe bien. Je compte bien rester en vie ce soir. Et les soirs d’après. Toute ma putain de vie magnifique, en fait!

Avec Cassey G. Banks

Ay Ay Ay.

Highway to Hellfeat. the Nagels

Je ne bouderai pas toute la soirée promis. En fait, je n’en veux pas véritablement au blondin pour sa question indiscrète, du moins pas entièrement. La majeure partie de ma rancune, je la dirige contre moi-même. Si Dio Silvery a remarqué ma faiblesse c’est que, malgré moi, je l’ai laissée paraître et il s’agit d’une faute impardonnable à laquelle Aimee n’aurait pas manqué de me faire un commentaire. Parlant d’elle j’ai oublié de vous mentionner qu’elle nous accompagne ce soir, depuis quelques minutes déjà. Peut-être a-t-elle senti mon trouble des hécatombes de l’enfer d’où elle provient et se plaît désormais à m’épier en tâchant de déchiffrer mon ressenti. Une technique qui ne fait qu’accroître mon malaise alors que je tâche de l’ignorer. La jeune femme spectrale se faufile entre les danseurs, aussi réelle que vous et moi, dans un naturel qui me déchire toujours un peu plus. Parce qu’elle n’est pas là. Même si elle danse et elle rit de cette façon un peu diabolique qui est la sienne, même si ses gestes s’accordent parfaitement à la musique, il n’existe aucune solution à ce problème épineux. Aimee est morte. J’aimerais qu’elle me laisse tranquille. Elle n’a pas l’habitude de se montrer aux moments où je suis entourée ainsi, mais je crois que la fatigue et l’émotivité de cette semaine commencent à me rattraper. Je ferme les yeux en continuant à faire danser les bras de l’allemand qui finit par se dégager, ce qui provoque mon rire moqueur. Je me demande à présent s’il va s’en aller ou s’il s’amusera un peu avec nous plutôt que de faire la tronche.

Mais contrairement à ce que j’aurais pu croire, sa moue déconfite se mute lentement en un sourire inquiétant. Il se rapproche de moi en me surplombant de la demi-tête qu’il fait de plus que moi, soufflant presque contre mon visage. Je vais pour le repousser, un peu mal à l’aise par cette proximité soudaine qui doit sûrement avoir justement cette fonction, mais la suite de ses paroles pique plutôt ma curiosité. Ainsi il prépare sa vengeance et je l’attends en me délectant. Je ne crache jamais sur un jeu, aussi tordu soit-il. Ma curiosité naturelle me pousse à attendre impatiemment la suite et non à la craindre. Et puis lorsqu’on constate la suite… Alexander retire sa veste avec tellement de dramatisme que je ne peux pas m’empêcher de pouffer. Il m’attrape ensuite dans une sorte de tango très maladroit qui me tire encore plus de rires. On dirait deux gamins sur une piste de danse, ce n’est pas possible. Il me repousse en me laissant dans un certain déséquilibre, assez pour que l’élan me fasse m’écraser contre le plancher de danse, complètement hilare. Quelques visages se penchent vers moi, d’autres menacent de me trébucher dessus. Parmi les yeux posés sur moi, je reconnais Aimee.

«C’est plutôt toi qui te ridiculise tout seul là mais continue j’adore ça! Bon, je suis en mauvaise posture pour parler, je dois avouer.»

Non, pas ce soir ma vieille, je ne te laisserai pas me décourager d’avoir du plaisir. Je me redresse tant bien que mal, un peu affectée par l’alcool que j’ai pris ce soir (je rappelle en avoir pris avant l’arrivée de Riku hein, n’allez pas croire, je tiens très bien l’alcool). La fatigue extrême doit y jouer. Mon visage est tout rouge alors que je me glisse entre les deux cousins pour danser le disco. Je fais de grands mouvements et des gestes insistants vers les autres danseurs pour qu’ils nous imitent dans notre fabuleuse danse. Mon manège fonctionne à moitié et d’autres se joignent à nous alors que certains préfère danser dans leur coin. Leur perte, nous, on s’amuse! Je m’éclipse quelques instants pour filer un billet discret au DJ afin qu’il passe un de mes morceaux favoris. Lorsque Stayin’ Alive termine, une autre chanson poussiéreuse se fait entendre… Thriller! Je connais les mouvements de danse par cœur depuis toute petite. Je m’approche des cousins d’une démarche de zombie en grognant comme une morte-vivante.

«Et vous, quel genre de monstre vous êtes?»

Ma voix est rauque, chaque mot paraît désarticulé et difficile à prononcer. Oui, c’est un peu théâtral mais le zombie me correspond parfaitement. C’est vraiment ainsi que je me sens depuis… Depuis que les spectres me hantent.

(c)Golden

HIIIIIIGHWAY TO HELL ♫

★

Mais c’est pas possible d’être aussi débiles! En dehors du fait que j’ai quelques doutes sur le fait qu’il ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam, ou qu’il n’y a absolument rien entre eux, eh bien ils ont le mérite de me faire me cramper de rire au point que j’ai du mal à respirer. Probablement que les Gin que j’ai vu y sont pour quelque chose, mais la scène est… épique. Mon cousin se ridiculise bien comme il faut comme à son habitude en faisant son flambeur, et commence à se prendre pour le Lord of The Dance du tango, enfin, il s’en fiche de toute façon et de toute évidence, Cassey aussi. Leur manège prend fin quand Alex lâche Cassey par terre et vient me rejoindre mort de rire, et très fier de son coup. Même si je dois me tenir le ventre en gloussant comme une dinde, je chorégraphie tant biern que mal stayin’ alive en gueulant a mes deux compagnons qu’ils sont « fucking crazy » à tout bout de champ, ce qui fait visiblement très plaisir au cousin allemand qui ne se sent plus de joie quand on l’appelle fou en anglais, visiblement, et qui se donne plus à fond encore à chaque fois que je le dis. D’ailleurs, le voila qui a même commencé avec des mouvements de bassin, dont je jalouserais presque la hm… sensualité naturelle sans être trop too much? Enfin, de toute façon, présentement, il est plutôt en train de me mettre la mega honte. Cassey n’est pas en reste en faisant l’imbécile, j’ai la sensation d’être entourée d’abrutis… Ce qui est fort gonflé et péteux à dire de ma part car j’en suis une aussi. Les autres danseurs se joignent même à nous, et j’ai d’un coup moins honte… Bon, Alex risque de pas être hyper emballé, tel que je le connais, mais il est dans son trip depuis tout à l’heure, alors , qu’il y reste. Tout ça s’arrête cependant quand la musique s’atténue dans un fondu pour passer au titre suivant. Eh bé, ils se sont fait un trip des années 80, car voila le morceau phare MJ.

« AAAAAAH! THRILLEEEEEER BABYYY! »

Je peut pas m’empêcher de crier comme une fangirl et a commencer a gueuler les paroles d’une voix de castafiore tout en imitant Cassey dans sa chorégraphie en criant des « Yeeeaaaayyyyyyy! » dans tous les sens à ma copine de fiesta (et copine de Thriller). Alex se tient comme un clampin à côté de nous et tire sa tête derpy de compétition en nous regardant et danse mollement en nous imitant d’un air absent, ne connaissant visiblement pas du tout la chorégraphie. Bordel de merde, il serait vraiment capable de même pas connaitre la chanson, ce ringard. J’ai même pas envie d’y penser. Je savais qu’il était has been, mais être un looser à ce point, c’est juste pas possible. D’ailleurs, j’oublie vite quand Cassey me surprend avec une magnifique imitation de zombie. Je crie comme un cruche dans un film d’horreur cliché, tout en prenant un air de pétasse outrée qui s’évente pour se remettre de ses émotion.

« Oh my gooood Cassey t’es trop laiiiide!! »

Dis-je en gloussant, mais je compte pas la laisser seule dans son délire, et je remonte la veste de mon cousin que j’ai encore sur les épaules par dessus ma tête et me met à baver à moitié sur la veste du blond. Je me dirige vers Cassey pour faire l’andouille et me frotter contre elle avec des « uguaaargh » bien débiles ; Weston ne m’avait-il pas dit que mes imitation d’attardée mentales étaient super réalistes? Bref, je sais pas à quoi je ressemble mais je crois que mon monstre a de la gueule. Reste plus que blond fasse le sien, mais il fait visiblement comme si il n’avait rien entendu. Bah, oui hors de question qu’il décrispe son maaaaagnifique visage pour faire l’andouille, hein. Je sais qu’il peut faire atrocement peur si il s’applique à sourire très fort avec toutes ses dents, mais apparemment, ça, c’est spontané et naturel et ça ne se fait pas sur demande. Enfin, tant pis, en attendant, je continue de ricaner avec ma fausse jumelle, et à m’étouffer de rire à cause de ma propre connerie, à vrai dire. Enfin, l’autre ne tarde pas à se manifester en voyant que je continue de baver sur sa veste.

« RIKU BORDEL DE SCHEIZE MA VESTE PUTAIN! T’ES DÉGUEULASSE, SALE CLOCHARDE! »
« Waaaaaaaah j’ai peuuuuuur! Casseeeeeeeeeey! »

Il m’arrache donc mon superbe déguisement de monstre, au moins, on vient de le voir faire une magnifique imitation de Hadès dans le dessin animé d’Hercules, y’a qu’à voir la vapeur qui semble sortir de ses narines et son teint rougi. Ou alors ça, c’est parce qu’il bouge dans tous les sens depuis tout à l’heure et qu’il a un peu chaud avec sa chemise a manche longues. Moi, je continue de faire l’andouille et me blottit contre mon amie en faisant le bébé et reniflant de façon exagérée en disant que Alex il est trop méchant et pas beau. Finalement, je vais chercher mon cousin en l’accrochant par la manche pour passer une main par-dessus son épaule et faire de même avec celle de Cassey. Ouhla, je crois que j’ai bu mon dernier verre un peu trop vite, moi.

« You guuuys… You’re so aaaawesome! Pleaaaase marry each other now so we can be together FOREVAAAAH! »
« Pwahahaha! ...Qu’est-ce qu’elle a dit? »
« Oh… COME OOOOON! »

Fis-je en récitant des comptines d’amoureux de niveau 4 ans. Mon cousin a très vite lâché l’affaire et a fini par se mettre a ricaner pour se foutre de ma gueule, même si il n’a pas du bien piger tout mon délire en anglais, mon ton est assez révélateur. Mais quoi! C’est vrai qu’on est bien, là, ce soir, tous les trois!

★

Highway to Hellfeat. the Nagels

Qui ne connaît pas l’hymne des années quatre-vingt dans cette salle est un pauvre imbécile ayant probablement vécu dans un bunker caché sous terre sous l’influence néfaste d’un pseudo-gourou prêchant la fin du monde. Sincèrement il n’existe aucune chanson qui me rend le moral comme celle-ci et c’est bien ce dont j’ai besoin ce soir après cette semaine qui a bien failli tuer tout ce qu’il me restait d’énergie et de motivation. Puis en me voyant danser telle une imbécile, mon collègue du Régime ne posera plus ces questions qui me gênent autant, celles qui me forçaient à révéler des parts cachées de ma vie personnelle à cet homme que je connais bien mais tout de même. Il en faut beaucoup pour franchir les limites qui me protègent et Alexander a tenté ce soir de les franchir. J’ai envie de le convaincre qu’il n’en a nullement besoin, même s’il ne s’agit que d’une supercherie. Après tout, mon travail est de mentir et de dissimuler la vérité, j’y suis passée maître il y a un moment déjà. De l’hypocrisie? Oh non. Je ne considère pas que de faire semblant d’aller bien est hypocrite. Il s’agit au contraire d’un synonyme de force à mon sens. Comme si mes petits problèmes intéressaient le monde entier, non mais. Je me laisse bercer par cette danse en lâchant des grondements gutturaux presque effrayants. Il aurait suffi d’un maquillage convainquant pour faire de moi une véritable zombie car mes talents d’actrice dans le domaine des morts-vivants ne font absolument aucun doute.

La réaction de Riku à mes simagrées me tire un ricanement qui n’échappe pas au personnage : sinistre et mal intentionné. Heureusement, la rouquine me suit dans mon délire, glissant sur sa tête la veste de cousin. J’ignore quel genre de monstre elle tente d’imiter. En fait, il s’agit d’une espèce de création originale, ce qui ne me surprend guère de mon amie. Après tout elle est parfaitement unique. Je rigole une fois de plus, cette fois en étant parfaitement moi-même, reprenant les gestes que je connais par cœur et qui forment la chorégraphie de cette chanson. Le cousin blond ne semble pas apprécier les imbécilités de ma fausse jumelle. Il lui retire le veston ce qui fait en sorte que la cadette du groupe se réfugie derrière moi en faisant semblant de pleurer, ce qui me tire une moue amusée. Oh oui, voilà un comportement digne d’une enfant de six ans mais en toute sincérité, je n’irai jamais juger qui que ce soit à ce sujet. Après tout, je ne suis pas bien mieux. Au moment où je m’apprête à rétorquer quelque blague, la Coordinatrice me prend de court en m’attrapant par les épaules et en faisant de même avec son cousin. Oh oh. Je me doute déjà de ce qui va suivre et je soupire intérieurement d’avance. Et voilà, c’est fait, elle l’a dit. Et ce pauvre Dio qui n’y comprend rien de rien.

«Riku, je crois que tu as assez bu comme ça!»

Si mon ton a quelque chose de reproche, mes yeux me trahissent. Oui, ce qu’elle vient de dire est parfaitement stupide, mais je l’ai vu si souvent que je ne peux pas lui en vouloir. Des amies à moitié soûles voulant me caser avec de leurs proches quoi… un véritable classique. Au final je ne le prends pas bien mal premièrement car c’est totalement innocent, puis en second lieu car ses paroles lui ont échappé sous l’effet à la fois de l’alcool et du bonheur de se retrouver entre deux personnes qu’elle apprécie.

«Tu ne veux pas vraiment savoir ce qu’elle vient de dire, je crois.»

Je souris comme une imbécile car tout ceci m’amuse. J’ignore si la rouquine a reçu les mauvais messages, mais son cousin et moi sommes des potes, pas de ce genre-là. Du tout.

«Disons seulement qu’elle commence à voir la vie en rose.»

Je rigole en jetant un coup d’œil à Riku. Je la considère avec un amusement attendri, pareil comme un enfant qui ferait des bêtises.

(c)Golden

Hiiiiiiighway to Hell

Deviner que Riku est un peu bourrée n’est pas difficile, d’autant plus que je l’ai vue plusieurs fois dans cet état, et bien pire, quand elle n’a pas consommé que de l’alcool. Non, effectivement, je n’ai pas vraiment comprit ce qu’elle disait en anglais car son débit de parole dans cette langue qu’elle considère maternelle est un peu rapide pour moi qui ne suis pas très doué dans ce langage. Autant comprendre certains opéras en italien ou en français ne me pose pas de soucis (probablement car je les connais par cœur), autant, l’anglais, je bloque un peu. Et pourtant, les ressemblances avec l’allemand sont multiples. Enfin, parenthèse fort peu utile et pas vraiment dans l’ambiance. De toute façon, l’attitude débile de ma cousine me fait ricaner, et je me fous pas mal de ce qu’elle a dit, trop habitué à ses conneries que je suis, depuis le temps. Elle juste l’air heureuse d’être là avec sa fausse jumelle et son cousin, donc, bah, je laisse faire, car c’est extrêmement facile de se foutre d’elle ainsi. Elle proteste, bien entendu, ses jolis mots et ses jolies intentions qui pètent les bisounours de bohème sont quelque peu gâchés par nos moqueries. De toute façon, telle que je la connais, elle oubliera tout ce qu’elle vient de dire dans peu de temps. Riku commence a jurer haut et fort qu’elle n’a pas bu, qu’elle n’est absolument pas bourrée, et commence a se blottir contre moi comme un petit bébé, remontant ma veste contre elle comme une couverture, en imitant un chat en train de ronronner. Je n’arrive même pas à être gêné face à ma cousine qui fait l’idiote et commence à lui pincer les joues avec mon plus beau sourire d’emmerdeur.

« Meuuuh oui, il a trop bu le gros bébéééé! Il a confondu la bouteille de gin avec son lolo, le gros bébé? Tu régresses tellement dans cet état que tu vas bientôt te mettre à faire areuh-areuh, et tu vas me demander de changer tes couches, aussi? »
« You so meeeeeeean, Alexander! »

Waaaaah, quelle répartie. J’envoie à Cassey un sourire sceptique, et hausse seulement les épaules quand cette dernière me dit que je n’aimerais pas savoir ce que Riku à pu sortir comme bêtise. Ach, au pire, nous zaurons fous faire parler! Comme disent certains. En effet, ma cousine doit voir des bestioles a fesses roses partout pour être dans cet état et sourire comme une grosse béate, complètement dans le cirage, et presque somnolente. Si ça continue, elle va pas tarder à s’endormir.

« Elle pourrait éviter de s’endormir, quand même, la soirée a peine commencé! »

Bah, quoi, c’est vrai, quoi. Je dis pas du tout ça car je m’amusais fort bien avec les deux rouges, hein. Je dis ça car je n’étais pas sorti depuis un bail, et que ça m’avait manqué. Donc, si en plus Riku me demande de la ramener, bah on aura du écourter cette histoire qui partait pourtant si bien. Elle s’avachit plus encore sur moi, bavant cette fois-ci sans le vouloir. Faut pas s’étonner si avec ça on l’appelle un gros bébé. Si elle ne se baladait pas si souvent en jupe courte, je parierais cher que cette fille porte encore des couches, des fois.

« Riku, je voulais continuer à danser avec Cassey, moi, c’était marrant de faire le con pour la ridiculiser! Tu vas pas t’endormir, hein? Non, vraiment, je vais pas te porter. »
« Whateveeeeeer~ »

Fait-elle en s’appuyant plus. Sauf que cette fois je ne la tiens plus et la laisse glisser… Pour tomber par terre. J’ai un grand sourire en la voyant mordre la poussière, mais on dirait qu’elle ne se relève pas, et commence à ronfler. Au milieu de la piste de danse, c’est super classe. Bravo, Riku, compliments. Tu te surpasses, en ce moment. Je pose mes mains sur mes hanches, en la regardant embrasser le par terre en roupillant, déçu de ce que cela annonce.

« Bon… je crois que pour elle, c’est foutu. Eh, Riku, arrêtes de roupiller par terre! »

Dis-je en la palpant du bout du pied pour voir si elle dort vraiment. Et la voila qui s’accroche à mes jambes. Bon. Je renifle avec lassitude et regarde Cassey d’un air embêté, en gonflant les joues. Puis ricane un peu nerveusement. Ouaip, on va devoir pas trop tarder. C’est bien dommage.

Avec Cassey G. Banks

Ay Ay Ay.

Highway to Hellfeat. the Nagels

La débâcle de Riku est venue si rapidement que j’avoue ne pas l’avoir senti venir. À bien y penser, je n’ai jamais été douée pour comprendre les limites de l’alcool, autant chez moi que les autres, bien qu’au fil des cuites j’ai appris à me contrôler et surtout à m’endurcir à ses effets. Ma propre tête tourne légèrement, mais bien moins qu’avant mon repas ce qui est bon signe. Je ne devrais pas me ridiculiser plus que je ne l’ai déjà fait avec un taux pareil d’alcoolémie dans le sang. De toute façon danser comme si demain n’existait pas n’a rien d’une humiliation et Alexander devrait le savoir. Je me fiche bien qu’on m’observe alors que je danse. La musique est un art qui coule en nous, il s’agit d’un véritable privilège. Ceux qui ont le don de la musique ont toute ma reconnaissance car mes propres talents reposent ailleurs. Malgré tout l’effort que j’ai pu mettre étant petite, je n’ai jamais eu la concentration nécessaire et l’assiduité pour apprendre un instrument de musique alors j’ai fini par abandonner (d’autant plus que nous n’avions pas exactement les finances pour me permettre de poursuivre mes cours de guitare). Alors je danse, et danser m’apporte une joie incommensurable dont je me délecte à chaque fois que j’en ai l’occasion. Danser avec deux amis n’en a été que plus précieux à mes yeux, aussi ridicule notre chorégraphie a-t-elle pu être. Pour moi c’était inspirant, vibrant et grandement apprécié. J’espère que nous aurons l’occasion de vivre des moments semblables lorsque la rouge se portera un peu mieux.

Car parlant de Riku, comme nommé plus haut, son état s’est rapidement dégradé, ce qui me laisse à croire que lors de son absence de la table, elle en a peut-être profité pour consommer un truc. Je n’irai jamais la juger parce qu’elle consomme des drogues, je serais très mal placée après tout. Dans mon adolescence j’ai essayé toutes sortes de truc et j’ai dû me battre avec une addiction à la cigarette qui aurait pu devenir autre chose si mon père ne m’avait pas enfermé pendant trois semaines dans ma chambre une bonne fois où il a décidé de faire preuve d’autorité. Puis ça ne change en rien qui elle est, même si je dois avouer que là, le portrait de mon amie n’est pas vraiment glorieux à se frotter contre lui ainsi, tellement que j’en suis presque mal à l’aise. Mais sincèrement j’ai vu bien pire, mais je ne peux empêcher un léger cri m’échapper lorsque Alex la laisse brutalement tomber sur le sol et qu’elle s’y écrase sans bouger. Pendant un instant j’ai la crainte qu’elle ne soit en train de vivre une overdose mais elle respire normalement alors que je me penche vers elle, ignorant les bêtises du blond. Il ne lui offre pas beaucoup de considération et j’imagine que c’est mérité, mais tout de même son attitude me crève un peu le cœur. Ils sont de la même famille après tout, il pourrait l’aider à regagner sa dignité. Pour ma part je la relève. Elle pèse une tonne à vrai dire mais je tiens le coup, fusillant l’allemand du regard.

«Tu vas m’aider oui au lieu de me regarder comme une carpe idiote?»

Je m’approche de lui en soutenant la jeune femme endormie. À moi seule je n’arriverais jamais à la bouger sur le long terme. Puis je crains qu’en la hissant sur mon dos, qu’elle me vomisse dans les cheveux.

«Je crois qu’il vaudrait mieux rentrer avant qu’elle ne serve de chair à pâtée pour une de ces pré-pubères en chaleur. Une idée d’une façon de la ramener?»

Hors de question qu’on la mette dans ma précieuse voiture. J’observe autour de nous. Quelques adolescents clairement interdits dans ce genre d’établissement scrutent Riku comme un morceau de viande. Non merci les mecs, allez jeter vos hormones ailleurs.

«C’était sympa en tout cas, on devrait se faire ça plus souvent, boogie-man.»

(c)Golden

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