« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

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 What about us? - Début de la Fin (OS, Eclosion/Obtention)

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Alexander Nagel
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MessageSujet: What about us? - Début de la Fin (OS, Eclosion/Obtention)   What about us? - Début de la Fin (OS, Eclosion/Obtention) EmptyVen 17 Juil 2015 - 15:25

What about us?

Mon souffle peut désormais commencer à cesser de s’affoler. Je n’ai pas faibli, mais maintenant, l’espace de quelques secondes, je peux me laisser tomber sur un siège quelconque du vestiaire pour inspirer profondément. C’est un premier match de terminé,  une première étape de franchie. Mais comme je me doutais, dès que l’adrénaline est retombée, l’angoisse l’a remplacée. Car dès que mes pas me portèrent hors du terrain, j’ai senti sa présence entre les murs du Grand Stadium. C’est pour cette raison que je ne peux demeurer ainsi immobile plus de dix secondes. Ces quelques secondes de repos doivent suffire pour le reste de la soirée encore à venir. Car je sais qu’il ne serait pas venu ici simplement pour regarder et se moquer, se passer d’applaudir. Je parie que je le croiserais aussitôt que je rejoindrais les couloirs. A cette pensée, je me hâte de terminer de me changer, ôtant simplement ma cape et ma veste avant de sortir en trombe dans le couloir. Je ne sais à quoi m’attendre et je n’ai aucune idée de ce que je risque de trouver entre ma position actuelle et la sortie. J’ai surtout un assez mauvais pressentiment. Et la fatigue du match n’arrange rien. Je progresse rageur en direction du hall, le regard baissé, bouant déjà intérieurement. Plus qu’un seul virage. Siegfried est à mes côtés, et veille au grain, calme comme à son habitude. Il est sorti de lui-même de sa balle, en espérant certainement me modérer. J’aurais pu être de bonne humeur après ce match. Vraiment. Une humeur formidable, car j'ai gagné, après tout. Mais la présence de ce con en ces murs a tout gâché. Et présentement, je n’ai qu’une envie : le faire payer. J’ai réfléchi longtemps, hésité à le tuer mille fois lorsque je le pouvais, ce n’est pas les occasions qui ont manqué. Je me suis retenu tout autant de fois. Car trop d’éléments sont encore en jeu pour que je ne risque pas de perdre moi aussi la vie, et voir par-là se pointer ma défaite. Je l’avoue, j’ai fait promettre a mes alliés, même les plus impulsifs, de m’empêcher de tuer tout sur mon passage de manière inconsidérée, de m’empêcher de creuser ma propre tombe. Par Giratina, que je peux détester ça, de devoir ainsi me limiter, me forcer à aller contre mes plus forts instincts, contre moi-même. Surtout que ce connard mérite la mort. Euh, oui, bon, moi aussi, techniquement, mais trêve de digression. Quand tout cela sera fini… Combien je pourrais me déchainer… Enfin. Je me fiche que mes supérieurs m’interdisent encore le terrain, je trouverais le moyen de pouvoir exercer mon art au mieux, n’importe quel champ de bataille fera l’affaire.

Cette pensée aurait pu me détendre quelque peu si une fameuse voix et un accent digne d’Uwe Boll n’avait pas une fois de plus sapé mon moral, et fait arrêter brusquement ma marche juste avant de tourner au coin. Je ferme les yeux et respire le plus profondèment possible. Mes phalanges blanchissent sous la pression que j’exerce sur mes poings. Siegfried m’effleure de son corps métallique, s’efforçant de me rendre calme à nouveau. Impossible. Cela fait des semaines que je n’ai plus réussi à être calme. Je fais signe à mon allié soucieux de rester là, et tourne finalement. Il est là, fier comme un paon, en train de balancer je ne sais quelles histoires a faire pleurer les grand-mères devant les feux de l’amour le dimanche soir à propos de sa famille, dans un français pas vraiment correct qui le rend apparemment plus attendrissant, quand on voit la gueule des journalistes qui l’entourent. Ils sont captivés par ses histoires, puis l’un d’eux s’exclame quand il m’aperçoit. Je ne ralentis pas. Je ne tiens plus. Mon poing se serre plus fort encore. Je me fous que des témoins soient présents. Je vais lui éclater le nez pour commencer, je vais le trainer à terre, lui défoncer sa sale gueule, lui arracher tous ses ongles, briser chaque os de son corps. Je vais le faire souffrir comme il n’a jamais souffert. C’est à peine si je vois ses gardes du corps présents. Je suis aveuglé. Helmut se tourne vers moi, toujours aussi fier de lui.

« Quand on parle du loup, voici mon fiston préféré! »

Je grimace. L’entendre parler français avec cet accent suffit à faire se dresser tous les poils de mon corps de dégout. Mais encore, je n’avais pas prévu la suite qui m’emplit d’une envie de vomir plus forte encore, quand mon paternel s’approcha de moi vivement, et commença à me serrer dans ses bras. Sous le coup de la surprise je me fige, horrifié et pétrifié par la rage, je grince des dents au point de m’en faire mal à la mâchoire. L’autre obèse recommence à parler en français avant de switcher en allemand, à voix basse, dans le creux de mon oreille. Bordel de merde. Ma prudence revient progressivement, et j’aperçois les journalistes, les gardes du corps d’Helmut, je me figure que je me ferais descendre immédiatement si je tentais d’atteindre à sa vie de manière directe. Je ne peux me calmer cependant ; surtout avec les mots qu’il m’adresse par la suite.

« Oh, Alexander, comme je suis fier! Espèce de petit con, tu croyais pouvoir m’atteindre après avoir gagné à un fichu jeu de bagarre Pokémon? »

Je ne dis rien. Je n’ai plus aucune envie de jouer avec lui. Les journalistes s’interrogent sur le fait que je reste immobile et ne répond pas à l’étreinte de mon père.  Lui, par contre, insiste.

« Mon cher fils, tu dois encore avoir du mal à y croire! Ne t’avise même pas de me mettre dans la honte. J’ai des hommes qui sont déjà chez toi. »
« Fermes ta gueule et lâches moi, gros con. Ton eau de Cologne sent la merde, au fait. »
« C’est pas une eau de Cologne c’est…! Arhem… Il plaisante! Il adore ça! Il a ses humeurs, hein, mon chaton? Quel dommage… Mes hommes sont chez toi en ce moment, cette fois-ci, ce château, ces biens matériels auxquels tu tiens tant vont brûler pour de bon… »


Je perds mon calme de nouveau et veux me détacher de lui immédiatement, ce que j’arrive à faire, et de manière surprenante, sans lui casser les deux bras ou lui crever les yeux des mes propres mains. Son regard m’avertit que sa menace est déjà mise a exécution, alors que l’un de ses sbires termine de passer un coup de fil.

« Alors, Alex, on se retrouve ce soir à 19h précises au restaurant comme prévu? Tu te souviens, hein, à l’Impérial d’Amanil? Ne sois pas en retard. »

Fait-il sans cesser d’être mielleux, mais sa dernière phrase sonne clairement comme une autre menace. Oh, il pense que je me dégonflerais, que je ne vais pas arriver à temps. Et par-dessus le marché, que mes Pokémon encore là-bas ne sont pas capables de défendre le château. Ils sont plus remontés que jamais après la mort de Ginette et de Blitz. Je n’ai toujours rien répondu à mon paternel, mais je lui renvoie son sourire mielleux, la colère ne cessant de grandir avec mon rictus.

« Oh, oui, Papa, j’y serais, bien sûr. »

Mes mots grinçants et formulés dans un ton encore vibrant de rage sont pour Siegfried encore caché le moment d’agir. Il sort de sa cachette, et d’une puissante attaque choc mental, fait flancher brusquement les deux gardes du corps de mon paternel quelques instants. J’en profite pour courir vers la sortie, siffler Chris, et partir avant que la troupe ne me rattrape. Je serais à l’heure à son diner de malheur, et arrivé là-bas, il comprendra sa douleur (rime riche). 17h12. Il me reste deux heures à peine. Je vais commencer par descendre ces enfoirés qui ont eu pour ordre de mettre le feu à ma demeure une nouvelle fois. C’est original, à peine répétitif, ils n’auraient pas pu changer un peu? Genre… transformer le château en gelée? Mouais. Après une courte demi-heure, j’aperçois le Château des falaises, autour duquel ont poussé quelques flammes. Des Pokémon, mes alliés ainsi que d’autres inconnus, une petite armée de feu se battent encore dans le jardin, et j’aperçois déjà Harald, Justin, et Charly à leur tête, en train de se jeter tant bien que mal vers leur adversaire. Les renforts arrivent. Les quatre types qui ont envoyé leurs créatures de feu se tiennent derrière le portail, se croient certainement en sécurité et laissent faire. Helmut s’était vraiment entouré d’élites du milieu, ouhlalalala... Et mon cul il chie des Tylton, aussi, mais oui!

Chris me dépose plus loin sur la falaise, et je le charge d’aller au combat lui aussi en emportant mes alliés encore en état de combattre après le match. Je me laisse accompagner de Kassandra, cependant, pour progresser vers l’entrée. Ces abrutis ont commencé à fumer leur clope et sont soudain captivés par le fait que des renforts arrivent chez leurs adversaires. Ils ne prêtent plus attention à ce qui peut se passer derrière eux, et Kassandra s’est  enroulée sans attendre autour de l’un des hommes, le paralysant complètement, menaçant de lâcher des milliers de volts dans tout son corps. Les trois autres réagissent, et me remarquent enfin, sursautent en marmonnant que je n’étais pas censé arriver si tôt. Un sourire mauvais s’étire sur mes lèvres, et mes adversaires sortent leurs flingues maladroitement, encore surpris. Chris revient vers nous, et me lâche mes armes tout en fauchant un de mes adversaires, lui bouffant une partie de la main au passage, en riant aux éclats, et laissant le type sans défense, à hurler sous la douleur. Quant à Kassandra, elle déchaine ses ondes electrocutantes pour ne faire du type qu’elle avait emprisonné qu’un cadavre qu’elle précipite ensuite devant moi comme un bouclier humain qui prendra les balles tirées par ses collègues à ma place. Un contretemps suffisant pour m’armer et tirer à mon tour dans le torse de mon adversaire, les désarmant au passage. Deux de ceux qui restent tombent à terre et Kassandra se précipite avec souplesse et envoie leurs armes plus loin leurs armes et pèse sur le dos de façon à les laisser immobiles, menaçant toujours de les électrocuter de la même façon que leur pote. Pendant que je m’occupe du dernier en lui envoyant mon pied dans la face assez fort pour le sonner et le mettre à terre, les troupes Pokémon ennemis faiblissent suite à l’arrivée des renforts. Certains battent en retraite en s’apercevant que leurs dresseurs sont à terre et à ma merci. D’autres continuent de combattre et se font mettre à bas, ils finissent par s’affaiblir grâce aux efforts de Charly, Chris, Siegfried sans oublier Viktor et ses attaques aquatiques et ténébreuses redoutables. Ils n’étaient pas aussi nombreux que l'autre fois, mais tout ça va encore être une misère à nettoyer. Je n’ai pas tué volontairement les trois gaillards restants. N’ai-je pas dit que j’avais besoin de me défouler à tout prix? Ils seront de parfaits jouets, bien qu’il ne me reste que peu de temps. Et perdront la vie ensuite. Quel dommage, eux qui ne sont que des pantins sans âme, mais coupables malgré tout. Ils ont mérité mon courroux, qu'importe que ça plaise ou non aux défenseurs de la morale et des bonnes moeurs.

Je caresse Kassandra en la remerciant pour son aide précieuse. Je m’apprête à aller faire de même avec mes autres alliés, tandis que Harald transporte les trois types blessés jusqu’à moi. J’ai besoin qu’ils soient en vie pour ce que je compte leur infliger. Et je dois également me mettre sur mon 31 pour ce dîner. Pas certain qu’ils me laissent entrer avec du sang sur la chemise. Néanmoins, mes alliés semblent encore occupés à autre chose. Il se sont rassemblés dans un coin du jardin, et semble bavasser entre eux. Je m’approche pour m’informer sur ce qui les interpelle à ce point. Il sont rassemblées autour d’une petite chose tremblante, visiblement terrifiée par le fait d’être ainsi cernée. Le créature aux ailes verdoyantes relève les yeux lorsque j’ordonne à mon armée de s’écarter pour me laisser passer. Je me baisse un peu pour observer de plus près la jeune Insécateur, qui tremble de plus belle en me voyant arriver. J’observe également une blessure au niveau de son abdomen. L’insecte semble très jeune, je dirais même qu’il est tout juste sevré, ce n’est qu’un enfant, presque un bébé, vu sa taille. Est-ce que ses maitres qui trainent désormais à terre en se tordant de douleur ont été assez stupides pour envoyer une bestiole de cet âge-là au combat? Malgré ses tremblements, l’Insecateur ne semble pas décidée à fuir, et se tient debout et brave malgré ses blessures. Elle veut survivre à tout prix, et cela se voit. Elle se battra certainement si c’est nécessaire. Et je suis prêt à lui donner cette occasion, à lui donner une nouvelle vie, de nouveaux compagnons aux côtés desquels se battre. Je n’ai pas vraiment le temps de m’occuper d’elle dans l’immédiat, mais je fais signe à Elijah de s’approcher.

« Elijah, je te charge de veiller sur elle, d’accord? Je ne sais pas quand je serais rentré. Mais je vous promets de revenir. »

La Démolosse lança un regard maternel à la petite Insecateur, et je lui offre un sourire qui se veut rassurant, tout en décidant de la nommer à l’instant, avant de partir pour la soirée, sous les regards inquiets de mes alliés. Je n'ai pas vraiment le temps de les rassurer, mais ils peuvent croire en ma promesse, adressée à chacun d'entre eux.

« J’espère te revoir bientôt, Valkyrja. »


Cela scellera ma promesse. Il me faut maintenant passer un coup de fil à Soltan. L’attente ne m’est plus permise. Dans les prochaines 24h, je vais en finir. Je compose son numéro et patiente le temps que la tonalité cesse de me faire attendre.

« C’est moi. Tu es sur place? »
« Tout s’est passé comme prévu. Tu as besoin de l’adresse de sa villa, je suppose. »
« Oui, et, pour ce dont on a parlé… Rappelles-moi ce soir à 19h15, heure Enolianne. »
« Donc.. Plan B ? Tu es certain? Tu n’étais pourtant pas d’accord au début. »
« J’ai plus le temps de jouer avec cette enflure. Il m’envoie des armées de sbire à la gueule, je ne vois pas pourquoi je m’emmerderais a continuer de la jouer en un contre un face à ce lâche. Je vais en finir. »
« Ok. Comptes sur moi. Bonne chance, Alex. »


Mon silence suffit à le remercier, et je raccroche. Je vais en finir, et pour cela  je vais lui balancer ses propres méthodes de lâche dans sa face d’emmerdeur. Je regarde ma montre. 18h19. J’ai encore bien assez de temps pour faire ce que j’ai à faire et me rendre au restaurant. Je jette un œil à mon château, qui n’est pas en meilleur état qu’avant, je grince déjà en pensant au prix des réparations. Une partie du toit à brûlé du côté de la terrasse, rien de vraiment alarmant à signaler, mes alliés ont bien défendu les lieux et méritent leur repos. Une vingtaine de minutes plus tard, je suis de nouveau habillé, et me prépare pour me rendre au rendez-vous, un cadeau sous le bras. Je suis sûre que cela va lui plaire. Il ne va pas tarder à comprendre qui il a devant lui. De plus, il ne doit plus lui rester autant de sbire qu’avant. Malgré mes avertissements, Chris, Sophie, Kaiser, Lorelei, Leonhart et Persephone décident de venir avec moi. Après tout… On ne sait jamais ce qui pourrait arriver. Je me mets en route, tout en laissant Irma, Stein et Val' aux soins de mes amis, certainement que ces deux là auront besoin d’être emmenée au Centre.

18h59. J’entre dans le restaurant en ajustant ma cravate, ne tarde pas à trouver Helmut assis à sa table. Je m’assois sans me gêner, et mon père relève mollement le regard de son assiette, avant de regarder sa montre. Il semble surpris. Eh oui, mon vieux, comme le dit si bien le proverbe « L’exactitude est la politesse des Rois ». Pas que je sois poli, mais, par contre, je suis un roi. Bref. Je ne lui souris pas, et il se redresse après avoir fini son assiette. Il claque des doigts et redemande la même chose d'un geste snob. George le Dedenne qui mange debout sur la table fait de même. Tu m’étonnes qu’il ait grossi. Je le prends de court en lui tendant le paquet.

« Un cadeau pour toi, papounet. »

Il regarde le paquet avec méfiance, et le fait passer à son sbire installé à quelques mètres de nous. Ce derniers ouvre et pousse un grognement de dégout. Helmut est curieux et regarde à son tour dans la boite et tire une grimace tout aussi révulsée. Je reprends contenance, amusé par la situation. Quoi? Recevoir l’intégralité des ongles des quatre types qui m’ont attaqué il y a à peine deux heures, le tout dans une jolie boite, ça ne lui plaît pas? Quelle petite nature difficile… Que lui faut-il! Et puis, si ça lui coupe l’appétit, il n’a qu’à voir ça comme ma collaboration à son futur régime diététique.

« Ton humour est extrêmement douteux et irritant. Tu insultes mon nom en m’envoyant des ongles, c’est ça? Si c’est une preuve d’affection comme ceux que rapportent les animaux à leur maitre, tu peux aller te faire voir, espèce d’attardé. »

Ah, oui c’est vrai que du fait que Nagel signifie « ongle » en allemand, ça pourrait être drôle. Franchement, j’y pensais même plus. Et d’ailleurs, ça n’a rien à voir avec ma passion des ongles. Enfin. Je n’ai même plus envie de répondre. Il ne me prend pas au sérieux, et me laisse même commander quelque chose. Je ne sais même plus quoi. Il est certain que je joue, que je ne suis qu’un bébé, qu’un parasite. Un parasite qui commence à avoir descendu un certain nombre des types constituant sa garde. Comment peut-il continuer d’être si certain de sa victoire alors que mon armée est de toute évidence meilleure que son rassemblement de débiloïdes serviles? De toute manière, il ne semble pas se formaliser du coup des ongles. Il hausse les épaules et se remet à manger sans se préoccuper de moi après avoir envoyé mettre le paquet à la poubelle.

« Écoutes, c’est formidable, Alexander, tu es arrivé à l’heure. Mais ta présence me donne la nausée. Tu n’es pas digne de notre famille, blablablabla... Je n'ai même plus envie de me répêter, je te l’ai assez dit. Abandonnes. Ta mort sera une délivrance, pour toi également. C’est tout ce que j’ai à te demander ce soir. Tu ne te rends même pas compte que tu n’est qu’un pantin dans mes pl-»
« Tu penses encore que je joue? Je ne suis plus là pour jouer, Helmut, je suis lassé. Eh oui, putain, tu as réussi à me lasser. »
« Venant d’un gamin stupide qui n’a jamais su faire autre chose que s’amuser, c’est vraiment drôle! Que crois-tu? Tu penses pouvoir me tuer, ici-même?! J’ai excédé ta patience, la belle affaire… Mais tu crois que pour autant, j’ai peur de toi, ne serais-ce qu’une seconde? »
« Mon objectif n’a jamais été de te tuer, vieux nerd débile. Ton plan est peut-être parfait, mais la personne à qui tu as pensé t’attaquer, ce n’est pas moi… Ou plutôt, ce n’est plus moi. Contrairement à toi, j’ai évolué, ces dernières années. »


19h15. Je suis interrompu par la sonnerie de mon téléphone. Helmut se redresse et fait signe à son sbire d’approcher, pour m’interdire de répondre et me demande de raccrocher expressément.

« Ah, non, ce coup de fil est pour toi, justement. Je t’en prie. »

Je lui tends le smartphone, et en voyant les arrangements que j’ai faits sur mon appareil, mon paternel se crispe nerveusement, et me lance un regard noir. Bien sûr, ce n’est pas car le nom de Martha Nagel et son visage apparait sur l’écran que c’est elle au bout du fil. Un bluff. Une simple personnalisation de contact que j’ai fait tout à l’heure, je me disais bien que cela piquerait sa curiosité, je n’attendais pas qu’il soit crédule. La preuve, il se contente de raccrocher et de balancer le téléphone ailleurs. Et enfin, je le sens en colère. J’ai une petite moue en voyant mon portable s’éclater sur le sol, mais hausse les épaules comme toute réponse. J’en ai plusieurs vieux de rechange  à la maison. Je ne suis plus à un portable près.. Je ne suis pas attaché à mes biens matériels comme ce qu’on pourrait croire. Sauf mon château, mes cutters, ma collection de couteaux, ma BMW, mes ongles-trophées, ma DVDthèque, ma bibliothèque, les trucs pas avouables qui sont dans mon porte-feuille… Bref. Un peu quand même.

« Hm.. Ne t’en fais pas, elle rappellera dans un instant. Elle a des choses vraiment intéressantes à te dire. »
« Je t’interdis de te moquer de Martha! Elle ne sera jamais mon point faible, pauvre naïf. Que crois-tu accomplir avec tes petites tours?! Ton bluff n’affecterait pas un crétin des alpes. Machin, dégages ce rampant de ma vue. »


A ce moment précis, le téléphone de mon paternel, ainsi que celui de son sbire surnommé Machin se mettent à sonner à leur tour. Mon paternel se fige un instant, et fait signe à son garde du corps de décrocher le premier. Quelques secondes plus tard, alors que l’appareil d’Helmut continue de sonner, le visage du sbire se décompose.

« Monsieur… C’est Madame.. elle… »


Immédiatement, le patriarche Nagel décroche à son tour, ses gestes se font plus nerveux, un mauvais pressentiment s’est enfin emparé de lui. Et je lui vois enfin la tête que je souhaitais lui voir depuis si longtemps. Je dois me mordre l’intérieur des joues pour ne pas me mettre à rire aux éclats, et je me contente de rester appuyé sur mes mains jointes, en tapotant des doigts, un rictus inquiétant sur les lèvres.

« Martha?! Qui?… Qui êtes vous? Onizuka… espèce de sale pu- Comment?! Si tu touches un seul cheveu de Martha, espèce d’enflure, je t’étriperais de mes propres mains! Tu n’auras rien espèce de… Quoi?! Attend- »

Il s’emporte et élève le ton, avant de rappeler en hâte le numéro, commence à jurer furieusement en n’obtenant pas de réponse. Son garde du corps ne semble pas rassuré. Quand à moi, je jubile.

« Monsieur, nous devrions… »
« Ta gueule, Machin! Hors de ma vue, de l’air! »


Penché vers la table, Helmut ne parvient plus à garder son calme. Il se tient nerveusement la tête, et fixe son assiette, le regard dans le vide, tremblant de colère. Plusieurs minutes passent ainsi, pendant lesquelles il ne se calme pas, et que le silence s’est fait sur les tables voisines, le laissant seul avec ses respirations plus fortes et anxieuses. J’attends qu’il puisse digérer la nouvelle, qu’il puisse comprendre. Oh, bien sur, je ne voulais pas passer par quelqu’un d’autre pour l’affronter, vraiment pas, et ça m’agace toujours autant. Si seulement j’étais assez fort pour m’en charger seul… Non, ce n’est pas le moment de penser à ça. Et ce n’était qu’aux trois quarts mon idée, la prise en otage de Martha. Mais, pour une fois, j’ai envie de dire que je ne fais que lui rendre sa monnaie de sa pièce. Après tout… Il n’a fait que nous tenir en otage, Irina et moi-même, pendant toutes ces années. Il nous a privé de liberté, constamment menacés, il ne voulait qu’une chose : qu’on lui obéisse comme des bons toutous à leur maitre, que nous soyons ses pantins. Et il fait subir encore la même chose à Ludwig. Ce n’est pas un sentiment d’injustice qui me pousse à lui faire subir cela. Simplement la vengeance, et mon rêve de le voir ramper au sol, lui qui m’a toujours pris de haut, trainé dans la boue comme un être inférieur, un insecte. C’est à lui de ramper, a présent. C’est à lui de souffrir. Et c’est à moi de l’humilier. Quelle autre fin ferait plus de sens, dans cette histoire?  Il relève finalement le visage vers moi. Son regard est un mélange de haine, de surprise, et de panique.

« Ce n’est pas toi qui a… Un parasite comme toi n’a pas pu… »

Je lui envoie un large sourire comme toute réponse. Bordel, que c’est bon.

« Je te l’ai dit, non? Je ne veux pas te tuer, mais simplement t’humilier, te faire ressentir ce que tu n’as jamais dû ressentir dans ta petite vie de pacha fainéant. »
« C’est vraiment tout ce que tu veux? Quel motif stupide… Si tu as eu ce que tu voulais, alors dis à tes… Bordel, mais comment peux-tu connaitre cette foutue Shizune Onizuka?! »
« Disons que malheureusement pour toi, le monde est minuscule. C’en est navrant, moi qui veut en devenir le maitre. Enfin, là n’est pas la question. »
« Tu as tout intérêt à dire à tes copains qui ont envahi ma demeure de dégager vite fait. »
« Tu es prêt à jouer la vie de Martha ? Si tu connais Onizuka, je peux te dire que son copain que je connais également est bien pire qu’elle. C’est un pro, il n’hésitera pas une seconde à appuyer sur la détente si tu portes atteinte à ma vie. Il n'a rien a voir avec tes faux mafieux en noir. »
« Alors, tu veux quoi? C'est quoi ton caprice, cette fois-ci? »
« Tu ferais vraiment mieux de me prendre au sérieux. »


Fis-je, en me penchant au-dessus de la table, et  en commençant à entamer mon assiette tranquillement. Ils ne se foutent pas de nous, dans ce resto, la cuisine est d’une grande qualité. Barbichette aurait presque du souci à se faire. Mais là n’est pas la question. Mais, finalement, oui, quel serait l’intérêt de le tuer? S’il meurt, il n’aura même pas le souvenir de s’être fait humilier par moi. Certes, il est au sommet de sa gloire et la chute ferait bien mal à toute la famille encore en Allemagne, mais je me fous un peu de tout ça. Je n’ai pas vraiment envie de mêler des gens dont je me fous complètement à cette histoire. Je souris en coin et laisse mariner un moment mon paternel qui tente de trouver une solution.

« Je veux juste que tu me cèdes la preuve de ton échec. »
« …De quoi parles-tu? Je ne vais pas échouer devant toi. »
« Ludwig. Tu vas me donner Ludwig. Ce petit pantin que tu te donnes tant de mal à dresser… Tu vas devoir me le céder, te rendre compte que tes stratagèmes n’ont pas marché sur nous. Tu comprends… Moi, Irina et Ludwig, nous sommes les êtres supérieurs. Toi, tu n’es rien. Enfin, si tu avais compris à qui tu avais affaire plus tôt, peut-être y avait-il encore une chance pour toi. Tu as jusqu’à demain soir. Et ne t’avises pas de quitter l’île. Je le saurais, et notre connaissance mutuelle t’accueillera chez toi. Partout. Ah, j’allais oublier : merci pour le repas, au fait, papounet, dé-li-cieux! »


Dis-je, mielleux, en finissant mon assiette puis en me levant. Il n’a qu’à voir son cas. Je ne compte pas l’attendre. Je récupérerais Ludwig avant qu’il ne me le cède, et c’est tout. Je ne tarderais pas à agir, maintenant que je sais ou il se trouve. A vrai dire, je compte passer les heures qui suivent  à cerner mon plan de récupération, et agir avant qu’Helmut n’agisse. Un sbire de mon père est à l’entrée et s’apprête à m’empêcher de partir, néanmoins, un geste de la part de mon père le dissuade. Je le remercie avec mon plus beau sourire de faux-cul et prends le chemin du retour. Une nuit blanche m’attend, la dernière de cette histoire, je l’espère.

Arrivée de Valkyrja
Hinhin, je suis méchant.
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