« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 What about us? - Finale (OS)

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Alexander Nagel
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MessageSujet: What about us? - Finale (OS)   What about us? - Finale (OS) EmptyVen 17 Juil 2015 - 20:25

What about us?

Suite de cet OS.


Si j’avais pu être omniscient, il me serait bien plus facile actuellement de vous raconter de manière cohérente les détails de cette nuit qui fit basculer la vie de plusieurs personnes. A vrai dire, c’est l’intégralité de cette famille qui va changer après tout ça. Pour être franc, ça me fait peur. J’ai peur de me perdre après avoir tant gagné. Une victoire est-elle nécessairement obligée de donner naissance à de nouvelles remises en questions? J’aimerais pouvoir savourer tout cela, mais je n’y arrive pas tant mon anxiété ne cesse de retomber en bloc, en cris, en larmes. Je me sens mal, et pourtant si bien. Tout est encore trop chaotique dans mon esprit pour que je fasse le point. Pourtant, je peux désormais comprendre de manière bien plus organisée tout ce qui s’est passé, dans l’ordre, et laisser l’adrénaline me quitter. Je peux tout restituer, me  repasser ces évènements du début à la fin sans décélérer. De nouveau, mes interrogations existentielles prennent place dans mon esprit. Des questions abstraites que j’ai désormais le temps de me poser, que je n’avais pas eu le temps d’effleurer de mon esprit depuis trop longtemps. C’est là ou j’en suis, et c’est un soulagement, même si interroger ma place en ce monde n’est jamais une bonne idée pour me remonter le moral. Encore une fois. Me repasser ce film de ces quelques heures, encore une fois. Et appréhender plus encore ce qui viendra dans les prochains jours.


Mon souffle est court, mon dernier allié à terre, le canon du flingue est pointé sur moi.

Je me disais aussi… c’était trop facile. Il a laissé tomber la surveillance. Cette villa éloignée d’Amanil était trop à découvert, perchée sur sa petite colline,  sans portail ou barrière, trop facile à approcher pour être bien réelle. Pourquoi s’était-il débarrassé de ses sbires? Qu’importe qu’ils soient présents ou non, une nouvelle bataille avait débuté autour de la villa. Mes alliés contre les siens, une nouvelle fois, la dernière fois. Pour la première fois, c’était lui face à moi, sans autres ajouts superflu. J’ai été surpris par cette nouvelle façon de jouer, venant de lui.  Peut-être m’a-t-il finalement admis comme son adversaire, et non plus comme un moins que rien. J’en sais rien. Justin, Kaiser, Persephone, Chris, Sophie et Léonhart partirent au combat, me protégeant contre les alliés d’Helmut tandis que j’allais entrer dans la villa. C’est la dernière bataille, nous le savons tous. Nous avons tous deux joué nos cartes restantes ce soir, et ce face-à-face sera notre dernier. Nul besoin de lancer des regards à mes amis qui combattent de toutes leurs forces, ils savaient également. La fin de la guerre, nos derniers stratagèmes sont là. Il n’y a plus de stratagèmes… Simplement une attaque de front, en un contre un. J’éprouve une grande satisfaction à constater qu’il a finalement accepté ce défi, et joue finalement le jeu. Les flammes, les lasers de glace, les ondes de choc, les coups de mâchoire, la chair et les os que j’entends broyer, tout cela siffle, chante à mes oreilles tandis que j’approche, sans quitter des yeux mon objectif. Plusieurs fois, lames de vent, éclats, frôlent mon corps, créent quelques entailles dans mes vêtements, sur mon visage. Rien de suffisant pour me faire plier l’échine… Des blessures totalement superficielles, qui ne me feront pas poser le genou à terre.

Mes alliés se battent encore furieusement quand j’arrive devant la porte de derrière de la villa. Arme à feu à la main et arme blanche en main, je pousse le battant sans aucune peur. Arrivé là, à quoi peut-elle bien servir la peur, de toute manière? J’avance dans le noir avec prudence, l’adrénaline bat à mes tempes et mes réflexes semblent palpiter dans chaque recoin de mon corps. Je me sens terriblement vivant. Le rez-de chaussé est vide, quelques craquements du plancher retentissent encore dans la baraque, je ne m’en préoccupe à peine, je n’ai pas remarqué que Justin me suit dans l’ombre, un véritable professionnel de la discrétion qu’est mon compagnon le plus loyal, n’est-ce pas? Les marches de l’escalier n’émettent aucun bruit sous mon poids. Mon cœur bat, je vibre, je m’impatiente. Je veux en finir. Mes yeux désormais habitués à la l’obscurité ne détectent aucune présence dans le couloir. La première porte ne donne que sur une salle de bain. Je tords la poignée de la suivante, la pousse plus violement, entre dans la pièce en exécutant des gestes circulaires, revolver et couteau en main, de manière à n’oublier aucun recoin.

Et je m’arrête quelques fractions de secondes, quand j’aperçois la petite silhouette recroquevillée dans un coin, dont l’ombre chinoise se dessine devant la baie vitrée. Pendant ces millisecondes, ma respiration s’accélère, j’ai l’impression de suffoquer. Je l’ai trouvé. Ma prudence décline d’un cran, et mon pas se presse vers l’ombre dont les traits se précisent à mesure que j’approche.

« A…lex? C’est toi? »


La voix enfantine fait se relever le visage de mon petit frère vers moi. Mon cœur cesse de battre un instant, et j’ouvre déjà la bouche pour lui répondre, avance vers lui dans l’idée de le rassurer sur le fait que nous allons sortir d’ici. Mais alors qu’il tend la main vers moi, je me retourne, car une autre présence vient d’entrer dans la chambre. Helmut n’hésite pas une seconde avant de tirer. Une force tout d’abord invisible me pousse vers le sol avant que je fasse un geste pur esquiver, et je tombe à terre, à côté de Ludwig. Je ne ressens pas de douleur, la balle ne m’a pas touché. En revanche, une quatrième silhouette s’écroule, dévoilé par la lumière qui s’allume soudainement. Justin. Je découvre qu’il m’avait suivi, et qu’il vient de nous protéger. Le Scalproie est étendu sur le sol et du sang s’échappe de son flanc. En voulant m’éviter de prendre cette balle, il a exposé un de ses points faibles. Ebloui, je distingue péniblement le visage de mon paternel qui se tient face à nous, arme à la main. Il n’exécute plus le même contrôle sur lui-même qu’il fait d’habitude. Son regard est devenu semblable au mien, assoiffé de sang, de vengeance. Une bien drôle de situation pour voir que de nombreuses ressemblances nous réunissent.  Dans un d’autres circonstances, j’en aurais certainement ri. Ludwig se blottit contre moi, et je n’ai toujours pas le temps d’enfin pouvoir l’observer, le découvrir finalement. Me ressemble-t-il, ou bien a-t-il les yeux de sa grande sœur? Il sera lui-même avant tout. Car, oui, même si je peine à reprendre mon souffle et à penser, et qu’un canon est pointé vers moi, je pense que nous nous en sortirons. Qu’importe si notre paternel semble prêt à nous faire une fois de plus la morale et nous tuer par la suite.

« C’est ici que tout va se terminer, Alexander. »

Quand sa voix de fait entendre, Ludwig me serre plus fort, alors que je me redresse sur mon genou. Dès que je bouge, ne balle file à quelques centimètres de ma tête et va se loger dans la vitre derrière nous. Un avertissement. Pourquoi ne vise-t-il pas les jambes, à la place? Il semble avoir pêté les plombs, et ce serait bien son genre de croire régner par sa seule présence, et me vouloir tout ouï pour son discours final.

« La famille Nagel va s’éteindre ce soir. Si je ne suis plus de ce monde, alors autant que toute cette œuvre tombe avec moi. Martha aura préféré mourir que me voir céder à tes menaces puériles. De plus, j’ai toujours juré de mourir avant elle… Ahaha. Tu pensais vraiment que je n’oserais pas vous tuer tous les deux, une fois au pied du mur? Crois-tu que j’ai peur de la mort?! »


Euh. Je crois qu'il a un peu pété les plombs avec cette histoire de Martha. Il ne réfléchit plus droit. Il faut dire que quand je compare son attitude mesurée la première fois que je l'ait eu au téléphone, et celle qu'il a maintenant... Oui, j'ai eu une sale influence sur le fameux contrôle de lui-même qu'il a d'habitude. Voila donc sa vraie nature. Nous sommes vraiment semblables, au final, ce n'était pas qu'une impression. Sauf que je suis plus fort que lui, désormais, je l'ai dépassé, écrasé. Son discours parsemé de questions, d’allusions à Irina, à ma propre personne insolente et désespérante, au fait qu’il aurait renié Ludwig de toute manière continue. Cela va jouer en ma faveur. C'est trop long. Je ne l’écoute pas, je cherche un échappatoire car il m’en laisse le temps. Quel pauvre idiot. On voit qu’il n’a jamais été mis dans la merde avant : il fait les mêmes erreurs que moi il y a un an. Mon regard se porte sur la vitre fissurée. Ludwig s’agrippe plus encore à moi, il tremble de peur, il ne doit pas réussir à croire qu’on peut encore s’en sortir. Le premier étage ne doit s’élever qu’à deux mètre, trois mètres du sol, tout au plus. Une hauteur qui ne remettra pas en question mon existence, ne menacera pas ma vie si je m’y prends bien. Justin m’observe à son tour. Il n’est pas prêt de laisser sa vie ici, lui non plus. Je peux laisser ici mes alliés, ils sauront s’entraider et se sauver d’eux-mêmes s’il le faut, tel est le massage qu’il veut me transmettre. Au dehors, Chris se bat, et il a vu la scène à travers la vitre. Il pourra s’occuper de Justin. La balle du Scalproie roule à terre depuis ma main. Il saura y rentrer lui-même pour se préserver. Il ne m’a fallu que quelques secondes pour comprendre tout cela, et un rictus arrogant se forme sur mes lèvres. Je n’ai plus d’autre choix que de jouer le tout pour le tout maintenant, n’est-ce pas?

« T’as fini ton monologue de vieux con? Tires-moi cette balle dans la tête, qu’on en finisse! Allez, qu’est-ce que t’attends? La perspective de la perte de ta femme t’a aussi fait perdre tes couilles, grosse pédale obèse?! »


Helmut se tait et fulmine, jure des choses que je ne traduirais pas par soucis de décence dans notre langue maternelle en tirant de nouveau. Ludwig étouffe un cri, je me baisse immédiatement avec lui quand le coup de feu retentit à nouveau. La vitre éclate après avoir reçu cette seconde balle. Une douleur vive se fait ressentir au niveau de mon oreille, et le sang coule à terre. Je ne cesse de sourire et me redresse très vite, en serrant Ludwig dans mes bras, c’est alors que je croise son regard bleu ciel, un peu plus foncé que le mien, pour la première fois.

« Accroches-toi. »


Lui dis-je, calme, et sans me départir de mon sourire certain. Je me laisse me laisse tomber dans le vide, vers l’extérieur, à travers la fenêtre brisée. Je garde Ludwig dans mes bras pour lui éviter de prendre lui aussi le choc de la chute. L’herbe épaisse amortit ma chute quelques millisecondes plus tard. Je roule sur le terrain pentu, quelques éclats de verres, quelques balles perdues m’éraflent le visage, mais je tiens bon et me redresse, sans cesser de serrer mon jeune frère. Je m’élance sans perdre un instant sur le terrain pentu, en direction de l’endroit ou j’avais laissé ma voiture. Le ciel et l’endroit étant trop dégagés pour tenter une attaque aérienne, j’étais venu avec ma fidèle BMW. De plus, je ne savais pas dans quel état seraient mes compagnons volants après cette bataille. J’avais décidé de jouer la sécurité, pour une fois. Pendant ma course, j’entends un moteur démarrer au loin. On dirait qu’on ne va pas faire la route seuls. Je retrouve enfin la BMW, et fais monter Ludwig à l’arrière.

« T’es pas bléssé? »
« Non, je… Alex… tu saignes! »
« C’est rien, ça. Accroches toi, on va faire une petite balade. Ça va pas mal secouer. »
« J’ai peur, Alex… »
« Sois courageux, ok?! »


Je n’entends que mal ce qu’il raconte, le sang obstrue mon oreille gauche. Elle est probablement dans un sale état, mais je n’ai pas le temps de m’en soucier, le sang séchera vite, ce n’est pas une zone a haut risque d’hémorragie. J’ai également quelques coupures au visage. Ça ne m’empêchera pas de conduire, tout ça, et encore moins de gagner cet affrontement. J’ordonne une nouvelle fois au tout jeune garçon se s’accrocher du mieux possible, encore autoritaire, il s’agit d’un cas de force majeure. Lui décide de m’obéir et de prendre son courage à deux mains. Il se recroqueville sur la baquette arrière, décide ainsi de me faire confiance. Je lui envoie un sourire, puis appuie sur le champignon pour déraper et faire un demi-tour rapide, puis m’élancer vers les falaises, en direction de la ferme des montagnes. Je suis assez fou pour espérer mettre ma vie en jeu, en tentant de semer notre poursuivant sur ces routes sinueuses. Au moins, à une heure pareille, on ne risque pas de croiser grand monde. Mes phares éclairent la route, et heureusement pour moi, j’ai déjà assez souvent emprunté ces routes poussiéreuses risquées qui zigzaguent  en direction des montagnes pour les connaitre assez bien. Les dérapages s’enchainent, les freinages sonores dignes de films d’action bien beaufs aussi. Ludwig panique à l’arrière, mais semble tenir bon. Tout comme Helmut qui parvient à nous coller malgré tout. Oh. Je sais de qui je tiens mon aisance au volant, maintenant! Enfin, de toute façon… c’est moi le meilleur. La poursuite continue de plus belle, et les routes se font plus étroites à mesure que nous montons dans les montagnes. Les fossés s’élargissent, prennent de la hauteur. Dans quelques minutes, ils deviendront de véritables crevasses… Dans quelques virages.

Puis, mon cœur s’arrête. Ce virage, je l’ai déjà pris de nombreuses fois. C’est un des plus dangereux de la zone, je le sais mais… Ou est passé la barrière qui m’avait déjà permis d’échapper à la chute?! Bordel, cette rambarde qui m’alertait d’habitude à l’avance du virage, ou est-elle passée, cette conne?! Je freine brusquement, dérape… Merde. Je suis à l’arrêt, et une roue et demi de la bagnole se retrouve dans le vide. Helmut ne va pas hésiter une seconde à appuyer sur le champignon et à m’éjecter de là. Que faire d’autre à part y croire, et accélérer à fond? Je m’exécute, en criant à ma propre voiture comme si elle pouvait m’entendre de bouger son gros cul de ce mauvais pas. Ce n’est qu’un gros fossé, ce ne serait même pas une chute spectaculaire, mais je doute que les tonneaux qui m’attendraient  soient fort plaisants. Et je n’ai aucune envie de crever comme Irina. J’ai promis de vivre! Tu vas bouger espèce de conasse de BMW? Je n’ai pas changé feu ma Mercedes pour une bouse qui ne serait pas capable de me sauver la mise quand je lui demande! La voiture chauffe, vrombit, et les roues rencontrent de nouveau la piste, propulsent le véhicule vers l’avant, me sauvant par la même occasion. Je pousse un cri de victoire, ne pense plus  à rien d’un coup. Jusqu’à ce qu’un bruit de frein spectaculaire retentisse de nouveau. Puis un bruit de choc. Puis un autre. Je sais ce que cela signifie, et me sens troublé malgré tout. Je freine à nouveau et m’arrêter pour de bon. Je n’entends plus d’autre moteur que celui de ma BM'. Je pousse un soupir, plus interrogatif qu’autre chose. Ma respiration s’accélère, comme si j’étais en apnée depuis mon évasion de la villa. Des heures comme des secondes ont pu s’écouler depuis. Après une bonne minute, pendant laquelle je réalise que nous ne sommes plus en danger, j’ose finalement sortir de la voiture, et examiner l’état des lieux. Mes yeux se portent sur la bagnole tombée dans le fossé. J’ai un sentiment intense de déjà vu. Je me sens extrêmement mal à l’aise en me remémorant cet accident qui causa la perte d’Irina. Je n’ai aucune idée de si Helmut est encore en vie ou non. Je ne chercherais pas à savoir. Tout ce que je sais… C’est que j’ai gagné. J’aurais voulu voir son visage de plus près, voir sa frustration et sa colère, mais je devrais me priver cette fois-ci. J’aurais voulu son ongle pour l’ajouter à mes trophées également. Je compose sur un vieux portable retrouvé le numéro des secours, l’autre m’ayant lâché quand Helmut l’avait balancé. Quoi de plus humiliant que d’être sauvé grâce à celui qui vient de nous vaincre? Il n’oubliera jamais cet affront. Je suis assez fou pour le laisser partir en vie. Je regarderais les nouvelles, elles nous diront bien assez tôt si le paternel est encore en vie. Mais je veux qu’il reçoive cette défaite en pleine face, qu’il ne l’oublie jamais, qu’elle soit à jamais gravé sur lui, en lui. Et pour cela, il doit rester vivant, et j'espère bien que cela lui coutera un bras ou une jambe au moins si il vit. Et puis, tout bien réfléchi… Je me suis bien amusé. Cela fait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi vivant. Mon inquiétude revient en revanche quand je vois Ludwig inconscient sur la banquette arrière. On dirait qu’il s’est simplement évanoui, mais il respire, et son corps n’a pas l’air d’avoir pris de choc. Je prends le temps de l’observer, cette fois-ci. C’est vrai qu’il me ressemble un peu. Je ne sais quel genre de personne il deviendra, maintenant qu’il est libre. Je ne sais pas ce que je pourrais faire pour lui. Cela m’effraie au plus au point. Oui, je viens de mettre sa race au PDG de Nagel Inc. qui est aussi mon père, mais j’ai une peur irraisonné à l’idée de devenir grand-frère. Cette peur que j’avais fait taire pendant si longtemps refait finalement surface, prend la place de mes anciennes angoisses disparues.

Pour le moment, je rentre à la ferme de Soltan. Ce dernier débarquera dans 24h environ si tout se passe bien. En entendant le moteur de la voiture s’arrêter à l’extérieur, Riku sort en trombe et court vers moi, se jette à mon cou, les yeux embués. Elle sait que tout est fini, comme je suis là. Je n’entends qu’à peine quand elle s’inquiète à propos de mon oreille et de mon état, m’informe que mes alliés sont revenus avant moi, qu’elle a failli crever d’inquiétude, qu’elle s’est occupée de la blessure de Justin, m’ordonne d’aller soigner mes propres blessures… Pleins d’autres trucs qu’elle déverse sur moi dans un ordre chaotique, et que j’arrive à peine à entraver dans mon état actuel. Je vais chercher Ludwig dans la voiture, pour le porter dans la maison. Riku et Liza restent silencieuses, s’inquiètent sans mot dire alors que je demeure muet.

« Riku, laisses-moi seul, ok? »


Dis-je seulement, calmement, en portant Ludwig dans une des chambres, à l’étage. Ce dernier ouvre les yeux un petit moment et m’observe en silence. Il semble perdu, et je me sens malgré moi profondément touché par son expression. Je suis tout aussi paumé que lui, en ce moment. Je ne détache pas mon regard du sien pour autant, et le laisse s’emparer de ma main, comme pour s’assurer qu’il ne rêve pas. Ses lèvres commencent à bouger, il hésite, cherche ses mots sans y parvenir. Ses yeux se ferment tout seuls, mais le gamin veut résister au sommeil pour me dire quelque chose, j’ai l’impression.

« C’est fini…? »
« Oui, Ludwig, c’est fini. Maintenant, c’est moi qui vais te… te protéger. »
« C’est vrai? »
« …Je… Oui. Je ferais de mon… Je suis ton fr- »


L’émotion me submerge un court instant, et je sens mes yeux s'embuer, mais je m’empêche d’exploser, maintenant que je peux enfin décompresser. C’est trop. Je ne sais si j’arriverais à finir ma phrase. Je vois Ludwig sourire faiblement. Il doit être épuisé mais semble avoir compris l’intention résidant dans mes mots. Sa main serre encore la mienne, et je le vois prendre une expression plus paisible et se laisser happer par le sommeil.

« C'est parce que tu es mon grand frère… hein? »


A ces mots, le jeune blondinet ferme les yeux et s’endort immédiatement. J’attends que sa respiration se fasse régulière avant d’éteindre la lumière, dépose sur lui une couverture et sors finalement de la chambre. Tel un fantôme, je redescends dans le jardin. Là, plusieurs de mes compagnons viennent à moi. Chris les a ramenés après la bataille. Ils portent tous des blessures visibles de ce dernier combat, mais tiennent bon ensembles. Adossé sur le capot de la BMW, je les regarde s’attrouper autour de moi en voyant mon état actuel. Je veux me forcer à sourire, mais je me sens complètement largué. Je ne voulais pas craquer. C’en est trop, je crois. Le contrecoup, le soulagement d’en avoir fini, de me dire que je vais enfin retrouver le sommeil est trop pesant. L'apparition d'Irina souriante à mes côtés est le coup de trop. Je ne résisterais pas plus longtemps.

« Merde… merde. »

Dis-je en portant une main à mon visage, et je commence à chialer comme un con. C’est violent et douloureux, mais cela me soulage énormément. Chris également est revenu du ciel pour se poser à mes côtés, et Justin qui avait pu se faire aider de Riku et Liza pour sa blessure s’approche avec Sophie. Je n’en peux plus, je me sens atrocement fatigué. Mais je ne pourrais dormir, dans mon état actuel. J’ai peur du lendemain, et des nouvelles responsabilités qui vont m’accabler. Est-ce que j’arriverais malgré tout à continuer d’être moi, avec Ludwig à mes côtés, ou devrais-je abandonner ma vie actuelle? C’est bien trop soudain, et je ne pensais pas que cette perspective m’affecterait ainsi. Je ne sais combien de temps je suis resté ainsi, puis mes larmes se tarirent quand l’aube pointa son nez depuis l’arrière des montagnes, illuminant l’ile de sa lumière matinale éclatante. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, mais pour une fois, je vais laisser cet honneur à un autre, et m’autoriser un sommeil réparateur. Les réponses viendront. Du moins, je me permets pour une fois de l’espérer.
Avec Ludwig
Alex shot first /o/


Ayayayaya:
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