« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Quelques débris du passé. (Flash-Back)

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Alexander Nagel
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Pseudonyme(s) : ›› Dio Silvery, Officier Subalterne du Régime (principalement tortionnaire et combattant, ponctuellement homme de main).

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MessageSujet: Quelques débris du passé. (Flash-Back)   Quelques débris du passé. (Flash-Back) EmptyLun 13 Juin 2016 - 0:00

Quelques débris du passé.

Blablabla:

« 'Lex, rends-moi mon crayon! »
« Viens l’chercher-euh!!! »

Nous avons 12 ans. Irina s’est jetée sur moi en essayant de reprendre son stylo, ses mains battant dans le vide. Sur le sol de ma chambre, nous roulons en, piaillant comme deux gamins de 12 ans pas surveillés par leurs parents absents. Au sol, je rigole, heureux que ma jumelle me porte enfin de l'attention. Si je n’étais pas dans mon petit monde, j’aurais remarqué qu’elle ne riait pas vraiment. Qu’elle s’énervait réellement contre le « gamin » que je suis. C’est un simple jeu enfantin, d’un jeune garçon qui n’a pas digéré de voir sa sœur copiner avec un autre être. Avec une de ces puants, que je déteste, « les autres ». Qu’ont-ils de plus?! Irina ne rit pas autant avec moi, elle ne sourit même plus autant.. Pourquoi? Je veux juste la rendre heureuse! Pourquoi ne se réjouit-elle pas quand je m’amuse, quand je frappe les autres, et que je me tourne vers elle, tout sourire, fier comme un chaton qui vient de ramener sa première proie à ses maîtres. J’ai besoin de sa compréhension! Ma jumelle continuait de crier.

« Arrêtes!! T’es chiant! Y’en a marre que tu sois tout le temps comme ça! C’est normal que personne t’aime! »
« J’m’en fiche, d’abbord-euh! »

Avec un « héhéhéhé », je continue mon manège, en faisant passer avec agilité le crayon d’une main à l’autre. Irina soupire, puis se lève, lassée. Mais moi, j’ai encore envie de jouer. Je tire sur son bras pour la ramener vers le sol. Si notre force est plus ou moins équivalente, la jeune fille est entrainée vers le sol sous le coup de la surprise.

« Tu me fais mal! »
« On a pas fini de jouer! »
« J’ai plus envie de jouer Lex, j’ai des devoirs à faire, et toi aussi.. »
« Papa et Maman sont même pas là pour vérifier, toute façon. Et puis, même s'ils étaient là, il s’en ficheraient. »
« D'accord. Moi, je vais faire mes devoirs, et toi, tu vas redoubler. Ce sera tant mieux, on sera plus dans la même classe! Tu arrêteras enfin de gâcher ma vie! »


Je me tais, et ma prise se raffermit sur le poignet de la blanche qui se débat. Je gâche sa vie? C’est pas vrai, je la rend plus.. Je donne du piment à sa vie. Sans moi, sa vie ne serait rien, elle serait monotone. C’est sa faute… C’est elle qui refuse de me comprendre, depuis le début. Elle ne comprend pas que l’enfer, c’est les autres!

« Et toi alors?! C’est ta faute! Tu comprends rien! Peut-être bien que c’est toi, qui gâche ma vie! »
« Va te faire voir! »


Irina se renfrogne, je sens qu’elle s’énerve et que tout ça tourne au vinaigre. Et même si c’est ma jumelle en face se moi, j’ai un sourire mauvais, j’aimais déjà sentir l’atmosphère se tendre dangereusement de la sorte. Et ça arrive, la blanche me repousse avec son bras libre, avec plus de force. Nous nous sommes battus ensembles, évidemment qu’elle sait rosser. Sauf que moi, je joue encore, et elle, qui retenait ses coups pour ne pas me faire de mal, est bientôt submergée par la force involontaire que le mets en me redressant, et en la repoussant, et en prenant le dessus. En mettant toute ma force en m'appuyant sur elle de nouveau, elle tombe vers le mur, le radiateur, en dessous de la fenêtre. Sa tête heurte le métal, elle pousse un cri éploré, et tombe à terre en se tenant le crâne. Puis elle ne bouge plus. Je n’ai à peine le temps de rire, puis je constate l’étendue des dégâts.

« Roh, c’est bon, relèves-toi, on a pas fini! T’es plus forte que ça, normalement! »


Mais elle ne répond pas, ne bouge plus. Je glousse nerveusement, et m’agenouille sur le parquet, en me rapprochant d’elle. Je pose une main sur sa tête, une autre sur son épaule, pour la secouer sans ménagement.

« Iriiiii? »

Elle ne répond pas. Puis, le sens un liquide chaud envahir ma paume. La teinte rouge contraste immédiatement avec la blancheur des cheveux de ma sœur. Je n’ai pas peur du sang. Normalement, je suis fasciné. Mais là, j’ai une brutal moment de recul, non pas en voyant l’hémoglobine couler, mais en constant l’immobilité de ma jumelle tombée au sol, et le fait qu’elle ne se réveille pas quand je l’appelle et la secoue d’avantage. Des tremblements envahissent tout mon corps. Je ne sais pas quoi faire. Je balaye les environs du regard à toute vitesse, compulsivement. Du haut de mes 12 ans, enfant complètement impuissant et paniqué, j’appelle à l’aide dans le vide de l’immense maison. J’appelle nos parents qui sont absents. Je panique totalement, mon cœur s’emballe et pourrait exploser, j’ai l’impression que mes poumons refusent de m’envoyer l'air dont j'ai besoin. Dans un mouvement catastrophé, je me lève, et vais chercher des bandages dans la salle de bain, pour en appliquer un sur la tête de ma sœur. Mais ça saigne encore plus, quand je change sa tête de place. J’ai peur. Elle va pas mourir, quand même! Pas elle, pas Iri!! Je dois encore lui prouver que j’ai raison, que mon monde est le meilleur, le seul ou nous pourrons vivre en paix! Je fais un pansement maladroit, et alors que je tourne la tête vers la porte, en face de celle, ouverte, du bureau de maman. La solution de dernier recours me vient. Toujours paniqué et tremblant, je fonce sur le téléphone fixe et compose le numéro du boulot de Papa. Je n’ai pas le choix, je le déteste, mais, j’ai peur. Et à 12 ans, quand j’avais peur et que j’étais impuissant, mon dernier recours, c’était encore les deux adultes qui m’ont élevé. A mon grand soulagement, il décroche. Ma voix tremble et je parle très vite, et je crois que je pleure aussi un peu.

« P-Papa! Irina est t-tombée! Elle saigne de la tête, elle bouge plus! Je-j-j’ai fait un bandage m-mais ça sert à rien! »
« Quoi?! Bordel, mais qu’est-ce que t’as encore-- »
« E-Elle est blessée! Et elle se r-réveille pas! »
« Si c’est une blague, je vais te démonter! »
« C’est pas une b-blague! »

Je fais que je commence à sangloter semble le convaincre. Helmut marque une pause avant de daigner de nouveau m’adresser la parole. D’une voix pas vraiment plus rassurante, mais posée, il commence à me dire quoi faire.

« Mets-là en PLS. »
« En quoi?! »
« Mon dieu, tu sers à rien… Sors-toi les doigts du cul! »
« M-Mais je… »
« …J’ai vraiment autre chose à foutre, mais je vais t’expliquer. Après, tu appelleras le 112 et tu demanderas une ambulance. »
« Mais si ils pensent que je… »
« Perdons pas de temps, je vais le faire. Fais ce que je te dis pour ta soeur. Moi, j’arrive dans 10 minutes. »


Ça va chier, comme ils disent les adultes. Je fais ce que m’indique le paternel pour mettre ma jumelle en PLS, puis appelle immédiatement l’ambulance qui semble quand même s’alarmer sur mon cas. La suite, je l'attends en tremblotant dans la chambre, assis aux côtés d’Irina encore sur le sol, en serrant fort sa main, le regard dans le vide. Papa arrive à l’heure, presque en même temps que l’ambulance. Il me parle mais je n’entends qu’à peine, sa voix est comme étouffée, lointaine. On monte tous les trois dans l’ambulance, puis je me retrouve dans les couloirs blancs de l’hôpital, avachi sur un banc. Comme d’habitude, sans la présence d’Irina, je ne dis pas un mot. Les gens en blouse défilent. Je déteste les hôpitaux. A une quinzaine de mètres, les parents discutent. Ce n’est pas car je semble totalement ailleurs, obnubilé par la question de comment va Irina, qui se réveillera dans 5 minutes à peine, saine et sauve, que je ne peux pas entendre ce qui se dit.

« Qu’est-ce qu’on va faire, bordel. Ça comment à devenir pénible, là. »
« J’en sais rien. On devrait peut-être lui faire voir un- »
« Un psy? Conneries! »
« Peut-être qu'ont devrait pas être aussi obtus là-dessus. »
« …On peut régler ça nous-mêmes. »
« On peut, oui. Mais il faut trouver une solution. »
« Le problème, c’est quand ils sont ensembles. »


Peut-être est-ce à ce moment là que j’aurais du réagir. Peut-être que ça aurait tout changé. J’aurais du me rebeller, leur hurler que non, ce n’est pas possible. Mais c’est aussi à ce moment-là que le médecin nous a appelle. La quitter à jamais ou être avec elle quand elle se réveille avec un sourire radieux. Le tout sans excuses, jamais. J’avais fait mon choix, bêtement.

« On va les séparer. Ça réglera le problème. »


Qu’ils espéraient, alors.
Flash-Back de la bonne humeur.
Joie et insouciance.
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