Trouble

Sujet: Trouble Dim 26 Jan 2014 - 21:16

TROUBLE

La volière. C’était bien le dernier de mes soucis après l’attaque du Régime. Les travaux avançaient, un peu à reculons, certainement. Je m’inquiétais, tout comme mes employés. Et toujours, de la pression de Maxwell et de la Résistance pour faire au plus vite. Le mur de béton avait été finalement érigé autour de mon terrain, mais malgré tout, je ne m’y sentais pas en sécurité comme je l’aurais dû. J’y pensais souvent, je pensais à Solène, à notre bébé qu’elle portait en elle et à qui elle ne faisait pas attention. À courir tous les dangers au nom de la justice. Si je lui en voulais? Oh oui. Beaucoup. Mais je savais que si j’osais ouvrir la bouche, j’aurais droit à un «Nah mais quand j’avais Crystal je faisais la même chose et blablabla.» à la con et putain je m’en contre-fichais. Maintenant, j’étais là, maintenant elle n’avait plus à tout faire toute seule, mais non, mais non, mais non, allez résonnez une Weber, allez essayer vraiment, je vous paierez s’il le faut. Je rageais, me tuant au travail pour compenser le ralentissement des autres, pour évacuer ma colère envers elle, envers le Régime qui réduisait à néant toutes mes chances d’aspirer à une vie en famille normale. Parce que dans tous les mondes où ils se trouvaient au pouvoir, ma chère et tendre moitié continuerait à prendre des risques.

Donc je travaillais sur cette putain de volière, en compagnie de Venetrio qui s’impatientait à la voir se terminer. Ce projet, c’était celui de Stella et le tien. Tous deux ensemble avaient insisté à le voir se réaliser, car ils souhaitaient accueillir de leurs semblables volants, pour mieux s’allier à ma spécialité, les Pokémon voyageurs. Ce n’était pas mon idée principale au départ, mais pour leur faire plaisir, mais surtout pour faire fermer la gueule au Doduo, j’étais ici à travailler sur sa maison plutôt que la mienne qui prenait du retard sur tout le reste sur mon terrain. Au moins, la chambre de Crystal était terminée et je pouvais accueillir ma fille comme la petite princesse qu’elle était à mes yeux. Surtout, aujourd’hui j’avais envie de bosser un peu dans la chambre de notre bébé, mais non, mais non, le monde entier me faisait chier aujourd’hui, n’est-ce pas? Je me cognais le doigt pour une énième fois, trop distrait pour vraiment me concentrer adéquatement… Attirant au passage l’attention de Venetrio qui se mit à crier de ses deux têtes.

«Tais-toi putain d’oiseau, tu n’vois pas que j’ai mal?»

Ce fut la phrase de trop. Le Doduo s’hissa sur moi, me renversant au passage, atterrissant sur ma poitrine en s’agrippant à ma peau avec ses petites griffes acérées. Je grognai, me débattit et hurlai à mon tour.

«Nah mais tu veux quoi à la fin hein? Laisse-moi tranquille!»

Je l’adorais. J’étais excédé. Fatigué. Blessé et inquiet. C’en était trop pour moi, c’en était trop. Mais lui, il ne cillait pas, me scrutant de son regard sombre, jetant une fois de temps en temps un glapissement agressif. Mais moi, je pestais toujours. Je ne comprenais pas. Au-dessus de nos têtes, Stella effectuait de grands cercles, un peu alarmée par nos attitudes respectives. Mais un regard échangé avec l’oiseau et elle se retirait. Alors, Venetrio se mit à illuminer. Son emprise sur ma poitrine se raffermit et son poids se fit plus ferme. Apparu alors un oiseau magnifique, aux longues jambes musclées et aux trois becs acérés, surmontés de yeux déterminés. Un Dodrio! Plus beau que dans mes rêves les plus fous, penché sur moi dans une tentative de faire passe un message que je ne sus pas interpréter tout de suite. La colère avait déserté son regard, mais il continuait à pousser. Alors je compris. Il me disait «Ça suffit.». J’avais encore une Pension à monter, des rêves à accomplir. La réponse du passer dans mon regard car les trois têtes hochèrent en même temps, avant de se retirer. Je me levais, encore un peu secoué. Avant de sauter sur place en jetant un cri de fou furieux.

«STELLA VIENS VOIR COMMENT VENETRIO EST BEAU!»

J’avais accompli un rêve d’enfance. Je crois que ce fut bref, mais un sourire se dessina dans un des visages du Dodrio.

(c)Golden