Quand on aime..


Tenons Marina Green. Négociation 15 heures, plan ci-joint. Si vous voulez la revoir en vie, venez seule.

Tendue, inquiète, elle était effectivement venue seule sans prévenir personne, pas même Logan qui malgré son avis, était venu de Vanawi juste pour la protéger après qu'on ait tenté de la tuer. Abandonnant sans réfléchir le papier griffonné à la hâte de ces quelques mots, elle avait pris le plan, courut dehors, sans rien dire à qui que ce soit, espérant ne pas être vue. Marchant désormais d'un pas vif dans les rues pour ne pas être en retard, le cœur battant, serrant les pans de sa veste contre elle en priant pour que les seringues cachées dans le vêtement passent inaperçues ; seule Hermione était à ses côtés, seule elle avait suivi croyait-elle, mais après tout ils n'avaient pas précisé aucun pokémon, il suffirait que sa meilleure amie se tienne tranquille hein? Pourtant au final, ce n'était pas la seule à venir, car prudemment Regulus suivait à distance, à son insu le plus total, sans la prévenir tout comme elle n'avait osé prévenir personne. Car elle ne voulait pas contrarier le ravisseur, car elle voulait libérer la captive, elle obéissait docilement. Elle aurait pu parier que la personne lui ayant écrit cette missive, était également celui qui avait tenté de la tuer.. Mais elle n'avait tout de même emporté que Hermione, du moins pensait-elle ; de toute façon la Majaspic ne l'aurait pas laissée partir seule. Kimy ne craignait pas de mourir, du moins elle ne le craignait plus ; bien plus effrayée à l'idée de perdre Marina que sa propre vie. Elle ignorait qu'aussi vite qu'elle se dépêche, elle arriverait trop tard, pourtant elle aurait dû s'en douter. Elle aurait dû. Mais elle préférait ne pas voir ce qui était une évidence.

Le silence régnait dans l'entrepôt désert, lorsqu'elle arriva à la porte à 15 heures précises. Tremblante. Son cœur de plus en plus vif. Elle n'osait imaginer le pire, & pourtant le craignait terriblement. Que deviendrait-elle?.. Préférant ne pas y penser, elle posa ses deux mains sur la grande porte close, tâchant d'apaiser un petit peu ses tremblements devenus violents, fermant les yeux un instant pour se donner du courage.. Puis elle poussa le battement doucement, sursautant légèrement au grincement des gonds. Un pas, deux pas prudents & mesurés à l'intérieur, s'accoutumant doucement à l'obscurité.. Puis la vérité lui parvint, en même temps qu'un murmure faible de cette voix si chère & si bien connue. Ses yeux enfin accoutumés discernèrent la silhouette effondrée à même le sol sale de l'entrepôt, qui levait son regard chocolaté vers elle en soufflant son prénom entier, ce prénom qu'elle était parmi les rares à pouvoir prononcer. Marina.. Kimy sut tout de suite qu'il y avait un problème. Trop de désespoir dans les yeux de la si forte & implacable jeune femme. D'abord figée, elle réagit lorsque le souffle faible l'appela une seconde fois, se précipitant vers la captive qui ne souffrait pourtant d'aucun liens pour la retenir. Il n'y en avait pas besoin.. La plaie sanglante sur son flanc, suffisait à la tenir tranquille en un point fixe. La terreur vint étreindre son cœur lorsque, se jetant à genoux près de la jeune femme pour lui prendre la main, elle remarqua tout ce sang.

- Marina!
- K.. Kim..
- Chhh.. Ça va aller Mary, t'agite pas.. J'vais t'sortir de là..

Sa voix était de plus en plus faible. & personne d'autre en vue?.. Glissant doucement sa main libre dans les cheveux châtains de la blessés, moins soyeux qu'à l'accoutumée, dans une tentative vaine tant d'apaiser la jeune femme que de se rassurer elle-même. Un fin sourire épuisé mais heureux s'esquissa sur le joli visage angélique, un sourire désabusé, serrant la main de l'empoisonneuse avec une force presque désespérée. Elle n'était pas aussi optimiste.

- Oui ça.. Ça ira Kimyann.. Sois forte, hein? Pour moi..

Une larme, solitaire, glissa sur la joue de la jeune femme. Sa respiration saccadée se faisait plus difficile à chaque instant. Son sourire s'étira alors que dans un ultime effort, elle levait sa main qui jusque là tentait vainement de contenir l'hémorragie vers le visage de l'empoisonneuse, pour effleurer doucement sa joue dans un geste tendre. Puis son bras retomba, finalement, si lentement, si lentement.. C'était probablement l'imagination de la Junko qui rendrait cette chute si lente. Elle s'affola soudainement, sa main qui caressait les cheveux châtains se porta à la plaie de la blessée pour tenter à son tour de retenir le sang ne coulant déjà presque plus. Sa voix partait dans les aigus soudainement, alors qu'elle appelait celle dont le regard était désormais vide, éteint. Tentait de la sauver, encore.

- Marina.. Marina! Réveille-toi, parle-moi j't'en supplie.. Marina, me laisse pas, me laisse pas..

Mais elle savait, n'est-ce pas? Elle savait que c'était inutile. Que ce regard ne s'animerait plus jamais, que ce frêle sourire esquissé en la voyant serait éternel. Sa belle, sa douce Marina n'était plus. Les larmes, silencieuses & tranchantes, inondaient son visage pâle alors que, la gorge trop nouée pour parler encore, elle serrait simplement le corps inerte contre elle, renonçant enfin à tenter de la ramener. Même pas elle ne réagit, quand une arme se posa soudain contre ses cheveux, quand elle entendit le cliquetis du cran de sûreté désengagé. Même pas elle sursauta en entendant la voix basse & glaciale.

- Pas de gestes brusques.

Enfin, le ravisseur se manifestait. Mais qu'en avait-elle à faire, après tout? C'était trop tard. Trop tard! Elle n'avait pas pu, elle avait.. Seul l'appel désespéré d'Hermione, à quelques pas d'elle, tenue en respect par un grand Limaspeed, lui arracha une vague réaction. Tout doucement, obéissant de nouveau à une injonction du ravisseur, elle tourna vers lui un visage ravagé par les pleurs & la colère à la fois. Un résistant, elle en aurait mis sa main à couper. D'autant qu'elle était sûre désormais, d'avoir déjà vu ce visage & ce costume quelque part, & non pas seulement ces yeux bruns qu'elle avait entraperçus avant qu'une étagère bascule vers elle. Sa voix tremblait, lorsque les mots accusateurs, lui échappèrent enfin.

- Elle était de votre côté.. Elle.. Elle se battait pour la Résistance..
- Je sais.

Incompréhension. Son expression se figea d'incrédulité, en fixant l'homme qui lui répondait avec un flegme glacial. Il savait.. & il l'avait tuée. Il se délectait même de son savoir, & de ce que provoquait la mort de la jeune femme sur la biochimiste. Où était leur sollicitude, leur ambition d'égalité? Des mots. Des mots futiles!