Bien matinal

Feat Telemaque D. Enat

Faust n'était pas particulièrement du matin, il faut l'avouer. C'était plutôt un oiseau de nuit qui ne voyait aucun inconvénient à aller s'endormir à quatre heures du matin, en fait. En résumé, il était assez inhabituel pour lui de se lever à une heure pareille. Pour dire toute la vérité, il l'avait fait pour pouvoir partir en fin de journée vers le nord de l'île, pour pouvoir explorer les environs. Il allait finir par devenir fou si il n'allait pas voir un peu du paysage.
Il avait décidé de passer à Vanawi pour y faire un tour, par simple nostalgie. Lui qui avait quitté sa ville natale il y a maintenant quatre ans ne pouvait pas s'empêcher d'y faire un tour de temps en temps, lorsque les gens étaient encore bien dissimulés sous leurs couettes ou en train de se préparer pour la journée à venir. Il préférait ne pas venir en journée, vraiment : le risque de croiser son jumeau, sa mère ou même l'un de ses petits frères était trop gros. Avec Dalhia, la Démolosse, à ses côtés, il se promenait tranquillement dans les rues de la ville, sans faire trop attention au paysage qui l'entourait.

Aujourd'hui promettait d'être une journée paisible, ou en tout cas le croyait-il. Le conseiller sifflota un air d'une chanson quelconque qu'il avait sûrement dû entendre quelque part, et avança sans faire attention au monde qui l'entourait. Quelques commerçant bien courageux commençaient à préparer leurs étalages et l'ouverture de leurs commerces, et le jeune homme les respectait énormément. Sincèrement, il n'aimait pas le matin. Pour preuve, ses cheveux déjà normalement ébouriffés l'étaient encore plus aujourd'hui, aussi improbable que cela paraisse. Il baillait de temps à autre ? Faust, avec ses béquilles, avançait certes un peu plus lentement que la normale, mais ce n'était qu'un petit détail.
Soudainement, avant même qu'il n'ait pu faire quelque chose, il vit une main fendre l'air au dessus de sa tête. Légèrement surpris, il sursauta et, à cause des béquilles, tomba sur ses fesses d'une façon tout à fait digne. Il poussa un juron très coloré et se mordit la lèvre inférieure pour ne pas crier. Aouch. Ça fait mal, de se ramasser à terre lorsqu'on avait un tibia cassé. Très mal.

« Oh bordel à métamorph... » grommela-t-il au sol en tentant de se relever.

Toutefois, ce fut le grognement soudain de Dalhia qui attira son regard. La Démolosse paraissait être sur le point de dévorer l'inconnu qui avait causé sa chute, et Faust savait que s'il ne la stoppait pas, il se retrouverait avec un massacre sur les mains.
Ce qui n'aurait pas été idéal pour commencer sa journée, il fallait l'avouer.

« Dalhia, arrête. » ordonna-t-il d'un ton ferme.

La Démolosse parut vouloir protester, mais le regard strict de son maître la poussa à lui obéir, malgré l'envie pressante qui la prenait de transformer en lambeaux le responsable de la chute du conseiller. Il se débrouilla, non sans peine et avec difficulté, à se relever seul, bien qu'il faillit se ramasser plusieurs fois. Après avoir réussi à se mettre debout, il pu enfin observer l'inconnu.
Déjà, il paraissait plus jeune que lui, même s'il devait faire dix centimètres de plus (en même temps, Faust était un nain, donc son avis ne comptait pas). Faust supposa qu'il devait y avoir une explication rationnelle au fait qu'un inconnu tente de le frapper à une telle heure. Il espérait, du moins, et là était toute la différence.

« Sympa, comme façon de dire bonjour. Je peux savoir ce qui me vaut cet accueil ? » dit-il d'un ton amusé.

Pourquoi ne criait-il pas au meurtre et ne tentait-il pas de lui rendre le coup qui n'était pas arrivé, de toute façon ?
Parce que c'était Faust. C'est tout.

Bien matinal

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Faust observa son interlocuteur en silence, les sourcils légèrement relevés dans une moue moqueuse et insolente. Il fit un signe de main à Dalhia pour l'empêcher de sauter sur le jeune homme et de lui arracher violemment le visage. Vraiment, l'inconnu lui faisait étrangement penser à lui-même alors qu'il était encore un adolescent, courant dans les rues étroites et bondées de Vanawi, son jumeau sur ses traces.  Il se souvint de coups de poings et de pieds qui fusaient de droite à gauche, de graffitis sur les murs, de farces vicieuses qui n'étaient toutefois pas dangereuses, de disputes avec ses parents qui n'en finissaient plus... Tant de souvenirs. Pour cela, la colère qu'il aurait dû ressentir ne naquit pas et il ne put qu'observer le cadet avec une sorte d'amusement. Pas de la pitié, mais un genre de 'continue à parler, tu t'enfonces mais c'est pas de ta faute'. Il attendit qu'il eut fini de déblatérer avant de se mettre à parler de lui-même.
Bon, il devait mettre un point au clair ici.

« Premièrement, si il y a un gamin ici... » commença-t-il en gloussant légèrement.

Un rictus moqueur étira ses lèvres. Il planta ses yeux dans ceux de son interlocuteur pour être sûr d'avoir son entière attention.  Dalhia, à ses côtés, observait l'échange avec attention, prêt à défendre son maître au moindre signe d'aggression. Faust, de son côté, ne s'inquiétait pas tellement que ça. Il suffisait qu'il calme le jeu, ou au moins qu'il lui fasse préférer les insultes aux coups. Il aimait bien les joutes verbales, d'un côté.
Il se sentait comme un adolescent à nouveau.

« J'ai vingt-trois ans. Surprise ! » déclara-t-il avec un grand sourire ironique.

Le sourire moqueur de Faust aurait pu sortir de son visage. Le châtain s'amusa à observer chaque petite réaction sur le visage de l'inconnu, profondément intéressé par ce qu'il allait montrer une fois cette information comprise.
Comment ça, Faust jouait avec le feu ? Bon, d'accord, il s'amusait peut-être un peu trop et cela finirait forcément par lui retomber sur le bout du nez, mais le sujet n'était pas là.

« Deuxièmement, et selon ta théorie, si j'avais vraiment envie de te faire les poches, je ne m'embêterais pas à me balader en béquilles. Trop de bruit. » expliqua-t-il, portant toujours le même sourire de petite saleté sur le visage.

Il poussa un soupir exaspéré.  Vraiment, il n'aimait pas parler autant, mais il avait tendance à s'emporter. Et puis, d'une certaine façon, il ressentait une sorte de plaisir malsain à casser la théorie farfelue que s'était fait le jeune homme sur lui. Rien de tel pour bien commencer un matin, ou en tout cas pour Faust. Qui n'était pas très normal, vraiment.

« Et faire semblant d'être blessé, vraiment ? Les médecins ne font pas des plâtres pour mon beau sourire, tu sais. » dit-il d'un ton sarcastique, légèrement vexé.

En effet, le fait qu'il était handicapé depuis maintenant presque un mois le frustrait légèrement, et ainsi, ce qu'avait dit l'inconnu avait mis du sel sur la fierté blessée du conseiller. Ainsi, Pour signifier cela, il bougea légèrement sa jambe blessée. Le plâtre était solidement attaché à sa jambe, l'empêchant donc de l'enlever comme une vieille chaussette sale.

« Pour terminer, si j'avais vraiment voulu te voler, j'aurais déjà ordonné à Dalhia de t'immobiliser, ou j'aurais utilisé les spores de mon Papilusion pour te paralyser. Certes, je n'aurais pas été discret, mais je ne fais que suivre ta logique. De plus, bon courage pour courir avec un plâtre. »

Un sourire moqueur étira à nouveau son visage.

« Ais-je besoin d'en dire plus, ou est-ce que cela te suffit, gamin ? »

Bien matinal


(pas trop en fait)
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Faust éclata de rire. Non, vraiment. Pas juste un gloussement amusé et un petit ricanement, mais un véritable éclat de rire bien franc et fort. Vraiment, cette conversation en était ridicule. Toute cette situation était ridicule. Toute cette journée était ridicule. Il se dit qu'il n'aurait vraiment pas dû se lever ce matin, sincèrement. Il aurait dû rester caché au fond de sa couette, comme Isaac le lui avait conseillé. Il aurait dû faire confiance à Dalhia lorsque celle-ci lui avait intimé de ne pas sortir, n'aurait pas dû demander à la Gardevoir de son colocataire de l'emmener à Vanawi parce qu'il s'ennuyait. Au final, il se retrouvait dans une situation bien plus épineuse et compliquée. Bon sang, il était dans une sacrée merde.
Même des tonnes et des tonnes de crottin de Moufflair n’amèneraient pas une telle puanteur.
Une fois que son rire fut calmé et qu'il eut repris une respiration normale, il fixa le jeune homme avec une moue mêlant pitié et moquerie, comme s'il venait d'entendre un enfant parler de quelque chose dont il ne comprenait rien. Comment ça, il était un peu arrogant ? De toute façon, on ne pouvait pas faire disparaître tout ses mauvais défauts en quelques années.

« Désolé, mais ma vie privé me regarde, tu ne crois pas ? Et ce qu'il y a dans mon caleçon aussi, par la même occasion. » dit-il, les sourcils légèrement haussés et un rictus amusé sur son visage.

Un peu sur la défensive, n'est-ce pas ? Avouer qu'il s'était brisé le tibia durant une opération de la résistance contre le Bloc R aurait été légèrement suicidaire, et Faust tenait encore à la vie. Il aurait pu inventer un mensonge rapide, mais il n'avait pas la tête à mentir à six heures du matin. Là, à l'instant, ce qu'il voulait, c'était résoudre cette histoire, même s'il se doutait que cela ne risquait pas d'arriver comme ça, par magie. Vu la façon dont son interlocuteur se comportait, il était dans un sacré nœud.

« Et sinon, tu compenses pour quelque chose à crier autant ?»

Okay, Faust, calme-toi un peu, veux-tu ? Ça va, on a compris que tu n'aimes pas que l'on te vanne sur ton âge, mais il faudrait peut-être que tu te calmes un peu. Arhem. Pardon. La narratrice va reprendre sa place.
En vérité, Faust était plus exaspéré, à l'instant. L'amusement était toujours présent, mais il s'était transformé en une sorte de pitié mélangé à un certain agacement. Il se demandait ce que voulait dire ce que l'inconnu lui disait, et ses sourcils froncés ainsi que l'étincelle de confusion dans ses yeux montraient à quel point il était perdu. C'est-à-dire beaucoup.
Sérieusement, c'était mal parti.

« D'ailleurs... » commença-t-il, se rappelant de ce que l'inconnu venait de dire.

S'il avait bien entendu, alors il pouvait commencer à comprendre. S'il avait raison, alors il y avait peut-être une façon de résoudre tout cela sans que l'un des deux ne meure brutalement. Dalhia, elle, observait en silence, prête à bondir au moindre signe de son maître. Qui n'arriverait pas, de toute façon, mais elle osait toujours espérer.

« Mais de quoi tu parles ? Si je t'avais suivi, tu m'aurais entendu. Le bruit des béquilles, ça ne passe pas inaperçu. Et en plus, c'est toi qui m'a sauté dessus. Que je sache, j'ai encore le droit de marcher où je veux, non ? »

Dorénavant, toute l'acidité dans sa voix avait disparu, remplacée par de l'incompréhension et une confusion totale.

Bien matinal

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O-okay. What the fuck. Ittai nani. Scheiße.
Faust commençait, dans son esprit, à réciter toutes les différentes façons d'exprimer sa (légère) surprise et son incompréhension de la situation (uniquement dans les langues ou il avait un peu de maîtrise). Il était un peu perdu, il faut le dire. Une minute avant, il était en train de se disputer avec un inconnu pour des raisons qui particulièrement futiles, et là, il se retrouvait à être porté comme une mariée par ledit inconnu. Qui au passage était plus jeune que lui. Parlez d'une humiliation. Il ne rougissait pas, ayant passé depuis longtemps l'époque où il était un adolescent, et sachant qu'Isaac n'hésitait pas à le porter de temps en temps, c'était presque habituel pour lui. Ou du moins c'était ce qu'il se disait.
Sauf que bon. Comprenez-le, ce n'était pas commun de se retrouver dans cette situation après ce qui était arrivé avant. Il était quelque peu mortifié et gêné, ça, on ne pouvait pas le nier. S'il avait pu disparaître, Faust l'aurait fait sans hésitation.
Malheureusement, Faust n'était pas un Zoroark, malgré le fait qu'il l'avait souvent souhaité en étant enfant, et il ne pouvait pas se transformer en un tout autre être pour s'enfuir. Quel rapport ? Aucun.

« Uhm... Je veux pas casser ta volonté de t'excuser mais... »

Il eut un petit rire jaune qui fut accompagné d'un sourire bancal qui traduisaient un peu tout ce qu'il pensait à l'instant. Il ne savait pas exactement quoi faire, pour dire toute la vérité, et là il se demandait s'il n'était pas un tout petit peu dans une situation qui le dépassait. Au moins un peu.

« En fait, je me promenais, c'est tout. Je ne savais pas quoi faire, alors j'ai décidé de faire un tour à Vanawi. »

Il ne mentait pas. Son dernier roman n'avançait pas d'un poil et le nombre de challengers qu'il recevait était inexistant. De plus, avec l'état de sa jambe, il peinait à trouver quelque chose qu'il pouvait faire sans sa blesser. Autant dire qu'il s'ennuyait horriblement, et que pour Faust, l'ennui pouvait amener à la folie, et potentiellement au meurtre. D'une façon ou d'une autre.
Le conseiller détourna légèrement le regard (du moins autant que sa position le permettait) vers la Démolosse, qui grognait maintenant assez fort pour réveiller tout le quartier. Le châtain soupira, exaspéré mais compréhensif envers la chienne démoniaque. Il passa une main sur son visage, exaspéré.

« Dalhia, arrête de grogner pour l'amour d'Arceus ! » grommela-t-il d'un ton acide.

Après cette exclamation, il se racla la gorge, décidant qu'il allait devoir trouver un moyen de se dépêtrer de cette conversation qui, au final, se retrouvait dans une impasse, ou du moins pour lui.
Parce que bon. A ce rythme-là, ils y étaient encore dans deux ou trois heures.

« J'avais l'intention d'aller vers le nord de l'île en fait, ou vers le volcan pour capturer un ou deux pokémon. Et m'entraîner un peu aussi, par la même occasion. Donc, euh... »

Il eut un nouveau sourire bancal, ne sachant pas quoi faire. Il était paumé.
Très paumé.
Assez paumé pour se demander s'il n'avait pas bu, d'une façon ou d'une autre.

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Faust fut quelque peu interloqué et profondément confus, mais n'objecta pas plus que cela. Comprenez, son cerveau était quelque peu lent à répondre en cette heure matinale et il ne valait mieux pas trop lui en demander. Les cellules de son cerveau ne pouvaient pas se concentrer sur deux choses à la fois, et très sincèrement, il avait abandonné l'idée de tenter de comprendre ce qui était en train de se passer, ce qui était probablement bien mieux pour tout le monde.
Dalhia les suivait sans bouger, observant le dénommé 'Tété' (bien que Faust supposait, ou du moins espérait qu'il s'agissait d'un surnom) alors qu'il portait le conseiller jusqu'à la sortie de la ville. La Démolosse, habituée à se déplacer dans les recoins et les rues de Vanawi, n'eut pas de mal à avancer sans y perdre.
Faust ne fit pas attention aux regards intrigués des passants. Bah. Il avait d'autres chats à fouetter. L'avis de quelques personnes passait au dessus de sa tête, très sincèrement. Il avait eu le temps de grandir et de ne plus donner d'importance à que les autres pensaient de lui.
Toutefois, une fois qu'ils furent arrivés devant la sortie de la ville, Faust ne put s'empêcher de faire remarquer quelque chose. Surpris ?
Cette question était rhétorique, au passage.

« J'admire ton enthousiasme, mais la montagne est au nord. Il te faudrait près de huit heures en marchant pour y arriver, alors en me portant, je te laisse imaginer. » dit-il d'une voix amusée.

En effet, Vanawi étant à l'est et les montagnes au nord, le calcul était assez simple à faire. Il supposa que le jeune homme, tant perdu dans son désir de se faire pardonner, n'avait pas réfléchi à cela. Il avait fait la même erreur, lorsqu'il était parti en voyage pour la première fois il y a cinq ans. Il se souvenait s'être dit que, de toute façon, le chemin ne serait pas si long et qu'il finirait bien par s'en sortir. Pour l’anecdote, il passa les quatre jours d'après dehors, la nuit. Dorénavant, il réfléchissait un peu plus à ce qu'il faisait avant de bouger.
Un peu ne signifiant pas totalement, soyons clair.
Il parut se rappeler soudainement d'une des premières règles de politesse, et aussi qu'il fallait qu'il réponde à la question posée par son interlocuteur. Un détail attira son attention.

« Ah, sinon, je m’appelle Faust.  Et on va dire que je prends mon année sabbatique, en un sens. »

D'accord, ce n'est pas bien de mentir, mais Faust ne parlait jamais de son job, pour la simple et bonne raison qu'il n'en avait pas envie.
Déjà, en tant que romancier... Il ne préférait pas que l'on associe son nom aux torchons qu'il pouvait écrire. Et son identité de conseiller était gardée secrète, même si ses cheveux le trahissaient quelque peu. En combat officiel, il portait toujours un masque et des lentilles couleurs, donc il supposait qu'il devait toujours y avoir un doute, et il pouvait facilement s'en sortir en prétextant une ressemblance quelconque.
Il préférait ne pas donner cette information. Et puis d'un côté, on pouvait considérer qu'il disait la vérité. Si on l'étirait énormément. Faust passait son temps à tordre la vérité, après tout.

« D'un autre côté... Le volcan est à deux heures de marche, mais... »

Il jeta un coup d’œil au cadet, qui paraissait fatiguer à force de le porter. En même temps, Faust faisait tout de même cinquante-sept kilos. Un peu près. Il ne montait pas souvent sur sa balance.
Ou alors il le faisait pour calculer le nombre de kilos de chocolats qu'il pourrait gagner en participant à un de ces concours où l'on pouvait gagner son poids en kilos de friandises.
Priorités, voyez-vous.
Comment ça, on s'éloigne du sujet ?

« Je ne pense pas que tu tiendras jusque là. Par contre, j'ai une idée. » fit-il remarquer d'un ton dénué de moquerie, mais plein d'amusement.

Il prit dans sa main droite une orbe bicolore et appuya sur le bouton central. Un Arcanin en pleine forme émergea d'un faisceau rouge, avant de pousser un petit bruit de joie en voyant qu'il était à l'heure libre. Le chien de feu étira ses muscles avant de cligner des yeux, interloqué par la présence de 'Tété' (il allait vraiment devoir lui demander son nom complet) ici. Arthur s'approcha de l'inconnu et le renifla. Faust rappela Démolosse, et lui jeta un regard significatif alors que celle-ci, sachant ce qui allait arriver, lui lançait un regard noir.

« Désolé, ma belle. » dit-elle alors qu'elle disparaissait dans sa pokéball.

L'Arcanin attendait patiemment, curieux. Il observait celui qui portait Faust avec beaucoup d'attention.
Il décida qu'il devait peut-être une explication au cadet. Au moins un semblant d'explication aurait été sympa.

« Il pourra me porter. Il en a l'habitude, mais... » expliqua-t-il avant de s'arrêter.

Un sourire amusé étira ses traits.

« Et si tu m'accompagnais ? Ça serait l'occasion pour toi de pouvoir capturer un pokémon, non ? » Proposa-t-il.

Il n'y avait pas vraiment réfléchi, pour dire toute la vérité. Il lui proposait cela parce que, après tout, ce serait une occasion de se faire un ami et il avait toujours voulu aller capturer un pokémon feu de plus pour son équipe.
Disons-le, il avait un faible pour les pokémon de type feu. S'il ne s'était pas spécialisé dans le type ténèbres, il est probable qu'il aurait choisi le type feu.

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Faust ne bougea pas d'un poil lorsqu'il fut posé à terre, priant que pour que 'Tété' ne fasse pas de geste brusque, ce qui l'amènerait donc à se ramasser, et par conséquent et ça faire très mal. Il se contenta d'observer l'adolescent paniquer, partagé entre amusement, pitié et une sorte de nostalgie. Il aurait peut-être dû le calmer lorsqu'il avait commencé son monologue, mais disons que cela l'amusait assez pour qu'il le laisse débiter ce flot de paroles plutôt impressionnant. Un poil sadique, Faust ? Carrément. Et pas qu'un peu, mais c'était un tout autre sujet.
Une fois qu'il eut fini, le châtain haussa les sourcils et offrit au cadet un rictus amusé.

« Calme-toi, ton cerveau va surchauffer. » dit-il d'un ton légèrement moqueur.

Il n'y avait pas de méchanceté dans sa voix, mais il se sentait d'humeur taquine. Sachant pertinemment qu'il allait devoir faire un peu plus que ça pour calmer l'adolescent au tempérament enflammé, d'après ce qu'il avait vu, il décida de parler avant que l'autre ne le fasse.
Le châtain, assis sur le sol glacé, passa sa main sur la tête de l'Arcanin qui attendait patiemment à ses côtés. Depuis son évolution, Arthur s'était considérablement assagi, et il supposait que le fait qu'il venait juste d'être réveillé expliquait sa gentillesse.

« Ne panique pas. Si je t'invite à venir, c'est que j'ai une idée derrière la tête. Dis-moi, il y a un magasin dans le coin ? Ça ne prendra que cinq minutes de t'acheter quelques pokéballs.  » expliqua-t-il d'un ton désinvolte.

Faust avait la mauvaise habitude d'être sympa avec tout le monde. Cela finissait toujours par finir mal pour lui, mais ça, c'était une toute autre histoire qui ne méritait pas considération. Bon, par contre, si l'autre refusait ce qu'il lui proposerait, ils se retrouveraient dans une impasse.

« Alors, tu viens ou non ? Ça serait bête de partir trop tard, les pokémon sortent bien plus souvent le matin. »

Ces petites créatures n'étaient pas bêtes du tout. Pourquoi sortir en pleine journée lorsque les dresseurs pullulaient alors que la matin, seuls quelques courageux osaient traverser les environs du volcan ? Faust avait pris l'habitude d'effectuer ses petites sorties de capture le matin, bien qu'il était toutefois plus paresseux depuis qu'il était devenu conseiller.
Au moins, il aurait une histoire à raconter à Isaac ce soir lorsqu'il serait rentré. Certes, celui-ci lui passerait sûrement un sacré savon pour s'être aventuré au volcan alors qu'il était en béquilles et qu'il portait un plâtre, mais peu importe. Il n'avait jamais été très doué pour obéir aux conseils des autres.

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Faust, durant l'échange entre l'inconnue et l'adolescent, resta silencieux et garda ses sourcils haussés. Il pencha légèrement sa tête sur le côté, un peu perdu. L'Arcanin à ses côtés paraissait vouloir grogner, mais un regard significatif de son dresseur le poussa à se taire. Il observa sans prononcer un seul mot, jetant de temps à autre des coups d’œil aux alentours. Il écouta la conversation de loin, par curiosité, mais n'arriva à en tirer que des extraits qui, sans le contexte, ne voulaient pas dire grand chose. Ce ne fut que lorsqu'elle disparut en laissant derrière elle un adolescent perdu que Faust se permit de parler, pour répondre au passage à la question que l'autre venait de lui poser.

« Nope. Désolé, mais je l'ai jamais vu. » dit-il en gardant ses yeux sur le jeune homme.

Il se releva difficilement avec l'aide de son Arcanin, et s'avança vers l'adolescent. Il poussa un petit sifflement admiratif en voyant le paquet que celui-ci avait reçu. En effet, c'était un sacré paquet. Hé bien, au moins, avec ça, il était persuadé que l'autre participerait d'une façon ou d'une autre à la compétition. Avec un peu de chance et de talent, il se retrouverait peut-être contre lui en quart de finale. Encore une raison de plus pour garder son petit job secret pour le moment. Non pas qu'il aimait mentir, mais il préférait que l'adolescent ne soit pas au courant de cela.
Premièrement, il n'aimait pas que l'on se souvienne de lui comme d'un conseiller, et deuxièmement, la tête que l'autre ferait lorsqu'il découvrirait la vérité promettait d'être magnifique. On ne peut pas vraiment lui en vouloir.
Oh, d'accord, on peut. Mais qui en a quelque chose à faire, sincèrement ?

« En effet ; pas mal, le cadeau ! La quatrième pokéball, enfin, la violette... Elle est particulière. Avec ça, tu peux capturer n'importe quel pokémon à coup sûr. Ça doit coûter aussi cher que deux ou trois mois de salaire... »

Et il disait ça en étant conseiller. C'est-à-dire que son salaire était assez important, et que quand il disait ça, il le pensait réellement. Ce n'était pas rien du tout, loin de là, et il ne put qu'être un peu interloqué. Ce n'était pas tous les jours que l'on assistait à ce genre de chose.

« T'as une idée de l'identité de ton bienfaiteur ? » Demanda-t-il sans vraiment attendre de réponse.

Il se retourna vers l'Arcanin. Celui-ci attendit les ordres avec impatience.

« Arthur, tu veux bien nous emmener jusqu'au volcan ? »

Le chien de feu acquiesça et un sourire étira les lèvres du châtain. Celui-ci se rapprocha d'Arthur. L'Arcanin s'accroupit au maximum et laissa son maître lui monter dessus, lui laissant le temps de s'installer correctement pour ne pas risquer qu'il se blesse davantage. Il fit signe à l'adolescent de monter.

« Tu n'as pas peur, au moins ? » insinua-t-il d'un ton insolent.

Un rictus amusé étira son visage. Ça allait être marrant. Ou en tous cas il l'espérait.