Paresse
Évolution de Nils
C'était une soirée comme une autre.
Faust jouait sur sa console portable sur le fauteuil de gauche en poussant de temps à autre quelques injures portant sur le boss qu'il affrontait depuis maintenant deux heures (« qu'est-ce qui m'a pris de jouer en mode critique » avait été ses mots pour l'explication), et sa Démolosse l'observait d'un air las en dormant à ses pieds. Isaac était parti rendre visite à des amis, et ils étaient donc tous les deux dans la maison ce samedi soir. Il était rare que Faust reste, mais le hérisson était apparemment décidé à lui tenir compagnie, ce dont Katya se fichait totalement. Bien que leur relation s'était un peu améliorée avec le temps et que leurs disputes de janvier étaient déjà oubliées, ils n'en restaient pas moins neutres l'un envers l'autre. Bien que le conseiller essayait de s’immiscer un peu dans son cercle d'amis, la jeune femme présentait toujours cette froideur qui rebutait même les plus courageux. our l'instant, elle regardait des épisodes de Bob l'éponge. Oui, pensez ce que vous voulez, mais elle avait besoin de se reposer un peu et d'oublier ses problèmes, alors Bob l'éponge avait été son choix. Elle était allongée sur le canapé, couverte par une petite couette sur laquelle dormait Nils le Miaouss. Le chat ronronnait assez bruyamment, comme un petit moteur qui produisait chaleur et affection à volonté. Il était loin, le matou méfiant et frêle qu'elle avait recueilli alors qu'il était dans un état plus que pitoyable ; maintenant, elle ne voyait plus ses os et il avait gagné une fine couche de graisse qui allait très bien avec ses muscles et qui la rassurait grandement quant à son futur. Elle n'avait plus à craindre une rechute comme elle l'avait fait avant, plus de nuits passées à aider le Miaouss à digérer un repas un peu trop copieux pour son estomac rendu minuscule par le jeun forcé.
Elle était heureuse. Heuree de l'avoir vu remonté la pente, et heureuse de l'avoir aidé à le faire, au moins un peu. Depuis qu'elle l'avait capturé, le Miaouss préférait rester au chaud et en dehors de sa pokéball, ce que Katya comprenait très bien. De plus, depuis qu'ils avaient déménagé, l'espace était suffisant pour qu'il se dégourdisse les pattes et fasse un peu plus d'exercice.
En gros ? Tout allait bien dans le meilleur des mondes et sincèrement, Katya n'y était pas habituée. Du tout.
Sa vie était un beau bordel. Ancienne suicidaire à tendances dépressives, enfant malade et petite fille fragile de la famille devenue paria, elle ne connaissait pas le sens du mot « stabilité ». Du tout. Isaac avait bien tenté de lui en apprendre le sens, mais c'était quelque chose que l'on découvrait par soi-même avec le temps, beaucoup de temps. Du temps, ça, elle en avait à flots.
Elle avait un peu près soixante ans à vivre, alors autant en profiter.
Alors qu'elle s'égarait dans ses pensées, le Miaouss se rapprocha un peu, jusqu'à ce que ses yeux se plantent dans le sien. Le chat miaula, ne comprenant visiblement pas ce qui pouvait rendre sa dresseuse aussi contemplative et perdue ans ses pensées. Katya détourna la tête de l'écran, intriguée, et avec un sourire, passa sa main dans la fourrure du matou qui ronronnait maintenant très fortement. Les yeux du chat se fermèrent et une vive lumière blanche se mit à l'entourer, faisant sursauter la jeune fille qui ne portait désormais plus attention à ses dessin animés.
Faust laissa tomber sa console et poussa un juron magistral avant de reporter son attention sur le pokémon en train d'évoluer. Dalhia avait également levé les yeux, intriguée.
Ce fut un Persian, plus majestueux, fort et résistant que le petit Miaouss qui dormait auparavant sur elle qui se trouvait maintenant à ses côtés. Le chat miaula joyeusement pour faire signifier sa satisfaction, et un petit sourire dansait sur le visage de Katya.
« Grattis, Nils. »Peut-être qu'elle pouvait trouver l'inspiration dans la force du chat ; ils étaient si semblables que cela lui faisait dire qu'elle avait peut-être aussi ses chances.