Vanitas vanitatum, omnia vanitas

Évolution de Castiel, partie 2
Feat Isaac N. Peterson

« Mais puis ce que je te dis que c'est une mauvaise idée, Cass ! Arrête de bouder et téléporte nous à la m-...
… Oh. Salut.
- Bonsoir à toi aussi. Tu rentres ou tu as l'intention de rester là toute la soirée ?
- Tu savais que...
- Castiel est venu me voir il y a quelques jours. Tu devrais le surveiller un peu plus, sérieusement. Ne le regarde pas comme ça, il a bien fait.
- ...
- Clive bordel, je viens de te demander d'arrêter de le fusiller du regard, pas de continuer ! Maintenant dépêche-toi d'entrer, il pleut et j'ai pas envie d'être trempé.
- J'savais pas que tu bossais seul, les soirs.
- Je préfère rester ici pour bosser. Au moins, quand je rentre, je n'ai pas à me replonger dans mes dossiers et pour être honnête, j'en ai pas la patience.
…
Assieds-toi, au fait. Je sais que c'est le cabinet et que donc y a un côté formel, mais on est pas non plus à l'armée. Et détends-toi un peu, knulla ! T'es aussi stressé qu'un étudiant en période d'exams.
- Toutes mes excuses, mais je m'attends un peu à me faire tabasser et à voir Faust débarquer dans moins de dix minutes.
- ... Sérieusement, après toutes ces années ? Tu en arrives encore à croire que je ferais un truc pareil.
- Tu ne serais pas en tort, vraiment.
- Clive, si tu commences à partir dans un trip de dévalorisation, je te jure que te fais monter une vallée avec une croix. On est pas parti pour faire une thérapie à l'année, alors arrête ça tout de suite.
- Mais je-
- Ne m'énerve pas, je n'ai pas la patience de supporter toutes vos conneries. Je le fais depuis que j'ai huit ans, mais ça commence à me sortir par le nez, tout ça.
- ...
- Nan mais je voulais pas dire que-... Rah bordel, arrête de faire cette tête de chien battu, tu me fais de la peine.
…
Bref. Je suppose que pour que Castiel te force à venir comme ça, c'est à cause de ce qu'il s'est passé la semaine dernière ?
- Comment est-ce que-
- Tu crois vraiment que je n'aurais pas deviné qu'il s'était passé quelque chose, vu la tête de zombie qu'il a tiré après ça ? Vous êtes tous les deux complètement nuls quand il s'agit de cacher le fait qu'il y a un problème. Il a évité le sujet pendant les deux premiers jours, mais j'ai réussi à lui tirer les vers du nez avec un peu de patience. Honnêtement, tu mériterais que je t'en colle une.
- Fais-toi plaisir, je ne vais pas te retenir...
- ... Mais ça serait inutile, complètement puéril et ça ne ferait pas avancer les choses, et je crois que tu as dépassé le quota de puérilité acceptable pour un bon moment, j'me trompe ?
- ...
- Enfin bref. T'es décidé à parler ou tu préfères regarder le sol pendant toute l'heure ?
- Je... Je...
- ... J'ai compris. Bon, déjà, comment tu te sens ?
- Comme de la merde ?
- Ce qui est une bonne chose oui, c'est un signe que tu as encore ne serait-ce qu'un peu de santé mentale et à ce niveau, on va se raccrocher à tout.
- Tu veux que je commence à m'excuser pour mon existence, aussi ?
- Nan, même si tu le voudrais bien. J'ai pas de temps à perdre sur ça, et honnêtement, ton crétin de frangin me fait déjà bien assez chier avec ça. Dis-moi pourquoi tu te sens comme de la merde au moins, qu'on avance un peu.
- Je crois que c'est évident, non ?
- Pour que cette conversation te soit utile et te fasse progresser, il va falloir que tu le dises à haute voix. Ravale un peu ta fierté, regarde-moi dans les yeux et explique-moi, avec les détails s'il te plaît, pourquoi.
- ...
- Tu peux regarder Castiel comme ça si tu veux, mais ça ne change rien au fait que tu ne sortiras pas tant que ça ne sera pas fait.
- Tu crois vraiment que j-
- Oui, je crois que tu vas rester bien gentiment assis parce que tu es incapable de me tuer. Surtout vu ce qui m'est arrivé grâce à ton manque d'action lors du premier janvier, nan ?
- ... Je... Je suis...
- Ouais, ça va, je sais. Laisse tomber, c'est pas la mort ce qui m'est arrivé, et c'est pas comme si t'étais celui qui avait eu la main sur la seringue non plus.
- Mais je-
- Arrête tout de suite. Blâme-toi pour ma capture si ça te fait réfléchir un peu, mais si tu oses commencer à te dire que ma torture est de ta faute, alors je vais m'assurer que tu ne puisses jamais te reproduire pour le bien de toute l'humanité et surtout pour empêcher une baisse brutale du QI moyen de la population.
- ...
- Breeef, on en était où ? Ah oui, tes problèmes de morale. Tu veux bien me faire un récit clair et détaillé, maintenant ?
- Va te faire foutre.
- Volontiers, mais tu ne fais pas partie de l'équation et j'suis pas encore exhibitionniste. Allez, un peu de courage, une fois que ça sera fait, tu n'auras plus à le dire. Ou en tous cas pas ce soir.
- ...
- Non, je ne vais pas me foutre de ta gueule, alors relève un peu le regard, arrête de rougir comme une tomate et parle un peu.
- Je... Enfin, j'ai...
- Tu y es presque ; tu as des mots, maintenant il faut faire des phrases. Ou une phrase, comme tu veux- Okay j'ai compris je me tais.
- Je... J'ai kidnappé quelqu'un. Pour que Faust vienne et m'assurer qu'il finisse par me détester. Pour pouvoir le savoir débarrassé d'un problème. Je n'ai pas...
...
Je n'ai pas pensé à ce que ça pouvait causer. J'étais tellement concentré sur ce que je voulais et ce que je pensais que... Que j'ai oublié tout le reste, je... J'étais tellement enfoncé dans mon trip égoïste que j'ai... J'ai fait du mal à tout le monde. Comme d'habitude.
… Lâche-moi, Cass.
- ...
- T'es content, maintenant ?
- ... Je sais pas, en fait. Je ne m'attendais pas à autant, pour dire toute la vérité.
- Tu croyais que j'allais me défiler ?
- Non, je croyais que ta fierté était trop grande pour te laisser déballer la moitié de ce que tu as dit. C'est bon signe. Très bon signe même.
- Quoi, mon cerveau va devenir une usine à niaiserie d'ici quelques semaines et je vais me mettre à chier des arcs en ciels et des cookies en forme de poneys ?
- ... Bon, par contre, va falloir que tu travailles un peu sur cette habitude de sortir du sarcasme quand tu te sens menacé, mais ça c'est quasiment génétique. Tu devrais laisser un peu Castiel s'inquiéter pour toi ; pourquoi est-ce que tu crois qu'il est venu me voir ?
- ... Tu ne vas pas en parler à Faust, hein ?
- Bien sûr que non. Il serait complètement furieux si je le faisais, et je n'ai vraiment pas envie d'avoir à supporter sa mauvaise humeur. Qui plus est, vos disputes et vos embrouilles me donnent envie de vous écarteler vivants.
- Je travaille pour le Régime, Isaac.
- Et moi pour la Résistance. Ravi de te rencontrer.
- ... Qu'est-ce que... ?! Mais t'es complètement malade ?!
- Clive, n'ose même pas me dire que tu ne l'avais pas deviné. En attendant, j'en ai rien à foutre.
- Je pourrais te tuer, ou même te dénoncer.
- Mais tu ne vas pas le faire.
- Tu prends un très gros risque, là.
- C'est mon truc. Et puis de toute façon, je ne vais rien perdre. Je le sais.
- Tu devrais vraiment apprendre le sens du mot 'humilité'.
- Peut-être, mais l'audace, c'est cool aussi. En attendant évidemment, je ne te demanderai pas ce que tu fais pour le Régime, j'ai ma petite idée en tête.
- Et tu n'es pas...
- Oh que si. Si tu savais à quel point je rêve de te hurler dessus à ce sujet... Mais laisse-moi te dire un  truc ; je ne suis pas là pour jouer les innocents ou les donneurs de leçons. Je suis là pour aider un ami, pas pour parler à un régimeux que je tuerais de sang froid en temps normal.
- Tu...
- Pense ce que tu veux. Je n'ai pas vocation à me spécialiser dans la rééducation des Donovan ; je deviendrais complètement fou autrement. De toute façon, vos problèmes viennent avant tout de votre fierté commune, donc d'une certaine forme de vanité si on veut...
- Vanitas vanitatum, omnia vanitas...
- ... Clive, traduction, j'ai pas fait latin au lycée.
- 'Vanité des Vanités, tout est Vanité', en gros. Un peu comme le Memento Mori, si on veut. Désolé, ça me rappelait un truc, du coup...
- Si je cherchais à comprendre tout ce qui te passe par la tête... On en aurait pour bien plus longtemps qu'une séance de moins d'une heure un lundi soir. Sinon, question regrets, tu gères ?
…
Oh ça va, pas la peine de me regarder comme ça, je ne t'ai pas demandé quel caleçon tu portais non plus.
- Connard.
- À ton service, mon cher. D'autres adjectifs plus adaptés en tête, peut-être ? … Ah, c'est mon portab', désolé, attends une seconde...
… Faust ? Nan, tu me déranges pas, je terminais justement... Attends, quoi ?! Répète doucement et calmement et surtout... Bordel de merde, ne me dis pas que tu as laissé Déméter faire joujou avec Debrah encore une fois ?! … Espèce de sombre petit con. Je te jure que je vais te fai--... Oh l'enfoiré.
- Il a raccroché, je suppose ?
- Exactement. Je vais le buter, pardon d'avance.
- Excuses acceptées.
- Enfin bref, euh... Je sais pas quand on se reverra, ni même si on reverra un jour tiens mais... Bon courage, Clive.
- ...
- Et fais gaffe. Faust ferait la gueule si tu mourrais.
- ... Isaac ?
... Merci.
- Varsågod »

Clive quitta le cabinet en silence, un peu chamboulé, très retourné, et surtout, l'esprit un peu embrouillé. Il sentit quelque chose contre sa main et baissa le regard pour constater qu'il s'agissait de Castiel. Le Kirlia lui souriait en silence, l'air un peu gêné, mais exprimait une telle gentillesse et candeur que Clive ne pouvait qu'en être touché.

« Merci, Cass. »

Il ne sursauta même pas quand le Kirlia se mit à évoluer en Gardevoir, et un petit sourire, certes très maigre mais présent tout de même, étira son visage. Oui, peut-être qu'il y avait de quoi se battre. Peut-être qu'il pouvait commencer à douter, ne serait-ce qu'un peu.