Non ! Non non non et encore non ! Il faut que je le retrouve, et vite ! Sinon, je vais avoir de gros problèmes, et lui aussi d'ailleurs … Mon pauvre Gwaki ! Mon petit Evoli, disparu, envolé, pchii ! Où est-ce qu'il peut bien être ?! Il suffit que je regarde une ou deux fleurs de plus près pour qu'il décide d'aller se promener où bon lui semble. Ça ne lui ressemble pas pourtant. Et puis, je l'aurai entendu enfin. On ne peut pas dire qu'il est discret.

Mais voilà, j'en suis là, à me faire un sang d'encre pour lui alors qu'il aurait du rester sagement à côté de moi. Je me promets que la prochaine fois je serais plus attentive, si il y en a une. Oh non, si je commence à penser négatif, je vais me mettre à pleurer. Si ça se trouve, il est tout proche d'ici, en train de jouer avec je ne sais qu'elle fleur ou encore de courser un Charmillon en fuite. Si c'est ça, en tout cas, il passera un sale quart d'heure pour être parti sans prévenir.

N'empêche, pour l'instant, je m'en ronge les ongles. Je me suis rarement sentie aussi mal de toute ma vie. Et si je perdais mon compagnon ?! Nous nous connaissons depuis seulement deux ou trois mois, et nous nous perdrions déjà de vu ?! Non, le poids rassurant de sa Pokéball au fond de ma poche me rassure. Personne ne peut le capturer. C'est le mien, même si j'ai horreur de le comparer à un objet. Tôt ou tard, je le retrouverai. Et on oubliera tout ce qui se sera passer. Mon angoisse et mon stress. Ma tristesse lorsque j'aurai abandonné, pour reprendre quelques minutes plus tard, convaincu d'avoir entendu un bruit, devenue complètement parano.

Mais mes yeux ne suffiront pas. De plus en plus affolée, je commence par dire son nom de temps à autres, pour finalement le crier toute les cinq secondes, déboussolée par le manque creuser dans mon cœur par son absence. Je commence à courir dans tout les sens, repassant plusieurs fois aux mêmes endroits, n'arrivant plus à me répérer. Ma vue se brouille, mes yeux s'humidifient. C'est si rare que je pleure ! Pourtant, je ne pense pas être très forte. Je suis plutôt du genre faiblarde en faite. Mais je ne craque jamais, même si à chaque fois qu'il m'arrive quelque chose j'ai l'impression que si. C'est tellement étrange de pleurer … C'est idiot de faire couler de l'eau de son corps quand on est triste. Pourquoi se laver les yeux alors que l'on cherche simplement à faire disparaître ce poids qui nous étouffe ?

Finalement, je décide d'arrêter des passants. Si je ne demande à personne, personne ne m'aidera, c'est certain. Je commence par arriver devant leur nez, les yeux rouges mais secs désormais, en leur décrivant Gwaki. Mais personne ne l'a vu. Je les attrape par les manches, les sacs, les appelle … Mais décidément, mon petit Evoli est introuvable. Oh non, comment ai-je pu le laisser s'envoler ainsi ?!

J'ai l'impression de parler à des murs. Tous ne m'écoutent même pas jusqu'au bout, ou parfois même m'ignorent. Je sais que ce n'est pas leur problème, mais un peu de sympathie ça ne les tueraient pas ! Comme quoi on a pas tous un bon cœur sur terre. Fatiguée à force de chercher, je décide d'en attraper deux derniers avant d'appeler mes parents. Je tends les bras des deux côtés de mon corps, et bongo ! J'attrape deux manches, et les tire légèrement vers moi pour attirer leur attention.

«  Excusez-moi, vous n'auriez pas vu un petit Evoli dans le coin ?» Demandais-je, de plus en plus honteuse de montrer que j'étais une si mauvaise Dresseuse.

Je m'attarde quelques secondes à peine sur eux. Mes larmes me remontent d'un coup, comme si afficher mon manque de talent était aussi dramatique que la perte du petit Evoli. Non, qu'est-ce que je raconte enfin ! Gwaki est plus important que le monde entier à mes yeux. J'espère sincèrement que ces garçons m'aideront à retrouver mon Pokémon ...

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Le premier se dégage rapidement, m'ignorant superbement. C'est pas possible ! Ça fait parti du naturel humain de ne pas aider les gens dans le besoin, ou alors c'est spécifique à l'endroit ? Genre, une aura maléfique qui infiltre l'esprit des gens et les force à être méchant avec les autres. Je pourrais m'attendre à voir un esprit farceur sortir de derrière une plante à tout moment. Pourtant, je sais que c'est l'agacement qui me pousse à imaginer de telles choses. Évidemment, c'est la nature humaine qui nous fait tous penser à nous-même en priorité.

Mais l'autre est là, me regardant. Blond et un peu plus petit que moi, mais qui doit avoir presque le même âge. Il n'avait pas l'air en pleine forme lui non plus. Il passa sa manche sous son nez. Il me semblait lui aussi triste, pour je ne sais quelle raison. J'ai un pincement au cœur en le voyant. C'est vrai que je ne suis pas la seule à avoir des problèmes ou autre. Peut-être que certains ont de bonnes raisons de m'ignorer. D'accords, peut-être pas tous. Mais cela apaise un peu mon énervement.

Je lâche le garçon, alors que je sens mes larmes se calmer un peu. Mes joues et mes yeux sont trempés et rouges, mais au moins ça ne coule plus. C'est déjà un bon point. Ce n'est pas en transformant l'endroit en piscine que je vais retrouver Gwaki ! Mais, je ne sais pourquoi, j'ai aussi envie de savoir pourquoi ce garçon aussi n'a pas l'air dans son assiette. Envie de l'aider. Comme d'habitude, dès que quelqu'un va mal, je ressens le besoin de lui venir en aide, même si moi-même j'en ai besoin. On ne peut pas aller à l'encontre de sa nature ...

«  Désolé de t'avoir dérangé, toi non plus t'as pas l'air en forme … Je peux peu-être t'aider, non ?»

Je lui souris avec ma tête de déterrée, tentant de refouler mon mal au ventre grandissant. Je gâche de précieuses minutes à m'attarder ici, mais je me sentirais tout aussi mal si je laissais tomber ce garçon. Me voilà prise dans une boucle infernale, n'arrivant pas à me sortir de là. J'ai besoin d'aide, et c'est même urgent, pourtant je n'arrive pas à laisser tomber quelqu'un de malheureux. Parfois, je me dis que ce n'est pas pratique de vouloir être gentille et serviable avec tout le monde. Mais les sourires des gens, lorsqu'ils résolvent leurs problèmes, sont toujours des récompenses dont je ne me lasserai jamais. Et puis, de temps en temps, il se passe des trucs vraiment intéressant. Non pas que j'adore les ragots, ça c'est un passe-temps pour pimbêches au collège, mais je suis curieuse sur tout !

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