That was then and this is now |Weston|

♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

En fait, cette affection soudaine et inespérée s'avère parfaitement adaptée à mes besoins. J'avais besoin d'un dresseur pour la progéniture de Teigon, qui a voulu faire joujou avec un Metamorph... Mais voilà, à présent je dois leur trouver une famille. Qui de mieux que mon... amoureux pour s'en occuper? En plus d'être un dresseur très capable, nous nous verrons très souvent à présent et le Zoroark pourra apprendre à connaître sa fille. L'autre Oeuf, je le réserve à quelqu'un d'autre, quelqu'un de très particulier. J'espère que Weston ne se montrera pas jaloux, comme il s'agit d'une habitude chez lui de se sentir menacer. Comme si je pouvais regarder un autre homme que lui à présent! Enfin... Regarder oui certainement, mais je lui serai fidèle. Je n'ai envie que de lui. Après tout ce que nous venons de vivre, tout ce qui nous reste à vivre... Bref, cet Oeuf, je le réserve à Faust, pour tant de raisons. La première, il sera certainement intéressé à l'élever, comme il s'agit d'un Pokémon de son type de prédilection. De plus, pour ses actions dans la Résistance, il pourra certainement bénéficier d'un Pokémon illusionniste comme celui-ci. Mine de rien, je tiens à lui, et même s'il est un grand garçon, je préférais nettement qu'il ne lui arrive rien de trop dramatique. Finalement, il est celui qui m'a offert Teigon et j'ai enfin trouvé comme l'en remercier. En espérant que cette offrande lui fera aussi plaisir qu'au père, qui était d'accord sitôt je lui ai fait la proposition.

Pendant ce temps, Weston pue le malaise face à cette petite chose un peu stupide qui se languit d'affection dans ses bras. Encore une fois, il tente de s'en sortir du mieux qu'il le peut, de me le refiler, pour ne pas dire de s'en débarrasser. Je souris de façon douce, caressant la tête de la petite avant de me retourner vers le blondin que je regarde d'un air exaspéré et moqueur. Franchement, il a peur d'un bébé Zorua ou quoi? Cette petite pourra le protéger, tout comme Faust. Par ces jumeaux je protège deux personnes que j'aime sur cette île. Je secoue la tête.

«Weston, tu dois prendre ce bébé. Elle t'aime, elle te veut comme son dresseur. Puis penses-y. Zorua est le Pokémon illusion, capable de déformer la réalité. Si jamais un soldat du Régime tente de s'en prendre à toi, tu pourras t'en sortir de cette façon. Et qui sait quand un nouvel événement comme le premier janvier se produira. Cette fois les rôles pourraient être inversés.»

Je le presse contre moi. Je ne veux pas le perdre. Surtout pas maintenant. Mes mots ont peut-être l'air manipulateurs, mais il n'en est rien. Je crains qu'on s'en prenne encore à mes proches. Lui, en ayant cette position si spéciale dans ma vie désormais, s'expose à encore plus de dangers si jamais le Régime découvre un jour qui je suis réellement.

«Puis je peux te faire confiance à toi. Teigon sera content si tu l'élève. Mais bon, c'est ta décision, je le reprendrai si tu le veux.»

Sur ce, je lui prends le bébé des bras tout doucement, et porte la petite renarde. Celle-ci proteste, poussant des cris déchirants en direction du Champion, mais je la rassure en caressant son dos. Bientôt, elle finit par s'endormir, malgré tout un peu agitée. Je continue mon chemin sur le sentier, le laissant réfléchir en silence. Nous nous rapprochons de plus en plus de la ville et les arbres s'éclaircissent pour laisser place à certaines maisons, très reculées. Nous en dénichons bientôt une, de style américaine, reculée de la grande route par un sentier qui s'enfonce dans la forêt, mais la pancarte «à vendre» a attiré mon attention. Je me faufile jusqu'à la demeure pour la découvrir toute entière. Une véranda l'entoure. Elle s'hisse sur deux étages. Elle est plutôt spacieuse, avec de grandes fenêtres. Elle me semble assez ancienne, datant probablement des années soixante au moins. Le terrain est très vaste et se trouve à l'arrière une piscine hors-terre qui me rappelle mon enfant. Je me surprends à sourire en la voyant.

«Tu as vu cette maison, West? Je me verrais bien habiter un endroit pareil.»

Je n'ai jamais considéré m'acheter une maison auparavant mais... Quelque chose avec cet endroit me séduit. Mon coeur bat à la chamade et je serre un peu plus fort le bébé Zorua dans mes bras.

«Je me demande... Si j'aurais les moyens.»

Apres cette aventure, je recevrai une prime très alléchante, mais je ne connais rien au milieu immobilier d'ici... Puis... Pourquoi j'envisage d'acheter une maison ici moi? J'ai promis de revenir ici, mais... Vivre à Enola pour le reste de ma vie, est-ce que je l'envisage vraiment? Me sentant rougir, j'hausse les épaules et rebrousse chemin, soudainement gênée.

«Laisse tomber, rentrons...»

(c)Golden

• THAT WAS THEN AND THIS IS NOW •feat. Mercedes Blanchett

Je n’ai jamais été fort avec les gosses, et ceci comprend les bébés Pokémon. Pour tout dire, je ne suis aucunement doué avec ces derniers. Je les préfère comme je préfère les femmes : mûres. Enfin, pas vieilles, ne me méprenez pas! Les rides ne m’attirent pas le moindre du monde, mais les gamines non plus. Enfin, je m’égare. Fixer cette petite femelle un peu énervée me mélange les idées. Que ferais-je de cette petite jeune, honnêtement? J’ai pas suffisamment de travail avec Dimitri? Je n’ose même pas imaginer ce que pourrait accomplir ce trio potentiel. Mêler cette petite qui me semble déjà débordante d’énergie avec le Pandespiègle et son fidèle compagnon le Lixy ne me semble pas vraiment la meilleure idée qui soit. Et même si les arguments de Victoria peuvent paraîtres intéressants, je continue à douter. Même si cette Zorua est des plus adorables… Même si elle semble déjà complètement en amour avec elle… Je me surprends malgré moi à peser le pour et le contre, réalisant contre mon gré que le petit renard illusionniste pourrait effectivement apporter beaucoup à mon équipe. Les entraînements dans l’arène pourraient devenir encore plus intéressants. Et avouons-le, je ne dirais pas non à quelques câlins devant la télé, lors de mes soirées en solitaire.

À ma grande surprise, mon sourire s’efface alors que Victoria me retire la petite Zorua pour la presser contre elle, me volant ainsi la petite boule de chaleur et d’énergie. Je tente de dissimuler une petite moue que la jeune femme ne semble heureusement pas remarquer, trop occupée à calmer le bébé avant de se remettre en route. Ne lâchant pas la Zorua du regard, je m’empresse de me mettre à mon tour en marche, rejoignant bientôt la jeune femme, plongé dans mes pensées. Je peux bien lui retirer ce minuscule fardeau des bras, non? Après tout, je ne suis pas un mauvais dresseur. Et puis, j’ai l’habitude des bébés, à présent. Cette fois sera sans-doute bien plus facile. En plus, on dit toujours que les femelles sont plus faciles à gérer que les mâles. Oh et puis, inutile de me cacher derrière ces arguments supposément rationnels. Cette petite est tout simplement mignonne à craquer! Je ne peux tout simplement pas laisser la jeune femme trouver un autre foyer pour la Zorua. Un sourire déterminé aux lèvres, je m’apprête à m’emparer du petit Pokémon lorsque la jeune femme la tenant s’éloigne soudainement de moi d’un pas rapide pour se diriger vers un petit sentier menant à une jolie maison de style américaine. N’ayant pas remarqué la pancarte annonçant sa mise en vente, je ne comprends que lorsque Victoria parle d’y habiter. À ces paroles, je me retourne vivement vers elle, un air surpris au visage. Acheter? Une maison? Cette idée ne m’était jamais venu à l’esprit, alors entendre la jeune femme prononcer ces paroles me surprends. Enfin, peut-être les québécois achètent-ils plus tôt que les Enoliens… Ou alors peut-être Victoria est-elle plus riche qu’elle ne le laisse paraître. Peu importe les raisons la poussant à soudainement porter de l’intérêt envers cette maison, je peux voir briller la joie sur son visage, et ça me suffit. Sans prévenir, je m’empare de la jeune femme qui tente de fuir, un large sourire aux lèvres. Sans aucune effort, je la hisse sur mes épaules, réveillant la Zorua qui laisse échapper un petit cri de surprise en se retrouvant ainsi en hauteur.

-Ça coûte rien de la visiter. Si ça peut te faire plaisir…

Sur ces paroles, je me mets en route vers la maison, ne laissant aucune chance à la rose de descendre.

(c)Golden

♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

Quelque chose de puissant m'attire là-bas. J'ignore quoi, mais il s'agit d'une sensation que je ne peux écarter. Un peu comme lors de notre première rencontre à Weston et moi. Condamnée dès le premier regard. Je me sens soulevée et hissée sur ses épaules et je laisse un cri de surprise s'échapper de ma bouche tandis qu'il nous mène vers la bâtisse avec la ferme intention de visiter l'endroit. J'ignore ce que tout ceci signifie. Je veux dire, nous formons un couple à présent, mais de visiter une maison à deux, au premier jour, me semble un peu rapide. Après, je crois que je m'inquiète surtout de m'animer d'une envie irrépressible d'en faire la mienne. Tout dans cette maison me plaît, et j'espère vivement que l'intérieur me décevra ou que le prix me fera cracher mes yeux. Je prends une grande inspiration et me débats pour descendre des épaules de mon geôlier. Je lui assure que je vais obtempérer et je me glisse au sol, venant frapper à la porte de la maison. Comme quoi on m'a appris un peu de politesse quand même, pas comme Weston qui me kidnappe ainsi, pfff. Une vieille dame dans la soixante ouvre la porte. Elle porte ces traits tirés au niveau des yeux de celles qui ont beaucoup souri dans leur vie. Elle me considère avec surprise, avant de parler, avec un accent américain.

«Yes? What is this about?»

À mon tour d'hésiter. Elle est bien la première personne sur cette île qui s'adresse à moi en anglais. Je lui souris, chassant ma surprise pour lui présenter ma main.

«Hi! My name is Victoria and I... I really like your house... I wanted to know if we could visit. We can come back another day if that's trouble.»

La dame me sourit, visiblement contente de retrouver quelqu'un qui parle la même langue qu'elle. Voilà une américaine qui n'a jamais appris la langue ici. Peut-être que son mari traduit pour elle? Mon regard ne manque pas de remarquer la bague plutôt ancienne qu'elle porte à sa main gauche. Elle m'invite d'un mouvement de main sympathique à entrer.

«No problem my dear, come in, come in.»

Je prends la main de Weston et nous entrons dans la maison.

«Please, make yourself at home.»

Nous suivons la dame au travers la demeure. La petite entrée s'ouvre sur un long couloir étroit. À la gauche, un salon plutôt petit s'ouvre. Une grande fenêtre illumine la pièce. De retour dans le couloir qui partage son espace avec l'escalier menant au deuxième étage, elle nous présente un bureau plutôt spacieux, très joliment décoré, très clair et vivant. J'aimerais tant travailler dans un endroit pareil plutôt que d'envahir sans cesse la Mandragore! Au fond du couloir, nous découvrons la salle à manger, la cuisine ainsi que la salle de lavage. Cette dernière me plaît particulièrement, dissimulée derrière des double-portes. Une porte à la cuisine permet de sortir à l'extérieur vers la court que nous apercevons au-travers la fenêtre. Un patio s'étend là, spacieux, offrant une vue superbe sur l'immensité de la cour, parsemée d'arbres. J'y vois même un petit potager, un peu laissé de côté. La dame nous explique alors qu'elle n'a pas tout à fait le temps de s'en occuper comme elle le voudrait, tout comme de cette grande maison. Nous montons à l'étage avec elle et elle nous parle de ses enfants. Elle est tellement mignonne! Je papote allégrement avec elle, en découvrant les quatre chambres à l'étage, ainsi que les deux salle de bain. Toutes les pièces sont plutôt petites, mais très lumineuses. Nous redescendons, nous dirigeant vers l'entrée comme la visite se termine.

«Thanks a lot for the visit. I hope your sons visit you soon.»
«Well, thank you to you Victoria. I would've like my sons to marry a girl like you but I guess you're engaged already aren't you?»
«Hum... We can say that I guess.»
«When are you planning the wedding?»

Arceus. Heureusement que Weston ne comprend pas si bien l'anglais. Je m'empourpre en espérant qu'il n'a rien saisi du tout.

«We're not... thinking about it yet...»
«And what about kids?»
«Ain't I a little young for that?»
«I was about your age...»

Elle m'offre un regard malicieux, réalisant sans peine que cette conversation me met mal à l'aise.

«I'm just teasing you. Come back anytime you want my dear.»

Je la remercie une fois de plus avant de sortir avec empressement, toujours aussi rouge.

«Alors, tu as aimé ta visite?»

(c)Golden

• THAT WAS THEN AND THIS IS NOW •feat. Mercedes Blanchett

Il ne fallait pas me laisser ma chance si elle ne désirait pas visiter cette maison. À présent, la voilà prisonnière, perchée sur mes épaules, se débattant pour remettre les pieds sur terre. Amusé, je finis par plier et la laisse redescendre, m’assurant toutefois qu’elle ne parte pas en courant dans le sens opposé. Mais elle n’en fait rien, et se dirige vers la porte comme une grande pour y frapper quelques coups avant qu’une dame plutôt âgée finisse pas venir l’ouvrir. Cette dernière s’adresse à Victoria… en anglais. Je ne peux m’empêcher de retenir une petite grimace alors que ses paroles me parviennent aux oreilles. Sa voix a beau ne pas être des plus agressantes, l’entendre s’exprimer dans cette langue incompréhensible ne me plait pas le moindre du monde. Je n’ose même pas imaginer ce qui peut pousser ces gens à venir s’installer sur cette petite île francophone et ne même pas faire l’effort d’apprendre notre langue. Est-ce que moi je penserais à aller faire ma loi dans leur pays? Non, alors comment peuvent-ils se le permettre. Enfin… Je laisse tomber, et accepte d’adopter un léger sourire alors que l’anglaise nous laisse rentrer dans sa demeure. Aussitôt entré, je remarque une odeur qui vient s’infiltrer dans mes narines. Une odeur de vieux bois qui, je dois l’avouer, est bien agréable. Moi qui croyais que les vieux anglophones sentaient les Peppermint, me voilà agréablement surpris.

La propriétaire nous invite à visiter les pièces une par une, placotant légèrement avec la jeune femme. Ne comprenant absolument rien à leur blabla, je me contente d’observer, critiquant intérieurement tout ce qui s’offre à ma vie. Mais malgré ma mauvaise foi, je dois lui allouer, cette maison est plutôt charmante. Les pièces ont beau être petites, elles sont mignonnes et très lumineuses. Et même si les pièces ne sont pas immenses, il y en a suffisamment dans cette demeure pour élever une colonie. Une équipe de Pokémon au complet pourrait cohabiter dans ces lieux. Ou alors, une marmaille de gosses… Euh, quoi? Surpris par mes propres pensées, je me mets à rire en silence. Des gosses? Ça doit être leurs gazes aux Peppermint qui me font dire des conneries. Cherchant à chasser ces pensées qui ne me ressemblent guère, je m’empare de la petite Zorua se trouvant toujours dans les bras de Victoria, pour me mettre à jouer en silence avec celle-ci. Préférant visiblement se faire lancer dans les airs plutôt que de rester en silence à observer de vieux murs, le petit renard pousse de petits rires à chaque fois qu’elle s’apprête à frapper le plafond, réclamant toujours d’aller un peu plus haut. Malheureusement pour elle, je dois arrêter notre petit jeu lorsque je réalise que la visite arrive à sa fin. Reprenant un air sérieux, je m’empresse de rejoindre les deux femmes qui m’ont laissé en plan. Sans doute n’ont-elles même pas remarqué mon absence, avec une conversation aussi palpitante. Et puis, ça veut dire quoi, «Wedding», de toute manière? Sans doute est-ce une sorte de patate. N’y portant plus attention, je salue à mon tour la dame avant de franchir le seuil de la porte.

-You have very good house, thank you.

Fière de mes dernières paroles parfaitement prononcées, j’attrape la main de Victoria, marchant à ses côtés. Je lui offre un petit sourire sincère, heureux de voir que la visite lui a plu. Je préfère toutefois ne pas lui avouer le fond de ma pensée concernant la maison de ses rêves, et opte plutôt pour une porte de sortie un peu moins dangeureuse, sans toutefois mentir.

-Ouais, ça allais… Mais tu sais, je connais un endroit encore mieux que cette maison…

Un sourire des plus mystérieux aux lèvres, je passe ma main autour de la taille de la jeune femme, l’attirant contre moi afin de lui offrir un baiser trahissant le fond de ma pensée. Si je m’y suis pris comme il faut, elle devrait comprendre où je veux en venir.

(c)Golden

♦ THAT WAS THEN AND THIS IS NOW ♦feat. Weston Elric

À entendre parler Weston en anglais, avec son accent incertain et sa grammaire qui laisse à désirer, je me rassure au sujet de la conversation que je viens d'avoir avec la propriétaire de la maison. Je crois que de parler de ces choses alors que nous venons tout juste de nous mettre ensemble aurait été catastrophique. J'ai envie de nous donner tout le temps nécessaire à nous accomplir en tant que couple, d'apprendre à nous connaître pleinement et dans d'autres circonstances que celles qui nous ont emmenées à nous côtoyer pendant si longtemps. Merde, je peine encore à réaliser que je lui ai avoué mes sentiments, ces sentiments que je gardais enfouis au plus profond de moi, les évitant consciencieusement. La dernière fois, l'amour m'a porté préjudice, m'a brisé. Mais je suis une femme différente à présent, je me dois de le reconnaître. Sept ans plus tard j'ai appris de mes erreurs. En vivant de façon trop recluse pendant trop longtemps, mais tout ceci va changer à présent. Je m'avance dans cette relation avec une prudence tout à fait légitime. Weston devra se montrer très patient en ma compagnie. Je ne lui ai pas signifié que je me trouve complètement désemparée devant cette situation pour rien. Même s'il m'assure que tout ira bien, je sens que ce sera difficile pour lui à certains moments. Je me demande à quel moment il me laissera tomber.

Une issue à mes yeux inévitable. Je ne suis pas faite pour la vie à deux. Trop égoïste, trop blessée. Les mots «mariage» et «bébé» me font vomir. J'ai toujours rejeté cette vie, même étant petite. Je vis pour d'autres passions, auxquelles je dois ajouter l'amour à présent, bien malgré moi. Mon travail est ma principale raison de vivre. Si je devais choisir entre lui et mon métier... Eh bien oui, je choisirais le journalisme. Il s'agit de mon souffle, ce qui me pousse de l'avant. Sans l'écriture, je ne suis qu'une ombre de moi-même. Pourra-t-il vivre en sachant que mon travail passera toujours avant lui? Qu'il ne possède qu'une portion de moi et non mon entièreté? Que si je lui suis absolument dévolue, qu'une partie de moi reste plongée dans le doute? Weston a choisi cette fille au coeur brisé et aux aspirations plus grandes qu'elle. J'espère qu'il le reconnaît quelque part en lui, qu'il me connaît un peu plus que ce que je veux bien croire. Qu'il se prépare à ce qui va suivre. Pour ma part, je dois composer avec un ex-junkie pessimiste qui n'a absolument aucune confiance en lui ou en ce monde, un être susceptible et même colérique, amer. Qu'est-ce nous foutons ensemble, sérieusement? Nous nous complétons quelque part, deux âmes perdues qui s'épaulent. Près de lui, je deviens meilleure.

Nous laissons la maison derrière nous, et avec elle une petite part de rêve. Je repenserai longtemps à cet endroit, et j'espère secrètement que personne ne porte une patte dessus avant que je n'aille les moyens de me la payer. Weston semble un peu boudeur, et je devine que c'est parce qu'il ne pouvait comprendre un seul mot de nos échanges à moi et à la dame, mais je le laisse dans cet état, remarquant avec joie qu'il a repris la bébé Zorua dans ses bras. Je n'ose pas en faire le commentaire, bien qu'une petite lueur de malice perce mon regard. Mon... copain? me fait alors des avances et je sais très bien où il veut en venir. J'hausse les épaules avec désinvolture, venant plaquer mes mains contre les oreilles du bébé pour éviter qu'elle n'entende la suite.

«Oui c'est bon rentrons... Je crois que nous avons fort à faire pour fêter cette... nouvelle vie de couple.»

D'un air énigmatique, je fonce tout droit sur le sentier menant à la ville d'Anula en contre-bas. Me demandant bien où tout ceci nous mènera.

(c)Golden

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