La volonté amène aux fous ce qu'ils recherchent
Solo/OS/Évolution de Clive, partie 1
Si Faust savait une chose quant à son jumeau, c'est qu'il ne fallait jamais tenter de trouver un sens à ses actions, hormis si l'on souhaitait être la victime d'une migraine effrayante. Clive paraissait adorer les énigmes, mais le châtain savait que c'était surtout parce que le brun prenait plaisir à ne jamais répondre aux questions que le conseiller pouvait se poser, principalement parce qu'il était insupportable. Du moins, d'après Faust, et je soupçonne que cette vision des choses soit légèrement influencée par l'opinion que tient celui-ci de son jumeau . Quelle opinion, me demandez-vous ? Très sincèrement, il ne valait mieux pas chercher : sa tête et son esprit sont un bordel ambulant, dans le sens non littéral du terme évidemment. Ainsi, ce n'était pas pour lui particulièrement surprenant si le Larveyette était tout aussi intriguant que son maître original. Il supposait que l'influence de son jumeau devait forcément se faire sentir sur le pokémon. Pour cette raison, le fait que la chenille prit soudainement l'entraînement bien plus au sérieux ne le surprit pas tant que cela.
Depuis l'évolution finale de Chloris, Clive avait redoublé d'efforts, poussé sa jalousie. Tout de même, il pouvait voir ce qui avait blessé la fierté du Larveyette : lui qui était dans l'équipe depuis plus longtemps se retrouvait ainsi alors que son amie avait déjà atteint son stade final d'évolution. Voyant cela, Faust avait décidé que les deux s'entraîneraient ensemble. D'accord, il ne fallait pas trop jouer avec le feu et amener les rivalités, mais il n'y avait rien de mieux que la compétition pour forcer les autres à s'améliorer. Certes, on risquait aussi de créer des rancœurs amenées par l’orgueil, mais le châtain supposait que cela n'irait pas aussi loin. Supposait étant le mot clé.
« À droite, Clive ! À droite ! » répétait-il alors que les feuilles du Larveyette rataient encore une fois Chloris.
Celle-ci s'amusait à faire des figures en l'air pendant que Clive tentait de la toucher avec son attaque Tranch'Herbe, qu'il avait un mal de fou à maîtriser. Faust ne savait plus quoi faire hormis le laisser s'entraîner sans relâche. Malgré tout ce temps passé, Clive ne paraissait pas décidé à abandonner, malgré la fatigue qui se lisait sur son visage. Il ne progressait pas non plus, et Faust ne pouvait qu'observer, partagé entre la pitié et l'incompréhension. Il hésitait. Il était persuadé que la frustration du Larveyette était la raison qui l'empêchait de progresser. Ainsi, il ne put que rester silencieux.
Du moins jusqu'à ce que les spores paralytiques de Chloris ne le touchent et ne l'empêchent de bouger. Faust fut obligé de faire signe à la Papilusion de s'arrêter pour s'approcher de Clive.
Le conseiller le prit doucement entre ses bras et le tint entre ses mains gantées, sachant que tenir un pokémon touché par des spores sans gants était une stupidité sans nom. Le nombre de personnes qui oubliait cela, sincèrement, était astronomique. Bien entendu, il se comptait dans le lot. Bah oui, il fallait bien qu'il ait fait cette erreur auparavant, crétin comme il était.
« Écoute, c'est pas grave, tu réessayeras plus tard. On est pas pressés. »Le Larveyette parut vouloir continuer, agitant ses pattes avec détermination. Faust soupira, sachant pertinemment ce que cela voulait dire.
« Tu vas aggraver les effets de la poudre en faisant ça. J'ai un antidote dans la tente, alors calme-toi. » dit-il, sa voix soudainement plus ferme et intransigeante.
Clive lui jeta un regard défiant. Chloris, elle, paraissait inquiète et culpabilisait légèrement. Le regard de Faust s'aiguisa, ses yeux maintenant plus critiques, mais non dénués d'une certaine tendresse. Un peu d'autorité, parfois, ça ne faisait pas de mal.
« Arrête. Ce n'est pas en te faisant du mal que tu vas progresser. Il vaut mieux que tu prennes le temps de grandir et de... »Sérieusement, ça devenait prévisible.
À peine eut-il prononcé ces mots qu'une lumière blanche enveloppa la chenille. Les yeux de Faust s'écarquillèrent, et Chloris à ses côtés, observa avec émerveillement. Ce fut très rapide : quelques secondes plus tard se tenait dans les bras du conseiller un Couverdure. Il cligna des yeux puis ouvrit et ferma la bouche comme un poisson, éberlué. Eh bien, d'un côté, c'était une méthode comme une autre pour se débarrasser de la paralysie. Il n'allait pas se plaindre. Il resta immobile quelques instants, stupéfait par le fait que Clive, par simple volonté, avait évolué. Certes, la force y était aussi, mais penser que quelque chose d'aussi futile avait été la raison de son évolution était assez déconcertant.
Faust sourit, amusé.
« Joli, Clive. Tu penses que tu peux t'arrêter, maintenant ? »Le Couverdure émit un petit bruit de contentement, et Faust prit cela comme une réponse positive.
Il remercia mentalement Clive, le vrai, de lui en avoir fait cadeau. La prochaine fois qu'ils se verraient, il aurait quelque chose à lui montrer. Cette simple pensée vint disperser les quelques nuages noirs qui tournaient dans son esprit ces temps-ci.