C'est pas que je m'ennuie, mais si je pouvais sortir d'ici...

Feat. Sjena Bentley

Décidément, pour Sten en ce moment, les jours se suivent et se ressemblent. Ce n'est pas comme si il n'appréciait pas ce train de vie, loin de là. Au contraire, il préférait ce genre de choses : il savait ce qu'il allait faire, et qu'il n'allait normalement avoir aucun problème durant la journée. Rien d'imprévu, tout planifié à l'avance. Parfait. Le suédois avait beaucoup bougé ces derniers temps. Cela peut paraître étonnant, mais c'en était presque trop pour notre jeune ami. Il était fatigué, et n'avait plus envie de trop bouger. En plus, il se concentrait sur la construction de sa pension ainsi que ses études car, après tout, il était encore en plein apprentissage de sa profession. Pas qu'il soit encore médiocre, il avait déjà appris suffisamment de choses pour se prétendre éleveur, mais des connaissances en plus ne font jamais de mal, n'est-ce pas ?
Le truc, c'est que les Pokémon de Sten, eux, en avaient marre de faire des allers retours incessants entre l'intérieur de la maison et le jardin, aussi grand et étendu soit-t-il. Isa arrivait à peu prêt à garder son calme, mais Mökto et Shesha ne tenaient plus en place. Il était difficile de les stopper, ces deux-là. Quand ils commençaient à jouer ensemble, on pouvait être sûrs qu'on ne serait pas au calme un bon bout de temps, à moins de s'éloigner du duo infernal. Mais au lieu de leur demander d'aller s'amuser dehors toute la journée, et demander à Isa de les surveiller, le suédois décida de sortir, même si ce n'était pas très loin. Comme il le faisait régulièrement, il décida d'organiser une ballade dans la Forêt d'Erode. La maison du jeune homme se trouvait juste en façe, ils n'avaient donc que quelques pas à faire pour s'y rendre. Les avantages étaient nombreux: ce n'était pas loin, c'était assez joli, et il n'y avait pas tant de monde qui y passait. C'était ainsi que le blond avait décidé de vivre, éloigné de l'agitation des villes, des flots incessants de touristes. Presque personne ne passait devant chez lui, en vérité, il fallait vraiment connaître l'endroit pour décider de s'y rendre. Un endroit parfait pour Sten, qui vivait donc loin des gens mais, en particulier, loin du gouvernement. La pression du Régime ne se faisait pas sentir par ici, et c'est ce que le résistant appréciait par-dessus tout. On n'était jamais venu fouiller du côté de chez lui et cela le satisfaisait pleinement. Il pouvait par la même occasion planifier certaines choses au sein de la Résistance, et se faire oublier aussi. Parce que son rôle au sein de la Résistance était celui d'espion et d'informateur, mieux valait pour lui se faire discret.

Bref, le suédois avait donc décider de sortir. Ses trois Pokémon s'empressèrent de lui emboîter le pas quand il ouvrit la porte. Il faisait bon, l'air était frais. C'était un temps idéal. Isa, qui pour une fois avait envie de se dégourdir les jambes, marchait au rythme de son dresseur tandis que Mökto, Shesha sur le dos, trottinait juste devant.
Tout à coup, le zèbre se mit à galoper. Vipélierre s'agrippa de toute ses forces pour rester sur le dos de sa monture. Sten les appela mais ils n'entendirent pas, où bien firent mine de ne pas entendre. Déjà, la silhouette de l'équidé disparaissait à travers les arbres. Il avait quitté le chemin pour courir dans la forêt, et le son des sabots claquait maintenant contre les branches d'arbres et les feuilles mortes tombées au sol. Sten attendit un peu, histoire de voir s'ils revenaient : les deux Pokémon avait déjà fait ce genre de chose. Mais Mökto disparaissait à l'arrière des arbres. Leur dresseur les appela sans obtenir une réponse.

– Isa, on les rattrape !

Plus facile à dire qu'à faire... courir à pied derrière un zèbre en plein galop consiste à essayer de battre le record du monde de vitesse avec des chaussures en fer. Le blond, se fiant au flair de Farfuret, suivait les traces des deux fugitifs et criant leur nom. C'est alors qu'il entendit un autre cri venu d'un autre endroit de la forêt. Il se figea. La voix était féminine et ressemblait elle aussi à un appel. Sten continua toutefois son chemin : pour le moment, tout ce qui lui importait, c'était de retrouver Mökto et Shesha. Ces deux-là étaient jeunes : ils pouvaient se perdre très facilement.

C'est alors qu'il les aperçus. Le zèbre s'était arrêté. Sten s'approcha et s'apprêtait à sermoner les deux compagnons de jeux quand il vit que, si son Pokémon s'était arrêté, c'est qu'il faisait face à un Evoli. Un Pokémon sauvage ? Notre ami était en train de se poser la question quand il entendit la voix de tout à l'heure une fois de plus et, cette fois, elle était très proche. Déboula alors de l'autre côté des arbres une jeune femme. Il ne fallut pas longtemps au suédois pour faire le lien. Le petit Pokémon marron et blanc était le sien, et le nom qu'elle criait était sûrement celui de la petite créature. Celle-ci avait aussi dû échapper à la surveillance de sa dresseuse.  

– Oh, je suppose que cet Evoli vous appartient.

Il se massa la nuque. Cette rencontre inattendue n'arrangeait rien à son insociabilité. Bah oui, évidemment que ce Pokémon lui appartenait, c'était l'explication la plus logique. Et, de ce qui lui avait semblé entendre, le petit, ou plutôt la petite, se nommait Leaky. Sten avait supposé que c'était une femelle en la voyant. En tant qu'éleveur, il devait savoir reconnaître ce genre de détails au premier coup d’œil. Il espérait ne pas s'être trompé.
En attendant, il venait de tomber en face d'une humaine. Et donc, humain=parler, ce lien logique que le suédois n'aimait vraiment pas. Enfin bon, comme à chaque fois dans ce genre de situation, il allait devoir s'y faire, au risque d'installer un blanc gênant.  

– Hum, j'en oublie la politesse. Je m'appelle Sten Åkjerfäldt. Vous pouvez bien sûr m'appelez Sten.  

C'est pas que je m'ennuie, mais si je pouvais sortir d'ici...

Feat. Sjena Bentley

Il faisait beau ce jour-là, et c'est pour cette raison que Sten avait accepté de sortir de chez lui, accompagné de ses Pokémon. N'habitant pas loin de la forêt, même s'il se mettait à pleuvoir, il ne leur faudrait pas longtemps pour rentrer s'abriter, et même pourquoi pas repartir après. Ça, c'était en fonction de l'humeur de Sten bien sûr, ainsi que de celle de ses Pokémon. Sortir, pour le jeune homme, était un mot qu'il n'utilisait pas souvent, ou qui se limitait à sortir aux alentours de chez lui. S'il devait aller plus loin, en ville par exemple, il fallait que ce soit quelque chose d'important. S'il avait besoin d'acheter quelque chose par exemple. Et encore, il s'arrangeait toujours pour se déplacer le moins possible quand il devait aller faire des courses. Les seuls moments où il se déplaçait à coup sûr, c'est quand on lui confiait une mission. Le résistant n'en avait jamais refusé une, on pouvait pour ainsi dire compter sur lui de ce côté là. Mais sinon, Sten était quelqu'un d'extrêmement casanier, au cas où vous ne l'auriez toujours pas compris.
Bref, il n'avait pas prévu de croiser quelqu'un par ici. Il n'aurait pas dû céder aux caprices de ses Pokémon. Bon, la prochaine fois, il s'écouterait. Parce que là, tout ce qu'il avait voulut, c'est se promener, et non pas parler, loin de là. S'il devait parler avec quelqu'un, c'était avec un ami, ou alors avec sa mère, sa sœur... des gens qu'il connaissait bien quoi. Pas des inconnus. C'est trop compliqué  de discuter avec des inconnus, bien trop compliqué.  

La phrase qu'il avait utilisée pour se présenter, il l'avait dit d'une traite car il avait l'habitude. C'est toujours de cette façon qu'il se présentait aux autres et, à force de la répéter, il avait fini par réussir à la dire sans aucune hésitation. Par contre, ça allait probablement s'avérer plus difficile pour la suite de la discussion. Il n'avait pas prévu ce qu'il allait bien pouvoir dire ensuite, et ça ne le rassurait absolument pas. Lui qui était partit de chez lui simplement pour se balader, il avait gagné une rencontre. Raaah... Pourquoi rien ne se passait jamais comme il l'avait prévu ?
La jeune fille prit son Evoli dans ses bras et Sten, de son côté, fit rentrer Mökto dans sa Pokéball. C'était plus prudent : le zèbre risquait de faire un peu n'importe quoi, du genre se mettre à courir un peu partout autour des deux humains ou tenter d'appeler l'Evoli pour jouer avec lui, et il fallait mieux éviter ce genre de situation. Quant à Shesha, elle avait bien compris qu'il était temps de se calmer et elle se rapprocha de son dresseur, attendant la suite des événements. La fille se désigna comme étant Sjena Bentley. Puis un petit silence s'installa entre les deux. Le suédois ne savait vraiment pas quoi dire, et il semblait que la jeune fille qui se trouvait en face de lui non plus. Bien, on aurait dit qu'aucun des deux n'était bon dans l'action de discuter. Bon, c'est vrai que si Sjena avait été quelqu'un de bavard, cela en aurait été d'autant plus embêtant pour le blond, là, il aurait sûrement cherché à fuir, probablement en prétextant un rendez-vous urgent. Ou alors il se serait carrément barré en courant. La honte, certes, mais notre pauvre ami n'y pouvait rien, il était comme ça.

Ce fut finalement la voix de la jeune fille qui brisa le silence. Elle demandait son chemin à Sten. Bon, elle s'était perdue, ce qui expliquait sa présence en plein milieu de la forêt. Et poursuivre son Pokémon ne l'avait pas aidée, si elle ne connaissait pas le coin. Du coup, ça allait. Évidemment que la blond le connaissait le chemin : il habitait prêt de cette forêt depuis six mois et avait eu le temps d'en faire le tour à maintes reprises depuis son arrivée sur l'île d'Enola. Indiquer la sortie à Sjena ne devrait donc pas être une tâche trop difficile pour lui.
Enfin, c'est ce qu'il pensait. Parce que « expliquer » la marche à suivre pour sortir d'ici n'était pas une mince affaire pour Sten. Il ne savait tout simplement pas comment le dire avec des mots. Lui, il s'était repéré avec certains points de repères au début, mais maintenant, il n'avait même plus besoin de regarder autour de lui. C'était comme si une carte de la forêt s'était dessinée dans sa tête. Par contre, expliquer cette carte à quelqu'un d'autre relevait de l'impossible. Il s'en sentait tout bonnement avec des mots. Il allait donc devoir trouver un autre moyen d'aider son interlocutrice. Bah ouais, il n'allait tout de même pas la laisser planter là.  

– Euh... ouais, je... connaît bien. Hum, par contre, c'est pas facile à explqiuer à l'oral, alors, euh... je vais vous montrer... sui...suivez moi du coup...

Ahlala, il galérait de plus en plus à sortir quelque chose. Il commença à marcher. Shesha se mit devant lui, comme pour lui montrer que, elle aussi, elle connaissait bien le chemin pour sortir d'ici. Qu'est-ce qu'elle voulait au juste, impressionner son dresseur ? Elle faisait toujours ce genre de choses, sans pour autant que Sten ne sache pourquoi. Quoi qu'il en soit, il la laissa faire, jugeant que, de toute façon, ils allaient dans la même direction.

– C'est pas facile de retrouver son chemin... par ici. Je peux vous demander.... que... vous êtes nouvelle par ici ? Je veux dire.... vous venez, hum, d'arriver ?

Il se dit qu'il ferait mieux de s'arrêter là. Pourquoi il avait posé cette question déjà ? Sjena lui avait juste demandé son chemin, probablement qu'elle ne voulait pas raconter sa vie à un inconnu. Très bien, la prochaine fois Sten, tu te la ferme.

C'est pas que je m'ennuie, mais si je pouvais sortir d'ici...

Feat. Sjena Bentley

Bon, l'avantage, c'est que la jeune fille avait daigné la suivre. D'un autre côté, si elle était perdue, c'était sûrement la chose la plus raisonnable à faire si elle ne voulait pas passer la nuit sous un arbre. Mais elle aurait aussi bien pu insister et préférer que Sten lui indique le chemin avec des mots, que de suivre un inconnu. Alors, non, la joueuse n'a aucune pensée étrange derrière la tête, mais quand on est perdus en forêt, on peut faire toute sortes de rencontres.
Bref, Sjena suivait donc Sten, son Evoli dans ses bras. Tout deux marchaient d'un pas normal, ni trop lents, ni trop pressé. Le suédois avait le chemin dans sa tête et, de toute façon, Shesha lui montrait le chemin. Elle n'avait beau avoir intégré l'équipe que deux semaines auparavent, elle avait déjà eu le temps de faire le tout de cette forêt, et au final, sons instinct et son sens de l'orientation naturel devait largement suffire à la guider. Pour les humains, ce sens était beaucoup moins développé que chez la plupart des autres animaux, ce qui expliquait facilement qu'ils puissent se perdre, même si ce n'était du coup pas vraiment utile. Au contraire. Pourquoi donc la nature avait eu l'idée que ce sens, pendant l'évolution de l'homme, se réduise à presque néant chez certains ? Sérieusement, l'évolution, c'est cool, mais pas que.

Sten se sentait un peu gêné d'avoir posé cette question. C'était un peu sortit tout seul et il n'avait pas vraiment voulut la dire, et le petit silence qui suivit la laissa penser que la jeune fille refusait de répondre. Il allait ouvrir la bouche afin de s'excuser, mais elle décida finalement de parler. D'une voix mal assurée, elle expliqua qu'elle était arrivée ici il y a un an de cela, qu'elle vivait à Amanil et qu'elle était compétitrice. Puisqu'elle n'était jamais venu dans les environs, elle ne pouvait évidemment pas bien, voire pas du tout, connaître la forêt d'Erode, et par conséquent s'y perdre facilement. Oui, c'était logique. Le blond lui-même ne bougeant pas beaucoup de chez lui, il devait avouer ne pas bien connaître parfaitement le reste de l'île non plus. Par exemple, s'il y avait bien un coin qu'il ne connaissait mais alors absolument pas, c'était Nuva Eja. Il savait cependant qu'il s'y rendrait un jour, au moins pour rendre visite aux personnes qui vivaient là-bas et que le suédois connaissait bien.
Il reporta son attention sur Sjena quand celle-ci lui retourna la question qu'elle avait posé. Lui aussi eu du mal à sortir ses mots, mais il fallait bien qu'il fasse des efforts, après tout, il n'allait tout de même pas l'ignorer, question de politesse. Surtout que c'était lui qui avait posé la question en tout premier, ce qui laissait donc penser qu'il fallait répondre à son tour. Cette fois, c'était une simple question de logique.

– Je.... suis éleveur, enfin.... apprenti éleveur. J'habite à côté de la forêt... je suis arrivé il y a... hum... six mois environ.

Il omis évidemment de préciser qu'il s'était engager dans la Résistance. Bah oui, il n'allait pas le dire, le but de ce genre de choses étaient justement d'être secret, et le crier sur tout les toits était le meilleur moyen de se réveiller (ou pas d'ailleurs) avec une balle entre les deux yeux ou, avec un peu de chance, derrière les barreaux d'une prison. Dans les deux cas, puisqu'il semblait que Sten n'avait jamais vu Sjena, elle ne devait sans doute pas faire partie des résistants.
Ils retrouvèrent rapidement le chemin, et il était bientôt arrivés à l'orée de la forêt. Le suédois n'était pas plus que ça satisfait d'avoir retrouvé son chemin, après tout, ce n'était pas un exploit en particulier. Comme dit précédemment, il la connaissait bien, cette forêt, par cœur même. Vu qu'il habitait en face, ça semblait des plus logiques. On pouvait même dire que c'était chez lui, en quelques sortes. La forêt en elle-même ne lui appartenant évidemment pas.

– Voilà, je... on est arrivés... Vous.... avez besoin, euh, d'autre chose ?

HRP: