Un déjeuner presque parfait

Feat. Léopold Richter

Sten revint donc vers la salle à manger, le plat dans les bras. Il le posa sur un dessous de plat en inox, en forme de Poissirène, qu’il avait du acheter quelque part dans une brocante, à l’époque où il manquait de moyen pour s’acheter des ustensiles et du mobilier dignes de ce nom. La chose en question n’était pas bien jolie, mais utile, en tout cas suffisamment utile pour poser un plat chaud dessus.
Les deux hommes s’installèrent donc à la table, le suédois laissant son invité se servir en premier avant de remplir lui-même son assiette de la viande de l’oiseau, qui n’avait plus du tout la même tête que de son vivant. Il mit ensuite la dose de légumes (parce qu’il adorait ça et qu’il ne comptait pas s’en priver), il fit toutefois attention à ne pas sembler un gros morfale vis-à-vis de Léo, ce qui aurait été déplacé et bien malpoli de sa part. Il mâcha donc les aliments avec lenteur tandis que celui qui lui faisait face répondait à la question qu’il lui avait posé. Elle avait mis un peu temps à arriver, mais elle était arrivée avec quelques précisions. Sten tenta de se faire un plan d’Anula dans sa tête. Ce n’était pas simple, il n’y était pas allé bien souvent. Quant à se rappeler devant quelles maisons il était passé, alors là! C’était mission impossible. Ce n’est pas sur les maisons qu’il prenait des points de repères. Sinon, il se perdrait tout le temps, c’était certain. Même le nom des rues ne lui disait pas grand chose. Il n’y avait jamais vraiment fait attention. Il se promis toutefois d’essayer de s’en souvenir la prochaine fois qu’il irait dans la ville, histoire pourquoi pas d’aller voir à quoi ressemblait la maison que son ami lui décrivait. Une grande maison apparemment, qui appartenait donc à la famille du médecin.

- Tiens, je ne savais pas que tu avais de la famille ici. Je ne les ai jamais rencontrés.

Pour le jeune homme blond, c’était bien simple: il était le seul de sa famille à habiter sur l’île, et le reste se trouvait soit en Suède, soit en France, soit en Angleterre et en Allemagne pour quelques cousins éloignés. Bien loin, donc, de l’île d’Enola. Il n’avait personne de spécifique à présenter aux amis qu’il rencontrait ici.
Léo lui fit ensuite un compliment sur sa cuisine, ce qui eu pour effet de faire sourire timidement le jeune homme, qui souffla un petit “merci”. Il avait en effet eu peur que ce qu’il ait préparé ne convienne pas, au quel cas cela l’aurait vraiment inquiété. Bon, il ajouta une petite remarque, mais le suédois ne le prit absolument pas mal, au contraire.

- Ah ouais, t’as raison. Je… J’y penserais la prochaine fois. Merci de ton conseil, en tout cas!

Il continua à manger en silence, se disant que, en effet, il aurait du ajouter un peu plus de sauce, ça aurait été meilleur, et moins fade. Bon, il n’était pas un parfait cuisinier, mais quand même, il n’estimait pas être le plus mauvais non plus. C’était déjà pas mal que son invité réussisse à avaler le plat sans rechigner et surtout, sans s’étouffer ou mourir d’une intoxication alimentaire, même d’empoisonnement. Sten se rappela un épisode d’une série télé où un personnage mourrait après avoir bu une coupe de vin empoisonné. Bon, de toute façon, il ne buvait pas de vin. Et cela n’avait aucun rapport avec la situation en cours.
Quand les deux hommes eurent fini de manger, Sten fit signe à son ami de rester assis pendant qu’il débarrassait les assiettes dans la cuisine afin de ramener le dessert. Il apporta bien sûr celui que Léo avait apporté, mais aussi la tarte aux fraises qu’il avait lui-même préparé.

- Voilà, comme ça, ça fait deux desserts. Tu peux prendre les deux… où choisir, c’est comme tu veux..

   

Un déjeuner presque parfait
   avec Sten Åkjerfäldt

   

Léo fit apparaître un sourire forcé en entendant Sten s’intéresser à sa famille, et dire qu’il ne les avait jamais rencontrés. Il n’osa pas lui faire la réflexion car cela aurait probablement été trop sec et plombeur d’ambiance, même si on a l’habitude avec ces deux-là, eh bien, autant ne pas trop forcer la chose non plus (on y croit!). Enfin, de manière générale… Léopold est en froid avec l’essentiel de sa famille, et la seule personne avec qui ont peut dire qu’il s’entend (le « on peut dire » est important ici), est un homme totalement dépressif, paranoïaque, hypocondriaque et dépendant, accro aux Mister Freeze (il se demande vraiment si il ne devrait pas lui mettre le film « Batman and Robin » juste pour la légendaire interprétation de Schwartzenegger en tant que Mr Freeze, tiens) ; ah, il ne faut pas oublié qu’un des cadets de Léo est également  un vagabond aux tendances un peu violences et suicidaires qui s’est enfui d’un asile. En effet, la vie du jeune médecin est totalement normale. Plus normal et ennuyeux, tu meures. Vraiment, parfois, il aimerait que les choses soient différentes. Il se contenta de répondre à Sten d’un rire un peu nerveux, c’est l’imite si il aurait pu avoir un tic nerveux de l’œil tant la question du blond était innocente à l’égard d’une famille aussi bordélique que celle du brun. Pas plus de détails ne seront donnés à ce sujet, donc.

A la place, il redirigea la conversation vers la nourriture, sur la sauce du poulet plus exactement. Au moins, Sten ne le prit pas mal et accueillit même son conseil avec le sourire, ce qui fit plutôt plaisir au brun. Et une fois le plat de résistance terminé, Sten partit en cuisine et pria Léon de rester assis cette fois(ci, et par politesse, et car il est bien élevé et très docile, le médecin resta donc sur sa chaise et profita de l’absence de son ami pour mieux explorer la pièce du regard… Il avait été tendu pendant le repas et n’avait pas vraiment fait attention à la décoration. Son regard fut attiré en particulier par l’horloge, qu’il trouva plutôt classe, le reste de la maison était bien rangé et propre, cela en faisait un lieu plaisant et plutôt chaleureux, que Léo aurait certainement un peu de regrets a quitter quand le moment viendrait. Il enviait un peu Sten d’avoir la chance de posséder un lieu à lui, car le brun était contraint à vivre avec son père, n’ayant jamais voulu envoyer Richard en maison de retraite ou dans un établissement spécialisé (oui, il est maso, aussi). Finalement Sten revint avec deux dessert, celui que Léo avait apporté, un gâteau au chocolat glacé, et un autre de sa préparation, cette fois une tarte aux fraises. Qui avait l’air franchement délicieuse. Un peu penaud d’avoir simplement acheté le dessert qu’il avait apporté, Léo avait quand même encore assez de place dans son estomac et gouterait avec plaisir la tarte de Sten. Quand il fut servi, il entama donc les deux dessert (ou comment passer pour un morfale) et en priorité la tarte.

« C’est toi qui a fait la tarte? Parce que… Elle est vraiment réussie. Et si cela ne te déranges pas, hum, j’en reprendrais bien une part… Désolé, le gâteau que j’ai amené était déjà tout fait quand je l’ait acheté, la prochaine fois, j’apporterais quelque chose que j’aurais fait moi-même ou bien… Je t’inviterais. »

Oups. Bah, c’était dit, plus moyen de se retourner. Donc, penser que si il invite Sten, s’arranger pour que Richard avale une triple dose de somnifères. Oui, il a quelque peu honte de son père, mais surtout, il sait que si ce dernier voyait qui que ce soit d’étranger rentrer dans sa demeure, il piquerait une crise mémorable, et assez laide à voir. Mais Alea Jacta Est, qu’il en soit ainsi… IL ne pouvait plus se rétracter, c’est ainsi. Le repas touchait donc à sa fin, Léo pensa alors qu’il n’allait pas tarder, et se rendit compte que lui et Médée étaient restés un bon bout de temps chez Sten, et que l’après-midi était déjà bien entamée. Après avoir un peu discuté encore a propos de musique et que Léo se soit assuré de bien avoir donné l’adresse du magasin dont il avait parlé à son ami, ils débarrassèrent la table et Léopold se dirigea lentement vers la sortie, après s’être assuré de ne pas être impoli et de ne pas partir en coup de vent, surtout que ce n’était pas son but. Dans tous les cas, c’est un SMS qu’il finit par recevoir qui le fit presser un peu son départ.

« Léo T ou???? Vi1 a la mézon je ve mourir !!!!!!!!!!! »

Oui, vous avez bien deviné, quand Richard se réveillé et qu’il sent qu’il est seul à la maison, eh bien, il harcèle son fils de SMS. Zut, si il avait un peu plus dosé les médicaments, il aurait peut-être eu la paix un peu plus longtemps…

« Sten, euh… Je suis navré, je vais devoir y aller, quelques trucs à régler… Au boulot, oui. Des papiers que j’ai oublié et… Voila, désolé si je pars un peu en coup de vent. C’était vraiment sympa de m’inviter, j’ai passé un bon moment, ça m’a fait du bien, je ne te dis pas ça par politesse, je suis très sincère et… Voila. Merci pour le repas aussi. Et merci à vous aussi, Isa, Shesha et Scar pour avoir tenu compagnie à Médée. On se refait ça quand tu veux, Sten, je t’appellerais. »

Un peu confus et rushé, comme speech, mais Léo pensait chaque mots qui composait cette tirade un peu dramatique et bordélique. Il se dirigea vers la porte et enfila sa veste, tout en demandant à sa Griknot de le suivre. Elle semblait un peu déçue de partir, elle aussi.

« Merci, vraiment. »

Puis, il attendit que son ami lui donne congé pour qu’il reparte en direction de sa voiture, culpabilisant tout de même d'avoir du mentir à son ami en dernier lieu.

     

Début d'après midi, chez Sten
Pokémon présent(s) : Médée

Keukouuuu:

Un déjeuner presque parfait

Feat. Léopold Richter

Il se rassit à sa place, attendant que son ami se soit servit avant de se prendre lui-même une part de chaque gâteau, parce que la gourmandise était un vilain défaut mais qu'il s'en fichait royalement. Quand il s'agissait de se faire plaisir, notamment au niveau culinaire, il en s'en privait pas. loin de là. Il préférait mille fois manger ce qu'il voulait, quitte à passer pour une grosse bouffe, que de se priver et avoir l'impression de mourir de faim en regardant cette chose magnifique que pouvait être la nourriture.

- Oh, vas-y, je vais faire pareil je pense. Et ce n'est pas grave pour le gâteau, tu sais, c'est toi l'invité!

Il se reprit une part sur ces bonnes paroles. Oui, il avait faim, et vu qu'apparemment son ami aussi, il n'y avait aucune raison de se limiter à une seule part de chaque. Ce serait du gâchis, n'est-ce pas?
Le blond sourit quand son ami lui dit qu'il pourrait l'inviter. Sten n'était pas souvent invité, et ce n'était vraiment pas trop son truc, mais s'il n'y avait pas trop de monde, ça pouvait aller, surtout si c'était un bon ami à lui qui le faisait. Oui, il appréciait Léopold, et cela le dérangeait moins d'être avec lui qu'avec n'importe qui d'autre.

- Ne te sens pas obligé surtout... c'est un plaisir de t'inviter!

Ils finirent bientôt leurs assiettes respectives. Ils se mirent ensuite à reparler de musique, et Léo redonna l'adresse du magasin que Sten cherchait. Cela le motivait à s'y mettre vraiment et à apprendre sérieusement à jouer de la guitare. L'instrument lui plaisait, peut-être que cette motivation lui faciliterait l'apprentissage. La discussion se termina et ils débarrassèrent la table, remplissant le lave vaisselle plus qu'il ne l'avait jamais été en un seul repas. En général, il tenait deux jours, ne recevant que les couverts et assiettes sales de Sten lui-même (ça économisait des sous pour le produit vaisselle).

Le repas avait duré assez longtemps, Sten ne se souvenait pas être rester aussi longtemps assis à une table. Mais il n'avait pas vu le temps passer, à discuter ainsi avec le médecin, et il faut dire que ça lui avait plutôt plut, il ne s'était pas attendu à ce que cela se passe si bien.

Léopold lui annonça qu'il était pressé car il avait du travail, il ne pouvait donc pas rester bien plus longtemps. Il le remercia de l'avoir invité et Sten lui fit un grand sourire, heureux que son ami est passé un bon moment. Il avait eu trop peur qu'il se soit ennuyé.

- Pas de soucis, je comprends!

Les trois Pokémon du jeune résistant saluèrent gaiement Léopold et Médée, eux aussi ravis de ce repas. Ils s'étaient sûrement bien amusés tout les quatre avaient l'air d'avoir tissés des liens amicaux entre eux, ce qui n'était pas déplaisant pour leurs dresseurs.

- De rien, Léo. A plus tard!

Il salua une dernière fois son ami qui s'en alla donc. Lui et son Pokémon semblaient déçu de partir, et Sten et ses Pokémon étaient déçus qu'ils partent. Mais bon, toute bonne chose à une fin. Et puis, les amis c'est fait pour se revoir, non? Ils habitaient tout eux sur Enola, ça facilitait les choses.

Le blond ferma sa porte, et sa maison lui sembla bien vide tout à coup. Il ne s'était jamais rendu compte qu'elle était grande pour quelqu'un de seul comme lui. Heureusement qu'il y avait ses Pokémon pour lui tenir compagnie. Peut-être que Sten, contrairement à ce qu'il a toujours voulut croire, n'était pas si solitaire que ça, finalement...