Faire face à ses erreurs [PV Max&Mercy]

• Faire face à ses erreurs •feat. Max & Mercy

Je visage enfoncé dans le creux de mes mains, je n’ose pas relever le regard. Ces murs, ce plancher, ces meubles… Ils ne font qu’enfoncer le couteau dans la plaie. La simple vision de cette bibliothèque ravive la douleur qui persiste toujours dans les extrémités de mes membres. Le maître coordinateur a beau avoir replacé le fouillis, ça ne change rien. Je peux presque toujours voir la seringue contre ma peau. Je ne veux pas relever les yeux vers ces souvenirs encore trop ardents. Et puis, je n’ose pas affronter son regard. La simple sensation de sentir son regard pesé sur moi me suffit amplement. Assit sur la table à café en face de moi, je peux le sentir m’observer, sans toutefois réussir à percer ses pensées. Déçu? Fâché? Triste? Je ne saurais dire. À vrai dire, ma capacité à réfléchir me semble bien limité depuis. Je n’arrive plus à placer deux idées côte à côte. Le monde me semble soudainement si compliqué. Un tas d’émotion s’emmêle dans ma tête, à un tel point que les migraines finissent par avoir raison de moi. Jamais je ne me suis senti ainsi. Jamais. Même un chien battu doit avoir plus de dignité que moi. Je voudrais mourir. En finir. Ne plus avoir à vivre avec moi-même. Parce que m’en être sorti vivant n’a fait qu’empirer ma condition. Encore plus que jamais, je me maudis. Je me hais. Je me dégoute. N’ais-je donc rien appris? Frôler la mort n’était donc pas suffisant? N’en pouvant plus de garder toutes ces pensées pour moi, je me laisse basculer en position couchée, sur le canapé, levant mon regard vers Max, qui a jusqu’à présent respecter mon silence.

-Le pire, dans tout ça… Le pire, c’est que malgré tout ça, j’ai encore une putain d’envie de me défoncer…

Ce besoin… Ce besoin de consommer est encore toujours aussi présent. Toujours aussi brûlant. Il me gruge de l’intérieur, malgré tout. Mais n’ais-je donc pas compris, alors? Ce n’était donc pas suffisant. Qu’est-ce qu’il va me falloir, alors? Combien d’overdose, combien de pertes me faudra-t-il? Comment se fait-il que ma seule préoccupation, depuis ma sortie de l’hôpital, a-t-elle été de me procurer de quoi recommencer? Me suis-je donc brûlé toutes les cellules du cerveau? Rien de ceci ne fait du sens. Merde, je ne veux pas crever. Je ne veux pas, mais c’est ce qui va arriver, tôt ou tard. Cette fois j’ai été chanceux. Cette fois je m’en suis sorti, mais comment ça se passera la prochaine fois? Et la fois suivante? Et celle d’après, si je m’y rends? Je finirai tôt ou tard par y passer, je le sais. Mais alors, comment se fait-il que, malgré tout, j’en redemande? Rien de ceci ne fait du sens, et y réfléchir ne fait qu’empirer mon état. Je n’ai pas les idées claires, et je suis complètement épuisé, malgré le repos à l’hôpital. Dans un geste mou, j’attrape la petite couverture placée contre le dos du divan pour me couvrir la tête. Je n’ai aucune énergie. Aucune, et pourtant, je sais que je vais en avoir besoin pour la suite des choses.

-Pourquoi tu l’as appelé, Max? Ça pouvait vraiment pas attendre quelques jours? Ou même quelques heures…? J’ai pas besoin qu’elle vienne…

(c)Golden

Faire face à ses erreurs

J’aurais du me douter qu’un jour pareil se produirait mais pourtant j’avais gardé espoir que mon ami reprendrait le contrôle de ses sens un jour ou l’autre, se relèverait de la misère pour laisser derrière lui ses vices. Aux premiers vents de la nouvelle, j’avais usé de mes connexions pour faire taire la rumeur et je m’étais moi-même adressé aux médias pour les rassurer quant à l’état du Champion d’Anula, prétextant un mauvais virus pour expliquer son absence. Le reste, quelques billets par-ci par là avaient suffit pour garder sous silence la véritable raison du séjour de mon bon ami à l’hôpital. Dans tout ce remous, j’ignorais toujours qu’en penser. Je me tenais bien droit, dans son appartement, à l’observer alors qu’il considérait les murs comme s’ils se refermaient sur lui, les prunelles perdues dansant sur le plancher. Sous son crâne se mouvaient ses pensées cacophoniques, sombres et inquiétantes, formant des creux dans son visage pourtant si doux et agréable de nature. Dans un manteau de doute il se déplaçait dans un chez lui qui semblait lui paraître hostile, le dos voûté. Il avait égaré tout ce que j’appréciais fortement chez lui : sa bonne humeur, son charisme. Je serrais les dents, frustré et confus, mais pas contre lui pour la plupart. Je cherchais simplement les mots alors que de simplement le regarder me faisait piquer les yeux. Je n’avais pas pleuré depuis un moment, depuis l’ouverture de cette lettre de Pasqual à vrai dire, et l’envie me prenait à présent, farouche.

J’avais presque perdu un ami, un ami qui m’était particulièrement cher. Même si un monde nous séparait, je l’aimais tel un frère et je ne supportais pas un seul instant de le voir ainsi, fatigué, seul et triste. L’idée qu’un gramme de plus aurait pu changer sa destinée continuait de me hanter et je cherchais quelque chose pour me raccrocher. Je réalisais que j’étais plus fragile que je ne l’avais cru depuis ma rencontre avec Emilio, encore toujours sonné par les événements de cette vie pourrie qui avait de nombreuses fois tenté de se jouer de moi. Weston se traînait jusqu’au salon et se glissait dans le canapé, me laissant un peu plus loin avec mes pensées confuses. Je ne le regardais plus à présent, absorbé par mes réflexions. Je lui en voulais. Cette fois, je lui en voulais vraiment. De m’avoir effrayé ainsi, oui. Mais pire, de s’abandonner lui-même. Je lui en voulais d’être passé si près de mourir. Je ne désirais qu’une chose : l’aider à se rétablir. Cependant, cette fois, les choses se dérouleraient différemment. Tout avait changé avec cette overdose. Il ne pouvait plus prétendre avoir le contrôle sur sa consommation, sur sa vie. Il allait devoir avancer, avancer sans cette épée pendue au-dessus de sa tête.

«Je sais.»

Je n’allais certainement pas l’encourager, mais je n’avais pas le courage de lui imposer une limite. J’avais besoin d’aide. Je savais qu’il ne m’écouterait pas. Alors j’avais pris une décision. Celle de l’appeler, elle. Je regrettais un peu ma lâcheté, mais il était trop tard à présent. J’ignorais totalement comment la rose réagirait devant cet événement, mais j’allais connaître la profondeur de ses sentiments à présent, et pourrais m’en servir comme alliée si jamais elle décidait de se ranger de mon côté. Je craignais qu’elle ne se fâche et décide de ne plus fréquenter le blondinet, car beaucoup de jeunes femmes se désespéreraient d’un tel comportement problématique. Je comptais sur Victoria, différente de toutes celles que j’avais rencontrées, pour ne pas se montrer aussi sotte devant Weston.

«Tu n’en penses pas un seul mot. Tu as besoin qu’elle te visite. Plus que jamais. Il fallait que ce soit tout de suite.»

Je me refermais aussitôt, consultant la porte dans l’attente qu’elle se présente enfin.

• Faire face à ses erreurs •feat. Max & Mercy

Ce n’est pas ce que je voulais. Ça ne l’a jamais été. Jamais je n’ai voulu finir ainsi, brisé, dépendant de mes proches. Je ne peux même plus prendre soin de moi. Merde, est-ce vraiment nécessaire? Même les médecins ne se sont même pas adressés à moi, à ma sortie. C’est à Max qu’ils ont confiés les indications… Je n’ai plus aucun contrôle sur ma vie. Inutile de le nier. Je suis dépendent. Dépendant à la drogue, mais aussi à mon entourage. Je ne suis qu’un fardeau de plus en plus lourd à porter. Combien de temps tout ça va durer? Des jours? Des semaines? Des mois? Je ne veux pas rester ainsi. Je ne veux pas dépendre des autres. Je ne veux pas qu’on me voit ainsi. Cet état, ce n’est pas moi. Cette humeur dépressive, ce n’est pas moi. Max… Il n’a pas le droit de la faire venir alors que je suis ainsi. Même s’il prétend que c’est pour mon bien, je ne veux rien entendre. Je ne veux pas qu’elle vienne, qu’elle me voit ainsi. Je ne veux pas être faible devant elle. Tout mais pas ça. Pas une humiliation de plus. J’en ai déjà assez eu ainsi. J’en ai déjà assez écopé ainsi avec Max. Me montrer à lui dans un lit d’hôpital m’a suffit. Si maintenant je dois revivre le même cauchemar avec Victoria, je ne m’en sortirai pas. Je ne me relèverai pas.

-Max, dis-lui de ne pas venir… Je sais que tu fais tout ça pour moi mais je n’ai honnêtement envie de voir personne…

Je voudrais être seul. Je voudrais m’enfermer ici, entre ces quatre murs qui m’ont vu à mon état le plus vulnérable. Ces quatre murs qui ont failli être ma dernière vision. Je veux me retrouver seul avec eux, et me replier avec moi-même. En ce moment, je veux faire le vide. Je veux tenter de chasser ces idées sombres et me reposer un peu. Je ne veux pas de compagnie. Et pourtant, je sais ce que je ferai la seconde où je me retrouverai seul. Et pour cette raison, je ne peux pas me résoudre à demander au maître coordinateur de me laisser. Je ne peux pas lui demander de me laisser me remettre en danger. Je sais que je vais le faire. Je le sais. Je le sais, et ça m’effraie. Penser que je vais retomber la seconde où il fermera la porte me terrorise. Je ne sais pas comment je vais m’en sortir. J’ai besoin d’aide. Même si je crains de la voir débarquer, je sais que sa présence est indispensable. La présence de Max me rassure, mais il n’a pas la force de Victoria. Il n’a pas son caractère. Même si je n’aime pas ça, je n’ai pas vraiment d’autres solutions.

Un bruit violent retentit dans l’appartement, me faisant sursauter violement. Je me redresse par réflexe, mais je me mets aussitôt à regretter ma réaction. J’aurais sans doute dû rester camoufler sous cette petite couverture. Même si celle-ci n’est pas le meilleur abri, et qu’elle ne m’aurait sans doute pas très bien protégé contre la fureur de cette tornade qui vient de pénétrer dans mon chez-moi, elle m’aurait tout de même fournit un petit réconfort quelconque. N’osant pas porter mon regard sur la cause de ce vacarme, je rabaisse les yeux, tentant de me préparer au pire.

(c)Golden

♦ MISTAKES ♦feat. Weston Elric

Je me trouve dans la douce région de Zazambes depuis quelques jours déjà lorsque je reçois l’appel. J’adore me balader dans cette ville vibrante de vie et d’action, et surtout de beaux jeunes gens. Aucune chance de remarquer la faune locale cependant, j’ai la tête ailleurs, tourmentée, malgré mes tentatives restées vaines de me défaire de mes pensées en direction du blondinet d’Anula. Depuis le mariage j’ai comme la sensation désagréable qu’il m’évite. J’ignore pourquoi, même si j’ai formulé une multitude d’hypothèses déjà. La plus plausible serait qu’il se désintéresse de moi, tout simplement. Il ne répond à aucun de mes appels depuis quelques jours, puis non plus quand je me suis rendue chez lui pour voir si tout allait. Je n’ai pas osé insister, je n’aurais pas voulu qu’il le fasse en situation inverse mais… Je ne peux m’empêcher de lui en vouloir. J’aurais voulu au moins qu’il me le signifie s’il désirait écourter notre relation d’amitié avec un plus. Au final, j’y perds non seulement une bonne fréquentation, mais en plus une personne que j’ai appris à apprécier, un pilier en quelque sorte dans ma vie sur l’île d’Enola. Mon… mon meilleur ami. Eh oui, au même titre que Solène, il est devenu super important pour moi. Arceus, je déprime, c’est trop idiot. J’avais promis de ne pas m’attacher, mais alors que je sirote mon café sur une terrasse je sens les larmes affluer.

Je ne vais quand même chialer parce que je me suis fait tasser par un jeune homme qui ne connaît que les femmes sous forme de liste à énumérer, n’est-ce pas? Je m’empresse de faire disparaître la larme solitaire qui m’a échappé mais je continue de me sentir comme une idiote triste. Pff. Au moment où je me dis que j’ai fixé une croix sur lui, je sens mon portable vibrer dans mon sac à main. Je retire l’objet et le colle à mon oreille, en espérant peut-être un peu que ce soit lui avec une bonne explication… Mais non. Il s’agit de Maxwell, qui, d’une voix tendue, m’explique la raison de l’absence de Weston. Moi qui tenais ma tasse de café dans ma main l’échappe violemment contre la table et le contenu se déverse partout sur celle-ci. Tremblante comme une feuille, je pose des questions, quémande des explications mais n’entend rien de ce qu’il répond ensuite. Une sorte bourdonnement a envahi des oreilles, et je perds l’équilibre avant de m’écrouler sur ma chaise. Maxwell raccroche et je me tiens là un moment, interdite, devant le regard inquiet de mes Pokémon. Se trouvent avec moi Golden, Teigon ainsi que l’œuf de son bébé.

«Goldie, faut rentrer.»

Elle a compris, évidemment. Tandis que je rappelle le Zoroark à sa Poké Ball et m’empare de l’œuf, elle vient vers moi et me prend le bras. Nous disparaissons après avoir laissé l’argent sur la table. Un instant plus tard, nous nous trouvons devant l’immeuble où habite le Champion Dresseur. Un malaise s’empare de moi et je m’accroche à l’Alakazam, à laquelle je tiens à expliquer la situation :

«Weston a fait une overdose. Il vient de rentrer. Il aurait pu…»

Crever. Je cours en direction de la porte après lui avoir remis l’œuf. Je n’ai jamais monté d’escaliers aussi vite. Mon cœur bat à la chamade et à mesure que je me rapproche, mes émotions prennent le dessus. J’entre dans l’appartement tel une tornade avant de me diriger vers lui. Une vague de sentiments indescriptibles me saisit alors que je le vois sur le canapé, perdu et gris, et je m’avance d’un pas déterminé. J’ignore ce qui me prend par la suite. Je crois que tout ceci… c’est trop. Ma main s’assène violemment sur son visage dans toute la fureur que je ressens. Puis je me laisse choir sur sa poitrine, mes genoux ayant cédé sous mon poids à force de trembler.

«Tu aurais pu mourir… Espèce de sale idiot… J’aurais fait quoi moi sans toi hein? J’aurais fait QUOI?»

Sans aucune retenue, je laisse toutes ces émotions envahir mon visage. Des sanglots violents me saisissent et les larmes affluent contre mes joues. Je le serre fort contre moi, comme pour me convaincre qu’il n’y est pas passé, qu’il est toujours présent à mes côtés.

(c)Golden

• Faire face à ses erreurs •feat. Max & Mercy

Ils ne comprennent pas. Ils ne le peuvent pas. Personne ne peut comprendre ce que je vis, ce que j’endure, ce que je ressens. Comment le pourraient-ils? Personne ne peut savoir sans l’avoir vécu, et de toute évidence, ni l’un ni l’autre n’a la moindre idée de ce que ça peut faire. En entendant les pas pressés de la jeune femme, en la sentant s’approcher comme une tornade, je sais qu’elle ne peut pas comprendre. Comment cet idiot a-t-il pu se rendre là? Comment cet imbécile a-t-il pu consommer jusqu’à en risquer sa vie? Je sais que c’est ce qu’elle se demande. Et je ne peux pas lui en vouloir de penser ainsi. En quelques sortes, elle n’a pas tort. Je suis un imbécile. Un imbécile qui souffre. Un imbécile qui n’a jamais su affronter la vie sans aide. Et Arceus… Quelle aide ça a été. Une aide qui aura failli me couter le peu de vie qu’il me reste. Comment lui en vouloir, après ça. Comment suis-je sensé la regarder en face et lui dire que tout va bien. Comment lui dire quoi que ce soit. Je n’ai pas de mots. Alors je me contente de rester là, tête baissée, et l’attendre. Attendre qu’elle se calme, et qu’elle parle pour nous. Fixant les lattes de bois formant le plancher, je la laisse faire sans rien dire. Je la laisse étamper la paume de ma main contre ma joue. Je ne réagis aucunement. Ma tête molle est secouée par le choc, mais reviens bientôt à son emplacement initial. Je n’ose pas poser mon regard sur elle, de peur de craquer. Je ne serais tout simplement pas capable de le supporter.

La tête toujours basse, je sens son corps s’effondrer contre le mien dans un désespoir déchirant. Je peux sentir ses larmes terminer leur trajectoire contre mon torse. De chaudes larmes, coulant par ma faute. Des larmes qui ne devraient pas être là. Elle ne devrait pas être là. Ne l’ais-je pas déjà dit? Elle ne devrait pas être là. Elle devrait être bien, sirotant un Margarita aux côtés d’un homme digne d’elle. Un homme capable de s’occuper d’elle, et non le contraire. Elle n’a pas besoin d’un homme dont elle devra s’occuper. Elle n’a pas à le faire. Et Max non plus. Ils ne devraient pas avoir à faire ça. Je sens les émotions me venir. Je dois me retenir de toutes mes forces pour ne pas imiter Victoria et tomber dans les larmes. Le regard toujours au sol, je secoue la tête, dépassé par les évènements.

-C’est pas ce que je voulais… J’ai jamais voulu ça. J’ai jamais voulu faire de mal à personne. C’est pas ce qui était prévu… Je sais pas ce qui s’est passé. C’est jamais ce que j’ai voulu.

Je sens ma respiration se saccader alors que mes yeux se mettent à piquer. Mes mains se mettent à trembler. Comment en suis-je arriver là. Comment suis-je arriver à me négliger à ce point. Elle a raison. Je n’ai pas le droit de leur infliger une telle responsabilité. Je ne peux pas les obliger à s’inquiéter ainsi pour moi, à craindre de perdre un être cher. Je n’ai pas ce droit. Mes mains s’entourent autour du corps de Victoria, secoué par de violents sanglots. Je finis par me laisser aller, libérant à mon tour quelques larmes, la serrant de plus bel contre moi.

-Je suis tellement désolé… J’ai jamais voulu blesser qui que ce soit… Max… Victoria… Je m’en veux tellement… J’ai jamais voulu…

Jamais je n’ai pleuré ainsi. Combien d’années depuis ma dernière crise de larme? Je ne sais plus, mais aujourd’hui, je me laisse aller, ne retenant pas les légères larmes s’éclipsant de mes yeux. Des larmes silencieuses, bien loin de celles que verses la jeune femme, mais elles sont toutes aussi sincères, elles transmettent la même peine. Je ne veux pas la perdre, moi non plus.

(c)Golden

♦ MISTAKES ♦feat. Weston Elric

Je ne sais pas ce qui me prend. Je ne peux pas m’arrêter de pleurer. J’ai tellement mal que j’ai l’impression qu’un truc rampant détruit tout dans ma poitrine. Chaque sanglot me fait m’enfoncer un peu plus sur lui et je cherche de l’air, de l’air qui se refuse à moi. Sous mes yeux défilent des images morbides de ce qui aurait pu être, ce qui aurait pu être sans l’intervention miraculeuse de son Dracaufeu. Je me promets d’ailleurs de remercier celui-ci lors de notre prochaine rencontre. Mais pour le moment, je me trouve là, un véritable paquebot à la dérive sur son torse secoué de soubresauts, une épave de la fille qu’il connaît. Le sait-il? À quel point il est important pour moi? J’ai beau tenter de me dire que ce n’est pas le cas, au final, la vérité ressort toujours plus vive et vraie que tout le reste. Il a été d’une aide précieuse alors que je ne broyais que du noir. Il a su me relever, il m’a pris dans ses bras, il m’a soutenu. Il a peint un visage sur mes lèvres tuméfiées. Il a constellé mes yeux d’étoiles. Je lui dois ma vie deux fois plutôt qu’une. Il n’est pas une simple aventure. C’est mon ami. Je tiens à lui, je donnerais tout pour lui. La réalisation de ce fait me pleurer de plus belle, si bien que j’ai du mal à respirer à présent.

Finalement ses bras se referment. Ces bras que j’ai longtemps considérés comme des cages, comme des armes. Les siens me portent, me guident, m’élèvent. Je le serre contre moi, toujours plus près, je m’imbibe de son odeur que je ne veux plus jamais oublier. Je sens ses larmes couler dans ma chevelure rose et je me recule quelque peu pour observer son visage fatigué, ravagé de remords et de douleur. Lentement, mon désarroi se calme pour laisser place à une grande fatigue, semblable à la sienne. Nous nous tenons l’un et l’autre, impuissants devant ce monstre en lui qui le dévore tout entier. J’ai déjà affirmé vouloir l’aider, mais pas à n’importe quel prix. Je le pense encore, de tout mon cœur. Cette fois, il est allé trop loin. Il doit arrêter. Pour de bon. Il le sait, je le vois à son regard, je sais aussi qu’il pense ne pas pouvoir y arriver et c’est bien ce qui me fige sur place. Sans son initiative, quel bien lui ferais-je? Je ne peux pas porter ce fardeau pour lui. Je ne peux pas franchir ce pas. Je me laisse tomber sur les fesses, me détachant de lui, tremblant sur le plancher. Maxwell vient s’asseoir sur la table du salon près de moi, posant une couverture sur mes épaules.

«C’est fini maintenant. C’est fait. On ne revient pas en arrière, je le sais mieux que quiconque.»

Je glisse ma main dans celle de Maxwell. Je suis surprise par la force avec laquelle il empoigne mes doigts pour les serrer. Je laisse mon regard glisser vers lui pour découvrir un Maître Coordinateur dévasté, dépassé et surtout fort inquiet. Je comprends alors la raison de cet appel. Il a eu besoin que je sois là. Il a eu besoin que je parle à sa place. Le poids de cette responsabilité me pèse, mais les mots flottent dans mon esprit, aussi vifs que si je les avais écrits et lus de sur un papier.

«C’est fait, justement. Le passé ne s’efface pas mais l’avenir s’influence. Tu m’as dit toi-même Weston. Tu me l’as dit. Je crois qu’il est temps pour toi.»

Il saura bien sûr. Il saura que je parle d’aller faire une cure de désintoxication, que je parle de changer. Même si changer est bien ce qui est le plus difficile. Parce qu’on a toujours peur de ne plus se reconnaître ensuite.

(c)Golden

• Faire face à ses erreurs •feat. Max & Mercy

Le visage enfoncé dans le cou de la jeune femme, je ferme les yeux. Et si j’avais dit non? Et si j’avais reculé, la première fois qu’on m’en a proposé? De quoi aurais-je l’air, aujourd’hui, si je n’avais pas consommé ce premier rail, il y a sept ans? De toute évidence, je ne le saurai jamais. Le plus jeune moi n’avait que faire des conséquences futures. Comment aurais-je pu, de toute manière. Comment étais-je sensé m’en faire pour ma vie future, alors que je ne voyais aucune issue. Comment aurais-je pu m’en faire pour ma vie alors que je n’avais plus aucune envie de continuer. Que serais-je devenu, sans cette poudre? Serais-je même encore ici? Aurais-je eu le courage de me retirer la corde du cou, sans cette échappatoire? Honnêtement, j’en doute. Je ne serais plus ici. Alors comment m’en passer, à présent? Cette poudre qui a failli m’enlever la vie me l’a aussi préservée. Jamais je n’aurais pu continuer sans elle. Et maintenant? Qu’en est-il de maintenant? En ais-je toujours autant besoin? En suis-je toujours dépendant pour continuer à avancer? Pourrais-je m’en sortir sans? Je n’ose même pas l’imaginer. Je n’y arrive tout simplement pas. Comment ferais-je, le matin, pour sortir du lit? Pour affronter la journée? Pour refouler les souvenirs du passé? Tout ceci me semble impossible, et pourtant… Pourtant, je n’ai plus le choix. Victoria a raison. On ne revient pas en arrière. Ce qui est arrivé ne s’efface pas. C’est une réalité, c’est un fait. Je ne peux plus le nier. J’ai un problème. Je ne peux plus le cacher, je n’ai aucun contrôle sur ma consommation.

Essuyant ces quelques larmes contre mon visage, je relève le regard, observant tour à tour Max et Victoria, qui me fixent tous deux, attendant sans doute ma réponse. Les paroles de la jeune femme raisonnent dans ma tête. Le passé ne s’efface pas… Mais l’avenir s’influence. Ces mots peuvent lui paraîtres anodins, mais pour moi, ils veulent tout dire. Il est temps. N’ais-je pas moi-même dit attendre un signe avant de considérer le changement? N’est-ce pas exactement ce signe que j’attendrais? Je n’ai plus le choix. Je ne veux plus blesser qui que ce soit. Je ne veux pas mourir ainsi. Avant, avancer me semblait impossible. Mais à présent, j’ai leur support. Max, Iléa, Victoria… J’ai mon arène, j’ai mes Pokémon. J’ai de nouveaux piliers pour continuer à avancer. Tout ce qui me reste à faire, c’est de franchir ce premier pas. Je n’ai qu’à dire « j’arrête ». Je n’ai qu’à me lancer. Je sais que ce sera difficile. Je sais qu’après huit ans de consommation, cesser ne sera pas facile. Mais je dois le faire. Je dois me faire ce cadeau. Pour les autres, mais surtout pour moi. J’ai fait des erreurs dans le passé, mais il n’est jamais trop tard pour repartir à zéro. Je n’ai pas à vivre en arrière.

-Je sais. Je crois que je suis prêt. Je crois qu’il est temps.

J’aurais dû faire ce choix il y a des années. J’aurais dû gérer mes ennuis d’une manière différente. La coke m’a fait tenir le coup, mais ce n’était pas une solution à long terme. C’était une manière lâche de continuer. Et aujourd’hui, je sais que je suis prêt à affronter la vie comme un homme. Ce ne sera pas facile, et je n’y parviendrai sans doute pas seul, mais j’ai confiance. Je sais qu’avec un effort incroyable, je pourrai y arriver, avec un peu d’aide.

-Je sais que je dois le faire. Mais je n’y arriverai pas seul…

(c)Golden

Faire face à ses erreurs

Elle prenait tout sur elle. Arceus que je me sentais lâche. Quelque part je craignais sa colère. Je craignais de le perdre, lui la seule attache que je conservais de Pasqual. Celui qui de sa seule vision me rappelait le doux sourire de mon ami que j’avais perdu trop tôt. Près de Weston, dans cet état lamentable, je me sentais tel l’adolescent confus que j’avais été à une époque peu avant de quitter le nid familial, peu de temps avant de m’aventurer dans le vrai monde et de trouver qui j’étais réellement. J’ignorais que dire, que faire, comment agir. Et elle, elle se présentait à lui, certes en craquant devant l’horreur devant laquelle nous étions confrontés : l’idée que nous aurions pu le perdre alors que tout ceci aurait pu être évité. Cependant elle se relevait, faisait de l’ordre dans ses émotions pour le guider de façon douce et ferme tout à la fois, si bien que je ne la reconnus pas. J’avais entretenu tant de préjugés sur elle, probablement car nous étions si différents l’un de l’autre. Je me rendais compte après tout ceci cependant qu’elle restait la plus forte de nous deux, malgré tout ce que j’avais enduré par le passé. Peut-être son passage dans les prisons du Régime l’avait-elle fait grandir, elle s’était endurcie en tout cas, je le remarquais. Je l’admirais. Je m’excusais aussi, en silence, me tenant près d’elle.

J’aurais tellement voulu être celui qui le dise. Mais je craignais trop sa réaction. Toutes ces années et je n’avais jamais osé prononcer ses paroles que j’avais tant de fois pensées dans l’intimité de mon esprit. Au final je m’étais montré trop lâche pour lui indiquer la marche à suivre, trop lâche à l’idée de provoquer sa colère et de perdre son amitié qui m’était si précieuse. Je n’osais même plus regarder Weston dans les yeux tellement je craignais de craquer, de m’effondrer. Alors je me dissimulais derrière elle, travaillant intérieurement pour remettre de l’ordre dans mes émotions agitées. Victoria lui dit ce que je n’avais pas la force de prononcer et je retins mon souffle dans l’attente de la réponse du blondin en silence, sentant mes trippes se tordre sous l’effet de la nervosité. Et s’il se rebellait? S’il refusait? Saurais-je me montrer insistant? Venir aider la jeune femme qui avait repris le flambeau pour lui faire entendre raison? Ou serais-je toujours aussi peureux, cloîtré dans mon angoisse? Je levai le regard vers Weston. Mes yeux étaient dénués de chaleur ou d’affection. Ils étaient insistants, vides, inquiets. Je le sentais. Je posai une main contre l’épaule de la journaliste dans un appui silencieux de ses dires.

Mais toutes les paroles étaient inutiles. Il le savait. Il était prêt. Il quémandait notre aide et je n’aurais pu me sentir plus soulagé. Je levai un nouveau regard vers lui, cette fois empreint d’amour et je me levai aussitôt pour le prendre par les épaules et le relever de sa position.

«Toujours mon ami. Je serai toujours présent et tu le sais. Je ferai tout en mon pouvoir pour t’aider. Je connais un médecin très discret, elle travaille à mon compte depuis des années et a même aidé Victoria quand elle en a eu besoin.»

Oops. Je venais de dire quelque chose que je n’aurais pas du là. Je sentis la rose se redresser derrière moi en réalisant ce que je venais dire. Ah. Elle ne lui avait dit pour son expédition dans un immeuble du Régime. Je dissimulai ma gaffe d’un grand sourire.

«Puis pour le reste, je serai toujours disponible, même si cela signifie de passer toutes mes journées en ta compagnie pour te surveiller.»

Il savait bien que ce ne serait pas le cas. Mais j’étais prêt. Je voulais me racheter. Puis Mélinda avait un sale caractère. Elle saurait remettre Weston dans le droit chemin tout en le conseillant au meilleur de sa connaissance.

• Faire face à ses erreurs •feat. Max & Mercy

Je m’en suis toujours sorti par moi-même, et pourtant, aujourd’hui, la solitude me semble être ma pire ennemie. Elle semble être destructrice de toutes mes tentatives futures. Le processus n’est même pas entamé que déjà, elle me forcerait à tout abandonner. De toute évidence, j’ai besoin d’eux. Plus que jamais. Max, Victoria, mes Pokémon, cette médecin. Peu importe. J’ai besoin de rallier de mon côté tous ceux présents. Seul, je n’arriverai à rien. Seul, je sais que demain matin je me retrouverai une seconde fois aux urgences, ou bien à la morgue. Je ne résisterai pas à la tentation. J’ai besoin de gardiens. De bras prêts à m’agripper si jamais me venait l’envie de consommer à nouveau. De jambes pour me rattraper si jamais je parvenais à me sauver. Et surtout, de voix pour me ramener à moi dans mes moments les plus sombres. Pour m’encourager à me relever lorsque je ne pourrai plus continuer. Pour me soutenir. Pour me maintenir sur la bonne route. J’ai besoin d’eux comme jamais avant. Jamais je n’ai dépendu de qui que ce soit, jamais. Et pourtant, me voilà aujourd’hui les suppliant de me tendre la main. Humilié? Non, simplement déconcerté. Perdu, battu. Détruit.

Je m’apprête à remercier humblement le maître coordinateur lorsqu’un petit détail me ramène à la réalité. Croyant avoir mal compris, je relève le regard vers l’homme, un air interrogateur sur le visage. Inutile de demander des spécifications. Mon regard se retourne vers la rose qui affiche maintenant un petit air coincé. C’est quoi, cette histoire? De toute évidence, à en juger par sa réaction, je sais très bien que cette fameuse petite visite chez le médecin ne doit pas être rattaché aux évènements de janvier. Non, il s’agit sans doute d’évènements bien plus récents. Des évènements dont elle a voulu me cacher l’existence. Ne portant plus aucune attention à Max et à ses paroles pourtant pleines de bonne volonté, je plonge mon regard dans celui de Victoria, à la recherche de réponses. Elle a bien cru s’en sortir, la miss.

-C’est quoi cette histoire? Pourquoi t’as eu besoin d’un médecin, toi?

Elle n’a pourtant pas l’air malade, aux premiers abords. Je peine à me concentrer sur les évènements, et pourtant, mon esprit ne peut se détacher des paroles prononcés par Maxwell. Pourquoi aurait-elle eu besoin d’un médecin? J’ai beau chercher, je ne trouve pas. Et si ce n’était pas une maladie? Et si ce n’était pas quelque chose de physique? Un simple mot me vient en tête, me faisant perdre tous mes sens. Ce n’est… tout de même pas possible? Malgré ma faiblesse évidente, je me relève, combattant les vertiges pour rester debout, face au duo qui m’observe à présent. Avec tous les efforts du monde, je m’approche de Victoria, tentant d’adopter un air grave. Tout ceci serait tellement plus facile sans ces sensations désagréables envahissant mon corps. Et pourtant, j’y parviens, poussé par le besoin soudain de savoir la vérité. Si c’est ça, je crois bien être en droit de savoir.

-Attends… T’étais enceinte, c’est ça? Et tu t’es fait avorter! Tu t’es fait avorter!

Les yeux ronds, je fixe la rose, cherchant une réponse. Putain, c’est pas possible! Et j'ai même pas été mit au courant...

(c)Golden

♦ MISTAKES ♦feat. Weston Elric

Je ne l'ai jamais vu ainsi et je dois avouer que son état me bouleverse. Je l'ai toujours perçu comme ce petit rayon de soleil dans ma vie, ces bras chauds et réconfortants qui me permettaient de traverser les périodes de crise, ce regard d'azur scintillant et séducteur. Il n'en reste plus qu'une ombre perdue, dont la flamme s'est éteinte. Je comprends ce que Faust a voulu dire alors, lors de notre conversation à la montagne. Combien il est difficile de voir les autres souffrir, même si nous, nous allons bien. Un sentiment de devoir se présente en moi et je me tiens près de lui de façon si naturelle que je m'effraie moi-même. Je ne me suis jamais désignée comme la personne qui aide, la personne qui éloigne les tourments des autres. Je suis trop centrée sur les faits, sur les événements, sur les probabilités, pour vraiment trouver les mots justes, les paroles qui prendront une connotation profonde en l'autre. Pourtant cette fois je suis présente pour lui, avec un désir ardent de l'aider dans la démarche vers laquelle je le dirige et qu'il accepte de suivre à mon plus grand soulagement. Une envie folle de me blottir contre lui me saisit, mais je m'abstiens. Je n'ai pas envie que Maxwell se fasse des idées encore une fois, puis je sais aussi que je le rendrais mal à l'aise en agissant de la sorte.

Ce qui suit cependant me fait abandonner toute considération que je peux avoir pour ses pauvres sentiments. Cette grande gueule m'a rapportée à Solène, puis maintenant à Weston! J'ai l'air de quoi moi maintenant! D'une sale menteuse! Bon, je le suis certainement un peu, soyons honnêtes ici, mais là n'est pas la question. Il s'est échappé et me met dans l'eau chaude. Aussitôt le regard du blondin se pose sur moi et je fais mine de ne pas avoir entendu ce que vient de dire le Maître Coordinateur, mais mes lèvres me trahissent. Avouons-le ici. J'ai envie d'étrangler monsieur veston cravate. Aussitôt, la voix du Champion s'élève et il quémande des explications tout à fait légitime. J'essaie de m'imaginer à sa place et je ne peux que comprendre. Mais la moi secrète, celle qui aurait espéré que cette histoire passe sous les radars de ma meilleure amie ainsi que de mon... Weston. Je soupire, cherchant un mensonge à caller ou du moins une façon moins brutale d'exposer ce que j'ai fait. Je n'ai pas envie de recevoir d'autres réprimandes. Puis lui, il ignore qui je suis vraiment, ce que sais faire.

Enceinte. Il croit que je suis enceinte. Mon monde s'arrête de tourner et une nausée violente me saisit. Je titube un moment et Maxwell m'attrape la main pour me soutenir. Même si j'ai toujours cette envie furieuse de lui décapiter le visage, je m'agrippe à lui tandis qu'il m'aide à m'asseoir sur la table près de lui. Heureusement qu'elle est solide, d'ailleurs.

«Non.»

Je tremble.

«Je ne suis pas enceinte. Je ne l'ai jamais été. Je ne le serai jamais. Compris?»

Maxwell me scrute maintenant avec inquiétude. Il échange un regard avec Weston et j'ai envie qu'ils disparaissent. Qu'ils me laissent tranquille. Qu'on ne nomme plus mon nom et ce mot dans la même phrase. Plus jamais.

«J'ai du demander de l'aide à Mélinda quand je me suis fait poignarder par un soldat du Régime. Je me suis fait attaquer un soir où j'étais à Amanil. Heureusement que Golden était là pour me sortir d'affaire, d'ailleurs. J'étais dans un sale état, mais j'avais peur d'aller à l'hôpital et que mon agresseur me retrouve et ne m'enferme à nouveau. Je savais que Maxwell connaissait cette médecin discrète. Je n'en avais parlé à personne, mais semble-t-il que Max a envie que l'univers entier sache.»

J'adresse à ce dernier un regard noir qui ne le fait pas reculer. Ses prunelles brûlent de questions qui ne doivent pas être posées.

(c)Golden

• Faire face à ses erreurs •feat. Max & Mercy

La paternité n’a jamais été un élément attrayant à mes yeux. Devenir père… Changer des couches, nettoyer du vomi, me lever en pleine nuit… Fonder une famille ne m’a jamais semblé une priorité, dans la vie. Me faire appeler papa? Rien de ceci n’est compatible avec mon mode de vie. Et pourtant… Pourtant, maintenant que cette idée me vient en tête, une sensation étrange s’installe en moi. L’idée que la rose ait pu porter en elle ma progéniture me trouble grandement. Mais surtout, l’imaginer s’en débarrasser froidement sans même me demander mon avis crée en moi un malaise encore plus grand que celui déjà présent en moi. N’avais-je pas mon mot à dire? Une sensation de vide s’installe en moi. Une sensation qui se comblerait si facilement avec un peu de poudre… L’idée d’en respirer quelques grammes me prend soudainement avec une grande intensité. Quelques grammes de poudres qui pourraient faire disparaître ce malaise douloureux. Déjà. Déjà je pense à retomber. À replonger dans ce vice qui a failli m’enlever la vie. Déjà, je peine à me contenir. Déjà ce besoin se remet à me gruger de l’intérieur, et ce, malgré la vive protestation de Victoria qui élimine aussitôt mes doutes. Immédiatement, je ressens une sensation de libération. Elle n’était pas enceinte. Elle ne portait pas mon enfant. Elle ne s’en était pas débarrassée. Et pourtant, malgré ce soulagement, mon envie de consommer ne s’envole pas. Elle continue à me consommer sans pitié. Et le reste des aveux de la rose n’arrange aucunement les choses.

Tremblante, perdant ses sens, la jeune femme déballe un récit qui me glace le sang. Je sens mes poils se dresser sur mon corps alors que doucement, ses mots se mettent à s’assembler dans mon crane. Le Régime. N’en a-t-il pas assez fait ainsi? La kidnapper pour la torturer n’était pas assez? Fallait-il vraiment que ces salauds s’en prennent de nouveau à elle qui a tant souffert. Mon regard se pose sur le sol alors que je me laisse tomber, fesses au sol, dos accoté contre le divan. Une vague de culpabilité m’envahie. Encore une fois je n’étais pas présent pour la protéger. De nouveau, je l’ai laissé à leurs griffes. De nouveau, la voilà blessée. Elle qui n’a jamais fait de mal à personne. Elle qui n’a jamais rien demandé. Elle qui aujourd’hui est présente pour moi, alors que c’est moi qui devrait être présent pour elle. Moi qui aurais dû les empêcher de l’approcher. Et au lieu de ça, je n’ai rien trouvé de mieux que de me défoncer une fois de trop. Le regard désolé, je relève les yeux vers elle, pour la découvrir blanche, troublée. Je n’aurais jamais dû demander. J’aurais dû me contenter de remercier, sans poser plus de questions. J’aurais dû me taire, pour le bien de tous. Pour le sien, pour celui de Max, et par Arceus, pour mon propre bien. Tout ce stress, toute cette émotion… Tout ceci ne fait qu’aggraver ma situation. Tout ceci ne fait que nourrir ce malaise grandissant en moi.

-Qu’est-ce qu’ils te voulaient, ces enfoirés?

La question s’est glissé hors de ma bouche sans même que je ne le réalise. Moi qui devrais me taire, je me retrouve une nouvelle fois à poser des questions dont les réponses ne me feront aucun bien.

(c)Golden

♦ MISTAKES ♦feat. Weston Elric

Cette fois j'ai bien menti. Mon identité secrète entre en jeu ici. Je ne peux pas laisser Weston savoir, connaître la vérité. D'abord je m'expose à des risques si un jour ou l'autre il décide de ne plus m'apprécier. Ensuite, je l'expose lui à des connaissances trop dangereuses pour lui. Non. Je ne peux pas laisser ceci arriver, et ce n'est pas Maxwell Young qui va contrecarrer mes plans. Cette fois oui, j'ai menti à la perfection, si bien que je me crois presque moi-même. La rage s'instaure sur son beau visage et je regrette que nous en soyons venus à parler de moi alors qu'il est celui sur lequel nous tentons d'intervenir ici. Peut-être que de se distraire en parlant d'autre chose que de son problème lui emmène un peu de réconfort alors que son monde vient de s'écrouler, peut-être que de canaliser son énergie ailleurs lui fait du bien. Je ne servirai pas de cobaye bien longtemps cependant, ça il m'en apparaît certain. Je jette un regard qui apparaît d'abord bien normal à Max, mais au fond de mes prunelles luit un éclat rageur. Il comprend et se recule, se lève pour arpenter la pièce. Il sait que plus tard, il aura à faire à moi.

«Je ne sais pas. Je crois que je me suis approchée un peu trop près d'un lieu où ils se tiennent, puis le soldat a du me trouver joli. Il a tenté de me séduire mais quand il a vu que je n'étais pas intéressée, il est devenu agressif. Je n'ai pas vu le coup venir, il a été trop rapide.»

Voilà tout ce que j'en dirai. Je me lève à mon tour et soupire. Je lève un peu mon chandail pour lui montrer mon flanc. Je ne porte plus de bandages, mais cette région est couverte d'un hématome et d'une cicatrice encore assez frais. Une blessure peu ragoûtante mais qui guérit bien, grâce aux bons soins de Mélinda. Je souris intérieurement en pensant à ma bonne amie la médecin, qui m'a grandement aidée pendant cette période. J'adore cette femme et je suis absolument convaincue qu'elle pourra aider Weston pour peu qu'il y mette du sien. Le reste, il nous l'a demandé. Il veut qu'on le surveille. C'est ce que je ferai si c'est ce qu'il désire, même si l'idée de servir vilaine pendant le temps qu'il se débarrasse de son addiction ne me plaît pas énormément. Je remets mon chandail en place sur mon ventre plat, presque maigre, et je me retourne vers Maxwell avant de m'adresser au blond.

«Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, j'accepte aussi de t'aider Weston. Je ferai comme tu le demandes. Mais tu me détesteras peut-être. Tu me détesteras sûrement même.»

Je baisse la tête. Je n'ai pas envie de perdre son estime, mais c'est mieux que de le perdre lui. À l'air crade qu'il a sur le visage aujourd'hui, j'ai l'impression que tout ce qu'il désire est de se jeter dans sa poudre à nouveau. Mais je ne peux pas le laisser faire ça, surtout pas quand il émet le désir de changer, quand il admet enfin que cette merde lui pourrit l'existence. Il doit passer par-dessus ses démons, sa famille et perdition, sa soeur qui l'a rejeté. Il doit vieillir, grandir, trouver ce Courage qu'il offre aux challengers de son Arène lorsqu'ils parviennent à le battre. Je vais me rasseoir près de Weston cette fois, passant mes mains dans ses cheveux qui auraient bien besoin d'être lavés. Je ne m'en soucie pas. Il m'a vue bien pire.

«Je vais rester avec toi cette nuit mon cher. Je vais te préparer un bon repas et on va se faire une soirée cinéma avec une montagne de popcorn. Et si t'es sage, je te ferai un bon massage dont j'ai le secret.»

Je reviens à moi, positive et énergique. Maxwell semble un peu mal à l'aise, mais je m'en fiche. Il s'approche de nous et présente sa main au Champion.

«Pour ma part, je rentre chez moi, mais je serai de retour demain pour voir comment tu vas. N'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit.»

Je remercie le Coordinateur qui quitte en refermant doucement la porte derrière lui, me laissant seule avec Weston.

(c)Golden

• Faire face à ses erreurs •feat. Max & Mercy

Une foule d’explications se bousculent dans ma tête. Aucune n’est claire, aucune n’est réaliste. Et pourtant, elles auraient toutes été mieux que celle que m’offre la rose dans un ton monotone cherchant sans doute à camoufler sa douleur. C’est elle qui avoue avoir passé à quelques millimètres d’un viol, et c’est à moi qu’on offre la pitié. Dans quel monde vivons-nous… Malgré toutes les émotions négatives affluent dans mon cerveau, je préfère ne pas alimenter le débat, ne pas poser plus de question. Loin de moi l’idée de laisser passer cette déclaration dans le beurre. Loin de moi l’idée de banaliser la situation. Mais dans mon état actuel, je ne ferais qu’empirer les choses. Je ne ferais que la replonger dans ces souvenirs sans doute douloureux. Je ne saurais contrôler mes réactions, je le sais. Les idées noires envahissant mon esprit prendraient le dessus sur moi, et me plongeraient dans un état incontrôlable. Je sais qu’une réaction de soutient n’aurait pas été de trop, mais pour l’instant, je préfère m’en tenir au silence. De toute manière, avant même que je puisse réagir, Victoria reprend la parole pour revenir à mon cas. Avec douceur, elle m’offre de l’aide, me soulageant légèrement. La savoir à mes côtés tout au long de cette rude épreuve me retirera une partie de ce lourd fardeau que je dois porter. La savoir ici, me surveillant, m’empêchant de commettre une erreur m’apaise quelques peu. Et peu importe si la jeune femme se transforme en véritable Hulk, je sais qu’elle le fera pour moi. Et même si je venais à la détester, ce qui sera sans doute le cas momentanément, je lui en serai un jour reconnaissant. C’est un risque que je suis prêt à courir.

Je me laisse approcher par la rose et accepte son contact avec ce qui se rapproche du bonheur. Malgré mon humeur des plus sombres, la sentir près de moi crée au plus profond de moi une petite sensation de chaleur. Une petite flamme s’est mise à bruler. Elle est faible, mais bel et bien existante. Un soulagement énorme après ces quelques jours passés à ruminer. Un premier pas vers de jours meilleur, peut-être? Ne désirant pas m’aventurer trop loin, je me contente de profiter de ce moment en silence. Je laisse tomber ma tête contre son épaule, écoutant le son de sa voix, les yeux clos. Elle me parle d’un bon repas et d’une soirée ciné, mais honnêtement, le seul élément que je retiens est sa présence à mes côtés. Elle va rester, et c’est tout ce qui compte. Elle va s’occuper de moi. Je ne pourrais être plus chanceux, et ce n’est que maintenant que je le réalise. Ce n’est qu’en voyant ces deux là, mobilisés pour moi. Ils auraient bien pu me laisser me démerder. Ils auraient pu me laisser replonger sans s’en faire. Et pourtant, ils sont ici, m’offrant tous deux la main. Et moi, je n’ai plus qu’à l’attraper.

-Je ne pourrai jamais assez vous remercier, tous les deux…

Un maigre sourire au visage, j’attrape la main de Maxwell avant de le laisser disparaître, me retrouvant ainsi seul avec la rose dans l’appartement qui me semble soudainement un peu moins déprimant. La présence de la jeune femme me donne un espoir que je n’aurais pas cru possible il y a quelques jours à peine. Tout me semblait sans issu, lors de mon réveil, mais à présent, je sens une mince énergie couler en moi. Une énergie me poussant à me lever, sans un mot, avec un but précis en tête. Quelque chose que j’aurais dû faire il y a longtemps. D’un pas déterminé, je me dirige vers la chambre à couché plongé dans la pénombre. Toujours silencieux, sous le regard intrigué de Victoria, je me dirige vers mon meuble à linge que je renverse sans ménagement, pour en sortir quelques sachets de poudres. Aussitôt ceux-ci dans ma paume que je ressens une sensation violente au fond de moi. Une forte envie de m’enfuir avec leur contenu pour les vider. Et pourtant, j’ai d’autres plans pour eux. De ma main libre, je m’empare de la balle de Stella pour la libérer à mes côtés. Méfiante, la Scarhino me scrute du regard. Son regard se transforme en apercevant les restes de son dresseur. Celui qui se tient devant elle n’est pas le champion pour qui elle se bat. Il ne s’agit plus que d’un spectre de cet homme. Et pourtant, elle ne juge pas. Elle se contente de poser une main contre la mienne, attendant mes directives. Elle les comprend aussitôt lorsque je lui désigne les sachets du regard. Les détruire. Les réduire en poussière. S’en débarrasser. Quelque chose dont elle rêve secrètement depuis trop longtemps. Dans un mouvement rapide, elle tranche les sachets que je lui lance, l’un après l’autre. C’est terminé. Nous l’avons fait. Elle et moi, nous avons accompli ce premier pas vers un avenir meilleur. Nous sommes prêts à affronter la suite. Peu importe les embuches sur le chemin, je ne suis pas seul. Je peux le faire. Ce sera difficile, mais pas insurmontable.

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