Courgette et ciboulette

Feat Weston Elric

Beaucoup de choses ont changé, depuis décembre. Déjà, la gamine timide et effacée qu'elle a été a quelque peu changé ; plus assurée maintenant, elle a perdu cette constante hésitation qui la malmenait dans les situations où elle avait à interagir avec les autres. De plus, depuis avril, elle a quitté le nid pour partir sur les routes avec son ami  d'enfance, Nova, et peut dire qu'elle est plus que satisfaite de son choix ; si certes partir ainsi pour se préparer à la compétition de l'année prochaine a été une décision quelque peu brutale à prendre et tirée par les cheveux, elle ne regrette en rien de l'avoir fait. Elle est loin d'avoir atteint le niveau qu'elle aimerait posséder avant d'oser se présenter dans un amphithéâtre et avoir l'audace de défier un champion, mais en combattant de temps à autre avec Nova et en s'entraînant régulièrement, elle a pu noter de nets progrès chez ses pokémon tout comme chez elle. Lointaine est l'époque où elle avait presque honte simplement exister ; c'est maintenant plus sûre d'elle-même et confiante qu'elle prépare son premier concours. Elle a le temps,  et Nova ne cesse de le lui répéter, mais son perfectionnisme fait qu'elle veut à tout prix être prête aussi rapidement que possible.

Toutefois, cet acharnement et ce départ sur les routes ne lui ont pas fait oublier les cours de cuisine qu'elle donne à Weston Elric, ce type qu'elle avait croisé en décembre lorsqu'elle avait installé un stand dans les rues d'Amanil. Il lui est relativement sympathique, quoique elle garde avec lui cette neutralité froide et un poil déconcertante puisqu'elle ne le voit tout juste que comme une connaissance vague ; il n'a rien fait de mal, mais disons que Katya est comme ça avec à peu près tout le monde. C'est même un point positif, mais chercher à comprendre son cerveau un poil détraqué serait une perte de temps considérable.
Elle hocha de la tête pour assurer à Nova qu'elle irait bien et la remercia de l'avoir déposé là juste avant que la jeune femme aux cheveux bleus ne fasse gronder le moteur de sa bécane et ne parte après lui avoir rappelé pour la énième fois qu'il suffirait d'un message pour qu'elle revienne la chercher. Maintenant, devant la porte, son Spectrum enroulé autour de son bras (parce que vive les capacités de cette espèce de modifier leur corps à volonté) et son Mistigrix se tenant à ses côtés, compagnon éternel et tout aussi calme que sa dresseuse, elle attend quelques instants avant de toquer.

Sans surprise, il vient lui ouvrir quelques secondes après et l'invite à rentrer dans l'appartement, ce qu'elle fait sans hésitation aucune. Elle jette des coups d’œil et en remarquant tout le matériel étalé dans la cuisine, hausse légèrement les sourcils, à la fois impressionnée et un peu amusée sur les bords en voyant à quel point il avait l'air d'avoir envie de progresser un tant soit peu. Bon, au moins, si il avait la volonté, cela voulait dire qu'il aurait probablement le sérieux ; tant mieux, elle aurait haï d'avoir à jouer les baby-sitters.
Puis, devant sa question, une moue un peu amusée et désinvolte étire le visage de la coordinatrice.

« En fait, aujourd'hui, j'aimerais savoir ce que tu veux faire, ou du moins ce que tu aimerais apprendre à préparer en priorité. Je ne promets pas  que ce sera parfait du premier coup, mais il vaut mieux essayer de trouver quelque chose qui t'intéresserait que de commencer par quelque chose dont tu te ficherais. »

Puis, sans attendre, elle sortir un petit carnet bleuté de sa sacoche (qui était là depuis le début évidemment, arhem) qu'elle leva un peu pour le mettre en l'évidence.

« Je dois avoir un peu moins de deux cent recettes, là-dedans. Je doute de ne pas me rappeler des ingrédients, alors propose et je te dirai si c'est possible. »

Bon, elle n'allait évidemment pas gagner la médaille d'or en matière de tact, mais au moins elle arrivait à parler correctement et exprimer clairement ses pensées. Ce qui n'aurait peut-être pas été le cas l'année dernière.

Courgette et ciboulette

Feat Weston Elric

Katya et la sociabilité, ça fait quarante-deux. Quatre-vingt cinq aussi en fait, si on veut faire une comparaison à peu près exacte ; il est presque stupide de mentionner qu'elle n'est pas sociable tant c'est une évidence pour quiconque la côtoie plus de quelques minutes.  De ce fait, elle est aussi chaleureuse qu'un mur de béton, et nul doute que son surnom de 'frigo vivant' était des plus adaptés, quoique elle a fini par s'y habituer, même si elle ne comprend pas vraiment en quoi son comportement méritait d'être ainsi vu. Elle a fini par se dire 'tant pis', et basta. Elle essaye (à cause de l'insistance de Nova) d'être un peu moins glaciale, mais combattez le naturel et il revient au galop avec cinq ou six armées derrière lui pour reprendre la place qui est la sienne. C'est ainsi devenu une habitude que de traiter tout le monde avec la même neutralité glaciale, quoique Weston Elric fait partie des gens qui ont le droit de ne pas être constamment fusillé du regard à la moindre bourde et qui ont même parfois la chance d'apercevoir l'esquisse d'un sourire sur son visage. Toutefois, vu à quel point la Peterson est expressive, il est tout à fait compréhensible de ne pas le remarquer. Et très sincèrement, même la narratrice est blasée de l'incapacité de son personnage à avoir ne serait-ce qu'une réaction normale et humaine de temps à autre.

Lorsqu'il choisit le tiramisu, Katya haussa les sourcils. Eh beh, il ne commençait pas avec le dos de la cuillère... En un sens, cela voulait dire qu'il était motivé et la jeune femme respectait énormément cela, mais cela voulait aussi dire qu'ils risquaient de recommencer plusieurs fois. D'un côté, elle était là pour ça, alors soit. Mais le tiramisu n'était pas une recette qu'elle préparait souvent, alors il allait vraiment falloir qu'elle puise dans ses souvenirs pour ne pas dire n'importe quoi ou enseigner quoi que ce soit d’erroné à son élève improvisé.
Et il avait fait les courses, ça oui. Un peu impressionnée, elle cligna des yeux (car oui, en langage Katya ça se traduit par 'mother of god') avant de commencer à regarder si tous les ingrédients étaient bien présents, et si le matériel nécessaire était là. Bon, Mascarpone, café noir, poudre de cacao amer, sucre vanillé, biscuits, du sucre roux et des œufs. Ouais, il y avait de tout. Et non, elle n'allait pas lui trancher la tête pour sa remarque sur le fait qu'un ingrédient pouvait bien être changé pour un autre, puisque c'était totalement vrai. La cuisine était une question de rigueur, mais aussi de fantaisie. Un peu comme les concours, mais ça c'était une toute autre histoire. Elle hocha de la tête devant sa question, ne l'ayant pas remarqué comme étant parti puisque toute son intention avait été captée par le dessert à préparer.

« Nous allons  commencer par séparer les blancs des jaunes. C'est très facile, mais important. J'en ferai un sur trois pour te montrer comment faire, puis ce sera à ton tour. »

Et elle s’exécuta sans plus d'attente, en saisissant un œuf et en le faisant craquer au niveau du milieu sur le bord d'un bol. Puis, elle s’attela à la tâche et une fois sa besogne finie, laissa tomber le jaune dans un autre bol. Elle tendit ensuite calmement un œuf à Weston.
Toutefois, une question lui brûlait les lèvres et le peu de curiosité qu'elle avait le poussait à la poser.

« Tu as une raison particulière pour préférer le tiramisu ? Enfin, pour avoir envie d'apprendre à le faire ? »

Peut-être était-il tout simplement gourmand, ou peut-être avait-il envie d'impressionner quelqu'un. Allez savoir, mais Kat' était tout de même intriguée par ce qui pouvait pousser un parfait débutant en l'art culinaire à supporter sa présence pour apprendre à survivre en ce milieu hostile qu'est la cuisine.

Courgette et ciboulette

Feat Weston Elric

Nombreuses sont les erreurs du blond, mais on n'a pas construit Rome en deux jours et ce n'était certainement pas en une seule leçon que son élève improvisé deviendrait un génie. Elle-même avait fait brûler tellement de gâteaux qu'elle en avait perdu le compte, mais elle pouvait déjà voir des progrès ici et là, ce qui la fit sourire discrètement. Au moins, elle n'avait pas l'impression d'aller dans le mur et même si les maladresses étaient importantes, elle avait en quelque sorte l'habitude des élèves un peu tête dure ; Nova avait par exemple seulement il y a peu réussi à faire des pâtes à la bolognaise sans brûler sa sauce tomate (enfin, plutôt de la viande que de la sauce bolognaise mais l'effort était là), alors bon, question patience, elle pouvait dire qu'elle en disposait.
La raison que lui donne Weston la fait intérieurement ricaner, trouvant amusant de voir l'aîné dans un tel état de... Quasi gagatisme, oui, en parlant de cette fameuse femme qui suscite apparemment chez lui une grande admiration. Eh bien eh bien, se dit-elle en riant presque intérieurement, voilà qui est plus qu'amusant !
Non, elle ne se moque pas. Elle trouve ça un poil drôle que de voir une personne aussi assurée rougir et expliquer, certes maladroitement, qu'il avait envie de faire plaisir et d’impressionner une femme qu'il aimait. Elle avait juste l'impression de revoir Isaac lorsqu'il parlait de Lucy, en tous cas avant que... Enfin bref, aucun rapport.

Si elle avait été sadique, elle aurait gloussé à l'entente du mot 'spécial'. Oui, elle comprenait, mais en même temps, bon sang... Elle avait l'impression de voir un adolescent devant elle, ce qui n'était pas condescendant, mais plutôt sympathique à voir. Enfin, c'était surtout marrant. Bah, si c'était pour ça, elle voulait bien se montrer plus complaisante quant aux difficultés de l'autre ; elle comprenait ce besoin de vouloir faire plaisir à un proche, alors cela le faisait déjà monter dans l'estime de Katya.
Les restaurants chics ? Ahaha... L'avis de la borgne sur la question ? Les restau chics, elle déteste ça ; souvent pompeux, vains et plus concentrés sur l'apparence de leurs plats et leur 'originalité' (qui rendent souvent des classiques infects), ils ne sont vraiment pas dans la liste des endroits où elle aime aller manger. Du tout, même. Même enfant, quand sa mère la traînait dans des dîners mondains, elle les haïssait. Sa remarque fait donc naître un sourire un peu sarcastique sur les lèvres de la jeune femme, et alors qu'il se servait une bière, elle brisa le silence.

« C'est certes servi dans ce genre de restaurants, et pas que, mais... Au fond, ne vaudrait-il mieux pas lui préparer quelque chose qu'elle aime ? Je veux dire... Elle doit sûrement avoir un ou des plats favoris. Rien ne te revient en mémoire ? »

Elle ne va pas prétendre être une spécialiste de l'amour, mais disons qu'elle a assez de connaissances en la matière (ce qui est horriblement paradoxal pour un pingouin) pour pouvoir se permettre de dire ça. Ce qu'elle sait aussi, ou du moins ce qu'elle devine en quelque sorte, c'est qu'il a l'air d'être hésitant sur ses propos. Elle ne cherche pas à jouer les psychologues, mais en tous cas, quitte à être utile, autant l'être. À peu près.
Le Mistigrix qui l'accompagnait s'était posé dans un coin et sommeillait, tandis que le Spectrum enroulé autour de son bras refit forme normale lorsqu'elle le lui ordonna.

« Tobias, veux-tu bien mettre les différentes ingrédients dans des bols ? Suis les quantités inscrites, surtout. »

Le pokémon s'exécuta sans plus d'attente, et Katya se retourna ensuite vers Weston.

« En attendant, pour la suite, si tu veux continuer, mélange les jaunes, le sucre, et le sucre vanillé avant d'ajouter le mascarpone au fouet. Et doucement, avec le fouet ! »

L'autorité et Katya, ça ferait presque un.

Courgette et ciboulette

Feat Weston Elric

Les clichés, tout le monde connaît. Tout le monde déteste ça aussi, et Katya ne compte plus le nombre de fois où ses origines avaient été remises en question à cause de l'absence de cheveux blonds sur son crane ou de regard bleuté. Au bout d'un moment, elle avait appris à se ficher complètement de ce qu'on pouvait bien supposer d'elle à cause de sa nationalité, et s'amusait même des suppositions qu'on pouvait faire à son égard, non sans moquerie. Ainsi, lorsqu'elle entendit Weston théoriser sur les goûts de la jeune femme en question en se basant sur ses origines québécoises, elle gloussa sans retenue, se demandant si la personne en question prendrait cela bien. Oui, sur le coup, elle se moquait peut-être un peu trop intérieurement, mais il fallait bien qu'elle se distrait comme elle le pouvait, et puis cela rendait le blond plus sympathique à ses yeux ; elle le trouvait amusant, au fond, et c'était toujours une bonne chose.
Mais oui, en attendant, ils avaient un tiramisu à faire. Bien que Katya n'aimait pas vraiment le dessert en question, son job était de s'assurer aujourd'hui que l'autre soit capable de le préparer à peu près correctement sans faire d'erreur gigantesque et en gardant un goût sympathique, alors elle passait au dessus de son dédain pour les tiramisus en général. Tout de même, la suédoise se demandait si il savait à quel point ce genre de dessert était compliqué pour un débutant, mais elle n'allait rien dire ; elle-même, quand elle débutait en cuisine, avait tenté des plats bien trop durs à préparer pour son niveau. Elle se souvenait encore de la fois où elle avait réussi à griller du riz en voulant faire une paella  lorsqu'elle avait douze ans ; l'ironie de la chose étant qu'elle détestait ça mais qu'elle en avait fait dans l'unique but de pouvoir impressionner ses parents.

Néanmoins, sa question la prit au dépourvu et elle s'arrêta, surprise. En clignant des yeux, elle posa son œil unique sur son élève, cherchant dans son visage une raison qui avait pu le pousser à poser cette question. Elle en conclut bien vite qu'il s'agissait simplement de curiosité, et c'est un sourire qui se dessine sur son visage, presque un rictus amusé. Si évoquer ce sujet lui est drôle, elle a toutefois du mal à faire disparaître la légère peine qui lui serre le cœur alors que quelques souvenirs qu'elle aurait bien aimé voir enterré remontent à la surface.

« Pas pour le moment, non. Il y a bien eu quelqu'un, mais... Ça s'est mal passé. Nous avons eu nos différents, et depuis, je n'ai pas eu l'occasion de reconsidérer tout ça. Mais pour la question implicite, les deux genres m'ont toujours pareillement attirés. »

Car oui, elle avait bien remarqué qu'il avait en quelque sorte cherché à satisfaire sa curiosité quant à ce détail qu'elle juge pourtant anecdotique. Pour elle, peu importe le sexe de la personne concernée, puisqu'elle juge que c'est... Enfin, elle s'en fout complètement quoi ; elle n'a jamais fait la différence entre homme et femme, et disons que les deux genres sont tout aussi attirants à ses yeux, un peu comme quelqu'un peut à la fois aimer la glace à la fraise et la glace au chocolat. Mais bon, comme elle l'avait dit... Depuis la dernière fois, elle avait de sérieuses réserves. Des réserves aussi grandes que le cul de Groudon. Et oui c'est vulgaire, mais c'est peut-être la seule comparaison équivalente.

« Enfin... Pourquoi cette question, sinon ? Mais de toute façon... Quand tu disais 'première copine', je suppose que ça implique qu'avant, c'était assez peu sérieux et régulier ? Ou alors c'est parce que tu traînais sur l'autre rive avant de t'intéresser aussi à la gente féminine ? »

On pourrait s'étonner que des propos aussi clairs et dits d'une façon aussi neutre, comme si elle parlait d'une partie de monopoly, sortent de la bouche de quelqu'un d'aussi asocial, mais ce sujet ne gêne plus Kat' depuis bien longtemps. Depuis deux ans, en fait.

« Enfin, ça ne me regarde pas, certes. Mais bon, ce sujet de conversation est toujours mieux que le silence. »

Ah, la délicatesse et Kat'... Non, ce n'est même pas une histoire, puisque les deux ne peuvent pas être associés.

Courgette et ciboulette

Feat Weston Elric

La finesse des propos de Weston lui fit tout juste hausser les sourcils tandis qu'un rictus mi-blasé mi-amusé s'étirait sur son visage ; l'ego du blond était décidément une chose tellement fragile qu'il suffisait d'une simple illusion à la possibilité qu'il ne soit pas entièrement hétérosexuel pour qu'il s'insurge tel un enfant et ne se mette à débiter des propos particulièrement fleuris. Eh bien, Katya en ricanerait presque. En fait, elle le fait intérieurement, amusée d'avoir obtenu une pareille réaction. Un peu condescendante, la borgne ? Oui, sur le coup, totalement ; mais elle trouve un plaisir sadique à s'amuser de la gêne des autres, et c'est très sûrement son côté chieuse qui l'avait poussé à émettre cette hypothèse afin de voir la réaction de Weston. Et puis, il faut avouer que l'expression l'a fait grincer des dents assez fortement : si elle est un peu indifférente à ce qu'on peut penser d'elle-même au sujet de son orientation, reste que ce type de paroles dénigrantes l'agacent. Enfin, au fond, elle s'en fichait, mais trouvait amusante cette petite pique.
Elle cligne tout juste des yeux en l'entendant en autre évoquer son côté particulièrement volage ; si elle ne comprenait pas le désir d'essayer d'établir un nombre de records de visites de plumards, elle était du genre à se ficher complètement de ce que les autres faisaient avec leurs organes génitaux. De un, ce n'était pas ses affaires et de deux elle s'en foutait, mais d'une force vous n'avez même pas idée. Ce détail au sujet du champion ne la surprend nullement, même si c'est quelque peu déplacé de sa part d'avoir des à priori sur les gens.

L'étonnement de Weston, toutefois, l'amuse. En plus du fait que son esprit pervers ait tout de suite pensé au sexe alors que la jeune femme parlait plutôt de relations en général, pas spécifiquement ça. Elle manquerait presque d'éclater de rire tant elle trouve cela amusant, inquiétant presque sa joueuse qui commence lentement à réaliser que son personnage est en fait plutôt décomplexée, au fond. Toutefois, cette curiosité mal placée l'agace quand même, et elle se retiendrait presque de sortir un 'de toute façon tout le monde aime les biuuuubs' pour la forme, mais elle a conscience que ce serait stupide et puéril. En plus de ça, il est plus que probable que ce soit dû à l'influence d'une certaine jeune femme répondant au nom d'A-quelque chose et qui avait cru bon de mettre le terme dans la tête de la narratrice. Bref. Pas que ça divague, mais si.
Elle doit admettre que ne pas rire est difficile. Très, très difficile. Sérieusement, elle l'avait l'impression d'entendre un adolescent pervers qui désirait des détails, et par contre, il pouvait bien rêver pour les avoir. Et puis, en un sens, elle avait une réputation à défendre, alors son esprit malicieux avait concocté une façon de couper nettement court aux interrogations déplacées de Weston.
Elle jeta un regard équivoque à Tobias, son Spectrum, qui, comprenant plus que bien ce que voulait dire le grand rictus de sa maîtresse. Le fantôme passa juste derrière l'enolian, un sourire maléfique aux lèvres, en synchrone total avec celui sur le visage de la coordinatrice.

« Mais ne t'a-t-on jamais appris que c'était très mal, de poser de pareilles questions à une femme … ? »

Le ton doucereux qu'elle emploie est si mielleux qu'il s'accorde avec son sourire d'une façon presque respectable. Pendant que Katya détournait l'attention avec ses propos, le Spectrum saisissait divers ingrédients laissés en plus dans un coin... Pour les écraser sur la tête du champion et de retourner ensuite rapidement vers sa dresseuse, qui riait dorénavant aux éclats. Le grand sourire mielleux et angélique sur son visage était par ailleurs tellement débordant de fausseté que c'en était presque nauséabond.

« Vengeance, vengeance ! La politesse, ça s'apprend ! »

Riait-elle à moitié en terminant sa phrase, avant de partir dans un long ricanement ? Oui, absolument.

Courgette et ciboulette

Feat Weston Elric

Il y a une petite loi, chez Katya : la violation de l'espace personnel, que ce soit au niveau de la proximité physique ou des questions indiscrètes, c'est impardonnable. Enfin, bien évidemment, c'est une exagération, mais disons qu'elle ne tolère que très peu les excès, et vu que sa définition d'espace personnel se résume à 'si quelqu'un s'approche à moins de vingt centimètres j'ai le droit de reculer brusquement même si c'est pas poli et si insistance, c'est la main qui frappera'. Un peu brusque, oui, on l'aura remarqué que Katya n'est pas extrêmement douce et pleine de tendresse à l'égard de la race humaine en général. Ce n'est même plus une forme de mépris, car elle a dépassé depuis longtemps l'état où elle se contentait de se comporter en misanthrope pour se donner une excuse quant à son asociabilité, mais plutôt un désintérêt total pour le reste du monde, résultat de trop nombreuses années passées à essayer de s'y inclure, sans succès. Alors maintenant, elle a tendance à réagir assez vite quand on dépasse les bornes ; et si lancer des ingrédients était la méthode magique, alors elle s'y donnerait à cœur joie. Et puis, ça l'amusait. Tout comme son Spectrum, d'ailleurs, qui riait bien de la farce qu'ils venaient de faire subir au champion ; ce n'était pas qu'ils adoraient tous deux ce genre de petites vacheries, mais si, totalement.

Elle ne s'offusque même pas lorsque vient son tour de recevoir dans la face un mélange d'oeuf, de sucre et de fromage. En fait, c'eut même pour effet de la faire pouffer et de provoquer chez elle quelques gloussements amusés. Si Katya fait 'un peu' attention à son apparence, elle se fiche complètement du fait de se salir ou d'avoir l'air stupide ; tant qu'elle peut se distraire, elle est contente. Ainsi, la 'vengeance' de Weston va dans son sens et l'amuse beaucoup. Elle ne peut s'empêcher d'éclater alors de rire, tout comme Tobias qui vint se poser sur la tête de sa dresseuse, avant de s'approcher du champion et de lui tendre sa main fantomatique, comme pour lui montrer une forme de respect.

« Allons, allons... Rien de tout ça ne va détruire tes vêtements ; un coup à la machine et ce sera fini. Ne me dis pas que je t'ai limé un ongle, aussi … ? »

Ah, les joies de la provocation ; la jeune femme ne mentirait pas en disant qu'elle ne trouvait pas ce genre d'exercice de rhétorique très amusant. Toutefois, rien de mesquin dans ses propos, juste de la taquinerie pure et simple, et elle ne peut alors que rire davantage avant de saisir un œuf non utilisé et de le jeter sur le blond.

« Je m'arrangeais juste pour que la couleur de tes cheveux corresponde à ce que tu as sur la tête ! »

Puis ensuite, alors qu'elle gloussait, son Spectrum la prit en traître et laissa tomber sur elle un paquet de farine, l'air goguenard et fier de son coup. Katya haussa les sourcils, amusée et absolument pas surprise de ce geste de son pokémon à son égard ; Tobias ne faisait pas dans la discrimination question farces, puisque tout le monde était logé à la même enseigne avec lui. Elle se racla alors la gorge, après avoir avoir jeté un regard dans la cuisine pour constater quels étaient les dégâts.

« Évidemment, je nettoierais une... Enfin ; ce tiramisu, donc. On va commencer par monter les blancs en neige, puis on les incorporera dans le mélange de jaunes, de sucre et de mascarpone.  Une fois que ce sera fait, il faudra juste mouiller les biscuits dans le café pour tapisser le moule avec. Et après, il suffira de recouvrir avec la couche de crème, puis de biscuit, et ainsi de suite. La dernière couche doit être de crème, surtout ; et saupoudre de cacao comme tu le veux à la fin. »

Elle ne s'est pas rendue compte de la rapidité de son débit de paroles, mais lorsqu'elle fait une pause, elle cligne légèrement des yeux, un peu déconcertée, avant de se reprendre.

« Enfin. Après, il faudra laisser ça au réfrigérateur pendant quelques heures. Je te laisse faire, si il faut je te corrigerais. »

Elle s'épousseta et s'assit alors sur une chaise, un léger rictus sur ses lèvres.

« Et sinon, tu pourrais m'expliquer ce que c'est, le délire des mecs sur les filles homos ? … Ouais, non, en fait, n'explique pas, je ne veux pas savoir. Bref. T'as une idée du plat de résistance que tu veux cuisiner avec le tiramisu, le jour où t'en feras un à ta copine ? Autant s'occuper de ça, le temps que le dessert refroidisse. »

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Feat Weston Elric

Autant dire qu’à l’heure actuelle, Katya ne retient pas son air blasé et elle fixe le champion avec un air tellement fatigué et lassé qu’on aurait pu croire que ses yeux allaient rouler hors de ses orbites vu l’intensité de son levage d’yeux au ciel (et oui ‘levage’ est devenu un mot). Elle savait bien que l’esprit de Weston était assez mal placé, mais en avoir une pareille preuve ne pouvait que la fatiguer vaguement, mais sans plus ; ce n’était pas comme si elle découvrait le monde et les gens non plus, alors en pensant intérieurement qu’elle aurait peut-être dû lui passer des glaçons au visage pour lui rafraîchir les idées, elle décida de ne pas répondre, puisqu’elle jugeait que ça aurait été une perte de temps phénoménale. Elle se contenta donc de le fixer comme elle aurait fixé un documentaire sur la fabrication des pochettes en plastique, c’est-à-dire avec lassitude. Le rire de Weston la fit juste soupirer, au final. Elle n’allait pas dire qu’elle était surprise, ou bien qu’elle était choquée non plus, ça aurait été un mensonge tout à fait honteux.

Devant sa plaisanterie quant au fait de commander de la nourriture, elle cligna tout juste des yeux et le regarda d’un air un peu confus, ne comprenant pas trop ce qui était drôle ou si elle aurait dû se mettre à rire à un moment donné. Elle ne chercha pas davantage à comprendre, car il n’était pas rare qu’elle ne saisisse pas le sens d’une blague et si elle se mettait à se poser des questions à chaque fois que cela arrivait, elle ne serait pas sortie du manoir.
Le canard à l’orange n’était pas une recette dont elle raffolait, n’étant pas une très grande fan de la viande de canard, mais elle avait déjà appris à en faire pour en préparer à l’occasion d’un ou deux repas de famille. Elle hocha donc de la tête, un léger sourire au coin des lèvres ; si elle s’en souvenait bien, elle devrait y arriver, voir peut-être même parvenir à rendre Weston capable de quelque chose dans une cuisine, et vu les efforts qu’il faisait, elle ne doutait que très peu de ses chances de réussite. Il avait l’air déterminé, et c’était bien tout ce qui suffisait à Katya pour la persuader qu’il y arriverait ; contrairement à ce que disaient beaucoup de gens, la cuisine n’était pas seulement une question de rigueur, de précision ou de délicatesse, mais aussi une histoire de pratique et de volonté. De beaucoup de pratique. On ne donnera pas le chiffre du nombre de fois qu’elle avait dû recommencer ses macarons ou sa pâte à choux parce qu’elle les avait raté de nombreuses foisavant d'apprendre à les faire correctement, ce serait indécent.

« Parfait, donc. Je te laisse sortir les ingrédients, en attendant, je vais m’occuper de nettoyer un peu. »

Non parce que c’est bien marrant de faire la zouave, mais il faudrait peut-être penser à ne pas laisser un bordel monstre derrière elle ; elle n’avait pas été élevée chez les cochons non plus. En attendant, elle jeta un coup d’œil à Tobias et à ses cheveux encore couverts de farine avant de sourire un peu, amusée.
On aurait pu se demander ce qui avait bien pu la motiver à donner des cours de cuisine, et on aurait pu supposer en toute légitimité que c’était dû à l’argent, mais en réalité, et Katya l’avouerait elle-même, c’était surtout parce qu’elle s’ennuyait ; alors au final, elle était satisfaite de ne pas s’être lassée à mourir, et de s’être même un peu divertie.
Bon, en attendant, ce balai n'allait pas se passer tout seul !