« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

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 Ce qui est et ce qui n'est pas [OS]

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Faust M. Donovan
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Faust M. Donovan
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MessageSujet: Ce qui est et ce qui n'est pas [OS]   Ce qui est et ce qui n'est pas [OS] EmptyJeu 28 Aoû 2014 - 23:48



Ce qui est et ce qui n'est pas

Évolution de Myra

Il n'a pas envie de faire ça.
Comme beaucoup de choses dans sa vie toutefois, il n'a pas le choix. C'est devenu une obligation au moment même où il a adopté Alice, mais il n'a cessé de repousser l'échéance, à la fois par peur de qu'il allait découvrir, des conséquences que cela aurait et des résultats sur ce calme dont il commence tout juste à pouvoir profiter. Il est encore terrorisé, et l'angoisse lui vrille les intestins alors qu'il relit une énième fois la feuille bourrée d'informations sur la personne qu'il va voir aujourd’hui. Il se calme en inspirant et expirant à intervalles réguliers, mais il ne peut chasser la nervosité qui fait trembler ses mains. Il soupire alors lourdement en se massant la nuque, espérant presque se réveiller ; Arceus, à l'instant, se laisser aller au sommeil serait bien plus tentant, mais bien moins responsable. Une partie de lui-même murmure qu'il n'a pas à faire ça, mais il ne peut pas fuir plus longtemps. Il doit le faire, même si il les conséquences possibles le terrifient. Même si tout ce qu'il essaye de construire depuis des mois pourrait s'écrouler. Au fond, peut-être valait-il mieux que tout s'écroule maintenant ; il aurait été capable de le supporter. C'est la plus horrible des vérités pour lui, parce qu'il ne veut pas envisager une vie sans elle, mais il n'a aucunement le droit de lui retirer quelque chose d'aussi vital. Alors il va voir de ses propres yeux, puis il fera en fonction de la situation.

Faust n'aime vraiment pas aller à Baguin. En dehors des moments où il doit s'y rendre pour aider dans la résistance, il l'évite comme la peste ; c'est devenu une ville qui est pour lui synonyme de beaucoup de mauvais souvenirs, que ce soit parce qu'il s'agit de la ville natale d'Alice ou parce qu'il a toujours comme une envie de meurtre quand il doit passer dans un certain quartier, mais là n'est pas le sujet. Il rajuste nerveusement sa veste, puis fait quelques pas avant d'entrer. La porte à moitié arrachée ne le fait pas tiquer, quelque peu habitué. En fait, il le connaît très bien, ce bâtiment. Plus que bien même. Ces murs à moitiés dévorés par la pourriture, transpirant l'humidité et couverts de poussière, ils l'ont caché du froid durant de nombreuses nuits. Même si les revoir lui ramène à l'esprit de nombreux souvenirs difficiles, il ne peut s'empêcher d'être un peu nostalgique ; c'est ici qu'est né Seth après tout, ou du moins qu'il a éclos. Sur un vieux reste de canapé miteux qui avait été son lit pendant plusieurs semaines. Toutefois, sur le moment, après avoir passé des mois entiers à la rue, il lui avait paru être tout comme un lit.
Mais pourtant, il ne revient pas pour des histoires stupides de nostalgie ou de souvenirs, non. Si il revient, c'est pour une seule et unique personne, et pas forcément celle qu'il va rencontrer aujourd'hui. En fait, il la connaît déjà, cette personne.
On a vite fait de ne pas oublier le nom de Matthias Walter lorsqu'il essaye de vous trouer le crane avec un pied de biche parce qu'il était en plein trip d'exctasy. Ce genre de souvenir marque, il faut le dire.

Il toque à la porte, bien que la chose est quelque peu inutile ; sans surprise, Matthias n'aura pas eu la considération de penser à en acheter une autre, jugeant qu'une porte à moitié arrachée et noircie par l'humidité était tout de même suffisante. Un grognement presque animal arrive à ses oreiller, et il hausse les sourcils avant d’expirer lourdement. Tant pis.
Sans plus de patience, il pose ses mains contre les rebords et saute au dessus de ce qui était censée être une porte un jour. Il jette un coup d’œil circulaire aux environs, et fait quelques pas à droite pour tomber sur la cuisine. Un soupir exaspéré s'échappe de ses lèvres et il lève les yeux au ciel lorsqu'il remarque les deux seringues déposées sans précaution aucune sur l'évier incrusté par la crasse. Il n'a vraiment rien perdu de ses habitudes, hein...
Myra, perchée sur sa tête, grommelle avant de sauter au sol, recevant au passage un regard lourd de reproches de son dresseur ; cette petite fouine avait absolument désiré l'accompagner, et ce malgré toutes ses objections. Lui, par égoïsme, avait été incapable de refuser trop longtemps. Au final, avoir la présence de sa Zorua avec lui le rassure et lui donne le courage dont il a désespérément besoin.
En reculant, il prend la route du salon. Sans surprise, c'est sur le canapé que se trouve celui qu'il cherche. Deux bières vides sont couchées en dessous de son bras penchant vers le sol, tandis qu'il bave à moitié sur le canapé. Il hésite un instant sur ce qu'il doit faire, mais finit par grommeler et tapote légèrement l'épaule de l'endormi.

« Hé, la belle au bois dormant ? Bouge ton cul, y'a un invité. »

Et sur ces paroles des plus polies, l'énergumène se réveille. Faust le connaît comme Matthias Walter, aimant à problèmes et causeur desdits problèmes par excellence, toxico à temps partiel et revendeur lorsque son dealer le lui propose, ou du moins lorsqu'il en a marre d'attendre son fric en retard et finit par lui donner comme autre choix de se faire trouer le crâne avec une balle de Beretta 92FS (mais ça avait dû changer, en cinq ans). Palmarès impressionnant pour un mec de vingt-sept piges, oui. Il l'avait rencontré quand il s'était retrouvé à la rue, et avait été d'ailleurs hébergé de multiples fois, de par le fait qu'il le ramenait chez lui lorsqu'il vomissait ses tripes dans les toilettes des bars où il traînait, et s'occupait du ménage ainsi que de lui payer un pack de bières de temps en temps.
Il doit dire que maintenant qu'il sait que ce type, fantôme de son passé, est le père biologique de sa fille adoptive, il le considère plus critiquement. Alors qu'il l'inspecte, il reconnaît la structure du nez d'Alice, la forme de ses yeux, tellement de ressemblances que maintenant qu'il connaît la vérité, il s'étonne de ne pas avoir fait le lien plus tôt. Que le monde est petit... Mais cruel et ironique à la fois. Faust attrape une chaise tombée au sol et s'y assoit, sans la moindre gêne. Matthias l'inspecte durant quelques instants, intrigué.

« …  Klaus ? Putain mais qu'est-ce que j'ai pris comme merde coupée moi hier soir... »

Faust lève les yeux au ciel et soupire, à la fois exaspéré et amusé.

« Non, Matthias. Maintenant arrête de me regarder comme un abruti, ça devient vite chiant. »

Ce prénom, il l'a porté pendant quelques années. Ou du moins, il s'en est servi comme distance entre lui et ce monde dans lequel il avait vécu bien malgré lui, pour réussir à survivre, sans jamais y participer trop activement. La drogue, ça ne l'avait jamais tenté, et il s'était contenté de fermer les yeux lorsqu'il en voyait passer dans des soirées. Alors il s'était toujours présenté comme Klaus Winchester, paumé de service et sans famille ; au moins, maintenant qu'il était devenu conseiller, ça lui évitait d'avoir à supporter le poids de ses années-là sur son image. À l'époque, il avait fait ça pour que sa famille n'apprenne rien de sa vie quotidienne, dont il n'était déjà pas très fier à ce moment-là.
Et maintenant, voilà qu'il devait ré-affronter tout ça. Il n'avait parlé de cette visite à personne, surtout pas à Isaac qui lui aurait catégoriquement interdit de venir, sachant très bien ce que cela pourrait provoquer sur son moral. Mais de toute façon, il ne pouvait pas courir indéfiniment. Ignorer l'existence du père biologique d'Alice juste parce qu'il avait peur de perdre sa fille aurait été d'une lâcheté inhumaine, et il avait déjà assez fait question lâcheté, merci bien.
Puis, finalement, un grand sourire s'étire sur le visage de Matthias et il se met péniblement assis sur son canapé. Faust fait de son mieux pour calmer la nausée qu'il ressent lorsque l'odeur d'alcool lui arrive aux narines, mais c'est difficile.

« Klaus, mec ! Ça fait combien d'années qu'on s'est pas vus ? Deux, trois ?
- Quatre, environ. »

Le sourire de l'homme aux cheveux noirs se fait nerveux.

« Ah, ouais. Pardon pour la dernière fois hein, j'voulais pas...
- Vrai que quand ma Démolosse t'a mordu jusqu'au sang, t'as eu le temps de reconsidérer l'idée de me tuer. Encore. »

Devant l'évocation brutale de cet accident, Matthias ne peut s'empêcher de grimacer. Le regard de Faust est froid et son ton doucereux laisse comprendre qu'il n'a en aucun cas gardé un agréable souvenir de l'épisode, et qu'il n'est pas prêt de lui pardonner. D'autant plus qu'il n'y avait pas vraiment que ça.

« Mais bon, vu le nombre de fois où j'ai dû argumenter avec ton dealer parce qu'il était de mauvaise humeur et que tu t'étais enfui sans me prévenir parce que t'avais la trouille de te faire découper, j'étais habitué. Maintenant, recule un peu ou ton odeur va me donner envie de vomir.
- Putain y'a pas à dire, t'es toujours aussi chiant...
- Et ton hypocrisie me donne envie de ne pas me retenir de larguer le contenu de mes intestins sur ta tronche, alors ne fais pas comme si on était les meilleurs potes du monde parce que t'as pas envie que je t'en colle une.
- Moi qui croyait que c'était pour ma belle gueule que t'étais revenu...
- Avec un bleu pareil sur ta face, faudra que tu revois ta définition de 'belle'. T'as encore emmerdé quelqu'un qu'il fallait pas emmerder, justement ?
- Le mec de mon ex. J'voulais juste qu'on parle, et il m'en a collé une, ce fils de pute...
- Dis plutôt que t'as harcelé cette pauvre nana pendant des semaines et que son copain a perdu patience.
- Je l'ai pas harcelé, c'est elle qui veut pas avouer qu'elle me veut encore !
- Mais oui, Matthias, mais oui... »

Soupirant, il se masse l'arrête du nez en pestant intérieurement, se demandant décidément ce qu'il foutait ici. Il savait que ce type l'insupportait, et ce depuis des années, même quand Faust était dans sa période... Conne, disons, voilà. Sa période d'abruti fini, c'était une bonne définition. L'autre grommela un peu et attrapa une bière du pack qui se trouvait sous le canapé, avant d'en tendre une à Faust qui la déclina d'un signe de la main. Il avait déjà suffisamment la migraine, pas besoin d'en rajouter. Après avoir ouvert la sienne, Matthias l'inspecta brièvement avant de se mettre à parler.

« Si t'es venu pour me faire des reproches, tu peux aller t'faire mettre. Y'a une raison à ta présence autre que venir me faire chier ? Putain, quand je pense au nombre de fois où je t'ai laissé dormir ici, tu me ferais presque regretter de pas t'avoir laissé crever de froid dehors.
- Ne viens pas jouer ta victime, ça t'arrangeait bien d'avoir un appart' à peu près propre quand tu ramenais une fille. Et puis faudra que tu m'expliques comment j'aurais pu faire de l’hypothermie sur une île tropicale, le génie.
- T'as fini avec ton blabla ? Tu m'donnes mal au crâne, viens en au fait. »

Le conseiller attendit quelques secondes avant de parler, reprenant une voix calme et neutre.

« Tu te souviens de Chelsea Liddle ? »

Pas de réaction. Matthias fronça les sourcils, cherchant visiblement dans à mettre un visage sur son nom, mais vu l'expression de bêtise absolue sur son visage, Faust en conclut rapidement qu'il avait un peu oublié, ce qui confirmait ses doutes.

« J'devrais ?
- En quelque sorte, ouais. T'as couché avec elle, il y a sept ans. Cheveux châtains, yeux bruns, assez grande. Ça te dit un truc ?
- Ça me dit beaucoup de trucs, si tu vois ce que je vois de dire... »

Faust leva les yeux au ciel.

« Épargne-moi les détails, j'ai déjà assez entendu quand j'dormais dans la pièce au bout de l'appart'. Ce que je veux dire, c'est est-ce que tu te rappelles d'elle dans les détails ?
- Ça dépend de quels détails tu veux parler, Klaussy.
- Matthias par pitié ne me donne pas l'envie de te frapper. Elle est morte, espèce de pauvre con. »

L'autre cligna des yeux, visiblement surpris, mais pas pour autant particulièrement choqué. En fait, il avait plutôt l'air blasé.

« Et alors ? En quoi ça me regarde ? Tu veux pas que j'aille chialer à son enterrement pour la forme, non plus ?
- Non, mais t'as loupé un détail. Elle a eu une fille, il y a sept ans. Devine qui est le père biologique, maintenant ? »

Là, par contre, il y  eu une réaction. Matthias s'étrangla avec sa bière et en recracha d'ailleurs un peu sur le sol, et Faust dû reculer pour ne pas être éclaboussé. Myra, qui inspectait les lieux depuis le début, vint se poser à côté de son dresseur en surveillant l'autre homme d'un œil mauvais.

« Surveille ton renard, il m'fout la flippe à me regarder comme ça.
- Change pas de sujet. »

L'aîné reposa sa bière par terre, puis il reposa son regard sur le conseiller. Devant cette froideur et ce manque d'empathie, la différence avec Alice s'imposa nettement dans l'esprit du conseiller ; radicalement opposés, ça, les deux l'étaient.

« Qu'est-ce que t'en sais, que c'est moi le père ? Et puis de deux, sérieusement, en quoi ça te regarde ? T'es son mec, à Chelsetruc ? »

Agacé, Faust expira brusquement.

« T'as entendu ce que je t'ai dit ? T'es père, putain. Et disons que j'ai fait mes recherches.
- Quoi, tu croyais que je le savais pas ? »

Le hérisson s'immobilisa, surpris. Matthias continua alors dans sa lancée.

« Ce qui me surprend, c'est que tu sois en courant. Elle était amoureuse de moi, cette conne ! Alors du coup, quand je l'ai engrossé, elle est venue pleurer sur mes pieds comme quoi elle avait 'besoin de moi' et qu'elle n'y arriverait pas toute seule... Elle avait qu'à y penser, quand elle a pas pris la pilule ! Qu'est-ce que j'en avais à foutre, de la vie de cette pute et de sa conne de fille ? J'men tape, de la morveuse ; elle pourrait bien crever demain que ça m- »

Bam. Le coup était parti tout seul. Faust n'avait pas pu se contrôler, et voilà qu'il venait de se relever pour lâcher une baigne. Il essuya son poing et recula un peu, ne faisant nullement attention à la tête ébahie de Matthias qui le fixait dorénavant avec insistance. Puis, l'homme aux cheveux noirs éclata de rire.

« Putain, tu verrais ta têêête ! Mais sérieux Klaussy, t'as gagné en punch !
- Matthias, sérieusement...
- Nan, mais tu sais que t'es con quand même ? Tu croirais que je savais pas que t'allais finir par venir, Faust ? »

Le conseiller resta immobile. Un rictus mauvais étirait dorénavant les lèvres de Matthias, chose qui n'était vraiment pas bon signe.

« Tu sais, je l'ai vu, sur la couverture des magazines, quand ils ont commencé à parler du fait que t'avais une fille. Depuis ce moment, je savais que t'allais venir. T'as pas changé. Toujours prêt à aider la veuve et l'orphelin, hein ? Tu fais pitié, mec. Sérieux.
- On reparle du nombre de fois où je t'ai sauvé la vie, sac à merde ?
- Baisse le ton, tu me ferais presque croire que t'es en colère ! »

La moquerie dans la voix de son ancien colocataire est à la limite du supportable. À ses côtés, Myra s'est mises à grogner.

« Viens en au point.
- Ce que je veux dire, c'est que... Elle est belle, l'histoire que tu racontes à la presse, hein. Toi qui t'occupes de ta fille biologique récemment découverte après la mort tragique de sa mère... J'en aurais presque pleuré. C'était tellement beau ; il manquait juste les violons en arrière-plan ! »

Calme. Ne pas le tuer. Ne pas frapper parce que je crois deviner la suite de ses propos.
Même si il pense ainsi, ses poings se sont serrés. Il connaît assez Matthias et ce ton mielleux pour savoir où va cette discussion, et c'est justement ça qu'il voulait éviter. Il avait en partie peur que l'homme veuille obtenir la garde de sa gamine, mais maintenant qu'il savait que ce n'était pas ça qui l'intéressait...

« Enfin bref... Ça serait dommage que la presse apprenne que toute cette histoire était un joli mensonge, hein ? Que la mère de ta petite princesse se shootait quand elle en avait l'occaz', parce que ça lui faisait oublier sa vie de merde ? Et surtout... Et si je leur parlais un peu de Klaus Winchester, tiens ? De ce gamin qui jouait les Don Juan à une période et qui traînait un peu partout ? Ils feraient quoi, tu penses ? Et ta chiarde, ils la traiteraient comment ? J'en veux pas de la gosse, mais je dis pas que je saurais me taire si tu n'es pas... Convaincant, financièrement parlant.  »

Colère. Indéniable, puissante, orageuse. Il n'a que rarement envie de tuer, mais là, ses mains ont bougé toutes seules. Il ne lui faut que quelques instants pour attraper Matthias au col, le frapper dans le plexus et le plaquer sur le sol. Il utilise son pied pour lui comprimer la poitrine et l'empêcher de bouger. Son visage s'est fait glacial et inexpressif, mais dans ses yeux subsistent une lueur dangereuse et calculatrice.

« Je sais pas. Tu veux me décrire en détails ? Que je puisse réfléchir au fait de te tuer ou non, tu sais...
- T'aurais pas les couilles.
- On parie ? »

Le bout d'un flingue posé contre la tempe de Matthias en disait assez, en tous cas. L'autre déglutit, se rendant soudainement compte que le 'gamin' était plus sérieux qu'il aurait aimé le croire. Beaucoup trop sérieux.

« Je pourrais te caser une balle dans le cerveau et laisser pourrir ton cadavre ici. Personne suspecterait quoi que ce soit ; t'as suffisamment d'emmerdes pour que ça passe comme normal. Et tu sais quoi ? Personne n'en aura rien à foutre. Personne ne viendra chialer sur ta tombe.
- T'arriveras à expliquer à 'ta' môme que t'as tué son 'papa' ? Le vrai, j'veux dire, pas le petit con qui s'y croit. »

L'ironie acerbe sur ces mots ne fait que l'enrager davantage. Comme première réponse, Faust appuie un peu plus sur son pied.

« Tu sais, au fond, je m'en fous. »

Mensonge abominable, mais il avait toujours été très doué pour ça. C'était devenu une habitude, et puis le rictus qu'il a volontairement fait naître sur son visage est bien convaincant.

« Ça va juste être marrant de te voir gigoter comme le ver de terre que tu es. Te voir trembler de peur à chaque fois que tu me verras passer. Parce que le jour où tu tenteras même de faire du mal à ma fille, je viendrais personnellement t'arracher chacun de tes membres. Lentement. Tu sais, ce n'est pas de me tâcher qui me fait peur, même si salir un de mes vêtements pour toi serait vraiment stupide. J'ai toujours fait des trucs stupides, de toute façon. »

Toutefois, plus il parlait, et plus la tentation devenait difficilement contrôlable. Ce serait si facile, tellement d'ailleurs qu'il se sentait lentement glisser vers la folie, et qu'il considérait de plus en plus cette option. Il s'apprête et resserrer ses doigts sur la gâchette, mais une main se pose sur son épaule. Il sursaute, manque de tirer par accident d'ailleurs, mais retourne lentement sa tête.
Alice.
Que fait-elle là ? Qu'est-ce que son cerveau est en train d'inventer ? Il lui faut une bonne dizaine de secondes pour comprendre qu'il ne s'agit pas de sa fille, ici, mais de Myra. La Zorua a dû se transformer et prendre cette forme pour le pousser à se calmer, chose qui réussit, puisque toute la colère qu'il a pu ressentir fond comme neige au soleil devant le visage peiné que la Zorua parvient à imiter avec une facilité presque déconcertante. Il lui avait pourtant semblé qu'une transformation aussi parfaite était loin de ses capacités.

« Myra... »

Nom prononcé dans un soupir las et fatigué. Après avoir jeté un dernier regard à Matthias. qui est toujours au sol, il lâche un 'tch' sonore avant de le pousser d'un coup de pied. Le quasi-trentenaire tremble maintenant, et ce n'est certainement pas un effet de ce qu'il a dû s'injecter il y a peu, comme le prouvent les traces sur son bras. Faust le scrute une dernière fois.

« C'est compris ? Ne me donne pas une raison de venir, tu n'aimerais pas le résultat. »

Le faible hochement de tête qu'il reçoit ne le fait même pas sourire. Tout ce qu'il ressent, c'est un dégoût profond, et d'autres émotions qui commencent lentement à faire naître une froideur désagréable dans sa poitrine. Puis, sans autre parole, il quitte l'appartement, en prenant la Zorua transformée dans ses bras. Dès qu'il a enjambé la porte de sortie toutefois, elle se mit à gigoter.
Faust fronça les sourcils et la reposa au sol, avant de la voir lentement reprendre forme normale. Enfin, pas exactement ; c'était une Zoroark qui se trouvait devant lui, maintenant. Ceci expliquait comment elle avait pu réussir à prendre une forme si remarquable, en tous cas. Elle avait dû évoluer lorsque la frustration de ne pouvoir rien faire était arrivée à son pic. Avec un sourire doux, il rappela la renarde dans sa ball. Il la remercierait plus tard. Pas maintenant.

Puis, en silence, il descend les escaliers. Il espère bien que ce sera la dernière fois qu'il viendra ici, puisqu'il n'aimerait vraiment pas avoir à mettre sa menace à exécution. Voir l'image d'Alice a suffi à le sortir de sa transe, et surtout...
Qu'était-il supposé faire ? Lui en parler, le lui cacher ? Si l'obligation de le tuer venait, en aurait-il même le droit? Pouvait-il se donner ce droit, d'ailleurs, lui qui n'était pas vraiment le père biologique ? Ce sont des questions stupides et il le sait, mais elles le rongent lentement. Il n'était qu'un paumé de la vie après tout, un abruti égoïste à tendances violentes et à l'esprit souvent instable qui s'était arrogé le droit de prendre sous son aile un pareil petit soleil. Peut-être l'avait-il fait pour lui-même au fond, pour se redonner le moral... Ce qui le rendait tout aussi abject que Matthias, si ce n'est plus. Oui, ça il ne peut pas le cacher. Vaut-il mieux que ce pauvre con ? Avec tout le sang qu'il a sur le main, peut-il même avoir l'arrogance de se prétendre meilleur ? Non, bien sûr que non, et ça il le sait depuis longtemps.
Alors que sa gorge se noue, une seule pensée lui vient. Il ne peut pas rentrer. Pas maintenant. Il ne peut tout simplement pas la voir. Son esprit s'égare. Il cherche, encore et encore, à qui parler. Isaac, Sam ? Oh par Arceus, il n'ose imaginer leur colère devant ce qu'il pense intérieurement de lui-même... Mercy ? Non, ce serait pareil. Pour parler, il ne sait pas à qui s'adresser. Puis, avec hésitation, il se rappelle d'une chose. Une petite promesse faite il y a quelques semaines, et à l'instant, alors qu'il se sent lentement fondre dans une mélancolie et une angoisse qui étaient pourtant devenues inhabituelles, c'est peut-être devenu un petit espoir. Espoir qu'il suit, parce que ce sont ce que tous les fous font.
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