Apprendre à demander de l'aide

Feat Adélia G. Turnac

Si Faust se montre aussi stupide et bêtement souriant la plupart du temps, c'est pour ne pas attrister les autres et en voyant le léger sourire qui se dessine sur le visage d'Adélia, il est heureux d'avoir réussi son but. Il sait très bien que ses grands rictus stupides sont enrageants au possible, on le lui a tellement répété qu'il est dorénavant impossible qu'il ne le sache pas, mis ça ne change rien au fait qu'il constate qu'un peu de bêtise a aidé à détendre l'atmosphère. Oui, c'est puéril, mais Faust n'a jamais été réputé pour être un modèle de maturité et ce n'est très certainement pas maintenant que cela va changer. Au moins, l'expression attristée d'Adélia a disparu et il peut se dire qu'il ne partira pas en la laissant de mauvaise humeur, ce qu'il aurait détesté.
Ses taquineries à son égard le firent glousser, et son sourire idiot ne quitta toujours pas son visage, comme décidé à rester là par principe et par envie d'enquiquiner un peu plus le monde, comme le conseiller savait si bien le faire. Il se mordit légèrement les lèvres pour se retenir d'éclater de rire devant les pseudos-moqueries de la jeune femme, nullement offusqué. Il ne dit rien toutefois, ne souhaitant pas déranger les autres pour l'instant.

Un pincement lui prit le cœur lorsqu'il vit Hazel saluer son amie d'un bref câlin (ou du moins de l'équivalent) sans bras ; il ne pouvait s'empêcher de se sentir tout de même un peu coupable de causer la séparation de ces deux-là, bien qu'il n'avait pas fait la proposition et ne se le serait jamais permis. Toutefois, le fait qu'il reviendrait souvent et qu'ils pourraient donc se revoir le rassura quelque peu, et calma ses inquiétudes à ce sujet. Même l'adieu, ou du moins l'au revoir d'Adélia à la Grainipiot lui fendit le cœur ; il se retenait difficilement d'afficher une mine peinée, se sentant dorénavant définitivement mal à l'aise. Néanmoins, il garda une façade neutre et ne fit que sursauter lorsque la cadette posa Hazel dans ses bras. Faust lui caressa légèrement et distraitement la tête, un peu hésitant.
Néanmoins, quand Adélia lui dit qu'il avait le droit de revenir quand il le voulait, ses lèvres se tordirent en un sourire doux et tendre. Ouais, ça, il avait bien l'intention de le retenir. Il avait peut-être pris son temps pour ça, mais au bout du compte, il allait finir par accepter le fait que se permettre ce genre de moment, que demander de l'aide n'était peut-être pas si horrible. Qu'il pouvait se laisser aller, de temps à autre. Il fallait croire qu'il avait fallu que cela arrive deux fois, qu'il fonde en larmes à la fois dans les bras d'Adélia et de Sam pour qu'il retienne la leçon. C'est qu'il avait la tête dure, le hérisson, mais ça ne rime pas avec 'con' pour rien.

« T'inquiète, c'est retenu. L'inverse est vrai aussi, mais tu le sais. Ah et d'ailleurs, quand t'auras du temps, passe faire un tour, Alice te réclame ! »

Et sur ces mots, il quitta l'appartement. Lorsque la porte se referma derrière lui, il jeta un coup d’œil à la Grainipiot, une idée se formant lentement dans son cerveau d'huître. Il allait falloir qu'il fasse une visite à l'école primaire de Nuva Eja, tiens. Et vite.