Sujet: Aurore d'une Vie ↻ OS Ven 30 Aoû 2013 - 21:56
Aurore d'une vie.
Il y a des matins qui sont différents des autres. On ne s’en aperçoit parfois pas. Ce sont tellement d’infimes détails qui passeraient inaperçus au commun des mortels. La cuillère qui est du mauvais côté du bol, l’odeur du printemps au moment d’ouvrir la fenêtre, une coccinelle qui vient vous faire loucher. Comme si une multitude de petits rien s’amassaient sans que vous en preniez véritablement conscience. Elise était le genre de personne qui sentait ces choses arrivaient sans parvenir à les admettre. Elle était allongée dans son lit moelleux. Enfin elle avait retrouvé le confort luxueux de son hôtel, conformément à ce qu’elle pensait on avait exigé sa carte d’identité et tous les passants l’avaient dévisagée. Il faut dire que dans ses habits puants et réduit en lambeaux, on aurait cru qu’elle avait fait la guerre. Ses yeux étaient entouré par des cernes violacées qui faisaient peine à voir, elle titubait un peu sur les derniers mètres et seul le soutien de Corleone lui avait permis d’arriver à destination. Corleone, ce nom sonnait de mieux en mieux, il ressemblait à celui des héros qui habite les histoires qu’on s’invente plus jeune. En deux jours, il était devenu son allié le plus fidèle. Elle se demanderait ce qu’en penserait Alex, le garçon avait la langue bien pendu et ses commentaires avaient pris de l’importance dans le cœur de la demoiselle. La Pampelune avait toujours été persuadée que s’ouvrir aux autres serait un sacrifice auquel elle ne songerait qu’en dernier recours. La réalité violente l’avait désarmée et elle ne pouvait que sourire face à tout ce que lui apportait une garde baissée. Notamment Dio, elle le respecter pour ce qu’il l’était. Elle n’aurait pas honte de lui faire la morale, mais ne prendrez pas une critique fondée de sa part à la légère. Il tenait au cœur de la brunette d’être franc avec lui, et elle voulait croire qu’il le serait aussi en retour. L’odeur de roses fanées lui parvint, elle ignorait encore l’auteur de ce don. L’idée que ça soit son frère lui plaisait, alors elle l’imaginait. Avec ses habits de civil qui lui donnait une partie de son charme, le regard sur et un bouquet de roses bigarrées à la main. Il était rare qu’Elise soit réveillé par une odeur ce qui expliquait aussi pourquoi cette doucereuse odeur de mort sucrée et suave la prenait pas surprise.
Ses yeux s’entrouvrirent, pas encore habitué à la faible lumière qui régnait dans la chambre. Le contact de ses draps frais ne lui avait jamais semblé aussi agréable, à vrai dire, cette nuit il lui avait semblé dormir dans de la soie. Elle se redressa lentement et frotta ses paupières, il était encore tôt et elle se prit à inspecter son petit monde. Couché au pied du lit, Leborgne avait repris sa place habituelle. La demoiselle ne l’aurait avoué pour rien au monde, mais cela avait été un soulagement d’apprendre que l’empoisonnement était mineur et le chien serait remis avant qu’elle aille se coucher. La présence d’une petite forme près de ses pieds lui rappela l’arrivée d’une jeune bourgeoise dans ses rangs. Elle couva du regard le fantôme bleuté qui inspirait et expirait doucement près d’elle. Elfiatis était arrivée tout en délicatesse dans les lieux, à peine de voir que les plaines d’herbes fraîches avaient disparu, remplacer pas des meubles en bois rare et en mur orné de peintures centenaires. Discrète, elle s’était fait un petit nid en silence, confortablement installée dans le lit douillet de sa maîtresse. Compressée entre son étagère et le plafond, Eleanor avait été ravie de retrouver la chambre d’hôtel. A l’évidence elle n’imaginait pas une vie plus belle que dans sa petite cachette, Elise avait rie ouvertement en la voyant s’y hâter. Tout au fond de la pièce était installé Corleone. Le nidorino c’était lové près de la porte, histoire de contrôler les allés et venus nocturnes avait supposait l’héritière.
Une famille. Cette idée la dérangeait tant elle était frappante et limpide. Ces pokémons ne la vénéraient pas, elle n’aurait pas vraiment aimé que ce soit le cas, mais tous été unis par elle au final. Leurs destins, la brune les avait liés pour le meilleur et pour le pire. Ce fut ses premières pensées de la journée : elle liait les vies. Elle se demanda si tous les dresseurs se sentaient acteur comme elle à ce moment précis. Si, comme elle, il voyait se dessinait leur avenir en perspective. La brune avait mêlait son existence à celle de quatre autres individus, par hasard, par désir, par jeu. Il n’y avait pas vraiment d’explications à donner à cela quand vous saviez qu’une simple sphère bicolore peut cadenasser le futur d’un pokémon. Plus tard, elle mêlerait son existence à celle d’hommes et de femmes au regard sur et à la poigne ferme, elle ferait de toutes ces vies emmêlés une force inébranlable, celle du Régime. Elle redressa sa tête, ses yeux s’étaient bien habitués à la semi-obscurité et la brune sursauta en voyant son œuf. Bien installé sur un coussin de velours pourpre, il trônait. Il était laid en fait. Une surface lisse et blanche avec de grosses tâches olivâtres dessus, pourtant le symbole qu’il représentait surpasser cette laideur. Il y avait une vie sous la coquille, une vie chaude et incertaine, presqu’une personne. Elise ne pouvait y être aveugle, elle ne pouvait en détourner les yeux, d’autant plus que cette vie, ce fragile destin qui se mêlerait bientôt au sien, c’était un don de son frère. Learco lui inspirait cette admiration béate que seules de longues absences peuvent bâtir. Elle se leva sur son lit et vit vaguement les yeux de Leone s’ouvrir et la tête de Leborgne se dressait. Les deux échangèrent un regard rival, pendant qu’Elfiatis roulait sur le côté pour mieux observer sa dresseuse. La jeune feuforêve louchait un peu quand sa dresse l’enjamba pour atteindre le bout du lit. Elle en descendit, alors qu’Ele s’extirpait bruyamment de son nid. La Pampelune ne parvenait à expliquer les battements précipités de son cœur, alors qu’elle approchait sa main de l’œuf en tremblant. Ses doigts en effleurèrent la surface tiède, le geste se mua en caresse et le regard de la brune devint douceur. Une lumière qui s’allume. Ce n’était ni le lustre, ni le soleil. Elle brille, elle inonde la pièce. C’était l’œuf.
Près d’Elise, les autres s’étaient approchés. Leborgne les deux pattes sur la commode, Corleone perchait en équilibre sur ses pattes arrière, Ele au creux des bras croisés de sa maîtresse et Elfiatis en suspension au-dessus de son épaule. Une forme émergea, elle était sombre, avec des contours humains, une tête large et d’immenses yeux bleus. Elle ressemblait à une enfant avec sa moue interrogatrice et sa posture hésitante. Elise ne fourcha pas sur les mots, en fait elle n’y pensait pas.