« Ah… bonjour. »
« Bonjour à toi. »

Fit la dame en noir quand White Dragon s’aventura dans les marécages, à la recherche. Finalement, les deux justiciers se croisaient souvent dans les environs. On dirait qu’ils avaient les même endroits pour s’entrainer, au fur et à mesure, leur antagonisme s’estompait, une certaine confiance muette s’installait petit à petit entre eux. Se trouver dans le même lieu ne les gênait et ne les angoissaient plus autant qu’avant. Bien que leur réserve respective restait bien intacte. Aussi, leurs conversations avaient leurs limites, car ils ne pouvaient l’un comme l’autre pas en dire plus que cela sur leurs vies respectives, craignant d’être découverts. Enfin, du moins, Léopold sait bien que sa vie de simple citoyen n’a rien à envier a celle de White Dragon. Il n’est qu’un simple apprenti médecin, il reste indépendant mais condamné a s’occuper de son paternel pas vraiment autonome, lui. Quand à Cléo, celle qui se cache derrière le masque de Black Wyvern, sa vie est désormais heureuse, mais son obsession envers la liberté, et particulièrement la sienne qu’elle eut cru à un moment de sa vie ne jamais pouvoir gagner, cette obsession ne s’estompera peut-être jamais. Qui sait ce que ces deux jeunes gens, derrière leur apparences de justiciers masqués, étaient capables d’accomplir pour se sentir réellement libres. C’est un peu pour cela qu’il avaient cessé de se considérer comme des adversaires, des rivaux, oui, peut-être, mais ils ne se bâteraient plus comme lors de leur première entrevue, par fierté. Quelque part, l’existence de l’autre et leurs similarités les poussaient à chasser chacun de leur côtés leur doutes, de se plonger plus intensément dans leurs conflit commun. Ils se poussaient mutuellement a refuser le moindre abandon, même si la route pour devenir un vrai justicier est longue.

Souvent, ils se racontaient leurs aventures de justicier dans leurs villes respectives, cela les empêchait de déraper sur leurs réelles identités. Aussi, ils leur arrivait de s’entrainer a leurs art de combat respectifs, en se donnant de conseils… Peut-être sont-ils amis, quelque part. Des amis qui ne peuvent rien savoir sur l’autre, et que ne peuvent pas non plus donner d’eux-mêmes comme ils le voudraient. Enfin, même sous leurs masques, ils leur est difficile de le faire.  Quand a leurs dragonnes, elles seules savent la vérité. Que ces deux-là sont en fait frère et sœurs. Deux frères et sœurs qui ne se sont jamais entendus, qui se font du mal a chaque fois qu’ils se croisent : l’un jaloux, l’autre méprisante. Medée comme Stramie savent qu’elles ne doivent pas vendre la mèche, et pourtant… Un jour, la vérité devra bien éclater.

« Et donc, que cherches-tu, aujourd’hui? »
« On m’a dit que les Minidraco se cachaient parfois dans le coin. »
« Ah, bon courage, ils sont rares. Tu risques de vieillir dans ces Marécages! »
« Je suis patient. »

Discutant de tout et de rien en commentant de temps à autre les environs, et gagatant parfois sur leurs dragonnes respectives. D’ailleurs, White Dragon, plus sur de lui que Léo, n’hésitait pas à se vanter d’avoir plus de dragons dans son équipe, mais la Wyverne Noire ne semblait pas tant s’en préoccuper, avançant que sa préférence allait à un autre genre de Pokémon, bien qu’elle apprécie bien les dragons, assez pour se faire nommer Black Wyvern, du moins. Et puis, sa principale alliée est une Libégon, après tout.  Médée était devenue très amie avec cette dernière, enfin, ce serait plus exacte qu’elles étaient de toute façon deux camaradées de longue date qui s’étaient retrouvée il y a de cela quelques semaines, mais ça, leurs dresseurs ne sont pas censés le savoir. Une Lixy brisa le silence tranquille qui s’était installé en jappant alors qu’elle sortait couverte de boue d’un bassin maronnâtre. Elle observait les deux justicier de ses grands yeux, penchant de façon adorable la tête sur le côté, puis eut un petit miaulement amusé, visiblement, les accoutrements inhabituels des deux protagonistes étaient la cause de son hilarité. Derrière leurs masques, les deux firent la moue, Léo l’aime bien son costume… D’ailleurs, il devrait cesser de le mettre pour trainer dans les marécages, car il faut le dire, les bottes et le bas du pantalon de White Dragon sont un peu moins blancs que tantôt! Ah, qui est-ce qui allait encore devoir blanchir tout ça? Dans tous les cas, pour de raisons évidentes, il devra se passer d’aller à la blanchisserie.  Ou alors il pourrait y aller avec son costume. Bah, oui, les justiciers aussi vont faire leur linge, vont au marché, et… Oui, bon, bref, cette réflexion était à l’évidence totalement stupide. Mais Léo sourit quand même derrière son masque, amusé par sa propre blague. Il baissa les yeux vers la noire. Il s’était souvent fait la réflexion que la jeune femme était certainement plus jeune que lui. Quoi qu’en fait, il n’a pas vraiment de moyen de le savoir, son seul indice est la petite taille de la Wyvern, mais ce n’est pas une preuve en soi.  Elle parle avec un ton plutôt posé et son discours est plutôt bien agencé, peut-être même snob par moments. C’était difficile de savoir si Black Wyvern avait plus ou moins de 20 ans, finalement.

« J’y pense… Comment fais-tu pour cacher ton identité à tes proches? »
« Euh… Etrange question. Comme toi, je suppose? »
« Certes… Mais tu n’as jamais de soucis? »
« Pas vraiment… J’ai un endroit a part pour ranger mon costume et mes affaires, j’évite de les laisser à mon domicile, on ne sait jamais. »

Dans le ton de la voix de la justicière, on pouvait déceler la prudence, preuve qu’elle avait fait attention à modérer ses mots pour ne pas laisser d’indices sur sa vie de simple habitante. Léo, lui, haussa les épaules sans rien répondre. C’est un peu la même chose pour lui. Sa cave secrète se trouve chez lui, certes, mais a part lui, personne ne descend jamais à la cave, et surtout pas Richard. Donc, ses affaires sont en sécurité de toute manière.

On est jamais vraiment à l'abri d'une rencontre étrange quand on se balade dans un marécage. Certes, ce dernier a la chance d'être très bien conservé dans son état naturel et nullement pollué, chose qui se fait malheureusement rare. Mais quand Léo s'attend a voir la mignonne bouille d'un petit serpent bleu et blanc de l'eau, eh bien, voir un tas de nœuds mal lavé sortir de la boue et chanter une sérénade des plus triviales et fausses, il commence a croire qu'il n'y a peut-être pas que des choses fort propres et saines, dans ces eaux vertes et marron. Dans tous les cas, les Pokémon des environs feraient bien de prendre des cours de musique, car le Cheniti de la dernière fois était une belle casserole également, dans un genre plus lyrique que ce Saquedeneu bien plus rustique qui s'illustre dans un répertoire un peu plus... Beaucoup plus vulgaire. Des airs de chansons paillardes, oui, c’est bien ça. Comment Léopold connait si bien ce genre d'airs... Eh bien... Disons qu'il connaissait une certaine personne qui aimait beaucoup squatter l'orgue de l'Eglise d'Arceus pour jouer tout à coup Bali-Balo sur sa moto alors que l'officiant était en plein sermon. Enfin, pour les égards que Léo porte de toute manière a la religion de manière générale. Bref, on sait.

Le jeune homme s'était offusqué face au Cheniti de la dernière fois, mais là, il était plutôt amusé, probablement à cause des souvenirs qui lui revenaient en tête. La dame en noir, elle aussi, avait quelques vagues réminiscences de ces événements à la messe, ou ces heures étaient plus animées que d'habitude. Enfin, elle se rappela surtout de son ainé habillé en aube, en train de tenir les candélabres, avec un air de poisson mort. Elle ne put s'empêcher de pouffer derrière son masque, alors qu'il contournaient la bassin du Saquedeneu vulgaire. Gloussement qui entraina un court rire de la part de Léopold, bien que les deux soient un peu nerveux. Ils ne firent pas de commentaires sur le fait qu'ils passeraient presque pour des obsédés riant bêtement sur une chanson scabreuse, même si dans leur tête la chose est bien différente. Puis, le silence revint après ce moment un peu étrange.

Décidément, on dirait que les deux individus déguisés attirent les Lixy. Un nouveau petit lionceau bleu aux grande oreilles s'était invité et suivait maintenant Léopold à la trace. Avec son air sérieux, on dirait qu'il voulait s'engager dans ce mouvement déguisé. Léo eut un peu de peine quand il vit le Lixy s'asseoir pour le fixer, l'air très déterminé. Il ne prévoit pas vraiment de capturer un Pokémon de ce genre, à vrai dire, et il se baissa vers le félin pour tenter de le convaincre qu'il trouverait certainement un dresseur qui aura vraiment envie de l'emmener avec lui, explorer le monde. Le Lixy pencha la tête sur le côté, ne semblant pas vraiment comprendre les propos du dresseur. En fait, il le snobba royalement pour aller rejoindre un autre sentier plus loin... On dirait qu'il suivait les deux énergumènes tout bêtement car il se rendait dans la même direction, en fait. Oui, vous la sentez l'excuse de la joueuse pour ne pas capturer ce Lixy, vous aussi, hein?

Les deux justiciers regardèrent le jeune félin partir, toujours avec la même fierté, puis ils échangèrent un regard intrigué avant de hausser presque simultanément les épaules puis de continuer leur chemin encore un petit moment. La Wyverne fut la première à prendre congé, sans un mot, elle s'envola sur le dos de sa Libegon. Léo la regarda faire puis se tourna vers Thanatos, vivement qu'elle aussi évolue, mais en même temps... Elle est tellement mignonne ainsi! Après tout, sa petite dragonne grandira et évoluera à son rythme. Parlant d'évolution, cela fait plusieurs jours que Sisyphe broie du noir car il ne parvient toujours pas à prendre sa nouvelle forme. Il semble totalement démotivé à l'entrainement... Oui, ce serait bien de pouvoir faire quelque chose pour lui. C'est avec cet objectif en tête que Le Dragon Blanc pris doucement le chemin pour rentrer au bercail.