« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Losing my religion [OS]

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Faust M. Donovan
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Faust M. Donovan
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MessageSujet: Losing my religion [OS]   Losing my religion [OS] EmptyLun 9 Fév 2015 - 0:10



Losing my religion

Évolution d'Hazel, partie 2

Comme certains disent, 'le monde est petit'. Très petit, oui, Faust peut le confirmer car il le constate presque tous les jours, à chaque fois qu'il entend que telle personne ne reviendra plus, qu'il se rend compte que le type qu'il avait croisé hier était un ennemi de demain, et surtout maintenant qu'il porte son frère jumeau assommé dans ses bras pour l'emmener loin de tout le chaos qui les avait pourtant réuni aujourd'hui. Il soupira en jetant un coup d’œil vers le lieu d'où l'on entendait encore d'innombrables sons, énonciateurs de l'arrestation de certains de ses camarades qui avaient été malchanceux, malhabiles ou les deux en même temps. Mais il n'avait pas une minute à perdre en lamentations et en pensées tristes, voir même en deuil, quand chacun d'entre eux savaient au préalable ce qu'ils risquaient. Il aurait juste des mauvaises nouvelles à porter, en somme, mais cela pouvait attendre ; il y avait plus urgent pour l'instant, soit l'officier dans les vapes qu'il était en train d'éloigner de tout ça. Il aurait pu le laisser ici, mais dans le cadre où il serait retrouvé par des résistants ou bien tout simplement des pokémon sauvages agressifs... Et puis il devait avouer qu'il avait une idée en tête, mais cela pouvait attendre.
Il se doutait qu'un jour les chemins de Noctis et de Nero se rencontreraient. C'était si prévisible qu'il se surprenait d'avoir eu la naïveté d'espérer éviter ce chemin qui était pourtant droit devant lui, prêt à être emprunté à n'importe quel moment. Et pourtant, ils en étaient arrivés là. Plus fatigué qu'autre chose, il laissa à Hadès le soin d'immobiliser le Guériaigle jusqu'à ce qu'il ait retrouvé la ball de celui-ci et l'ait ramené à l'intérieur. Ce démon s'était débattu comme un fou furieux, ce qui rassurait assez Faust quant à la force des pokémon de son frère ; si l'aigle n'était pas au tiers de la puissance d'Hadès, il avait au moins le mérite d'avoir une force considérable pour un oiseau à l'air si jeune.
Il faudrait tout de même qu'il remercie Castiel plus tard pour avoir rempli sa part du marché, maintenant qu'il y pensait, mais il avait du temps, et il comptait bien en profiter pour faire ce qu'il aurait dû faire il y a bien longtemps, mais qu'il avait repoussé tant de fois par désir de ne pas avoir à supporter la vérité dans toute son amertume et sa cruauté.

Sans attendre, Daryl les téléporta dans une des nombreux lieux qui pour Faust servaient de planques, soit l'ancien appartement d'Isaac à Vanawi. Depuis la mort de Lucy, le suédois n'avait jamais posé un pied ici, et avait laissé les clés à Faust pour qu'il en fasse ce qu'il voulait. Autant dire qu'il lui avait sauvé la mise un bon paquet de fois et qu'aujourd'hui, il lui serait très utile, lui faisant par ailleurs penser à un événement qui avait eu lieu il y a un peu moins d'un an, et dont il ne préférait pas se souvenir tant il rappelait en lui des émotions d'indignation et de hargne.
Sans attendre parce qu'il n'avait pas une minute à perdre, il déposa Clive sur le canapé avec délicatesse, lui retira ses armes et sa ceinture de pokéballs. Son masque, quant à lui, fut enlevé avec bien plus de douceur alors que Faust étudiait le visage endormi de son jumeau, se demandant comment quelqu'un qui pouvait avoir l'air aussi inoffensif pouvait être aussi insensible et monstrueux dans ses actes. Ses yeux se posèrent sur la coupure se trouvant sur l'une des joues de l'autre hérisson, celle dont il était le responsable, et il sentit son cœur se compresser à l'idée qu'il aurait pu le blesser grièvement. Arceus, si il avait su... Rien que repenser à toutes les fois où il avait failli le toucher mortellement lui donnait la nausée.
Mais maintenant au moins, ils étaient en sécurité et loin des risques. Se rendant compte qu'il perdait son temps à réfléchir et à l'observer, il souleva l'autre adulte et alla le porter jusqu'à une chaise, où il le ligota fermement, en veillant bien à ce qu'il ne puisse pas bouger le moindre muscle. Comprenez bien que laisser un combattant très entraîné avec ses jambes de libre et la possibilité de bouger son corps, c'était du masochisme pur et simple : lui-même savait qu'il existait d'innombrables façons d'agir même lorsque les bras et mains étaient liés.

Puis, réalisant qu'il avait un peu de temps avant que Clive ne reprenne conscience, il hésita sur ce qu'il devait faire. La solution lui apparut comme étant de préparer du thé en attendant, et il ne vit absolument pas en quoi ce fut grotesque : pour lui, c'était la moindre des politesses. Une fois l'eau bouillie et la théière remplie, il alla la poser sur la table, éloigné de Clive Il patienta calmement, non sans se demander si il aurait dû le réveiller à un moment donné ou non, bien que c'était très tentant.

« Ngreuh ? »

Ce grognement des plus articulés venait de sortir de la bouche du supposé inconscient, qui par ailleurs ne l'était plus tellement maintenant. Clive reprenait lentement conscience alors que Faust, appuyé contre le mur juste en face de lui, jouait machinalement avec son portable, en envoyant au passage un message à Natsume pour lui dire qu'il ne serait pas là pour la soirée films de ce soir : il avait un 'empêchement''.
Profitant qu'il était encore à moitié réveillé, Faust prit la parole, en faisant bien attention à utiliser sa voix la plus grave et en priant pour que Clive n'arrive pas à le reconnaître, bien que c'était un pari risqué. On aurait pu dire qu'il aurait tout à fait pu lui parler en écrivant sur des feuilles, mais Faust aurait trouvé ça trop compliqué, et puis il doutait fortement qu'avec une voix aussi appuyée, Clive serait capable de le reconnaître.

« Bien dormi ? »

La touche d'humour, il n'a pas pu s'empêcher de l'ajouter. L'officier eut besoin de quelques instants avant d'arriver à se concentrer sur Noctis, bien que son regard fut attiré pendant quelques instants par l'odeur de thé. Perdu, le hérisson aux cheveux noirs tenta de comprendre ce qui était en train de se passer, et gesticula en voyant qu'il était ainsi attaché, désireux de se libérer, mais rien n'y fit.

« Ah oui, toutes mes excuses pour le... Manque de confort de cette installation. Il a fallu faire au mieux avec un minimum de temps, donc ce n'est pas terrible... Mais je vous ai laissé assis sur un coussin, hé ! Au moins votre derrière est bien installé ! »

Clive resta confus durant quelques instants, perdu. Il fixa Noctis en silence, l'air pâteux et encore sonné par le coup de tout à l'heure. Faust aurait menti en disant que son cœur ne battait pas la chamade et qu'il priait tous les dieux qu'il connaissait pour ne pas être reconnu par son jumeau. Mais ce casque ne lui donnait-il pas un avantage incontestable ? Le déguisement de Noctis, ombre informe et éternellement fuyante n'était-il pas le meilleur moyen de se dissimuler des capacités d'observation de l'officier ? Il aurait pu jubiler si il n'était pas si tendu, bien qu'intérieurement il ricanait quand même assez fortement.

« Vous m'excuserez, il m'a semblé que ce serait la meilleure solution.
- La meilleure solution pour... ? »


D'accord, d'accord, jouer avec les nerfs de son jumeau était cruel, d'autant plus que dans une situation pareille, Clive aurait tous les droits de craindre le pire. Être retenu prisonnier par un résistant, pour un officier, ça ne peut que laisser présager le pire, et certainement pas de prendre le thé. Sous son casque, Faust ne pu s'empêcher de sourire.

« Pour discuter un peu, voyons ! C'est déjà mieux que d'essayer de s’entre tuer ! Et puis j'ai préparé du thé. »

Son ton joyeux et gai n'aida pas Clive à croire qu'il n'était pas en train de faire une hallucination majeure. Mais peu à peu et plus les secondes passaient, il finissait par comprendre qu'il était bel et bien ligoté, coincé avec Noctis pour il ne savait combien de temps et surtout, pas d'indication sur ses chances de survie, d'autant plus que ce n'était pas exactement très facile de deviner ce que pouvait bien avoir le résistant en tête.

« Bon par contre, euh... Je vais pas pouvoir boire, de mon côté. Avec ce truc, vous voyez... »

Il pointa son casque du doigt

« Bref, c'est pas très pratique, et même en me relevant un peu la visière, si je m'en mets plein le visage, je vais m'ébouillanter et ça serait très con, quand même. Enfin. Faites-vous plaisir, en attendant, y'a même du miel si vous en voulez ! »

Clive haussa les sourcils, avant de lever les yeux au ciel et de pousser un soupir excédé.

« Fou furieux ET complètement con, c'est à croire que c'est un concours.
- Héééé ! »


Le ton indigné de Noctis aurait dû interpeller l'officier et lui faire se dire qu'il avait vraiment affaire à un gamin, mais il n'était plus à ça près depuis très longtemps.

« Et comment je fais pour boire du thé, avec les mains liées, monsieur le génie ? Surtout qu'il pourrait très bien être empoisonné, et que je dois avouer que me désaltérer n'est pas vraiment dans mes objectifs du moment.
- Vos objectifs du moment... ? Parce que vous pouvez faire quelque chose, là ? »


L'absence de réponse venant de Clive et son regard noir en dirent bien assez, de telle sorte que l'autre ne pu s'empêcher de glousser moqueusement, amusé.

Oh life, it's bigger
It's bigger than you
And you are not me


« Oh, peu importe. Qu'est-ce que vous voulez ?
- Te parler.
- On est passé au tutoiement, maintenant ?
- Sachant que tu m'as insulté, j'estime que nous n'en sommes plus vraiment à ça près, non ?
- Et vous m'avez ligoté et kidnappé, si on veut continuer dans ce petit jeu.
- Et tu as causé la mort et l'emprisonnement de plusieurs personnes, dont certaines que j'appréciais, il y a de cela tout juste une heure. »


Silence. Qu'opposer à cela ? Clive ne répondit pas, vaincu sur ce coup par l'argument de Noctis, sorti d'une voix si acide et tranchante que l'officier était soudainement rappelé d'à qui il avait affaire : un résistant entraîné, expérimenté, et qui avait la réputation d'être bien souvent sans pitié pour ceux qui s'opposaient à lui. Un de ceux qu'il fallait éviter dans le cas où on ne saurait pas se battre, sous peine de ne pas revenir vivant. Le hérisson ne pouvait pas voir ce qui se cachait sous ce casque, et il savait plus que bien que c'était une technique de manipulation volontaire ; qu'y a-t-il de plus effrayant que ce sur lequel on ne peut pas poser de mot ? De l'apparence qui s'éloigne le plus du connu, de l'humanité en général ? Clive a appris il y a longtemps que là tenait le secret de la peur, et Noctis aussi apparemment étant donné qu'il faisait usage d'une telle technique.
Il le fixe. Il ne s'assoit pas. Il apparaît comme évident qu'il veut rester plus haut que lui, autre tactique, qui est elle plus grossière et qui manquerait presque de le faire pouffer de rire tant elle est simpliste.

« Et vous faites la même chose à chaque fois qu'un des nôtres croise votre chemin. »

Noctis ne répond pas tout de suite. Il prend quelques secondes avant de parler.

« Et que ferait l'un de ceux-ci si je les laissais repartir ? »

Sa voix est devenu plus menaçante et impérieuse. Il y a derrière ses mots une tension, une douleur sourde que même Clive peut entendre et qui s'exprime sous la forme du haussement de ton du résistant, de la rigidité de ses mouvements maintenant qu'il se rapprochait de lui et s'accoudait juste à ses côtés.

« Est-ce qu'il arrêterait les premiers innocents venus ? Est-ce qu'il irait tuer une mère pour des suspicions d'appartenance à la résistance ? Est-ce qu'il laisserait des enfants orphelins ? Est-ce qu'il emmènerait des gens subir les pires horreurs en se dédouanant de sa responsabilité ? Vois-tu, moi je préfère agir avant. Avant d'avoir à expliquer à un enfant qu'il vivra seul dans la misère pour le restant de ses jours, si il a même la chance de survivre dans ce monde peuplé d'égoïste et d'ordures. »

L'officier ne répondit pas durant quelques instants et serra les dents, ne pouvant s'empêcher d'être en partie en accord avec ce que disait Noctis. Il y avait de la peine dans ces mots, mais aussi tellement de rage, de hargne et de haine qu'il en était déstabilisé. Qui que ce soit cet homme, il avait visiblement vu assez pour en dégoûter beaucoup. Mais là encore...

« Et donc tuer davantage va arranger les choses ? Parce que ces 'ennemis', ils n'ont pas de famille et d'amis, peut-être ? Qu'est-ce qui fait de toi quelqu'un de meilleur qu'eux ?!
- Oh, mais je n'ai jamais prétendu l'être. »


Il rit, et Clive sent un nœud se former dans sa gorge. Ce type était tellement perdu dans le malheur, la lassitude et la haine qu'il en était devenu monstrueux à ses yeux, bien qu'il aurait menti si il disait qu'il n'était pas tout aussi horrible. Mais après tout, qui pouvait bien se vanter d'être parfait dans ce conflit ?

« Comprends quelque chose : je me fiche complètement d'être la dernière des ordures. Si il le faut, je serai prêt à devenir la pire, même. Mais si il faut que je colle une balle dans la tête dans tous ces fils de chien qui se complaisent dans leur égoïsme et leur cupidité alors que certains crèvent dans la misère et le malheur sans avoir jamais causé de tort à personne, eh bien crois-moi, je n'hésiterai pas un seul instant. »

Ils se fixent, et même si Clive ne peut pas voir le regard de l'autre, il sait très bien qu'il est porté sur lui et qu'il étudie la moindre de ses réactions. Il ne lui offre que de la neutralité en échange.

« Et donc tu perpétues le cycle de la haine. Bravo, excellent comme solution, on-
- ... Et tout ça à cause des gens comme toi.
- ...
- Des sous-merdes comme toi qui exécutent les ordres sans chercher, qui vivent dans leur petit monde à deux balles sans penser un seul instant à ceux qui subissent des horreurs tous les jours à cause des gentils soldats bien obéissants comme toi ou de ceux qui ferment les yeux. Mais là encore des insultes sont des cadeaux trop gentils.
- Vous êtes tous les mêmes... »


Maintenant, c'est à Noctis de se taire. Clive soupira.

« Tu n'es pas la premier résistant que je rencontre, ni le premier qui me tient ce discours, ou du moins qui a les mêmes idées... Mais vous croyez tous que c'est si simple ! »

Son ton est exaspéré. Il fixe le résistant avec agacement.

« Et si le Régime partait, que crois-tu qu'il arriverait ? Tous les plus assoiffés de pouvoir de l'île se battraient comme des chiens pour pouvoir obtenir ne serait-ce qu'une once de pouvoir, et je suis sûr et certain que les résistants ne seraient pas entièrement blancs non plus.
- Les résistants n'enlèvent pas des enfants. Les résistants ne lâchent pas des putains de bombes sur des civils. Mais ça, ça vous arrange tous bien de l'oublier. Une belle bande de rats...
- Le pouvoir amène aux horreurs. L'humanité est comme ça, voilà tout.
- Je préfère être du côté qui ne s'attaque pas à des innocents.
- La guerre touche tout le monde. Ne viens pas jouer le surpris.
- Je ne joue pas le surpris : je ne fais qu'énoncer les faits. Les gens sont des monstres... ? Bienvenue dans la réalité des choses : tout le monde est égoïste, la question est de savoir jusqu'à quel point. »


That's me in the corner
That's me in the spotlight
Losing my religion
Trying to keep up with you
And I don't know if I can do it
Oh no, I've said too much
I haven't said enough


Noctis s'est éloigné pour aller chercher une chaise et ainsi s'asseoir juste en face de Clive qui, en plus de ne toujours pas être effrayé un seul instant, continue de le dévisager, de chercher dans son langage corporel le moindre signe qui en dirait bien plus que tous ses mots.

« Ce que je veux dire, c'est que la liberté absolue, elle n'existera jamais. De tous temps les hommes ont tenté de se dominer les uns les autres, d'avoir plus de force et de se montrer les plus puissants. C'est leur folie et leur idiotie dans toute leur splendeur, j'en conviens, mais c'est ainsi. Libère-les et dans très peu de temps, ils recommenceront à se battre. Que préfère-tu ; le calme autoritaire, ou le chaos total ? Celui qui abattrait cette frontière entre ceux que tu tuerais sans états d'âmes et ceux que tu défends.
- Excuse-moi si je ne verserai pas une petite larme pour toutes ces ordures, ça me briserait le cœur de me montrer insensible. Et tu ne sais rien du futur : ce sont les gens comme toi qui empêchent le progrès.
- L'anarchie totale ne mènera jamais rien d'autre qu'au chaos. Lâche des chiens enragés sur un morceau de viande et tu verras si ils partageront équitablement ; la même chose peut être dite pour les gens. »


Faust ne dit rien. Il serra les dents, agacé par ce mur de béton contre lequel il s'opposait, sans s'avouer à lui-même qu'il était tout aussi têtu, si ce n'était bien plus. Tandis que les idéaux de Nero et de Noctis s'affrontaient, il avait du mal à croire que c'était son frère jumeau qu'il avait en face de lui. Cette froideur mathématique, ce calme impénétrable et cette acidité dans ses propos... C'était tellement lui, mais en même temps le conseiller aurait aimé ne pas avoir à l'admettre. Maintenant qu'il pouvait profiter du fait que Clive n'avait aucune idée de qui il était, il se demandait si il aurait vraiment dû faire ça. Tout ce qu'il entendait le débectait ; toutes ces excuses, toutes ces paroles défendant un système qui leur avait arraché leur père, leurs futurs et leur vie tranquille, ce système qui arrachait tant à une majorité pour aider une minorité infecte...
Faust ne pouvait pas supporter que son frère les aide. Oh il savait pourquoi, mais de là à l'accepter...

« Il n'y a que les gens plongés dans leur pessimisme jusqu'à s'y noyer pour croire à ça. Tu m'excuseras, mais moi j'aimerais croire qu'un retour au calme est possible. Et si je me trompe, tant pis. Au moins je n'aurais pas courbé l'échine comme un rat.
- Si ça te plaît de croire ça... Vis dans ton rêve, que veux-tu que je te dise ?
- Rien. Je ne m'attendais pas à te convaincre.
- Je n'y croyais pas non plus. »


Every whisper
Of every waking hour
I'm choosing my confessions
Trying to keep an eye on you
Like a hurt, lost and blinded fool, fool
Oh no, I've said too much
I've said enough


Silence, plus calme cette fois. Clive soupira lourdement, et Noctis dissimula comme il le pu son exaspération devant la situation à laquelle ils étaient arrivés. Il savait que si il était venu en tant que Faust, alors jamais il n'aurait entendu tout cela sortir de la bouche de son jumeau, et que lui-même n'aurait pas eu le courage de dire tout ce qu'il pensait pourtant depuis bien longtemps.

« Qu'est-ce que tu comptes faire, donc ? Me tuer ? »

Il l'a dit d'une vois si lasse, si fatiguée, que Faust comprend que ça ne lui fait pas peur. Clive, le gamin qui il y sept ans pleurait encore en voyant un pokémon ou un animal mourir, qui hurlait de peur à la moindre surprise, que ce soit dans la fiction ou dans la vraie vie, regardait sa possible mort en face sans même ressentir la moindre peur. Le gamin qui se cachait derrière lui durant leur enfance et leur adolescence ne balbutiait même pas en prononçant ces simples mais pourtant si graves mots.

« Non. Ce n'est pas dans mes intentions.
- Quoi, tu comptes manquer à tes principes ? Ou tu découvres que le monde n'est pas en noir et en blanc comme tu crois si bien le savoir ?
- Considère-toi chanceux, je fais une exception, pour une fois. Et je ne coupe pas la gorge à tout le monde non plus : ne vas pas dire que c'est moi qui voit en noir et en blanc, maintenant.
- Apprends à mesurer tes propos, alors.
- Pas envie. Et de toute façon, t'es le prisonnier, donc c'est moi qui décide. »


Cet argument, puéril au possible, fit glousser Clive.

« Nous ne sommes pas alliés, que ce soit clair. Si je te revois un jour...
- J'ai compris, oui. Tu me tueras. »


Ah, le pouvoir des phrases incomplètes. En vérité, il le laisserait repartir, mais il ne pouvait pas l'avouer sans se trahir. D'un côté, savoir qu'il avait berné son frère dont il avait toujours admiré l'intelligence ne pouvait que gonfler son orgueil. Mais de l'autre...

« Nous nous connaissons, n'est-ce pas ? Sinon tu n'aurais pas été surpris en voyant mon visage, et tu n'aurais pas perdu ton temps avec tout ça.
- Te dire le contraire serait un mensonge. Mais je te connais plus que tu me connais, de toute façon.
- Je vois. »


Noyer la vérité dans des informations vagues et imprécises, c'est un peu sa spécialité. On ne se fond pas dans la masse sans avoir appris à être un maître de la manipulation orale, après tout. Il l'observa durant quelques instants, incertain sur la marche à suivre.

« Tu m'excuseras, mais je vais t'assommer une nouvelle fois et te relâcher dans une des villes, au hasard. Procédure habituelle : je ne peux pas te laisser d'indices.
- Je comprends, oui, je ferais la même chose. Enfin, avant ça...
- Hn ?
- Pourquoi ? Au final, tu n'as rien gagné. »


Noctis resta silencieux quelques instants. Ses doigts tapotèrent presque nerveusement la table alors qu'il cherchait une réponse claire, mais une seule lui vint à l'esprit.

« Je voulais comprendre ce qui motive les gens comme toi, mais je suppose qu'il y aura toujours un fossé...
- Je fais ça pour eux. »


Clive inspira un peu.

« Mon propre sort, je m'en fiche. Si ceux que je veux protéger s'en sorte, alors peu importe.
- C'est une vie assez courte à laquelle tu te condamnes...
- Je ne te connais pas, mais je ne crois pas que tu puisses vraiment dire ça sans être hypocrite, je me trompe ? »


Faust tiqua, perturbé. Il ne s'attendait pas à ça, mais vu les capacités de déduction de Clive, c'était prévisible. Il ne répondit pas, sachant que mentir lui serait impossible et trahirait immédiatement ses pensées.

« On ne haït pas sans avoir mal. Et on n'a pas mal sans avoir perdu. »

Le conseiller, en entendant cela, ne pu s'empêcher de glousser amèrement.

« Il y a peut-être un peu de vrai, oui... Enfin, peu importe. »

Il trifouilla alors dans une des nombreuses poches de sa veste, et en sortit une petite fiole contenant un liquide violacé. Clive fronça les sourcils, mais en voyant Noctis aller chercher une seringue, il comprit bien vite ce qu'il désirait faire.

« Je trouve ça plus pratique. Ne sois pas aussi tendu, si j'avais voulu te tuer, j'aurais pu le faire bien avant, ou me contenter d'un tir. Enfin de toute façon tu ne pourrais rien faire. Bonne nuit, en attendant. »

Une fois l'aiguille plantée, il ignora le grognement de l'officier et quitta la pièce en embarquant le thé non touché avec lui. Une fois dans la cuisine, il le réchauffa en silence, profitant du grondement calme du micro-ondes pour lui occuper l'esprit, et retourna ensuite dans le salon une fois qu'il eut vidé sa tasse. Sans surprise, il constata que Clive s'était endormi ; il faudrait qu'il pense à se trouver un peu plus de cet anesthésiant que lui procurait un de ses contacts, par ailleurs.
Il vérifia qu'il était bien dans les vapes, et une fois cela fait, sortit de sa propre sacoche une pierre verdâtre. Tout à l'heure, il était venu à la demande d'une de ses connaissances parmi les résistants à qui il devait donner des informations pour une future mission. Il l'avait remercié en lui offrant une Pierre Plante, bien que Noctis avait hésité à l'accepter, n'aimant pas les cadeaux de toute façon, et tout particulièrement dans ce contexte-là. Et maintenant...

Il alla dans une des chambres, vidée bien évidemment, et fit sortir Hazel de sa ball. Sans surprise, la Pifeuil n'émit aucune objection à l'idée d'évoluer, et comme Faust avait retiré son casque pour l'occasion, ne se posa pas de questions sur la tenue un peu étrange de son dresseur, se disant qu'il devait s'agir d'une des variations de son déguisement de Méphisto. Le conseiller dissimula comme il le pu son trouble, et la félicita avec un grand sourire en la voyant devenue Tengalice, une apparence qui contrastait plus qu'un peu avec celle de la toute petite Grainipiot qu'il avait reçu d'Adélia il y a de nombreux mois déjà. Une fois cela fait, il la rappela dans sa ball après lui avoir donné quelques caresses affectueuses sur la tête.
Déposer Clive dans un endroit aux alentours de Vanawi fut d'une facilité déconcertante, encore plus en libérant un de ses pokémon pour qu'il le protège au cas où, mais en veillant bien sûr à fuir par téléportation tout juste après.

Une fois revenu à son point de départ, il prit son téléphone jetable et composa un numéro bien connu pour lui maintenant.

« Misaki ? Avertis les autres quant à ce qui s'est passé à l'auberge. Je t'ai envoyé les détails, ne perds pas une minute. Mais rends-moi un service... Raye le nom de Nero de cette liste. Aux dernières nouvelles, on ne connaît pas l'identité de l'officier, c'est clair ? Et je vais détruire ce portable, donc si tu as besoin de me contacter, fais-le d'une autre façon. On en reparlera la prochaine fois. »

Dès qu'il eut fini, il poussa un long soupir fatigué et se pinça l'arrête du nez, las.
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