Purpose
Évolution de Donatello, partie 1
Elle se souvient du froid.
Des nuits d'hiver passées à grelotter dans la forêt, des soirées à tenter de trouver un peu de chaleur en se collant aux arbres et en se cachant à l'arrière de buissons, des journées passées à courir sans manger rien de plus qu'une ou deux maigres souris attrapées lors des brefs instants qui leur étaient accordés pour boire. La pluie qui s'abattait sur elle, la grêle qui la giflait tant de fois, le vent qui la faisait trembler alors qu'elle arrivait à peine à faire tenir son corps affamé sur ses maigres pattes. Si elle avait été poétique, elle aurait comparé le son des pieds frappant le sol des autres membres de la meute à une chorale pratiquant le canon avec une expertise à la limite du génie. Mais elle n'a jamais été poétique, au contraire, elle trouve tout cela pathétique. Elle ne savait même pas pourquoi elle courrait et pourtant elle n'avait jamais fait que ça.
Dès sa naissance, on l'avait vite éloigné des soins de sa mère pour qu'elle s'endurcisse. Pas de caresses douces pour la calmer, pas d'affection et réconfort, pas de paroles rassurantes. Elle n'avait jamais rien vu d'autre de sa mère que son visage intimidé lorsque son père passait près d'eux. Si elle l'avait aimé, et il lui avait parfois semblé que c'était peut-être le cas, elle laissé sa peur prendre le dessus et avait toujours obéi aveuglement aux règles dictées par la meute et surtout, par son père. Les quelques rares fois où elle avait témoigné d'un peu de pitié envers elle, lorsque le sang coulait de ses pattes abîmées par cette constante course, qu'elle peinait même à voir devant elle, ces fois où elle l'avait aidé à se relever, elle aurait juré avoir vu de l'inquiétude, vite remplacée par de l'angoisse lorsque quelqu'un d'autre s'approchait, mais tout de même. Ce fut assez pour lui donner envie d'espérer. De croire que quelqu'un serait peut-être au moins attristé si il lui arrivait malheur. Mais là encore, avec le recul, elle comprenait que sa génitrice aurait trop eu peur d'être punie pour s'être montrée aussi faible si avait montré la moindre trace de deuil.
Rien n'avait jamais été sain, là-bas. Les chiots qui survivaient et grandissaient devenaient hargneux, égoïstes, violents ; ils apprenaient à tuer avant d'être tué, à mordre au moindre grognement, à agir avant de parler. Les plus doux étaient laissés derrière, souvent à une fin tragique et affreuse, ou alors devenaient tout aussi monstrueux que ceux qui les battaient. Elle avait toujours été dégoûtée de ce système, mais ses protestations étaient futiles : que pouvait-elle contre la loi de la majorité ? Contre la terreur qui les prenait tous aux tripes et leur enlevait chaque envie de se rebeller pour au final défouler leurs craintes sur ceux qui osaient remettre leur lâcheté en question ? Que pouvait-elle, elle, malgré sa vigueur et sa vitesse contre une dizaine ? Elle ne le nierait pas, elle aussi avait été terrorisée. Si elle les quittait et n'était par miracle pas retrouvée, elle mourrait sûrement de faim, n'ayant jamais été entraînée à la chasse. Elle dépendait de ce groupe, et elle ne pouvait pas le nier.
Mais elle avait tenté de remettre leur but en question, une fois. Elle s'était demandée en quoi parcourir des kilomètres et des kilomètres servait à quelque chose, à quoi s'affamer en refusant de perdre la moindre seconde, à quoi se battre encore et encore leur servirait. Elle, si petite à l'époque, n'étant encore qu'un chiot sans expérience et bien trop faible pour s'opposer à tous ces adultes qui la dévisageaient avec mépris, hargne et colère, ces adultes qui auraient pu lui arracher la gorge en quelques secondes à peine.
Ils lui parlèrent d'honneur, de force, de renommée. Ils lui parlèrent de fierté, de pouvoir, de puissance ; tant de mots qui n'avaient aucun sens pour elle quand elle en avait vu tant tomber avant. Était-ce pour ça que ses frères et ses sœurs souffraient ? Était-ce pour que leurs parents puissent écraser sous leurs griffes d'autres êtres vivants ? Pour qu'ils aient l'insignifiante sensation d'être meilleurs que les autres afin de ne pas avoir à constater le pathétisme de leur existence ? Pour réparer leurs ego blessés par cette vie spartiate qu'ils s'imposaient à eux-même par habitude de générations en générations ? Apparemment oui, et elle était supposée comprendre. Cette lueur dans les yeux des plus âgés lorsqu'il gagnait un peu plus de territoire était censée être la sienne ; leur satisfaction aurait dû être commune. Mais non, elle ne pouvait pas.
Elle attendit une nuit, quand ce fut à son tour de monter la garde. Prétextant avoir entendu un bruit, elle prévint qu'elle allait s'aventurer un peu pour vérifier que personne ne tentait de s'approcher davantage et de s’immiscer dans leur territoire. Dès qu'elle eut quitté leur champ de vision, elle saisit sa plus petite sœur dans sa gueule et se mit à courir plus rapidement que jamais. Plus vite que dans n'importe quelle montagne où elle avait posé les pattes, plus désespérément que lorsqu'elle devait échapper à la fureur des pokémon plus puissants et avec toute l'énergie que lui donnait la terreur d'être rattrapée. Ils n'étaient pas stupides, et comprirent au bout d'une vingtaine de minutes qu'il y avait anguille sous roche, mais au bout de ce temps, elle était déjà assez loin pour pouvoir espérer s'échapper définitivement.
Sauf que non, tout ne fut pas si simple. Elle savait qu'ils se rapprochaient : leurs odeurs pestilentielles, malgré la pluie, empestaient tout de même. Ses pattes vont finir par la lâcher ; le poids de sa petite sœur qui tremble sous elle est trop fort pour qu'elle puisse espérer les devancer à ce rythme. Mais elle refuse de la laisser ou d'abandonner : l'un comme l'autre signifierait mourir. Elle n'écoute pas ses geignements et plaintes, ses demandes pour qu'elle l'abandonne, parce qu'elle sait bien ce qui lui arriverait. Arceus, elle y avait déjà assisté et... Jamais plus.
Mais elle dérape. Ses pieds s'entremêlent et elle chute. Elle dégringole le long d'une pente rocheuse et lâche sa sœur, sent les pierres laisser des marques sur son corps tandis que la douleur l'inonde et qu'elle tombe, encore et encore. Elle atterrit sur quelque chose d’étonnement moelleux, mais les chocs successifs l'ont déboussolé. Elle entend un premier hurlement et tente de se relever, tangue, mais chute encore. Un second cri déchire le silence de cette nuit et elle tente désespérément de garder les yeux ouverts, mais la douleur et les coups qu'elle a subi la paralyse. Elle croit entendre le bruit d'une peau être déchirée et les couinements et gémissements de douleur de sa sœur, mais avant qu'elle n'ait pu comprendre, elle perd conscience.
Elle ne se réveille que de longues heures après. Elle ne sait pas par quel miracle elle a survécu, mais c'est en ouvrant les yeux qu'elle se rend compte qu'elle a eut l'immense chance de glisser dans sa chute sous une sorte de fente de terre, juste assez petite pour qu'elle puisse s'y glisser et que ses poursuivants ne puissent pas la récupérer et faire avec elle ce qu'ils avaient...
La nausée la prend alors qu'elle réalise ce qui s'est passé, petit à petit. L'odeur du sang lui arrive aux narines et il sait très bien à qui il appartient. Ses muscles tremblants refusent de l'écouter, mais elle se hisse comme elle le peut hors de son trou, hagarde. Elle respire difficilement et constate en se déplaçant qu'elle s'est entaillée la patte arrière droite, et boite en se demandant si il sert vraiment à quelque chose de bouger, maintenant. Que pouvait-elle faire ? Elle ne savait déjà pas chasser, et maintenant elle en était incapable. Elle n'avait même plus rien pour se motiver à persévérer : la seule raison qu'elle avait eu de trouver le courage de fuir avait disparu il y a peu sous les crocs des ordures qui étaient venus les punir de leur traîtrise. S'allonger là et abandonner aurait été tellement plus simple. Mais non, comme si quelque chose la poussait à vivre, elle cherchait à se relever et à marcher.
Chaque pas lui demande un effort incommensurable. Elle a l'impression que tout son corps brûle – sensation ô combien étrange pour quelqu'un comme elle – et elle parvient à grimper au prix de nombreux efforts et autres chutes qui lui donnent envie de cesser sa lutte désespérée. La forêt est encore humide. Elle ne sait même pas vers où elle marche, mais elle veut juste s'éloigner de cette odeur insoutenable et de tout le reste. Elle rirait presque de l'ironie de sa situation : elle a voulu le repos, et maintenant elle marchait sans savoir où le trouver. Au final, si elle a trouvé sa liberté, elle ne sait pas si elle est capable de l’assumer. N'aurait-elle pas dû y penser davantage au lieu de se flouer dans son égoïsme et son arrogance... ?
Mais elle se force à se mouvoir. Elle évite de justesse la colère d'une Brutapode furieuse lorsque celle-ci la vit passer près d'elle et de ses petits, et continua de sa déplacer sans savoir vraiment où elle allait et si elle était consciente ou pas. Dans son désir de fuir, encore, sa patte blessée fut attrapée par un piège. Elle poussa un cri de douleur et se mit à geindre et gémir en sentant la corde se resserrer sur sa patte blessée, en sachant toutefois que personne ne lui viendrait en aide maintenant. Personne n'était jamais venu, de toute façon, alors elle n'espérait rien. Elle avait au moins la satisfaction qu'elle allait mourir libre, bien que le mot lui laissait un arrière goût amer dans la bouche pour elle ne savait quelle raison.
Puis, des pas. Des sons. Elle releva la tête alors que tout son corps était étalé à terre, perdue dans sa douleur et son épuisement. Elle entendit un hoquet d'horreur, puis la chose courut à ses côtés avant de venir près d'elle. Lorsqu'il fut à quelques centimètres, son premier réflexe fut de mordre : elle planta ses crocs dans la main du jeune... Oui, c'était un peu comme un chiot en un sens, qui geint et recula brusquement. Puis, après quelques instants passés à observer sa main, il avança de nouveau timidement et tenta de défaire le nœud, et ce malgré le fait qu'elle reposa sa gueule sur sa main. Cependant, en croisant son regard, elle retint ses crocs et se contenta de mordiller, cherchant dans son regard bleu une trace de menace ou de mauvaise intention, mais elle ne voyait que de l'innocence et de la bonne volonté. Elle ne dit rien et ne se débattit pas, dorénavant curieuse, et l'observa.
« Ça fait longtemps que tu es coincée ici ? »S'attendait-il vraiment à une réponse ? Ce chiot était plus stupide que ce qu'elle aurait pu le croire, mais encore une fois, qui d'autre qu'un imbécile se serait acharné après s'être fait mordre jusqu'au sang ? Il peut bien tenter de cacher le fait qu'il a mal, mais les quelques grimaces qu'il fait de temps en temps prouvent bien ce qu'elle a déjà compris. Il la regardait avec ce sourire stupide niaisement lumineux, cette expression d'imbécile heureux qui ne pouvait appartenir qu'à un idiot. Elle respire bruyamment, et il continue de la fixer. Elle se prépare au pire lorsqu'il approche sa main de sa tête, mais la caresse douce qu'il lui offre la surprend ; elle ne sait pas ce qu'il veut, mais elle essaie de comprendre ce qui lui prend à se montrer si... Si gentil ? Elle ne s'éloigne pas mais ne se rapproche pas, incapable de comprendre le sens de ce contact dénué de mauvaises intentions : c'est bien la première fois que cela lui arrive.
Sans qu'elle l'ait remarqué, il avait dénoué la corde. Il arrêta alors ses caresses et sourit une nouvelle fois, comme si il ne voyait pas tout le sang qui couvrait sa patte, comme si ça n'avait pas d'importance et que ça ne le poussait pas à s'enfuir.
« Et voilà ! Tu penses que tu pourras marcher maintenant ? »La question la déstabilise, et elle hoche faiblement de la tête avant de tenter de se mettre debout ; elle échoue lamentablement et s'écrase par terre en retenant comme elle le peut la pulsion de geindre. Le chiot se rue alors à ses côtés.
« A-attends, doucement ! Pardon, pardon, j'aurais dû le savoir ! »Mais de quoi s'accusait-il, cet imbécile ? Ses yeux humides l'interrogent, et elle relève alors un peu la tête vers sa main et lèche sa paume et quelques uns de ses doigts, rien que pour lui faire signe que tout va bien. Si une douleur lancinante torture le côté arrière de son corps, ce n'est toutefois pas ça qui va la défaire. Il renifle et recommence ses caresses, avant de la ramener un peu vers lui, juste pour qu'elle soit placée entre ses jambes, la tête appuyée contre son ventre. Alors qu'elle ferme les yeux et inspire profondément, une odeur indéfinissable mais plaisante remplace celle de la boue, du sang et la pluie dans ses narines. La chaleur qui l'entoure calme ses frissons, la douceur de sa main sur sa tête et ses oreilles la détend peu à peu.
« Dis... »Elle releva le regard, curieuse. Sur le visage du petit garçon subsistait un peu d'hésitation.
« Tu voudrais bien venir avec moi ? Promis, je veux pas te capturer, juste... Je veux pas que tu ailles mal, ou que tu ailles mal en restant toute seule. Ma maman elle m'a dit que quand on voyait quelqu'un qui souffrait, eh bah fallait toujours lui tenir en aide. Enfin je crois que ça se dit comme ça. »Elle inspira. Longtemps on lui avait parlé des hommes, de leur faiblesse qu'ils compensaient par des esprits malins, cupides et prêts à tout pour grignoter un peu plus de pouvoir, même à chasser les innocents et à arracher à la nature les pokémon qu'ils jugeaient utiles. Ils avaient fait partie des rares ennemis que sa meute craignait, et dont on l'avait toujours prévenu depuis qu'elle était toute petite. Elle aurait dû en avoir peur, mais celui-là, ce petit qui n'était encore qu'un chiot, même si elle l'avait brièvement craint par instinct de préservation, il ne lui ferait rien. Il était trop pur, comme... Comme
elle. Trop gentil. Si il voulait la vouloir vivre, alors... Oui, elle pouvait. Elle pouvait continuer à le faire. Elle hocha faiblement de la tête et un sourire doux se dessina sur le visage du gamin.
« Juré promis jeté, je te ferai pas mal ! Mon papa il sait faire le médecin pour pokémon, alors il pourra t'aider, c'est sûr ! Mais faudra pas le mordre, je sais pas si il aura confiance sinon... Tu voudras bien ? »Arceus, depuis quand était-elle devenue aussi faible... ? Sa tête avait bougé machinalement, comme si elle buvait ses paroles. Il passa un doigt sous son oreille pour la grattouiller et elle frémit un peu.
« Faust ? Faust bon sang, répond !
- Papa ! J'chuis là ! Faut que tu m'aides ! »Elle ne se souvient pas trop du reste. La chaleur réconfortante du garçon l'avait tellement apaisée qu'elle avait glissé peu à peu vers un sommeil tranquille, sans crainte.
Quand elle s'était réveillée, elle était couchée sur un lit, ses blessures bandées, sa patte blessée maintenue par une attelle. Elle observa les environs, et constata qu'elle était dans une sorte de nid. Si elle ne connaît rien des habitations humaines et ne réalise donc pas qu'elle est dans une chambre d'enfants, elle peut toutefois voir que plus d'un dort par ici, vu qu'elle est couchée sur un des deux lits. Elle n'a qu'une minute ou deux pour observer les environs, puisque la porte s'ouvrit alors, révélant une silhouette connue et une coupe de cheveux facilement reconnaissable. En voyant qu'elle était réveillée, le chiot humain fit une nouvelle fois son gigantesque sourire stupide.
« Ah, t'es réveillée, c'est bien ! Je t'ai ramené à manger, maman a dit oui pour que je te donne dans ma chambre jusqu'à ce que t’aille mieux, alors du coup je t'ai pris de tout ! Je sais pas si t'aimes plus le jambon, les croquettes ou si les Malosses ça mange des fruits aussi, donc j'ai des fraises... Je voulais les garder pour moi à la base mais t'as sûrement plus faim que moi, t'es toute maigre ! »Maigre, elle ? Elle comptait parmi les plus solides des... Malosses, comme l'avait dit le garçon ? Était-ce ainsi qu'ils étaient appelés ? Était-ce donc ce qu'elle était ? Elle ne s'était jamais posée la question avant, tout simplement parce que son monde se divisait en deux parties inégales : la meute et les autres. Rien d'autre n'importait. Il n'y avait pas d'individu, juste le groupe. Mais voilà, elle n'était pas considérée maigre par chez eux, mais visiblement ici si. Toutefois, elle n'allait pas protester puisque l'odeur plus qu'alléchante de la nourriture arriva à ses narines et ses oreilles se relevèrent sous le coup de l'intérêt. Sans qu'elle le remarque, sa queue se mit à battre frénétiquement dans l'air. Le garçon rit.
« J'me disais bien que ça te plairait ! Bouge pas, vais te ramener tout ça ! »Et il le fit. Avec une patience incompréhensible, il l'aida à se nourrir en lui tendant à chaque fois les aliments dans la paume de sa main, sans crainte qu'elle ne le morde. Elle remarqua alors que lui aussi avait des bandes blanches sur la main, comme à l'endroit où elle avait été blessée. Comprenant vite qu'il s'agissait de l'endroit qu'elle avait mordu, elle baissa honteusement les yeux, mais il continua de la nourrir sans se soucier de ça.
Sa faim est plus influente que sa culpabilité, toutefois. Le repas prend un peu de temps puisqu'elle n'est plus habituée à manger de pareilles quantités et que dévorer quelque chose d'autre que des souris et autres rongeurs avait rendu son estomac bien plus petit et moins résistant. Toutefois, elle est si affamée qu'elle fait avec et manque de s'étrangler quelques fois, mais le gamin surveille attentivement et l'aide comme il le peut. Une fois qu'elle ne pu plus rien avaler, un sourire satisfait se dessina sur le visage de l'enfant.
« Bah parfait ! Ça t'a plu ? »Elle hocha mollement de la tête tandis qu'il débarrassait. Puis, une fois cela fait, il revint près d'elle et se coucha à ses côtés, en la gardant collée contre sa poitrine. En silence, elle se laissa bercer par les battements réguliers de son cœur, appréciant le calme et la paix dont elle profitait pour la première fois depuis sa naissance. Elle se blottit davantage, et il sourit doucement, attendri au possible.
« Dis... Mon nom, c'est Faust. Mais toi t'en as pas, je suppose ? »Non, elle n'en avait pas, sur ce point là il avait vu juste. Elle attendit qu'il continue à parler, puisqu'il semblait évident qu'il avait une idée en tête maintenant.
« … Ça t'irait si je t'appelais Dalhia ? C'est pas cool si je dois t'appeler 'Malosse', alors je me suis dit que ça serait peut-être bien, en fait. Enfin c'est comme tu veux, hein, mais... Je trouvais que c'était une bonne idée. »Elle prit quelques secondes avant de répondre, confuse. Le nom d'une fleur. Pourquoi ? Elle n'était ni délicate, ni fragile, ni jolie. Elle n'en avait pas l'odeur agréable ni les couleurs, alors pourquoi avait-il pensé ça, ce chiot stupide au sourire imbécile ? Et il continuait de la regarder avec cette gentillesse infinie dans son regard bleuté, trop naïf encore ; il ne savait rien de la vie, et elle le voyait bien, rien que par sa générosité. Un idiot, oui, mais un idiot à qui elle ne pouvait rien refuser. Elle hocha une nouvelle fois de la tête se maudit de se sentir si heureuse en le voyant sourire.
« Génial, alors ! »Un imbécile, oui, mais un imbécile qu'elle n'avait pas quitté, même lorsqu'elle avait guéri. Et en quatorze ans, elle n'était jamais partie. Elle ne partirait pas, de toute façon, trop attachée à cette ancre qu'il était devenue dans sa vie, et surtout qu'elle devait lui rendre la pareille. Oui, cela lui avait paru une bonne idée. Maintenant qu'elle avait tout perdu, cet objectif là lui paraissait bien être le meilleur qu'elle avait et qu'elle pourrait avoir dans sa vie. Dalhia, ça lui plaisait.
Elle ne saurait pas expliquer à quel point le temps passa vite. Que ce soit durant les années paisibles où elle passa ses journées à aider le pauvre gamin imbécile qui l'avait sauvé et lui offrait tous les jours une gentillesse incommensurable, à le maltraiter un peu lorsqu'il faisait des bêtises et se mettait en danger (ce qui arrivait bien trop souvent pour la santé mentale de Dalhia) ou bien à le protéger quand quelqu'un lui voulait du mal, elle eut l'impression que tout se déroula en quelques jours. Toutefois, même si les Donovans en général avaient le droit à sa gentillesse, plus particulièrement Kagami à qui elle mangeait littéralement dans la main tant cette femme avait son respect, rares étaient ceux envers lesquels elle se montrait chaleureuse. D'aussi loin qu'elle s'en rappelait, seul Isaac avait vraiment eu le droit à ses faveurs, en plus d'Adélia et d'Ezekiel, parfois, quand l'autre Malosse ne l'agaçait pas trop par son comportement arrogant et colérique. Ce n'était pas involontaire puisqu'elle s'en rendait compte mais elle n'avait jamais eu le désir de se corriger à ce sujet : elle était bien heureuse comme ça, à vivre aux côtés de Faust et à grandir en même temps que lui. Elle n'avait pas pu effacer le rictus satisfait de son visage quand elle avait enfin évolué en Démolosse, gagnant ainsi considérablement en puissance : enfin, elle pouvait prétendre impressionner par sa force.
Mais aussi déterminée qu'elle était à garder le gamin hors de tout danger et de malheur, elle n'était pas et ne serait jamais omnipotente : la seule chose qu'elle pu faire lorsque le cercueil de Karl Donovan fut descendu sous terre, ce fut de s'occuper de lui lorsque personne d'autre ne le voyait s'écrouler, lorsque tout le monde était couché, lorsqu'Isaac n'était pas là pour réparer les pots cassés. Car si l'aîné de la fratrie mettait un point d'honneur à faire tenir debout leur famille et à redonner le sourire aux autres, Dalhia était au premier rang pour témoigner de la réalité des choses, et Faust ne serait jamais aussi fort qu'il le faisait croire, même si il était, à force d'habitude, très doué pour dissimuler ses pensées sous un sourire souvent faux. Il fallut du temps au tout jeune adulte pour qu'il s'en remette, si bien qu'elle n'alla pas le fustiger lorsqu'il rata les examens de sa première année d'études et décida de partir tenter sa chance dans la compétition.
Au départ, elle ne sut pas quoi penser. C'était un projet fou, stupide, déraisonnable et tout bonnement idiot, mais elle s'était jurée de rester à ses côtés quoi qu'il arrive, et ce n'était pas de vivre dehors, souvent sous le froid et sous le joug de la faim, qui allait la bouleverser. Ça n'aurait jamais pu être pire que la vie d'horreur à laquelle elle avait miraculeusement échappé, et surtout, elle n'était plus seule. Les nuits, lorsqu'ils n'avaient pas assez d'argent pour payer même une chambre de bonne et qu'il fallait alors se contenter de dormir dehors, souvent sous une tente éloignée de la ville, elle pouvait se coller à lui et le réchauffer, le sentir respirer paisiblement et être alors immédiatement rassurée quant à la situation. Seules les disputes entre Faust et Clive l'interpellèrent, elle lorsqu'elle comprit que les jumeaux en étaient arrivés à un point de non-retour, ce moment où ils s'engageaient à ne pas se pardonner et à continuer de s'obstiner, elle pria juste pour que la bombe n'explose jamais. Elle le ferait de nombreuses années plus tard, lors d'une rafle qui encore aujourd'hui lui fait crainte la possibilité qu'il s'éloigne, mais pour l'instant, elle pouvait s'en tirer en ne faisant que des suppositions.
Les arènes... Arceus, quelles catastrophes furent les premières fois ! Jamais ils n'avaient subi d'échecs aussi retentissants, et le coup fut si fort pour la fierté de Faust et la sienne qu'ils décidèrent de redoubler d'efforts, encore et encore, même si ils continuaient à enchaîner les échecs lors des combats clandestins. Au moins si ils n'avaient pas le talent, ils avaient la persévérance et la ruse, qualités qui les aidèrent plus d'une fois à se sortir d'un mauvais pas. Et il y avait alors eu la rencontre avec cette femme que Faust admirait tant, celle qui avait d'un dresseur expérimenté et malin un conseiller. Dalhia s'en était toujours méfiée, la trouvant trop sûre d'elle, trop secrète, mais étant donné que Faust lui accordait une confiance absolue, la Démolosse n'avait pas cherché davantage. Elle avait fait la même chose qu'avec Winter : laissé son dresseur agir comme un adulte, et ce en dépit des conséquences.
Mais aujourd'hui, elle ne peut pas l'écouter. Elle le refuse. Elle l'avait déjà fait lorsqu'il avait fallu empêcher Faust de sombrer dans la folie la plus totale l'année dernière, et elle continuerait à le défier quand il le fallait, même si c'était une infraction à la promesse qu'elle s'était faite il y quatorze ans de toujours le suivre, quel qu'en soit le prix. Mais ce prix-là, Dalhia refusait de le payer. Elle avait pris des coups pour lui, était devenue plus puissante que jamais dans le seul désir de l'aider, portait encore et porterait toujours des cicatrices de certaines altercations violentes dans la résistance, mais elle traçait la ligne blanche ici.
« Dalh, écoute-moi, s'il te plaît. »Jamais de la vie, chiot stupide. Maintenant tu la fermes et tu me laisses faire.Ses griffes arrachent désespérément des lambeaux de bois. Rien à faire. Même en y mettant toute sa force, elle ne peut peut pas réussir. Elle mord, arrache, pousse, tire, mais aucun de ses efforts n'arrive à quelque chose. Des échardes s'enfoncent dans ses pattes mais elle s'en fiche. Le crépitement du feu se rapproche peu à peu tandis que la chaleur dans la pièce devient étouffante, ou du moins pour lui. Dalhia n'en ressent pas les effets, mais ce n'est pas le cas du conseiller qui peine de plus en plus à respirer et qui transpire à grosses gouttes à cause de la température. Ces flammes ne lui auraient rien fait de plus qu'une égratignure, et elle aurait pu les traverser en sortant de cet hôtel indemne. Si il avait été comme elle, il aurait pu, mais non. Il lui aurait suffit d'un mouvement simple pour déloger cette foutue armoire qui était tombée sur lui, écrasant ses côtés et l'empêchant de bouger. Arceus merci, il n'était pas complètement écrasé, mais ses jambes étaient bloquées et une vive douleur à la poitrine l'empêchait de se mouvoir par lui-même. Des côtés cassées, sans doute. Mais en attendant, le brasier se rapproche de plus en plus et elle ne peut rien faire. Il avait suffit de quelques minutes. Quelques pauvres minutes sans ses poké balls et ils étaient bloqués dans une situation dont ils se seraient aisément sorti en temps normal.
La porte est définitivement bloquée. Ne reste que la fenêtre qui est elle aussi fermée mais qui ne nécessiterait qu'un mouvement de bras pour être ouverte. Il suffirait qu'il bouge... Arceus, si il pouvait juste être libéré de ce poids qui l'emprisonne...
« Dolly, s'il te plaît... »Tais-toi. Tais-toi. La ferme, Faust.Elle déteste voir cette expression sur son visage. Si les mains qui la tenaient avec douceur quand il était petit étaient devenues plus fortes et rugueuses, si l'enfant frêle qu'il avait été était maintenant un adulte robuste capable de se débrouiller par lui-même, même si dans ses yeux où il n'existait avant que de la joie et de l'innocence habitait maintenant une lueur de fatigue, de douleur et d'une forme de sagesse paisible, il avait toujours ce sourire stupide. Cet air niais et imbécile qu'il avait fait en continuant de la soigner en la recueillant malgré le fait qu'elle venait de le mordre, qu'il gardait même et surtout lorsqu'il souffrait, cette expression d'idiot qui lui avait fait gagner ses faveurs et faisait qu'elle était là aujourd'hui, à chercher à le sortir de son pétrin comme une désespérée.
« Je t'en prie. »Elle relève les yeux. Il l'observe avec ce sourire triste et ses yeux désolés, cet air apitoyé pour elle alors qu'il devrait être celui qui s'inquiète, mais elle n'est pas surprise de son sang-froid. C'est bien le cœur de Dalhia qui tambourine dans sa poitrine, c'est bien ses grognements de frustration qui résonnent dans la pièce alors qu'elle essaie de le sauver. Parce qu'il a encore tant à faire et que son temps que n'est pas venu. Que lui non plus ne peut pas être lui retiré aussi cruellement par la vie. Pas comme
elle. Il leva péniblement son bras en grimaçant et elle se rapprocha alors immédiatement ; la main du conseiller vint caresser son visage avec une douceur infinie.
« Tu as si bien grandi, ma Dolly... On a fait un sacré bout de chemin ensemble, hein ? »Arrête. Ne parle pas comme si c'était déjà fini. C'est pas fini. Ça peut pas l'être, stupide chiot crétin. Idiot, idiot !Elle mordilla sa main dans une tentative vaine de lui faire comprendre l'indignation que suscitent ses paroles chez elle. Faust gloussa dans un soupir. Elle même savait à quel point elle avait l'air pathétique, à ne pas avoir la volonté de rentrer au moins un peu ses crocs dans sa peau.
« Je vais te demander quelque chose, Dalh. Je voudrais juste que tu m'écoutes. »Elle resta silencieuse, lui ordonnant d'un regard de s'expliquer rapidement ; le feu qui léchait peu à peu les environs leur rappelait qu'ils n'avaient plus beaucoup de temps. Et il continuait de la caresser, comme si il n'entendait pas les bruits de destruction autour d'eux et ne sentait pas la douleur lancinante dans sa poitrine.
« Tu pourrais... Tu pourrais t'occuper d'Alice ? Je sais qu'elle sera entre de bonnes mains avec Isaac, mais j'aimerais que tu restes avec elle et que tu la défendes. Que tu la pousses à apprendre à se défendre quand elle grandira, même si c'est dur. J'aimerais que tu gardes un œil sur Natsume, Isaac, Sam, Adélia, Victoria, Clive, Eliott... Je ne peux pas te demander ça, mais j'aimerais que tu gardes un œil sur ceux que j'aime. Je ne veux pas qu'ils me pleurent trop longtemps. Il y a trop à faire pour ça. »Imbécile. Tu ne vas pas mourir. Tu n'as pas le droit de mourir. Pas comme ça, pas maintenant. Si ça arrive un jour, ça sera parce que tu as pris trop de risques en tant que Noctis, ou alors dans ton lit, paisiblement, d'ici une soixantaine d'années au moins. Pas avant. Et sûrement pas ce soir. Faust sourit amèrement en grattouillant légèrement une de ses oreilles.
« Je sais que ça ne te plaît pas ma jolie, mais vois la réalité en face, je ne m'en sortirai pas vivant aujourd'hui. J'ai eu de la chance, mais c'est fini. J'aimerais juste que ce soit rapide, tu sais. »Il la força alors par un mouvement doux mais un peu plus fort de sa main à se rapprocher, rien que pour qu'il puisse observer son visage une dernière fois.
« Je suis content. Et je suis heureux que tu sois resté avec moi durant toutes ces années. Tellement fier de ce que tu es devenue, aussi... Je n'aurais même pas pu te remercier assez pendant soixante autres années. »Ses yeux s'humidifient. Son sourire triste est devenu tremblant, et il inspira profondément avant de tousser, dérangé par la fumée.
« Tu... Promets-moi juste que tu ne t'arrêteras pas. Tu mérites tellement... Ils méritent tous bien plus que ce qu'ils ont, mais je crois que je ne pourrais pas tenter leur donner un énième de ça, au final... »Il prit une seconde ou deux avant de continuer.
« Surveille Clive. Cet idiot risque de faire une bêtise en apprenant ça... Fais attention à Victoria, aussi, même si elle fait croire qu'elle est assez forte pour le supporter. Jette un coup d’œil vers Adélia et Sam de temps en temps, aussi, ils ont ce point commun de se blâmer pour tous ceux qui meurent... C'est ironique quand même maintenant que j'y pense, que ce soit un simple accident qui me tue. Tu parles d'un modèle... Elliot, maman et Felix vont être déçus, au moins papa était mort pour quelque chose. »Ses paroles sont teintées d'une amertume non négligeable, et il glousse et ce alors même que le faire est douloureux. Dalhia geint et mordille sa main avec plus de force, arrachant une légère grimace au conseiller qui ne peut s'empêcher de sourire, encore.
« La première fois que je te vois, tu me mords, et la dernière fois aussi... On a pas tellement changé au fond, hein ? »La Démolosse sursauta, animée par des soubresauts de douleur alors qu'elle se rapprochait de lui pour se blottir, et ce en évitant de toucher ses côtés cassées, piteuse et pleine de douleur.
« Dolly, dolly... Il faut que tu partes avant que ça ne devienne trop dangereux, tu le sais. Ne t'inquiètes pas, je vais tenter de bouger ma tête pour me faire écraser par quelque chose, ça ira plus vite comme ça. »Il a pris le ton de la plaisanterie, mais il est très sérieux. Mais il ne peut pas être entièrement sérieux, même vu la gravité de la situation ; surtout pas vu la gravité de la situation.
« Allez, ma belle. Tu peux le faire. Mais il faut que tu me laisses, maintenant. »Non, non. Jamais. Tu ne peux pas me demander ça, Faust. Je te donnerais tout, mais ça, je... Ne me fais pas ça, je t'en supplie. Je t'en prie... Il n'écoute pas. Il se contente de sourire tristement, ses yeux bleus marqués par quelques larmes.
« Prends soin d'eux. C'est tout ce que je peux te laisser, mais c'est tout ce que j'ai de plus précieux. Dalhia, je... Je suis heureux de t'avoir connu. Tellement. Mais maintenant tu dois vivre. Et continuer. Tu n'oublieras pas, hein... ? Promis... ? »Elle geint et pleure. En léchant désespérément ses doigts et ses joues, en mordillant sa main et tentant de le forcer à bouger, elle tente tout ce qu'elle peut. Mais sa force ne suffit pas. Cette puissance qu'elle a accumulé avec le temps ne le sauvera pas, et elle hurle à la mort. Pas encore, veut-elle crier, mais il ne sort que de sa gorge que des pleurs malheureux. Faust ne dit rien, caresse sa tête dépose un rapide bisou sur son front.
« Reste comme tu es. Vas-y. »Il la repoussa doucement, l'air peiné mais résolu. La Démolosse tangua et s'avança vers la fenêtre, tremblante, et releva la fenêtre avec ses dents. Juste un saut. Juste un saut et elle le laissait à la mort, alors qu'il était celui qui l'en avait arraché. Sa gorge se noue et elle ferme les yeux hermétiquement, sentant la pression dans sa poitrine se faire de plus en plus insupportable alors qu'elle était sur le point de partir et de l'abandonner. Que n'aurait-elle pas donné pour se coucher à ses côtés dans ses derniers instants... ? Mais son souhait, il fallait qu'elle le respecte.
Elle ouvre la fenêtre et hurle, encore. Ses pattes se posent sur le rebord et elle s'apprête à partir, enfin, sursautant de temps à autre en essayant de retenir sa peine.
La chose qu'elle sent ensuite, c'est un coup.
Ou du moins un puissant Hydrocanon qu'elle esquive de justesse. Une sphère bleutée déboule dans la pièce et se redresse sur ses pattes en croassant. De ses bras sort un Carapuce apeuré mais qui se force à se montrer brave, et Dalhia ne peut pas s'en empêcher. Elle pleure. Des geignements de soulagement sortent de sa bouche et elle se jette vers Faust pour caresser sa tête avec la sienne, folle de joie et ivre de bonheur de savoir qu'il vivra encore.
Tu vois ? Je te l'avais dit. Pas ce soir. Tu as encore beaucoup d'années à passer avec nous.Izumi et Donatello arrivent près d'eux et à trois, ils s'efforcent de soulever l'armoire et y mettent toutes leurs forces. Le feu brûle, bien trop proche. Une poutre de bois tombe tout près. Faust panique.
« Allez-vous en ! Vous allez prendre de trop gros risques pour rien ! »Les grognements de Dalhia le font alors taire. Les regards de la Démolosse et du conseiller se rencontrent.
Écoute-moi bien, gamin, je t'ai écouté quand tu avais raison. Maintenant, tu la fermes et tu nous laisses faire. Nous aussi, on peut se débrouiller.Une vive lumière entoure alors le Carapuce, et l'évolution causée par la désespoir du Carabaffe lui permet d'obtenir ce petit rien de force dont ils avaient tant besoin. L'armoire se lève, et lorsqu'elle est suffisamment relevée, ils la poussent violemment pour qu'elle tombe de l'autre côté dans un fracas violent. Dès que ce cela fut fait, Izumi et Dalhia se ruèrent auprès de Faust pour l'aider à se relever. Le conseiller grimaça mais, devant les mines inquiètes des trois, sourit bêtement.
« Juste des côtes cassés. Eh, au moins j'suis pas de la confiture brûlée à l'heure actuelle ! »L'Amphinobi le frappa à l'arrière du crâne, agacé par cet humour dont elle ne rirait pas aujourd'hui. Le regard du hérisson se posa alors sur la tortue.
« Hé, Don ? Tu pues la classe, comme ça. Tu penses que tu pourrais faire un Hydrocanon sympa ? Izu, va falloir que tu me portes. Et qu'on courre pour éviter de se faire écraser, mais au moins on a des chances de survie. »Faust fit une maigre pause, avant de finalement offrir un sourire doux à Dalhia.
« Un jour il faudra que je pense à te remercier sincèrement, toi. »Tu n'as pas besoin de le faire. Reste juste en vie.Elle se souvient du froid de son enfance, mais si il y a bien une chose qu'elle ressent maintenant, c'est la chaleur rassurante dans sa poitrine en le voyant vivant.