Sujet: Ne m'oublie pas sous la pluie. # Lilys ♥ Sam 7 Sep 2013 - 22:41
Maelys Z. Weber Administratrice Fondatrice
Messages : 315 Date d'inscription : 01/08/2013
Âge du personnage : 23 ans, 1er mars. Métier / Études : Médecin-chercheur de Baguin ; Spécialisée dans les pokémons à évolutions multiples. Pseudonyme(s) : . Lily, en tant que Médecin-chercheur. Lyanna (ou Lya), en tant que résistante.
Niveau : 42 Team active :
Paola, ♀, Joli Sourire, maligne.
Aegon, ♂, Défaitiste, malin.
Pyram, ♂, Torche, modeste.
Nolan, ♂, Synchro, malin.
Felix, ♂, Torche, modeste.
Akira, ♀, Adaptabilité, assurée.
Team spécifique :
Méryl, ♀, Engrais, discrète.
Nyria, ♀, Joli Sourire, douce.
Sujet: Re: Ne m'oublie pas sous la pluie. # Lilys ♥ Dim 8 Sep 2013 - 2:20
Ne l'oublie pas sous la pluie.
Fatigante journée. Non, épuisante. Des cas plus farfelus les uns que les autres se sont succédés, allant du pokémon paniqué pour une griffe retournée à celui qui ne parvient plus à se débarrasser de sa propre Rune Protect, en passant entre autres par celui souffrant de crises d'angoisse à l'approche de son premier match d'Amphithéâtre. Éreintante journée, quelques fou rires avec ses pokémons une fois hors de regards de ces pauvres patients parfois un peu ridicules sur les bords, pas de cas particulièrement intéressant ni de temps pour ses recherches. Une journée comme une autre, qui s'est comme bien d'autres clôturée par un peu de paperasse ; l'administration du Centre ne se fera pas toute seule! Oh oui, fatigante journée, fatigant travail que le sien. Mais la rouquine ne s'en plaint pas, loin de là. Elle aime son travail, son mode de vie, sa drôle de routine entourée de ses pokémons & alliés de chaque instant. & puis la charge de travail s'est allégée depuis que son équipe s'est agrandie ; chacun met la main à la pâte, le Centre tourne mieux, & chacun a donc plus de temps libre.. Mais cette journée a vraiment été longue. & quand la jeune fille, épuisée, s'est finalement à moitié assoupie sur les dossiers qu'elle était en train de remplir.. Aucun de ses pokémons n'eut le cœur de la réveiller pour lui rappeler leurs estomacs.
Les bras croisés sur une fiche particulièrement mal organisée, son visage niché dans le creux de son coude & son stylo tombé au sol dans un tintement léger mais parfaitement audible dans le Hall vide, Maelys n'est déjà plus là. Un instant qu'elle s'est effondrée sur cette dernière fiche trop ardue qu'elle a tenté de déchiffrer ce soir, & son esprit fatigué a déjà sombré vers ce monde de rêves qu'elle aime & craint tellement, tout à la fois. Des fois elle se réjouit d'avoir pu y renouer avec l'enfant qu'elle a été, ou d'avoir pu revoir des visages aimés. Des fois ces mêmes joies deviennent tristesse, douleur, & le rêve pourtant doux parait cauchemar. Comment qualifier celui qui lui vient alors, ce soir-là? Ce sont deux hommes qu'elle voit, surtout. Deux hommes qu'elle ne connait que trop bien, qui ont fait partie de sa vie. Qui en sont tous les deux sortis. Le premier, c'est elle qui l'a mis dehors, brûlante de rage, de souffrance & de rancœur ; on dit que de l'amour à la haine il n'y a qu'un pas & il lui semblait avoir franchi ce fameux pas. Le second est parti de lui-même, l'air bien troublé, demandant vaguement à ce qu'ils fassent un break ; cela fait déjà une année, quelques mois, elle ne sait plus. Dans les deux cas la douleur ne s'est pas vraiment estompée. & dans son rêve les deux s'affrontent en restant pourtant immobile, face à face les poings serrés, leurs regards brillant d'une lueur que la scientifique connait mais qu'elle ne veut comprendre. Elle est seulement là, muette à leurs côtés, perdue entre les deux seuls hommes qu'elle est aimée, & elle pleure. Les larmes silencieuses glissent sur ses joues, mais sa main refuse de bouger juste pour les essuyer. Pourquoi pleure-t-elle, exactement, dans ce songe? Pourquoi telle image forme son rêve? Elle qui pensait avoir su mettre de côté les tourments de l'amour en plongeant dans son travail, elle s'est lourdement trompée. Le passé la rattrape trop souvent, de plus en plus souvent. & cette image presque fixe des deux hommes s'affrontant du regard sous ses yeux larmoyants revient de plus en plus hanter ses nuits.
& chaque fois qu'elle s'éveille après ces songes-là, c'est perdue dans ses pensées, ses sentiments. Presque sonnée, chaque fois il lui faut un moment pour reconnecter. Ce jour-ci ne fait pas exception. Les yeux clos, elle refoule les larmes qui aimeraient bien quitter le monde des rêves pour couler en réalité. Son visage toujours blotti dans son coude, elle n'a pas bougé. Elle reste muette, sans savoir où elle en est. A peine reposée, finalement. Combien de temps a duré son assoupissement? Elle l'ignore. Ne s'y intéresse finalement pas le moins du monde. Mathieu & Morgan. Morgan & Mathieu. Son esprit est réveillé désormais, mais le rêve continue de la hanter. Quand une évidence la frappe presque brusquement, & ses muscles se tendent sans qu'elle n'ait toujours esquissé le moindre mouvement. Ses larmes qu'elle croyait dues à son déchirement intérieur, son déchirement entre deux hommes sortis de sa vie, ne sont finalement que manque & peur. Morgan ou Mathieu. Aucun déchirement ne la saisit alors qu'imaginant la suite de ce rêve qui ne continue jamais, elle s'aperçoit finalement.. Que ses craintes se tournent surtout vers l'un des deux, qu'il n'y a que celui-ci qu'elle craint de voir blessé par l'autre. Celui qui l'a apparemment abandonnée, & qui pourtant ne cesse de lui manquer. Chaque jour, chaque instant, dès qu'elle ne parvient plus à repousser son image dans un coin de son esprit il lui manque. Elle se souvient encore de ses traits, chacun de ses traits, chacune de ses expressions, ses moindres intonations, ses humeurs, son odeur, & chaque instant passé avec lui ; même l'ultime qui signa son départ. Oh, Morgan. Dans ses bras elle a oublié ses tourments, ses pertes, la guerre, dans ses bras elle a oublié son cœur brisé par la trahison de ce premier amour qu'elle a mis dehors. Était-ce cela la raison de son rêve aussi régulier que douloureux? La crainte d'un affrontement qui n'a plus de raison d'être, la crainte de voir celui qu'elle a oublié triompher de celui qu'elle aime finalement toujours?
Voilà qu'il lui semble entendre sa voix, maintenant. & une larme s'échappe finalement sur sa joue, seule & solitaire. Par acquis de conscience, ou peut-être un fol espoir, elle se redresse finalement ; réalisant seulement à cet instant combien elle a espéré le voir apparaître de nulle part chaque fois que ce pénible rêve l'étreint. Quelle surprise alors, de le voir là. Devant elle, lui tendant ce petit sachet de pains au chocolat dont Sa voix qu'elle pensait avoir halluciné parlait. Son imagination lui joue des tours. Ou alors elle ne s'est pas vraiment réveillée, c'est un autre rêve. Cela vaut mieux que la folie, tout de même. L'odeur des viennoiseries semble pourtant drôlement réelle. & Il a ce sourire malicieux qu'elle aime tant, qu'aucun rêve n'a jamais su reproduire. Même le son des gouttes de pluie accrochées aux vêtements du jeune homme tombant sur le carrelage du Hall est incroyablement réaliste pour un rêve. Quelques petites secondes s'écoulent, avant que la lumière ne se fasse enfin. Nul rêve, nulle hallucination ne peut être si vraie. Alors, une seule conclusion reste.. Celle de réalité. Bon sang, débarquer avec ce sourire en brandissant des pains au chocolat après des mois sans nouvelles, c'est tout lui. Un instant elle a envie de rire, mais le son ne passe pas sa gorge. Pourquoi? Mais pourquoi quoi, au fait? Finalement sa première réaction est de se redresser, & de s'appuyer au dossier de ce fauteuil. Quelle inconfortable position pour dormir. Son regard ne quitte pas celui de Morgan. & finalement, un mince fantôme de sourire vient sur ses lèvres alors que tendant la main elle accepte le petit sachet de viennoiseries, refoulant un extremis un frisson au contact de ses doigts glacés par la pluie battante.
- Tu n'as pas changé, Morgan. & tu me connais toujours aussi bien, oui c'est toujours ce que je préfère le matin, merci..
Mais? Où sont passées ses bonnes résolutions? Sa volonté d'envoyer à Morgan ses quatre vérités le jour où elle le reverrait, ainsi qu'elle l'a promis à Paola il y a de longs mois? Pourquoi.. Pourquoi est-elle si conciliante? La fatigue. C'est probablement la fatigue. Ou du moins elle aimerait s'en convaincre ; mais au fond elle sait qu'il s'agit de ce sentiment qui n'est finalement jamais vraiment parti, cette affection si forte. & lui, pourquoi est-il là? Pourquoi revenir maintenant, avec son air charmeur & son sourire joueur? Pourquoi ne pas avoir donné ne serait-ce.. Qu'un signe, quelque chose, une indication comme quoi il vivait toujours? Serrant le sachet entre ses doigts tremblants, Maelys s'est immobilisée, ne lâchant pas le regard de son vis-à-vis. Perdue. Ses yeux verts doivent bien trahir ces trop nombreuses questions, même si elle n'a pas encore trouvé la hargne de les formuler ; mais déjà un fond de colère lui revient, doublé d'une vague de douleur qu'elle ne peut contenir, à son grand désarroi. Dans son langage à elle, un break ce n'est pas disparaître durant Arceus sait combien de temps. & pourtant, elle a presque envie de faire comme si de rien n'était. De sourire & d'oublier, tout en sachant que ce n'est hélas pas si simple, trop de questions, de craintes & de maux ont d'abord besoin d'être apaisés.
- J'avais presque fini par croire que tu ne reviendrais jamais..
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Sujet: Re: Ne m'oublie pas sous la pluie. # Lilys ♥ Dim 8 Sep 2013 - 11:40
HRP:
Je me répète, mais c'est magnifique **
Maelys Z. Weber Administratrice Fondatrice
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Sujet: Re: Ne m'oublie pas sous la pluie. # Lilys ♥ Dim 8 Sep 2013 - 23:49
Ne l'oublie pas sous la pluie.
Le sourire disparait à ses paroles plus acérées qu'elle ne l'avait pensé en les prononçant. Ce sourire malicieux qu'elle a toujours tant aimé, ce n'est qu'en le voyant disparaître de nouveau de son regard qu'elle réalise à quel point elle s'y est raccrochée depuis qu'Il est arrivé. C'est un peu comme si son monde s'effondrait à nouveau, & son cœur se serre malgré elle. Elle n'a jamais aimé le voir malheureux, & voilà qu'il semble perdu lui aussi, blessé. Mais, ne l'a-t-il pas mérité après tout? Elle a beau tenter, voilà qu'elle ne parvient plus vraiment à s'en convaincre. Misère. Comment lui en vouloir bien longtemps lorsqu'il a ce regard-là, cette douleur au fond des yeux? Elle ne devait pas céder si aisément, elle tente encore de lutter. Mais comment résister? Le silence s'étirait. Lourd de sens, lourd de peines, lourd de tout, lourd de rien. Plus un mot, plus un son. Seuls leurs regards restaient, & leurs émotions par trop indécises. Perdue, voilà tout, voilà ce qu'elle était, voilà un bon résumé. Finalement elle ne pût plus soutenir ce regard, plus supporter les sentiments qui filtraient dans le jade des yeux de celui qu'elle n'avait cessé de rêver. Mais c'était sans compter.. Sur Lui, sur ses impulsions qu'elle connaissait pourtant. À peine eut-elle baissé les yeux qu'il l'enlaça, la prit dans ses bras. & elle se tendit, se figea. Incapable de réagir à ce geste aussi spontané que tendre dont elle ne chercha même pas à s'échapper. L'eau de pluie toujours accrochée aux vêtements du jeune homme imbibe peu à peu sa blouse de scientifique & son chemisier juste en dessous, mais c'est à peine si elle le remarque. Son pauvre cœur malmené s'est emballé, le traître, dévoilant bien malgré elle combien ce simple contact, une simple étreinte, parvient encore à l'émouvoir, à l'électriser.
Puis finalement, Sa voix monte de nouveau dans le Centre. Une affirmation, une promesse? Réconfortantes paroles en tous les cas, & ainsi abandonnée entre ses bras elle a envie d'y croire. Ce furent juste quelques mots sur un ton clair quoiqu'un peu voilé. Mais ce furent les quelques mots qui envoyèrent en éclats ses dernières barrières, les restes déjà bien effrités de sa carapace. Enfouissant son visage contre l'épaule de Morgan, celle où ne se trouve pas déjà Érudit, elle dépose finalement le sachet de pains au chocolat sur le comptoir pour l'enlacer à son tour, se blottissant contre lui. Des larmes silencieuses coulent désormais sur ses joues sans qu'elle n'ait pu les contenir, des larmes qu'Il ne verra peut-être jamais puisqu'elles vont se perdre sur ses vêtements déjà détrempés par les caprices de la météo. Oh, depuis quand est-elle si fragile, depuis quand ses remparts volent-ils en miettes si aisément? Il n'y a bien que lui pour la rendre si faible, & si forte à la fois.. Quoiqu'en cet instant seule la faiblesse lui semble présente. Son pauvre cœur brisé bat une chamade peu régulière, trop révélatrice à son goût, & une douce vague de chaleur a désormais envahi son petit corps frêle, une vague autant d'espoir que d'amour. Encore un peu & il en sera fini de sa volonté, du peu de hargne qu'il lui reste pour exiger une explication. Finalement un mouvement, sans la lâcher il l'entraîne dans une danse sur une musique imaginaire. Une danse dans ce grand hall vide, une danse simple blottie contre lui. Avec lui.
& voilà. Tout son début de colère, toutes ses bonnes résolutions contre lui ont vraiment disparu. Il lui a trop manqué pour que cela ressorte, pour que cela importe. Il n'y a plus que ses bras qui la guident, son épaule contre laquelle elle s'est blottie, & sa voix coulant quelques mots tendres agrémentés de souvenirs. Tellement prise dans l'instant présent elle ne fait même pas attention à cette mention de femmes qui aurait dû lui poser question. Il est là, c'est tout. Doucement ses larmes discrètes se tarissent à mesure que les doux souvenirs qu'il évoque lui reviennent, que d'autres viennent s'y mêler, & qu'un léger sourire reprend place sur ses lèvres. Cela aurait pu être au profit d'une grande paix intérieure, comme avant, mais.. Mais quoi? Il n'a tout de même rien dit, silence pas un mot, des mois durant. Comment pourrait-elle oublier cette douleur? Même si savoir qu'il ne l'a jamais oubliée, qu'il ne compte pas l'abandonner à nouveau ainsi, même si revivre une partie de leur histoire en quelques instants lui a fait grand bien, apaisant une partie de ses troubles & de ses doutes à l'égard de l'homme, il n'en reste pas moins toutes ces questions qui l'étreignent encore & encore, bien, bien plus fourbement que la douceur rassurante des bras de Morgan. Pourra-t-elle briser cet instant par ses mauvaises questions? Oh Arceus.. Elle ne se sent même pas la force de se reculer, de s'arracher à cette danse des souvenirs où il l'a entraînée. Comment pourrait-elle dire cela, de formuler ses reproches, maintenant. Où donc est passée sa hargne, quel chemin a pris sa rancune presque légendaire pour déserté si aisément?
- Je me souviens de tout. Chaque instant de notre histoire est resté gravé dans ma mémoire, Morgan..
Oui elle se rappelle de leurs danses passées, de cette soirée de décompte d'étoiles pour des baisers, & bien plus encore. Leur rencontre sous la neige reste un souvenir brûlant & si doux à la fois, toutes les premières fois qui ont ensuite parsemé leur relation, chacune de leurs retrouvailles même après de courtes séparations. La hantise de son visage à chaque instant après qu'il soit parti, les longs mois de silence ; tant de souvenirs qui reviennent d'un coup, qui la poussent malgré elle à se serrer un peu plus contre ce corps transi qui la berce doucement, contre Morgan. & finalement sans savoir où elle le puise, elle parvient à trouver le courage de relever la tête, de chercher à nouveau son regard. & de poser cette question qui est la plus lourde de toutes à son sens, celle qui l'a le plus hantée tout ce temps. En un sens elle en craint la réponse, mais le besoin de savoir est trop grand.. Ce n'est qu'un murmure qui lui échappe, presque tremblant mais parfaitement audible dans le silence clair du Centre.
- Pourquoi tu n'as pas ne serait-ce que.. Donné un signe de vie?
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Sujet: Re: Ne m'oublie pas sous la pluie. # Lilys ♥ Mar 10 Sep 2013 - 21:55
Maelys Z. Weber Administratrice Fondatrice
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Sujet: Re: Ne m'oublie pas sous la pluie. # Lilys ♥ Mer 11 Sep 2013 - 10:42
Ne l'oublie pas sous la pluie.
& voilà, c'est dit. La question est à peine posée que déjà l'inquiétude prend ses droits sur celle qui vient de prononcer ces mots sentencieux sur un ton si hésitant, mais pourtant si ferme. Un murmure, simple murmure comme un souffle. Oh Arceus, qu'y répondra-t-il? À sa totale merci, elle se sent comme une adolescente éperdue, comme une bête blessée qui n'attend plus que le verdict final. Elle est perdue, voilà tout, voilà le mot qui semble rythmer cet étrange & pourtant si doux instant.. Elle doit se reprendre, elle doit se reprendre avant que son cœur affolé ne la trahisse encore, avant que ses tremblements naissants ne prennent de l'ampleur & dénoncent son anxiété. Mais bon sang, elle ne devrait pas angoisser autant pour cette réponse, cela fait si longtemps qu'elle a besoin de la connaître! Peut-être est-ce cela, finalement, qui rend cette question si dure à poser, la peur d'une réponse insatisfaisante, la peur de perdre définitivement celui qui devrait la fournir. Oh.. Bon sang, pourrait-elle sûrement supporter de devoir en venir à telle extrémité? Le silence s'étire alors que Morgan médite sur ses paroles murmurées, cette question à laquelle il n'échappera pas malgré tout. Leurs regards ne se lâchent pas un instant, le jade affrontant le jade. Incapables de se lâcher après tant de séparation, apparemment, alors que selon toute logique Maelys aurait dû repousser le garçon depuis bien longtemps, depuis son arrivée, elle aurait dû s'énerver, crier, exiger des explications. Elle n'a qu'à peine la force de souffler une question, & pas le cœur de quitter ses bras si réconfortants malgré elle. & le désarroi qu'elle voit dans son regard rend son inquiétude plus grande encore, étreint son petit cœur déjà bien mis à mal.
Finalement passe une indéchiffrable étincelle dans les yeux verts de son vis-à-vis. & sans lui laisser le temps de protester ou même seulement de réagir, il l'entraîne dehors, passant vivement la baie vitrée pour finir sous la pluie battante. Aussitôt elle frissonne, agressée par la froideur de ces larmes célestes qui viennent achever de la détremper ; ce qu'il doit remarquer car un instant après la cape du jeune homme lui fait office de parapluie de fortune. Érudit semble s'indigner de quelque chose qui étrangement lui échappe pendant ce temps, mais ni elle ni Morgan n'y prêtent vraiment attention. Plus perdue encore si cela est possible, & intriguée désormais, elle reste immobile tout près de Lui, dardant un regard interrogateur sur son visage visiblement à la recherche d'une chose qu'elle ignore. A quoi a-t-il songé si soudainement pour l'entraîner dehors avec un tel empressement, cela l'intrigue tant qu'elle en a oublié toutes ses pensées d'hypothétique rage qu'elle aurait dû avoir. Elle n'attend & n'appréhende plus que les réponses désormais, à cette question muette & à celle qui a apparemment provoqué cette réaction. Il ne lui faut qu'un peu de patience pour les obtenir maintenant, sans doute, le temps qu'il trouve ce qu'il est venu chercher dehors.
L'inquiétude croît encore, mais elle s'efforce de ne pas le montrer. Soudain la main du jeune homme se lève, pointant du doigt un des clochers de Baguin sur lequel elle pose alors un regard songeur, écoutant les mots qu'il lui adresse enfin. & quelques instants ensuite elle reste presque de marbre, interdite, en reportant ses yeux vers ceux du garçon. Le trouble qu'elle y lit lui est comme un poignard en plein cœur, mais elle s'efforce au mieux de passer outre, songeant à ce qu'il vient de lui dire avec une certaine tristesse. Les paroles & l'image évoquée sont très abstraites, mais leur sens résonne tout de même en elle, à la fois salvateur & dévastateur ; tant de sentiments qu'elle s'efforce de garder pour elle. Que lui est-il donc arrivé pour qu'il en vienne à se sentir ainsi? Pour qu'il en vienne à la fuir de peur que ce soit elle qui ne le fasse? Il devrait pourtant savoir, il aurait dû savoir qu'au contraire elle l'aurait soutenu, toujours, jusqu'à ce qu'il aille mieux, qu'ils puissent reprendre le cours de leur vie. Que lui est-il donc arrivé pour qu'il en viennent à fuir ainsi?
- Je.. Je comprends. Je n'approuve pas forcément pour autant, mais je comprends tes raisons. Je..
J'aurai seulement aimé que tu me fasses un peu plus confiance. Sa gorge se noue, elle ne parvient pas à prononcer cette simple phrase, conclusion de sa brève réponse. Enfin peut-être est-ce mieux, au fond ce n'est peut-être pas simplement une question de confiance mais juste de douleur. Il est possible que dans certaines situations elle réagisse de la même façon sans songer un seul instant à la confiance immense qu'elle a pu placer en lui.. La pluie, recommençant à l'atteindre malgré la cape qui ne parvient plus grandement à l'en protéger, tire finalement la jeune femme des pensées où elle s'est égarée un instant. Un nouveau frisson la prend alors que la fraîcheur devenue peu agréable de la pluie la saisit, & elle prend la main de Morgan dans la sienne. Un geste si naturel qu'il la trouble profondément, mais malgré cela un calme inattendu l'envahit & elle esquisse un maigre sourire.
- Rentrons.. Je commence à avoir froid, & avec le temps que tu as passé sous cette pluie tu dois être gelé.
Simples paroles sur lesquelles elle le tire doucement à l'intérieur du Centre puis vers la porte marquée "Privé" au fond, juste à côté de celle de son bureau. Derrière cette porte interdite aux inconnus se trouve l'escalier menant à son appartement, & c'est bien là qu'elle l'emmène, le cœur battant d'une certaine crainte à l'idée de cette ébauche de confiance qu'elle lui redonne si aisément. Mais, elle ne va tout de même pas le laisser attraper la mort, si? Déverrouillant sans se poser plus de question la porte d'entrée en haut de l'escalier, elle l'invite à entrer d'un sourire, s'apercevant alors qu'elle n'a pas un instant lâché sa main depuis l'extérieur. & voilà, la gêne désormais. C'est fou, un peu plus & elle se penserait revenue aux premières hésitations, somme toute assez brèves au final, du début de leur histoire. Refoulant au mieux un bref soupir, elle le mène désormais à la salle de bains, lâchant sa main presque à regret pour lui donner un drap de bain afin qu'il puisse au minimum se sécher un peu, avant de quitter la pièce pour aller se changer dans sa chambre.
- Le salon se trouve juste face à la porte d'entrée, je t'y attendrai.
Se mettrait-elle à fuir, elle aussi? Il a suffit qu'il revienne pour envoyer par la fenêtre toutes ces vaines certitudes qu'elle s'était forgées en Son absence pour se protéger. Ayant revêtu une simple robe en échange de ses vêtements trempés, la voici désormais blottie dans le canapé de son salon, ses genoux ramenés contre sa poitrine. Paola, réveillée par son bref passage dans la chambre, est désormais roulée en boule sur l'accoudoir du canapé, présence rassurante même sans la toucher, cherchant comme elle peut à apaiser sa dresseuse & meilleure amie dont elle ne devine que trop bien la peine, l'ayant entendue souffler un vague "il est revenu" à son armoire comme pour s'en convaincre. La rouquine tremble, perdue entre deux sentiments contradictoires. Se renfermer sur elle-même & ne plus le laisser l'approcher, de peur de se brûler les ailes, ou l'accueillir chez elle, lui rouvrir sa porte comme avant & céder à son cœur blessé qui se fait de plus en plus insistant? Grand Arceus, elle à qui sa raison dicte de jeter Morgan dehors, n'a plus que l'envie qu'il sorte de cette salle de bains pour la rejoindre, pour qu'elle puisse à nouveau dans ses bras & oublier tout le reste. Une adolescente éperdue, vraiment, sans repères & sans certitudes.
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Sujet: Re: Ne m'oublie pas sous la pluie. # Lilys ♥ Dim 15 Sep 2013 - 21:01
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Sujet: Re: Ne m'oublie pas sous la pluie. # Lilys ♥ Mer 18 Sep 2013 - 1:43
Ne l'oublie pas sous la pluie.
Trop plongée dans ses pensées égarées sous le regard attristé de Paola, petite âme en perdition, elle n'entend pas le jeune homme arriver dans le salon, ne s'en aperçoit que lorsqu'il se glisse près d'elle, sur ce canapé où elle s'est réfugiée. Rougissant légèrement en réalisant qu'il est torse nu au moment où il la prend dans ses bras, elle se laisse tout de même aller à profiter de cette étreinte rassurante, avec une joie un peu coupable. Comme elle voudrait tout oublier désormais, tout le reste, ce qui les entoure, comme elle voudrait que le temps s'arrête & que rien d'autre n'existe plus. Stupide attirance indéniable, stupides sentiments gravés au fer rouge, où donc est passée sa cohérence? Les yeux clos, frêle petit bout de femme entre ces bras forts & tant regrettés ces derniers mois, elle autorise finalement une certaine paix à venir cohabiter avec son égarement intérieur. Les mots coulent des lèvres du jeune homme, la faisant trembler tantôt de bonheur tantôt de peine refoulée ; mais aucune larme ne vient cette fois brûler ses paupières, elle l'écoute seulement avec la plus pure des attentions, blottie contre lui, s'enivrant de son odeur & de l'amour qu'il lui offre. Suppliques, explications, promesses ou justifications, tout se mélange pêle-mêle dans ces quelques phrases qu'il lui souffle avec un certain empressement inquiet & une affection sincères à laquelle elle ne peut décidément pas rester insensible. Il évoque même ses actes futurs si elle venait au final à le repousser, & à cette seule idée elle sent son petit cœur se serrer & s'emballer à la fois. Étrange sensation, vraiment. Elle sait toujours que le repousser serait la chose la plus censée à faire, oui, mais une fois encore elle n'en trouve ni la force, ni les arguments pour s'en convaincre. Sa respiration s'en fait malaisée, presque saccadée. Étouffe-t-elle ou vient-elle de retrouver son oxygène? Suffoque-t-elle de subitement se retrouver face à cet air qui lui a tant manqué depuis plus d'un an?
Soudainement, coupant court à ses pensées perdues, il s'arrache à ses bras. Elle ne peut le retenir malgré un geste presque instinctif de son bras pour saisir son poignet ; il est trop vif, il s'arrache à cette étreinte aussi subitement qu'il la lui a offerte. Se lève, bousculant les meubles dans sa précipitation. & elle me suit du regard, peinée de se sentir si étrangère à cette réaction. Peinée d'avoir été éloignée si longtemps qu'elle n'est réduite qu'à supposer les raisons de cette attitude, peinée d'être trop égarée pour réussir à suivre. Peinée de son impuissance. Il est comme un lion en cage. Un lion qu'elle aurait dû jeter dehors dès son entrée dans le Centre mais qu'elle n'a plus la force de repousser. L'a-t-elle seulement un jour eue, cette force? Au contraire, voilà qu'elle n'aspire qu'à retrouver ses bras. Elle qui se croyait mue d'une logique froide depuis ces derniers mois, sa raison semble s'être fait la malle en cette nuit pluvieuse. La peur brûlante qu'elle lit dans les yeux de l'homme chaque fois que son regard se pose sur elle la tétanise. Elle voudrait savoir quoi dire, elle voudrait encore pouvoir si ce n'est le rassurer lui hurler tout ce qu'elle a sur le cœur, mais les mots restent bloqué, étreignant sa gorge avec force. Impuissante. La fenêtre principale du salon s'ouvre, sur une impulsion subite de Morgan. La fraîcheur de la nuit, de la pluie envahi le salon toujours plongé dans l'obscurité, & finalement il se retourne vers elle. Quelques paroles franchissent ses lèvres, la laissant un instant figée. Tétanisée, encore.
Ce n'est pourtant qu'une question, quelques mots assemblés en une simple interrogation. Mais c'est une question qui écorche son petit cœur, son âme tous deux déjà trop bien mis à mal, une question mêlée à un aveu transperçant, tranchant. Comment peut-il évoquer sa propre mort avec tant de détachement? Comment peut-il douter ainsi de l'attachement qu'elle a pour lui alors même qu'elle s'est presque brisée sans lui? Finalement, le déclic se fait, comme une subite lueur de compréhension dans son esprit perdu ou éperdu. Douter, elle lui en a donné tant de raisons par son attitude égarée depuis qu'il est arrivé. Mourir.. C'est un peu ainsi qu'elle s'est sentie, chaque matin un peu plus lorsqu'il est parti. Arceus. La vie est éphémère finalement, tellement éphémère. Elle le sait tellement, tellement bien. Elle fréquente la mort, la douleur & le manque depuis si longtemps, elle les a si bien expérimentés ces cinq dernières années. La vie est courte, tellement courte & aisée à retirer, peut-on seulement se permettre l'orgueil de repousser ceux dont on a tant besoin quand chaque jour la mort peut vous pendre au nez & même vous passer la corde au cou?
- Je serai là, je serai toujours là. J'aimerai tellement que tu le comprennes.. Ce n'est pas juste être là quand ça va & disparaître quand ça ne va plus. Je t'aime Morgan. Entend-le, je t'aime toujours, ça n'a pas changé, & c'est bien pour ça que c'est si dur. Parce que même si tu es peut-être un rustre comme tu dis, tu es aussi celui que j'ai choisi, & ce n'est pas juste pour les bons moments. Alors s'il-te-plaît.. Laisse-moi t'aimer, Morgan. Je ne demande que ça, qu'à pouvoir être là pour toi, & qu'importent les avenirs brillants car ils sont fades sans amour. Mais si tu ne me fais pas confiance pour supporter les mauvaises passes, comment pourrai-je te soutenir?. Je ne suis pas en porcelaine, tu sais..
Les mots, enfin, libérateurs du poids qui pesait plus qu'elle ne le pensait sur son petit cœur. Tout ce qu'elle ne parvenait à prononcer semble désormais couler tout seul, murmure faible mais non moins ferme & clair. Les reproches acides se mêlent aux promesses & aux mots tendres. Finalement le geste de se lever à son tour du canapé pour le rejoindre près de la fenêtre semble si naturel, malgré les gouttes de pluie glacées qui sournoisement l'assaillent, portées par le vent nocturne dans l'appartement. Peu lui importe désormais, malgré les frissons qu'elle ne peut réprimer, elle ne se laisse pas démonter, elle ne lâche pas le regard vert de son vis-à-vis pour fuir en prétextant devoir se sécher. Non. Elle affronte les yeux qui l'ont à la fois tant élevée & si bien brisée. Jusqu'à finalement lever une main hésitante, effleurant avec une douceur presque fantomatique la joue du jeune homme. Derniers mots, dernière supplique. Son sort sera sellé dans un instant, dès qu'elle les aura prononcé ; mais elle ne recule pas, pas cette fois.
- & ne me laisse plus ainsi sans nouvelles, à mourir un peu chaque jour en imaginant les pires scénarios dès qu'il n'y a plus de patients au Centre pour me distraire de mes pensées.
L'apaisement. Enfin, enfin. Si sa voix fut tremblante & un peu hésitante, son regard de jade s'apaise enfin d'une partie de sa douleur & de sa colère ; seuls restent quelques débris de ces dernières, pour accompagner l'inquiétude & la tendresse qui ont repris leurs droits. Car le déclic s'est fait, car maintenant elle sait que sous toutes ses émotions floues, sous tous ses sentiments égarés depuis son départ, depuis son retour, il n'y a jamais eu qu'un seul désir si fort qu'il en devenait étouffant. Celui de le retrouver.
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Sujet: Re: Ne m'oublie pas sous la pluie. # Lilys ♥