Badge n°3

VS Captain Hook

Clive, si il y a une chose que je sais sur ta mère en dehors du fait que je ne comprendrai jamais ce qui fait qu'elle reste avec moi, c'est qu'il ne faut JAMAIS se la mettre à dos. Jamais, tu m'entends ?
Karl Donovan était beaucoup de choses : brave, rieur, jamais démotivé, toujours bourré d'idées plus ou moins ingénieuses, utiles ou même réalisables, mais sûrement pas du genre à se cacher et à paniquer devant le désir de vengeance des autres. Sauf que en vérité, il y avait bien quelque chose qui pouvait ébranler le courage inébranlable de son père, et Clive le savait : la capacité de Kagami Donovan à se venger et son ingéniosité en la matière. Il avait suffisamment témoigné de ses talents pour savoir qu'il valait mieux ne jamais outrepasser ses limites, sous peine de conséquences terribles. Il se souvenait encore de la fois où Faust, ayant séché une journée de cours sans prévenir quiconque, avait eu le droit à une exposition de ses photos d'enfance les plus embarrassantes à son quinzième anniversaire, et tout ça savamment orchestré par sa mère qui ne supportait pas qu'un de ses enfants rompe le peu de règles qu'elle avait mis en place. Car oui, on n'avait pas pu reprocher à Kagami d'être extrêmement stricte. Sa ligne d'éducation était celle-ci : ne pas faire de mal à quiconque ou à soi-même et gérer les conséquences de ses actes. Rien de plus et rien de moins, alors si ses enfants séchaient les cours, elle jugeait que tant qu'elle était prévenue, elle n'avait rien à leur dire. Mais Faust ayant enfreint cette règle ce jour-là, elle avait réagi en conséquences et Clive ne se souvenait pas avoir vu son jumeau plus mortifié que ce jour-là.

Pourquoi parler de ça, me demanderez-vous, alors que l’événement le plus important d'aujourd'hui était le match qu'il s'apprêtait à disputer dans l'arène de sa ville natale ? Oh, tout simplement parce que alors qu'il venait de rentrer pour prendre place et qu'il calmait son cœur qui battait un peu plus vite dans sa poitrine que d'ordinaire, une main s'était posée sur son épaule et un sourire aussi lumineux qu'effrayant aux yeux de Clive l'avait interrompu. Effrayant car du haut de ses vingt-quatre ans, l'officier savait exactement décrypter les sourires de sa mère, et celui-ci promettait assez pour le faire frissonner d'effroi.

« Tu ne m'avais pas dit que tu venais à l'arène aujourd'hui, tiens. »

Traduction : pour une fois que j'aurais pu venir, tu aurais dû me prévenir. Clive, sous le casque de Gabriel, sourit nerveusement, ne pouvant pas s'empêcher de se sentir un peu plus paniqué que d'ordinaire maintenant. Il avait comme l'impression d'avoir fait une énorme bêtise, mais d'un côté il ne pouvait pas dire qu'il regrettait quoi que ce soit : si il portait un casque, ce n'était pas seulement pour empêcher tout rapprochement avec Méphisto, mais aussi pour qu'on ne lie pas Clive à Gabriel. Il n'aime pas les matchs d'arène et ne les aimera probablement jamais, même si ces pokémon paraissaient les apprécier, et préfère donc qu'on ne lui en parle pas. Sa famille était par conséquent les premiers qu'il ne voulait pas voir dans ces combats, et prévenir quand il avait un match était donc la dernière de ses priorités. Mais Kagami ne l'entendait visiblement pas de cette oreille.

« Je t'ai apporté de quoi grignoter si tu en as l'envie, par contre ! »

… Et un boîte à repas rose avec des petites fleurs violettes dessus et des stickers Hello Kitty en plus dans les mains de Gabriel, qui ne pouvait pas le ranger ou le cacher vu qu'il n'avait pas de poche suffisamment grande ou de sac, d'autant plus que sa mère le surveillait attentivement. Il ne pouvait pas non plus le laisser là. Bref, il allait se taper la honte intégrale en arène : génial. Déjà qu'il n'était jamais totalement à l'aise en arène et ce malgré son casque... En soupirant, il grommela un 'merci maman' qui fit rire joyeusement (et sadiquement) Kagami alors qu'elle partait rejoindre les gradins.
Décidant que de toute façon il n'aurait rien pu faire d'autre qu’assumer, il fit comme si de rien n'était, et alla se mettre à sa place, les joues écarlates derrière son casque. Oh bon sang...
Voilà qu'elle déballait la bannière de soutien dans les gradins.
Là, elle a réussi. Ça y est, mes joues vont exploser : et en plus de ça elle a rajouté un petit cœur... Oh sérieusement maman...

Bref. Le hérisson expira un grand coup et regarda enfin son adversaire. Peu lui importait sa tenue originale : si elle le faisait légèrement sourire, il ne pouvait pas trop parler avec ce qu'il se trimbalait comme tenue et son air de motard sans visage. Tout ce qui comptait aujourd'hui, c'était de repartir avec ce badge, si possible. Dans le cas où il réussirait, il aurait déjà fait plus de la moitié. Dans l'autre, il serait horriblement en retard, mais il verrait bien ce qu'il ferait dans ce cas.

« Merci de m'accueillir aujourd'hui, Capitaine. »

Simple, concis. Il baissa légèrement la tête en signe de salut, et prit dans sa main l'une des balls à sa ceinture d'où il laissa sortir un cheval enflammé qui, dès que ses sabots claquèrent sur le sol à l'unisson, poussa un hennissement puissant et joyeux. Clive, en le voyant si enthousiaste malgré sa timidité et sa tendance naturelle à toujours vouloir se cacher, ne pu s'empêcher de sourire un peu, se disant que si au moins lui s'amusait, alors tant mieux.

Badge n°3

VS Captain Hook

Il avait été très étonnant pour  Clive de constater qu'Ephraim, malgré sa timidité, sa tendance à se cacher dès qu'il était la cible du regard de plus d'une personne à la fois et surtout sa gentillesse débordante, était particulièrement friand des combats et autres affrontements. Il avait été surpris au départ, étant donné qu'il n'était pas dans son esprit le plus combatif de l'équipe, mais soit, il avait fait avec l'envie presque incontrôlable du Galopa de prouver sa force et de montrer que si il n'était pas le plus expérimenté, il n'était sûrement pas le moins redoutable, et ce malgré ce que l'on pouvait dire. Au départ, Clive avait voulu envoyer son Mélodelfe au combat, se disant que Nathaniel n'ayant jamais encore eu l'occasion de combattre aurait peut-être apprécié pouvoir profiter d'au moins un match, mais la volonté d'Ephraim avait été telle que le pokémon féerique avait laissé sa place sans hésiter un seul instant. En un sens, cela avait rassuré l'officier : si il avait toute confiance en les capacités du Mélodelfe, il savait toutefois aussi que des attaques de type poison ou acier auraient pu les attendre et que dans ces cas-là, vu la lenteur de Nathaniel, ils auraient été nettement désavantagés. Trop protecteur de ses compagnons, Clive avait préféré opter pour un choix plus sûr. De toute façon, il ne lui restait plus beaucoup de temps avant de devoir  amasser les derniers badges, alors autant ne pas prendre de risques inutiles. Déjà qu'ils n'étaient pas sûrs de gagner aujourd'hui, étant donné que la possibilité d'une erreur était toujours présente... Mais peu importe. Ils avaient un objectif à atteindre, et ils feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour réussir à en venir à bout.

Le Galopa ne tient plus en place. Ses sabots écrasent la terre sous ses pieds et des mèches orangées, rougeâtres et teintées de jaune éclatent de ses pieds, laissant des étincelles s'embraser dans l'air alors qu'il n'attendait plus que le signal de son dresseur pour se lancer à l'attaque. L'adversaire qu'ils ont en face d'eux, une Fouilloutan, paraît tout à fait redoutable et Clive sait maintenant, après avoir affronté deux des champions de l'île, que tous les pokémon des élites de la compétition n'étaient pas à prendre à la légère. Il lui suffisait de se souvenir de Dalhia, du Lucario de Zazambes ou du Crabaraque d'Anula pour se le rappeler. Ici, il paraissait évident que la vitesse serait cruciale : ce qui tombait bien, étant donné que c'était la spécialité d'Ephraim et de la moitié de son équipe, quoique Clive doutait fortement que beaucoup de ses compagnons arrivent au niveau d'agilité d'une Feuilloutan bien entraînée. Mais tout restait à voir : pour l'instant, il ne pouvait que faire des suppositions et prier pour ne pas avoir tort. Bien entendu, c'était souvent ça, sa vie, et il avait fini par comprendre que la plupart du temps, même si réfléchir pouvait lui amener la majorité des choses qu'il désirait, il subsistait tout de même une petite part de hasard et d'imprévisibilité qui avait si souvent ruiné ses plans. Il commençait seulement à accepter cette vérité avec une difficulté certaine, effectivement, mais il était sur le bon chemin.

Et c'était pour cela qu'à ce instant, il fut surpris de constater que ses inquiétudes, qui étaient toute naturelles pour lui vu qu'il calculait toujours toutes  les possibilités dans son esprit afin de ne jamais être pris de court, chose qu'il détestait et qui lui donnait l'horrible et désagréable sensation de ne pas avoir le contrôle sur sa vie, étaient étrangement calmes. D'ordinaire, il remerciait son casque qui lui permettait de cacher sa nervosité derrière le mur glacial qu'était Gabriel, mais là, hormis une sérénité certaine, rien. Juste un calme inébranlable. Peu lui importait si quelque chose d'imprévu arrivait : il avait de toute façon commencé à accepter qu'il ne pourrait jamais rien contre les petits détails de la vie et qu'il devait avant tout penser à ce qu'il faisait maintenant plutôt que de s'inquiéter pour le futur. Ah, si seulement il apprenait à appliquer ce principe à ses décisions de tous les jours... Et la joueuse est naïve, oui, mais elle de l'espoir, que voulez-vous.
Pour l'instant, peu importait la bannière ridicule qu'avait laissé sa mère ou la boîte ridicule qu'il avait dans les mains et qui faisait qu'il était la source de nombreuses moqueries dans les gradins.

« Huit sept deux, Eph. »

Le Galopa le savait déjà, mais cette simple confirmation le fit sourire ; son corps tout entier commença alors à s'enflammer, et il s'élança, embrasé et prêt à frapper.

Badge n°3

VS Captain Hook

Utiliser Boutefeu n'était pas dans les plans originels de Clive, à la base. Il aurait préféré éviter d'employer une attaque aussi violente et qui blesserait en contrepartie le Galopa, mais Ephraim avait tellement insisté que l'officier n'avait pas vraiment eu le choix, majoritairement parce que si c'était le souhait du pokémon, alors il n'aurait pas réussi à lui enlever cette idée de la tête. Malheureusement pour Clive, ses compagnons étaient souvent tout aussi têtus, voir bien plus que lui, quand il s'agissait de prendre des décisions. Et puis en un sens, il ne pouvait pas nier qu'aller avec ce qu'il y avait de plus puissant comme attaque n'était pas une mauvaise stratégie étant donné qu'ils étaient face à une championne et non face au premier adversaire du coin. Le Galopa a longtemps pratiqué pour mettre cette technique au point, et seul en plus de ça car personne dans l'équipe ne savait utiliser cette attaque ou comment elle fonctionnait. Il avait fallu se renseigner, faire de multiples tentatives qui s'étaient à de nombreuses reprises soldées par des échecs assez retentissants, qui en plus de ça fatiguaient énormément Ephraim. Honnêtement, si le Galopa n'avait pas tant insisté pour montrer ce qu'il avait de plus puissant, Clive aurait refusé, mais les choses étaient telles qu'il avait fallu faire avec et ne pas trop penser que tout était de sa faute. Enfin, évidemment, il y avait pensé, mais quand il avait eu l'audace de l'avouer au Galopa, celui-ci lui avait envoyé un regard si noir que le hérisson avait compris qu'il serait une mauvaise idée que de répéter tout ça.

Et visiblement, les résultats en avaient valu le coût. Entouré de flammes et émanant d'une puissance telle que Clive ne pouvait qu'être surpris de constater que le petit Ponyta qu'il avait capturé il y a plusieurs mois était devenu si fort, il resplendissait. Étrange de voir cela, oui, mais pas déplaisant. Tandis que le Galopa continuait de poursuivre la Feuilloutan qui se balançait d'arbres en arbres pour prendre de la vitesse et ainsi pouvoir l'éviter afin de trouver un angle d'attaque, Clive cherchait un moyen de le forcer à descendre. Rien ne lui venait à l'esprit qui ne soit pas extrêmement dangereux ou très risqué, alors il siffla un coup. Évidemment, à cause de son casque le son fut légèrement diminué, mais le Galopa l'entendit tout de même et hocha de la tête avant de prendre de la vitesse et de se mettre à courir en cercles dans l'arène.
Puis, lorsque la Feuilloutan s'élança, Ephraim réagit par instinct et réflexe plutôt que par réflexion : pour éviter d'être touché, il faudrait qu'il frappe suffisamment fort avant pour ne pas être blessé, ce qui était un pari risqué, mais ça n'avait pas l'air d'être quelque chose qui dérangeait tellement le Galopa. Arceus nom d'un chien, où était passé le Ponyta qui tremblait quand quelqu'un qu'il ne connaissait pas l'approchait... ?

La collision fut brutale, si bien que comprendre ce qui s'était passé exactement était un peu compliqué. Clive fronça les sourcils, inquiet de ne pas entendre Ephraim, mais un ébrouement arriva à ses oreilles en même temps que le bruit de sabots qui frappaient le sol. Il soupira légèrement de soulagement, et sourit en voyant le Galopa encore debout, porteur de quelques blessures mais vu la puissance de son attaque Boutefeu, c'était dans la logique des choses. L'officier ne pu s'empêcher de se sentir fier en voyant qu'il était encore debout, et surtout qu'ils avaient remporté le premier round. Le Galopa poussa légèrement sa tête contre la Feuilloutan pour s'excuser de la force de son coup et de la remercier pour ce combat, pas belliqueux pour un sou. Ce comportement était tout naturel pour cette boule d'affection enflammée qu'était le cheval.

« Malin, comme stratégie. Vraiment. »

C'était bien la première fois qu'il s'adressaot à son adversaire depuis le début du match, et il s'agissait d'une occasion rare quand il combattait en arènes, mais il n'avait pas pu s'empêcher de le dire : si Clive admirait quelque chose plus que tout, c'était l'intelligence, et l'idée de gagner de la vitesse en se balançant d'arbres en arbres l'avait laissé admiratif, donc il n'avait pas pu s'empêcher de dire ce qu'il pensait.

Badge n°3

VS Captain Hook

Il est impressionné. Pour peu qu'il ne devait pas garder une apparence froide à cause du casque de Gabriel, il en serait presque venu à inviter Ephraim à le rejoindre pour qu'il le congratule chaleureusement par des caresses et des compliments bien mérités. Mais pour l'instant, il doit feindre l'absence d'envie de montrer à son compagnon qu'il est très heureux et fier de témoigner de ses progrès. Il est indéniable qu'il s'est écoulé un certain temps depuis sa capture, mais le cheval de feu n'avait pas lésiné durant ces quelques mois, et ce en dépit du fait qu'il était, au départ, sûrement un des moins combatifs. Étonnamment pourtant, il se révélait maintenant redoutable et brillant par son talent. Clive n'arrive pas à retenir le léger sourire doux qui étire ses lèvres en dessous de ce mur qu'il a imposé entre le monde et lui, et au fond il se fiche bien qu'il soit présent : tant que personne ne le voit, il peut bien faire toutes les têtes d'imbécile niais qu'il désire, c'est là l'avantage de cette chose.  
Il ne peut pas nier que l'avantage de type est ce qui les aide les plus, mais voir Ephraim tirer profit de sa vitesse prodigieuse, en partie causée par son appartenance à l'espèce des Galopa, lui fait vraiment plaisir. Il serait stupide et irrespectueux de ne pas admettre que sans l'avantage de type, il aurait sûrement été bien plus compliqué et dur de venir à bout de la redoutable Feuilloutan de la championne ; Clive n'était pas du genre à nier la vérité et à jouer de la mauvaise foi, ce qui tenait pour lui de l'arrogance et de l’imbécillité la plus totale. Il ne le fait jamais de toute façon, peu importe l'adversaire et le respect qui lui est donné. Et puis très sincèrement, la championne lui paraissait sympathique, chose qu'il fallait mentionner puisque généralement les gens l'indifféraient dans la grande majorité.

Devant eux se tenait maintenant un Haydaim, adversaire qui était donc semblable en de nombreux points à Ephraim. Le cheval poussa un hennissement joyeux, content de voir qu'il aurait un autre équidé à affronter, et battit doucement le sol avec ses sabots pour signifier son allégresse. Clive gloussa le plus discrètement possible, en jetant par ailleurs un coup d’œil dans les gradins pour voir si sa mère était toujours là, mais son regard fut alors attiré par une ombre mouvante qu'il aurait juré apercevoir. Il fronça les sourcils, surpris, et se demanda si il n'avait pas imaginé des choses, quoique son instinct (qu'il n'écoutait jamais de toute façon) lui disait qu'il y avait bel et bien un détail qui lui échappait. Mais peu importe : il y avait d'autres priorités pour l'instant.
L’arbitre siffla le début du deuxième round, et Clive hésita quelques secondes avant de finalement parler d'une voix assurée et calme.

« Carte blanche, Eph. »

Il aurait pu lui donner un autre ordre, ou bien lui donner une perspective d'attaque à suivre, mais quelque chose lui disait qu'il pourrait très bien se débrouiller tout seul. D'ailleurs, vu la lueur qui passait dans les yeux du Galopa, il avait une idée. Les croyances du compétiteur furent alors confirmées lorsque, en dépit des quelques blessures qu'il faudrait à coup sûr traiter après cela, Ephraim eut comme dessein de commencer à parcourir l'arène pour se donner de la vitesse et devenir un véritable boulet de canon inarrêtable, englobé d'un nuage de flammes qui prenait de plus en plus d'importance, signe qu'il avait bien l'intention de répéter son offensive, et cela le plus rapidement possible.

Badge n°3

VS Captain Hook

Clive n'aime pas utiliser de Boutefeu ; c'est une attaque brutale, dangereuse et qui pouvait surtout amener un revers de la médaille assez sévère. Rien que le coup porté à la Feuilloutan de la championne avait laissé d'assez vilaines blessures que Galopa, malgré le fait qu'il leur avait permis de remporter le premier round. Ephraim n'en montrait rien autant par fierté que par désir de continuer à combattre, et Clive ne lui avait rien fait remarquer pour l'instant, sachant pertinnement que c'était peine perdue que de tenter de raisonner son compagnon quand il avait décidé de quelque chose, surtout pour ce match qu'il avait tant attendu.  Ephraim est concentré sur sa tâche, s'attelant à courir, prenant quelquefois des virages pour continuer à tourner autour de son adversaire avec la ferme attention d'arriver à le toucher. La tâche serait dur, et le moindre faux pas rendrait les choses bien plus complexes : il y avait fort à parier que le Galopa ne supporterait pas à la fois l'assaut du Haydaim et le contrecoup de son attaque. Toutefois, les prévisions qui le rassuraient d'ordinaire et l'aidaient à prendre ses décisions ne pouvaient ne lui être que d'une utilité modeste ici, d'autant plus qu'il avait laissé au Galopa les pleins pouvoirs. Il ne savait pas et n'aurait pas pu dire si c'était une bonne idée ou non, mais il restait une chose de certaine : il avait l'air de savoir ce qu'il faisait, et c'était tout ce qui comptait.

Tout le long, Clive se surprend à ressentir une certaine angoisse. Il se rend alors compte que la peur de voir le Galopa échouer n'est pas tellement due à des histoires de badge, non, mais plutôt au fait que si jamais il perdait ce round, Ephraim prendrait sûrement un coup extrêmement rude pour sa fierté naissante. C'était après tout la première fois qu'il osait véritablement montrer sa force en public, et ce en dépit de son naturel doux et gentil la plupart du temps. Sa timidité était telle que si il était arrêté dans son élan, Clive se demandait sincèrement si il ne risquerait pas de perdre un peu de cette assurance qu'il venait de trouver... Mais là encore, c'était une chose habituelle dans les combats que de perdre ; à ses yeux, seul celui qui persistait à ne jamais vouloir admettre ses faiblesses était le perdant, rien de plus. Au final, même si l'arbritre sifflerait pour annoncer le nom d'un vainqueur, Clive ne considérait pas qu'il y avait de véritable gagnant dans un combat. Tout ce qu'il désirait voir, c'était si Ephraim parviendrait à atteindre l'objectif qu'il s'était fixé : combattre de toutes ses forces, et ce jusqu'au bout, tant qu'il le pourrait. Le reste n'avait quasiment aucune importance.

Après une longue période où Clive se demanda si Ephraim finirait véritablement par attaquer, le Galopa fit alors un virage brusque sur le côté, et se mit à zigzaguer, enfin décidé à porter son offensive. Entouré de flammes, de langues incandescendantes et auréolé de ce brasier destructeur, il s'élance, le regard vif. Il poussa un dernier hennissement et se jeta sur son adversaire ; le son de la collision résonna dans l'arène, et Clive eut l'impression que son coeur avait manqué un battement ou deux. Son regard chercha nerveusement Ephraim, et lorsqu'il l'aperçut enfin, il poussa un soupir de soulagement discret, avant qu'un sourire plus léger ne se dessine sur son visage. Le Galopa était certes amoché et fatigué, mais il tenait encore debout, quoique il tanguait toujours et si l'on observait un peu, on remarquait que ses pattes tremblaient sous le coup de l'épuisement. Leur adversaire ne pouvait plus se battre ; l'arbitre déclara la défaite de la championne, et immédiatemment après qu'Ephraim ait salué l'Haydaim pour le remercier de ce combat avec un hennissement joyeux et une brève caresse de la tête, il retourna vers son dresseur en marchant lentement.

Clive l'accueillit sans un mot, et passa avec douceur sa main sur la croupe du cheval avant d'observer ses blessures et de se retenir de faire un quelconque commentaire sur le fait que c'était de sa faute. Ephraim était épuisé, c'était un fait, mais il tenait tout de même à rester auprès de son dresseur quelques instants après ce moment rude. Le Galopa poussa sa tête contre sa main et, attendri, Clive continua ses attentions durant quelques secondes, voulant au moins le récompenser un peu avant de revenir à la maison, d'aller le soigner puis de lui offrir un repas de prince. Il ne pu que fondre davantage en constatant que les flammes de la croupe du cheval ne le blessait toujours pas, et qu'il sentait tout juste un léger air chaud rassurant et réconfortant.

« Tu as été splendide. Merci, mon grand. »

Il aurait pu le rappeler dans sa ball à cet instant, mais étant donné que c'était lui qui avait combattu, il avait bien plus le droit que lui de venir se présenter devant la championne pour la remise du badge. Il ne porta pas attention à la foule, quoique il aurait menti si il disait que durant quelques instants il n'avait pas regardé le visage de sa mère pour savoir ce qu'elle en pensait et que l'air admiratif sur son visage l'avait fait rougir de gêne, mais peu importait. Il prit le badge qu'on lui présenta et ne pu retenir au moins une phrase.

« Merci beaucoup. Bonne continuation à vous, surtout. »

Il n'était pas doué avec les mots, mais espérait au moins que la poignée de main qu'il avait proposé à la championne suffirait pour faire comprendre ce qu'il pensait. Il quitta l'arène sans rien dire, le boitier Hello Kitty dans une main et le badge Volonté dans l'autre avant de rappeler Ephraim. Par curiosité, une fois sorti, il ouvrit la boîte pour regarder ce qu'il y avait à l'intérieur et s'immobilisa. Arceus, si il avait pu imaginer que sa mère lui confierait ça un jour... Il sourit un peu en observant le vieux badge, qui devait au moins avoir plus d'une dizaine d'années vu ses souvenirs. Il savait où il irait pour son dernier combat, maintenant. Sans un mot, il serra l'objet poussiéreux dans sa main en se promettant de la remercier une fois rentré et débarassé du déguisement de Gabriel.