Me voilà à Amanil. C'est seulement la seconde fois que je vois cette ville : une fois lors de mon arrivée et une fois aujourd'hui. J'aurai préféré retrouver les immeubles et les boutiques dans un autre contexte que l'actuel je l'avoue.. Mais peu importe, j'avais le sourire aux lèvres en quittant la clinique car les soins s'étaient bien passés. La réputation de cet endroit n'est pas faussée, mais était-ce vraiment utile de s'inquiéter autant pour de si fines blessures? Je ne pense pas, voilà qui montre que je suis encore un dresseur inexpérimenté qui a beaucoup de choses à apprendre. Les infirmiers et docteurs ont bien rit lorsque que je suis entré dans le bâtiment en criant à l'aide... Ce n'est désormais qu'un souvenir de plus. Je brûlais d'envie de repartir à l'aventure! Découvrir à nouveau les beautés de cette nature! Mais mon estomac ainsi que mes pokémon en avaient décidé autrement. Ils avaient raison, après une aventure comme celle-ci, rien ne vaut un bon repas chaud et surtout : du repos. Je m'installais près d'un commerçant qui vendait toutes sortes de choses, des plats qui avaient l'air de plaire au peuple vu la foule qui s'entassait devant lui. À mon tour de commander, je me sentais de plus en plus intrus dans cet endroit mais ça ne me déplaisait pas.

" Una pizza, per favore. "

Je souriais à la vue de cette perfection culinaire sur la carte, de quoi me rappeler les qualités de ma terre natale. J'attendais quelques minutes devant le comptoir, écoutant plus ou moins discretement les discussions des habitants présents ici. Fasciné par cette langue inconnue, j'aurai pu rester à en entendre les vertus toute la soirée mais mon repas arrivait alors. Une pâte ronde recouverte de sauce rouge et placée délicatement dans une boîte carrée, rien ne me dépaysait. Tout était comme chez moi, le soleil tombait et j'ai trouvé que déguster ceci en admirant l'horizon n'était pas une mauvaise idée. Nous grimpions alors sur une petite coline, rien de bien hardue mais une vue dégagée très agréable. Je dégainais la pizza et la coupais en quatre, de quoi nous rassasier.

" Che schifo! "

Enfin, nous rassasier était un grand mot.. Jeff lui était heureux car il mangeait son miel qu'il ne voulait pas partager, mais lui aussi avait trouvé cette pizza dégoutante! Polarhume trop timide pour oser se plaindre finissait sa part en arborant un sourire forcé. Il n'y a pas photo, même si à la vue les pizza de la région ont l'air suculantes, nous regrettions Lorenzo et ses pizzas en face de la rue Somatino.. J'observais le carton et voyais la part restante, déstinée à Skar. Je me demandais si il était bon de le sortir tout de suite de sa pokéball, allait-il être déchaîné? Malgré-tout, je devais essayer. C'est mon pokémon et il doit m'écouter.


Une traînée rouge sang s'échappait de la pokéball prenant tout d'abord la forme de l'oiseau de fer avant de disparaître pour que nous puissions voir son armure grisée refleter le soleil. Il était là, les ailes rangées, m'observant dans le blanc des yeux d'un air arrogant. Je sentais qu'il avait compris, qu'il savait qu'il était maintenant obligé de faire la route avec moi. Malgré ça, je ne le sentais pas obéissant. Il y avait dans son regard un air arrogant que je ne saurai d'écrire, je lisais déjà dans ses yeux et j'avais l'impression qu'il en était de même pour Jeff et Sam. En tant que bon dresseur je me devais de faire le premier pas. Je m'abaissais pour récupérer au sol la part d'Airmure, et m'approchais de lui lentement l'air décontracté. En réalité je ne l'étais pas, j'avais peur de sa réaction comme une femme face à un chien sauvage. Je me mettais sur la pointe des pieds et tendais le bras vers le haut, me rendant compte de plus en plus de sa hauteur. Il m'observait froidement, avant de sèchement battre des ailes et tourner son bec vers le ciel. J'insistais, et si après quelques minutes il décidait enfin de manger ce qui lui était dû, je ne pense pas qu'il m'acceptait pour autant. Il était forcé de le faire parce que la faim le démangeait. Je souriais tout de même pour paraître gentil et rangeais toutes mes affaires à l'aide des oursons, nous descendions.