« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Broken [OS]

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Weston Elric
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MessageSujet: Broken [OS]   Broken [OS] EmptyLun 23 Fév 2015 - 17:00


• Broken •


I open my eyes
I try to see but I'm blinded
By the white light

Un bourdonnement sourd. Des gémissements désespérés et des coups de griffes de l’autre côté de la porte. Un téléphone qui sonne, au loin. Tout est loin, si loin. À la fois si près, mais aussi trop loin pour m’atteindre. Mais cela n’a plus d’importance, à présent. Plus aucune importance. Malgré les manifestations de Mystique qui s’inquiète de l’autre bord, je reste plaqué contre le sol froid de la salle de bain. Je ne peux plus me relever, à présent. Il est trop tard, de toute manière. Pris d’un spasme violent, je resserre la bouteille de médicament vide. Il est trop tard, maintenant. Je les ai pris. Je les ai avalées. Tous. Je les ai avalées. Chacune de ces pilules. Chaque cachet jusqu'au dernier. J’ai décidé de cesser de souffrir. De culpabiliser. De me répugner. J’ai décidé de mettre fin à la tension. De résoudre mes problèmes une bonne fois pour toute. J’ai décidé d’en finir. J'ai décidé... de mourir

Un nouveau spasme s’empare de moi, cette fois plus violent. Ma respiration se fait saccadée, difficile. Je perds mon souffle. Mes mains se portent à ma gorge, par réflexe. Est-ce donc le moment? Est-ce donc l’heure de dire adieux à ce monde? De lâcher prise? De laisser la dose faire son effet? Je n’ai pas totalement conscience de ce qui se passe, mais je peux quand-même sentir une douleur s’installer dans mon corps qui s’engourdit doucement. Ma vision se trouble, et mes mains se resserrent contre une gorge qui ne laisse plus rentrer l’air. C’est la fin. La fin de ma souffrance. La fin de mon périple. De mes épreuves. De mes malheurs. Mais aussi de mes instants de paix. De mes câlins avec la femme que j’aime. De mes soirées avec Max ou encore Riku. La fin de tout. Plus de soucis, plus rien. Que la fin, que la mort. Je veux la laisser m’embrasser, je veux la laisser venir me quérir. Me retirer à cette vie de merde qui ne fait que m’écraser à chaque fois que je tente de m’en sortir. Des efforts, j’en ai fait. J’ai plus qu’essayé. J’ai plus que fait ma part. Et au final, tout ceci n’aura rien donné. Ce n’aura été que perte de temps, perte d’énergie, perte totale. Un sentiment de rage m’envahis alors qu’un nouveau spasme me clou sur le plancher. Je me maudis. Maudit d’avoir tenté en vain. Maudit d’avoir entrainé tant de monde dans mon monde. Maudit d’être né. Ma mère aurait dû avorter, comme mon père le disait si bien. Elle aurait dû mettre fin à cette grossesse qui n’a apporté que malheur. Elle a mis un démon au monde, et aujourd’hui, je fais ce qu’elle aurait dû faire il y a vingt-six ans.

Les grattements contre la porte se font plus insistants. Je ne sais pas combien de temps se sont écoulés, mais la Zorua s’inquiète, sans doute alertée par ces bruits étranges provenant de mon tombeau. Elle gémit de plus belle, me suppliant de bien vouloir lui ouvrir. La pauvre n’a aucune idée… Elle n’a aucune idée qu’elle ne me reverra jamais. Qu’elle ne se glissera plus jamais sur mes cuisses pour recevoir des caresses. Elle ne se doute de rien, et pourtant elle s’inquiète. Comment lui en vouloir, après tout? Depuis une semaine, je ne suis plus le même. Depuis une semaine, depuis que j’ai su, j’ai abandonné tout ce pour quoi j’avais tant travaillé. La jeune renarde a assisté à toutes mes crises, aussi violentes soient-elles. Elle m’a vu abuser, elle m’a vu me détruire.

And I can't stand the pain
And I can't make it go away
No, I can't stand the pain

Mon cœur bat à toute allure. Lui craint la suite des choses, mais pas moi. Moi, je veux en finir. Cette décision, je l’ai prise. Et cette fois, je ne me manquerai pas. Trois fois j’ai eu peur. Trois fois j’ai été trop lâche pour me rendre jusqu’au bout. Mais pas cette fois. Aujourd’hui, je veux aller jusqu’au bout. Je me le dois. Je le dois à la société qui sera mieux sans moi. À Max qui a déjà suffisamment de soucis. À Mercy qui mérite tant mieux. À tous. À tous qui serait mieux sans moi. Je ne veux plus être un fardeau pour eux. Je ne veux plus les tirer vers le fond avec moi. Bien entendu, je sais qu’ils vivront un choc. Ils m’en voudront. Me maudiront. Mais au final, ils comprendront. Et ils seront libérés. Je me sens rassuré, libéré par cette pensée. De savoir que je leur rends service. Alors je me permets de lâcher prise, de me laisser aller. Et pourtant, mon corps, lui, résiste toujours. Il combat l’effet des médicaments qui cherchent à m’enlever la vie. Il combat le sommeil qui vient me chercher. Sans même que je n’ai mon mot à dire, ma main s’est agrippée à la cuvette de la toilette et je me suis redressé d’un bond. Non, non pitié, pas ça. Je ne veux pas les recracher. Je ne veux pas continuer cette vie misérable. Je ne veux plus passer mes journées à penser à ma prochaine dose. Je ne veux plus… Plus être un danger, un fardeau, un monstre. Je ne veux plus, et pourtant, mes muscles se contractent malgré moi. Dans une toux sonore, j’expulse ces corps étrangers cherchant à me tuer. Je les recrache, les uns après les autres, avant de retomber mollement contre la céramique. Mon corps tremble toujours, froid et couvert de sueurs. Froid, tremblant, mais vivant.

I'm slipping off the edge
I'm hanging by a thread
I wanna start this over again

Vivant. J’ai échoué dans cette dernière tentative de faire du sens dans ma vie. Arceus, pourquoi ne puis-je pas mourir? Pourquoi ne puis-je pas mettre fin à cette vie de débauche et de douleur? Pourquoi… Mourir était mon dernier souhait, et on refuse de me l’accorder. De me laisser partir. Cette fois, ce n’est pas un spasme qui me secoue mais un sanglot violent. Encore, encore je me trouve ici à pleurer. Moi qui avait l’habitude de jouer les durs, combien de larmes ais-je laissé couler ces derniers temps? Trop. Trop de larmes, trop de peine. Trop de douleur. Trop de douleur que je ne peux plus supporter. Et si la mort ne peut pas m’apporter la paix d’esprit, alors il me faudra trouver une autre solution. N’importe quoi, mais je veux en finir.

Je libère un gémissement semblable à ceux de Mystique qui s’est mise à pleurer de l’autre côté de la porte. Faiblement, je me glisse à quatre pattes jusqu’à la fameuse porte. Il me faut tous les efforts du monde, mais je finis par réussir à la débarrer et l’ouvrir. Aussitôt, c’est une petite Zorua en larme qui se lance dans mes bras, tremblante comme une feuille, envahie par la peur et l’émotion. Pris d’un nouveau sanglot, je glisse la petite dans mes bas, la serrant fort contre mon cœur, couché contre le plancher de céramique de la salle de bain. D’une main tremblante, je m’empare de mon téléphone gisant à mes côtés. Mes doigts réussissent avec pleine à composer ce numéro que je connais par cœur, malgré mon esprit encore troublé par le mélange de substances dans mon corps. Trois sonneries résonnent dans le combiné, jusqu’à ce qu’une voix masculine que je connais si bien se fasse entendre.

-…Max…? Max, j’ai besoin de toi… S’il-te-plais, j’ai besoin de toi…

Ce sont les seuls mots que je parviens à prononcer avant de laisser tomber le combiné et de fondre en larme de nouveau. J’ai besoin d’aide. Si je ne peux pas m’accrocher à la mort, alors j’ai besoin de quelque chose pour m’accrocher à la vie…

As I'm fading away
I'm sick of this life
I just wanna scream
How could this happen to me?




(c)Golden


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Broken [OS]

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