« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Joyeux whisky [OS]

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Mikael J. Evans
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Mikael J. Evans
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MessageSujet: Joyeux whisky [OS]   Joyeux whisky [OS] EmptyMar 12 Jan 2016 - 22:43



Joyeux whisky

Évolution d'Achille

« Besoin d'une tasse en plus ? »

La voix mi-fatiguée, mi-amusée d'Adam le tira de sa rêverie et il releva la tête du fond de son gobelet vide, terminé en quelques secondes à peine. A moitié endormi sur son bureau couvert de papiers, il poussa un grognement semblable à un bruit interrogatif.

« Ça va faire trois heures que tu es enfermé ici. Me disait qu'il devait être fini, depuis le temps. »

En toute honnêteté, il ne s'était même pas rendu compte du temps qui était passé. Ce n'était pas la faute d'une quelconque bouteille d'alcool ou d'une série télévisée, ni d'une séquence de lamentations pathétiques, mais il n'était pas vraiment sûr non plus de pouvoir distinguer une véritable cause. Ou du moins, pour aujourd'hui. Il est bien au courant, merci bien, de ce qui le turlupine et lui torture l'esprit depuis des semaines maintenant. En fait, quiconque avec un tant soit peu de matière grise s'en serait douté. Mais aujourd'hui, il n'avait pas pu se noyer sous le travail, les recherches et les corvées pour l'oublier, comme il avait tendance à faire devant les rares sujets épineux qui pouvaient le tourmenter.
Après l'incendie, il s'était plongé dans son travail, accumulant travaux après travaux, manipulations inutiles, manœuvres superflues, jusqu'à ce qu'il ne finisse par s'endormir sur son propre bureau, mis à terre par l'épuisement. Tout était nécessaire pour occuper son cerveau devenu trop actif, trop vif parfois pour être anesthésié à coup d'un simple 'n'y pense pas'. C'était une nécessité de survie, maintenant qu'il y pense, aussi difficile que ce soit pour sa fierté d'admettre cela. Si il n'avait pas eu cela pour se motiver, il n'ose pas imaginer dans quoi il se serait réfugié ; le café ne l'aurait satisfait qu'un temps. Les filles l'auraient dégoûté. L'alcool, il ne s'en serait jamais approché, ne connaissant que trop bien les effets pervers qu'il peut avoir. Au fond, peut-être qu'il se serait défoulé sur ceux qui passaient devant lui. Peut-être qu'il aurait brisé des crânes et des nuques avec comme seul objectif de se sentir plus vivant, comme tant de larves sans buts qu'il avait vu auparavant.

Oh, il n'est pas à un cinquième de l'état dans lequel il avait été lorsqu'elle était morte. Ce n'était en rien comparable. Mais il y assez de pensées noires qui l'assaillent pour qu'il se rende compte que quelque chose cloche. Pas besoin d'être un génie, certes, mais il le reconnaît et il tente tant bien que mal depuis près de deux semaines de s'en débarrasser. Impossible, toutefois, de faire quelque chose de pareil aussi simplement. Hé bien oui, ce serait trop facile, hein.
Peu importe combien de fois il tente de se dire qu'il passera au dessus, que ce n'est pas la pire des choses qui puissent lui arriver, rien ne change. Il peut se sortir toutes les excuses optimistes et positives à la con qu'il veut, elles finissent vite par disparaître étant donné que la situation, elle, ne change pas. La frustration de ne pas parvenir à se le retirer de la tête le rend plus irritable, encore moins patient que d'ordinaire et beaucoup moins clément. Même en mission, il avait cessé ses habituelles blagues et calembours, se contentant généralement de terminer ses cibles le plus rapidement possible.

Clive n'avait pas abordé le sujet. Intelligent comme il était, il a compris que c'était risqué et n'était pas assez masochiste pour s'aventurer en terrain miné, lui proposant juste plus d'entraînements que la normale, comme si il espérait le calmer en le laissant se battre. Inutile, néanmoins. Même le sport ne lui vidait plus l'esprit.

« Tu devrais pas être chez toi, aujourd'hui ?
- J'devais, en théorie. »
répondit le jeune homme en posant la tasse d'où s'échappait encore une mince fumée blanchâtre sur le bureau.

Assis sur sa chaise, le médecin ouvrit un œil pour le poser sur son assistant, qui s'était posé sur le bureau, sans gêne comme à son ordinaire. Le châtain prit quelques feuilles pour les examiner durant quelques secondes, et finit par hausser les sourcils, tandis qu'une moue amusée et un poil dédaigneuse s'étirait sur son visage. Le borgne finit par prendre un ton sarcastique.

« J'allais dire que tu devais être en train de taffer, mais on dirait que c'est pas vraiment le cas.
- Hé bien, j'allais m'y mettre.
- En dessinant des rats et des serpents mutants baraqués en train d'escalader des immeubles ? »


Le nez devant ses créations, Mikael eut la décence de ricaner bêtement, surtout en voyant certains détails, comme des petites crottes disséminées un peu partout ou des enfants écrasés au sol, derrière une horde de gribouillis censés ressembler à des tas de singes montrant leurs derrières bien roses.

« T'as vu ce que je leur ai dessiné en pl-
- Oui, j'ai vu. T'attends quoi pour rentrer, donc ? »


La question n'est pas supposée avoir de réponse, le barbu le saisit vite. Si Clive connaît beaucoup de chose sur lui, Adam est celui qui sans conteste le bat. Purement et simplement. Ce n'est pas le même style de relation, après, ni le même fonctionnement. Le borgne est plus proche sans vraiment l'être, c'est un équilibre étrange que Mikael n'a jamais vraiment questionné, pas franchement fan du fait de se prendre la tête sur la manière de définir des amitiés.  

« Que ce soit ici ou là-haut, c'est encore chez moi ici, nan ? T'es pas dans ton appart, que je sache.
- Vais revenir vivre ici. Heureusement que je n'avais pas encore bougé une partie de mes cartons... »


Dehors, quelques lampions et lumières colorées continuaient de clignoter, tandis que des passants pressaient le pas pour se diriger rapidement vers les habitations, sans même jeter un coup d’œil aux magasins dont les devantures étaient fermées depuis plusieurs heures déjà.
En entendant cela, le chercheur haussa les sourcils, surpris, et dévisagea son assistant.

« Attends, mais t'étais si content d'aller t'installer avec ta copine que-.... Oh. »

Comprenant soudainement, il se tut, tandis qu'un rictus jaune apparaissait sur le visage du cadet.

« Ouais. Elle m'a largué ce matin, par texto. Apparemment, elle avait dit à ses parents qu'elle m'avait quitté depuis une semaine déjà. J'étais le dernier à être au courant, visiblement. 
- Aouch. »


Le mot était sorti tout seul, sans qu'il n'ait eu une autre idée sur quelque chose qu'il aurait pu dire. Son assistant gloussa.

« Hé ben, parle d'un remonte-moral !
- J'suis pas ton psy, pirate de carrouf.
- Ça tu m'étonnes, c'est toi qui en a le plus besoin. »

La réplique d'Adam le fit se taire immédiatement, et il leva les yeux au ciel, agacé. Touché, certes, mais cela ne l'empêchait pas d'être un peu dépité (et de mauvaise foi) par le fait d'avoir été lu comme un livre. Il finit par prendre la tasse que lui offrait son assistant et un micro-sourire se dessina sur son visage quand l'amertume de son café fut ressentie par ses papilles.

« Donc. Envie de causer ?
- Nan.
- M'en doutais. »


Adam n'allait pas tenter de convaincre son patron de le faire ; c'était complètement inutile, et relativement dangereux. Mikael crut qu'il allait partir, au départ, mais le jeune médecin se dirigea vers une armoire qu'il ouvrit, dans laquelle il farfouilla un peu, et finit par sortir une jolie bouteille de whisky qui attira immédiatement l'attention du barbu. Celui-ci haussa les sourcils, surpris.

« Depuis qua-
- J'avais prévu qu'on la vide quand je serais installé. Du coup, autant qu'on s'en occupe.
- Pas con. »


Le médecin-chercheur gloussa, amusé, sans pourtant que l'idée de boire ne calme le nœud dans son estomac. Non, peu importe ce qu'il faisait, cette sensation de honte et cette envie de tout laisser tomber ne disparaissaient pas. Adam n'avait pas l'air aussi déprimé qu'il aurait pu l'être, toutefois, même si son œil un peu rouge en disaient long sur comment il avait vécu sa rupture. Stupide jeunot sensible.
Maintenant qu'il y pensait, au moins, il n'avait pas l'impression d'être le seul con paumé du coin. C'était peut-être la meilleure façon qu'il avait de gérer tout ça. De gérer le fait d'avoir eu un second enfant, avec une femme qu'il n'aimait pas, alors même que ses recherches pour retrouver son fils piétinaient toujours et que la honte qu'il ressentait en pensant à Rachel continuait de l'assaillir. Parce que hormis marmonner dans sa barbe, pester et envoyer balader tous ceux qui dépassaient d'un peu trop ses limites, on aurait pu croire qu'il n'avait rien tenté. Mais si. Sauf que ses tentatives résultaient par des échecs qui l'énervaient encore plus. Vous voyez le cercle vicieux, n'est-ce pas ?
La gorge chauffée par le whisky, il rigola ouvertement.

« On a quand même l'air de sacrés gros cons, là...
- Tu m'étonnes. »


Dehors, quelques courageux gamins continuaient de beugler des chants de Noël. Mais eux, ils restaient enfermés dans un bureau, quelquefois surpris par le son des pokémon qui se baladaient librement dans le centre

« Beh, à la limite tant que c'est juste l'air...
- N'espère pas trop. »

Adam gloussa et prit une nouvelle gorgée dans sa boisson. Puis, après quelques secondes passées à fixer son verre, son œil unique se posa sur l'aîné.

« Tu vas vraiment le faire, donc ?
- Faut croire.
- T'as envie ?
- Si j'ai envie d'élever une gamine ? Aucune foutue idée. Faudra bien. J'ai le temps d'y réfléchir, de toute façon. »


Le plus jeune grimaça en voyant le barbu vider d'une traite son gobelet, comme si ce n'était rien.

« On est pas là pour parler emmerdes, par contre. Si c'est le cas je me tire.
- Nan. Juste... C'est quoi ce bruit ?
- Quel br- »


Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. La porte s'ouvrit brutalement et un Skitty lui atterrit sur la face sans qu'il n'ait eu le temps de dire quoi que ce soit, le faisant tomber en arrière. Son gobelet, bien évidemment, se renversa et libéra son contenu sur le médecin. Celui-ci voulut attraper le chat pour lui donner une bonne correction, car même si Adam était son dresseur le jeune homme manquait cruellement de cran lorsqu'il s'agissait de Kedi, mais raté. Mikael se releva et constata avec surprise que le chat était en train de fuir un Kapoera à l'air furieux, qui le pourchassait sans relâche, dévastant par la même occasion le bureau du médecin. Si il était content de voir le Débugant sous forme évolué, il était moins heureux de l'apercevoir Celui-ci grogna.

« Je retire ce que j'ai dit. Ce sont les emmerdes qui viennent nous chercher en fait.
- Oh la ferme. »

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