« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Not so Brave [OS]

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John Lewis Armstrong
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MessageSujet: Not so Brave [OS]   Not so Brave [OS] EmptySam 20 Déc 2014 - 5:51


 Not so Brave
feat. Taïga


Assit confortablement dans mon siège, je laisse le décor défiler devant mes yeux. Les imposantes montagnes au loin me semblent si petites d’ici, que je songe l’espace d’un instant à en attraper une et la manger. Je m’apprête d’ailleurs à le faire, sous le regard intrigué de la petite Vivian, quand soudainement je suis arrêté dans mon geste par un mouvement brusque du train. Le coup de frein brusque me propulse hors de mon siège, m’envoyant me fracasser contre la fenêtre qui se brise sous l’impacte. Je n’ai rien à quoi m’accrocher, personne pour me rattraper. Aucune manière de stopper cette chute. Je tente de crier, mais aucun son ne sort de ma bouche, et je tombe, alors qu’aucun de mes Pokémon ne remarque mon absence. La petite Vivian qui pourtant m’observait avec grande attention ne me voit pas, et se contente de rire gaiment avec ses alliés. Et moi, je tombe. Je tombe pendant ce qui me parait une éternité, voyant le sol rocailleux se rapprocher de plus en plus de moi. Je le vois, je vais m’écraser, je vais…

Le souffle coupé, je me redresse d’un bond, couvert de sueur, cherchant un repaire quelconque des yeux. Je tâte mes draps des bouts des doigts encore tremblants. Tout va bien, je suis dans ma chambre. Ce n’était qu’un cauchemar. Qu’un mauvais rêve, pourtant si réel. Je ferme les yeux et cherche à retrouver une respiration un peu plus normale. Complètement épuisé par cette aventure terrifiante, je me laisse retomber contre mon oreiller, prêt à me rendormir, quand soudainement, un bruit plus que louche me force à me redresser de nouveau. Un bruit lourd, comme si quelque chose venait de se fracasser contre le sol. Je songe immédiatement à l’œuvre de l’un de mes Pokémon. Peut-être l’un d’eux s’est-il levé pour aller chercher je ne sais trop quoi à la cuisine, d’où provenait le bruit? Une part de moi veux ne plus y songer et retourner dormir, mais à force d’y réfléchir, l’inquiétude me gagne. Et si ce n’était pas un des miens? Et si…? Un frisson me parcourt le corps. Et s’il s’agissait d’un dégénéré? Un fou à la recherche de sa prochaine victime? Et si je finissais découper en rondelles? Malgré la chaleur qui règne dans la pièce, je me sens trembler de tous les membres de mon corps. Aussitôt, je cherche du bout des doigts une Pokéball quelconque, je réalise au contact froid de la table de chevet qu’elles ne s’y trouvent pas. Sans doute les ais-je laissé dans une autre pièce. Rien pour me rassurer quoi…

La gorge sèche, je me lève avec la plus grande discrétion. Pas question que je laisse savoir au tueur où je me cache… Et comme si j’avais fait ça toute ma vie, je m’empare de ma lampe de chevet, que j’empoigne comme on prendrait une arme. S’il s’agit vraiment d’un tueur, je devrai me défendre. Mais s’il avait un fusil? S’il me tirait à la première occasion? Ma lampe ne me servirait pas à grand-chose dans ce cas… Peut-être devrais-je me contenter de me cacher dans la garde-robe et contacter la police. Mais en même temps, avec toute l’expérience que j’ai accumulé au fils des années en termes de films d’horreur, c’est toujours ainsi que ça commence. Si ce fou a pris la peine de pénétrer dans mon appartement, il ne reculera certainement pas avant de m’avoir trouvé, et il le fera certainement avant que la police n’arrive. Je me sens de moins en moins en sécurité, et de plus en plus, la seule solution me devient claire : le surprendre avant qu’il ne me surprenne. J’ai un avantage, après tout, car je connais mon appartement par cœur.

Après une grande inspiration, je me mets à avancer, absolument incertain de ce que je m’apprête à faire. Je suis sans doute fou, et probablement n’ais-je pas toute ma tête à cause de la fatigue, mais je m’avance sur la pointe des pieds, les yeux fixés sur la pénombre qui se dessine devant moi. À pas de félins, je me glisse jusqu’à la porte de ma chambre, que j’entrouvre avec la plus grande délicatesse. Aussitôt, je peux apercevoir une petite lumière se promener dans le salon, se glissant sur mes tablettes, s’arrêtant finalement sur mes appareils électroniques. Mon cœur se fige alors. Il… Il y a bel et bien quelqu’un dans ma maison. Je sens toute ma bravoure me quitter. Je ne suis plus qu’une poche vide. Même mon cœur ne bat plus. Il y a quelqu’un. Quelqu’un qui inspecte mes possessions avec un soin minutieux. Je veux crier. Je veux crier à l’aide, et je dois porter une main à ma bouche pour éviter de me vendre. Ma respiration devient saccader, et mes tremblements sont tels que je finis par échapper la lampe que je tenais pourtant fermement. Je viens de signer mon arrêt de mort. Je viens de m’enterrer. La lumière se retourne vivement vers moi, m’aveuglant, me poussant à reculer. Je ne songe même pas à fermer ma porte, non, je ne fais que reculer, et m’enfarger lamentablement dans mes propres pieds, tombant bêtement sur les fesses. Je vais mourir. Il sait que je suis ici. Il va me tuer. Me tirer une balle en pleine tête. Je veux crier. Pleurer. Hurler. Pourtant aucun son ne sort. Pourtant je reste là, sur le sol, les yeux clos, les poings serrés. À attendre mon sort. Je l’attends, j’attends ma mort. Je peux entendre les bruits de pas pressés de l’intrus, mais à ma grande surprise, ils ne viennent pas vers moi. Surpris, j’ouvre les yeux, pour réaliser que personne ne se tient devant moi. Je ne suis pas mort. Personne ne m’a tué. À genoux, je me glisse vers le cadre de ma porte pour voir cette petite lumière se glisser par une fenêtre briser. Il… Il a fuit…

Je dois rester ainsi à terre de bonnes minutes avant de retrouver un semblant de tonus dans mes muscles. Je tremble encore, et mon cœur bat la chamade. Il a fuit. Il s’est tiré. Je… Je suis sauvé. En vie. En vie… Toujours secoué, je me glisse jusqu’à salon où je me laisse tomber sur le canapé. Je refuse toujours de faire le moindre son, incapable de me sentir pleinement en sécurité. J’ai besoin de réconfort. J’ai besoin d’un de mes Pokémon. J’ai besoin de n’importe qui. Je veux du réconfort. Je veux… Je veux ma sœur. Je veux qu’elle me  réconforte. Oui, voilà. Je veux ma sœur, je veux Mercy. Je veux cette famille qui s’est montrée à moi. Cette famille qui m’a promis d’être à mes côtés pour le meilleur et pour le pire. En petite boule dans une couverture, sur le sofa, je m’apprête à agripper mon téléphone portable et composer le numéro de Mercedes quand un autre objet attire mon attention. Un sac. Un sac laissé sur la table du salon. Il ne m’appartient pas, et je comprends aussitôt de quoi il s’agit. Le butin de l’homme qui s’est introduit chez moi. Il l’a sans doute oublié sous la panique. Mon cœur se sert. Et s’il revenait? Et s’il revenait le chercher? S’il revenait? Non, je ne veux jamais revoir cet homme chez moi. En panique, je m’empare du sac avec la ferme intention de le lancer par la fenêtre. Je ne veux pas de ça chez moi. Je ne veux pas de ces objets dérobés chez moi! Dans un mouvement brusque j’agrippe le sac, mais étant ouvert, son contenu se déverse sur le plancher. Les bijoux et autres objets glissent contre mon plancher, et avec eux un imposant objet de forme ovale, luisant légèrement.

Les sourcils froncés, je me penche vers l’étrange sphère qui brille tantôt doucement tantôt aveuglement, à la manière d’un cœur qui bat. Il s’agit d’un petit œuf. Un œuf sur le point d’éclore. Décidemment, pas question de me calmer ce soir! Encore plus en panique, je m’empare du petit ovale qui se met à briller avec intensité suite au contact avec ma peau. La lumière est telle que je dois détourner le regard jusqu’à ce que celle-ci cesse. De nouveau dans la pénombre, la lumière ayant cessé, je peux de nouveau observer ce qui se tient dans mes mains. Légèrement aveuglé, je ne parviens pas à déterminer de quoi il s’agit, mais le petit être pousse un petit « Togi-Togi! » qui me donne un bon indice.

Les jambes ramollies par l’émotion, je me laisse de nouveau tomber sur le canapé, le souffle court. Arceus, mais qu’est-ce qui vient de se passer? Il doit être environs trois heures du matin, et je me tiens dans mon salon avec une petite Togepi volée dans les bras. Je ne sais plus quoi penser. J’ai la tête qui tourne, et si ce n’était pas de ce courant d’air frais venant de ma fenêtre brisée par le cambrioleur, sans doute me serais-je évanoui. John, tu n’es décidemment pas fait pour tant d’émotions… Et que suis-je censé faire d’elle? Que dois-je faire de cette petite créature absolument adorable qui n’a jamais rien demandé. Elle qui vient juste de venir au monde, elle qui est innocente et qui pourtant commence son existence dans le crime? Que suis-je censé en faire? Ma tête tourne. Je voudrais ne jamais m’être réveillé. Je voudrais encore dormir, je voudrais avoir laissé cet homme faire sa besogne, quitte à y perdre ma Playstation et mon lecteur DVD. Quitte à me retrouver dénudé le lendemain matin. Je voudrais ne jamais avoir vécu ce stress inutile. Ce stress qui fait battre mon petit cœur déjà bien faible. Respires, John… Je voudrais l’avoir laissé fuir avec son butin, et pourtant… Pourtant, s’il avait filé avec mes biens, il l’aurait emporté, elle aussi. Il aurait emporté cette petite créature absolument adorable. Et qui sait quelle sorte de vie elle aurait alors mené? Sans doute aurait-elle été vendue, ou alors entrainée à voler… Comment infliger un tel sort à un si petit être? Comment même songer à lui faire subir ce genre de choses?

-Demain j’irai te déclarer aux autorités avec tout le reste, petite mignonne. Et si personne ne vient te réclamer, je me ferai un plaisir de te garder, qu’est-ce que tu en dis?

Un petit cri de la Togepi suffit à me signifier que la petite est parfaitement d’accord avec mon plan. C’est donc décidé. Mais en attendant, j’ai toujours besoin de réconfort. J’ai toujours besoin d’une voix douce et connue. J’ai toujours besoin d’un contact, même bref et endormi, de ma grande sœur. La Togepi contre mon corps, je m’empare de mon portable et je m’active aussitôt à composer le numéro que je connais par cœur.



(c)Golden
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