Age : 31 Messages : 327 Date d'inscription : 12/03/2015
Âge du personnage : 26 ans Métier / Études : Responsable d'une équipe des relations publiques du Régime Pseudonyme(s) : Gwen, surnom au sein du Régime Flow, surnom de Compétitrice
Niveau : 65 Team active :
Némélios ♀ - Sia - Tension - Modeste
Mentali ♂ - Ren - Synchro - Assuré
Clamiral ♂ - Shen - Torrent - Solo
Porygon-Z* ∅ - Code - Adaptabilité - Relaxe
Elekable ♂ - Zeek - Statik - Doux
Lockpin ♀ - Juno - Joli Sourire - Joviale
Sujet: The Yes-Man |OS| Sam 31 Déc 2016 - 21:44
The Yes-Man
OS d'évolution/éclosion
«Ce sont les Pokémon que vous avez capturé près des ruines du Titak, si je ne m’abuse?»
Je sursaute en surprenant une voix derrière moi. Le Centre Pokémon d’Amanil est achalandé, même pendant cette période festive de l’année où la majorité des gens auront trouvé refuge auprès de leurs familles. N’importe lequel de ces dresseurs auraient pu s’entretenir ensemble, mais il fallait que je sois celle dont on vienne départir de sa solitude. Je reconnais aussitôt l’intonation, brutalement indifférente et détachée, l’expression même du calme et de la contenance. Je fais volte-face pour considérer mon interlocuteur, confirmant ainsi mes soupçons. Parcourue d’un frisson d’horreur, je fais signe à Ween et Osiri de poursuivre leur entraînement tel qu’ils le faisaient quelques instants plus tôt sous mon regard scrutateur et attentif. Nous avons travaillé durement tous les trois afin de leur permettre de rattraper le niveau des autres. J’ai découvert avec satisfaction que l’un comme l’autre se débrouillent parfaitement bien en combat. Tour à tour lors de ces derniers jours, ils ont évolué. Ween le premier, aujourd’hui un magnifique Tutankafer qui toise intensément le nouveau venu ayant interrompu la séance. Pour sa part, Osiri la Baggaïd s’impatiente de retrouver son partenaire d’entraînement qui ne lui offre plus la moindre attention. Monsieur Strauss ignore totalement la manière presque indiscrète dont le spectre le regarde pour reporter son attention sur moi. Malgré mon calme apparent, je me sens me crisper devant cette intervention de la part de mon patron.
L’allemand et moi n’avons pas les mêmes habitudes. Nous appartenons à des mondes parallèles qui jamais ne cohabitent. Les seuls instants où nos existences parviennent à se rejoindre sont orchestrés par nos boulots respectifs. Si j’ai cru à une époque que nous pourrions devenir amis malgré nos différences, je connais désormais la vérité à son sujet. Derrière ce que j’ai mépris pour de l’affection et de l’estime, j’ai découvert une indifférence obstinée pour le monde et l’expérience humaine. S’il se trouve ici aujourd’hui, parmi cette foule de dresseurs et de leurs acolytes au cœur d’un centre populaire, c’est qu’il possède une raison de le faire. D’ailleurs, son uniforme militaire attire de nombreux regards. Il jure. Et Strauss déteste jurer. Il aime régner. Ce qui ne signifie véritablement qu’une chose, qu’il est venu ici pour asseoir sa domination sur une de ses principales sujettes. Je me détourne de lui néanmoins en lâchant un «han-han» affirmatif. Ici, je n’ai pas à répondre de son autorité. En dehors des heures de travail, je mène une vie toute autre, une vie que j’aime prétendre de libre.
«Vous avez fait vite pour les évoluer, félicitations mademoiselle Banks.»
«Il y a quelque chose que je peux faire pour vous, monsieur Strauss?»
Mon ton claque, sec. Il ne suffira pas à le repousser. Il est le vautour qui attend que sa proie ne s’épuise sous le soleil aride des déserts. Il est patient, bien plus que je ne le serai jamais. Bien entendu, ma tentative de mettre une distance entre nous ne suffit pas. Pire, il s’approche malgré le dos que je lui ai tourné pour poursuivre mon entraînement.
«Oh non. Je venais juste constater. On m’a dit que je pourrais vous trouver ici. Vous êtes véritablement une excellente dresseuse, un atout pour le Régime.»
Je peux presque m’entendre dire «gnangnangnan» dans ma tête. Sauf que je me décide à l’ignorer, lui et ses discours qui ne mènent nulle part. Je reste d’ailleurs concentrée à ma tâche tandis que mes alliés reprennent leur ballet brutal à quelques pas de moi. Devant mon silence, monsieur Strauss s’obstine.
«Vous êtes dédiée à eux et eux à vous. Une histoire véritablement inspirante. Et vos exploits dans la Compétition… vous en êtes à combien de Badges désormais? Un, deux? L’Élite vous attend cette année une fois de plus à coup sûr.»
«D’accord, qu’est-ce que vous voulez?»
Je craque. Facile, dira-t-on. Mais depuis le temps que je dois composer avec ses charades, ses menaces voilées et ses jeux de fumée, ma patience atteint sa limite.
«Je ne travaille pas aujourd’hui, à ce que je sache, maintenant s’il vous plaît, j’aimerais bien qu’on me laisse tranquille. Je vous verrez demain matin à l’heure prévue.»
«Oh, je souhaitais simplement mesurer par moi-même l’étendue de vos progrès.»
Je frissonne. Ces progrès m’appartiennent. La Compétition, mes Pokémon, mes entraînements. Ils sont tout ce que j’ai présentement.
«Vous avez vu maintenant.»
«Cassey je… Je voulais vous encourager. Hum. Je réalise que nos relations ont été tendues ces derniers temps, je désirais m’entretenir avec vous afin d’alléger les choses.»
Cette fois je ne peux m’empêcher de rire. Fort. Jaune. Sa sincérité me pue au nez, ses mots tout autant. Un véritable enfant, incapable d’assumer, incapable de voir tout le mal qu’il fait autour de lui. C’est ce que j’étais, avant. Mais maintenant j’ai compris que chaque geste commis ne peut être expliqué par l’autorité, par les ordres reçus. Et que le pardon ne se gagne pas si facilement pour toutes les horreurs perpétrées.
«Ce n’est plus tellement possible depuis que vous m’avez menacé de me tuer.»
«Je ne suis pas votre ennemi, Cassey. Je croyais que vous le compreniez.»
«Je le croyais aussi.»
Sa main se referme sur mon épaule et je frissonne de dégoût. Je le repousse dans un réflexe et me retourne vers lui. Ses yeux gris semblent peinés. C’est au moment où je réalise que je n’en ressens pas la moindre douleur que je comprends que cette porte s’est refermée. Le silence s’épaissit jusqu’à ce qu’il soupire. Il ne m’a jamais semblé aussi fatigué, aussi humain. Il me tend un objet, une boîte que je saisis par réflexe. Un Œuf. Lourd, brun tacheté de vert.
«Cet Œuf provient de moi. J’ai pensé vous l’offrir.»
Je ne réponds rien, me contentant de tenir l’objet contre moi et de le toiser, inanimée. Je veux seulement qu’il s’en aille maintenant. Ce qu’il fait. Progressivement il se retourne et quitte la salle d’entraînement en ne laissant à sa suite qu’une sensation de vide et le germe de la vie. Osiri et Ween ont cessé leur entraînement pour m’observer alors que je me dirige vers mon sac que j’ai laissé sur un banc à proximité. Je l’ouvre avec délicatesse car celui-ci contient un autre Œuf, celui de l’enfant à naître de Ren. Je découvre d’ailleurs avec stupeur que celui-ci brille intensément et se transforme bientôt en une boule de poils maladroite qui tremble contre ses pattes. La Baggaïd et le Tutankafer se sont approchés et considère désormais le petit Evoli avec surprise. Le nouveau venu est l’exact portrait de son père au même âge, en peut-être un moins dégourdi. Je le prends dans mes bras et il s’endort aussitôt.
«Eh bien, on dirait que tu auras un petit frère ou une petite sœur bientôt, Cin.»
Je dépose le nouveau Œuf là où se trouvait l’ancien, à me demander ce qui en émergera. Dans tous les cas, ce présent n’effacera pas les mots échangés plus tôt. Les menaces qui pèsent encore sur moi. Parfois le monde avance mais nous refusons de changer. Parfois c’est nécessaire de ne pas bouger.
(c)Golden
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