Being Bee-zy [OS]

Being bee-zy

feat. Ella

Je ne sais pas depuis combien de temps je marche, ni même dans quelle direction je devrai aller pour rentrer vers les résidences, mais pour l’instant, cela m’importe peu. Je ne sais pas trop ce qui me prend aujourd’hui, mais je suis de bonne humeur. Un large sourire a envahi mon visage, et je me contente de marcher à travers les hautes herbes, marmonnant un air inconnu qui semble plaire à la jeune Ella qui sautille en rythme avec ma petite chanson. Elle qui est habituellement si sérieuse se laisse aujourd’hui aller, sans-doute contaminée par ma propre bonne humeur. Aujourd’hui, malgré la pression qui m’a envahie depuis mon arrivée sur cette île, je ne pense qu’au moment présent, sans même me laisser déranger par le stress des combats à venir. D’ici quelques jours, je devrai me rendre au stadium de Nueva Eja afin de disputer mon premier combat. Et je sais que rendu là, la pression sera telle que j’aurai sans doute même de la difficulté à respirer. Mais voilà qu’aujourd’hui, je suis loin de cet état et de ces pensées.

Léger, je laisse mes pieds me guider dans cette nature abondante, que je semble redécouvrir d’une manière totalement différente. J’ai beau mettre les pieds sur cette île pour la deuxième fois, je réalise que lors de ma première visite, je n’avais absolument pas pris la peine de me familiariser avec ses environs. Je n’étais à l’époque venu que pour une seule raison, soit les combats. Et nous savons tous comment cela s’est terminé. Mais cette année, j’adopte un raisonnement différent. Cette année, malgré l’énorme pression qui m’envahie alors que je pense aux combats, j’ai décidé de faire les choses autrement. J’ai décidé de tout donner, certes, mais aussi de vivre chaque moment comme si c’était le dernier, ce qui au fond n’est pas tellement loin de la vérité. Si j’adore combattre, et si je ne vivrais que pour l’adrénaline des matchs, je sais bien qu’une autre année de compétition ne sera pas possible pour moi, aussi difficile ce soit à accepter. Ce sera donc ma dernière chance de me forger une place parmi les plus grands dresseurs que cette île ait connue. Ma dernière chance de réaliser ce rêve d’enfant qui m’avait d’abord conduit ici, sur Enola, il y a deux ans de cela. Peut-être que je n’y parviendrai pas. C’est une possibilité que je connais très bien. Et pour être franc, cette idée me fait peur. Je crains de ne pas savoir quoi faire de ma peau si jamais je venais à échouer. Mais malgré tout, j’ai décidé de m’y résigner, et de vivre pleinement chaque instant. Et après, je verrai bien ce que me réserve le futur.

Je suis rapidement sortie de mes pensées par un cri de la part de la Chimpanfeu, qui me fait aussitôt sursauter. Je m’apprête à me retourner vers la femelle afin de la questionner, mais cette dernière s’empresse de venir m’arrêter dans mon mouvement, à l’aide d’un nouveau cri qui, cette fois, trahi toute son inquiétude. De toute évidence, la créature de feu vient de remarquer une menace que je n’ai pas pu voir, et ainsi elle m’intime à ne pas bouger. Inquiet, j’obéis sans demander plus d’explication avant de parcourir le paysage du regard, à la recherche d’un Pokémon quelconque qui aurait pu effrayer ma jeune amie. Mais alors qu’enfin la Chimpanfeu se décide à m’indiquer la menace, il ne s’agit pas d’une grosse bête féroce, mais bien des dizaines de minuscules créatures aillées qui commencent à venir bourdonner contre mes oreilles. Alors que mon rythme cardiaque commence à accélérer, je baisse le regard pour réaliser leur provenance… Un nid. Sous mes pieds. La panique commence alors à s’emparer de moi, et je tente de bouger pour prendre la fuite, mais je suis retenu à la dernière seconde par la femelle, qui s’empresse de me pointer un détail important. L’un de mes pieds est placé en plein sur l’entrée principale vers la ruche, empêchant les guêpes de sortir. Je sens un frisson me parcourir le corps alors que j’imagine la scène lorsque je retirerai mon pied, et qu’aussitôt seront libérées des centaines d’insectes furieux. Et à en juger par leur têtes, elles n’ont pas l’air très sympas. D’ailleurs, je sens bientôt quelques unes s’impatienter de se voir bloquées à l’extérieur de leur ruche. Énervées, quelques unes commencent à me piquer, m’offrant de vilaines douleurs contre les jambes et le cou. Mais je n’ose pas les tuer, de crainte de perdre l’équilibre et de libérer l’entièreté de la colonie. Cette idée ne me plait guère, mais je dois avouer que de passer le reste de mes jours debout à endurer les piqûres n’est pas non plus une solution.

Ne sachant plus quoi faire, je lance un regard terrifié à la femelle de feu, qui elle n’a toujours pas perdu son calme. Elle semble concentrée, cherchant une solution à cette situation qui ne semble pas en avoir. Je commence à perdre mon calme, et je sais bien qu’elle l’a remarqué. D’ailleurs, elle semble se presser dans ses réflexions, car bientôt elle relève un regard déterminé en ma direction avant de s’éloigner de quelques pas, sans jamais me perdre de vue. Prenant une grande respiration, elle analyse le terrain une dernière fois avant de se placer en position, prête à…

-Non… Non, non, non! Tu ne vas quand-même pas…? Non-non-non-non! Ella, n-

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase que la Chimpanfeu s’élance en ma direction, brillante d’une lueur blanche, avant de sauter en ma direction, des flammes couvrant son corps. Et avant que je ne puisse protester une nouvelle fois, je sens son corps entrer en contact avec le mien, me poussant violement contre un buisson, à quelques mètres de la ruche. Alors que je relève les yeux vers la femelle dont le corps est en train de se métamorphoser, je la vois entourée de flammes impressionnantes, calcinant sur le champ tout insecte présent, tout comme la ruche qui, à ses pieds, n’est à présent plus qu’un tas de cendres. Je reste écrasé contre mon buisson quelques instants, bouche bée devant cette scène que j’ai encore de la difficulté à comprendre. Tout s’est passé si vite que je peine à vraiment comprendre. Mais une chose est certaine, la Simiabraz qui se tient devant moi en ce moment vient de trouver une brillante manière de me sortir de ma misère. Un sourire sur le visage, la femelle fraichement évoluée s’approche de moi afin de me tendre une main, m’aidant à me relever de mon buisson. Hésitant d’abord, je finis par tendre la main à mon tour, profitant de ce moment pour observer mon Pokémon de plus près. Cette petite femelle qui, il y a encore peu de temps, n’était encore qu’un œuf, se tient à présent devant moi, fière guerrière, prête à combattre tous les dangers dont regorge ce monde. Je ne sais pas si je peux dire que je suis un bon dresseur ou non, mais une chose est certaine, j’ai une putain d’équipe!

(c)Golden