Age : 31 Messages : 327 Date d'inscription : 12/03/2015
Âge du personnage : 26 ans Métier / Études : Responsable d'une équipe des relations publiques du Régime Pseudonyme(s) : Gwen, surnom au sein du Régime Flow, surnom de Compétitrice
Niveau : 65 Team active :
Némélios ♀ - Sia - Tension - Modeste
Mentali ♂ - Ren - Synchro - Assuré
Clamiral ♂ - Shen - Torrent - Solo
Porygon-Z* ∅ - Code - Adaptabilité - Relaxe
Elekable ♂ - Zeek - Statik - Doux
Lockpin ♀ - Juno - Joli Sourire - Joviale
Sujet: DOUBT |OS| Mar 1 Sep 2015 - 16:36
Doubt
feat. Shen
Des hauts. Des bas. Surtout des bas. Des bas si profonds, qui me propulsent dans un abysse, je suffoque, je crois que je vais y passer, mais je remonte, inexorablement, toujours un peu moins haut. Je me dis que je finirai par ne plus me redresser, ou peut-être irai-je me fracasser dans les ténèbres. La fin, je l’espère, je la sens, comme un ruban mortel qui m’enserre les poings, lentement mais sûrement. Ma destinée? J’ai toujours fait la fière, j’ai toujours joué les dures, j’ai cru que ce serait plus facile de prendre la hache, de crier et de me défendre, j’ai toujours cru que ce serait plus facile que de changer, que de me remettre en doute. Sauf que cette fois je n’ai plus que moi-même à blâmer. Cette fois je n’ai plus qu’à moi à m’en prendre, plus qu’à moi à détruire. Je m’épuise, j’hésite alors que la solution se tisse sous mon crâne dans un dessin malsain, une réponse sinistre qui m’attend à chaque détour, un cri du cœur qui se fait murmure, toujours plus insistant. Une voix de mort, elle me suit, pas à pas, une ombre qui lentement devient marionnettiste de mes moindres gestes, le doute me bouleverse. Le doute me tient encore en vie. J’ai peur, j’ai peur de moi, je me terre dans un silence sonore, un silence qui hurle, j’ai tellement mal. Je ne sais même plus ce qui m’a précipité si bas. Si loin en terre étrangère. J’ai l’impression d’être seule, si seule, si seule.
Elle n’était pas seule. Peut-être qu’elle le savait, aveugle pourtant, à mes regards, à la façon dont je la surveillais. Oh, elle l’ignorait. Elle ignorait, il fasaiit un moment qu’elle ne voyait plus, qu’elle s’était coupé de ce qui autrefois provoquait son rire, ses sourires, ces éclats ensoleillés dont je me languissais dans mon silence. Nous ne parlions pas le même langage, elle, moi, mais au final nous nous composions de la même fibre, des mêmes muscles, de la même chair palpitante. Cassey. Si seulement elle savait, mais elle choisissait d’ignorer, les ombres qui l’assaillent avaient parfois raison d’elle mais cette fois elle avait cessé de se débattre. Sa souffrance qu’elle taisait me parvenait comme s’il s’agissait de la mienne, nous affectait tous autant que chacun et un mauvais pressentiment m’habitait. Je me sentais impuissant, mais d’abandonner ne jamais fit partie de mes mœurs. Battant, survivant, déterminé et déterminant. Déterminant. Je changerais l’histoire, à ma façon, dans ma solitude digne. Si Zeek croyait que les câlins suffiraient. Il se trompait. Cassey avait besoin d’une force, d’une force dont j’avais le pouvoir, dont j’avais le devoir de lui offrir. Car je n’avais pas accepté cette balle pour rien. Cette humaine, je l’avais choisie.
Les pas m’ont mené jusqu’à une église où j’ai autrefois trouvé refuge. Le doute, flagrant, palpitant contre ma poitrine dans une lueur d’espoir la première depuis des jours et des jours, la première depuis une éternité me semble-t-il. Provoquée, le matin même, un rare instant s’étant gravé dans ma mémoire dans ces jours de perdition, qui tous se ressemblent, ces instants que je ne vis pas, que je ne vis plus. Le doute. Je tente de m’y raccrocher, je presse sa balle contre mes lèvres simplement pour en ressentir l’éclat métallique, comme pour m’en imprégner encore un peu. Putain Shen. C’était plus facile que de se laisser mourir. C’était plus facile. Pourquoi m’as-tu condamnée à la souffrance? Mes pas m’emportent dans l’église, vide de visiteurs, plongée dans la pénombre d’une autre nuit sans sommeil, d’une autre nuit entourée de voix invitantes, de voix lointaines. La lueur incertaine des lampions jette des ombres ratoureuses aux quatre coin de la grande pièce sacrée dont le silence m’imbibe et me guide, de lui-même, au pied de l’autel où je me suis échouée lors d’un autre grand moment de détresse. Je caresse les marches de marbre comme dans l’objectif d’y retrouver ce qui, à l’époque, m’a permis de me relever.
Il était hors de question que je l’abandonne à son sort. Que je la laisse se terrer dans sa terreur, dans sa souffrance, dans ses idées qui avaient dépassé les simples remords quant à une situation dont elle n’était nullement responsable. Il ne s’agissait même plus de ce combat, rien ne la tirait plus vers le fond qu’elle-même. Car elle ne voyait plus que cette issue, celle de toujours s’enfoncer. Je me faisais un devoir de lui montrer, à ma façon. Sans étalement, sans grand éclat probablement, dans une langue qu’elle saurait comprendre si elle écoutait toujours. Ainsi lorsqu’elle déclara la matinée réservée à un entraînement en vue de la nouvelle Compétition qui approchait tout de même, j’y vis là l’occasion dont je rêvais depuis quelques jours déjà, celle de fournir un message ultime et vibrant à mon amie. Lui faire parvenir une part de ma flamme pour animer celle qui, en elle, s’éteignait lentement. Je bougeais avec impatience, je pressais Rina et Pinto qui se chamaillaient avec énormément de hargne il me semblait, une agressivité qui attira l’attention et la désapprobation de Sia, la lionne protectrice de Cassey. Sa Majesté qui ne laissait nul l’approcher, moi encore moins, gardant jalousement pour elle son humaine comme convaincue de savoir la sauver. Perdue dans son orgueil et dans sa méfiance à mon endroit. Je comprenais son inquiétude. Mais plutôt que de m’y terrer, j’avais choisi l’action. Je n’en pouvais plus. Je ne la laisserais pas faire.
«Mademoiselle Banks.»
Mon nom, telle une évidence. Comme si elle s’attendait à mon retour éventuel, comme si elle s’y était préparée. Je lève un regard fatigué, luisant de larmes sèches, taries depuis longtemps, épuisées à leur source. Trop de peine pour encore pleurer. Ses rides forment des sillons sombres contre ses traits bons et doucereux, la lueur fragile des chandelles conférant à son visage autant d’hostilité tranquille que solennité sacrée. Je scrute cette figure maternelle alors qu’elle s’accroupit à mes côtés, un sourire serein contre les lèvres. Malgré sa chevelure brune et son corps probablement encore assez jeune drapés de sa longue toge blanche, elle m’apparaît telle qu’elle est véritablement, une belle femme dont la sensibilité imprègne sa présence. Sitôt je pose les yeux sur cette religieuse qui m’accueille à chaque crise, que les ténèbres qui enserrent mon esprit fatigué me quittent. Je ferme les yeux, joignant mes mains l’une contre l’autre. Et je prie, dans le silence qu’elle me confère, sous les piliers indifférents de cette église qui me recueille comme une enfant perdue, comme une mère aimante. Ma poitrine tremble d’un sanglot. Plus la force de pleurer, plus maintenant. Je prie. Je m’adresse à qui se trouve au-dessus de nos têtes, à qui de droit, aux divinités grasses qui se plaisent des souffrances mortelles. Si elles existent, j’ai espoir qu’elles m’entendent. Mais si elles doivent se fermer à mes paroles alors le processus en lui-même m’aura apporté, cette nuit, un certain sentiment de paix.
Elle se tassait dans un coin de la pièce, nous observait de façon distraite. Si on pouvait vraiment désigner son malaise de cette manière. Moi-même, et malgré ma bouleversante inquiétude, je me présentais à quelques pas d’elle, l’esprit aiguisé concentré tout entier vers cet objectif que de la soutenir en ces heures troubles. Ma patte venait chercher son genou, que j’effleurais. Je ne la touchais presque jamais, je n’aimais pas les contacts physiques. Je vis la surprise se peindre dans l’abysse profond de ses prunelles. J’avais capté son attention, ne serait-ce qu’un instant. En m’assurant qu’elle me suive du regard, je prenais place devant son adversaire, Juno la terrible Lockpin. Depuis son évolution, la lapine avait pris en force, en hargne aussi. Si je la dédaignais autant qu’elle me vouait un grand mépris, nos combats m’apportaient toujours énormément de satisfaction. Difficiles, rapides et très intenses. J’avais désigné mon adversaire, la dernière sous cette forme. Cette matinée-là, elle dû comprendre ce que je préparais. Elle m’adressait un rare signe de tête, une forme d’estime pour elle qui n’appréciait personne sauf celle pour laquelle nous venions de former un pacte respectueux. Juno se plaçait, gracile, une beauté incroyable qui ne m’émouvait nullement. Je restais concentré sur mon objectif. Il m’en faudrait plus qu’une vulgaire illusion de son talent pour me berner.
«Comment se débarrasse-t-on du doute, Mère Isolde?»
Une question. Celle qui me taraude depuis ce matin, celle qui m’habite, qui me déchire. Cette interrogation laissée suspens dans mon esprit, ce doute insinué par l’intervention de mon allié. Et si…? Un monde de possibilités s’ouvre à moi, des scénarios modelant mon existence vers une infinité de routes différentes, de chemins que je n’aurais jamais même pu imaginer. Une carte dont je suis l’épicentre, on attend que j’esquisse un pas qui me décidera. Mais ma décision est prise, déjà. Celle d’abandonner. Shen n’avait pas le droit de… Il n’avait pas le droit. Le visage serein de la prêtresse se couvre d’une ombre interrogative, sa main passe contre mon épaule dans une affection presque maternelle.
«Le doute force l’esprit à réfléchir à de nouvelles éventualités. Il est le défi qui nous permet d’avancer. Vous ne vaincrez ce doute qu’en prenant une décision, mon enfant.»
Une décision. Mais elle est prise. Le plan tout esquissé sous mon crâne, les étapes marquées au fer rouge. Mon visage se peint d’incompréhension et je lève le regard vers la représentation d’Arceus qui, de son trône de marbre, les traits figés dans la pierre, me scrute avec suffisance.
Juno bougea la première, d’un bond prodigieux. Depuis son évolution, ses capacités ne s’en trouvaient qu’augmentée, tout comme son agilité. Je me lançais au combat, lui vouant une lutte acharnée qui nous laissa tous les deux couverts de sueur et épuisés. Nous enchaînions les coups avec une précision nullement troublée par l’attention de notre dresseuse qui, pour une fois, surveillait nos mouvements. Vers la fin du combat, j’avais pris une certaine avance, malgré la puissance de mon adversaire. Elle se fanait, épuisée par mes frappes puissantes et mes techniques aquatiques qui l’avaient laissée étourdie et confuse. D’un dernier Coquilame, je la propulsais au tapis où elle alla s’écraser avec fracas, un bruit qui attira l’attention de toute l’équipe qui se retourna prestement en notre direction. Les prunelles de la lionne se posèrent contre moi une fois de plus alors que je reprenais ma respiration, j’y lus une certaine crainte, ou du respect, je ne saurais dire. Dans tous les cas, elle venait enfin de comprendre. Je me retournai vers Cassey qui me considérait avec une certaine incrédulité. Je ne me souciai guère de sa surprise. Mon corps s’illumina tout entier. Une énergie sans nom vient modifier le cœur-même de mon être, l’essence de ce que j’étais. C’était douloureux, un peu, mais je l’avais vécu une fois, je n’avais pas peur.
«J’ai déjà pris ma décision.»
«Alors pourquoi doutes-tu?»
Je baisse la tête, me soustrayant à son regard. Son regard d’un bleu intense, son regard qui lit en moi, qui y décèle le moindre de mes secrets. Connaît-elle la vérité enfouie dans ma poitrine? Arrive-t-elle à percer cette carapace mensongère qui me couvre depuis des jours et des jours, qui me permets d’éviter les soupçons de la part de mon entourage. Souris pour la caméra, Cassey, on te regarde, on te regarde. Je secoue la tête. Je n’ai plus envie de mentir, mais de lui offrir la vérité serait de me condamner à vivre. De réaliser ce qui se profile dans un avenir rapproché. Demain. Déjà demain. Un frisson me secoue. Je n’ai même plus peur, cette perspective m’effraie.
«C’est la seule solution.»
Mon corps s’étirait, le mouvement m’étourdit tout d’abord. Mon centre de gravité venait de changer abruptement, je trouvais désormais appui sur quatre jambes solides plutôt que deux. Une puissance sans nom pulsait contre mes veines dans un roulement imperceptible. Je grondais, une nouvelle voix s’échappait de ma gorge déployée en sa direction. Alors que l’effet de la transformation s’apaisait, je braquais mon regard dans le sien. Je voulais qu’elle sache, qu’elle comprenne enfin. Cassey. Elle me regardait, la surprise avait passé à nouveau contre ses traits, mais aussi quelque chose de différent. Son regard s’animait à nouveau et je goûtais à cette courte victoire avec délice, la scrutant avec toujours la même détermination effarouchée. Courte victoire. Car ses prunelles se durcirent. Je la vis se lever, fuir la scène sans se retourner. Je l’avais perdu. Je le sus à cet instant. J’espérais qu’elle trouverait encore sa voie, seule. Car ma main tendue, elle venait de la refuser. Bien malgré moi, j’en souffrais. Ce souvenir me hanterait, longtemps.
Je me redresse. Me détache de son étreinte contre mon épaule. Je me détache de cette église, du regard impitoyable d’Arceus, le Seigneur indifférent. Mes pas claquent contre le plancher, autant de coups de feu dans ma poitrine mise à feu et à sang. Je me détache de Mère Isolde, de Shen, de Marie-Florianne, je me détache du boulot… de Lucas. De tous mes autres Pokémon, de mon père, de mes amis, de mes proches. Je n’en veux plus. Je n’en peux plus. Ma décision est prise. Demain. Demain m’attend. Aimee aussi. Bientôt, je l’aurai rejoint. Ce sera plus facile, si facile. Mais… Et si…? Dans un silence absorbé, je referme cette porte, celle du doute. Plus qu’un seul chemin s’offre à moi désormais. Il ne reste plus qu’à esquisser ce pas…
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