« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 The war still rages within [OS]

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Natsume Shimomura
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MessageSujet: The war still rages within [OS]   The war still rages within [OS] EmptySam 5 Sep 2015 - 1:15



The war still rages within

Il aurait été incapable de dire ce qui s'était passé, après. Il avait entendu des cris, encore et encore, des geignements, dont certains qui lui appartenaient sûrement mais il n'en était pas sûr, et des sons de choc plus ou moins forts. L'obscurité est étouffante. Rien autour de lui n'est familier : il brûle et n'a jamais eu aussi froid en même temps. Il essaye de bouger un seul de ses muscles, mais ses membres ne lui répondent plus, comme paralysés et entièrement stoppés. La douleur est bien la seule constante : alors qu'il se sent être transporté, il manque de crier tant la pression au niveau de son abdomen est infernale. Le reste se suit sans qu'il ne puisse vraiment comprendre quoi que ce soit.
Il aurait été incapable de dire combien de temps avait passé. Quelques minutes peut-être, plusieurs heures aussi. Le nombre de choses qu'il pouvait sentir se comptait sur les doigts d'une seule main. Hormis la douleur lancinante et déchirante qui continuait de le dévorer de l'intérieur, l'odeur d'alcool et de médecine lui agressait les narines et il pouvait quelque chose, parfois l'épiderme d'une autre personne, s'affairer à appuyer et toucher la plaie qui le faisait autant souffrir. Sa vision est toujours aussi sombre, mais il sent un tissu contre ses yeux, comme si on les avait couvert. Parfois la douleur s'atténue, juste quelques secondes, pour revenir plus forte encore, plus intense et vicieuse, comme si elle attendait juste le bon moment pour le prendre par surprise alors qu'il ne s'y attendait pas. Si il avait encore conscience de quoi que ce soit, il en aurait ri ; mais il n'en avait même plus l'énergie.
Il ne peut pas rester constamment conscient. Quelques secondes parfois, juste assez pour savoir qu'il a toujours mal, jamais assez pour comprendre clairement ce qui se passe. Cette routine continue pendant il ne sait combien de temps, sans pause, sans que le moindre son ne se fasse entendre. Il est si fatigué qu'il s'est entièrement tût, incapable même de bouger ou de sursauter.

Puis, finalement, ses yeux s'ouvrent sur un plafond blanc immaculé, et il grogne par réflexe en sentant quelque chose le tirer profondément sur ses côtés lorsqu'il tente de se relever, plus lourd que jamais. La douleur le fait retomber contre le matelas, la tête sur l'oreiller, et il gémit faiblement alors que tout continue de tourner autour de lui. Une expiration sifflante lui échappe et il fait tout pour tenir sur ses bras, ce qui se révèle assez difficile en fait, mais il y parvient malgré le fait qu'ils tremblent comme des bouts de bois. Une nouvelle fois, il inspecte son entourage, le regard affaibli, peinant à garder ses yeux ouverts. De ce qu'il comprend de son entourage, il est dans une chambre totalement inconnue, et cela ne le rassure pas du tout.
Le souvenir du couteau lacérant ses entrailles est toujours aussi vif, et automatiquement, sa main vint se poser sur son ventre découvert, sur la trace de rouge et de rose qui se trouvait maintenant dessus, tenue par des points de suture filées de façon experte. Il effleura le plus doucement possible la cicatrice encore fragile, et même si son esprit était encore embué, sûrement en partie par les médicaments qu'on avait dû lui administrer (par expérience, il savait reconnaître l'état dans lequel on était dans ce genre de cas), il avait conscience qu'il avait échappé de peu à la mort, cette fois-ci. Il grimaça un peu en comprenant qu'il garderait sûrement à vie une marque de sa folie ; déjà qu'il n'aimait pas la plage et était plus que pudique, ça n'allait pas s'arranger...

En revanche, comprendre ce qui était arrivé était plus compliqué.
On récapitule. Vu que je ne suis pas mort, on m'a sauvé. Ces points de suture n'ont pas été fait par un débutant, c'est sûr et certain. Soit un professionnel, soit quelqu'un d’expérimenté. De toute manière, c'est un allié, sinon pourquoi me sauver la vie et m'emmener ici ? Comment je suis arrivé ici, de toute façon ? J'étais avec April, et...
Il se souvient d'avoir agi complètement par réflexe. Il avait entrevu l'éclat menaçant du couteau dans la main de cet homme, et sans réfléchir, en le voyant prendre la direction de la plus plus jeune et la personne qui l'accompagnait, il s'était interposé. Servir de bouclier humain n'avait rien d'intelligent, il en avait bien conscience, mais c'était la première chose qu'il avait pensé, et l'instinct qu'il avait suivi sans interroger la pensée une seule seconde. Mais le reste... Même tenter de s'en souvenir était ardu, vu l'état de son cerveau à l'heure actuelle. Engourdi et ralenti, il ne devait sa compréhension relative de la situation qu'aux quelques bonnes capacités de déductions qu'il pouvait avoir de temps en temps.  

Tout de même décidé à démêler les questions qui envahissaient son esprit, il essaya de se relever en dépit de la douleur et de la difficulté qu'il avait à mouvoir ses membres, mais alors qu'il était au bord du lit, il tomba et s'écroula de tout son poids sur le sol, et cria de douleur en sentant son abdomen le faire souffrir de nouveau. Un lourd 'boum' l'avait précédé. Il se replia sur lui-même en se mordant les lèvres pour se contenir, difficilement, mais au moins il essayait.
Il entendit une porte s'ouvrir, et une voix de jeune femme paniquée, familière, et une autre plus puissante et agressive, moins chaleureuse.

« Cette espèce de... ! Après mon lit, c'est mon tapis qu'il va me salir ! »

Salir... ?
Son regard se baissa vers le sol et son corps, et il constata avec un air bêtement surpris, effectivement, que du sang chaud coulait lentement mais sûrement, et alors qu'il avait touché sa plaie pour vérifier, il releva sa main maintenant écarlate pour l'observer, ébahi. Le liquide écarlate commençait à former une tâche infâme sur le tapis en dessous de lui.
Ça explique la douleur, ça.
À sa grande honte, il s'évanouit une nouvelle fois.
Lorsqu'il rouvrit enfin les yeux, ce fut au même endroit, quoique cette fois la lumière en provenance de la fenêtre lui agressait les yeux.

« Ça y est, princesse, on a fini sa petite sieste ?
- Winnie !
- Oh je t'en prie, j'ai bien le droit de le charier après tout ce que j'ai fait ! »


À côté d'April se trouvait une femme plus âgée, qui devait se trouver à mi-chemin entre la vingtaine et la trentaine, et dont le regard sévère l'inspectait sans une lueur de compassion. Il essaya de donner sens à ce qu'il voyait, mais pour l'instant, une seule question s'imposait dans son esprit.

« A-April ? Où est-ce que...
- Chez ma sœur. Après que tu, euh... Je t'ai emmené ici, pour qu'on te soigne. Enfin, c'est Winnie qui s'en est occupée, alors-
- Ça sera Winter pour lui, qu'on soit claires. Vais pas me mettre à faire copain-copine avec les garçons bizarres que tu vas me ramener à la maison.
- Une connaissance s'est occupé de tes points de suture. Il va falloir que tu restes allongé quelques jours, et assis si ça va mieux, sans forcer. Tu as eu de la chance, avec l'hémorragie que tu as fait...
- J-je... Je ne me souviens de rien.
- DEUX matelas, DEUX !
- B-bref, euh... Ça va ? Ça fait un petit moment que tu dors, alors...
- Combien de temps, exactement ? »


Sa question est accueillie par un lourd silence, et l'adolescent fronce les sourcils, comprenant par là que quelque chose se trame.
April a l'air mal à l'aise. Ce qui veut dire qu'elle est inquiète de ma réaction, et dans ce cas je peux supposer que-

« Trois nuits. On a essayé de te nourrir dans tes brefs moments de conscience, mais tu recrachais tout. Du coup, on a fait ça par intraveineuse. »

Toujours sous la cible du regard noir de la jeune femme aux cheveux bleus, il ne baissa pas les yeux et fronce un peu les sourcils.

« Ça a l'air de vous déplaire.
- En effet. Mais vu que je te dois deux dettes de vie, je ne peux pas trop y couper. Considère que ça a payé la première.
- Deux quoi... ?
- Les deux imbéciles,
dit-elle d'un ton lent en jetant un regard mauvais vers April, que tu as aidé en servant de bouclier humain, ce sont mes sœurs cadettes. Je ne fais pas la charité, mais je règle toujours mes dettes, c'est un principe.
- Je vois. »


Il essaya de bouger, mais April vint vite l'arrêter pour l'obliger à rester immobile, l'air inquiète.

« Ne bouge pas. La dernière fois que tu es tombé, tu t'es rouvert.
- Ça, je m'en souviens... Ça faisait mal.
- Donnez-lui une médaille pour son énonciation d'évidence ! April, va chercher ses affaires, s'il te plaît. On va appeler Faust.
- Vous... Comment vous savez qu- »


Winter leva les yeux au ciel alors que la plus jeune sortait tout juste de la chambre en pressant le pas.

« Quand la morphine t'abrutissais le cerveau, tu racontais tout et n'importe quoi. En japonais. Mais y'a trois noms qui ressortaient beaucoup, dont celui de ce crétin.
- Vous vous connaissez ?
- On va dire ça comme ça. »


Et juste après avoir dit ça, elle se rapprocha du lit rapidement, et colla une grande claque sur la tête du lapin qui sursauta et geignit de douleur, l'air indigné.

« MAIS ÇA VA P- »

Il toussa bruyamment, la gorge irritée et brûlante, et la vision fit naître un rictus moqueur sur le visage de la championne.

« Ça, c'est pour avoir fait pleurer ma petite sœur pendant deux jours, petit con. J'en ai rien à faire que tu jettes ta vie en l'air, mais ça...
- Je lui ai sauvé la vie.
- Peut-être. Peut-être aussi que le coup ne les aurait pas touché. Ne va pas te mettre à réinventer le passé pour te justifier. »


Cela eut au moins le mérite de le faire taire, quoique il continuait de la regarder d'un air mauvais et mécontent, les dents serrées.

« Tu comptais faire quoi, d'ailleurs ?
- Aider. Me rendre utile avec ce que je sais faire. Je sais soigner, et j'ai deux trois trucs en réserve qui peuvent permettre d'aider à fuir. C'est toujours utile.
- Et tu me fais naïvement confiance pour croire que je ne pourrais pas utiliser ces infos contre toi ?
- Vous me devez encore une dette de vie, non ? Me dénoncer, c'est aller dans le sens contraire de ça. »


Pour un adolescent récemment poignardé qui venait d'apprendre qu'il avait passé trois jours dans un état horriblement pathétique, il était étrangement calme et maîtrisé, presque moqueur et insolent, même. Winnie ricana.

« Vrai, vrai. Mais t'as du cran, et même si t'es con, j'aime ça.
- Ravi de l'entendre. »


Son ton désintéressé au possible disait pourtant tout le contraire. Il entendit alors des sons bruyants et répétitifs se rapprocher de plus en plus, et un grand serpent imposant et vif comme l'éclair se précipita alors vers lui. Natsume cligna des yeux, surpris, et contempla une nouvelle fois la grandeur et la (à ses yeux, qu'on soit clair) majesté du Majaspic. Hatori l'inspecta alors sans honte aucune, puis vint se coller à lui, s'enroulant délicatement autour de son ventre pour blottir sa tête contre son cou, comme un enfant. Surpris, l’éleveur le caressa doucement, très peu habitué à des élans d'affection en provenance de ce pokémon-là, vu sa froideur et son détachement la plupart du temps.

« Infernal, qu'il a été, celui-là. Il a failli me buter quand j'ai tenté de t'approcher, à un moment. April a été la seule à pouvoir négocier avec lui pour le convaincre de sortir. Le premier jour, ce n'était même pas la peine d'y penser. »

Attendri, le japonais gratta doucement le côté du cou du serpent, sachant à quel point il appréciait ce contact.

« Mais trêve de blabla, April va vite revenir. J'ai caché ton sac pour gagner du temps, mais elle va bien finir par le trouver, alors je vais être brève. »

Winnie avait prit un ton plus sérieux, qui ne laissait place à aucune protestation, autoritaire et calme sans être agressif, que Natsume enviait un peu. Elle n'attendit pas qu'il hoche de la tête ou lui donne un quelconque signal pour continuer de parler.

« Ça me plaît pas d'avoir une dette envers toi. Du coup, je vais te proposer un truc, et peu importe que tu refuses, car avoir fait la proposition comptera comme un règlement de celle-ci. »

Elle alla s'asseoir sur le bord du lit, l'air décontracté.

« Je peux t'apprendre à devenir quelqu'un qui ne crèvera pas en moins de vingt minutes sur un champ de bataille. Quelqu'un qui sera utile, et pas un poids lourd.
- ... Pourquoi ?
- Pour être honnête, parce que je m'ennuie. Et que tu m'intrigues, gamin. Ranger le seul flingue qu'on a dans son sac alors que les gens s’entre-tuent, c'est pas un geste anodin. Con, mais pas anodin. Et je l'ai gardé d'ailleurs, c'est mieux comme ça. Vois ça comme une expérience scientifique.
- C'est louable. Mais qu'est-ce que vous êtes, exactement, pour pouvoir faire ça ? »


Un sourire joueur se dessina sur le visage de Winter.

« Si tu devines tout seul comme un grand, tant mieux pour moi, c'est que y'aura vraiment quelque chose d'intéressant à trouver. Mais ne compte pas non plus à ce que je te révèle tout sur ma pomme, je t'offre déjà bien assez de mon temps et de moi-même. Donc, tu acceptes ? »

Silence. Pendant quelques secondes, le regard du lapin dériva vers la cicatrice plus que laide sur son ventre, très rapidement, mais la championne gloussa en le remarquant.

« Pas trop d'autre choix, de toute façon. Et je n'aime pas laisser les dettes en plan. Tant que ça reste secret.
- Enfin une parole logique. J'allais croire que c'était génétique...
- Quoi ?
- Rien, rien, choupinou. On en reparlera une autre fois par contre, j'entends April. »


Et juste à ce moment-là, Natsume remarqua les grincements des marches de l'escalier. Il tourna la tête pour constater que la collégienne avait couru, vu son souffle court, et qu'elle portait son sac à dos. Elle fit un sourire un peu désolé mais moins triste que sa mine d'avant.

« Je n'arrivais plus à le retrouver, pardon !
- Je te répète encore et encore que tu devrais faire attention, April. Tu vas finir par perdre ta tête, un jour ! »


Le japonais ne dit rien, même si il aurait bien aimé faire une remarque sarcastique, et que voir la championne parler ainsi à April ne lui plaisait pas du tout ; quelque chose au sujet du ton condescendant et arrogant de cette femme lui hérissait le poil dans le mauvais sens. Pas que ces traits de personnalité étaient ceux qui l'agaçaient le plus vite possible, mais si. Et on ne fera pas de remarque sur l'arroseur arrosé.

« Maintenant... Silence, vous deux ! »

Elle saisit son téléphone, sous les regards curieux des deux plus jeunes, et composa un numéro sans même regarder l'écran de son portable. Il sonna quelques secondes, avant qu'une voix ne résonne à l'autre bout du fil, que Natsume était sûr et certain de connaître.

« Faust ? J'ai un truc à toi, chez moi. Je m'en fous que tu sois occupé là, tu m'écoutes ! Justement, le gosse que tu cherches, il est chez moi. Na... Oui, Natsume, c'est ça, arrête de répéter son nom comme ça, l'est pas mort ! Un peu abîmé, mais t'as juste à venir le chercher et ça ir-... Faust ? Faust bordel me dis pas que tu m'as raccroché au nez parce que je te jure que je t'arrache les c... Hein ? »

Visiblement, une voix plus vive, tout aussi familière et que Natsume reconnut bien vite, que celle d'avant venait de prendre la parole, et Winnie éloigna le téléphone de ses oreilles avec une grimace agacée et courroucé, fusillant du regard son portable comme pour étrangler par la pensée la personne à l'autre bout du fil. Quiconque était l'assassin de ses oreilles, elle avait l'air de vouloir lui coller la torgnole de sa vie. Puis, finalement, le volume diminua, et elle le rapprocha de nouveau. Quelques secondes passèrent, et elle finit par raccrocher, l'air excédée.

« April, tu as bien rassemblé toutes tes affaires ?
- Euh, oui, pourquoi ?
- Parce que d'après une source très fiable, on devrait s'attendre à ce que quelqu'un arrive dans très peu de temps, et j'ai pas envie que ça soit trop le bord- »


Du bruit. Fort. Winnie soupira.

« Ah, trop tard. De toute façon je savais que ce tapis allait finir au lavage lui aussi. »

Elle leva les yeux au ciel d'un air vaguement blasé. Qu'est-ce qui lui avait pris de lui sauver la vie à ce môme, déjà, hein ?
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