Age : 31 Messages : 375 Date d'inscription : 01/08/2013
Âge du personnage : 32 ans Métier / Études : Maître Coordinateur de profession Pseudonyme(s) : • Monsieur Image, ce surnom affectueux, prêté par mes fans, qui me désigne pendant mes performances.
• Silver Spirit, ou Spirit, tout simplement, mon pseudonyme au sein de la Résistance.
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Sujet: L'Ombre et le Chêne |OS| Sam 19 Sep 2015 - 2:25
L'Ombre et le Chêne
feat. Ruby
Un soubresaut m’agitait soudainement alors que je reconnus un nom, un nom qui n’aurait jamais dû se retrouver dans une phrase pareille, associé à ces mots, agencé de cette façon. J’interrompais aussitôt la balade céleste de Pandora d’un grand cri qui l’alerta aussitôt. Elle amorça sa descente, considérant mon visage éperdu que je vis se refléter un instant dans ses prunelles alors qu’elle me rejoignait sur la galerie où je me reposais en considérant quelques vieilles idées inscrites dans des carnets aux pages jaunies afin d’orienter nos nouveaux entraînements qui devraient moduler notre année. Je me trouvais dans un grand mal à l’aise, à arpenter le balcon sans plus trouver contenance, en cherchant désespérément un peu de salive pour atténuer le feu dans ma gorge, un peu d’air pour asphyxier la douleur dans ma poitrine. La Togékiss se posa à mes côtés après un temps que je jugeais intolérable, qui m’anima d’une certaine colère. Je devais probablement rejeter une part de mon impuissance sur son dos déjà large, incapable de gérer ces émotions qui m’assaillaient à un tel instant alors que je ne trouvais que faire d’autre de mon corps que le laisser se soumettre aux élans de mon esprit en déroute. À tenter d’avaler une nouvelle impossible à assimiler, à vraiment comprendre, à vraiment accepter. Comment accepter de toute façon qu’on s’en prenne à nos proches? Qu’on leur désire du mal, qu’on leur en fasse même? À une jeune femme qui me faisait rire de son entrain, dont le regard pétille, la plus jeune de mes sœurs de cœur je…
Je pris à deux mains la table basse que j’envoyai voler contre les dalles de ciment, plusieurs mètres plus loin. Les verres et tasses qui y avaient été abandonnés se fracassèrent contre les marches, tout comme le meuble de bois que j’allais devoir remplacer. Probablement. Dans une autre vie peut-être. Rien de plus que le présent ne m’apparaissait, et la promesse sordide d’avoir bien entendu ce que venait d’annoncer le commentateur radio. Judith venait d’être blessée par balle aux portes mêmes de son Arène. Une multitude de questions m’assaillaient, laissées en suspens, sans réponses. Qu’adviendrait-il d’elle à présent? Allait donc devoir se séparer non pas d’un, mais de deux membres de la famille? Que devenait Eugène dans cette histoire? Pourquoi la misère s’abattait-elle encore et toujours là où j’étais le plus vulnérable? Pourquoi étions-nous condamnés à souffrir, encore et encore, à se laisser passer sur le corps par une réalité qui m’échappait, dont je préférais ne pas faire partie si elle signifiait de voir ceux que j’aimais péril dans une telle violence. Un cri brutal s’échappait de mes lèvres alors que je tombais à genoux, fauché par un étourdissement que j’aurais dû voir venir. Je maudissais ce corps encore faible, ce corps lourd, inutile, ces mains qui n’avaient pas pu la sauver, ni elle ni les autres. Nous pouvions peut-être nous nourrir de l’illusion d’être utile en se battant dans un mouvement au nom de la liberté, mais la vérité nous exposait tous, un jour ou l’autre. Nous étions impuissants, condamnés à subir les aléas du destin. Nous n’y pouvions rien.
Sauver des vies, une belle illusion dont je préférais me bercer plutôt que de vivre dans l’angoisse perpétuelle de me retrouver au pied du mur comme en cet instant. La poitrine en feu, je répétais ces mots sans cesse, dans une boucle qui ne prendrait jamais fin il me semblait. Pourquoi? Pourquoi, pourquoi, pourquoi? J’avais perdu Pasqual, j’avais subi un cancer, j’avais vu un ami véritable blessé et plongé dans le coma, et voilà que ma petite sœur de cœur se volatilisait sous mes yeux. Tout m’échappait, je me demandais même s’il servait toujours de se battre. Mes yeux s’humidifiaient sans que je ne parvienne à pleurer véritablement, même lorsque les ailes tendres de Pandora se refermèrent contre moi pour m’immobiliser alors que je tentais frénétiquement de m’arracher les cheveux. Je l’entendis chanter, tristement, une sérénade qui venait du cœur. Je repris ma respiration peu à peu, mais la nausée me tenaillait toujours, tout comme le poids écrasant qui cherchait à me corrompre. La Togékiss n’allégea pas sa prise, consciente que mes émotions négatives pourraient reparaître aussi rapidement qu’elles s’étaient apaisées. Je soupirais, complètement vidé, désemparé alors que j’aurais dû savoir comment réagir en de pareilles circonstances. Ma lèvre tremblait toujours quand je posai la question à mon alliée.
«Pourquoi, Pandora? Pourquoi?»
Bien sûr, elle ne possédait pas la réponse. Je secouais la tête devant autant de cruauté, tentant de me raccrocher à un espoir que je ne pouvais pas croire vain. Judith. Je pouvais imaginer sans mal Solène apprendre la nouvelle, une autre qui n’ébranlerait jamais le chêne qu’elle était, celui-là même que je continuais à admirer. Elle serait forte, pour toute sa famille, en digne aînée. Je voulais me montrer à la hauteur, aider mais que faire alors que je peinais à garder la moindre emprise sur mes émotions? La Togékiss se pressa légèrement plus contre moi jusqu’à ce qu’un bruit à l’intérieur de la maison attire son attention. Je la laissai repartir, me relevai péniblement pour me poser contre le sofa. Un domestique passa, remarqua la destruction que j’avais causé et, plutôt que de ramasser comme son devoir le devait, se rendit à la cuisine pour me préparer un thé qu’il m’amena contre un petit plateau. Je pris la tasse en le remerciant d’une voix rauque avant d’avaler le liquide bouillant sans prendre le temps de le voir refroidi. Le liquide me brûla la gorge, une douleur que j’ignorai. Rien ne me paraissait plus pénible de toute façon que la perspective écrasante de perdre à la fois une sœur et un neveu ou une nièce aujourd’hui. Je ne réagis qu’en sentant quelque chose atterrir contre mes genoux, un Œuf blanc strié d’un violet très sombre, la progéniture confiée par Fae, l’Absol de Méphisto, mon collègue. Elle m’avait fait assez confiance, semblait-il, pour me permettre de prendre son enfant en charge. Je relevai la tête vers Pandora, sans comprendre, jusqu’à ce la coquille se mette à briller avec insistance en y libérant son habitante, le portrait non-chromatique de sa mère.
«Absol. Le Pokémon désastre. Tu es arrivée trop tard, terreur. Je connais déjà la nouvelle. À moins que tu en ailles une autre à m’annoncer. Ils vont mourir, c’est ça?»
Je me crispais de colère une nouvelle fois, ce qui me valut un petit cri de reproche de la part de ma vieille alliée. Je scrutais cette petite boule de poils aux grands yeux rougeâtres, empreints d’innocence, d’incompréhension et de naïveté. Elle souffrirait elle aussi. Même qu’elle se ferait messagère de la misère d’autrui. Je ne voulais pas l’entendre. Je n’étais pas prêt. Je me présentais à elle en homme brisé, cherchant dans son regard un soupçon d’espoir. Je fermai les yeux, incapable de l’affronter plus longtemps. Je tendis le bébé à Pandora qui le prit avec délicatesse entre ses ailes affectueuses et maternelles. Je me levai avant de me remettre à arpenter la pièce.
«Hors de ma vue. Ramène-la à Faust, Pan, je ne veux pas la voir.»
Elle me scruta sans comprendre, cherchant à connaître le sérieux de ma demande. Elle vit rapidement que je ne plaisantais nullement. Que je lui demandais de faillir à ma promesse d’aimer, protéger et élever cet enfant qui ne méritait nullement mon mépris. Je lui faisais dos à présent, sachant pertinemment. Sachant qu’elle me ferait changer d’avis. Elle me contourna pour mieux croiser mon regard, pour mieux m’imposer son amour, sa dévotion, son courage. Toujours à mes côtés, depuis la rue, me tirant de toutes mes déchéances. Levant son mon visage déformé de rage et de peine ce bébé qui se présentait certes comme un mauvais présage, mais qui ne pouvait en rien se définir ainsi. Si elle naissait à cet instant, c’était peut-être pour me protéger? Pour me prévenir, pour me venir en aide? Je m’agenouillai auprès de Pandora avec un soupir las, fatigué. Je me sentais si vieux, comme abîmé de l’intérieur. Je repris de ses ailes tendues le bébé que je pressai contre ma poitrine.
«Je suis désolée, petite… Tu porteras le nom de ma mère, Ruby. Parce que j’ai besoin de son courage aujourd’hui. Peut-être qu’elle veillera sur nous à travers toi.»
Je priais, je priais si fort. Bientôt, je me relèverais. Je prendrais la direction de la Pension de Baguin, où je me proposerais pour aider Damien à gérer la Pension ainsi que les trois enfants après le départ de Solène. J’étais certain qu’elle accourrait au chevet de sa sœur, là où je ne pourrais rien faire. Mais il fallait que je me montre brave, que j’aide à ma manière. Je voulais accueillir l’aînée à son retour à la maison, la tenir dans mes bras, lui souffler que je l’aimais et que jamais je ne l’abandonnerais. Derrière ce chêne se tenait une ombre, un support invisible qui jamais ne laisserait l’arbre tomber.
(c)Golden
IMPORTANT:
Ceci est un OS-réaction à cet OS donc si vous ne comprenez pas... allez le lire en premier! Pardon Ray, t'en ai pas parlé, ton OS m'a juste tellement inspiré que j'ai pondu ce truc en une heure :dede: Tu me diras par MP si y'a un truc qui cloche et même chose pour Faust ^^ Merci encore pour le bébé d'ailleurs!
L'Ombre et le Chêne |OS|
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