Make a wish

Samaël Enodril

Sam n'a jamais été un grand artiste, que ce soit dans le domaine de la danse, du théâtre ou même du dessin. Cependant, depuis qu'il a commencé son bouquin, il s'est forcé à s'améliorer dans ce dernier domaine, pour ne pas avoir à payer un illustrateur qui ferait les images à sa place. Si Faust, concernant ses propres livres, n'a pas à s'occuper de ce genre de détails, les romans du cadet sont surtout destinés à des enfants, et on lui a de nombreuses fois conseillé d'y inclure des dessins, ce qu'il comprend tout à fait. Ce n'est pas tellement pour ça qu'il dessine aujourd'hui, toutefois. Ses traits sur le papier sont brouillons et tracés avec une lassitude et une absence totale d'enthousiasme, pour une fois. Il retient néanmoins ses soupirs peinés et arbore le visage le plus serein qu'il puisse exprimer, ne voulant surtout pas inquiéter la fillette à ses côtés.

Voilà trois jours maintenant que Natsume a disparu et que l'ourson n'a plus aucune nouvelle de lui. Il donnerait cher pourtant, si cela lui permettait de le retrouver, sain et sauf, et pas aux frontières de la mort. S'il n'est pas le seul à s'inquiéter du sort du Japonais, Alice, quant à elle, ne sait rien de ce qui est arrivé au Shimomura, et ne se doute en aucun cas qu'il pourrait être en train de souffrir le martyr à l'heure actuelle. Il a été conclu par tous que la fille du Conseiller devait être mise à l'écart de cette histoire pour son propre bien, même s'il est de plus en plus difficile pour Sam de ne pas montrer des signes de son immense chagrin et qu'il tient bon afin de ne jamais craquer devant elle. Alors, autant pour se distraire lui que Alice, il était devenu plus proche de celle-ci et retrouvait ses devoirs de tonton de cœur qu'il trouvait avoir délaissé. Sans le vouloir parfois même, il la gâtait avec des glaces lorsque l'heure du goûter arrivait et qu'elle avait fini ses devoirs. Parfois, quand il le pouvait, quand Faust, Isaac ou même Natsume étaient occupés, il l'aidait volontiers dans son travail et l'initiait même aux jeux vidéos. Il espère cependant que sa présence accrue auprès d'elle n'ait pas attiré de soupçons dans son esprit ; elle a beau avoir seulement sept ans, cette gamine est déjà incroyablement maligne pour son jeune âge.

Aujourd'hui, il tente de faire passer ce jour comme un autre. Couchés sur la moquette de la chambre de la Donovan, la nièce et son oncle dessinent sur des feuilles blanches depuis plusieurs dizaines de minutes ; et si la plus petite s'amuse à représenter des animaux, le dresseur fait moins attention à son coup de crayon, tout en veillant néanmoins à ne pas laisser la moindre tâche au sol. Il aimerait s'entraîner à faire des oursons, mais son subconscient fait apparaître sur le papier immaculé une créature qui ressemble à s'y méprendre à un lapin. Le pire, c'est que Sam sait exactement pourquoi, et il s'empresse de gribouiller aussitôt le rongeur crayonné. S'il repense encore à son petit-ami, son moral risque de redescendre encore en flèche, et il faut qu'il garde son sang-froid pour ne pas que la brunette se pose de questions. L'Enodril trouve déjà que leurs excuses tiennent moyennement la route, il n'a pas besoin de vendre la mèche tout de suite en paraissant visiblement accablé alors que Natsume est censé être plus ou moins parti en 'camping'.

Sentant la fatigue venir le cueillir alors qu'il n'est encore que l'après-midi, le compétiteur s'excuse auprès d'Alice en la prévenant qu'il va piquer un petit somme sur le canapé. Il dépose un bisou sur sa tête avant de descendre à l'étage inférieur et, d'un pas lent et las, rejoindre le sofa qui l'attend et sur lequel il s'écroule en quelques secondes, comme si on l'avait vidé de toute son énergie. Les dernières images de l'éleveur qu'il avait en tête lui restaient en mémoire et venaient l'assaillir dans des cauchemars qui le réveillaient la nuit et dont il se sortait avec difficulté. Le couteau qui lui déchire la peau, son sang qui gicle et se déverse sur la terre ocre et son hurlement de douleur lui apparaissent un peu plus clair à chaque fois qu'il essaye de plonger dans le sommeil, comme des flash-backs qui reviennent le hanter afin de troller ses nuits. Les images qu'il a de cette fameuse scène lui entaillent toujours le cœur et il revoit les événements aussi distinctement que s'il y était encore. Rien que le cri déchirant de son copain qui lui perce les tympans encore aujourd'hui quand il y repense suffit à le faire tressauter et il ferme hermétiquement les yeux pour chasser ces sombres pensées qui le torturent.
Ce n'est que maintenant qu'il remarque que, près de lui, Faust semble être en grande conversation téléphonique avec quelqu'un. Sam entrouvre les paupières, d'un air blasé et épuisé, écoutant d'une oreille que peu attentive ce que raconte son grand frère à son interlocutrice. Même si cela fait deux nuits qu'il ne dort plus et que ses cernes sont plus que visibles sur son visage, il n'arrive pas à trouver le sommeil, quand bien même il rêverait d'une bonne sieste à cet instant, bien qu'il se doute là aussi qu'il y parviendrait, ou du moins, qu'elle serait écourtée par d'énième rêveries effroyables.

Il aurait pu rester affalé sur le canapé toute la sainte journée s'il n'avait pas soudainement écarquillé les yeux en entendant le nom de Natsume de la bouche du Conseiller. Fronçant les sourcils, ayant peur d'avoir mal entendu et d'être parano au point d'entendre le nom du garçon qu'il aime partout où il passe, Faust répète le nom du lapin et l'Enodril écarquille les yeux lorsqu'il est question de retrouver le hérisson à lunettes, persuadé qu'il n'y a plus aucun doute et qu'il n'est pas fou. Sans plus attendre ni réfléchir, Samaël s'éjecte du canapé pour se jeter sur le Donovan et le plaquer au sol tel un rugbyman, avant de prendre le téléphone des mains de son frère de cœur et de crier dans l'appareil sans même épargner les tympans de celle qui se trouve au bout du fil.

- NATSUME ! NATSUME, C'EST TOI ? TU VAS BIEN ?

Pauvre Winter, ses oreilles ont dû en prendre un sacré coup, mais ça, le dresseur n'en sait rien, et il s'en fiche un peu pour le moment. Heureusement, avant qu'il ne puisse de nouveau émettre un quelconque cri, Faust reprend son portable et rassure aussitôt l'ourson. Alors c'était bien ça, quelqu'un a retrouvé Natsume et l'a soigné. Le Conseiller lui informe qu'il va bien et qu'il se trouve actuellement à l'Amphithéâtre de Vanawi, chez la championne Grima. Son impatience est telle qu'il s'empresse immédiatement de faire sortir Synkro de sa Poké Ball et de secouer Faust comme un prunier sans délicatesse aucune pour le presser de leur donner les indications nécessaires afin que le Gardevoir, qui est plus blasé qu'autre chose par l'attitude de son dresseur, puisse l'y emmener dès que possible. Une fois les informations assimilées, le Pokémon Psy remercie l'expert des Ténèbres répond enfin aux attentes de son dresseur, désirant que celui-ci se calme au plus vite et qu'il arrête de serrer son bras comme si cela lui permettrait de se téléporter plus rapidement.

Enfin, ils arrivent devant le fameux Amphithéâtre qui retient son copain. C'est peu de dire que des souvenirs perturbants lui reviennent en mémoire d'un coup. Lui aussi il s'était fait recueillir par un Champion coordinateur après un événement qui l'avait bien mis mal en point. Il espère toutefois que celle qui s'est occupé de Natsume n'est pas aussi tarée que ce faux-blond bizarre dont il a été victime malgré lui ; et même si c'est en partie grâce à lui qu'il s'est pas foutu en l'air, repenser à son geôlier et à ses menaces n'a vraiment rien de réjouissant. Il frissonne rien qu'en ayant en tête l'image de sa chambre peinturée de rouge et sort de son crâne ses réminiscences sordides. Il prie Arceus pour que le Shimomura n'ait pas trop été bouleversé et pour qu'il se remette vite de ses blessures.
Fou d'inquiétude et ne pouvant se retenir plus, il traverses les portes et les couloirs en suivant Synkro qui a repéré l'aura de Natsume dans une des pièces. Bien que Sam finisse par dépasser son Pokémon, le cœur battant et la peur le prenant tout entier à force de penser à l'état dans lequel il va le retrouver, il s'efforce de ralentir l'allure pour ne pas se perdre dans le bâtiment tout en restant proche de la fée qui lui sert de guide.

Tout à coup, Synkro se stoppe brusquement devant une des portes, et empêche le compétiteur de foncer dans un des murs en freinant grâce à ses pouvoirs psychiques. La respiration de l'adolescent s'est accélérée, alors qu'il regarde le dernier rempart qui le sépare de son petit-ami. Sa main s'avance vers la poignée, mais la voilà qui se met à trembler. De quoi pourrait-il avoir peur, en fin de compte. Faust le lui aurait dit s'il s'était passé quelque chose de vraiment grave à l'éleveur, et il l'aurait sans doute prévenu s'il avait dû s'attendre à revoir son copain dans un état végétatif ou plus que lamentable. Mais aucun commentaire de plus n'avait été fait. Synkro tapote l'épaule l'épaule de l'humain pour l'encourager à aller de l'avant, ayant remplacé son regard fatigué par un plus doux et compatissant. Sam prend une grande inspiration, avant de pousser la porte en grand et de hoqueter lorsqu'il la franchit pour faire quelques pas maladroits dans la pièce.

Il est là. Natsume est bien là, à le regarder. Quelques Pokémons, une jeune fille, et une femme plus mûre se trouvent non loin de lui. Mais l'Enodril n'a de yeux que pour l'élu de ses pensées, qu'il ne quitte plus d'un geste. Il est bien vivant devant lui, pas d'erreur possible, comme s'il ne s'était pas fait transpercer par une lame quelques jours auparavant. Pourquoi était-il là-bas, ça, c'est une question que l'aîné des deux lui posera probablement plus tard. En attendant, l'important c'est qu'il puisse le voir et le serrer contre lui comme il le faisait avant l'incident, avant que le cadet ne disparaisse mystérieusement. Emu, ne pouvant cacher la joie qu'il ressent alors qu'il revoie le lapin après s'être tant inquiété à son sujet, le dresseur se mord la lèvre inférieur et rejoint en toute hâte celui qui hante son sommeil, sans même se préoccuper des inconnus autour d'eux, pendant que sa vision se trouble en quelques secondes et qu'il ne pipe mot. Il peine à y croire, mais son calvaire n'aura duré que trois jours. Trois malheureux jours où ses pires craintes n'ont pas arrêté de le tourmenter, ressentant un manque profond en lui comme il n'en avait jamais eu depuis deux ans. Ses bras se referment sur le Shimomura, qu'il attaque avec un câlin brusque mais désespéré, et enfouie son visage au creux de son cou, ne cherchant même plus à dissimuler ses larmes de soulagement qu'il gardait pour leurs retrouvailles. Il se sent de nouveau vivant, maintenant qu'il a retrouvé sa moitié. Son étreinte se resserre, son nez plonge dans ses cheveux et effleure sa peau pour sentir son odeur, et ses mains s'accrochent à ce corps qu'il ne sentait plus près du sien le soir en se couchant.

- Je t'ai enfin retrouvé, murmure-t-il, alors que parler d'une voix audible semble être plutôt ardu compte tenu des pleurs qui assènent son visage.

Il sait qu'ils ne sont pas seuls et qu'il ne peut donc pas profiter de l'intimité qu'il voudrait, mais quel bonheur pour lui de pouvoir à nouveau le toucher, l'embrasser, lui parler, le revoir sain et sauf -ou presque, en prenant en compte sa blessure. Sans hésiter, ses doigts parcourent ses mèches rebelles qui partent dans tous les sens, et il reconnaît bien là le hérisson qu'il a laissé, à la différence près qu'une entaille recouverte d'un bandage barre son ventre et qu'il peut le sentir sous ses vêtements.
Enfin, il ose prêter attention aux personnes qui les entourent, à savoir une jeune femme, une fille plus jeune, et quelques Pokémons dont Synkro qui est resté en arrière pour laisser son dresseur en paix. Cheveux bleus, yeux de la même couleur, à sa vue, il reste silencieux quelques instants. Il a la drôle impression de l'avoir déjà vu quelque part, sans vraiment toutefois se rappeler de quand et où. Il suppose qu'elle doit être la Championne Coordinatrice de Vanawi, ce qui le soulage intérieurement, pensant qu'elle serait certainement plus saine d'esprit que son collègue de Baguin. Respectueusement, il fait un signe de la tête pour la remercier, légèrement maladroit.

- C'est vous qui l'avez sauvé ? Merci. Merci infiniment.

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Samaël Enodril

- A droite ! A gauche ! Maintenant redresse. REDREEEEESSE !

Ils échappent de peu à la catastrophe au moment où le dragon réussit à esquiver à la dernière minute un pilier de pierre escarpé. Une zone moins dangereuse aurait sans doute été une meilleure idée pour initier Smaug à la pratique du vol, maintenant qu'il a une jolie paire d'ailes, mais le Dracaufeu a insisté si longtemps que son dresseur a fini par céder. Heureusement, le Pokémon est guidé avec soin par les conseils de l'adolescent, ainsi que ceux donnés par Tori, véritable chevalier des cieux qui ne demande qu'à enseigner à la salamandre volante tout ce qu'il sait. Smaug ne manque pas de courage et de puissance ; simplement d'agilité. Il était tellement fier cependant de pouvoir enfin pratiquer la voie des airs qu'il voulait en faire profiter au jeune garçon à sa façon. Dédié corps et âme au compétiteur, il veut à tout prix le rendre satisfait de lui, bien que Sam lui ait répété de milles façons déjà que c'était le cas depuis le début et qu'il n'avait pas besoin de ça pour le prouver.

Deux semaines se sont écoulées depuis qu'il est allé récupérer son petit-ami et que tout est à peu près rentré dans l'ordre. Deux semaines durant lesquelles l'Enodril avait collé le Shimomura comme pas possible, toujours présent pour être le premier à pousser son fauteuil et à s'occuper de lui quand il laissait du temps libre dans son entraînement. Car deux semaines également où il a recommencé à se préparer durement pour la Compétition qu'il ne compte pas perdre cette fois-ci. Sans doute n'a-t-il jamais été aussi sûr de lui de sa vie, mais le jour de ses dix-huit ans, il a voulu changer. Retrouver son copain était sa priorité absolue, néanmoins il n'a pas oublié qu'il avait un but à accomplir et il emploiera tous les moyens du bord pour y parvenir. Son passage à la majorité n'a en rien modifier son caractère, mais il a marqué ce jour comme le début de sa nouvelle aventure.

Son anniversaire, c'est un peu plus dur à chaque fois de le fêter, autant par l'absence de son père qui était toujours enjoué lorsque le onze juillet approchait, que par les événements tragiques qui se succèdent chaque année à la même date, comme si le hasard avait fait de la veille de son anniversaire un jour maudit. Cette fois-ci en particulier, la disparition de Natsume avait rendu son humeur particulièrement amère et morne et il avait été impossible pour lui de se réjouir comme il essayait toujours de le faire, ne serait-ce que pour la forme et pour ne pas inquiéter sa mère qui était tout aussi affectée que lui par la mort d'Ikaël qui les pesait et leur rappelait chaque fois tous les moments à venir qu'ils devraient passer sans lui. Tout ce qui comptait pour lui, c'était revoir l'élu de son cœur ; alors sa majorité, c'était bien le cadet de ses préoccupations, et il se fichait éperdument même de ne pas le souhaiter avec ses proches, car personne n'avait évidemment la tête à ça, et surtout pas lui.

Cela faisait en revanche longtemps qu'il n'avait pas parcouru les cieux aussi librement, en laissant le vent balayer ses mèches brunes, ses lunettes d'aviation sur les yeux. A voltiger pareillement, il se sent délivré de n'importe quel problème. Son Dracaufeu prend rapidement le coup, à tel point que ses mouvements se font désormais plus fluides et qu'il se dirige presque tout seul, désormais. Il ne s'autorise pas encore à faire de pirouettes comme son camarade ailé, passé maître en la matière, mais il gagne peu à peu en assurance, encouragé par le nounours qui lui souffle à l'oreille des directives pour le tester. Après quelques minutes où le challenger sent que son ami devient progressivement à l'aise en ce qui concerne le vol battu, sa main vient tapoter doucement le cou du dragon, avant de pointer du doigt un rocher lambda sur leur chemin. Smaug comprend le message, puis prend une grande inspiration, pour cracher une gerbe de flammes dans la direction indiquée. Lors d'un combat, il serait presque parfait. Le Roucarnage est un voltigeur hors-pair, mais ses attaques à distance sont limitées et peu précises parfois. Il espère alors que le Lance-Flamme de son ami pourra s'améliorer en vol, car cela pourrait lui donner des idées sur le champ de bataille qui se révéleraient efficaces s'il arrive à les utiliser à bon escient.

Bientôt, Sam aperçoit une large plaine fleurie qui émerveille ses yeux, et il demande immédiatement à Smaug de se poser pour qu'ils puissent prendre une pause. L'Enolian doit aussi vérifier après tout l'atterrissage de son compagnon. Le Pokémon Normal juste à côté d'eux fait signe au Feu de l'imiter afin qu'ils puissent descendre en douceur. Le reptile commence alors à ralentir sa vitesse petit à petit, puis s'approche du sol en arrondissant l'intérieur de ses ailes, de sorte à ce qu'ils ressemblent à deux parachutes. Mais au moment de toucher terre, le Dracaufeu atterrit un peu maladroitement et finit par tomber en avant, entraînant l'Enodril dans sa chute. Les deux amis, après deux secondes de silence durant lesquelles ils considèrent leur scène peu terrible, finissent par en rire et Samaël félicite son dragon et son oiseau avant de les laisser se reposer dans leurs Poké Balls.

Profitant d'être seul, l'ourson respire un grand coup et apprécie la vue imprenable que lui offre la lande, avant de s'allonger contre un arbre, tandis que Cheza et Toboe sortent à cet instant de leurs boules, pour jouer entre eux un peu plus loin. La Bulbizarre prend le Togépi entre ses lianes et le balance lentement dans les airs, ce qui amuse le jeune mâle, qui a gagné en taille et en force depuis sa naissance, Sam ne le remarque qu'aujourd'hui.
Pour lui, Toboe est toujours un bébé, mais il sait qu'un jour, il évoluera à son tour, et deviendra sans doute l'un des éléments majeurs de son équipe. Avec peine, il repense au dresseur originel de la fée, l'enfant qu'il n'a pas pu sauver. Le petit ours le connaissait peu, mais il s'est juré toutefois de prendre soin de son Pokémon et de le rendre heureux, pour que le Toboe qui ne pourra jamais le voir puisse être fier, de là où il se trouve. Ce n'est jamais évident pour l'adolescent néanmoins d'entraîner le Togépi avec ses autres Pokémons, même si ce dernier ne demande que ça. Mais Sam veut le protéger de toute forme de violence, comme s'il protégeait toujours ce petit garçon, tué par une balle, qu'il aurait voulu prendre à sa place. Il a bien vu, cependant, comment Toboe regardait les combats avec envie de temps à autre, sans oser l'avouer à son dresseur. Celui-ci pourra-t-il seulement un jour le laisser faire, sans se souvenir de ce qui est arrivé à celui qui aurait dû le dresser à sa place ? Ce Togépi était peut-être destiné à combattre de toute manière, mais le souvenir de ce fameux jour continue encore de le hanter. Il espère réussir un jour à le surmonter.

Il soupire, et s'étire à l'ombre que lui procurent les branches. L'air frais qui monte jusqu'à lui atténue la chaleur du soleil, et il ferme les yeux en laissant la brise caresser son visage, tout en surveillant ses deux Pokémons. Il est serein, en paix. Des instants pour réfléchir, peut-être qu'il devrait s'en autoriser plus. Il s'autoriserait bien une sieste aussi tiens, adossé à ce tronc, alors qu'aucun élément n'est là pour le perturber. Mais s'il fait ça, il ne sait pas ce qui pourrait arriver à ses Pokémons. Peut-être pourrait-il en appeler un pour veiller sur eux...
Non, je dois me lever, ça me fera bouger.
L'Enodril se redresse donc, et avance jusqu'à ses petits amis. Son Togépi se cale dans ses bras, tandis que sa Bulbizarre se déplace jusque sur son épaule, et joue avec ses mèches de cheveux en utilisant ses lianes. Il fait aussitôt sortir Synkro de sa balle, l'air naïf, sur le point de lui demander de le téléporter chez lui. Mais avant même qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, le Gardevoir disparaît tout de suite après qu'il ait été appelé. Sam penche la tête sur le côté, s'interrogeant sur le comportement de son Pokémon Psy et sur le pourquoi de sa téléportation soudaine, sans lui qui plus est.
Puis, tout à coup, une lumière apparaît, signe du retour de son Gardevoir. Alors qu'il s'apprête à lui poser quelques questions, il se rend compte que son allié n'est pas revenu tout seul. En effet, il a ramené quelqu'un. Quelqu'un avec qui Sam est très proche, au point de dormir avec lui chaque soir.
Natsume lui-même.

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Samaël Enodril

Le Gardevoir a beau être l'un de ses Pokémons les plus intelligents, il n'est pas pour autant l'un des plus loyaux quand la situation l'arrange. Même Yami, la rebelle de son équipe, l'écoute au doigt et à l'œil et n'ose plus contester ses directives. Pour Synkro c'est, en revanche, une autre histoire : lors des matchs ou des moments importants, il obéit à l'adolescent sans protester ; mais la plupart du temps il n'en fait qu'à sa tête, jugeant son instinct plus pertinent que celui du nounours. Certes, l'Enodril n'est pas très malin parfois, mais il n'a pas toujours de mauvaises idées non plus. Quoique... Enfin bref. Son Pokémon disparu, le jeune garçon était certain que ça ne sentirait pas bon pour lui quand il reviendrait, et maintenant qu'il est de retour, Sam ne sait pas trop quoi en penser, et ne sait surtout pas pourquoi il l'a ramené lui précisément.

Il est heureux de revoir son copain, c'est un fait, mais il ne comprend pas le pourquoi de l'action de Synkro. La raison qui l'aurait poussé à faire ça lui échappe, hormis peut-être s'il s'est dit que le lapin manquait à l'ourson, car il sait comme les autres l'état catastrophique dans lequel était le compétiteur après l'enlèvement de Natsume, et il est probable qu'il ait voulu que le Shimomura apaise son petit-ami pour l'apaiser d'une quelconque manière. Mais si le dresseur avait vraiment été perturbé, son ami l'aurait senti. Or, pour une fois, il n'avait montré, extérieurement ou intérieurement, aucune trace de peine qui aurait été susceptible d'être alarmante aux yeux du Gardevoir en tant normal. Pour Synkro, néanmoins, c'est un jour qui demeure important, et il se devait d'accomplir correctement sa tâche, soit celle de réunir les deux tourtereaux selon une heure précise que le cadet lui aurait indiqué. Ponctuel comme toujours, la fée avait donc rempli son rôle à merveille, et c'était maintenant à Natsume de jouer. Bien entendu, le Pokémon Psy n'a absolument aucune honte à mener l'aîné en bateau ; c'est pour son propre bien après tout.

La présence inexpliquée de Natsume reste pour lui un mystère, à tel point qu'il se demande ce qu'il aurait pu faire dernièrement qui aurait contrarié son copain. D'après ses souvenirs, cependant, il ne se rappelle pas avoir fait quelque chose qui aurait déplu à l'autre, et il ne se l'aurait certainement pas permis après s'être tant inquiété pour son sort deux semaines auparavant. Au contraire, il a été durant cette période plus affectueux que jamais avec lui, et satisfaisait le moindre de ses caprices. En temps normal, il est déjà difficile souvent pour lui de résister au jeunot (comment ça cette phrase fait pédo), mais encore plus quand, pendant trois jours complets, il n'avait eu aucune idée de comment il allait, alors que la dernière image qu'il avait eu de lui avait été plutôt brutale et trop sanglante à son goût quand il s'agissait d'un de ses proches. Voilà pourquoi il avait été plutôt généreux en terme de câlins, même quand son amoureux voulait continuer de travailler.

Il s'attend donc à se faire disputer pour quelque chose qu'il aurait oublier, et laisse Toboe se glisser dans son sac, avant de se préparer au pire. Néanmoins, c'est loin d'être un quelconque reproche que lui fait Natsume. Au contraire, il ne tarde pas à lui sauter au cou et à se blottir contre lui, un adorable sourire sur son visage qui le fait fondre, afin de le saluer. Sam ne semble pas avoir fait quoi que ce soit de mal alors, c'est déjà ça. Le Shimomura semble même être plutôt d'humeur à être tendre, et enserre même sa taille, d'une façon qui ne déplaît pas vraiment à l'Enolian, surpris mais ravi de cette volonté soudaine de sa moitié, profitant du contact de son corps contre le sien et de la chaleur que ce dernier lui procure, ainsi que l'odeur parfumée et enivrante qui s'en dégage et le détend aussitôt. Cheza descend des épaules de son dresseur pour se poser au sol et ainsi dégager l'espace au dresseur de sa mère, le regard brillant et attendri devant le lien qui unit les deux garçons. En les voyant si proches à l'instant, on ne croirait pas qu'il se côtoient régulièrement ; et pourtant, la vérité c'est qu'ils vivent presque ensemble, les quelques incidents de cette année ne les ayant que davantage rapprocher pour leur plus grand bonheur. Bien que Sam ait de temps en temps le droit à des câlins le soir avant de s'endormir, ça ne l'empêche pas de profiter le reste du temps des attentions amoureuses que lui réserve l'élu de son cœur ; car de plus, d'habitude, c'est généralement le dresseur qui quémande de l'affection auprès de son petit-ami. Eh oui, le pauvre, il se sent tellement mal aimé, que voulez-vous.
Sa question le prend tout de même au dépourvu. Le voir ? Lui ? En un sens, ce n'est pas faux, c'est vrai qu'il n'est jamais contre le fait de passer du temps avec Natsume, bien sûr, mais ça n'a pas été sa volonté première à cet instant, il doit l'avouer, et il a du mal à comprendre ce qui lui fait dire ça. Synkro avait-il un plan en tête ? Ou alors le Gardevoir avait-il senti en lui le désir profond et inconscient de voir son copain et avait-il eu envie de l'exaucer pour le satisfaire ?

- Euh... Eh bien...

Il est confus, ne sachant que lui répondre. S'il avait vraiment envie de le voir aujourd'hui, il aurait simplement pu demander à Synkro de le téléporter dans la chambre du cadet, il n'y avait, après tout, rien de plus simple pour lui, ce n'était pas la peine d'amener l'autre jusqu'ici. Après tout, peut-être que le cadet avait des occupations chez Faust et qu'il l'a dérangé ? Non. S'il l'avait interrompu dans son travail, Natsu ne l'accueillerait pas comme ça à bras ouverts, avec un air aussi craquant, qui plus est, lui qui n'aime pas qu'on l'arrête dans ses recherches et ses études, quand bien même il s'agissait de feuilles de calculs incompréhensibles qui donnerait la migraine à n'importe qui.
Mais puisqu'ils sont tous les deux réunis, l'ourson ne voit pas pourquoi il n'en profiterait pas, après tout. Profiter de ce moment de paix avec son petit-ami, ce serait pas une si mauvaise idée. En plus, l'autre vient de dire qu'il connaissait un coin sympa. Pourquoi pas ? Il ne veut pas rentrer tout de suite. L'air du dehors lui fait du bien. Toutefois, l'excuse du cadet pour le forcer à retourner au refuge, dans laquelle Sam ne distingue aucunement la tromperie, prend le dessus. L'élément d'Alice marche toujours sur lui, c'est ainsi. Si sa nièce le réclame, alors il la rejoint volontiers sans chigner ; pourrait-il réellement un jour lui refuser quoi que ce soit, après tout ?

- Si c'est Alice qui me réclame... Alors je n'ai pas le choix, répond-il en riant doucement.

L'Enodril sourit, heureux, et déjà en hâte de pouvoir jouer avec la fillette, tandis qu'il prend la main du cadet dans la sienne, celle de Synkro se trouvant dans l'autre, sans se douter du rire machiavélique qui résonne en même temps dans la tête de Natsume et du Gardevoir lorsque ce dernier les téléporte tous deux à l'endroit prévu, directement dans le salon de la demeure du Conseiller. Mais alors qu'il pensait y trouver l'endroit calme, que les cris de Sam, Natsu, Faust et Isaac perturbaient quelques fois lors de leurs parties de Mario Kart, c'est avec une multitudes de couleurs et de décorations qu'il redécouvre le salon.
Des serpentins, des confettis, des ballons, des cadeaux, des gâteaux... Et une grande banderole qui traverse la pièce. Tant de préparatifs qui font sursauter Sam et ouvrir grand les yeux, surpris devant... la surprise, c'est le cas de le dire.

- 'Bon anniversaire' ?.. Mais... l'anniversaire de qui ?
- Le tien, bien sûr. Dix huit ans, ça se fête !

Il sursaute et se retourne en entendant la voix de sa mère derrière lui, qui affiche un sourire heureux et comblé. Lyra, émue, attendait ce jour depuis si longtemps avec tant d'impatience qu'elle n'avait pas pu se retenir d'enlacer Faust le jour où il est venu l'inviter en personne, si fière que son fils ait des amis pareils qui prennent si soin de lui.

- 'Fête' ?..

Il fronce les sourcils, de plus en plus perdu. Ils sont tous là. Tous ses proches, ses amis qu'il considère comme sa famille. Tous ont l'air heureux, comme s'ils l'avaient attendu durant tout ce temps. Samaël se tourne vers le lapin et son Pokémon Psy, qui affichent un air plus que fier sur leurs visages, comme s'ils venaient de réussir le coup du siècle. Ils avaient d'ailleurs sûrement très hâte de la tête que ferait l'Enodril en l'amenant ici. Seulement voilà, le principal concerné est déboussolé par tout ça. Cette bonne humeur et cette gaieté lui à ce jour particulier, ce jour où il est né, où il est censé se réjouir de sa venue au monde. Mais il a oublié. Lui qui s'est maudit pour avoir existé lorsque son père est décédé et qu'il s'en est rendu responsable, car persuadé qu'il serait encore en vie sans lui, il a oublié qu'un jour spécial avait été choisi pour fêter les réjouissances de son apparition sur Terre.
Alors tout ça le déconcerte, provoquant la panique en lui. Une fête avec tant de monde, il n'en avait jamais fait. Faust avait bien été le premier humain -avec qui il n'était pas lié par le sang- qu'il pouvait appeler 'ami' tout en sachant que ça serait réciproque, et pas qu'on essayerait de le traîner dans la boue ou de faire de lui un bouc-émissaire. Il avait toujours célébrer son anniversaire intimement, avec ses Pokémons et ses parents, ce qui lui suffisait bien, jusqu'à la disparition tragique d'Ikaël il y a de cela presque deux ans. Maintenant il a peur de cette célébration. Il se passe toujours quelque chose la veille de son anniversaire qui arrive à zapper son moral quand vient enfin le onze juillet. Sans trop savoir pourquoi, il a l'impression qu'il ne devrait pas être ici, et cette angoisse lui fait lâcher les mains de Synkro et de Natsume, avant d'exécuter un mouvement de recul, et de regarder tour à tour les invités, avec un air perdu, sûr de ne pas mériter toute l'attention qui lui est porté aujourd'hui.

- Une fête... pour moi ? Mais... pourquoi ?..

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Samaël Enodril

Lyra pousse un profond soupir, désespérée de la question de son fils. Elle le regarde cependant avec un léger sourire mi-triste, mi-compatissant. Oui, son interrogation était stupide étant donné les circonstances et tous ses proches qui étaient venus pour lui, mais elle est l'une des plus aptes à comprendre pourquoi cette fête surprise suscite chez lui autant d'incompréhension et d'hésitation. Qu'est-ce qu'une fête d'anniversaire, après tout ? Un événement joyeux où sont invités les amis et la famille pour célébrer un âge nouveau. Néanmoins, en ce qui concerne la présence humaine, c'est bien la première fois qu'il y a autant de monde rassemblé pour lui. En effet, si la gentillesse de Samaël à l'école primaire lui avait apporté quelques amis, ces derniers, de peur de ce qui pourrait leur arriver, avaient été contraint de se ranger du côté d'Edward, le garçon qui adorait le martyriser car la timidité de l'Enodril, sa petite taille et sa faiblesse faisaient de lui un parfait bouc émissaire sur lequel lui et sa bande adoraient se défouler. Pas facile alors d'inviter qui que ce soit au risque de représailles de la part de d'autres qui auraient voulu en faire leur tête de Turc, tant et si bien que ses parents avaient préférés qu'il développe une enfance loin de d'autres enfants de son âge avec des cours à domicile, mais dans une ambiance saine au possible pour qu'il ne soit pas malheureux et qu'il puisse parfaire son éducation en toute tranquillité. Et ce n'était certainement pas les familles respectives de ses géniteurs qui auraient pu participer aux festivités, car s'ils ont toujours formé un trio solide avec leur fils, Lyra et Ikaël savaient tous deux qu'il était difficile qu'il fasse la connaissance de ses oncles, tantes, grands-parents et même cousins, à leur grand dam, eux qui auraient voulu qu'il en soit autrement et qui regrettaient d'être nés au sein de relations si complexes.
L'arrivée de Kame fut un tournant énorme dans sa vie. Ce jeune Carapuce, son meilleur ami, lui avait bien souvent retiré de lourdes peines du cœur lorsqu'il était déprimé et ils avaient passé leur temps à s'entraîner et jouer ensemble, compagnons inséparables qui soulageaient les parents de l'enfant, inquiets de savoir leur fils si solitaire. L'entrée de la tortue bleue dans sa vie a révolu l'époque où il se laissait maltraiter et l'a encouragé à se défendre. Quand il sortait jouer au parc avec son Pokémon et qu'il rencontrait ses anciens camarades adorateurs du bizutage, même si le résultat était toujours le même et qu'il finissait avec quelques bleus et le nez en sang, il avait appris à se rebeller et Kame l'avait même aidé à se débarrasser plus vite de ses agresseurs, aussi fragile fut-il à ce moment-là.

Bref, ses anniversaires, il les passait avec son père, sa mère, et son Pokémon, et il en était bien content comme ça. Pas difficile pour un sou, Sam était déjà assez satisfait de ce qu'il avait et ne demandait rien de plus que la présence de ses parents et de Kame, sachant très bien qu'il y avait plus malheureux que lui sur Terre, et en particulier sur l'île, ayant déjà pu voir malgré lui les conséquences de la pauvreté dans la capitale. Ses parents lui ont toujours appris que ce qui valait le plus cher ne s'achetait pas ; une leçon qu'il comprit tôt, et qu'il n'a jamais oublié. C'était sans doute même le plus riche des enfants à ce moment-là. Une fortune, qui s'effondra à la mort de son père, et qui ne put se remplir que par l'ouverture de son cœur à un entourage qu'il s'est confectionné et à qui il a su accorder sa confiance. Il peut dire à présent qu'il est de nouveau riche. Riche de bons moments, de joie, d'aventures, de surprises... Riche de valeurs qui ne se vendent pas, ni ne s'acquiert par l'argent, mais qui restent les plus précieuses au monde.
Qu'ils ne lui en veuillent pas, donc, s'il semble déboussolé devant une telle fête en son honneur, orchestrée par tous ses amis au sein de la demeure de Faust. Tant de gens réunis pour lui, c'est pareil à un rêve. Depuis le jour où il a quitté sa maison pour partir sur les routes, il croit avoir cheminé durant une éternité jusqu'à aujourd'hui. Deux ans seulement se sont pourtant écoulés, mais ça a suffit pour qu'il retrouve le bonheur qu'il méritait. L'hôte du lieu, à son arrivée, l'accueille en soufflant dans une langue de belle-mère et des confettis, avant de venir vers lui pour glisser du sarcasme censé lui faire comprendre qu'il posait une question bien évidemment absurde, mais le concerné le savait peut-être déjà au fond de lui-même. Mais c'est un peu l'inimaginable qui vient de se produire dès lors qu'il a pénétré dans le salon. Ce n'était pas difficile de se douter que c'était bien le genre du Donovan d'organiser ce type de fête, seulement l'Enodril n'aurait vraiment jamais cru en être le principal sujet ; compte tenu de l'estime de soi qu'il a et que tout le monde connaît, il aurait estimé ça comme une sorte d'honneur, en pensant bêtement, comme d'habitude, que c'était trop d'attention pour sa si petite personne.

Le hérisson reprend son air joyeux pour lui répondre plus franchement avec un sourire bêta et enjoué qui en affiche un aussitôt sur le visage de l'autre, très léger. Son regard couleur or se détourne, un peu gêné d'être la cible de tant d'affection, surtout venant de la part de celui qu'il considère comme un grand frère ; l'ourson lui a causé tant de soucis... Malgré toute la peine qu'il lui a fait, le Conseiller a toujours veillé sur lui. Cet adulte aux lourdes responsabilités l'a pris sous son aile alors que rien ne l'y obligeait, prenant de son temps pour s'occuper de lui et répondre à ses caprices. Encore en ce jour, même si le chapeau qui lui met sur la tête frise le ridicule, ce n'est rien comparé aux émotions qui le transpercent avec douceur en prenant conscience des paroles de son frangin de cœur, et de la situation dans laquelle il se trouve, comme s'il avait trouvé la réponse au sens de sa vie qu'il cherchait durant toutes ces années. Sa main vient toucher la coiffe de fleurs dont on l'a affublé, tandis que ses yeux fixent Faust, et que ses lèvres tremblent presque, comme s'il n'arrivait plus à parler. Oh oui. Oui, il veut les remercier, tous, pour leur soutien et leur présence à ses côtés, qui est ce qu'il possède de plus cher dans tout l'univers. Mais pourra-t-il un jour vraiment leur faire comprendre à quel point il tient à eux ? À quel point il ne peut rien faire seul et à quel point ils sont importants ? Pourra-t-il vraiment un jour le leur dire ?

Un câlin, en effet, semble être un bon moyen pour le prouver, déjà. Mais même ça, il n'y arrive pas. Son aîné doit également le faire pour lui, l'entraînant dans un câlin chaleureux, comme ils le faisaient avant. En sentant la chaleur du plus âgé, Sam pousse un soupir, semblable à du soulagement, et resserre à son tour ses bras contre le Donovan. Il ne se souvient même plus de la dernière fois que son grand frère l'a enlacé ainsi. Si les bras de Natsume ont su le réconforter un bon nombre de fois déjà, les étreintes du cousin de son petit-ami commençaient à lui manquer. Ils lui prodiguent une sensation différente, pareille à une enveloppe protectrice, tendre et rassurante. Peut-être est-il resté, au fond, le gamin dont Faust a toujours voulu qu'il garde l'innocence. Une partie de lui se sentira constamment coupable de vouloir égoïstement des marques fraternelles auprès du Conseiller, ne serait-ce que pour les petits frères de ce dernier. Il s'autorise pourtant un plaisir qu'il devine manquant chez les cadets du hérisson brun, et dont il profite, non sans penser à eux. Si Faust était resté avec sa famille, ce sont eux qui l'auraient eu. Cependant le hasard a décidé de leur rencontre, pour le meilleur et pour le pire, donnant à Sam la fratrie qu'il n'a jamais pu avoir. Un véritable sourire s'éclaircit, sans être aussi lumineux que celui de Faust, alors que ses prunelles ont commencé à s'humidifier. Mais peu importe, car il se sent bien, finalement.

Hormis celle de son frère, une autre odeur lui parvient, qui provient cette fois-ci de la cuisine. Un délicat parfum de chocolat, mêlé à celui plus brut de... brûlé ? Aussitôt que Faust et les autres la sentent eux aussi, le hérisson se précipite vers la cuisine, alors qu'il était impatient de se délecter du fameux gâteau, ayant même conseillé qu'ils passent à table pour entamer le met sucré qui leur donnerait du diabète pendant des jours et des jours. Devant l'expression terrifiée de son aîné et sa fuite vers le lieu de la 'catastrophe', Sam ne peut s'empêcher de rire, se moquant gentiment de la situation, séchant discrètement ses yeux qui ont manqué de le trahir. Certes, il est embarrassé que tant d'efforts aient été fait pour lui et il est probable que ses proches n'ont pas fini de le gêner, mais il mentirait s'il disait qu'il n'était pas ému devant de telles festivités pour lui, où sont rassemblées les personnes les plus chères à son cœur. L'Enodril n'est pas orgueilleux pour un sou et évite généralement d'être le centre de l'attention car cela le met mal à l'aise, mais peut-il vraiment se cacher dans sa tanière d'ourson dans de telles circonstances ? On risquerait de lui en vouloir, et il veut faire honneur au travail de ses amis et à leur présence ici. Serait-ce son genre de s'échapper pour éviter à tout ça comme le ferait son grand frère lorsque ça concerne son propre anniversaire ? Pas avec tout ce monde qui serait déçu de sa disparition, en tout cas, mais il n'a pas pu s'empêcher de prendre un peu peur lorsqu'il a été mis devant le fait accompli. Il s'en voudrait profondément si jamais il devait chagriner son entourage qui attendait sa venue avec impatience depuis le début dans le but de pouvoir lui offrir un anniversaire convenable qui lui ferait oublier un temps tous ceux qu'il a déjà pu avoir mais qui cachait une certaine tristesse à partir du jour où il a su qu'il ne pourrait plus jamais le fêter avec son père.
Sa main vient se frotter contre sa nuque, alors qu'il se tourne vers le tas de cadeaux qu'il aperçoit déjà, et que son visage se met à rosir.

- Par Arceus, ne me dites pas qu'ils sont tous pour moi...
- Pff ! Bien sûr que nan ! T'as vraiment cru qu'on allait t'offrir des cadeaux pour ton anniversaire ? On est pas tarés à ce point !

Cette voix inhabituellement dénuée de sarcasme appartient bien sûr à Tristan, venu lui aussi, comme le reste de sa famille. Le Weber s'approche du cadet, le sourire aux lèvres.

- Eh, tu t'attendais à quoi ? Tu mérites bien le double de ce qu'il y a ici.
- Rooh Tristan, tu exagères...
- Si tu veux, Sammy, si tu veux.

Contre toute attente, l'éleveur rayonne. Il s'en veut toujours pour le froid qu'il croit installé entre sa famille et lui depuis son comportement le jour du barbecue, mais il a préféré mettre de côté ses propres soucis pour que rien ne vienne gâcher la cérémonie. Au fond de lui, si l'Hôte de Pension est perturbé par des sentiments qui le tourmentent par rapport à la culpabilité qui le ronge encore, il est véritablement heureux de cette journée et son sourire est, pour une fois, au moins égal à celui de Faust.

- Ton moral a l'air bon en tout cas, ça me fait plaisir de te voir comme ça.

Le dresseur ne le dit pas, mais tous deux se comprennent et le plus âgé sait le compétiteur fait bien évidemment référence à l'état dans lequel il l'a retrouvé après qu'il ait frappé Eugène. Il est heureux de voir Tristan se porte mieux depuis, mais il a l'air particulièrement joyeux, ce qui amuse le cadet autant que ça l'étonne.

- Malgré tout ce que tu peux penser de toi, tu étais vraiment digne qu'on te prépare tout ça, et je suis ravi que tu sois là. Je n'ai pas oublié que tu m'as sauvé la vie, tu sais.

Samaël hoquette légèrement, puis se tourne vers le Zazambien. Ce dernier le fixe avec un regard et un sourire doux. Serait-il d'abord mort de froid ou de faim, c'est une question que Tristan n'a heureusement pas à se poser, puisqu'il est bien vivant aujourd'hui, et ce grâce au destin qui a mis l'ourson sur sa route pour venir le délivrer de son enfer de glace, il y a bientôt deux ans. Sans lui, il n'aurait pas revu sa famille, il ne se serait pas fait de nouveaux amis, et il n'aurait pas rencontré ni même sauvé Adélia. Alors oui, le Weber est comblé de pouvoir fêter les dix huit ans du jeune brun, car il lui doit plus que sa vie elle-même, et qu'il s'en souviendra toujours, et pas seulement parce qu'il l'a empêché de mourir, mais parce qu'il continue encore de le sauver, parfois de d'autres manières, comme un bienfaiteur et un guide prêt à le ramener sur le droit chemin si jamais il venait à en dévier.
Dans un élan affectueux, Tristan passe par surprise son bras autour du cou de Sam qu'il ramène vers lui et utilise son autre bras pour lui ébouriffer les cheveux. Sa victime n'est libérée qu'à la venue d'Alice qui s'est approché d'eux. D'un geste bref, le nouvellement majeur remet sa tignasse en place et vient cueillir l'adorable hibou dans ses bras pour lui glisser une bise sur la joue, le sourire de la petite fille arrivant toujours à le faire fondre et ronronner.

- Toi, je suis pas pressé que tu grandisses. Tu voudrais pas rester petite et mignonne pour toujours ?

Lyra et Tristan échangent un regard, attendris. La mère du jeune adulte, ayant déjà eu entendu parler de la fille de Faust de bien nombreuses fois par l'intermédiaire de son fils, se rend maintenant mieux compte de l'aisance que l'ourson a avec l'enfante, même si elle a eu vent déjà, avec surprise, qu'il était devenu auteur d'histoires pour enfants et qu'il commençait à avoir un petit succès. Elle est soulagée de le voir désormais à l'aise avec tout ceci, impatiente qu'il puisse s'amuser avec les autres, sans toutefois s'empêcher d'imaginer comment il serait plus tard, une fois devenu un véritable adulte, avec dans ses bras non pas les gamins de son frère de cœur, mais bien les siens.
Zlabagardan.

Make a wish

Samaël Enodril

Plus la fête avance, et moins Sam regrette d'avoir été piégé par son petit ami. Il a beau être gêné devant les surprises, il se rend compte que c'est plus un moment privilégié avec ses proches et qu'il doit donc en profiter comme tel. Il n'est pas du genre à vivre chaque jour comme si c'était le dernier, bien qu'avec toutes ses cascades on pourrait croire le contraire et que chaque jour sera vraiment son dernier vu les pétrins dans lesquels il arrive à se mettre. Mais le temps passe vite, si vite parfois qu'on en est inconscient et que l'Enodril a désormais peur de le manquer. Il a eu de la chance d'être suffisamment proche de son père pour ne pas qu'il ait à se plaindre énormément de ne pas avoir passé assez d'instants avec lui lorsqu'il était encore en vie. Se dire qu'il ne le reverra plus jamais lui entaille le cœur un peu plus à chaque fois, et les années sans lui quand il était en prison n'ont pas aidées. Néanmoins s'il a réussi à surmonter cette dure épreuve c'est notamment grâce au soutien que lui ont apportés et lui apportent toujours ses amis les plus chers, qui sont comme de la famille, désormais. Avec Lyra ils ont pu affronter cette lourde perte et Samaël se doit d'être présent à chaque événement important, surtout quand il s'agit d'un qu'on a préparé spécialement à son intention. Et ne serait-ce que pour la mémoire de son père et parce qu'il faut continuer à avancer car c'est ce qu'Ikaël aurait voulu, l'Enodril se doit de poursuivre son objectif en repensant le moins possible aux douloureux souvenirs d'autrefois, car ils sont aussi doux qu'amers et qu'il ne peut pas rester ancré dans sa nostalgie toute sa vie. Faust, Natsume, Alice, ou Tristan, se sont d'autant de gens qui le font vivre chaque jour et pour qui il se bat afin de vaincre ses démons qui continuent, plus rarement toutefois, à l'assaillir lors de cauchemars terrible qui ne s'apaisent qu'à la seconde où il sent les bras de sa mère ou de Natsume, dépendant du lieu où il est, l'étreindre pour le bercer et chasser ces horribles songes en murmurant des mots rassurants d'une voix tendre et réconfortante qui gagne sur ses spectres et parvient à le calmer.

Alors comment ne pas fondre quand il voit Alice s'extirper de ses bras pour aller lui chercher un cadeau qu'elle avait elle-même emballé de ses petites mains en lui montrant fièrement, en effet, les jolies rubans dont elle a entouré le présent à son attention. Il ne saurait dire s'il est plus touché ou attendri par le geste de la fillette, mais son oncle fond indéniablement et il prend avec délicatesse le paquet de l'enfant, riant avec douceur en voyant tous les rubans de scotch qui entourent le cadeau. De peur d'abîmer l'emballage (alors qu'il est là pour ça), c'est avec un peu de difficulté mais aussi un peu d'acharnement qu'il enlève un à un les rubans et essaye d'ouvrir le tout sans trop faire de déchirures. S'il était déjà touché rien qu'en voyant l'empaquetage, le cadeau en lui-même l'émeut au-delà de la parole, et il ouvre habilement l'album photos que sa nièce lui a offert et qu'elle a décoré comme une grande, pour y trouver, en plus des photos, de jolis dessins représentants notamment son papa et les autres caricaturés de façon assez amusante. Il rit également devant le macaque qui faisait des prouts dessiné par Faust en personne, et bizarrement Sam n'avait pas eu besoin de vérifier la signature pour comprendre que c'était bien de lui. Plus discret, Natsume et Isaac avaient juste rajouté leurs signatures, ce qui était déjà suffisant pour l'adolescent. Tristan, quant à lui, avait fait un petit dessin à son tour, mais qui symbolisait un smiley souriant avec un petit mot d'encouragement qui le fit sourire.
« Un jour tu seras le meilleur dresseur »
Un autre mot légèrement plus long se trouve juste en-dessous et terminait la page, mais il n'a pas le temps de lire, se rappelant qu'il avait d'autres à ouvrir et que Natsume était apparemment impatient de lui donner le sien. L'aîné ne le sait pas encore, mais son copain a eu bien du mal à trouver quelque chose à lui offrir, et c'est peu de le dire. Avec l'aide de Lyra, cependant, et de ses méninges qui n'en finissent jamais de fonctionner, il avait réussi à trouver ce qui pourrait lui convenir, et le Shimomura avait vu juste. Le regard d'or de l'Enodril s'illumine effectivement en observant le bel appareil que le cadet lui a offert. Un extraordinaire polaroid qui était parfait à Sam pour ce à quoi il pensait : profiter des instants en compagnie de ses amis et, ainsi, ne jamais les oublier car les photos captent le moment présent pour l'emprisonner à vie. Son géniteur avait beau lui répéter sans cesse que les souvenirs qu'on garde en mémoire n'ont pas de prix et ne valent aucun portrait, mais le dresseur en a conclu un jour que cela pourrait servir s'il atteint un certain âge avancé et que sa mémoire lui fait défaut. Alors il est bien content d'en avoir un à sa portée pour immortaliser les passages les plus importants de sa vie.

Maintenant que ses amis ont commencés à lui faire des cadeaux, s'il dira toujours que 'il ne fallait pas', il ne peut pas enlever cette tradition des anniversaires, et il est assez curieux pour tout avouer de savoir ce que Faust pouvait bien lui offrir. Mais avant toute chose, son grand frère de cœur tient à faire un discours 'niaisard' comme il dit ; et étrangement, Samaël a la sensation qu'il va avoir le droit des rougeurs non contrôlées car il est sûr et certain que le hérisson va se mettre à dire des trucs gênants qui risquent de lui faire intérieurement plaisir et lui réchauffer le cœur, mais également qu'il y a des risques pour qu'il sorte aussi des dossiers compromettants. Peu importe, se dit le jeune garçon, après tout, comme il le disait, l'important c'est qu'il soit avec tous ses amis et il doit bien endurer ça de la part du Donovan. Le fait qu'il fasse un discours sur son compte le flatte déjà légèrement, même s'il débute à peine et que les premières phrases le surprennent quelque part, en même temps qu'une petite épine s'enfonce en lui. Un adulte responsable, lui ? Faust y croit-il vraiment lui-même en disant ça ? L'Enodril se souvient d'être entré dans la vie du Conseiller en tant que gamin un peu perdu qui cherchait à se faire une place, et voilà maintenant qu'il devient mature ? Si le ténébreux le pense, l'ourson est un peu moins sûr. La majorité ne veut pas dire avoir de grandes responsabilités, même si ça devrait être le cas, et il sait que l'autre n'a pas déclaré ça à cause de ça mais bien par les actes dont a déjà pu faire preuve le dresseur. Il aurait néanmoins pas mal d'exemples d'immaturité à clamer au monde entier pour montrer à quel point il n'a peut-être pas tant changé que ça, même s'il aimerait se convaincre qu'il peut être 'mature' comme le porc-épic le dit. Il restera toujours un sale gosse pour lui, mais peut-être pas seulement pour lui...

Comme il s'y attendait, toutefois, il n'est pas au bout de ses peines pour la suite, et sa sensibilité revient lui jouer des tours, faisant monter l'humidité vers ses yeux, lui qui avait voulu à tous prix éviter de fondre en larmes même s'il savait que ça serait une mission très difficile, voire impossible, quand il repensait à toutes les circonstances d'aujourd'hui. Oh, tant pis pour le paquet qu'il tient dans ses mains, car le plus beau cadeau se trouve dans ses paroles qui lui vont droit au cœur et le touchent bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Au diable la niaiserie et le taux de gayness, mais combien de fois Samaël a-t-il rêvé en secret que son aîné lui dise tout ça ? Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, ce n'était pas inapproprié d'imaginer que le Donovan puisse dire l'inverse sur son compte, car malheureusement, l'Enodril a plus d'une fois été indigne de la confiance et du respect qu'on portait vers lui. Il sait pertinemment, depuis qu'ils se connaissent, que Faust est loin d'être un âge, mais pour un gamin comme lui né fils unique, il ne faisait de mal à personne en faisant du Conseiller l'un de ses modèles, comme un second mentor en qui il avait une confiance absolue et qu'il voulait satisfaire par tous les moyens pour qu'un jour il puisse l'entendre dire de lui qu'il est fier de ce que l'Enodril est devenu et que pas un seul jour il ne regrettait leur rencontre.
Car hélas... Si le jeune adulte est reconnaissant envers le Conseiller de lui avoir appris ce qu'il sait en matière de combat, ce dernier n'a-t-il pas été déçu, frustré, et blessé, que son petit frère veuille devenir un guerrier lui aussi, et entrer dans la Résistance ? Alors que Sam lui a promis qu'il ne s'approcherait plus de Clive, qu'aurait-il pensé s'il avait découvert qu'il n'avait pas tenu sa promesse et qu'il avait bafoué sa confiance pour sauver son jumeau alors qu'il devait s'en éloigner pour éviter de risquer sa vie et de se mettre inutilement en danger une nouvelle fois ? Et cet homme, ce soldat du Régime, que Golden Wings a tué dans un excès de folie après avoir vu un enfant tomber sous ses yeux à cause de balles meurtrières et injustes ? Si le Donovan avait assisté à cette scène de massacre perpétré par l'adolescent qu'il a vu grandir dans un moment où il n'avait pas su se contrôler, qu'est-ce qu'il en aurait pensé ?..

Il parvient tout de même, de justesse, à se retenir de pleurer, et rit légèrement avec les autres, car Faust a marqué un point tout à l'heure : Sam est assez raisonnable pour savoir ce qu'il veut et ce n'est certainement pas lui qui irait jouer avec l'alcool et encore moins noyer ses soucis dedans. De toute façon, c'est loin d'être à son goût, et il préférerait déprimer avec du sirop de pamplemousse plutôt que quelque chose qui pourrait le faire agir dans l'inconscience et lui donner une mauvaise gueule de bois le lendemain. Même si dans sa tête il refuse de voir Faust vieillir, il est soulagé de l'entendre au moins dire, plus ou moins explicitement, qu'il pourra le voir devenir une personne du troisième âge, qui s'amusera probablement à faire des courses avec Isaac sur leurs déambulateurs, et au fond, si pour l'Enodril son aîné restera éternellement un gamin dans sa tête, il sera rassuré de voir qu'il sera en vie pour laisser les rides et les cheveux blancs trahirent l'âge de 'son corps d'Apollon', bien que ça le rend triste de constater que, effectivement, un jour ou l'autre, Faust sera obligé de marcher avec une canne à cause de ses articulations qui le feront souffrir, mais vaut mieux ça plutôt que de devoir traîner son cadavre qu'il aura découvert sur un champ de bataille après qu'il se soit fait tué alors qu'il avait des tas d'années à vivre devant lui. S'il devra l'enterrer et admettre sa mort un jour, il veut que ça soit de la façon la plus naturelle possible et qu'il n'ait aucun regret.

Ému, malgré ses efforts pour ne lâcher aucune larme, l'une d'elle finit par le trahir et roule sur sa joue alors que Faust l'attire contre lui pour lui ébouriffer les cheveux affectueusement, tandis qu'il ravale le flot d'émotions dans sa gorge qui le submerge lorsqu'il comprend, en effet, que son frère de cœur est fier de lui, et qu'il lui donne de nouveau l'appellation qui le fait tout le temps ronronner mais dont il a un peu honte parfois à cause de Félix et d'Eliott, avec cette impression constante qu'il profite d'un bonheur qu'ils recherchent également de leur côté mais sans avoir le plaisir de le partager. Ce serait sans doute l'anniversaire du cadet qui serait fêté en ce moment-même à la place du sien, car ça aurait été logique de la part de Faust d'agir en tant que tel. Sam ne peut pas s'empêcher d'être égoïste et de bénéficier comme il le peut de la présence de ce grand frère qu'il n'a jamais eu mais cela ne change rien au fait qu'il ne pourra jamais vivre vraiment ce qu'ont connu les deux frères cadets des jumeaux.

Le moment d'ouvrir le paquet de Faust arrive enfin. Comme il est plutôt petit comparé aux autres, Sam se demande vraiment ce qu'il contient. Un nouveau téléphone, peut-être ? Ne faisant absolument pas attention au sourire un peu trop mielleux et innocent de Faust, il déballe l'emballage assez rapidement avant que le mur finisse par le surprendre avec une telle force que la chute n'en est que plus rude.
Me dites pas que c'est ce que je crois... Si, si, c'est ce que je crois.
Alors qu'il comprend enfin véritablement, le rouge, tout comme pour Natsume, atteint ses joues à une vitesses fulgurante, à tel point qu'il aurait vraiment envie de creuser un trou profondément pour s'y cacher et ne jamais refaire surface, tant l'embarras qui l'occupe est dix fois pire comparé à celui occasionné lors du discours niais de l'autre, car la gêne à ce moment-là était plus gentillette et mièvre, mais il retiendra longtemps les rires de son entourage ce jour-là car il ne pouvait que les comprendre et se moquerait sans doute de lui-même s'il le pouvait et s'il n'était que spectateur. Quel ne fut pas son soulagement lorsqu'il comprit que ce n'était pas le vrai cadeau de Faust, même si le fait qu'il soit victime de cette tradition, si elle est stupide et puérile, le touche quelque part, quand il pense qu'il y a aussi le droit et que ça marque en quelque sorte un nouveau pas dans le lien fraternel qui unit le hérisson et l'ourson. Il est néanmoins plus qu'heureux de constater que le véritable présent de Faust est en fait... des clés ? Si l'Enodril ne capte pas tout de suite où il veut en venir lorsqu'il lui montre le trousseau en acier et qu'il le met dans sa main, mais il ne perd pas plus de temps et file dehors, non sans lancer en l'air la boîte de capotes, généreusement offerte par le Donovan, afin qu'elle retombe sur Tristan en terme de petite vengeance, l'Hôte de Pension n'ayant pas hésité à rire à gorge déployée lors du fameux moment gênant en lui disant par dessus son épaule quand il aura sûrement plus besoin que lui, profitant de la face pivoine que sa remarque a automatiquement fait apparaître sur le visage de son ami afin de ricaner un bon coup tout en sortant à l'extérieur afin de rejoindre les autres et de s'arrêter juste devant le cadeau présumé, les yeux ronds et la bouche s'ouvrant d'elle-même, impressionné.

- Wouaaah...

Autant dire que l'effet est immédiat et qu'il n'est pas le seul à être estomaqué devant la superbe moto lustrée qui trône fièrement au milieu du jardin. Certes, le compétiteur n'y connaît rien dans ce genre d'engin, mais ça reste tout de même sensationnel, ne serait-ce qu'à la vue. Lentement, l'Enodril s'approche de la belle Kawasaki, se retenant de baver, se contentant de laisser des étoiles danser dans ses yeux, peinant à croire qu'elle lui revient désormais et qu'elle lui appartiendra dès qu'il aura son permis en poche. Aucune sensation n'est comparable pour lui que celui de voyager sur le dos d'un de ses compagnons, mais cela ne l'a pas empêché de rêver quelques fois de posséder une bécane classe qui feraient pas mal de jaloux, et apparemment, même Isaac semble époustouflé. Obnubilé par la machine vernie de noir, il continue de l'observer avec un regard étincelant tout en répondant mécaniquement à Faust d'un hochement de tête, entendant à peine également le cri qu'avait poussé son copain.

- C'est bien beau tout ça mais je compte sur toi pour ne pas conduire avant que tu aies ton permis. Ce serait dommage que tu abîmes une si belle moto, et puis, tu es un adulte responsable, maintenant.

Lyra s'était approchée de lui en glissant un clin d'œil à son fils, et celui-ci lui assura d'un hochement ses propos. Il était bien évidemment hors de question qu'il monte là-dessus sans savoir le piloter ; c'est bien loin des balades qu'il fait sur le dos de Tori ou de Smaug, là au moins il fait confiance à ses Pokémons et ne fait plus qu'un avec eux, de plus c'est devenu un petit champion de la voltige, avec le temps. Mais c'est une autre paire de manches avec une machine à moteur, et qui a l'air d'aller vite, qui plus est, ce qui ne déplaît pas à Sam, féru de rapidité et de sensations fortes, même si ça peut l'entraîner parfois dans des mésaventures assez folles.

- Et surtout, il ne faudra pas que tu perdes les clés.
- Les clés ?.. Oui... Euh, j'veux dire, c'est moi qui les ai ! Elles sont... Elles sont... Elles sont où ?

S'arrêtant soudainement de chercher dans toutes ses poches, Samaël constate avec surprise que les clés que lui a confié Faust ne se trouvent plus dans ses mains. Poussant un petit cri paniqué, il cherche dans l'herbe pour voir si elles ne sont pas tombées, avant que sa mère ne lui tapote doucement l'épaule pour lui indiquer le Banshitrouye de son petit ami qui se faisait déjà la malle, emportant avec lui le précieux nouvellement acquis.

- HIDEKI, REVIENS !

L'ourson se lance à la poursuite du kleptomane en compagnie d'Alice mais le Banshitrouye se faufile aisément dans la maison et il est bien difficile de l'attraper, même à plusieurs. Un peu plus loin dans le salon, Toboe et Cheza, le Togepi et la Bulbizarre de Sam, s'empiffrent déjà de parts de gâteau dont ils se sont servis pendant que les autres étaient à l'extérieur, et se régalent dans leur coin en s'amusant de la situation avec le voleur sans s'en mêler, sachant que le bien dont il s'est accaparé reviendra assez tôt à son propriétaire et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter.
Mais tout à coup, voilà que le brigand et ses poursuivants se dirigent dangereusement vers eux et le gros gâteau chocolaté, telle une menace imminente. Si Cheza saute d'un bond de la table juste à temps, elle remarque trop tard que le Pokémon Fée n'a pas l'air d'avoir fait attention à la catastrophe imminente qui se prépare, et la Bulbizarre n'a que le temps d'enserrer ses lianes autour d'Alice pour l'arrêter dans sa course et l'empêcher dans un timing parfait de se prendre du gâteau dans la tronche. Son dresseur, en revanche, a moins de chance que la fillette et, après avoir été aveuglé par une lumière apparue comme par magie, se retrouve, avec Hideki, la tête la première dans son gâteau d'anniversaire, le seul qui était intact, et que Katya avait soigneusement préparé à son attention. La moitié était à présent en bouilli et accueillait en son sein, sous quelques couches au cacao et au sucre, le haut du corps de l'Enodril ainsi que le Pokémon Plante et Spectre de l'éleveur. Ils s'extirpent tant bien que mal tous deux des morceaux de gâteau, et Sam attrape enfin le fuyard.

- J'te tiens !

Cependant, contre toute attente, l'Enodril se rend compte que Hideki n'a plus les clés. Pris d'affolement, il se met ardemment à les chercher avant que le Banshitrouye ne s'en empare de nouveau, mais pas facile de les retrouver alors que le chocolat est devenu roi sur la table du salon. Puis, il s'aperçoit que quelque chose bouge dans la pâtisserie, et cligne des yeux en voyant un Togetic sortir du tas de nourriture, brandissant le trousseau que Sam cherchait désespérément. En reconnaissant Toboe, le regard du compétiteur s'illuminent et il oublie aussitôt les clés que son Pokémon lui tend pour prendre son allié dans ses bras et sauter de joie.

- J'y crois pas, t'as évolué ! C'est super, Toboe !

Malgré tout le chocolat dont ils sont recouverts, Samaël est radieux ; il lui semblait que ça faisait une éternité qu'il n'avait pas assisté à l'évolution d'un de ses Pokémons, et il tient particulièrement au bon développement de Toboe, ne serait-ce que pour la promesse qu'il a faite à celui qui aurait dû lui revenir. Heureux, il enlacer son Pokémon en exécutant une mini danse de la victoire en montrant aux autres qu'il a récupéré les clés dans un geste triomphant.

- Excellent, Sam, dit Tristan en s'approchant d'eux. Cependant, je crois qu'il est temps pour toi de te débarbouiller un peu, termine-t-il en pouffant lorsque le cadet lève les yeux vers ses cheveux pour se rendre compte que, effectivement, du gâteau en dégoulinait de partout.

Samaël se précipite donc jusqu'à l'étage pour les débarbouiller, lui et son Pokémon, et en profiter pour mettre une belle chemise propre, lui qui n'avait même pas eu l'occasion de s'habille correctement pour ses dix-huit ans, bien qu'on se fiche un peu beaucoup du code vestimentaire. Gardant précieusement les clés sur lui, une fois qu'il a fini de se nettoyer la face et de se changer, il redescend, admirant au passage la nouvelle capacité de voler de son Togétic qui apprend déjà à se servir de sa paire d'ailes, maladroitement, certes, mais avec un début satisfaisant.
En revenant au rez-de-chaussée, il se plaça au même endroit que Faust tout à l'heure, et attendit que le calme revienne.

- Hm... Moi aussi j'aimerais prononcer quelques mots. Vous en faites pas, ça sera pas long.

Il dit plus ça pour plaisanter, car ce n'est vraiment pas le meilleur pour trouver les mots, mais il tenait néanmoins à prononcer un petit discours lui aussi, car cela lui tenait à cœur ; et bien qu'il croit qu'il pourrait déranger, l'assemblée l'écoute avec attention et Lyra l'encourage d'un petit signe de la main à commencer, un sourire aux lèvres.

- J'aimerais d'abord tous vous remercier pour votre présence ici et pour avoir organiser cette fête en mon honneur. Même si je ne suis pas habitué aux surprises, cela me touche énormément, et je m'estime être le plus chanceux nouvel adulte responsable de tout Enola, en me voyant entouré d'amis aussi merveilleux.

Il rougit très faiblement, inaccoutumé à parler en public, même s'il s'agit de proches à lui. Il n'aime pas spécialement être le centre de l'attention, à part celui du Shimomura qui occupe régulièrement ses pensées, ainsi que celle qu'il devra capter si un jour il arrive au sommet de la Ligue et que son rêve se réalise.

- J'suis pas facile à vivre parfois, et j'ai la fâcheuse tendance à me mettre dans des situations un peu périlleuses. J'imagine que les responsabilités, c'est pas pour aujourd'hui. Mais depuis le début, j'ai parcouru un long chemin déjà. J'ai pas mal grandi, et ce grâce à vous. Néanmoins...

Il marque un arrêt, puis sourit tendrement, avant de faire quelques pas vers le Conseiller Ténèbres. Enfin, il passe son bras derrière la nuque du Donovan pour le rapprocher de lui, avant d'émettre un sourire encore plus lumineux que celui de l'aîné. Il y a longtemps que Sam n'avait pas été aussi rayonnant.

- Je ne crois pas que je serais devenu celui que je suis maintenant sans ma rencontre avec Faust. Je lui ai causé beaucoup de soucis, vous savez ? Pourtant, il a toujours été là pour moi afin que j'arrive toujours à revenir sur le droit chemin. On est peut-être pas lié par le sang, mais je peux vous dire, moi qui ai grandi seul, qu'il est le meilleur frangin dont on puisse rêver sur Terre. Ou sur Mars.

Personne ne pouvait douter de sa parole, car son regard émerveillé et flamboyant parlait pour lui, et qu'il exprimait toute l'admiration qu'il ressentait pour celui qui lui a sauvé la vie autrefois mais qui ne l'a plus quitté depuis. Il remerciera toujours Arceus d'avoir croisé la route de Faust Donovan, car il l'a aidé, comme d'autres, à devenir adulte, mais a également bouleversé son existence à jamais. Il regrette tant à chaque fois un peu plus de lui apporter des ennuis, et il aimerait pouvoir l'aider comme il l'a fait pour lui depuis leur rencontre. Pour Clive, pour Félix, et pour Eliott, s'il ne les remplacera jamais -car ce n'est pas ce qu'il désire-, il se promet d'être une des personnes qui veillera sur Faust autant qu'elle le pourra, car le hérisson est connu pour faire passer les autres avant lui et qu'il a besoin de soutien lui-même, car ce n'est pas lui qui se préoccuperait de son bien-être. Loin d'être le jeune adolescent qu'il était il y a deux ans, même si ce n'est pas si ancien que ça, il s'est transformé physiquement et mentalement pour protéger ceux qu'il aime, mais également son île, contre les dangers qui la menacent. Réaliser son objectif en gagnant la Compétition, oui, mais aussi pour se prouver à lui-même qu'il est capable de grandes choses.

- J'espère juste que la prochaine fête en mon honnneur sera pour célébrer ma victoire à la Compétition. En attendant... Musique !

Aussitôt dit, aussitôt fait ; car une fête, c'est bien, mais avec de la musique, c'est mieux. Par un signal de son oncle, Alice met en marche la sono et Sam en profite pour tirer son frangin par le bras en passant devant Isaac à qui il s'adresse, avec un sourire idiot et un clin d'œil.

- Tu permets que j'emprunte ton cher et tendre pour une petite danse ?