Je jure que je lui ai rien fait fumer, pour que la Conseillère rigole autant depuis tout à l’heure ! Et elle a dit « cul ». J’ai fait dire « cul » à Lady G, bordel. Quand je l’ai entendu répéter mes gros mots, j’ai eu un moment d’arrêt, ne sachant pas si je devais être horrifié ou exploser de rire à mon tour. J’ai finalement choisi la seconde alternative. Tout ça est très mièvre, quand même, mais je devrais faire comme vient de le dire la rouge, c'est-à-dire arrêter de tortiller du cul, de temps à autre. Après avoir suffisamment gloussé, je jette un œil à ma Lugulabre qui affiche nos scores finaux, avec un expression bien plus joyeuse qu’avant notre arrivée. Je crois que cette entrevue lui a rendu une certaine joie de vivre, et je m’en réjouis. Mission accomplie ! J’envoie un sourire sincère comme rarement je le suis à mon alliée, puis reprend une expression plus pince-sans-rire quand Gaësia m’annonce ce que j’ai gagné. Warf. Voler tout ce saké risque de ne pas être très aisé. Mais bon, que serait ma vie s’il n’y avait plus aucun challenge de ce genre. Un pari est un pari. Celui-ci est pleinement satisfaisant pour moi aussi, en plus.

« C’est très bon, tout ça ! Hein, Irma ? »

La Lugulabre acquiesce avec enthousiasme. Même si la mort de sa chère Ginette et les évènements des derniers mois, ainsi que nos « différents » avec mon papounet sont encore frais dans nos mémoires, le Pokémon spectre semble plus prête à aller de l’avant, maintenant. Et parlant d’aller de l’avant, le retour à la réalité va devoir se faire à un moment ou à un autre. En surveillant l’heure sur ma montre, je me rappelle qu’il va me falloir aller chercher Ludwig à l’école. Je ne me ferais jamais à ses habitudes de grand frère raisonnable, mais il faudra bien.

« Je te rapporterais tout ça bientôt. Et la prochaine fois je frapperais à la porte, c’est quand même un peu plus poli. » Bah voyons, tu t’es pas gêné pour entrer mal effraction. Le pire c’est que vu mon sourire de petit con, je ne dois pas du tout avoir l’air de regretter. « Pour le moment, faut que j’y aille, j’ai la réalité qui m’appelle, malheureusement. »

Fis-je en me levant enfin du canapé, et en remettant avec soin le bouton de ma veste sur ma chemise un peu froissée. Avant d’oublier, je griffonne quelques trucs sur un post-it, avant de le donner à la Conseillère.

« Tiens. Comme ça tu sauras où me joindre pour livrer les bières. »

Elle a mes coordonnées, désormais. Après tout, je me suis infiltré chez elle par effraction, alors autant être sur un pied d’égalité. Irma semble vouloir rester un peu plus longtemps, mais comprend que Ludwig aura bientôt besoin qu’on s’occupe de lui, et qu’il m’en voudra si j’arrive en retard. Avant de partir pour de bon, je lui adresse un dernier salut.

« A la prochaine, Gaesia. C’était sympa. Et t’as même remonté le moral d’Irma, bien joué. »