« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Nothing less than perfect |OS|

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Charlotte S. Laurens
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Charlotte S. Laurens
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Âge du personnage : 19 ans
Métier / Études : Championne Dresseur de Zazambes
Pseudonyme(s) : Tabitha, surnom de dresseuse

Niveau : 60
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Nothing less than perfect |OS| 256
Akemi la Galifeu ♀ - Brasier - Naïve

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Alastor le Carchacrok ♂ - Voile Sable - Rigide

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Eryn la Crocorible ♀ - Intimidation - Joviale

Nothing less than perfect |OS| 297
Edwin l'Hariyama ♂ - Isograisse - Gentil

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Astrid la Pandarbare ♀ - Poing de Fer - Calme

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Miornir l'Hippoducus ♂ - Sable Volant - Brave


Team spécifique :
Nothing less than perfect |OS| 448
Soren le Lucario ♂ - Attention - Solo

Nothing less than perfect |OS| 499
Asaki le Grotichon ♂ - Brasier - Modeste

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Fukuo le Bagguiguane ♂ - Mue - Jovial

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Hayate le Karaclée ♂ - Fermeté - Pressé



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MessageSujet: Nothing less than perfect |OS|   Nothing less than perfect |OS| EmptyDim 15 Nov 2015 - 20:44

NOTHING LESSthan perfect

Alexis

Et tout juste ainsi, le sourire qui a germé contre son visage se fane sitôt apparu, ne laissant derrière lui qu’une poignée de regrets. Des jours que je tente en vain de lui tirer, des jours épuisants mais surtout éprouvants, pendant lesquels j’ai cru la perdre. Lunatique, en déroute dans des pensées qui ne lui appartiennent, ma fiancée semble s’égarer de plus en plus à mesure que date limite approche, celle qui nous rapproche tous les deux de la parenté. D’ici une poignée de jours à peine, notre enfant doit naître, une perspective tout aussi déroutante qu’agréable. Si je n’en peux plus de compter les heures qui nous séparent de la date fixée par les médecins pour tarir mon impatience, Carla s’est murée dans un silence qui ne lui ressemble guère, son front plissé d’angoisse, souvent incapable d’avaler la moindre bouchée de plats préparés pourtant avec énormément d’amour et de soins. Tous les jours, ce même combat, toujours un peu plus difficile, de lui tirer un sourire qui illuminerait ce beau visage. Je sais bien qu’elle s’inquiète, que d’entre nous deux, je suis le plus préparé à ce qui va venir. Mais au-delà des angoisses habituelles torturant les nouveaux parents, la jolie blonde s’enfonce dans de bien sombres pensées dont j’ai l’espoir de voir se résorber à la toute fin de ce processus, lorsqu’enfin le fruit de notre amour sera mis au monde. Quand elle portera son regard sur elle pour la toute première fois, elle ne pourra plus angoisser, nécessairement. Alors je pourrai la retrouver telle que je l’aime, sachant que ce coup de bleu n’est que temporaire.

Pourtant cette fois, ce sourire est retombé bien trop brusquement, accompagné d’un geste ne faisant aucun doute vers son ventre distendu qui la tient à distance de la table où elle tente sans enthousiasme d’avaler son repas. Ses doigts s’y crispent d’une douleur qui me tire de ma propre chaise pour me précipiter à son chevet, inquiet. Cette fois, la contraction ne fait absolument aucun doute, annonçant la venue du bébé après plusieurs autres au courant de l’après-midi. Le visage de Carla se crispe alors qu’elle ravale un gémissement, probablement par fierté. Mes doigts viennent cueillir les siens contre son abdomen, les serrant avec une infinie douceur. Même en cet instant où la joie et l’espoir me traversent, je peux la sentir. Distante. À des lieux et des lieux de moi, comme une île sur son lac gelé. J’ai beau scruter le bleu de son regard, je n’y devine qu’une profonde confusion qui ne fait qu’animer la mienne. Pendant quelques secondes angoissées, j’en viens à me demander si elle ne regrette pas cette grossesse certes imprévue, mais qui nous a tous les deux comblés. Ou du moins je le croyais. Car mon amoureuse ne m’a jamais parue aussi loin, même lors de ces longs mois passés à chercher son affection pour me buter au mur qu’elle avait construit tout autour d’elle.

«Je vais chercher la valise, nous allons à l’hôpital.»

«Non. C’est trop tôt. Le docteur a dit que le bébé naîtrait dans dix jours. Ça doit être passager.»


Sur ses traits maintenant soulagés, l’obstination s’installe. Je soupire en sachant pertinemment ce qui va suivre. Un autre de nos éternels combats, les instants épiques de mon existence et dont habituellement je retire une part généreuse de plaisir. Mais pas cette fois. Pas à ce sujet.

«Les bébés n’obéissent pas à un horaire, tu le sais bien Carla. Essaie de finir ton repas, je vais m’occuper de tout.»

En tâchant d’afficher un sourire assuré, je me redresse et lui file un baiser contre ses cheveux d’or, avant de prendre la direction de notre chambre. Je l’entends marmonner qu’elle n’a pas faim avant de se lever péniblement pour en jeter le contenu. Bien sûr, il en faudra bien plus pour la convaincre, mais je n’abandonne pas. J’ai confiance qu’au-delà sa peine et sa confusion, Carla saura retrouver sa voix au moment opportun. La grossesse fut pour elle plutôt pénible, accompagnée de nombreux effets secondaires tout à fait nuisibles et inconfortables. Des douleurs aux pieds et au dos, aux nausées constantes, les migraines ainsi que les sautes d’humeur (ô combien spectaculaires d’ailleurs, mais avec les Laurens ce n’est guère surprenant…), mon amoureuse a énormément souffert. Mais pire encore, tout le stress a fini de la torturer à savoir si le petit être présent dans son ventre se porte bien. Un stress tellement intense qu’il a, a de nombreuses reprises, mis la grossesse en danger, ainsi que sa propre santé. À cet effet, je n’ai pu qu’être un soutien salutaire, une épaule compréhensive et un sourire brave. Bien sûr, le bien-être de notre future fille m’interpelle tout autant qu’elle, mais Carla… Carla a atteint les tréfonds de l’angoisse et son moral n’a fait que dégringoler à mesure que les mois ont défilé. Entre son humeur changeante, ses symptômes désagréables et son manque constant de coopération, ces derniers mois n’ont guère été aisés pour moi, mais j’ai toujours su rester sincère et fidèle, et même au passage régler quelques conflits entre la blonde et sa jeune sœur, dont les tempéraments les poussent souvent l’un contre l’autre.

Dans l’autre pièce, je prépare la valise de ma fiancée en tâchant d’imaginer notre bébé. Nous avons parié, Carla et moi, au sujet du sexe dont nous avons refusé d’entendre parler jusqu’à la naissance. J’ai bien cru que je mourrais d’impatience de savoir, jusqu’à ce que ce petit jeu vienne pimenter d’autant plus la surprise. Si je suis convaincu qu’il s’agit d’une petite fille, ma copine, elle, pense que nous aurons un garçon. L’un comme l’autre, j’en serai ravi. J’espère quand même remporter mon pari… Il faut bien qu’une fois de temps en temps je gagne, moi aussi. La valise bouclée de tous ses effets, je m’égare à l’extérieur de la cabane pour rappeler Dexter et Agatha, ses deux plus proches compagnons afin qu’ils nous accompagnent jusqu’à l’hôpital. La deuxième rejoint rapidement sa balle que je glisse à ma ceinture, mais le Grahyéna refuse de laisser sa dresseuse vers laquelle il se précipite aussitôt rentré en ma compagnie. Ses jappements furieux m’interpellent alors que je le suis à la cuisine, où Carla s’est réfugiée contre le comptoir, blême et couverte de sueur. Visiblement, une nouvelle contraction l’agite, encore plus douloureuse que la précédente. Son regard me cherchent à l’improviste, se rivent vers moi alors que j’émerge du couloir. Elle déglutit dans une tentative vaine de ravaler ses larmes, de soustraire son émoi à mes yeux. Mais il est trop tard.

«Carla…»

«C’est trop tôt, Alexis… Et si quelque chose clochait? Et si l’accouchement devait mal se passer? Et s’il devait lui arriver quelque chose?»


Aucune hésitation. Je suis sur elle pour la blottir contre ma poitrine, où les larmes qu’elle se refuse coulent malgré elle.

«Tout va bien se passer. Promis.»

J’ai confiance. En elle, en moi, en nous. Dexter, à mes côtés, s’est tu, pour simplement gronder à voix basse. Il comprend pertinemment la détresse de sa maîtresse, de son amie de toujours. Il comprend aussi qu’elle souffre, que son calvaire ne fait que commencer. Il hésite, à l’orée de notre étreinte, avant de s’y mêler dans un rare témoignage d’affection qui semble apaiser quelque peu la jeune femme qui tremble dans mes bras.

«Je sais que tu as peur, Carla. Mais tout va bien se passer.»

Je sais qu’elle pense à eux. À ses parents, à son petit frère, qu’on lui a brutalement arraché. Si elle ne l’a jamais nommé, cette grossesse la remue d’autant plus de par le deuil qui l’incombe toujours. Car chaque événement particulièrement important de nos existences nous rapportent toujours, nécessairement, aux absents qui n’auront pas la chance d’y assister. Stephen et Tamiko ne vivront jamais le bonheur immense de devenir grands-parents, et Tomnen ne connaîtra jamais son neveu. Mais il faut continuer sans eux. Notre bébé en vaut certainement la peine. Carla, dans mes bras, semble s’être apaisée, ses pleurs moins amers. Même longtemps après ses larmes taries, je la berce dans mes bras en tâchant de lui insuffler toute la force nécessaire pour l’épreuve qui nous attend dans quelques heures. Puis, d’elle-même, elle vient cueillir ma main de ses doigts tremblants, dans une communication muette qui m’indique la marche à suivre. Elle est prête.

«Appelle Charlie avant de partir.»

Elle fuit mon regard en se dirigeant vers la voiture. Toujours cet orgueil qui la coupe du monde entier, qui la protège de cette vulnérabilité qu’elle refuse de voir en elle. Bien sûr, Carla aura besoin de sa jeune sœur pendant cette épreuve difficile, de ce soutien que jamais je ne pourrai lui procurer. Leur lien lui apportera toujours d’avantage que mes sourires et mes paroles légères et rassurantes. Et c’est bien normal. Après tout ce qu’elles auront traversé toutes les deux… Charlotte est bien tout ce qui lui reste au monde, au du moins c’était le cas avec ce bébé et notre mariage à venir. Carla a peur, peur qu’il nous arrive la même chose qu’à sa propre famille, et plus que jamais cette crainte se manifeste au moment où nous nous apprêtons à faire connaissance avec notre petite fille. Je connais bien son âme blessée et torturée, je l’ai côtoyée assez maintenant pour ne plus m’en alarmer autant. Elle ne nécessite qu’un soutien et passablement d’obstination pour la convaincre que tout ira bien. Or je comprends que cet accouchement représente probablement un des défis les plus considérables dans son existence et que nécessairement, cet événement la ramène à la tragédie qui a changé le visage de sa vie. Avec un sourire rassurant, je compose le numéro de la jeune femme, qui répond après plusieurs coups sans grande surprise. Avec plusieurs Pokémon dans ses jambes, la Championne est souvent occupée et plus ou moins disponibles aux appels. Mais en entendant la sonnerie spécifique à notre demeure, je la soupçonne de s’être précipitée le plus rapidement possible pour récupérer le téléphone de l’Arène.

«Qu’est-ce que Carla a encore fait?»

Dans son ton, une étincelle de malice et moqueuse qui me tire un sourire. Exactement le genre de commentaire qui aurait fait rager l’intéressée. Depuis quelques temps, j’entretiens une correspondance régulière avec Charlotte pour la tenir au courant de l’état de sa sœur. Et si elle blague, je la sais inquiète, et un peu irritée par la réclusion progressive de la blonde. J’ai beau tenter de la rassurer et de lui dire qu’il ne s’agit que d’inquiétudes temporaires, la cadette est dure envers elle.

«Bonjour Charlie… Cette fois elle a été sage, mais… Enfin comment te dire?»

Ma voix se brise d’émotion et de joie mêlés alors que je réalise peu à peu ce qui va se produire d’ici quelques heures.

«Le bébé s’en vient. Les contractions ont débuté, nous nous rendons à l’hôpital.»

J’entends la Championne s’affoler de l’autre côté, bousculer un Pokémon qui proteste (je crois reconnaître Zeus son Rhinocorne, ou peut-être est-ce son père Apollon?) et se diriger en cavale dans une autre pièce, tout en me parlant d’un ton paniqué.

«Oh Arceus… d’accord… d’accord je…»

J’aimerais comprendre ce qu’elle ajoute ensuite, mais mes connaissances en japonais ne me permettent que de deviner qu’elle s’affole inutilement. Sa réaction me fait rigoler, un rire qui reste pris dans ma gorge en entendant mon amoureuse se crisper sur son siège une nouvelle fois. Je fais signe à la future maman de respirer profondément afin de l’aider à faire fi de la douleur occasionnée par les crampes, un comportement repris par la jeune femme à mes côtés. Pour ce qui est de Charlie, je décide de couper court notre conversation. J’ai l’impression que ce bébé est un peu pressé.

«Tu pourras nous y rejoindre, d’accord? Je dois te laisser.»

«Okay. Okay. Okay. CESAR T’ES OÙ BORDEL?»


Oh le pauvre mec qui va devoir la calmer ce soir. Attendez… Je suis aussi ce mec en fait. Car Carla est elle-même d’une pâleur déroutante, son joli visage couvert de sueur. Je soupire en raccrochant avec ma belle-sœur qui, de toute façon, ne me manifeste plus aucun intérêt. Je démarre la voiture, et ensemble nous filons jusqu’à l’hôpital général de Zazambes, où notre docteur sera prêt à nous recevoir je l’espère.

***

«Vous devez rester calme, mademoiselle, Laurens, je vous en prie.»

Un nouveau coup d’œil du docteur vers les moniteurs qui indiquent les indices vitaux de la jeune femme allongée. Les contractions se font de plus en plus violentes, de plus en plus rapprochées, le col dilaté maintenant à dix centimètres qui annonce qu’elle pourra bientôt pousser. Sauf qu’elle ne poussera pas, comme vient de nous l’annoncer le médecin. Le bébé s’est déplacé et semble venir par le siège, maintenant en mauvaise posture, coincé quelque part dans ses entrailles où il a pourtant grandi jusqu’à présent. Le visage de Carla est complètement bouleversé, si bien que je m’affole moi-même malgré mon calme habituel. Elle souffre énormément, je le devine, autant du point de vue psychologique que physique. Elle a du faire son deuil d’un accouchement naturel, de son accouchement parfait pour lequel elle s’est mis tant de pression inutile. J’ai foi que ce bébé sera sorti d’affaire sous peu. Or, je ne peux en dire autant de la jeune mère affligée, tendue sur son lit en gémissant d’une peine qui dépasse simplement la souffrance occasionnée par les contractions. Carla est terrorisée par la césarienne qu’on vient de lui annoncer. Je suis les battements frénétiques et inégaux de son cœur sur le moniteur, en sentant la situation déraper.

«Carla, mon amour, écoute-moi, regarde-moi. Regarde-moi, Carla, ici, regarde dans mes yeux.»

Elle me fuit, elle m’échappe. Elle se terre dans ce monde où il n’existe qu’elle. Je crois même qu’elle a capitulé. Et moi, près d’elle, impuissant, et tellement inquiet. Moi qui refuse de la laisser faire, de la laisser s’engloutir elle-même dans la terreur occasionnée par ce moment. Elle n’écoute plus, plus rien que ses angoisses, elle me rejette tout comme cet enfant qui a désespérément besoin d’elle. Vaut mieux ne jamais l’avoir connu plutôt que de souffrir à l’aimer n’est-ce pas?

«Écoute-moi bien Carla Laurens. J’en ai assez. Je t’ai soutenu pendant neuf mois et tu n’en as fait qu’à ta petite tête. Ça suffit, tu ne peux plus agir ainsi.»

Mon ton s’est fait dur, presque agressif, un ton que je n’ai jamais employé avec elle à qui je n’ai toujours que réservé ma douceur et ma gentillesse. Je vais cueillir son bras et la tire pour l’allonger sur sa couche. Elle proteste, me résiste, grogne et gémit tel un animal blessé, mais elle n’a plus la force de me vaincre. Je la maintiens en place sur son lit et la force à me regarder.

«Tu veux voir notre bébé mourir, Carla? C’est ce que tu veux?»

Son regard croise le mien, y lit toute mon inquiétude, toute ma douleur de la voir ainsi, mais aussi ma détermination à voir ma fille mise au monde. Elle n’a pas le droit de décider pour nous deux. Son visage se couvre de larmes progressivement alors qu’elle réalise son erreur, qu’elle réalise sa sottise. Chacun de ses traits s’affaissent et je l’entends sangloter de terreur contre son lit immaculé, dans le silence respectueux de l’équipe médicale. La rage me consume encore, mais je me pose contre la chaise qu’on a rapprochée à mon intention en tenant sa main avec une poigne encore douloureuse. Elle se détache de la contemplation se mon visage aux traits figés pour finalement poser les yeux sur le docteur et acquiescer. Sitôt son accord donné que l’équipe se met en place pour préparer la césarienne en urgence, chacun de ses mouvements précis. Je nous sais entre de bonnes mains, ce qui ne suffit néanmoins pas à nous apaiser.

«Je… je suis désolée Alexis… Je suis désolée… S’il te plaît…»

Elle devine ma colère, mon désespoir. Elle sait que je ne lui pardonnerai probablement jamais ce qui vient de se produire, que toujours la perspective d’avoir pu perdre l’enfant à ses insécurités me hantera. Je n’ose même plus la regarder, pas encore, j’ai trop mal de savoir qu’elle aurait pu tous nous abandonner à l’instant où nous avions le plus besoin d’elle.

«Ne me refais plus jamais un coup pareil.»

Elle se tait. Incapable de promettre. Ou trop épuisée peut-être pour répondre. L’opération a lieu dans le plus grand des silences, seulement animé par quelques instructions échangées entre le médecin et les infirmiers à ses côtés, ainsi que les battements irréguliers du moniteur cardiaque de Carla. Une période intense, qui me transit d’angoisse. L’attente me paraît interminable, pénible, et si lourde que j’en oublie toute ma colère, pour guetter l’apparition de mon enfant de derrière ce pan de tissu qui nous coupe la vue. Finalement, j’entends le médecin pousser un soupir de soulagement avant d’annoncer fièrement :

«Félicitations, c’est un garçon!»

Un garçon. J’aurais dû m’y attendre, Carla a toujours raison. Nous échangeons un regard ému pendant lequel je me redresse légèrement pour apercevoir une masse ensanglantée dans les bras habiles du médecin. Mon fils. Mon fils qui est parfait, ses jambes battant déjà avec frénésie et ses petites mains se tendant dans le vide.

«Il ne pleure pas.»

La voix de Carla vient briser la magie et semer chez moi un doute vibrant. Le silence de l’équipe médicale me bouleverse et je cherche un regard du médecin qui, brusquement, se retourne et s’éloigne, emportant mon fils avec lui. Carla s’affole aussitôt, ses mains se crispant contre la table alors qu’elle tente de se redresser malgré la forte médication qui l’empêche de ressentir la moindre douleur.

«Il ne pleure pas… Il ne pleure pas Alexis! Mon bébé, où est-ce qu’ils l’emmènent, Alexis je veux le voir, je veux voir mon bébé, je veux le voir.»

Je tente de lui serrer la main, de la rassurer, mais rien de me vient. Lorsqu’elle se met à hurler, j’ai envie de l’accompagner dans ses cris, mes yeux luisant de larmes qui refusent de couler, ma cage thoracique envahit du doute, du doute impossible. Impossible. Carla s’affole de plus en plus, combattant l’effet engourdissant des médicaments pour tenter de le voir, son fils qui toujours ne pleure pas. Et moi, incapable de dire quoi que ce soit, j’assiste à la scène comme si je ne m’y trouvais plus, hors de moi, hors de mon propre corps, à la dérive en assistant à ce véritable cauchemar. Puis les cris de la mère s’estompent, et son corps s’abandonne à moitié contre le mien alors que le moniteur, lui, se met à biper dangereusement.

«Carla?!»

Aussitôt on accourt en ma direction, me bousculant au passage en entourant la jeune femme. Le médecin est parmi les premiers, jetant un regard inquiet au moniteur à son tour. Il échange quelques mots avec un infirmier, quand je tente de m’interposer entre lui et mon amoureuse.

«Qu’est-ce qui se passe? DOCTEUR?»

«Faites-le sortir. Je suis désolé, monsieur Jones. Nous viendrons vous chercher sitôt l’état de votre conjointe stabilisé.»

«Carla? Carla! Non, s’il vous plaît, vous ne pouvez pas…»


Or, on m’empoigne fermement, on me tire à l’extérieur de la pièce, dans ce long couloir immaculé et silencieux. Je m’écroule contre la porte en rugissant de désespoir, mes mains contrites s’abattant encore et encore contre celle-ci dans une tentative vaine d’y apporter quoi que ce soit. Je sens deux démarches me rejoindre de façon précipitée, des questions qui fusent de toutes parts, mais je n’y parviens plus, je laisse les larmes couler contre mes joues. Je vais les perdre. Je vais tous les perdre.

***

Charlotte

Je n’hésite pas un seul instant. Alors qu’il s’écroule contre le plancher du corridor où j’attends déjà depuis plusieurs heures en compagnie d’Akemi et de Cesar, de viens de le cueillir pour le presser contre moi retenant sa tête contre mon épaule. Il ne répond plus à mes innombrables questions au sujet de ce qui vient de se produire de l’autre côté. Néanmoins, je me doute, et mes propres yeux s’embuent alors que, finalement, j’abandonne ma quête de réponses pour simplement soutenir le père de ma nièce ou mon neveu. Je le laisse déverser sa peine en caressant ses cheveux châtains, n’osant pas ouvrir la bouche de peur de voir les sanglots que je retiens me consumer enfin. Je regarde la porte en tentant de deviner ce qui s’y profile de l’autre côté. Mais surtout, je prie de toutes mes forces, à qui voudra bien l’entendre. Que ma sœur s’en sorte, qu’elle nous revienne. Il y aura d’autres enfants dans ce monde, mais je n’ai qu’une sœur, elle est tout ce qui reste. Je refuse qu’on me la prenne, pas maintenant. Pas avant d’être vieille et abîmée par l’âge.

«Carla…»

J’entends sa misère, prenant écho en la mienne.

«Elle n’est pas… dis-moi qu’elle n’est pas…»

«Non. Je ne crois pas. On m’a demandé de sortir… le bébé ne pleurait pas… et ta sœur… ta sœur s’est mis à paniquer… puis le moniteur s’est mis à s’affoler… Et Carla elle est… Elle s’est évanouie je crois…»


Le bébé et la sœur. D’accord.

«Viens, allons nous asseoir.»

Mon propre calme m’étonne. Je m’empare de son bras pour le tirer délicatement, et avec l’aide de Cesar pour l’aidons à rejoindre les quelques bancs servant de lieu d’attente dans ce couloir qui s’est fait encore plus silencieux il me semble. Alexis a cessé ses pleurs, se laisse bercer par nos gestes jusqu’à s’écraser contre son siège comme un pantin désarticulé. Je garde une main contre son épaule, et l’autre dans celle de Cesar, la seule qui trahit ma crainte. Mon regard s’égare contre cette porte, au fond du couloir, qui nous sépare de la vérité. Or, je ne parviens pas vraiment à angoisser, pas sans l’avoir vu j’imagine, pas sans l’avoir réalisé pleinement. Je ne connais pas le danger qui les guette, mais je me raccroche à l’idée que l’un comme l’autre auront le courage de se battre jusqu’à la dernière goutte. Et rien au monde ne survit à la détermination féroce de Carla Laurens.

«Je ne sais pas ce qui passe là-bas, Alexis, mais… mais…»

J’aimerais tellement avoir les mots pour l’inspirer. Pour lui rendre ce sourire qui le caractérise. Probablement car j’en ai encore de besoin, probablement car j’ai peur de céder moi aussi, dans l’abysse de désespoir dans lequel je l’ai perdu.

«Mais ils sont forts.»

À ces mots, je serre la main de Cesar un peu plus fort, ma gorge s’enflant douloureusement d’un sanglot que je refuse encore. Je me tiens ainsi, retenant mon beau-frère au-dessus du précipice en me raccrochant moi-même au rebord. Je préfère ne pas y penser, je préfère y croire et me voiler le regard plutôt que de me jeter dans de bien sombres idées tel que l’espagnol d’origine. Je n’ai jamais envisagé une vie sans ma sœur. Je ne le ferai pas aujourd’hui ni jamais. Elle va s’en sortir, elle le doit. Et mon neveu avec. Ainsi débute notre attente, silencieuse, parsemée de reniflements trop fiers pour pleurer, de poignées de mains solidaires et de longs regards échangés. Ensemble, tous les trois, nous attendons, pendant deux ou trois éternités, que les nouvelles nous parviennent de cette porte scellée et interdite. Puis elle s’ouvre pour céder place à une longue silhouette fatiguée, celle du médecin de ma sœur ayant heureusement retiré son sarreau souillé pour nous rencontrer. Son visage est gris et pâle, ses yeux enfoncés dans leurs orbites sous l’effet de la fatigue. Il relève un regard grave vers Alexis qui s’est redressé tel un ressort.

«Veuillez me suivre, monsieur Jones.»

Et puis ainsi, ils disparaissent derrière cette porte. Et sitôt le jeune homme nous a quittés que je blottis dans les bras du garçon à la chevelure argentée pour finalement laisser libre court à ces larmes que je contiens depuis l’arrivée de mon beau-frère. Silencieuses, amères, et angoissées, la pensée que l’un ou l’autre pourrait ne pas avoir survécu à cet accouchement me hante. Je me raccroche à Cesar comme une bouée en soufflant son nom pour éviter de prononcer celui de Carla. Puis le mien retentit, dans ce couloir comme un écho, me forçant à relever la tête. Je me bute à un sourire, le premier depuis des mois et des années il me semble, un sourire qui me fait aussitôt me redresser pour courir à sa suite. Alexis ne me retient pas alors que j’entre en trombe dans la pièce, cherchant des yeux ma sœur sur laquelle je me précipite. Son visage est brisé de fatigue, mais elle est là, elle est bien. Contre sa poitrine je viens poser ma tête apaisée. Ses bras se referment contre moi et nous n’échangeons pas même un mot. C’aurait été inutile de toute façon. Après de longues minutes je relève la tête, je remarque les larmes contre ses joues, le doute dans son regard. Je me redresse sans comprendre, avant de jeter un regard au landeau où repose un enfant, enroulé dans une couverture bleue, son petit crâne couvert d’un chapeau de la même couleur. Il dort, il me semble, ses paupières bouffies refermées avec délicatesse. Il rêve, probablement du passage difficile qu’il vient d’effectuer chez les vivants, ses doigts minuscules cherchant dans l’air de quoi agripper.

Je m’approche d’un mouvement inexorable, avec lenteur comme par crainte de le surprendre et de l’effrayer de mon immense personne. Je ne me suis jamais perçue ainsi, et pourtant en observant le petit garçon il me vient cette impression d’être une géante aux mouvements désarticulés. Je me penche sur le landau pour mieux le scruter du regard, émerveillée par le moindre de ses faits et gestes. Il ressemble à tous les bébés nouveau-nés que j’ai pu rencontrer, hormis cette tignasse plutôt impressionnante de cheveux bruns sur sa tête. Il me semble en parfaite santé, en paix dans sa couverture. Sans en demander la permission, je m’en empare avec une délicatesse presque exagérée, effrayer de pouvoir le briser à n’importe quel mouvement. Je l’observe avec amour et tendresse alors qu’il s’éveille un peu, sans faire un bruit, ses expressions me fascinant toujours un peu plus à chaque seconde. Je sens le regard des deux parents sur moi, Alexis nous ayant rejoints entre-temps.

«Il… il est parfait.»

Les deux parents échangent un regard que je ne parviens pas à interpréter devant mes paroles. Ils me semblent un peu tristes et éreintés. J’aimerais vraiment pouvoir les aider à surmonter ces prochains jours, après cette naissance si éprouvante, mais avant il me faudra comprendre ce secret qui semble planer entre eux deux, qui alourdit l’ambiance alors que nous devrions tous célébrer cet événement.

«Je te présente Manolo Stephen Jones, Charlie. Many, ta tante Charlotte.»

Je tiens le bébé un peu plus contre moi devant les présentations amorcées par son père. Je souris doucement en me penchant vers lui pour embrasser son nez si petit.

«Manolo est né avec une malformation, Charlie il… ses cordes vocales elles ont… Il sera muet, Charlie.»

C’est donc ce qui tracasse les deux jeunes parents, qui en plus d’avoir subi un accouchement difficile, doivent composer avec un handicap chez leur tout premier enfant, un qui nécessairement affectera énormément sa vie. Et pourtant, je ne me suis pas départie de mon sourire, des larmes émues perlent même à mes yeux alors qu’un léger rire tendre m’échappe.

«Il est parfait.»

Je relève la tête vers ma sœur et son amoureux. Ils se tiennent la main et nous regardent. Eux aussi, ils sourient.
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Cesar Richter
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MessageSujet: Re: Nothing less than perfect |OS|   Nothing less than perfect |OS| EmptyDim 22 Nov 2015 - 18:12

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Nothing less than perfect |OS| 1398691034-cesar3Nothing less than perfect |OS| 690317iconcharlie1Nothing less than perfect |OS| 164608manolo1Nothing less than perfect |OS| 488917iconcarla2Nothing less than perfect |OS| 425381iconalexis2
NOTHING LESS THAN PERFECT

Depuis le temps qu’on le connaît, dire que Cesar n’est pas du tout un jeune homme stressé serait un pléonasme. Néanmoins, le côté extrêmement zen et joyeux de ce jeune homme aux cheveux gris ne le rend pas invulnérable à l’anxiété de son entourage. Et ce mois avait de très grandes chances de marquer la naissance du bébé de Carla et Alexis, la nièce ou le neveu de Charlie… donc un peu le sien par extension, non? Bien entendu, tout le monde était très enthousiasmé par la perspective d’une nouvelle naissance dans la famille Laurens, cela marquerait un nouveau départ. Cesar ne parle pas vraiment du passé tragique de cette petite famille devenue un peu la sienne, mais il est plutôt fier et heureux que les deux sœurs puissent réussir à passer au dessus de ce drame de la mort de leur frère et de leurs parents pour aller de l’avant, depuis plusieurs mois. Même si tout cela est formidable, et que le grand garçon n’a de cesse de sourire comme un idiot dès que le mot « bébé » et tous ses synonymes passent dans la conversation, il faut bien dire que le climat n’est pas toujours au beau fixe. Alexis et Charlie lui avaient expliqué qu’enceinte, Carla était sujette à des sautes d’humeur parfois effrayantes ou inquiétantes, chose qu’il avait pu remarquer plus encore à l’approche de la date fatidique, et le faisait beaucoup s’inquiéter pour sa vaillante belle sœur.

Ce jour-là, Cesar s’occupait à tout et rien dans le jardin de l’arène de Zazambes. Ou plutôt, il n’arrivait pas à s’occuper de manière ordinaire, car ses pronostics sur le sexe du futur bébé, sur son prénom, bref, tout ce qui concerne sa future nièce ou neveu étaient devenu une véritable obsession. Et de l’autre côté, il ne savait plus où donner de la tête car il lui fallait surveiller cet œuf trouvé au milieu de la jungle d’Anula lors d’une de ses balades, et de son expérience accumulée, il montrait des signes d’éclosion imminentes. S’il avait su d’avance que son petit cœur allait devoir supporter deux naissances en ce jour.. Bah, probablement que ça n’aurait rien changé à sa joie, il aurait simplement été intenable et hyperactif pendant une semaine entière. Mais en parlant au conditionnel on peut très bien refaire l’histoire de la vie, donc tenons-nous-en à ce qu’on connaît pour le moment. Et dans l’immédiat, ce que connaît le mieux Cesar, c’est l’éclosion de ce petit œuf vert argileux, dont la coquille vient de se fissurer. Le jeune homme aux cheveux d’argent se précipita entouré de tous ses compagnons sur ledit œuf, duquel dépassaient déjà deux petites oreilles turquoise humides, appartenant à une sorte d’adorable petite limace aux yeux tout ronds et pleins de reflets malicieux. Pendant la demi-heure qui suivit, Cesar s’occupa de faire un petit nid à Santana le nouveau-né Sancoki au bord du point d’eau du jardin, ce dernier était très docile et souriant en permanence, tout content de rencontrer son « grand frère » et le reste de cette petite fratrie. Jolyne, la Magicarpe du garçon était fin prête à veiller sur Santana, plus encore quand les cris de Charlotte retentirent depuis la salle de vie de la maison. Cesar sursauta et c’est comme s’il savait déjà ce qui se passait sans même avoir posé la question. Il s’excusa brièvement au petit Santana et se précipita vers la cuisine où se trouvait sa petite amie, accompagné d’une Lisa tout aussi préoccupée. Le grand garçon fut bien vite informé de la situation par Charlie et explosa de joie, vibrant en tous sens en se préparant pour partir vers la clinique.

« Il faut acheter un bouquet de fleur! »
« Dis, Charlie, on achète un pyjama pour le bébé?! »
« On va acheter des chocolats pour leur offrir?! »


Le grand garçon ne comprenait pas bien la situation et était si enthousiasme qu’il voulait s’arrêter à chaque magasin pour acheter des cadeaux pour le bébé en train de naître. Pour Cesar, les bébés sortaient tous du ventre de leur maman sans aucune complication… Bon, il était aussitôt allé demander à son médecin de grand frère la vérité sur l’accouchement, une fois qu’il avait été averti de la naissance prochaine. Dans tous les cas, même avec des explications pragmatiques, il continuait d’idéaliser la chose comme un truc qui fait « pop » avec pleins de petites fleurs et un bébé aux grand yeux de shoujo manga qui sort du ventre. Or, oui, tout ce petit paradis des naissance s’effondra quand les deux jeunes gens arrivèrent dans le couloir la main dans la main, et que leurs sourires s’effacèrent en apercevant Alexis, le regard bas et le visage bien sombre, couvert de larmes. Charlie fut la première à avoir l’air de comprendre ce qu’il se passait. Cesar n’osa rien dire, et imita son amie quand celle-ci partit doucement s’asseoir. Il n’eut pas de mal à comprendre ce qui se passait dans la salle.. Où était donc passé le bébé? Comment allait Carla? Alexis ne semblait pas en savoir plus, et Cesar se mordit la lèvre. Léopold lu avait raconté autre chose, à propos des naissances. Plus précisément, il lui avait expliqué ce que Richard, feu leur père, avait voulu entendre par « tu as tué ta propre mère », et remettre en cause ses propos excessivement faux. Car l’accouchement est une étape difficile et très éprouvante pour les mamans, mais également pour les bébés. Et parfois, fréquemment même, il y a des « complications ». Il n’est parfois pas possible de savoir de quelle façon sortira le nouveau né, et surtout, si il pourra sortir par les voies naturelles l’accouchement. Et il arrive aussi que la maman n’ait pas assez de force pour mettre le bébé au monde. Et c’est ce qui était arrivé lors de la naissance de Cesar… Mais ça, le garçon n’osait y croire. Sa main tremblait en tenant celle de Charlie, et il devait se mordre la lèvre de toutes ses forces pour ne pas se mettre à paniquer à son tour. Courage. Carla est la grande sœur la plus forte, ce sera forcément la plus puissante des maman également! Cesar ferma les yeux un instant, se donnant une seconde pour chasser toutes ses craintes, ses traumatismes, ses souvenirs douloureux. Personne n’a besoin de tout cela, actuellement. Et Charlie a raison : ils sont forts. Une famille soudée, ça résiste à tout. Les deux jeunes gens virent Alexis s’éloigner vers la pièce adjacente, plein d’espoir, et ce fut le moment que la rouquine choisi pour s’effondrer à son tour. Il faut être fort. Et c’est ce que fit Cesar, en retenant ses larmes de toute ses forces, et en resserrant une tendre étreinte autour des épaules frêles de sa petite amie.

« Il sont forts, Charlie, ne t’inquiètes pas. Le bébé va être formidable, et Carla en bonne santé. »


Non, Cesar n’est pas devin, mais il prononça simplement les mots que lui souhaitait entendre dans une pareille situation. En espérant que ceux-ci rassurent la jeune femme qu’il serrait dans ses bras. Après quelques secondes qui lui parurent des siècles entiers, ce fut à Charlotte d’être invitée à entrer à son tour. Cesar la suivit derechef dans son enthousiasme nouveau, en se précipitant vers la chambre pour y entrer, sans même se soucier de si on lui donnera ou non l’autorisation. Cependant, quand il vit la famille se réunir, et son amie sauter dans les bras de sa sœur, il resta un instant en arrière pour contempler le spectacle et se faire la réflexion émouvante que, oui.. Sa nouvelle famille est probablement juste sous ses yeux, et qu’il y a trouvé sa place. Comme tout le monde a déjà pris soin de le faire avant lui, le grand garçon laisse couler de chaudes larmes sur ses joues, fou de joie. Sans rien dire de plus que ce qui a déjà été prononcé dans cette salle, Cesar se rapproche à pas de loup du berceau occupé par le tout petit être et lui envoie un sourire des plus radieux, déjà complètement fana de lui. Vivement qu’il grandisse pour qu’il l’emmène vivre de longues péripéties au cœur des montagnes et des forêts enoliannes!

« Bienvenue, Manolo… »

Fit-il entre deux sanglots qu’il ne tient même plus à retenir, sans jamais lâcher du regard le nouveau-né si fascinant. Une nouvelle vie… Y’a pas à dire, les humains, c’est quand même trop génial.
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