Les antibiotiques, c'est pas automatique
Évolution de Donatello, partie 2
« Faust, ouvre.
- NAN !
- FAUST POUR L'AMOUR DE MON CUL, OUVRE CETTE FOUTUE PORTE !
- NAAAAAAAAAAAAAAAAN ! »Isaac resta immobile devant la chambre du Donovan, jetant un long regard mauvais vers celle-ci, l'air passablement agacé et exaspéré. Il voulait bien être compréhensif, mais il commençait à fatiguer : cet abruti finirait-il un jour par cesser ses gamineries ?!
« Écoute, Natsu a promis qu'il te mettrait un patch pour anesthésier la zone, tu vas rien sentir.
- ZE VEUX P-Achoo ! ZE NEUX PAS ! »Non, vraiment, il n'avait pas changé en près de dix-huit ans. Ce morpion était toujours terrorisé par les piqûres, même avec des aiguilles minuscules. Et sincèrement, il ne tenait pas à défoncer une nouvelle fois cette porte : appeler le serrurier pour la sixième fois depuis le début du mois allait finir par le rendre fou. Mais le faire sortir facilement était impossible, et la téléportation était impensable. Ce sale rat avait poussé son Natu à instaurer une barrière, et il se refusait à blesser même un tout petit peu Daryl dans le but de le déconcentrer. L'oiseau n'était pas responsable de la stupidité de son dresseur. Derrière lui, Natsume semblait moins patient et serrait les dents, crispé.
« Retiens-moi de lui la faire sur l'arrière, cette injection...
- Couché, le rongeur, laisse-moi gérer.
- Oh, tu m’appelleras quand t'auras fini, moi j'vais faire honneur à mon pot de glace. »Seul contre le conseiller, le suédois commençait à désespérer, se laissant de temps à autre penser qu'il pourrait peut-être le forcer à se faire soigner si il lui arrachait juste un membre ou deux. Arceus, si Kagami savait le mettre au pas sur ce point et si Clive avait suffisamment sa confiance pour lui faire des coups en traître (il se souviendrait toujours de la tête du châtain lorsqu'il avait compris que son jumeau avait broyé ses médicaments dans le nutella de sa crêpe), Isaac n'avait pas leur talent. Et puisque que l'éleveur ne voulait même pas l'aider, il était donc seul. Et seul face à un Faust immature, puéril, sur la défense et absolument décidé à lui empoisonner la vie pour sa trahison... Disons-le, c'était le genre de situation qui menait tout droit à une migraine carabinée.
« Écoute, Faust. Je te promets que si tu arrêtes et que tu vas le faire, je vais personnellement te chercher une glace. Au chocolat. Et à la noix de coco. Avec du coulis framboise et des éclats de kit kat.
- ... Et une boule orange ?
- Et une boule orange oui.
- Hmhm... »Une lueur d'espoir éclaira le chemin sombre, et Isaac se perdit dans sa naïve pensée qu'il avait peut-être touché juste, en amadouant le hérisson par le biais de son ventre. Mais le cri indigné (particulièrement aigu, d'ailleurs) de Natsume le fit sursauter.
« IL A VOLÉ TOUS LES POTS DE GLACE CE SALE FILS DE P-
- Z'VOUS ZAI DOUS NIGUÉ EUUUUH ! »Le psychologue resta muet, hébété, en essayant d'imaginer ce qu'il devait y avoir dans cette chambre devenue forteresse, maintenant. Le nombre de pots dont ils disposaient étant considérable, il était facile de l'imaginer écroulé sous une montagne de sucreries. Bonbons, glaces, nougatines, sucettes, chewing-gums et autres concentrés à sucre devaient abonder... Oh, si ils ne l'arrêtaient pas, il allait se goinfrer et... Well, disons qu'Isaac ne voulait pas nettoyer son vomi. Vraiment pas.
« Bon, ça suffit maintenant, Faust. T'as plus cinq ans, alors tu ouvres cette porte ou alors je te jure que je te baisserai le froc moi-même !
- Za serait bien le premier cul que tu verrais depuis longtemps !
- ... C'était très beauf, Donovan.
- M'en fous ! »Qu'il aurait aimé lui arracher la tête, à ce moment précis. Mais il ne pouvait pas, et il fallait rester mature et responsable, se répétait-il avec la force du désespoir. Si il lui crevait un œil, il pourrait toujours faire pirate, non ? Ou alors lui écraser un avion dans la face... Les idées affluaient massivement, et se faisaient de plus en plus tentantes alors que les secondes passaient et que tout le poids de son échec lui tombait dessus. Le psy en voyait régulièrement, des tarés, mais si ses patients ne le désespéraient pas, l'imbécile qui lui servait de meilleur ami, si. Il en était à considérer de la jeter par une fenêtre, quand même... Lui jeter des tomates pourries était à envisager aussi.
« Sale gamin !
- Tu t'es regardé dans la glace, dernièrement ?
- Moi au moins j'ai pas une face de shot-AÏE ! »Innocemment, Natsume venait de lui écraser le pied. Il s'éloigna et se mit sur le côté par réflexe, et sentit alors le bras de l'éleveur le retenir contre le mur, et il lui jeta un regard confus, l'air perplexe.
Il eut sa réponse lorsqu'un jet d'eau surpuissant passa à quelques millimètres de sa tête, éclatant la porte de la chambre, et les yeux du suédois se transformèrent en soucoupes. Il tourna nerveusement la tête lorsque le lapin le relâcha, et constata avec à la fois horreur et surprise que la responsable n'était autre qu'Alice, qui souriait gaiement au bout du couloir. À côté d'elle, un Tortank à l'air malicieux regardait son œuvre avec fierté.
« Papaaaaa ! C'est vrai que tu fais le méchant ? »Silence total de l'autre côté. Enfin, hormis un éternuement bien bruyant et dégoûtant. Inutile de dire que le conseiller était en train de mourir intérieurement, ou de se cacher sous sa montagne de bonbons. Il essaya de rentrer derrière Alice, et constata non sans un certain plaisir que le hérisson ne faisait plus tant le malin, maintenant qu'il était coincé, et qu'il fixait sa fille avec un air désespéré. Isaac le regardait d'un air blasé.
« J'en peux plus, comment tu veux qu'on fasse, hein ?
« Gomment veux-tu gomment veux-tu que-
- Que quoi ? »Se rappelant de la présence d'Alice qu'il avait temporairement oublié, le débile eut l'intelligence de se taire et de fermer sa boîte à camembert. Ladite gamine eut un gigantesque sourire.
« Allez papa, on baisse le pantalon et on va prendre le suppo !
- ALICE NON ! »Devant les regards mortifiés des autres, la petite fut confuse.
« Bah quoi, c'est pas ça ?
- Non, ton papa va juste tendre le bras et prendre une piqûre, on n'a pas besoin de ça. »Natsume ricana en agitant un petit flacon dans sa main, et une seringue dans l'autre.
« Par contre j'ai menti, il n'aura pas de patch.
- TRAÎDRE ! ACHOO ! Voilà, vais te dousser à la face, sale rat !
- Lavette. »Après l'avoir installé dans le salon, et tandis que le conseiller tentait de se distraire en félicitant Donatello pour son évolution, la simple vision de la seringue remplie le fit geindre comme un chiot apeuré.
« On est pas en train de te mettre à mort, Faust...
- M'en fous ! Gueu te renie ! D'auras rien sur mon héritage, r-choo !» pleurnicha l'autre en se cachant les yeux.
L'éleveur leva les yeux au ciel, et sans même attendre, saisit brusquement le poignet du conseiller tandis qu'Isaac le tenait pour éviter tout sursaut, et planta l'aiguille sans plus attendre, en ignorant le cri de fillette du malade. Le tout dura à peine une dizaine de secondes, au bout desquelles Natsume s'éloigna, un sourire un poil trop sadique sur son visage.
« Et voilà. T'es pas mouru l'âne, t'es pas mouru. »Isaac donna un pot de glace au chocolat et une cuillère à Faust, qui sauta dessus et se mit à manger lentement, l'air traumatisé.
« Ça va aller ?
- Moui...
- Tu veux Monsieur Doudou ? »À l'entente du nom de sa peluche d'enfance, le chien vert, le conseiller prit un air courroucé, supposé montrer son indignation apparemment. Le psychologue ricana gentiment, amusé.
« … Il est zorti de la machine à laver ? »Au final, un facepalm était plus adapté.