« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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Adélia G. Turnac
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Adélia G. Turnac
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Date d'inscription : 10/07/2014

Âge du personnage : 23 ans
Métier / Études : Médecine, en stage dans une clinique privée
Pseudonyme(s) : Adélia Frey, sa fausse identité, le nom sous lequel elle se présente
Mascarade, surnom de Compétitrice

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MessageSujet: Immobile |OS|   Immobile |OS| EmptyMar 14 Juin 2016 - 1:12


Immobile

feat. Gotham
«Qui est-ce encore, lui?»

«Natsume. Tu l’as déjà rencontré.»

«Ah bon? C’est un de ceux avec des piques sur la tête, non?»


Je soupire, distraite, distante, inaccessible. Je me demande encore pourquoi il doit en être ainsi, pourquoi j’ai tourné un visage affligé vers les photographies juchées sur la chemise de la cheminée. Pourquoi le malaise subsiste. Pourquoi mon cœur, pourtant léger et choyé de l’amour porté et partagé par Tristan, s’embourbe d’une misère sans nom et sans visage. J’entends Carter soupirer, je l’entends penser que je devrais êtreparmi eux à fêter le retour du jeune homme parmi les siens, partager leur joie et leurs sourires. Pourtant je ne suis pas parvenue à sortir, pas même à m’habiller. Tout me porte vers cet adolescent que j’ai pris en affection; je réalise à quel point il a pu me manquer ces dernier mois qui m’ont été particulièrement pénibles. J’ai imaginé le pire, j’ai cru qu’il ferait partie de ces victimes de la violence du Régime, un triste inconnu dans une mare de sang que l’on n’aurait jamais retrouvé et qu’on finirait même par oublier. Et j’y ai tellement cru, dans un pessimisme écoeurant et désespéré, que de le savoir en vie m’épuise tout autant. J’aimerais le revoir comme pour me convaincre qu’il ne s’agit pas d’une cruelle plaisanterie, j’aimerais l’entendre me raconter passionnément qle contenu de ses recherches, j’aimerais prendre ses mains dans les miennes afin de m’assurer qu’il est bien réel. Mais me voici. Ankylosée d’une douleur surnaturelle, incapable d’esquisser le moindre mouvement pour m’extirper de la froide inertie qui m’immobilise. J’ajuste la couverture qui m’enserre tout en évitant soigneusement l’azur du regard de mon oncle et par le fait même son jugement.

«Adélia?»

Son silence éclate avec violence, se butant à celui dont je me suis drapée. Il se contente de scruter. Mes alliés nous entourent, tout aussi discrets. Aucun d’entre eux ne saurait m’apaiser. Je me terre derrière les remparts égoïstes de la souffrance sourde, celle qui ne possède pas même un nom ou une cause. Alors comment espérer me consoler, si je ne parviens moi-même à déterminer la source de ma peine? Ses lèvres s’entrouvrent, tentent un son qui aurait dû former un mot, mais se ravise. Sans rien ajouter, il quitte la pièce d’un énième soupir, peut-être même a-t-il quitté la maisonnée. Je ne m’en soucie plus. J’ai abandonné l’idée de le poursuivre, de le convaincre de me venir en aide. Je sais ce combat contre moi-même perdu d’avance. Cette fois, j’ai besoin de me pencher sur l’idée, seule. D’un mouvement de tête, j’indique à Majesta et aux autres de me laisser à ma confusion, puisqu’il doit en être ainsi. Je sens leur hésitation, pourtant ils s’éclipsent eux aussi. Sans le regard désapprobateur de mes proches, je m’autorise enfin à me désarticuler contre le canapé, d’avandonner les apparences que je tentais encore maladroitement de conserver. La tête enfouie sous la couverture, je me retiens de trembler, parcourue de frissons et désagréables. Pourquoi ne suis-je pas plus heureuse du retour de Natsume? Pourquoi en suis-je même totalement bouleversée?

La question me taraude. Les heures passent ainsi, dans l’immobilité. Seules les ombres nostalgiques de mon enfance se manifestent pour animer la pièce de leur peinture sinistre. Je suis leur progression, réalisant doucement ce qui m’afflige, une pensée à la fois. Natsume est revenu. Déserté de souvenirs, mais sain et sauf pour sa famille aimante et inquiète. Là où seul Lucas a trouvé son chemin vers moi. Je me languis de ce scénario heureux qui se déroule sous mes yeux et que je n’ai encore jamais vécu. Mon propre égoïsme me rend malade. Je devrais être présente pour le jeune éleveur et pour sa famille plutôt que de ressasser tout ce que j’ai pu perdre. De reconnaître n’est qu’une simple pièce dans le puzzle complexe de ma réhabilitation. Mais j’ai cru… j’ai vraiment cru que je me portais mieux, que mon deuil se résorbait, que je guérissais. Pourtant, je constate qu’inexorablement, les démons me rattrapent cruellement, à l’instant où je devrais m’enthousiasmer d’une si heureuse nouvelle. Plus encore, de ce miracle, de cette victoire. La peine m’engourdit à présent, mon corps, ma tête, mon cœur, mes opinions et mes envies maintenant dégradées au néant par cet état qui ne s’est qu’à moitié résorbé. Décidée à le combattre, je m’empare de mon téléphone qui gît contre la table, mes doigts parcourant l’écran avec hésitation. Qui appeler? Mercy ne comprendrait pas. Tristan et Lucas comprendraient bien trop. Je soupire. Inutile. Aussi bien ne plus bouger.

Je sursaute. Un coup contre mes carreaux, si brutal qu’ils auraient pu s’en briser. Je me redresse, affolée, vers l’origine du fracas. À la fenêtre, une silhouette assombrit la pièce de son immensité. Deux yeux intelligents me scrutent, familiers mais différents. Un Bruyverne. Pas celui de mon oncle, celui-ci est un mâle au souffle court, le collet couvert de sueur des envolées paniquées. Debout au centre du salon, j’observe la créature sans comprendre jusqu’à ce que celle-ci insiste d’un second coup au carreau. Je me dirige précipitamment pour l’ouvrir à la volée. La chauve-souris géante se laisse tomber sur le plancher à l’intérieur dans un gémissement épuisé, battant des ailes maladroitement afin de se stabiliser. Ses griffes râclent le sol où elle s’étend pour se reposer, repliant les ailes sous elle. Je reste ainsi, immobile, à tenter de comprendre cette visite inattendue quand la réponse s’annonce clairement à mon esprit abîmé.

«… Gotham?»

Une sorte de roucoulement échappe au Bruyverne, venant confirmer ma théorie. Je m’approche prudemment de lui afin de ne pas l’alerter, me penchant à sa hauteur pour lui caresser le cou. Gotham semble encore bouleversé de ce que je devine comme un voyage pénible, ainsi je lui laisse tout son temps pour récupérer son souffle avant de l’interroger. Je guette sur son corps des traces de bataille, admirant par le fait même sa nouvelle forme tout en regrettant de ne pas avoir été présente pour assister à l’évolution. Aucune trace de blessure contre sa nouvelle peau noire. Me voilà au moins à moitié rassurée. Je vais ouvrir la bouche quand l’aile droite de mon alliée de déplie, sa main jaillissant de sous lui pour se tendre vers moi. Entre ses serres repose un objet, une enveloppe roussie et abîmée qu’il dépose entre mes mains en me scrutant. Sa respiration sifflante et son regard insistant me convainquent d’y jeter rapidement un coup d’œil. Griffonné à la main, on devine un mot, un seul, malgré l’état lamentable du papier. «Eliza».

«Où as-tu pris cette lettre, Gotham? Du Régime?»

Mon ton est paniqué alors que je déchire le papier sans quitter des yeux la chauve-souris. Je ne suis qu’à demi-rassurée en le voyant secouer la tête.

«La Résistance alors? Qui?»

Cette fois, Gotham hoche de la tête. Une lettre de la Résistance, portant le nom de ma mère. Serait-ce possible que…? Même si je sais la chose impossible, pendant quelques brefs instants l’espoir puéril de savoir ma génitrice en vie renaît en moi, jusqu’à ce que la raison ne parvienne à l’atténuer. Aucune chance que le Régime ne l’aille épargné. J’ai vu son corps pendre au bout d’une corde sur la place publique telle le trophée triomphant d’une guerre futile. Sous les échos d’un peuple enflammé. Mes mains fébriles parviennent à extirper la lettre de son enveloppe, mes yeux parcourant les mots sans véritablement les lire tant mon esprit court à toute allure. Soudain les murs de la maison paraissent se mouvoir parmi les ombres, me contracter en leur cœur, soudain Zazambes ne me paraît plus aussi sûr. La pièce tangue et je suis forcée de me rasseoir avec l’aide du Bruyverne tant le malaise se fait insistant. Gotham se presse contre moi pour me retenir de tomber, son museau poussant mon bras pour me forcer à lire. Mes yeux effleurent finalement les phrases dépourvues de sens, ces phrases partiellement codées mais dont le nom griffonné sur l’enveloppe me permet de comprendre parfaitement. Ma main se porte à mon cœur affolé alors que je réalise.

«Merci.»

À peine soufflé, Gotham ne manque pas de saisir ce mot pourtant resté pris dans ma gorge. En silence, il vient poser sa tête contre mon épaule dans un rare geste de tendresse. Nous restons ainsi, en silence, à contempler la lettre, à en assimiler le sens tous les deux. Oui, j’ai cru que je pourrais guérir, que je pourrais faire mon deuil. Aujourd’hui il débute enfin.

(c)Golden
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