« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Épée de Damoclès |OS|

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Cassey G. Banks
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Cassey G. Banks
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Âge du personnage : 26 ans
Métier / Études : Responsable d'une équipe des relations publiques du Régime
Pseudonyme(s) : Gwen, surnom au sein du Régime
Flow, surnom de Compétitrice

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Team active :
Épée de Damoclès |OS| 668-f
Némélios ♀ - Sia - Tension - Modeste

Épée de Damoclès |OS| 196
Mentali ♂ - Ren - Synchro - Assuré

Épée de Damoclès |OS| 503
Clamiral ♂ - Shen - Torrent - Solo

Épée de Damoclès |OS| 474
Porygon-Z* ∅ - Code - Adaptabilité - Relaxe

Épée de Damoclès |OS| 466
Elekable ♂ - Zeek - Statik - Doux

Épée de Damoclès |OS| 428
Lockpin ♀ - Juno - Joli Sourire - Joviale



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MessageSujet: Épée de Damoclès |OS|   Épée de Damoclès |OS| EmptyJeu 6 Oct 2016 - 21:08



Épée de Damoclès
feat. M. Strauss

À l’expression tendue de mon employée, je devine déjà me trouver dans quelque sorte de pétrin plus ou moins important. Et en considérant les murmures entourant mon cas dans les dernières semaines, je peux envisager une issue malheureuse à la rencontre à laquelle Mellie vient de me convoquer au nom de mon supérieur. S’il existe une arme puissante de destruction massive au sein du Régime, il s’agit bel et bien des rumeurs. La majorité suffisent à créer des accusations dont on ne réchappe pas souvent. Dans une vie de torture dans les prisons glaciales de quelque bloc où Dio s’amuse dans son insanité ou la mort comme un trait vif, j’imagine qu’il n’existe aucune issue à mon cas auquel j’ai su me résigner. De tenter de dissuader les commérages aurait suffi à les enfler d’avantage et probablement à me condamner pour de bon. Les miens liées, je n’ai pu m’en tenir qu’à mes comportements habituels d’employée modèle et de chef d’équipe dévouée. Mais ma nervosité ne sera pas passée inaperçue. Je n’ai pas la naïveté de croire que je serai préservée dans tous les cas. En repensant au sort qu’on a réservé à Clive, je frissonne une fois de plus, en hochant la tête calmement devant la jeune brunette. Je me redresse, rapidement imitée par Juno la Lockpin qui se place à mes côtés d’un geste de protection. Où nous allons je doute qu’elle puisse y faire quoi que ce soit. Dans tous les cas, il ne sert à rien de dramatiser et me condamner dès maintenant.

Mon attitude exemplaire jusqu’à présent ainsi que ma relation de complicité avec mon officier traitant me permettent encore d’espérer. Je n’ai rien à me reprocher que d’avoir aidé mon Pokémon, même si certains croiront que mon refus de fermer les systèmes lors de la cyberattaque ayant eu lieu il y a deux semaines est un affront pur et simple et même un geste de rébellion. Je n’ai jamais eu de raisons de douter de mes allégeances, du moins pas avant d’avoir rencontré Lucas. Néanmoins, malgré notre relation je conserve ma part de convictions au sujet de la mission du Régime. Je souhaite réellement emmener une sorte de paix à l’île qui ne peut réellement être achevée sans quelques mensonges ou propagande. Par contre, la violence de certains attentats de notre côté résonne encore avec brutalité, comme la marche pacifiste de juillet ayant mené au drame et à bon nombres de doutes de mon côté. Mais quitter le Régime? À moins d’y être forcée, je ne l’envisage pas pour le moment. Que ferais-je sans ce repère qui m’a permis de tenir ces dernières années? Je conserve mon calme en entrant dans le bureau de Monsieur Strauss, qui lit le journal de façon distraite. Il me paraît tel il l’est toujours : parfaitement détaché, concentré à son ouvrage, ses cheveux tirés vers l’arrière dans un ordre parfait, et chaque élément de son bureau placé avec un soin méticuleux. À mes heures, il m’a déjà plu de m’introduire dans son bureau afin d’en déplacer les objets, ce qui le rendait fou de rage. Aujourd’hui j’entre ici sans l’audace d’une plaisanterie. C’est même sans le moindre sourire que je me présente à lui, les mains croisées contre mon abdomen.

«Miss Gwen, je vous en prie, asseyez-vous.»

Son ton, parfaitement neutre, ne me laisse aucune indication quelque qu’elle soit sur ses intentions. Je m’assois en le considérant prudemment alors qu’il prend tout son temps pour lire un dernier paragraphe. Monsieur Strausse ne se presse jamais, surtout pas pour les conventions sociales ou même la politesse. Condamnée à attendre, je soupire avant de scruter le plafond jusqu’à ce que l’allemand daigne poser son journal et récupère ses lunettes avant de m’observer avec une expression figée de stoïcisme qui me laisse perplexe.

«J’irai droit au but. Je suis surpris de vous voir atterrir ici mais compte tenu des circonstances… Le comité disciplinaire s’est montré insistant et a quémandé des sanctions que je ne suis pas en mesure de leur refuser.»

Je me tends. Juno s’approche, son air mauvais, sa posture… Tout indique qu’elle me défendrait avec sa vie s’il le fallait. Mais il n’y a pas de soldats ici, ni dans le couloir, pour venir me saisir. Je pose une main sur la patte qu’elle placé contre mon épaule avant de fixer mon interlocuteur et de demander avec maîtrise :

«Dites-moi, monsieur Strauss, que me reproche-t-on exactement?»

Il se tient quelques minutes silencieux, l’air vaguement irrité de la question. Il n’a de souci que l’efficacité et s’attendait probablement à une conversation facile en compagnie d’une employée docile. Il m’importe de savoir, tout de même, ce pourquoi on m’a condamné sans que je ne puisse faire entendre ma cause.

«Vous avez violé treize règlements de par votre conduite lors de la cyberattaque. En tant qu’officier, vous aviez la responsabilité d’assurer la sécurité de votre équipe et des informations de notre organisation. À l’heure actuelle, de nombreuses données confidentielles se retrouvent entre les mains ennemies car vous n’avez pas su réagir à temps.»

«J’ai agi ainsi afin de protéger Code, mon Porygon-Z qui se trouvait toujours dans le système. La fermeture de celui-ci aurait pu entraîner sa mort.»


Je tente de conserver mon calme mais je me braque déjà. Je respire profondément afin d’éviter l’explosion, qui ne servirait à rien ma cause. Monsieur Strauss ne comprend que la froide logique des choses de toute façon.

«Ce qui aurait été très dommage, mais il fallait tout de même prioriser.»

Prioriser. Le mot me fait frissonner alors que la bile remonte contre ma gorge. Entre la vie d’un ami ou la protection de données, le choix a été très facile à effectuer, et serait le même si l’expérience devait se produire à nouveau. La colère m’échauffe et je sens Juno perdre son calme elle aussi tandis qu’elle foudroie du regard l’officier.

«Prioriser? Code a tenté de protéger nos données. Il est une victime de cette attaque comme nous tous. Il a failli y laisser sa vie et je ne…»

«Assez, mademoiselle Gwen. Nous savons tous les deux que la vie d’un simple Pokémon ne peut surpasser les intérêts de notre organisation. Un soldat est fait pour obéir, voire mourir. Votre Pokémon savait bien dans quoi il s’engageait en défendant votre ordinateur.»


Je reste silencieuse, douchée. J’ai eu l’occasion de me confronter à cette logique utilitariste dans laquelle un soldat n’est qu’une part d’un engrenage. Qu’il meurt n’importe que peu, car il se trouvera rapidement remplacé par un autre. Comme Aimee dont le souvenir s’est terni avec le temps. J’ai toujours composé avec cette idée pour moi-même. Au final, cette sorte d’anonymat me plaisait, me désengageait des horreurs que je pouvais faire dire aux médias pour dissimuler les tueries les plus horripilantes. Mais mes Pokémon n’ont jamais tenu ces promesses, ne se sont jamais engagé à servir le Régime. Ce sont mes compagnons et non une extension de ma dévotion envers l’organisation. Ils sont libres de leurs choix et décisions. Pour cette raison je ne regretterai jamais mon geste. Néanmoins je sais qu’il est inutile de discuter. Je me réinstalle contre le dossier de ma chaise, meurtrie par le manque de considération de la part d’une personne qui, malgré ses nombreux défauts, m’apparaissait tel un ami. J’en viens à me poser la question terrible. Si cela devait servir les intérêts de l’organisation, hésiterait-il à me sacrifier?

«J’ai réussi à plaider en votre faveur assez pour que vous ne vous en sortiez qu’avec un avertissement, miss Gwen, vous évitant certainement la prison. Cependant je suis maintenant responsable de vos actes et il va s’en dire que vous serez sous ma supervision personnelle jusqu’à ce que mes soupçons n’aient plus raison d’être.»

«Quels soupçons? Depuis quand doutez-vous de moi? J’ai toujours été docile, j’ai répondu à tous les ordres, ai travaillé jusqu’à me rendre malade pour le Régime. Alors comment osez-vous remettre en doute ma loyauté, même maintenant?»


Il soupire, j’ai touché. Quelque part sous le rempart de glace, un nerf sensible qui le fait hésiter alors qu’il vit probablement le souvenir de toutes ces nuits dédiées à du travail supplémentaire, aux trop nombreuses preuves de ma totale dévotion envers le gouvernement. Une once de doute vient obscurcir ce tableau, une qui vient me surprendre.

«Vous avez changé, miss Gwen. Je n’ai plus le sentiment que ce travail vous tient aussi à cœur depuis quelque temps, voire même un an. Je ne saurais dire ce qui a déclenché cette perte de motivation, mais celle-ci, couplée des rumeurs qui courent à votre sujet m’inquiètent.»

Je reste silencieuse, incapable de répondre. Car je sais qu’il a raison et je ne trouve aucune façon de me défendre à ce sujet. Moi-même ne saurais véritablement dénicher ce qui me trouble depuis plusieurs mois maintenant. Il me semble avoir changé ma perspective sur bien des choses, probablement même celle sur mon travail.

«Je vous suis fidèle, vous n’avez aucune raison de douter. Maintenant que tout est dit, suis-je autorisée à retourner à mes tâches?»

«Vous êtes suspendue pour deux jours. Je vous conseille de réfléchir à votre place au sein du Régime.»

«Et si je décidais de démissionner?»


Le silence tombe brutalement sur la pièce. Ma question qui me semblait d’abord candide, vient bouleverser l’ambiance. Monsieur Strauss se lève et la violence tranquille brille dans ses prunelles d’acier.

«Vous n’avez pas cette option.»

Si je décide de démissionner, on me tuera ou on me jettera en prison, je parviens à traduire. Je suis saisie d’un vertige en réalisant dans quel merdier dans lequel je me suis placée, et ce mouvement qui m’apparaissait jusqu’alors telle une grande famille ne fait plus beaucoup de sens à mes yeux désormais. Je reste silencieuse et contrite devant la menace dissimulée avant de me redresser sans plus un mot et de me diriger vers la porte.

«N’oubliez pas, miss Gwen. La prochaine fois, je ne vous défendrai pas.»

J’acquiesce avant de quitter la pièce. Un son continu bat à mes oreilles tandis que je déambule dans un couloir qui me semble inégal. Juno me soutient alors que je titube jusqu’à l’ascenseur. Je m’assieds par terre afin de chasser l’étourdissement qui m’étreint les tempes, sous l’œillade inquiétée de la Lockpin. Je tente de recoller les morceaux, d’assimiler tout ce qui a pu se dire aujourd’hui, mais je n’éprouve plus qu’une immense confusion accompagnée d’une panique sourde. À l’instant où je crois céder à la peur, un message éclaire mon téléphone portable que je saisis avec hésitation. En reconnaissant le numéro de Clive je me tends à nouveau, incertaine. À l’écran s’affiche une invitation que je ne saurais refuser, une main tendue après des mois dans l’obscurité à son sujet, des mois de silences et d’obstinations. Il est temps. Temps de régler ce qui ne peut l’être.

(c)Golden
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