Sacré Cœur

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« Yoyo !
- Hm. S'lut. »
- … Yoyooooo !
- ...
- YOYOOOO !
- C'est moi qui vais te transformer en yoyo, si t'arrêtes pas !
- Aaaaah bah enfin une vraie réponse ! Tu vois, que tu peux parler !
- Urgh... »

À peine avait-il été interpellé que le blondinet en avait déjà marre. Le petit chef décida d'ignorer le brun et retourna à ses occupations. Il avait encore pas mal de travail, et la vaisselle n'allait quand même pas se faire toute seule. La mine renfrognée à cause du dérangement provoqué par l'enfant qui l'avait interrompu dans sa plonge, le petit chef de douze ans reprend son activité, mais s'arrête tout à coup en réalisant quelque chose, et se retourne vivement.

« Hé, une minute... Qu'est-ce que tu fous dans MON espace de travail ?! Puis d'abord, t'es qui, toi ? »

Le nouveau venu ria un coup. L'énervement de l'apprenti cuisinier l'amusait assez, et il aurait peut-être continué à l'embêter s'il n'avait pas eu peur de se prendre la poêle qu'il tenait dans sa main et qu'il était en train de laver. Le blond grogne, appréciant peu non seulement qu'on vienne l'encombrer dans sa tâche, mais qu'en plus on se moque de lui.


Les souvenirs sont précieux. Ils font mal, mais je les conserve toujours jalousement. Je ne sais pas pourquoi je me rappelle de ce moment en particulier. Il y a des instants qui sont agréables à se remémorer. Celui-ci est aussi douloureux que les autres, mais je retournerais bien en arrière pour le revivre, malgré ce que je pensais ce jour-là. Ce que je pensais de lui, et de sa façon de s'immiscer dans mon boulot. J'avais peur qu'il vienne me perturber ; c'est ce qu'il a fait, d'ailleurs : il a perturbé ma vie, mais d'une façon que je n'aurais jamais soupçonné alors.
De retour dans la région humide, seul, en compagnie de Ange et de Marie, je suis bien décidé à trouver ce Rozbouton que je suis venu chercher et capturer. Une telle merveille dans mon équipe, c'est ce qu'il me faut. J'ai déjà un Pokémon plante, mais j'ai toujours rêvé d'avoir un Roserade. Il possède une élégance qui m'a tout de suite plu dès que j'en ai vu un pour la première fois. Une team raffinée, c'est ce à quoi j'aspire, au cas où on ne l'aurait pas compris. Je n'irais pas jeter la pierre à un Tadmorv, mais comme tout le monde, j'ai mes préférences. Mes Rapide Balls à ma ceinture, je suis prêt à les dégainer si je tombe sur le Pokémon de mes pensées. J'ai obtenu un Arcko la dernière fois, mais ça ne correspondait pas à ce que j'avais en tête ; Alexander en profite de toute façon plus que moi à l'heure actuelle, et je sentais bien à quel point ça lui a fait plaisir, cette petite surprise de ma part le jour de son avant-première.

Sacré Cœur

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« Haha ! Allez, puisque tu es marrant, j'veux bien te le dire. J'm'appelle Brôme. Brôme Diallo.
- Diallo ?.. Mais... Donc tu es le fils de Diane, la barmaid ?
- C'est ça ! Après les cours, je viens souvent la voir ici. Mais elle m'a dit récemment qu'il y avait un garçon de mon âge qui était arrivé.
- Bah tiens, ça m'fait une belle jambe, ça... Et pourquoi t'es venu me voir, au juste ?
- Baaaah pour qu'on devienne copains, quoi !
- … J'ai vraiment une chance de malade, moi, en ce moment.
- Hééé alors ça veut dire que t'es d'accord !
- C'était sarcastique, crétin. »

Surpris, le brun sembla aussitôt déçu. Mais il ne démordait pas pour autant, et paraissait refuser de lâcher l'affaire, ce qui était loin d'enthousiasmer son comparse. Pour autant, Brôme gardait le sourire et retenta sa chance.

« … Dis, puisque je t'ai dit mon nom, tu veux bien me dire le tien ? »

Le garçon en tablier resta silencieux quelques secondes, hésitant. Mais il lâcha finalement l'affaire en soupirant.

« … Aloïs. »
« Aloïs ? Aloïs comment ?
- Aloïs Tamère.
- Pwahaha ! L'est bizarre ton nom de famille !
- … Je comprends mieux maintenant pourquoi Diane ne m'a jamais parlé de toi. »


« Eh bien, te voilà, toi. »

Mon regard s'est illuminé. Il m'aura fallu plusieurs jours, mais je l'ai enfin trouvée. Ma Rozbouton. Un sourire satisfait aux lèvres, je m'approche de la femelle verte devant laquelle je m'accroupis. Elle semble détendue. Ses yeux clos, elle ne peut pas me voir, mais peut-être qu'elle a déjà senti ma présence. Curieuse, Marie vient près de la nouvelle venue à son tour, et tourne autour de cette dernière. Ange retient toutefois l'excitation de la jeune Skitty, de peur qu'elle ne dérange le Pokémon sauvage. C'est enfin un adorable éternuement qui enlève son état de zen au Rozbouton, et celle-ci ouvre légèrement ses petits yeux, avant de les lever vers moi. Je ne semble pas la perturber. Tant mieux, puisque je ne lui veux pas de mal.

« Je te cherchais partout. Tu es très jolie, dis-moi. »

Mon compliment lui fait plaisir ; je crois même voir quelques rougeurs sur sa peau verte. Je m'assis en tailleur devant elle.

« Je suis Champion Coordinateur. Et c'est un Pokémon comme toi qu'il me faut dans mon équipe. Tu veux bien que je te capture ? »

J'ignore si la Rozbouton considère actuellement ma question. Elle cligne des yeux, son sourire imperturbable toujours en place, mais reste silencieuse. Je décide de faire le premier pas et de placer une Poké Ball devant elle. Si elle veut y entrer, ce sera sous sa volonté seulement. Néanmoins, je n'arriverais pas à dire si elle est emballée, ou si même elle a compris l'idée et la proposition que je lui fais. Sans un bruit, elle se remet dans son état de zen attitude et ne donne réagit nullement à mon offre. Je devrais la laisser tranquille, dans ce cas, mais n'y fait rien pourtant et préfère l'imiter. Si ma Skitty se demande ce que je fabrique, ma Nymphali comprend et en profite pour se lover dans le creux de mes jambes croisées.

Sacré Cœur

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Je peux bien rester là des heures, je suis déterminé. Je pense en effet que, si j'entre dans son jeu de la méditation, je pourrais peut-être la convaincre. Rozbouton est un des Pokémons que j'ai toujours rêvé d'avoir. Chez les coordinateurs, il n'est pas bien rare, et pour cause : il possède une élégance remarquable, à mes yeux. Alors si je suis loin d'être original, c'est surtout pour mon petit plaisir personnel avant tout. C'est sans doute stupide, d'ailleurs, que je me donne autant de mal pour un Pokémon que je ne suis même pas sûr de pouvoir emporter avec moi. Mais si ça me ferait vraiment plaisir de prendre cette petite dans mon équipe, je ne peux pas la forcer non plus. J'ai des tas de défauts, mais je ne fais jamais rien sans consentement mutuel, et cela va de soit : ce n'est même pas censé être une qualité, c'est juste la base, quoi, mais ça me donne au moins l'impression, dans notre monde quelque peu décadent, d'avoir encore quelque chose de vertueux à préserver.
Si j'avais presque espéré une réponse rapide, je ne chigne pas quand je constate que le temps passe plus vite que ce que je ne pensais et que les heures tournent, tant et si bien que le soleil décline enfin peu à peu derrière moi. Je ne crois pas que cette Rozbouton me suivra. Tant pis, ce sera pour une autre fois.
Je me lève enfin pour m'en aller, emportant la Poké Ball avec moi et fais signe aux deux femelles quadrupèdes que nous devons rentrer. Mais c'est bien sûr au moment où je suis débout et que je me retourne pour décamper que je sens quelque chose s'accrocher à ma jambe : des lianes que la Rozbouton a invoqué pour me retenir. Je m'accroupis de nouveau à sa hauteur, un petit sourire aux lèvres.

« Alors... Tu veux bien venir avec nous ? »

Elle semble contente, puisqu'elle hoche de la tête et désigne la Poké Ball que je lui réservais. Satisfait, je lui tends, et la femelle plante rentre d'elle-même à l'intérieur. Peut-être que, pendant tout ce temps, elle pesait le pour et le contre ?.. En tout cas, ça m'arrange bien. Je m'étire, heureux d'avoir pu aboutir à cette capture. Pour une fois que j'ai de la chance, héhé ! Enfin, j'en avais pour Arcko, en un sens, puisqu'il n'est pas si commun, mais ce n'était pas pour moi. Il me faudra trouver un beau nom pour cette nouvelle alliée, mais je pourrai largement y réfléchir sur le chemin du retour. Yahooo !


« Alors... Tu veux bien qu'on devienne amis ?
- L'amitié, c'est un peu plus compliqué que ça, tu sais. Et puis, en vérité, tu n'as pas envie de devenir ami avec moi.
- Bah... Pourquoi tu dis ça ?
- Disons... Que je suis porteur de malchance, apparemment. Si tu ne veux pas avoir d'ennuis, évite-moi.
- Pfft ! Moi j'y crois pas, à ton truc de malchance. Figure-toi d'ailleurs que j'ai toujours été chanceux, jusque là. La preuve, je t'ai rencontré !
- Elle est presque touchante, ta naïveté.
- Non, j'te jure, un jour j'pourrai te le prouver ! Je compte revenir tous les jours ici !
- T... Tous les jours ?!
- Héhé ! Tu vas voir, je sens qu'on va super bien s'entendre ! »

En pensant qu'il allait devoir supporter cet énergumène sept jours sur sept, il émit un ronchonnement qu'il tenta de faire discret, tandis que l'autre, remarquant son agacement, se mit à rire de plus belle. Mais malgré tout ce que Aloïs pensera à l'avenir, Brôme aura raison sur un point : ils finiront par devenir de très bons amis.