Je sais pas vraiment ce qu’il m’as pris de répondre présente au défi lancé sur l’un de ces flyers qu’on nous avait déposé au salon de toilettage. Au départ, je n’ai pas vraiment fait attention, me disant que c’était juste une publicité à la con de plus, du genre de celles qu’on nous déposaient assez régulièrement. Mais ma patronne avait fini par attirer mon attention dessus, en me lançant le défi de… de relever le défi proposé, justement. Et comme si ça ne suffisait, j’avais aussi été encouragée par Kaïri, j’ai donc craqué, et j’ai envoyé l’inscription, à laquelle j’ai reçue une réponse rapide et positive. Sacré étonnement de ma part sur ce point d’ailleurs, vu que je m’étais inscrite assez tard, j’avais imaginé ne plus avoir de place. Mais y’a trois jours, un coup de téléphone confirme mon inscription.

Résultat donc, je me retrouve ici, juste devant l’entrée d’un parc d’attraction abandonné depuis je ne sais combien d’années, sur l’île de Nuva Eja. Île au demeurant magnifique et dont cette construction fait un peu tâche au milieu de la nature colorée et verdoyante.

Les Pokemon ayant été interdits, ma loutre ne fait pas partie du voyage, et j’avoue que pour la première fois, je me sens très seule, et disons-le, un peu démunie. Ma compagnonne de voyage m’accompagne depuis longtemps, m’aidant notamment à gérer ma prosopagnosie en m’indiquant les personnes que je suis censée reconnaître. Là, je vais devoir me débrouiller toute seule.

Mais bon, allez courage Zelda, t’es pas une poule mouillée et encore moins une mauviette. Je pose mon casque sur les oreilles, faisant jouer « This is Halloween », pour l’ambiance, jetant des regards dans tous les sens afin de découvrir ce parc, ou plutôt ex-parc, d’attraction. Je dois avouer, c’est plutôt joli, je n’avais jamais vu un parc vide et éteint avant, et je trouve ça bien plus excitant qu’un parc ouvert. Certes, c’est un peu glauque, et nombre de films d’horreur que j’ai pu voir me reviennent en mémoire, que je chasse le plus rapidement possible de mon esprit pour ne pas me mettre à flipper pour des conneries.

Une silhouette humaine se détache finalement au loin. Ah, sûrement une des personnes avec lesquelles je serais en groupe cette nuit. De ce que j’ai pu comprendre, nous serons trois. Je réponds au salut du jeune homme, et repose mon casque sur les épaules. Le nouveau venu prend la parole directement, et je note tout de suite son prénom, Faust, qu’il me semble avoir déjà entendu quelque part, cela dit je ne vois pas bien où. Je n’ai cependant pas le temps d’y réfléchir qu’une seconde personne arrive, beaucoup plus énigmatique celle-ci. Un homme dont l’âge m’est impossible à définir, avec des cheveux blancs et le visage caché par ce qui ressemble au masque de Cyclope de Marvel, en modèle géant.

Je sors à mon tour le petit carnet à tamponner. Je suppose qu’on en a chacun un exemplaire. Je me demande bien ce que nous réserve cette nuit un peu spéciale, sur laquelle on ne nous en a pas dit beaucoup d’ailleurs, sûrement pour garder la surprise et y mettre un peu de suspense.

« Moi c’est Zelda ! J’comprends ton excitation, je suis aussi pressée que toi de savoir ce que ça va donner ! »

J’ai par automatisme tutoyé le dénommé Faust même si on ne s’est jamais vu, parce qu’il adopte une posture et une façon de parler décontractée. Je ne sais pas quel âge il a, il dois être plus vieux que moi. Je reprend alors la parole, en m’adressant aux deux hommes cette fois.

« Vous avez une idée de ce qu’on nous réserve ? Moi on m’a pratiquement rien dis. »