Desperate Times and Measures |PV Faust|

♦ DESPERATE TIMES AND MEASURES ♦feat. Faust M. Donovan

Desperate times call for desperate measures.
Je me répète inlassablement ces quelques mots tandis que je ramasse mes derniers effets entassés derrière le lit de cet hôtel. Le quatrième ou cinquième visité cette semaine. J’ai cessé de compter, me laissant vagabonder. Abandonnée, résignée à mon sort et en quête d’attaches. D’attaches qui sitôt formées, se dénouent toujours. J’ai laissé derrière moi bon nombre de personnes déçues, frustrées, mais surtout confuses. Chaque passage dans la vie d’un ami ou d’un proche avorté consciemment. La route m’appelle, mais le poids de la solitude m’enlise. Je ne parviens plus à me faire à la routine, car la routine engendre du temps. Le temps s’investit souvent dans la réflexion. Je désire tout sauf réfléchir. Dans ma quête de réponses et de soutien, j’ai rejoint tour à tour Damien et sa famille, Maxwell à Nuva Eja puis mon père dans son petit appartement d’Amanil. Lorsque j’ai compris qu’aucun d’entre eux ne saurait m’apporter ce qu’il me faut (un ingrédient encore inconnu dont je cherche l’origine), j’ai préféré errer en louant mon logis, changeant d’endroit au gré du vent. Sauf que la solitude amène aussi son lot de limites. Conséquence inévitable de celle-ci : la peine revient. Je ne pourrai pas fermer des portes à ma suite inlassablement. Je n’ai jamais autant pleuré, si bien qu’il ne reste plus de moi qu’une coquille vide aux traits creux, incapable de se poser. J’ai besoin de chaos, j’ai besoin de calme. Le paradoxe me déchire et pourtant la solution s’impose d’elle-même.

Piler sur son orgueil, surtout en période de vulnérabilité aigue telle que celle-ci, représente un défi parfois irréalisable. J’ai appris à composer avec la souffrance ainsi. De ma vieille armure bosselée, marchant seule contre un ennemi invisible. Sous elle, des cicatrices qui n’ont jamais vraiment guéri. Cette fois, le coup menace toute mon intégrité. Mes membres menacent de céder malgré l’armure, malgré l’habitude. J’ai cru, j’y ai vraiment cru. Que je pourrais traverser l’océan, chaque pas parmi la tempête. Je me noie, emportée par mon propre poids. Alors j’ai tendu la main vers le ciel. Je sais que là où je vais, qu’on me sortira des flots, aussi douloureux soit-il d’accepter de l’aide après tout ceci. Mes effets rangés, je lance un regard rougi vers mes Pokémon. La plupart se réhabilitent encore, des mois après. Les autres m’observent, silencieux, moroses. Cette matinée nous paraît telle une amère défaite. Pourtant… J’aimerais leur dire qu’à partir d’aujourd’hui, que tout ira pour le mieux. Néanmoins une main contre mon ventre me pousse une fois de plus au doute. Je déteste penser à l’enfant ainsi. Une fois de plus, je me force à écarter mes pensées négatives, aussi persistantes soient-elles. Pour lui, au moins. Pour lui aussi que j’appelle mes alliés à moi, ne conservant à mes côtés que Golden qui s’approche, connaissant déjà la destination.

Le téléport nous mène direction sur le porche de la maisonnée. D’ici, elle me paraît trop paisible. Je sens néanmoins qu’à l’intérieur, le chaos constant me consumera. Je tente un sourire qui me scrute, à moitié rassurée. Je lui adresse un petit mouvement de tête afin de l’apaiser, moi-même incertaine de la réaction du Conseiller. Le ventre noué je m’efforce de lui dissimuler ma détresse tandis qu’elle disparaît à l’intérieur de sa balle. Le souffle court, je rejoins la porte, sonnant. La mort dans l’âme. Chaque seconde d’attente occupée à défaire les résonnements logiques m’ayant mené au-devant de sa porte. Mes pieds me démangent d’effectuer un demi-tour qui me projetterait à nouveau dans la solitude et l’errance. Je caresse la petite bosse contre mon ventre, comme pour y cueillir le courage nécessaire. Demander de l’aide. Tendre la main par-delà les flots. Je peux le faire. Tandis qu’on ouvre la porte, je consulte maladivement mes pieds, incapable d’affronter son regard. Je reste silencieuse, mes bagages sur le pas de la porte, incapable de mettre fin à l’attente. J’ignore même qui m’a répondu, je me contente de balbutier, confuse et mal, le nom de celui que je suis venu rencontrer.

«F-f-aust?»

(c)Golden

Sujet: Re: Desperate Times and Measures |PV Faust| Mar 3 Oct 2017 - 18:35

Desperate times and measures

Feat Mercedes L. Blanchett

Il ne peut pas honnêtement dire que tout s'est passé exactement comme prévu, depuis quelques temps. Il y a des passages comme ça, toutefois. Des paisibles, des mouvementés, des agités, des tranquilles. Et il y en a des chaotiques, des indomptables, qui ne s'éteignent lorsque tout a été renversé derrière eux. Ce n'est pas la première fois dans la vie de Faust que ce dernier le constate : aussi présomptueux que ce soit, il peut prétendre avoir vu son lot de changements. Il n'essaie plus de les arrêter, dorénavant. Il se contente de chercher un moyen pour les adoucir, et apaiser le trouble qu'ils lui apportent, quand c'est possible.
Le départ de Natsume, toutefois, il n'aurait pas pu dire qu'il l'avait vu venir, ni qu'il savait exactement comment réagir. Alors bien sûr, il s'était douté qu'un jour ou l'autre, cela devrait arriver. Pas non plus complètement naïf et inconscient, il l'avait envisagé, mais il était tout de même pris de court maintenant. Alice, elle, ne s'en préoccupait pas plus que ça. Isaac vaquait à ses occupations, quoique ses absences de plus en plus régulières suscitait la curiosité de son meilleur ami qui ne l'avait toujours pas interrogé, mais rien n'était particulièrement anormal. Il n'y a que le silence embarrassant à chaque fois qu'il croise son jumeau, depuis leur dernière conversation, qui le dérange vraiment. Il n'a pas envie, toutefois, d'aller l'aborder. Il se satisfait de sa situation, en réalité, et il n'est pas sans le savoir. Ignorer les petits soucis, pour l'instant, était la meilleure solution.

Ça, du moins, c'était l'idée. Il se doutait bien que tout ne serait pas si simple, et encore plus quand l'on sonna à la porte. Évidemment, il n'aurait pas pu prévoir ce qu'il allait avoir devant les yeux et, sans surprise, une lueur d'étonnement passa dans ses iris. Un peu lent à la détente, il mit un moment à comprendre le sens de la présence des valises de Victoria, et de Victoria elle-même, en réalité. L'air un peu stupide, il fixa les deux pendant quelques secondes, cherchant soudainement le restant d'intelligence qui se cachait au fin fond de sa tête. Son appellation le sortit de ses pensées, et il sursauta, ramené à la réalité.

« Euh, ouais ? Enfin, c'est mon nom, oui. »

Bravo, Faust.
En pestant intérieurement contre sa propre stupidité, il se força à agir vite.

« Rentre. J'te fais du thé, bouge pas. »

Maladroitement, il ouvrit la porte sans réfléchir, invitant la rose à rentrer en portant une part de ses bagages. Les questions attendraient, même si elles se multipliaient dans sa tête à la vue de l'expression de la jeune femme. Gardant le silence, il ferma la porte derrière eux et fit signe à la nouvelle arrivant de s'avancer dans le salon jusqu'à la cuisine. Le Donovan fronça toutefois les sourcils en entendant des bruits de pas, et tourna la tête. Alice s'était approchée, ayant visiblement entendu quelque chose en provenance de l'extérieur, et elle tentait maintenant de deviner ce qui se trouvait dans la cuisine par des coups d'oeil bien visibles. La question ne tarda pas, d'ailleurs.

« Y'a quelqu'un, p'pa ?
- Oui, mais tu veux bien aller faire un tour, s'il te plait ?
- ... Hm-hm. »

L'air peu convaincue, la fillette finit pourtant par obtempérer, une lueur incertaine dans les yeux. En soupirant de satisfaction, son paternel reporta son attention vers la cuisine, s'y rendant sans presser le pas ou en lambinant. Mécaniquement, comme si rien de tout cela ne le perturbait vraiment, il versa de l'eau chaude dans une théière où il fit infuser différentes feuilles, comme sa mère lui avait appris à le faire à force de remontrances. Puis, tranquillement, il posa son derrière sur l'une des choses, rencontrant enfin le regard de la dresseuse. L'air calme et tranquille, il esquissa un sourire.

« Y'a une chambre de dispo au deuxième étage. Tu sais où sont les toilettes, j'te fais pas la visite des lieux. »

Son ton est léger, mais il se doute bien qu'il sera sûrement le seul à l'être. Mais, ne sachant pas si il a le droit de poser la moindre question, ou si elle sera même acceptée. Alors, négligemment, il attrapa une boîte de cookies maison qu'il poussa en direction de Victoria, plantant doucement son regard pour le sien.

« T'veux quelque chose ? »

Sauf qu'il ne parlait pas vraiment de cookies, cette fois. Il espérait au moins que le message serait clair, vu la teinte sérieuse qu'avait pris sa voix pendant qu'il posait sa question.

Sujet: Re: Desperate Times and Measures |PV Faust| Jeu 19 Oct 2017 - 17:31

♦ DESPERATE TIMES AND MEASURES ♦feat. Faust M. Donovan

Quelque part, dissimulés sous les soubresauts réguliers de ma poitrine, les ténèbres s’enfoncent et me consument. Pensées parasites, profitant de mes faiblesses pour me tirer vers le bas. Encore maintenant, dans une recherche de solution, je me sens reculer de plusieurs pas. La régression fait partie du processus de guérison, néanmoins mes réflexions m’épuisent. Les remords m’envahissent d’avoir cherché réconfort auprès pourtant d’un de mes plus fidèles amis ici sur cette île déchaînée et dépourvue de sens. J’ai crainte… de son rejet j’imagine, mais aussi de lui être un fardeau et encore plus de l’entraîner avec moi dans ma dérive. À ce point-ci, je réalise cette entreprise parfaitement égoïste. J’ai rejeté l’aide qu’on m’a proposé encore et encore et voilà que je viens bouleverser la vie de quelqu’un qui n’était pas forcément volontaire. Voilà pourquoi je ne parviens pas à affronter son regard, d’autant plus devant sa façon étrange de me saluer. De toute évidence il ne s’attendait pas à ma venue ici. Je n’ai pas cherché à l’en avertir non plus, ce qui explique cette réaction. Me voilà qui débarque avec mes maigres effets personnels, à lui imposer ma décision. J’ai honte, honte d’en venir à ceci mais aussi de honte qu’il pourrait vouloir m’ouvrir ses portes simplement par obligation ou par pitié. Faust n’a-t-il pas tendance déjà à ramasser ce qui est brisé? Encore une fois fidèle à lui-même, il ouvre la porte et m’aide à porter mes choses à l’intérieur, comme si tout ceci était prévu et prémédité.

Sauf que ce ne l’était pas. Je m’avance dans la demeure qui me semble bien trop calme, suivant les instructions du Conseiller telle une automate dépourvue de la moindre volonté. Je ne croyais jamais tomber si bas. Je m’installe à la cuisine, le regard perdu dans la fenêtre. Ici, je suis tout de même moins prisonnière de mes pensées et la présence de Faust m’empêche de retourner constamment à mes démons. La boîte noire, celle enfouie au creux de tous et qui recèle tous nos problèmes et pensées négatives, continue à me surveiller de son œil torve, sachant pertinemment que j’y retournerai sitôt l’occasion se présentera. En attendant il est tout de même agréable d’en être sortie. Des bruits de pas attirent mon attention, tout comme une petite voix qui jailli de derrière un mur, sollicitant des réponses. Curieuse, Alice désire savoir qui envahit son espace, et son père la chasse gentiment afin de nous laisser un peu d’intimité. Mon cœur se serre un peu et je soupire, regrettant une énième fois d’être venue.

«Tu n’aurais pas dû la chasser… C’est moi l’intruse ici.»

Ma voix me paraît lasse et fatiguée, même à moi-même. Le châtain s’occupe de préparer le thé puis revient vers moi, croisant mon regard pour la première fois. Je m’empresse de le détourner, non pas par malaise mais par lâcheté. Comme j’aurais pu m’attendre de sa part, il ne pose aucune question et me propose d’un ton léger la chambre libre de la maison. Encore une fois, ma venue ici semble déjà prévue et préparée, mais ce n’est pas le cas et c’est bien ce qui me dérange.

«Je sais ce que tu diras, Faust, mais je veux que tu te sentes à l’aise. Je ne veux pas que tu me prennes en pitié, ça Adélia l’a assez fait. J’ai juste besoin de calme, mais je ne veux pas… je ne peux pas être seule. Parce que je me fais peur. Mais ce n’est pas ta responsabilité et je ne suis pas une autre de tes âmes à sauver. Je veux juste que… tu sois là, que tu décides de m’accueillir ou non.»

Je n’ai pas encore pleuré, ce qui m’impressionne. Je prends un cookie dans le bol car je suis affamée, mangeant pour deux (et quelque chose me dit que la petite chose au creux de mon ventre aura tout un appétit). Quand Faust me demande si je veux quelque chose, j’éclate d’un rire fatigué, de ceux qui n’ont pas lieu d’être et qui émergent d’une ironie.

«Je veux tellement de choses, Faust, je ne sais même pas par où commencer. Enfin. J’imagine que des présentations sont de mise. Faust, je te présente petite bédaine, petite bédaine voici Faust. Je suis enceinte, comme tu peux voir, mais ne t’inquiètes pas, j’ai l’intention d’avoir remonté la pente d’ici la naissance dans quelques mois.»

Je parle de tout ceci d’un ton détaché et lointain. Ça me fait du bien de parler de lui ou elle, même s’il vaut mieux ne pas trop s’attarder sur les détails. Comme sur le fait que je n’ai même pas mis le père au courant de son existence.

«Je veux bien quelque chose… Je veux bien un câlin.»

(c)Golden

Sujet: Re: Desperate Times and Measures |PV Faust| Sam 25 Nov 2017 - 0:13

Desperate times and measures

Feat Mercedes L. Blanchett

Bon, d'accord, on a vu mieux question réconfort que de donner du thé et d'attendre que la personne vide ou non son sac. Mais d'expérience, Faust ne dirait pas que foncer dans le tas ou ignorer la situation soient des solutions idéales non plus, et c'est pour cela qu'il a envisagé cette manière là, qu'elle soit bonne ou pas, de procéder. Tourner autour du pot pour lui laisser la possibilité de reculer si jamais elle le veut, c'est assez simple, en soit, mais c'est probablement la piste d'action la moins maladroite. Il ne faut pas longtemps à son interlocutrice, pourtant, pour s'expliquer.
Calmement, en sirotant toujours son thé quitte à s'en brûler la bouche parce qu'il était bien infoutu d'attendre cinq minutes, il l'écouta sans un mot. Haussant un peu les sourcils face à certains détails, il esquissa un air un peu désabusé, se demandant vraiment si elle pensait ce qu'elle disait de lui, ou qu'il pourrait la laisser dehors de manière tout à fait naturelle. Ne désirant pas la vexer, néanmoins, il se tut et se contenta de croquer un cookie d'un coup sec, plus pour apaiser le bourdonnement d'anxiété en lui qu'autre chose.

Il manqua toutefois de s'étrangler sur la suite, crachant d'une manière tout à fait repoussante et franchement pas classe le morceau de biscuit qui s'était coincé dans sa gorge suite à l'annonce qui venait de lui être faite. Retenant pour lui tout un tas de questions, il toussota bruyamment et eut comme réflexe de boire une grande gorgée de thé, ce qui ne manqua pas de lui brûler toute la longueur de son œsophage. Crachotant pathétiquement, il en aurait presque manqué de ne pas entendre la suite. Il dû se forcer à toussoter un peu pour reprendre un contrôle de soi à peu près correct, jetant des coups d’œil quelques peu inquiets envers la jeune femme. Bon, d'accord. Plusieurs dizaines de choses pouvaient être dites à ce moment précis, et toutes avec un sens différent. Il se pinça l'arrête du nez, essayant de remettre ses pensées en l'ordre, avant de faire signe à la rose de s'approcher, l'air un peu paumé.

« Ne me prends pas pour un enfant. J'ai compris. Et euh, ok. Viens. »

Tellement d'éloquence et d'assurance dans si peu de mots.
C'était peut-être le câlin le plus maladroit qu'il lui avait fait, maintenant qu'il y pensait. Un peu badaud, il n'arrivait pas à savoir si il devait être étroit ou un peu lâche, chaleureux ou ferme. Malgré lui, il en était arrivé à tapoter doucement l'épaule de Victoria, hésitant, avant de finir par raffermir doucement sa prise, voulant tenter de faire passer l'idée qu'il serait présent malgré tout. Après quelques instants passés dans un mutisme presque religieux, le conseiller finit par s'éloigner, un sourire mélangeant gêne et sympathie sur le visage. Gérer ce genre de situation, ce n'est pas exactement la chose la plus naturelle au monde, et même quand on est habitué aux autres, c'est quasi impossible de rester imperturbable tout le long. La preuve en fut son ton hésitant.

« … Hm, enfin, je sais pas si je dois te féliciter ou pas, alors l'intention est là, choisis un peu ce que tu veux. »

Et en même temps, ce n'était pas comme si il n'avait pas connaissance d'une partie du passif de l'ancienne compétitrice quant à ce genre de sujet, ceci expliquant ses réticences. Le reste avait assez peu d'importance, car en dehors de comment Victoria le vivait, il ne comptait pas poser plus de questions. Que Weston soit le père ou ça, ça, il s'en fichait ; ce n'était pas ses oignons, et il avait d'autres chats à fouetter. Mais il ne pouvait pas comprendre les sentiments de l'autre, et il s'en rendait compte. Un sentiment désagréable d'impuissance le parcourut et le Donovan se massa la nuque.

« C'est un peu compliqué ces temps-ci, mais pour le calme, ça devrait aller. Sers-toi pour manger, te laver, enfin, tu m'as compris. »

Pas vraiment besoin de préciser plus que ça, mais Faust tenait malgré tout à le rappeler. L'air de rien, cela pouvait permettre d'éviter des désagréments inutiles. Mais vraiment, plus il parlait et plus il avait l'impression de ne pas savoir où se mettre, ni quoi faire, ni ce qui était attendu de lui. Heureusement pour lui, une idée finit par lui passer par la tête quand il termina sa phrase, et il s'essaya à un ton plus jovial. Un début de sourire au coin des lèvres, il tenta d'insuffler un peu d'énergie dans cette ambiance morne.

« Enfin, je comptais faire de la pizza, ce soir, comme on est pas beaucoup à manger. Me faudrait des mains supplémentaires pour cuisiner, je t'avoue. »

Proposition comme une autre, en soit, pour occuper le temps sans forcément fermer la conversation, et aussi car, oui, il faudrait bien se mettre à cuisiner. Vous me direz, vu son portefeuille, la commande n'était pas exclue, mais il avait déjà promis à Alice qu'elle aurait sa 4 fromages, et refuser une promesse à Alice n'était pas particulièrement quelque chose qui lui plaisait.

« T'es capable d'étaler de la sauce tomate ? C'est un art difficile, mais je t'assure que tu as le talent pour ça, petit padawan. »

Il avait pris un ton faussement sérieux, le regard inutilement lourd et sévère, dramatique au possible. Bon, en espérant que cela passerait...

♦ DESPERATE TIMES AND MEASURES ♦feat. Faust M. Donovan

Malgré ma prise de décisions récente, je trébuche encore. La sensation d’avancer qu’au prix d’ultimes efforts, comme après plusieurs verres en trop, comme sur les planches d’un navire perdu dans des flots houleux, m’étourdit encore. Le câlin de Faust a quelque chose de forcé, du moins au départ. J’imagine qu’il en est toujours ainsi lorsqu’on réclame. En sera-t-il aussi de ma présence en sa demeure? Je n’ai plus aucun souvenir de la dernière fois où j’y ai mis les pieds. À quel moment ai-je cessé de porter attention à mes proches? À quel moment la rage et la hargne ont-elles pris le dessus sur mon jugement, sur ma sensibilité, sur ce que je suis? Là n’est guère l’instant propice aux regrets. Je raffermis ma prise contre mon ami, que je sens déjà plus à l’aise, le cœur gros et le regard humide. Sauf que je n’ai plus rien à pleurer. Je désire simplement avancer, même si c’est pour trébucher encore et encore, il vaut mieux tituber que de tomber. Maintenant je sais que j’aurai quelqu’un pour me laisser déambuler sur le pont, même si les vagues s’écrasent contre le bateau. Il sera là, ma bouée de sauvetage. J’ai confiance en lui, même si c’est difficile de m’ouvrir réellement, même si la honte, la peine et l’orgueil m’entravent encore. Je hoche la tête en sa direction comme pour lui signifier un remerciement. Je n’ajoute rien. Je n’ai pas l’intention de l’exaspérer davantage de mes insécurités.

Devant ses félicitations approximatives, je souris, cette fois sincèrement. D’une sorte d’amusement un peu désabusée. Il aura fallu de nombreuses maladresses de ma part pour en arriver ici. À vrai dire, je me demande même si elles ne remontent pas à 2013, lorsque j’ai raccompagné Weston Elric jusqu’à chez lui pour y passer la nuit. Sauf que je ne regrette pas la grossesse. Même si elle doit tout compliquer. Même si je suis terrifiée. Je caresse mon abdomen distendu avec un soupir. J’hausse les épaules. Comme il dit, c’est compliqué. Pour lui aussi semble-t-il. Je n’ose pas demander pourquoi, peut-être ne suis-je pas en mesure d’accueillir pourquoi. J’ai besoin de me centrer sur moi. Si cela doit me concerner dans les prochains mois alors je saurai. Je culpabilise néanmoins de lui ajouter un poids, en me promettant de me faire invisible le plus possible, de ne pas entraver sa vie.

«Je ne cherche pas exactement le calme, mais ne t’inquiètes pas. Je ne veux pas être un fardeau, je veux juste… ne pas être seule. Avec Adélia, ça allait un temps, mais elle voulait trop, tu comprends? J’en pouvais plus. Hm… Oui d’accord, je devrais trouver où sont les choses.»

Je m’apprête à me lever et à trouver mon propre chemin vers les étages à la recherche d’une pièce vide quand la proposition du Conseiller m’interrompt dans mon geste. Déjà? J’avais pensé me poser quelques instants, m’isoler. La panique m’envahit et je fais une drôle de moue peut-être. J’ai tant l’habitude de me couper du reste du monde ces derniers temps, qu’il s’agit d’un réflexe profondément ancré. En prenant conscience, je prends une grande respiration. Je dois rester. Je dois participer. Je ne dois pas m’isoler. Ça commence ici, ça commence maintenant, même si c’est pour faire quelque chose d’aussi anodin que des pizzas. J’ai besoin de vie quotidienne, de petits instants, j’ai besoin de réapprendre à vivre. Même si ce doit être au coût des blagues de Star Wars de Faust. J’ai un rire bref, bousculant un peu mon ami en tassant les ténèbres dans leur petite boîte, ne serait-ce qu’un instant.

«Tu parles! J’ai même du talent pour le pepperoni! Par contre, je ne fais rien si on ne fourre pas la croûte de fromage. Je sais, très américain, même pour moi. Mais je mange pour deux et bébé veut du gras!»

Je souris, même si mes yeux sont tristes. Ils disent aussi merci.

(c)Golden

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Desperate Times and Measures |PV Faust|

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