« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Inherited Hopes [OS]

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Clive G. Donovan
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Clive G. Donovan
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MessageSujet: Inherited Hopes [OS]   Inherited Hopes [OS] EmptyMer 26 Juil 2017 - 17:48



Inherited Hopes

Évolution d'Yvain, partie 2

« C'est ridicule, hein ? »

Clive releva la tête, un peu sonné, les yeux brillants de fatigue. Sa tête tournait et il était persuadé qu'il aurait pu fermer les yeux d'une seconde à l'autre, mais il gardait encore conscience. Sur le moment, il aurait adoré avoir plus d'un antidouleur, mais l'infirmière l'avait regardé avec de gros yeux quand il avait proposé en prendre trois à la suite pour calmer sa migraine. Mais pour l'instant, puisque la chambre était plutôt calme et ne laissait filtrer que quelques rayons lunaires, la nuit ayant déjà englobé la totalité du ciel pour y laisser quelques étoiles, il ne risquait pas de douleur causée par la lumière. Mais il plissa tout de même les yeux en posant son regard sur la silhouette d'Alanna, dont l'attention toute entière était concentrée sur le nourrisson lové contre sa poitrine.
L'enfant dormait enfin, sagement, ce qui portait presque à rire vu les complications qui s'étaient enchaînées dans la journée. Il en avait presque craint la césarienne, à vrai dire, et le visage de la sage-femme était passé par tant de couleurs qu'on aurait pu lui préparer un brancard, ne serait-ce que par sécurité. Mais, depuis deux heures, le calme reprenait lentement sa place. Clive en avait profité pour s'assoupir un peu, encore remué par tout ce qui s'était passé, bien qu'il ne rechignait jamais à aller aider la jeune femme quand elle avait besoin de quelque chose. Le bébé, quant à lui, depuis qu'il s'était nourri, ne faisait plus un bruit. Pour autant, le hérisson ne pouvait pas s'empêcher de rester nerveux, bien qu'il sache qu'il n'avait presque aucune raison de s'inquiéter. Il n'était pas vraiment à plaindre, contrairement à la jeune mère qui, épuisée, peinait à garder les yeux ouverts. Clive avait bien tenté de lui dire de dormir pendant qu'il s'occupait de leur progéniture, mais elle avait refusé, et il n'avait pas souhaité insister. Néanmoins, il n'était pas sûr que ce soit l'épuisement qui lui donnait ce ton calme, un peu lent et teinté d'une pointe de mélancolie.

« Ça fait presque huit mois que je m'étais persuadée que je partirai pour de bon, et maintenant qu'il est là... »

Quelques uns de ses doigts caressèrent la joue du nourrisson, doucement, puisqu'elle ne souhaitait pas le sortir de son sommeil. Ses yeux verts étaient fixés sur lui, comme si elle cherchait à enregistrer chaque petit détail dans un coin de son cerveau. Clive esquissa une grimace, conscient de la douleur qui devait sûrement habiter la plus jeune, bien qu'elle ne le montrait pas. Sa retenue aurait presque été impressionnante si elle n'était pas triste à voir. Mis mal à l'aise par celle-ci, le Donovan tenta malgré tout de garder une voix stable et assurée. Plus facile à dire qu'à faire, entre la fatigue et la nervosité.

« Tu peux rester, si tu le veux, tu sais ? O-on pourrait s'accorder, et puis, tu es sa mère, alors... ! »

Sa tentative était sincère. Bien sûr, il était toujours un peu gêné devant Alanna au vu de la nature peu glorieuse de leur première altercation, mais en soit, et même si elle était un peu étrange par moment, Clive ne la trouvait pas foncièrement désagréable. Alors bien sûr, il n'avait aucune intention de former un couple avec elle, mais il était persuadé qu'ils auraient parvenu à s'entendre quant à l'éducation de leur enfant si ils essayaient. Cette hypothèse était plus séduisante, et même si elle semblait l'apprécier au vu de son léger sourire cassé, elle ne put obtempérer.

« Tu sais bien que si je faisais ça... »

Son expression en disait bien assez. Clive soupira, dépité, bien au courant de ces détails lui aussi. Il n'y croyait pas trop non plus en le disant, mais on ne pourrait pas lui reprocher d'avoir essayé, au moins. Un peu d'inquiétude s'était toutefois nichée dans son esprit, et il l'exprima sans trop tarder.

« Ça va aller ? »
- Il faudra. Et toi, comment est-ce que tu vas faire ? »


Il y eut un court silence. Elle paraissait chercher ce qu'elle pouvait répondre, le regard perdu sur le corps de l'enfant. Puis, finalement, elle reprit la parole d'un ton plus sûr d'elle, mais Clive n'était pas sûr qu'il soit vraiment une preuve de quoi que ce soit. Renvoyer la question vers lui était une façon plutôt indiscrète de changer de sujet, mais, connaissant assez bien cette tactique, l'ancien officier n'allait pas la blâmer pour ça.

« Je verrai. J'ai trouvé un job alimentaire, et un petit studio vers Amanil, alors...
- J'aimerais bien avoir ton assurance.
- Crois-moi, ça n'en a que l'air. »


Elle gloussa un peu, sans doute amusée par son humour cynique et un poil désabusé sur les bords. Clive se leva alors, et s'étira les muscles, en retenant un grognement devant la douleur lancinante qui continuait de buter contre les parois de son crâne. Un son le tira de sa rêverie, et il se retourna. Le nourrisson posé dans les bras d'Alanna remuait un peu les bras, en faisant quelques petits bruits semblables à des geignements à intervalles réguliers. Clive s'approche, curieux quant à ce qui pouvait l'avoir mis de si mauvaise humeur. Il n'eut pas le temps de faire grand chose, car quelques caresses de sa mère suffirent à l'apaiser. Pourtant, une des expressions ensommeillée et grognon du bébé tirèrent à la blonde un rictus un peu puéril sur les bords.

« Il est un peu laid, n'est-ce pas ? 
- Je ne crois pas qu'on soit supposé le dire, en fait. »


Ils ricanèrent bêtement, sans trop de honte, car les raisins secs n'étaient pas vraiment des prix de beauté. C'était une manière relativement stupide de réagir à la difficulté d'articuler leurs pensées face à ce qu'ils avaient devant les yeux, mais elle permettait au moins de dissiper un peu du malaise qui s'était installé. Il avait du mal à s'admettre que le nourrisson devant lui était son fils, en réalité, et il restait interdit, encore choqué. Vu comme ça, il ressemblait à n'importe quel autre marmot, comme ceux dont Faust était friand quand ils en apercevaient, mais qui l'avaient toujours mis mal à l'aise personnellement. Celui-ci, pourtant, celui-ci lui paraissait plus intéressant que les autres, pour une raison entièrement subjective. L'enfant retourna vite dans les bras de Morphée, mais Clive était tellement perdu dans son observation qu'il sursauta lorsque la jeune femme reprit la parole.
                         
« J'ai réfléchi à un nom, et... »

Elle se tut alors immédiatement, comme si elle venait de réaliser quelque chose. Le hérisson resta suspendu à ses lèvres, curieux, mais il ne reçut pas de réponse à sa question muette. Elle se contenta de montrer de la main une petite feuille de papier repliée, d'où l'on pouvait apercevoir quelques inscriptions si l'on plissait les yeux.

« Enfin, je t'ai laissé une liste. Tu choisiras ce que tu veux. »

Il hocha de la tête. Vrai qu'il était curieux de ce qu'elle avait pu choisir, mais il se retint de sauter dessus pour satisfaire son interrogation. Alanna semblait épuisée, tellement que Clive prit la peine de remonter un peu sa couverture pour qu'elle ne prenne pas froid. Le bruit de l'ouverture de la porte attira son attention et il se retourna, mais se crispa face au visage qu'il apercevait. La jeune femme remarque son trouble, mais garda le silence, surtout que le nouvel arrivant la regardait elle et l'enfant qu'elle tenait avec curiosité. Les lèvres pincées, Clive marmonna une explication rapide avant de se diriger vers la porte.

« Je reviens. »

Faust se laissa guider vers l'extérieur sans broncher. Il ne prononça pas un mot tant que la porte ne fut pas fermée, et son expression neutre ne laissait rien paraître de ce qu'il pouvait bien avoir en tête. Mais son ton, toutefois, était plus dérangeant de par son calme inhabituel.

« Donc, c'est...
- Oui. »


Il n'avait pas vraiment besoin d'en demander plus, car le conseiller n'était pas le premier à poser cette question. Avant lui, Mikael avait déjà eu les mêmes questionnements, alors il s'était préparé dès lors qu'il l'avait prévenu par message. N'ayant pas envie d'approfondir ce sujet là, il préférait rester concis et ne pas se laisser aller à trop de divagations. Il n'avait pas la tête à ça, de toute façon, et un peu de sa fatigue devait se sentir dans son ton. Faust la percevait aussi, mais il n'en dit rien, et se contenta de le détailler du regard, sûrement pour se faire une idée de son état.

« Je vois. »

Le silence qui les entourait ne pouvait pas le mettre à l'aise. Quelque chose sonnait faux, bien trop même. Depuis l'annonce qu'il lui avait fait, de toute manière, les relations entre lui et son jumeau étaient comme ça ; froides, pleines de non-dits, épineuses, même. Le mutisme lourd, presque étouffant qui lui nouait la gorge n'avait cesse de croître depuis lors. Clive était persuadé que la poche de pus finirait par se percer, comme elle le faisait toujours, dans une dispute forte mais nécessaire, mais ce n'était pas le cas. Depuis presque un mois, ils ne faisaient que se croiser, et le hérisson avait l'impression d'avoir un étranger en face de lui. Un étranger qui, comme maintenant, lui parlait avec cette voix déconnectée et distante.

« Ça ne va pas être simple. »

La remarque était un peu acide sur les bords, mais Clive ne le releva pas, que ce soit ça ou le regard fixe de son frère sur lui. Mais il ne baissa pas les yeux, l'air un peu défiant.

« J'ai envie d'essayer. »
- Y'a pas d'essayer. C'est ta responsabilité, maintenant. »


Le hérisson aux cheveux noirs se retint de grimacer devant la sécheresse des paroles qu'il entendait. Il n'était pas surpris, mais cela ne voulait pas dire que c'était plaisant à entendre. Et il y avait quelque chose dans le creux des yeux de l'aîné qui le dérangeait, comme un reste de rancune et d’orgueil blessé. C'était assez limpide, maintenant qu'il la voyait, et Clive esquissa un rictus mi-peiné, mi-jaune. Tourner autour du pot ne servait à rien, ici, et ce n'était pas son genre de toute façon.

« Tu... Tu m'en veux, hein ? »

Ce n'était pas vraiment une question, au fond. Il savait bien ce qu'il en était, et il ne faisait que l'énoncer pour se le confirmer. Faust plissa un peu les yeux, comme si il réfléchissait à ce qu'il voulait dire.

« … Tu as fait ton choix, je n'ai rien à dire. »

Clive n'aurait pas su dire ce à quoi correspondait le ton mi-froid, mi-détaché de son jumeau. Son regard semblait lointain, mais l'ancien officier ne voulait pas le prendre en pitié pour autant. Ce n'était pas comme si, aux yeux du cadet, il avait de véritables raisons d'agir de cette manière, mais cela ne rendait pas tout cela plaisant pour autant. Le malaise le faisait se crisper, si bien qu'il ne trouva rien à répondre. Faust n'attendit pas pour terminer de dire ce qu'il avait à dire, toutefois, et, les lèvres pincées, il reprit la parole.

« Dis-moi quand tu feras tes affaires. J'irai faire un tour. Là, je vais chercher un truc à boire.»

Et sans plus attendre, il se retourna pour s'avancer dans les couloirs, délaissant l'autre sans regret. Maigrement, Clive hocha de la tête, sans parler, ne voulant pas s'aventurer davantage de la tête. Il expira profondément, et tenta de calmer la boule qui venait de se nouer dans sa gorge. Difficile, toutefois, de faire ainsi, et il ravala sa salive avant de retourner dans la chambre, espérant penser à autre chose de cette manière. Désirant garder un air imperturbable et ne pas laisser transparaître son état, il essaya de prendre un ton assuré en entrant dans la chambre.

« Tu penses que l'infirmière va bientôt pass-... ? »

Il ne termina pas sa phrase. Enfin, il choisit de ne pas la terminer puisqu'il s’aperçut avec surprise qu'Alanna s'était déjà endormie. Un demi sourire amusé s'étira sur les lèvres du hérisson.
Elle a bien le droit à du repos, vraiment...
Il s'avança le plus doucement possible pour ne pas la réveiller, ce qui était un peu compliqué mais pas impossible en soit. Voulant au départ reprendre position sur son fauteuil, il changea au final d'avis en remarquant que les traits du visage du bambin se fronçaient, signe qu'il allait bientôt se réveiller. En douceur, Clive vint le prendre dans ses bras, lui tenant la tête comme il se rappelait devoir le faire. Toutes ces années avec Elliott n'avaient pas servi à rien.
Il ne s'attendait pas vraiment à ce que cela parvienne à préserver le silence, mais vu que le petit raisin sec était content, il n'avait pas de raison particulière de s'inquiéter. Pendant une seconde, une de ses mains alla chercher une pierre bleutée qu'il posa sur une table de nuit, et il prit ensuite la peine de libérer de sa ball son jeune Kirlia. Le pokémon psychique, un peu surpris d'avoir été appelé, cligna des yeux, mais fit une tête surprise en apercevant le bébé dans les bras de son dresseur. La naïveté la curiosité enfantine d'Yvain lui tira toutefois un sourire attendri, et il le laissa s'approcher sans crainte.

« Désolé de te déranger. »

Le Kirlia fit signe qu'il n'y avait aucun problème à ça, mais il était tout de même interrogé de la raison de sa présence ici. Clive donna réponse à sa question en pointant du doigt la pierre Aube posée juste à côté de lui, et dont la présence était une réponse en soit. Yvain écarquilla les yeux, éberlué, et ne put retenir quelques tremblements d'excitation. La voix de son dresseur, quant à elle, était parfaitement calme.

« Je vais avoir besoin de toi, bientôt, je pense. Tu pourrais m'aider ? »

Il y eut un petit temps de réflexion pendant lequel le Kirlia hésita, et son regard rouge rencontra celui paisible et mesuré du hérisson. Perturbé mais rendu enthousiaste en même temps par cet air tranquille qui ne lui était pas habituel, Yvain ne sut pas quoi faire sur le moment. Mais, car c'était ce qu'il sentait comme le meilleur, il posa sa main sur la pierre après avoir pris une grande inspiration. Les effets furent immédiat : une vive lumière l'entoura, et la pierre disparut, ne laissant derrière elle qu'un grand Gallame, certes assez frêle, mais rayonnant de puissance nouvelle. Clive esquissa un sourire et un merci silencieux, qu'il n'eut pas besoin de dire à haute voix. Le Gallade se contenta d'une petite courbette, avant de reposer son regard sur l'enfant endormi.

Je ne vais sans doute pas être parfait, ni idéal, mais...
Il ne savait sans doute pas dans quoi il s'était engagé. Ou alors il était encore tellement sonné qu'il ne pouvait pas pressentir la panique qui avait fait battre son cœur durant toute la matinée. La peur au creux de son ventre n'avait pas disparu, elle, et il se demandait si il était censé la ressentir, ou si cela n'était pas un mauvais signe. Peut-être était-ce bon signe, qu'au moins il comprenait la difficulté de la tâche. Bordel, pourquoi avait-il décidé, de le faire, déjà … ? Mais il savait, quoiqu'il en dise, la raison, peut-être un peu égoïste sur les bords qui l'avait motivé. Il jeta un coup d’œil intrigué à la liste de noms que lui avait laissé Alanna.
Je vais essayer, pour une fois, je pense. Ce serait enfin une bonne chose.
La motivation n'était pas quelque chose qu'il avait connu durant toutes ces années. Il n'était animé que par le besoin, la détermination simple du désir de survie, la nécessité de donner un cadre stable à sa famille. Ce n'était jamais personnel, jamais vraiment sans rancœur et amertume. On pourrait arguer que c'était aussi de l'obligation ici, mais ce n'était pas comme ça qu'il le voyait. Aussi niais que ce soit, il se le permettait maintenant. Il en avait bien le droit, à son avis.
Si je peux être un père correct pour toi, Axel.


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