Quand je passais dans la salle d'attente du centre, je ne pouvais que me souvenir de ce jour-là, où des gens du Régime étaient venus pour me chercher. Où Thor avait évolué, où lui et Loki m'avaient défendue. J'avais décidé, ce jour là, d'être forte. Mais je ne devais pas oublier mes objectifs : découvrir le mystère des évolutions avec les pierres, mais aussi ce qui faisait que certains pokémons observaient une coloration différente. J'entrais dans mon laboratoire, où Loki et Hati étaient allongés, en train de faire la sieste. Les deux pokémons ténèbres semblaient s'apprécier, mais Hati restait méfiante quant à mon dressage. Je m'approchais d'un microscope et observait l'ADN d'un évoli réagir à la présence d'une pierre feu.

« Mais pourquoi les pokémons chromatiques ont tous la même couleur ? Ca ne peut pas être comme les cas d'albinos, ou des coïncidences. Cela doit être forcément inscrit dans les gênes. »

Je changeais de verre, et jetais un oeil à l'ADN de Loki pour le comparer à un autre ADN. Le même genre de cellules, le même genre d'hélices à ADN. Je ne voyais pas où était la différence, et cela m'agaçait. Je n'avançais pas, j'étais dans une impasse. Je retirais les lunettes que je portais pour mes études, et les essuyais, réfléchissant à haute voix.

« Il y a en plus, sur cette île, comme une espèce d'aura, d'effervescence qui pousse certains pokémons à évoluer plus rapidement. Cela viendrait des émotions ? Certains pokémons peuvent effectivement évoluer au bonheur. Mais comment cela se quantifie t-il ? Y'a t-il un palier à atteindre, ou est-ce le pokémon qui décide d'évoluer ? »

Je poussais un petit soupir et allait ouvrir une fenêtre. Le vent frais du début de la nuit inonda la pièce, me faisant frissonner. J'avais chaud, à m'énerver comme ça. Un bruit me fit tourner la tête, et je vis Hati approcher. Ses yeux sombres me dévisageaient. Je n'osais approcher la main : j'avais déjà reçu assez de morsures comme ça. Elle était un pokémon farouche et indépendant. Je devais sûrement subir cela en punition de l'avoir blessée lors de sa capture. Mais je ne voulais pas m'en faire une ennemie. Elle bondit sur une table près de la fenêtre et huma l'air, curieuse.

« Y at-il dans tes gênes une portion d'ADN qui a fait que tu deviendrais bleue ? J'aimerais pouvoir faire des recherches sur toi. Mais tu n'as pas l'air très d'accord.»

Elle eut un aboiement, et j'approchais ma main, décidant d'essayer encore. A ma grande surprise elle se laissa faire. Quelques secondes. J'eus le temps de sentir la douceur de ses oreilles, la chaleur de sa fourrure d'azur, juste avant qu'elle ne mette le feu à ma blouse avec un hoquet enflammé. Je la retirais vivement et la piétinais, paniquée, pendant que la chienne aboyait un rire. Je gonflais les joues, en voyant ma blouse brûlée, puis soupirais.

« Tu comptes me faire brûler souvent ? D'accord, d'accord, je l'ai mérité ... Mais ... Sur cette île, il n'y a pas que des gens bons. Il y a aussi des gens capables du pire. » Le vent faisait flotter mes cheveux, et je levais mes yeux vers la lune. « J'ai besoin de toi. Je veux devenir forte. Je ne veux plus jamais que l'on me fasse du mal ou que l'on me frappe. Et ... Et je veux aider la résistance. Je veux les aider avec mes recherches. Si ça leur est utile. Sauf que pour le moment ... Je rame. Je ne sers à rien. »

Je serrais les poings, manquais de frapper le mur de frustration. Je n'arrivais à rien. Je soupirais, fermais les yeux, les frottais. J'étais fatiguée, épuisée même. Je dois avouer que le régime me faisait de plus en plus peur. Ils étaient toujours là, et ils savaient où j'étais. Il ne suffisait que d'un jour, d'une heure de flânerie, et ils arriveraient, tous, ils me frapperaient ... Mes doigts vinrent frôler l'endroit où l'homme m'avait giflé. Je ravalais mes larmes ; il ne servait à rien d'être triste. Ce n'est pas en pleurant que j'aiderais les résistants.

« Je voudrais juste leur être utile ... »

J'inspirais fort. Puis je sentis une présence, puis un poids sur moi. Je m'étais assise sur le rebord, et je me retrouvais avec Hati sur les genoux. Je n'osais bouger, et elle vint cogner sa tête contre ma main. Son regard en disait long. Avait-elle accepté ma faiblesse, avait-elle décidé que mes intentions étaient pures ? Sa langue chaude vint lécher mes doigts, et j'eus un rire plein de larmes.

« Merci.»

Un petit grognement me répondit. Peut-être n'avais-je pas trouvé la solution de tous ces mystères, mais au moins, je m'étais rapprochée de Hati. Et puis, avec son ADN, peut-être pourrais-je trouver de nouvelles corrélations, de nouvelles solutions ... Je la serrais contre moi, doucement. J'avais vraiment des pokémons géniaux, quand même.