Je m'avançai avec prudence, faisant attention de ne pas mettre les pieds sur un objet tranchant. Ce n'était vraiment pas ce qui manquait, ici. Je passai un pied sur le sol, raclant les débris qui gisaient sur le sol. Cette endroit avait probablement connu des jours meilleurs... Tout n'était à présent que ruines et souvenirs. Bien que je n'avais jamais connu l'endroit lorsqu'il était encore vivant et prospère, voir ce qu'il était devenu me donnait la chair de poule. Combien de familles avaient dû perdre leur maison, combien d'enfants avaient perdu un parent? Cet endroit me déprimait, et je n'avais qu'une seule envie : sortir d'ici.

Je n'étais ici en fait que par simple hasard. J'avais décidé d'aller me promener, explorer la ville, quand j'étais tombé sur cet endroit. Cet endroit désert, qui avait attiré mon attention. Un villageois averti m'avait prévenu de ne pas trop m'aventurer par là, que c'était dangereux, et m'avait brièvement raconté le sombre passé de cette zone autrefois fleurissante. Malgré les indications du vieil homme, j'avais cru bon de continuer ma route, et de découvrir ce que pouvaient bien cacher ces ruines. Mais maintenant, j'en avais assez vu, et je voulais partir.

Je regardai autour de moi, cherchant des yeux par où j'étais arrivé. Ces ruines n'étaient pas excellentes pour se fixer un point de repère... Je haussai les épaules et me mis en route, droit devant moi. De toute manière, cette endroit ne pouvait pas s'étendre jusqu'à l'infini, j'arriverais bien à la fin, un jour ou l'autre. Et de là, je pourrais aisément retrouver mon chemin jusqu'à la ville de Baguin. Je m'avançai donc tranquillement, faisant toujours attention de ne pas me transpercer un pied sur un clou rouillé. Je marchai ainsi quelques minutes, puis, soudainement, j’aperçus quelque chose qui attira mon œil. Je me figeai, et fronçai les sourcils afin de mieux voir. Quelque chose brillait, dans les débris. Une pièce de monnaie? Non, c'était plus gros que ça. Piqué par la curiosité, je m'avançai vers l'objet en question. Il était enfouit sous une pile de briques brisées. Je m'avançai jusqu'à pouvoir ramasser une des briques, mais je n'en eu jamais l'occasion...

Un craquement sous mes pieds attira mon attention, mais je n’eût même pas le temps de comprendre ce qui se passait que le sol s'effondra! Je cru voir ma vie défiler devant mes yeux alors que mon corps chutait dans un trou sans fond! Tout se passait au ralentis. Je voyais les briques me frôler, tomber avec moi. La chute me sembla durer des heures. Soudainement, je senti le sol toucher mon dos, puis... Plus rien. Le noir total. Étais-je mort? Probablement, car je ne sentais ni douleur, ni aucune autre sensation signifiant que j'étais encore en vie. Il n'y avait donc qu'une seule explication, j'étais mort. Ma tête avait dû heurter le sol, et j'avais été tué d'un coup. C'était donc un mensonge, cette histoire du tunnel de lumière? Dommage, j'aurais bien aimer rencontrer les divinités... Arceus n'était donc qu'une invention humaine? Ou alors, j'allais en enfer... Dans les deux cas, la mort était bien décevante... J'allais tout simplement errer dans le néant pour l'éternité, n'ayant comme seule occupation de me parler à moi-même... Misère...

J'ouvris les yeux en sursaut. Tout autour de moi était noir, et une sensation humide se faisait sentir sur ma nuque. Je fus soudainement pris d'une douleur aiguë parcourant tout mon corps. Je poussai un petit gémissement et tentai de me relever, mais je n'y parvint pas. Je tournai les yeux vers l'entrée du trou, et y découvris un ciel étoilé. Depuis combien de temps étais-je là? Des heures, probablement... Je pris une grande respiration, et, avec toute ma force, me remis sur pieds. J'avais mal à n'en plus finir, mais au moins, rien ne semblait casser. J'essuyai le sang qui me coulait dans les yeux, puis, je me mis à observer mon environnement. Je n'y voyais strictement rien, hormis le trou illuminé par les étoiles. J'avançai à l'aveuglette, tentant de ne pas rentrer dans quelque chose de pointu, ou de ne pas tomber dans un autre trou. J'arrivai soudainement à un mur délabré. Si je pouvais m'y accrocher et y grimper jusqu'au plafond, alors je pourrais peut-être sortir...

Je posai une première main sur le mur, et tentai d'avoir une bonne grip. Je posai ensuite un pied, et me donnai un bon élan, afin d'escalader le mur. Mon plan semblait fonctionner. Un pas après l'autre, je m'approchais doucement du plafond, d'où je pourrais sortir, d'une manière ou d'une autre. Je verrais bien rendu là... J'arrivais au dernier pas lorsque le mur s'effondra! Je m'écrasai à nouveau sur le sol, et un tas de briques abattue sur mon corps, déjà blessé. Je me déterrai péniblement, avec le peu de force qu'il me restait. Je commençais à perdre espoir. J'allais crever dans ce trou comme un rat...

D'une main faible, je décrochai la Pokéball de Gannon, qui était fixé à ma ceinture. Je fis sortir le chien de feu, qui se posa devant moi, et me fixa dans le blanc des yeux. D'un coup, le Malosse cracha une flammèche, qui alla se poser sur une poutre brisée. La petite flamme éclaira faiblement les alentours, me permettant de voir un peu mieux autour de moi. Je balayai l'endroit du regard. Ce qui restait des murs était de couleur enjouée, et le sol était parsemé de photos d'une petite famille qui y avait sans doute habité. Il y avait parmis eux une femme, assez jolie, qui ne devait pas avoir plus de trente ans. L'homme, qui devait être son mari, portait deux enfants, deux garçons. Des jumeaux, sans doute. Ils souriaient sur toutes les photos. Étaient-ils morts dans les ruines? Avaient-ils eu le temps de sortir avant que les bombardements ne les emprisonnent dans leur tombe? Mon regard se tourna vers Gannon.

-Gannon je t'en pris... Sors-moi d'ici... Je ne veux pas mourir comme eux. Cette maison a déjà vu assez de cadavres comme ça.

Mon Malosse se releva, comme si quelque chose l'avait piqué. Aussitôt, il se mit à renifler les environs. Le chien passa à peine quelques secondes à fouiller qu'il releva son nez, comme s'il avait trouver quelque chose. Le Malosse se mit à japper dans ma direction, pour me prévenir. Je tentai de me remettre sur pieds pendant que le Pokémon de type ténèbres se mettait à creuser avec énergie. Je m'approchai de lui avec difficulté, et découvris la raison pour laquelle Gannon creusait : une ouverture d'escalier! Je félicitai le chien, qui creusait présentement notre porte de sortie. Je me penchai à ses côtés et me mis à l'aider à retirer les briques et les poutres qui obstruaient la voie. Je fis également sortir mes autres Pokémon, qui se mirent aussitôt au travail. Grâce à l'aide de tout le monde, une dizaine de minutes suffit à dégager le chemin.

Essoufflé, je rappelai tous mes Pokémon à leur Pokéball. Il ne restait à présent plus que moi et Gannon. Je m'apprêtai à le rappeller quand un grincement se fit entendre, semblable à une lamentation. Je levai les yeux vers le plafond, où j’aperçus une longue poutre de bois massive, qui était sur le point de fendre! Je n’eus pas le temps de bouger que la poutre s'effondra! Je fermai les yeux et me recroquevillai en petite boule, par réflexe (les réflexes ne sont pas toujours nos meilleurs alliés), et j'attendis ma mort. J'attendis, puis attendis, mais rien n'arriva. J'ouvris les yeux, ne comprenant pas pourquoi j'étais toujours là.

Mes yeux se posèrent sur une grande gueule, habitée par d'énormes crocs luisant de bave. Effrayé par cette vision, je sursautai! Je parcouru la chose des yeux, et compris immédiatement. De longues pattes griffus, hornées de bracelets métaliques massifs, entouraient mon corps. Au dessus de ces pattes se trouvait un corps, noir comme la nuit, musclé comme je n'en avais jamais vu. Gannon. Il avait évolué pour me sauver. Il avait encaissé le coup à ma place. Le chien se secoua, et la poutre, qui avait atterrit sur son dos, s'écrasa au sol dans un bruit lourd. Le Demolosse fraîchement évolué m'agrippa la manche avec ses crocs, et m'aida à me relever. Une fois sur pieds, j'en profitai pour le parcourir des yeux. Il avait énormément grandit, et ses muscles, déjà fort à la base, avait pratiquement doublés. Je restai bouche bée devant cette transformation. Il avait évolué pour me sauver...

Le Demolosse poussa un petit grognement, ce qui signifiait qu'il était temps de partir. Il avait raison, il fallait quitter les lieux avant que la maison au complet ne s'effondre. Je fis signe à Gannon, pour que celui-ci passe devant. Il accepta volontiers, et se mit en marche. Je lui emboîtai le pas, et grimpai les escaliers tout aussi en ruine que le reste de la maison. Bientôt, nous arrivâmes à la surface. Quel bonheur de sentir cet air frais me balayer les cheveux... Je me tournai vers Gannon, qui s'était assit à mes côtés. Je passai une main furtive sur sa tête. Le chien ferma les yeux, et grogna doucement, mais je sentais bien qu'au fond, rien de ça ne lui déplaisait vraiment...

Je levai les yeux au ciel, puis, soudainement, je fus attiré par quelque chose qui reflétait le clair de la lune. Je m'en approchai, et m'approchai l'objet en question. N'était-ce pas ce qui avait brillé, plus tôt? Avec prudence, je ramassai l'objet, et frottai la poussière qui le recouvrait. Il s'agissait d'un cadre argenté. En son centre figurait une image, une photo de la famille que j'avais aperçu sur les photos, plus tôt... Cette famille, qui m'avait redonné espoir. Avec un sourire, je posai le petit cadre, bien en évidence, sur le restant d'un mur de pierre. Reposez en paix...