| Damien K. Ikeda Administratrice Fondatrice
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| Sujet: Tickets [OS de rencontre avec Mesrine] Mar 12 Nov 2013 - 1:39 | |
| TICKETS. feat. Mesrine Ze FeunnecJe quittais la Pension, grommelant dans cette barbe que j’avais pourtant rasé la veille. Je tenais toujours entre mes doigts ces Opals, prêtés par ma chère, ma tendre Solène. Je l’aimais du plus profond de mon être, mais elle me faisait subir une humiliation en force. Comme je n’avais pas trop le choix, je me contentais de glisser les billets dans ma poche en chassant ma mauvaise humeur dans un coin de mon esprit. Eh oui, j’avais du accepter son argent puisque… puisque je n’en avais plus moi. Pas même quelques sous! Grâce à mes services, à mes voyages, j’avais amassé une petite somme confortable qui me permettait de vivre convenablement sur les routes d’Enola. Bien sûr, entre autres choses que le Régime m’avait volé, mes biens les plus essentiels, tels que mon argent de poche, mais aussi ma brosse à dent, mon déodorant, mon rasoir et toutes sortes de petits objets du quotidien qui me manquaient à présent. La raison donc de mon emprunt à ma belle, qui avait accepté de me laisser prendre la route de la ville seul que parce que la pharmacie ne se trouvait pas trop loin. Kiona, elle, avait été plus difficile à convaincre. J’avais profité de sa distraction –causée par le deuxième Arcanin présent sur ces terres- pour m’éclipser en douce, profitant de ce petit moment seul.
À vrai dire, je ressentais le besoin de réfléchir un peu. Après toutes ces émotions de la veille, j’avais bien envie de faire le tri, mais toujours je revenais vers un seul sentiment, le plus fort de tous parmi ceux qui m’entre-déchiraient : mon amour pour Solène. Je me sentais comme un pauvre adolescent éperdu alors que son visage flottait dans mon esprit et faisait s’envoler un sourire sur mes lèvres. Je me sentais tellement imbécile de penser à elle ainsi alors que je venais tout juste de la quitter, mais je ne pouvais m’en empêcher. En choisissant mes effets à la pharmacie, je n’avais toujours pas réfléchi aux questions importantes, réellement. À mon avenir, à Crystal aussi. Qu’allais-je faire à présent que j’étais rentré? Je n’avais plus dix-huit ans, mais bien vingt-trois et je devais penser à me construire une existence plutôt que de faire l’imbécile. Surtout que maintenant j’étais… J’étais père. Solène ne me demanderait jamais rien, mais j’avais envie d’être là pour elle. Même si c’était difficile pour moi. Passé ma commande à la caisse, j’adressais un sourire à la caissière qui rougissait vivement, avant de m’éloigner, content de moi. J’étais ravi de constater que je ne perdais rien de mon charme, même si j’avais quelques livres encore à gagner. Ce charme se retourna cependant bien vite contre moi.
Si le chemin de l’aller s’était déroulé sans encombre, ce ne fut pas le cas du retour. Je ne sais quel chemin je dus emprunter, mais je me trompai et me retrouvai vite perdu, dans cette ville qui m’avait vu naître, pourtant. Inquiet malgré moi, je tournais à droite et à gauche dans une combinaison hasardeuse en tentant de retrouver mon chemin. Malheureusement, je terminai mon aventure dans un cul de sac, pauvre allée sombre parsemée de poubelles dépareillées. Avec un soupir, j’admis ma défaite et m’apprêtai à faire demi-tour pour retrouver une avenue passante et demander mon chemin, quand un bruit me surpris sur la gauche et j’eus tout juste le temps d’esquiver alors qu’une gerbée de feu me frôla, venant de nulle part. Je me retournai pour voir une forme hissée sur une poubelle, semblable à un renard. Un… Feunnec? J’ignorais qu’on en trouvait ici, sur Enola. Un vieux collier déchiré était toujours accroché à son cou, mais ne tenait qu’à un fil. Devant son expression farouche totalement ridicule et le pauvre grognement que la créature laissa échapper, je ne pus faire autrement que… Rire. Eh oui, il me plaisait bien ce Pokémon, à faire sa loi dans la ruelle.
«D’accord, d’accord, je m’en vais! Mais avant, laisse-moi te débarrasser de ceci.»
Je tirai un coup sec contre le collier de tissu qui céda rapidement. Je l’abandonnai dans une poubelle avant de lui adresser un sourire sincère et de m’éloigner, pour lui laisser son royaume. En m’approchant, je n’avais pas manqué de remarquer qu’il s’agissait d’une femelle. Elle devait être très territoriale! Reprenant mes pas, je rejoignis une rue que je pensais reconnaître, redescendant vers la Pension, enfin capable de m’orienter correctement. Je sifflotais un air, me disant que je devais bientôt reprendre ma guitare. J’ignorais combien de temps j’avais erré dans la ville, mais j’étais à peu près certain que les deux femmes de ma vie s’inquiétaient terriblement à présent. Je poursuivais donc mon chemin, tout tranquille, quand une ombre se dessina derrière moi. Quand je me retournai, elle était là. La Feunnec.
«Eh bien, tu me suis, dis donc!»
Je ris, sans me douter. Oh, j’aurais peut-être du fuir à toutes jambes. La renarde s’approcha, reniflant l’air. Je me penchai pour lui permettre de faire ma connaissance à la manière de tant de Pokémon : par le museau. Sa petite truffe humide parcouru mes mains et aussi mon sac de pharmacie qui reposait à présent sur le sol. Comme elle était venue, elle s’enfuit sans demander son reste, ce qui m’amusa. Je redescendis la côte, voyant se profiler à l’horizon la Pension. Enfin! Alors que je me pensais enfin au bout de mes peines, je sentis quelque chose grimper sur ma jambe, à aide de quelque chose de pointu… des dents. La Feunnec continua son ascension jusqu’à hanche, d’où elle se propulsa contre mon bras… qu’elle attrapa dans ses crocs. Je laissai m’échapper un cri de douleur. Elle pendait littéralement de mon avant-bras par les dents, de toutes petites dents bien acérées. Je me débattis comme un beau diable, mais elle ne lâcha pas prise. Au bout de cinq minutes à vociférer et à la balancer dans tous les sens, je décidai d’abandonner. Je rejoignis finalement la Pension, le bras en sang. Je reçus l’inquiétude de Kiona et Solène sans broncher, avant de tendre le Pokémon qui s’y accrochait toujours en guise d’explication. Je venais de rencontrer Mesrine la Feunnec.
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