Immaturité & imprévu
Feat Isaac & Katya
Aujourd'hui était l'anniversaire d'Isaac. Et qui dit anniversaire d'Isaac dit grand n'importe quoi, ou en tous cas un peu d'amusement. Pour l'occasion, ils avaient décidé de préparer un petit repas, et Kat' était partie chercher les ingrédients pour faire le plat principal, des boulettes de viande. Les deux suédois appelaient cela des köttbullar, ce qui était pour Faust la même chose, mais il se retenait de le dire, parce que, apparemment, « ce n'était pas la même chose » et qu'il avait été menacé par deux regards noirs lorsqu'il avait prétendu le contraire.
Ainsi, un gros gâteau à la crème traînait sur la table du salon, et avec la maturité d'Isaac (bien que Faust n'était pas en restes), ce qui devait arriver arriva.
« Isaac. Est-ce que tu viens juste de frapper un handicapé avec du gâteau ?
- Moi qui croyait que tu ne voulais pas parler de tes problèmes mentaux...
- Espèce de... » marmonna Faust alors qu'Isaac repartait vers la cuisine.
Le brun ne fit pas attention aux jurons que poussait Faust et ouvrit le frigo pour se servir un verre de jus de fruit. Il s'avança vers la porte et devant le regard noir de son ami, il ne put empêcher un sourire arrogant de naître sur ses lèvres.
« Oh, allez, c'est mon anniv- »Praoutch. C'est le bruit que fut la part de gâteau à la crème lorsqu'elle s'écrasa majestueusement sur le visage d'Isaac, qui grommela quelque chose qui devait sûrement être une injure suédoise dont Faust avait oublié la signification. Le brun passa sa main sur son visage pour enlever les morceaux de nourriture qui tombèrent au sol, et son regard se fixa sur le châtain. Les yeux d'Isaac paraissaient promettre à Faust une mort douloureuse sous des tonnes et des tonnes de nourriture.
Oh merde.
« Tu es mort, Faust. MORT. »Merde merde merde merde merde merde merde (ceci est la phrase la plus poétique que j'ai jamais écrit, au passage) ! Lorsqu'il vit Isaac saisir un paquet d’œuf et les renverser dans un sachet en plastique avec de la farine, il écarquilla les yeux, horrifié. Pour s'assurer que le brun n'ait pas le temps de s'avancer, il attrapa une nouvelle part et l'envoya, mais cette fois-ci, Isaac esquiva au bon moment en s'abaissant. Son ami d'enfance ricana. Le conseiller pesta, et il devait probablement avoir l'air stupide à faire ça dans un fauteuil roulant. Bon. Il avait quelques armes sur la table, et il fallait qu'il se dépêche avant que son meilleur ami ne franchisse les quelques mètres qui le séparaient et vienne lui refaire le visage avec ce qu'il préparait.
Ah. Des bouteilles de jus de fruit. Parfait. Et s'il ne se trompait pas...
« FAUST MICHAEL DONOVAN, VIENS ICI !
- Et le 's'il te plaît', dans tout ça ? » répondit l'interpellé avec un ton dégoulinant de sarcasme et un sourire insolent sur son visage.
Il fallait vraiment qu'Isaac apprenne à ne plus l'appeler par son prénom complet.
Celui-ci, un grand sourire maléfique sur son visage, tenait entre ses mains des œufs et des pots plein de farine, ainsi qu'une brique de lait pour pokémon dans la poche centrale de son sweat. Il jeta un regard circulaire dans le salon, et en constatant que son ami d'enfance paraissait avoir disparu, son rictus ne fit que s'agrandir. Il aimait bien partir à la chasse, surtout quand Faust était en fauteuil roulant, parce que le hérisson sur pattes ne pouvait pas aller bien loin.
Décidé à l'attraper et à lui faire regretter d'être né, l'aîné s'avança avec prudence, cherchant le cadet du regard.
Sérieusement, Freddy Krueger à côté, c'était une fillette en tutu rose et qui dansait sur « Dancing Queen » d'ABBA tout en poussant des cris très semblables à ceux d'un cochon qu'on étrangle.
« Fauuuust ~ Viens dire bonjour à tonton Isaac ♫ ! » Alors qu'il s'apprêtait à prendre le chemin de droite menant à la chambre du conseiller, persuadé qu'il s'était caché dans ce coin, il se prit soudainement un seau rempli d'un mélange de boissons sucrées et gazeuses (glacées, bien évidemment). Il poussa un cri aigu peu viril et pesta en plusieurs langues (les cours d'anglais, ça sert).
« KNULLA, FAUST ! »Il se retourna lentement, se retrouvant, sans surprise, devant son abruti de meilleur ami, qui riait aux éclats. Le conseiller se tenait la poitrine et son rire résonnait dans tout l'appartement. Celui-ci était venu du côté de l'entrée, et s'était caché pour qu'Isaac le cherche et qu'il puisse ainsi l'avoir par derrière. Trempé, Isaac poussa un long soupir, puis, réalisant quelque chose, attendit patiemment que le châtain cesse de rire, les sourcils haussés et une moue amusée sur son visage, presque moqueuse.
De qui je me moque. Bien sûr qu'elle était totalement moqueuse.
Faust se rendit bien vite compte qu'il y avait anguille sous roche, mais il fallut qu'il observe en silence le visage du brun pour se rendre compte de ce qui allait se passer.
Il était bloqué. Complètement. Il était à trente centimètres d'Isaac, et il n'aurait jamais le temps de s'échapper.
Un sourire bancal étira ses lèvres.
« Pitié ? »Le rictus sadique d'Isaac lui fit comprendre que la pitié était loin d'être ce qui lui passait par l'esprit.
Il eut à peine le temps de supplier son ami de ne pas le tuer avant que celui-ci ne l'attrape par la taille et ne le porte comme un vulgaire sac à patates. Avec l'état de sa jambe, Faust ne se débattit pas. Il était foutu, de toute façon.
Lorsque Isaac le posa sur le canapé, de façon à ce qu'il ne blesse pas sa jambe, le châtain déglutit.
Lorsqu'il vit les œufs dans les mains d'Isaac et le sourire fou qu'il portait, il commença à faire ses prières. Et 'prières' était un euphémisme. À l'instant, Faust se serait converti en quelques secondes si cela aurait pu lui permettre d'échapper au triste sort que le suédois lui réservait.
Ce fut sans surprise que le brun éclata des œufs dans l'épaisse chevelure du châtain, ricanant alors que celui-ci tentait d'empêcher le blanc d’œuf de dégouliner partout en riant à moitié. Il le maintint avec un bras sur sa poitrine. Il attrapa le sac de farine qu'il avait posé sur la table basse et renversa le kilo entier sur Faust, qui poussa un bruit de mécontentement, mélange entre le rire et le grognement.
« J'-t—ten sup-p-plie, 'z-zac ! - Pas de pitié pour les traîtres ! »Ce ne fut que lorsque le deuxième paquet ainsi qu'un litre de lait pour pokémon furent entièrement renversés et que la chevelure de Faust était sur le bon chemin pour devenir une pâte à crêpe très réussie qu'Isaac se décida à lâcher son ami, se rendant compte par la même occasion qu'il était dans le même état. Ils éclatèrent de rire.
Et la porte d'entrée s'ouvrit à cet instant précis.
« J'ai les ingrédients pour les köttbullar et le... » Un silence lourd s'installa dans l'appartement. Katya fit quelques pas et observa avec incrédulité et fascination les dégâts de la 'petite' altercation des deux supposés 'adultes' : du gâteau sur les murs, une flaque de jus de fruits sur le sol du salon, des œufs plein la cuisine et un joli mélange de farine, de lait et d’œufs sur le canapé. En plus de cela, les deux abrutis paraissaient être mortifiés, et ce ne fut que lorsque Kat haussa les sourcils qu'ils se rendirent compte de ce qu'ils venaient de faire.
Le truc, c'est qu'une fois qu'ils l'eurent réalisé, ils portaient encore des sourires d'imbéciles heureux.
« Vous... Vous.. » balbutia-t-elle, incrédule.
Très vite, la surprise qui était apparue sur le visage de la jeune femme disparut, remplacée par un agacement assez fort.
« Vous nettoierez tout ça seuls.- Heu, oui ! » marmonna Faust, tentant d'éviter son regard.
La maladresse de la chose était impressionnante. Ce fut Isaac qui, en se raclant la gorge, brisa le mutisme qui semblait s'être emparé d'eux.
« Euhm... Donc... Une pizza, ça vous tente ? »Katya soupira.
« Très bien. On fera des köttbullar un autre jour, je suppose. »Il se passa quelques minutes où ils se contentèrent de nettoyer leur cirque, alors que Katya jouait au piano tranquillement. La voix d'Isaac fit sortir Faust de sa torpeur, qui était perdu dans ses pensées.
« … Faust, pourquoi est-ce qu'il y a un Evoli sur ton lit ? » demanda Isaac, les sourcils relevés.
Le conseiller constata qu'effectivement, une petite boule de poils brune était couchée sur son lit, à côté des restes d'un œuf brisé. La petite créature paraissait avoir du mal à bouger ses membres minuscules, et les trois observèrent ce spectacle avec émerveillement. Katya en particulier, paraissait très attentive.
« ... Heum.
… Surprise ? » balbutia Faust, rouge de gêne.
Isaac gloussa et Katya leva les yeux au ciel. Le conseiller s'approcha seul de l'Evoli en silence, veillant à ne pas être trop rapide. Les petits yeux du pokémon se posèrent sur lui, inflexibles. Faust s'accroupit pour être au niveau de la petite chose et lui offrit un doux sourire plein de tendresse. Doucement, il avança sa main pour caresser la tête de l'Evoli qui ne bougea pas et, après quelques secondes, se poussa contre la main qui lui offrait douceur et affection.
« Coucou, toi. Désolé de ne pas avoir été là avant, mais j'espère que l'on s'entendra bien. » Avec une délicatesse très naturelle maintenant qu'il avait l'habitude des bébés, il prit l'Evoli dans ses bras comme il porterait un nourrisson, sous les regards surpris d'Isaac et de Katya, qui l'observaient avec attention. Un sourire attendri étira les lèvres du brun, et la jeune fille ne pouvait s'empêcher de fixer le visage de Faust, qui paraissait soudainement bien plus serein.
« Zazac ? Tu peux aller me cherche les...- Pas de soucis ! » l'interrompit le brun, comprenant parfaitement ce qu'il voulait.
Il se retrouvait seul avec Katya, qui n'avait pas dit un mot depuis tout à l'heure et l'observait avec attention. Elle parut hésiter à dire quelque chose, et il lui fallut quelques secondes pour se décider.
« Tu as l'air... Différent.- Hm ?
- Quand tu t'occupes de cet Evoli. On a l'impression que tu es entièrement naturel. »Un gloussement amusé s'échappa des lèvres du conseiller alors qu'il gardait ses yeux rivés sur l'Evoli dans ses bras et le laissait s'amuser avec un de ses doigts.
« Tu sais, Kitty-Kat', s'il y a une chose que je sais faire maintenant, c'est m'occuper des enfants. Je ne suis pas doué pour le reste, mais... Ça, c'est mon truc. »La brune resta silencieuse face à cet aveu, mais la voix d'Isaac brisa à nouveau le silence.
À croire que c'était devenu une spécialité.
« Dites, je crois que j'ai versé tout le lait pour pokémon nouveaux-nés sur Faust ! »Faust et Katya grommelèrent. La jeune femme haussa les sourcils et ses lèvres se tordirent en un sourire moqueur, bien trop semblable à celui d'Isaac pour son propre bien.
Ces deux-là allaient finir par le rendre fou.
« Au moins, ça explique l'odeur. »Faust leva les yeux au ciel devant l'amusement de sa colocataire. En effet, il allait falloir qu'il prenne une douche, au passage. Il sourit lorsqu'il vit que l'Evoli s'amusait à lécher ses habits couverts de nourriture.
« Bienvenue chez les fous, Notte. »Il aurait peut-être dû préciser « bon courage », mais ils n'étaient pas si fous que ça.
Oh, la bonne blague.
End