Viens à moi [téléphone]

Sujet: Viens à moi [téléphone] Mar 14 Jan 2014 - 15:34

♦ VIENS À MOI ♦feat. Weston Elric

Ring. Ring. Ring.

Tout mon crane menace de fendre. Il faut qu’il réponde. Répond Weston. J’ai besoin de toi. De toi plutôt que n’importe qui. J’ai besoin… Je m’écroule. Mes genoux s’écorchent sur l’asphalte alors que je m’appuie à moitié sur le cabinet de téléphone. Tout mon corps supplie, supplie quoi? J’ai mal, trop mal. Weston répond, je t’en conjure. Les larmes coulent, écorchant mes joues de leur sel, contre ces coupures qui les marquent. Amères. Profondes. Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. J’ai besoin de lui. J’ai besoin de sa chaleur. J’ai besoin qu’il me tienne. Où est-il? Où suis-je? Pourquoi suis-je encore ici à subir cette folie alors que je viens d’ailleurs? Alors que je n’ai aucun rapport avec tout ceci? Puis je me souviens. Je me souviens que dans mes veines coule le sang d’Enola et que chaque goutte arrachée, je dois la venger. Quelqu’un tape à la fenêtre de la cabine, me demande si je vais bien. Je fais signe que oui. Je n’ai pas confiance. Je n’ai plus confiance. Ma tête tourne tant que je ne sais plus distinguer le Nord du Sud. Mon cerveau est vide, plus vide que jamais et pourtant, les idées, les pensées, les souvenirs s’y entassent, pêle-mêle. Je suffoque. Cette cabine me semble trop petite tout à coup. J’ai envie de déchirer ces vêtements qui enserrent mon corps moite, ces vêtements imbibés de mon propre sang. Je pose une main à ma ceinture. Ils sont là. Ils sont encore là. Ils me protégeront.

Ring. Ring. Ring.

Il décroche. J’entends sa voix. J’étouffe un sanglot. Mais il éclate dans ma gorge. Cette fois, je pleure vraiment. Je pleure encore et encore, pendant de longues secondes. Mais je dois lui parler. Je dois le rassurer. Parce qu’il doit s’être inquiété, non? M’a-t-il vue alors qu’ils m’embarquaient? Peut-être qu’il s’en fiche, au final. Va savoir. Je ne sais pas. Je me fiche qu’il s’en fiche. Je veux seulement qu’il soit là, parce que moi, j’ai besoin de lui. Je le sais à présent. J’ai besoin de lui. Je murmure son nom. Au moins, je sais qu’il est bien lui. Qu’ils ne l’ont pas pris. Je tremble tant que le monsieur qui a frappé tout à l’heure revient. Il ouvre la cabine et m’offre une bouteille d’eau, que j’avale d’une seule traite. Je le remercie du regard. Cette eau fraîche m’a fait du bien. Je me sens la force de parler à présent. Je réalise que je fais attendre le blondin depuis un bon moment. Alors finalement, j’ouvre la bouche et je parle, mais ma voix est presque méconnaissable tant elle tremble, tant elle paraît faible. Brisée.

«Weston… Weston c’est moi… Victoria… Weston… S’il te plaît… Je t’en supplie, viens me chercher… J’ai… Weston j’ai besoin de toi…»

Je me recroqueville dans la cabine en pleurant de plus belle. Ma poitrine me serre tellement, mon petit cœur bondissant avec peine dans ma cage thoracique. Je manque d’air, je manque de force. Et ma tête qui tourne toujours autant. J’ai encore soif et j’ai faim, j’ai mal, j’ai si mal. Pourtant, tout ce que je veux, à présent, c’est un peu de réconfort. Est-ce trop demander?

(c)Golden

Sujet: Re: Viens à moi [téléphone] Mar 14 Jan 2014 - 23:32

• Viens à moi •feat. Mercedes Blanchette

Je ne veux pas bouger, je ne veux pas me lever. La sonnerie du téléphone retentie dans l’appartement. Mais je ne me lève pas. De toute manière, il s’agit probablement de Giselle qui désire m’avertir que j’ai raté mon match de la journée. Mais je m’en fiche. N’a-t-elle pas compris que je n’avais pas envie de me rendre à l’arène? Je n’y suis pas retourné depuis, et je ne suis pas encore prêt à y remettre les pieds. Pas encore. Elle doit le respecter. La dernière fois que j’y suis allé, c’était pour elle. Alors y pénétrer de nouveau ne ferait que remuer le couteau dans la plaie. Me remémorer comment je l’ai regardé, froidement, peut-être pour la dernière fois. Alors qu’elle me lançait des regards pleins de vie et d’espoir, je me suis contenté de la traiter comme une simple challenger. Alors non, Giselle, je n’y retournerai pas.

La sonnerie ne me lâche pas, alors je décide d’y aller, malgré moi. Elle ne me laissera pas tranquille, si je ne réponds pas. Je la sais même capable de débarquer chez moi, et dieu sait que je n’en ai pas envie. De ma seule main encore intacte, je réponds. Ma voix est vide d’émotion alors qu’elle porte mes paroles dans le combiné.

-Allo…?

Pas de réponse. Ou pas de réponse claire, du moins. À la place, des sanglots. Des pleurs de l’autre côté de la ligne. Je pourrais bien me demander à qui ils appartiennent, mais je n’ai pas à le faire, car je connais la réponse. Ces pleurs, je pourrais les reconnaitre entre mille. Des pleurs que j’ai déjà malheureusement déjà entendu, que j’ai déjà causé. Des sanglots que j’aurais souhaité ne jamais entendre, et pourtant, en ce jour, ces pleurs, je les bénits. Mon cœur se serre, ma respiration se coupe. Sa voix brisée me traverse, elle m’atteint au plus profond de mon être. Je veux parler, je veux lui parler. Mais je n’y arrive pas. Ma propre voix est coincée dans ma gorge. Aucun son ne sort. Je tremble. Ma main se resserre sur le combiné. Ce n’est pas possible, ça ne se peut pas. Elle est morte. Elle est morte, je le sais. Ils l’ont amené et l’ont tuée. J’ai vu ce qu’ils ont fait à Kinu, ils lui ont tiré dessus. Ils l’ont tuée. C’est un canular. Et pourtant, je veux y croire, quitte à être déçu. Je veux croire que c’est elle. Sa voix retentie finalement. Cette voix douce. Cette voix. Ça ne peut être qu’elle. Ça ne peut être que Victoria. Elle… elle est vivante. Elle est en vie.

-Victoria… Victoria c’est bien toi?!

Mon cœur se met à battre. Il bat avec force. Je le sens dans mes tympans. Ma gorge est sèche. Ma respiration est haletante. Ses mots coulent dans mes oreilles. Elle a besoin de moi, je dois l’aider. Je dois l’aider!

-Où est ce que tu es?! Dis-moi, Victoria! Où est-ce que tu es? Est-ce que ça va? Réponds-moi je t’en supplie! Je t’en supplie…

J’ai envie de répondre que tout ira bien, mais je n’y arrive pas. Pas tant qu’elle ne sera pas dans mes bras. Pas tant que je ne saurai pas où elle se trouve…

(c)Golden

Sujet: Re: Viens à moi [téléphone] Mer 15 Jan 2014 - 2:22

♦ VIENS À MOI ♦feat. Weston Elric

Chaque mot se détache, entre chaque sanglot. Parler devient douloureux. Je serre mes bras en calant le combiné contre mon épaule. Mes poumons sont en feu, ma gorge est secouée si violemment que je peine à respirer. Je me tasse encore plus contre moi-même, dans cette position qui se veut apaisante, mais qui ne fonctionne plus depuis longtemps. Mes lèvres tremblent alors qu’un gémissement presque animal m’échappe quand sa voix retentit à nouveau. Je tends la main vers le vide alors que les larmes abondent sur mes joues ensanglantées. Weston. Où est-il? J’ai si mal, si mal. Mon corps en entier, mais encore plus à l’intérieur, l’intérieur qui s’est déchiré. Mon visage est couvert de larmes, de sang et de mucus. Mes manches déchirées ne peuvent arrêter ces fluides de la misère. La voix de Weston coule, elle coule en moi. C’est lui, il est bien là, mais il n’est pas là non plus. Je suis désorientée, je ne comprends plus, je dois me concentrer pour discerner le sens de ce qu’il dit, mais je perçois son affolement, la tension dans sa voix. Il ne s’en fiche pas. Il s’est inquiété. Mais surtout, il est en vie. Weston… Weston… Je n’ai cessé de penser à lui, son visage m’a aidé à supporter les pires supplices. Je n’ai cessé de penser à lui, de puiser de la force dans nos souvenirs. Encore une fois, il me calme, un peu. Seulement parce que je ne suis plus seule, seule face à la douleur. Je ne veux pas qu’il raccroche.

Il me supplie de répondre. Si je vais bien? Non. Non, je ne vais pas bien. Je suis en vie, peut-être. Peut-être. La douleur est si intense, surtout au niveau des cuisses, là où on m’a brûlée. Les bras, le visage, le cou. Je suis méconnaissable. Mais le pire, ce qui est le plus brisé se trouve sous cet épiderme abîmé. Là où la peur, la fatigue et la méchanceté ont laissé des traces indélébiles. Partout. Un nouveau sanglot m’échappe. Où suis-je? Je sais où je suis. Mais je ne peux pas le formuler. J’ai trop peur. Trop peur qu’ils reviennent. Trop peur de me réveiller et d’être toujours entre ces quatre murs. Je le veux lui, je veux Solène. Je veux ma mère merde, je veux ces gens que j’aime. Je veux que la douleur cesse. Mais pour cela, je dois lui dire où je suis, n’est-ce pas? Je dois me concentrer. Je lève un regard vers l’autoroute où passent des voitures en trombe. Derrière moi, Amanil. Devant moi, les sombres forêts d’Anula. Je suis tout près. Tout près. Mais je ne peux pas voyager. Et mes Pokémon non plus. Mon cœur se serre et une main agrippe violemment ma poitrine alors qu’un cri m’échappe. Kinu… Kinu où est-il? Kinu, il est mort, Mercy, tu dois te rendre à l’évidence. Et peut-être même que Solène aussi. Et Maxwell. Et Yumi et Sam. Je les ai vus là-bas. Non… pas eux. Pourquoi nous? Pourquoi! Je tremble tellement que je sens la nausée me prendre. Un son de «vvv» parvient à mes lèvres, mais rien de plus. Il faut articuler à nouveau. Articuler. Concentre-toi Mercedes. Où es-tu?

«Les Grandes Autoroutes du Centre, à la borne 48, il y a là une halte routière.»

Une phrase complète. Un exploit. Je prends une grande inspiration.

«Je suis dans la cabine téléphonique… celle à l’est du bâtiment, tout près de la toilette des hommes. Weston…»

J’ai mal. Viens, très vite. Viens, j’ai besoin de toi.

«Ne raccroche pas… Ne raccroche pas…»

(c)Golden

Sujet: Re: Viens à moi [téléphone] Mer 15 Jan 2014 - 3:10

• Viens à moi •feat. Mercedes Blanchette

Mes mains tremblent. Mon corps au complet tremble. Elle est bien là. Elle n’est pas morte. En tout cas, pas encore. Mais peut-être le sera-t-elle si je ne viens pas à elle. Après tout, je ne sais pas dans quelles mesures elle a réussi à échapper aux griffes du régime. Peut-être s’est-elle échappée. Si c’est le cas, alors elle est loin d’être en sécurité. S’ils la cherchent, alors je dois me dépêcher, car s’ils la retrouvent, plus jamais je n’entendrai sa voix. Et ça, je ne peux pas le permettre. Jamais je ne pourrai. Je dois aller la chercher. Tenant toujours mon téléphone contre mon oreille, je me lève pour me diriger vers ma chambre afin d’y prendre un tee-shirt. Je suis pressé, mais pas au point d’aller me balader à moitié nu dehors. Je ne veux pas non plus trop attirer l’attention.

Elle est à Amanil. Ce n’est pas loin, je peux m’y rendre rapidement. Voilà une bonne nouvelle. Toutefois, je n’arrive pas à me réjouir. Qu’elle ne me dise pas comment elle va, ça ne me rassure pas. Si elle allait bien, elle me l’aurait dit. En même temps, pas besoin de mots pour savoir qu’elle ne va pas bien. Personne ne va bien en sortant des cellules du Régime. Alors je n’insiste pas. Elle pleure déjà suffisamment ainsi. Ses sanglots me brisent le cœur, je ne veux pas les nourrir plus qu’il ne le faut.

-Je raccroche pas, t’en fais pas. Je raccrocherai jamais. Je suis là, je suis là…

Je continue à parler en ramassant mes affaires. Je veux la rassurer de ma voix. Je ne dis pas grand-chose, mais je parle. N’importe quoi, tant qu’elle peut entendre ma voix. Je veux la rassurer. Je veux atténuer sa crainte. N’importes quelles paroles rassurantes font l’affaire. N’importe quoi. Je dois la réchauffer. Mais surtout, en continuant à parler, je garde un contact avec elle. Je sais qu’elle est encore au bout du fil. Qu’elle est toujours là. Qu’ils ne l’ont pas reprise. Je ne peux pas me permettre de la laisser seule, à leur merci.

-Victoria, promets-moi que tu ne bougeras pas. Restes où tu es. Reste dans ta cabine, je serai là bientôt, tu m’entends? J’arrive. Reste dans ta cabine.

Mes clés. Où sont mes clés? Je n’ai plus rien à dire, mais je continue à parler. Je répète sans cesse la même phrase. «Ça va aller»… C’est suffisant. Je dois trouver mes clés. Je renverse un contenant dans la hâte. Ça y est, je les ai. Je peux y aller.

-Je pars, j’arrive. Mais je ne raccroche pas, compris? Restes où tu es, reste y bien. Ne bouge pas, j’arrive. J’arrive. J’arrive…

Borne 48, halte routière. Grandes autoroutes. J’arrive.

(c)Golden

Sujet: Re: Viens à moi [téléphone] Mer 15 Jan 2014 - 15:38

♦ VIENS À MOI ♦feat. Weston Elric

Sa voix, elle envahit l’habitacle. Elle m’atteint, me caresse, me transperce. Sa voix j’en ai trop de besoin pour qu’elle cesse. Il ne peut même pas imaginer à quel point c’est bon, c’est bon de l’entendre. Bon d’entendre quelqu’un, quelqu’un qui ne cherche pas à vous injurier ou à revirer vos pires secrets contre vous. Qui n’a pas pour but de vous briser en mille miettes. Je ne suis pas forte. Je ne suis pas forte comme Damien. Je n’aurais pas survécu cinq ans, parfois je me demande même si je n’aurais pas craqué si j’étais restée une journée de plus. Et alors j’aurais pointé des doigts? J’aurais mis en danger une famille que j’aime de tout mon cœur, la famille Weber? Je frissonne alors que les sanglots reprennent. Honteux. Je ne veux pas leur faire de mal. Jamais. Mais mes actions ici leur portent préjudice. À tous. Même à la pauvre gamine de quatre ans. Comment aurais-je pu la faire souffrir? Crystal, mon amie, qui m’est presque de la famille. Qui n’est qu’une enfant. Une enfant qui ne devrait pas vivre dans ce contexte. Qui ne devrait pas vivre avec cette menace. Mais moi, je parle, je parle et je nous mets tous en danger. Au final, ils auraient du me tuer là-bas. Morte, je ne peux plus menacer de murmurer leurs noms quand la douleur se fait trop intense, quand elle menace de vous fendre le crâne.

Je mets encore quelqu’un en danger dans mes suppliques. Même s’il murmure que tout va aller. Weston. Ne courre-t-il pas un danger en venant ici? Peut-être que les soldats le cherchent lui, que je ne suis qu’un appât. Mais pourquoi le chercheraient-ils? S’il y a une personne au monde qui est facile à dénicher, c’est bien lui, il a des combats presque tous les jours à son Arène. Je dois me calmer. Me calmer. Mais comment? Des jours que je tente de me calmer. Des jours que je me pisse dessus rien qu’à penser. Penser, penser c’est malsain. Mais maintenant, tout va s’améliorer, non? Non? Weston, il est là, il me fait promettre de ne pas bouger, mais comment peut-être imaginer que je vais bouger d’un seul poil? Je ne peux pas. Je suis transie, recroquevillée par la peur. Tout mon corps est douloureux. J’ai froid. J’ai si froid. Pourquoi n’est-il pas là déjà? Combien de temps est passé depuis le début de notre appel? Le téléphone finira bien par raccrocher de lui-même après un certain moment, non? J’ai seulement emprunté deux pièces, de quoi passer un ultime appel. Peut-être que le gentil monsieur acceptera de m’en offrir d’autres?

«Je ne bouge pas, Weston, je ne bouge pas, je reste ici…»

J’entends le «Votre appel prendra fin dans trente secondes». Alors je me mets à hurler. À frapper. Tout autour de moi. Non… Non… On ne peut pas me le retirer, pas maintenant, pas maintenant. Je hurle son nom, encore et encore, mais la ligne coupe effectivement. Je balance le combiné sur la vitre en prenant mon visage à deux mains. Non… Non… Tout mais pas ça… Je ne veux pas être seule, je ne veux pas être seule, s’il vous plaît, s’il vous plaît…

(c)Golden

Sujet: Re: Viens à moi [téléphone] Mer 15 Jan 2014 - 16:10

• Viens à moi •feat. Mercedes Blanchette

J’enfonce le téléphone contre mon oreille, comme si ça pouvait me rapprocher d’elle. J’appui à un tel point que le lobe de mon oreille commence à me bruler. Mais je n’y porte pas attention. Tout ce que je veux, c’est garder ce mince contact avec elle, ne pas la quitter. Je veux que sa voix continue à résonner dans mon crane, mais s’il ne s’agit que de sanglots. Peu importe, au moins je l’entends, au moins je sais qu’elle est là, qu’elle est en vie. Je ne veux pas raccrocher, même si je sais que je devrai bien le faire une fois sur la route.

Je dévale les escaliers quatre marches à la fois. Je manque de me casser la figure, mais ça m’est égal. Tout ce que je veux, c’est sauter sur ma moto et filer jusqu’à Amanil pour la récupérer. Une fois arrivé au stationnement, je m’installe sur mon moyen de transport, ne prenant même pas la peine de mettre mon casque. En ce moment, c’est le dernier de mes soucis. Je démarre, sans cesser de parler. Je sais que je dois raccrocher, mais je ne sais pas comment lui annoncer. Je viens de lui dire que je ne raccrocherai jamais. Alors comment pourrais-je? Je peux peut-être tenter de conduire en parlant? Je sais bien que c’est impossible, car je n’ai qu’un bras, après tout. Et malgré ça, je tiens toujours le combiné contre mon oreille, je continue de lui souffler que tout ira bien, que j’arrive. Je lui répète de ne pas bouger. N’importe quoi pour calmer ses pleurs. N’importe quoi. Je démarre. Malgré la douleur et mon manque de flexibilité, je tente de mener le guidon de mon bras blessé. Il est beau être retenu par une attelle, je peux tout de même guider la moto avec une certaine précision. Je sais que c’est dangeureux, mais je ne peux me résoudre à raccrocher.

-Attends-moi, j’arrive, Victoria. Ne raccroche pas, j’arrive. Je serai bientôt là!

Des cris de plus en plus intenses retentissent dans mon oreille. Quelque chose ne va pas. Elle hurle. Puis, soudainement, plus rien. Silence. La ligne a coupé. Au départ, je ne veux pas le croire. Je me mets à hurler à mon tour, comme si hausser la voix pouvait rétablir le contact perdu. Je hurle, je lui hurle de ne pas raccrocher, mais il est trop tard. Ça a coupé. Je n’entends plus sa voix. Pourquoi… Pourquoi a-t-elle raccroché? Je me mets à trembler de plus en plus fort. Et s’ils l’avaient retrouvée? Non, je dois y arriver avant qu’ils ne l’amènent à nouveau. Avant qu’ils ne me l’arrachent pour toujours. Malgré moi, je range le téléphone précieusement dans ma poche, au cas où elle rappellerait. J’arrive, Victoria, ne bouge pas, j’arrive. J’arrive.

(c)Golden

» Le téléphone sonne, le desespoir |OS|
» Il faut parfois jeter les armes pour mieux se relever [téléphone ft. Solène]

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